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house of memorie ((Ægir))

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house of memorie ((Ægir)) - Dim 27 Oct - 10:39

ASBJÖRN
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HOUSE OF MEMORIES

Il suivait la luciole auréolée de ce bleu céruléen. Les yeux captaient avec une attention particulière chaque preste mouvement, chacun des souples pas, la délicatesse du souffle qui faisait croître le large poitrail. Viking moderne, fierté ancrée dans le visage aux traits durs et princiers, l'inconnu exerçait une forte attraction sur le serpent ; hypnose traîtresse, stupéfaction des sens qui s'engourdissent devant la tourmente interne. Interrogations à la saveur du fer, sur l'esprit agité. Envoûté, Jörmungandr suit les pas du divin inconnu. Mascarade dont il se pare, les bras d'une femelle, le visage flou, dédaigné. Blotti contre la chair ignorée, les iris attentifs à la silhouette qui s'éloigne. Rampons jusqu'à lui. Il ne peut être Thor, cet éphèbe gigantesque - Lune n'a guère laissé entendre que le dieu de la foudre était aussi proche. Qui ? L'espoir est dangereux, coupant l'essence du reptile de ses visions marines, rappelant à ses papilles la saveur salée d'un autrefois. Sont-ce les larmes qu'il versa sur son abandon ? Odin qui le rejette jusque dans la houle glaciale. Père absent, tourmenteur, invisible, incapable de tendre une main salvatrice à ses enfants malmenés. Les yeux bleus dont le serpent avait la réminiscence étaient pourtant d'une infinie bonté ; une main nourricière s'était étendue sur son être ; on l'avait extirpé de sa lassante solitude. Enfançon serpentin, déjà condamné et pourtant, le geôlier s'était révélé indulgent. Résurgence d'une autre époque, au goût amer, fantôme épars d'un temps glorieux. Se pouvait-il ? Il avance, de bras en bras, comme hésitant, laissant dans son sillage une aura de peur viscérale et de malaise profond. Dans le creux de son être, le myocarde ancestral pulse un rythme comme d'anciennes vagues d'une mer disparue. Harmonie dissonante qui trouble le titanesque serpent. L'ambiance érotique avait imprimé en lui un désir charnel, mais il réalisait que cela n'avait rien à voir - ou tout.

L'inconnu est immobile. La masse humaine qui grouille en ce lieu se divertit déjà d'autres entités. Il semble au serpent qu'ils sont seuls dans une mer déchaînée. Une tempête qui ferait d'eux navire et phare. Ressent-il, lui aussi, ce supplice asservi à sa carnation ? Oubliés, missions et Obscuris. Tapis dans un recoin d'un esprit rendu sauvage et rebelle par l'apparition. Il était une astre gravitant autour d'un soleil, rendu soudain lourd et docile par l'attraction de cette gravité sensorielle. Il n'avait ni l'envie ni la force d'aller à l'encontre de tout cela - il désirait confronter l'être, mettre à bas ses espoirs, pouvoir réaliser que ses ennemis étaient bel et bien là, dans cette ville, à portée de ses crocs. Efforts futiles d'attiser la rage plutôt que cette mélancolie abjecte. Il s'approche, discrètement, se tend à côté de ce corps à la carrure semblable. Contradictions physiques, et pourtant, ils résonnent de cette même énergie - elle aurait un charme glacé comme la neige, une saveur de fer et de sang, une tonalité de rugissements, douce comme une fourrure de loup, mordante comme une tempête d'hiver. L'aura transparaissait, d'azur moiré de chatoiements. « Bonsoir. » Le terme est ancien, antique, comme une pièce corrodée qui roule sur la langue aux accents rugueux. La tête penchée délicatement, le serpent se retient de mordre, tout à son désir palpable de domination. Qui que cela soit, il n'est pas son ami, cela ne se peut. Il n'a nul allié dans cette ville ; ennemis partout, ombres de nuisibles qu'il dévorera jusqu'à la trame de leurs êtres pitoyables. Courroux et espérance bataillent entre ses mâchoires pour les prochains termes qui souffleront de cette gorge. « Décidément, me voilà comblé. Je n'aurai guère cru voir autant de présences divertissantes en un si court laps de temps.. » Cette fois, la langue commune s'attarde avec la politesse du timbre, grave et profond. Il aurait dû rester discret ; Jörmungandr n'avait jamais pu se résoudre à la patience, en cela semblable à son ennemi de toujours, Thor. Et si cette entité divine n'était autre qu'Odin ? Dans son désir de dominance et de curiosité, il n'avait guère songé à cette alternative. Un frisson parcourt l'échine, tandis que les prunelles vertes, si vertes, dévisagent avec provocation les traits modelés du mâle. Il ne veut pas mourir, Jörmungandr. La fierté repousse la crainte. Il dévorera tout ce qui entravera son chemin, Odin ou quiconque en aura l'audace. Sourire qui s'étire sur les lippes où le léger goût de l'alcool dont il n'a bu qu'une gorgée avec Lune se fait encore sentir. La jarretelle, objet insolite, a été rangé dans une poche intérieure. Mais la prophétesse est remisée dans un coin, face à l'astre divin devant lui. De multiples tentations se disputent en l'incarnation mortelle. Son intérêt est à vif, comme ses nerfs et sa peau, hurlant leur besoin d'un contact, d'une violence viscérale, d'une caresse brutale. Peut-être aurait-il dû embrasser Lune, finalement, lui laisser une trace de son venin ; peut-être cela aurait-il apaisé les tourments qu'il ressent à présent avec une force douloureuse. Crispation du corps, tension palpable. Il avale sa salive amère, Jörmungandr, n'osant ajouter quoi que ce soit - sa verve s'est étranglée dans sa gorge serrée par l'émotion. Risques et périls, devant l'espoir mince d'une silhouette de jadis.Je voudrais tant revoir sa mer, et le sentir à nouveau près de moi, rien qu'une fois. La reconnaissance est protéiforme, changeante, inconstante dans sa façon d'être. Un merci ne suffirait pas à Jörmungandr. Parce qu'il lui avait permit de vivre, de grandir, et d'être - il ne voulait que cela, enfant serpent, trop jeune pour survivre, jeté dans la marée glacée, il ne souhaitait qu'une existence. Si les Nornes avaient décidé de son sort, devait-il pour autant être rejeté de la société des dieux ? Mais tous ne l'avaient pas ignoré, méprisé, dédaigné pour sa place dans le Ragnarök.

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house of memorie ((Ægir)) - Ven 8 Nov - 13:31

En territoire conquis, le tyran ne s’intéresse guère aux mirettes qui s’accrochent à sa silhouette. A peine une caresse dans sa nuque, la sensation d’être suivi qu’il choisit sciemment d’ignorer. Souffle de crainte le plus souvent, mêlé d’une pointe d’admiration. Œillades insistantes qui se veulent fréquentes en tant que maître des lieux. Chef d’orchestre dictant les notes de la symphonie crade qui se joue, débauche lascive des sens et des corps. Il ne s’y attarde cependant pas bien longtemps, préfère trouver refuge dans son bureau quand son frère se trouve dans la bâtisse. Vagues nauséeuses qui l’emportent loin de l’épicentre des bacchanales sordides, pour lui éviter de perdre pied. Emporté par les affres de sa jalousie maladive. Impression infecte de boire à chaque fois la tasse, à s’en brûler les narines et les pupilles. Le palais entièrement rempli d’un goût acre, horriblement amer. Animal blessé prêt à se terrer dans son repaire et à claquer la porte pour la refermer, quand l’intrus la repousse d’un geste leste et lui emboite le pas. Demi-tour sur lui-même, Asbjörn se retourne vers l’homme, légèrement surpris. Se crispe, s’offusque qu’on ose s’imposer dans son antre avec un naturel aussi confondant. Ayant un minimum d’instinct de conservation, les individus s’abstiennent généralement de s’introduire dans son espace vital sans y avoir été invités. Seule sa dernière épouse dérogeait à la règle, avant qu’elle ne lui fasse la grâce de déménager définitivement dans les contrées austères de sa Russie natale. Les papiers du divorce en guise de cadeau d'adieu inespéré.

Les sphères polaires effleurent le bel étranger, discernent l’aura céruléenne, quelques nuances plus obscures que la sienne. Monstre nordique dont le nom reste sur le bout de la langue, l’écorche sans réussir à s’y incruster. S’agite dans les tréfonds d’une mémoire ancestrale, bute contre la surface solidement construite par l’humain. Ægir refoulé avec acharnement depuis la mort abjecte de son enfant. Peu enclin à servir les intérêts de son panthéon. Seulement les siens, et ceux de la Bratva dans un second temps. L’intensité avec laquelle les billes claires le détaillent parvient presque à le mettre mal à l’aise. Loin de se dérober sous son regard glacial, elles convoitent l’insaisissable, s’embrasent. Semblent fouiller à la recherche de l’âme divine enfouie sous la carne. L’enveloppe mortelle ne représente qu’un obstacle pour l’atteindre. Carrure similaire à la sienne, le géant regrette déjà de ne pas pouvoir jouer sur la différence de taille. Habitué à tutoyer les hauteurs mais absolument pas à les partager avec un autre prédateur. Ego risible privé de son confort coutumier.

La marque de civilité se propage comme un écho millénaire, ébranle profondément la carcasse. Electrifie l’échine, contracte les muscles. Résonne et tape contre la cage thoracique. Torsion infime, tout juste perceptible. Suffisamment pour être intolérable néanmoins. Il déglutit avec difficulté, s’efforce de récupérer son souffle en chassant la nostalgie assassine. « - Je peux savoir ce que ma présence a de si divertissante ? » Siffle-t-il, faussement vexé. Sincèrement agacé. Peu enclin à se laisser séduire si aisément par celui qui représente forcément un rival dans la cervelle bornée. Mentalité arriérée du géniteur ayant laissé des traces quasiment indélébiles en dépit de ses efforts pour les estomper. A défaut d’être en mesure de les effacer. Loin de se faire confiance après avoir senti les remous de l’entité marine, il creuse une distance de sécurité entre eux. Esquisse quelques pas vers le meuble central et laisse ses reins prendre appui contre le bois, face au sombre serpent. « - Venir flatter les talents de mes putains jusque dans mon bureau n’est franchement pas nécessaire. Laissez-leur un plus gros pourboire si vous voulez me montrer votre reconnaissance, ça peut paraitre trivial mais ce sera bien mieux apprécié. » L’appât du gain largement supérieur aux flatteries. Un je ne suis pas à vendre implicite sur les lèvres. Il l’est pourtant, comme tout un chacun. Simplement pas de la même manière que ses prostituées. Et certainement pas au premier venu. « - Pour information, il s’agit d’une zone interdite au public d’ailleurs. Je vous laisse retrouver votre chemin jusqu’au salon, la compagnie que vous y trouverez saura se montrer plus… ludique que la mienne. » Sussure-t-il, le timbre suave se disputant avec l’accent barbare du scandinave. Le proxénète se fait violent pour rester courtois et avenant. Loin d’être une mince affaire pour la brute. Le client est roi mais l’adage s’avère plus simple à commander à ses employés qu’à appliquer en personne. Un signe vers la porte pour clore la discussion et s'en débarrasser. Il se doute que ce serait trop facile. Une part de lui, joueuse, serait déçue qu’il obéisse si vite. Et il ne peut nier que la curiosité lui tenaille férocement les entrailles quant à l’identité et aux intentions réelles du libertin.
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house of memorie ((Ægir)) - Mer 13 Nov - 13:24

ASBJÖRN
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L'antre de l'être n'a aucune importance. Grotte ou palais, ce ne sont que les reflets de l'esprit. Pourtant, les mirettes verdoyantes s'y posent quelques secondes, pour y glaner quelqu'un indice, mais ne peuvent s'empêcher de revenir au visage avenant, aux blondeurs de la chevelure. Au bleu, si bleu, des yeux, qui heurtent les prunelles vertes, si vertes, du serpent. L'homme est auréolé d'azur, créant chez l'ophidien une tempête d'émotions. L'attente est rude, brutale, aussi primitive que la soif de savoir - qui se tient devant lui ? Il a de nombreux ennemis, Jörmungandr, et peu de nordiques souhaitaient le voir vivre. Peut-être venait-il de sonner le glas de sa propre mise à mort, mais l'espoir, la luciole de cette sensation ridicule, tinte en lui. Un seul, parmis tous, n'avait pas souhaité voir son cadavre flotter sur les eaux salées, voir sa destinée changée pour son être trépassé. Ægir. Le nom est un sortilège qui donne de la voix, en lui, fait vibrer le myocarde poussiéreux. Il veut y croire, même quelques secondes.  Ils s'observent toujours, comme deux bêtes fauves prêtes à se jeter à la gorge. L'arène qui les entoure se verra t-elle teintée de sang ? Un léger sourire vient étirer les lippes serpentines. Aurait-il offusqué l'homme, ou froissé le dieu ? « Tout. » Réponse sans aucun sens, et pourtant - tout l'être divin, face au serpent, le divertit. Sa simple présence aiguillonne, anime le souffle éperdu, excite le gigantesque enfant écailleux.

Archibald observe l'homme, le dieu, s'échapper de cette proximité si agréable. Pourtant, toujours de face, posture élégante, recherchée peut-être, du blonde. Les sourcils se haussent chez le serpent - ainsi, le dieu se fourvoie sans même chercher plus loin ? Il secoue la tête. Dénie toutes les allégations. N'a jamais touché la chair offerte ici, même si l'idée est tentante. Le serpent a des appétits aussi monstrueux que lui. La seule chose, la seule personne qui a un intérêt assez excitant pour le faire rester est face à lui. Les oreilles flattées par l'accent rude dans le timbre de la voix. Les souvenirs qui montent, qui grimpent, qui chevauchent d'autres réminiscences, laissant le serpent un instant réjoui. Oui, sans aucune doute, c'est bien un nordique. Il ne bouge pas, Jörmungandr, quand bien même l'invitation camoufle l'ordre aiguisé. « Cela vous surprendra sûrement, mais je n'ai encore jamais posé la moindre partie de moi-même sur vos putains. » Il reste immobile. Il est fort pour cela ; ne l'est-il pas resté pendant des éons, dans cette mer qu'il cernait de son gigantesque corps ? Quelque chose d'immuable, d'ophidien, d'animal, dans cette posture calme et vigilante, mains dans les poches, tête penchée sur le côté. « Je songerai une autre fois à respecter les règlements inutiles.. » Zone interdite, qu'il exhude, comme si cela allait l'arrêter. Une porte de bois n'est rien contre la fureur ancestrale, contre la curiosité titanesque du monstre. Il avance, d'un pas - c'est toute une conquête que ce mouvement, car il pénètre plus en avant, comme un guerrier prêt à vaincre, à dominer. Ou à l'être. « Je ne sais à quel jeu vous souhaitez jouer. A moins que vous ne puissiez mettre de mots là-dessus ? » Ses mots sont une énigme roulée sur sa langue, aux accents aussi bruts que ceux de son comparse. « Dois-je vous rafraîchir la mémoire ? Est-ce donc là ma mission ? Très bien. Ce conte ne prendra qu'une minute, puisqu'il n'y est question que d'êtres puissants qui, face à leur destinée, n'ont pas hésité à jeter en pâture à la mer un enfant d'écailles et de crocs. Tous ont ri de lui, mais le père de tout ne riait pas, car il savait la destinée inchangeable. Irréfutable. Et la peur le tenaillait si fort qu'il chassât les trois monstres. L'un d'eux devait mourir, noyé dans les eaux du dieu qui, plus clément que ses frères, ses soeurs, ses enfants, s'occupa de l'infant ophidien plutôt que de le voir mourir. Ce conte ne vous dit rien ? » Il a le ton lourd, plein du venin présent dans sa salive, plein de la toxicité rancunière qu'il garde en lui. Qui qu'il soit, ce dieu a participé à tout cela. On l'a délaissé dans les eaux salées comme ses larmes. Même Loki, son propre père, préférait s'intéresser à Fenrir, le tueur d'Odin et dévoreur du monde. Loki, qui avait pourtant abandonné ses enfants, ne se tournant vers eux que pour en faire ses instruments. Soupir, poitrail qui s'implose comme une forge, le visage soudain fatigué. S'était-il fourvoyé, lui aussi ? Pourtant, la mémoire vive qui fait remonter des profondeurs les caresses alanguies, la douceur d'une présence, le bleu des yeux, si bleu. « Le Nord a toujours été témoin de monstruosités, mais elles ne sont pas celles que l'on croit. Odin, père de tout, violeur de sa propre fille, la Valkyrie Brunehilde, et qui était prêt à tout saccager pour voir sa lignée à moitié humaine survivre. Il n'est là qu'un parmi tous. » Les prunelles vertes sont accrochées au faciès, espérant y voir une compréhension claire et brutale. Il s'est encore approché d'un pas. Son cou est tendu, nuque épaisse où ses nerfs vrillent, de feu et de glace. L'espoir soudain - ces yeux bleus, ne sont-ils qu'hasard douloureux, ou bien sont-ce ceux dont il se souvient, quand la mer floutait ses iris, mais qu'il pouvait y apercevoir cette silhouette paternelle, bienveillante ? « Je ne veux pas croire que vous ne vous souvenez pas. Je vous confronte. Dites-mon nom, moi qui fût jetée de cette falaise, moi qui fût délaissé parce que mon destin n'était pas aussi parfait et lumineux que les vôtres, moi qui fût envoyé à la mort. Dites-mon nom, dieu nordique » dit-il, ordonne t-il, supplie t-il, d'un timbre rauque et ancien, comme d'autres machoires, d'une autre gorge. Il est à quelques pas de l'homme, et il reste droit, comme pour lui montrer qu'il n'a pas peur. Il est terrifié. Il s'est révélé, a dévoilé sa véritable nature, son essence même. Peut-être sera t-il la proie des pouvoirs de ce dieu, mais qu'importe ? Parce qu'il est à présent persuadé de qui il a en face de lui. Ces prunelles bleues ne le tromperont pas plus longtemps. L'espoir entremêlé de cette certitude pas si certaine. Il a un voeu, Jörmungandr. Non pas de détruire tout ce qui existe. Non pas de mettre la ville à feu et à sang. Tout cela n'a nulle importance, quand on considère qu'il ne désire qu'une chose, le revoir, une dernière fois, quitte à n'être plus que cendres et poussière, ensuite. Le revoir, oui, et lui dire merci.

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house of memorie ((Ægir)) - Sam 30 Nov - 15:56

Tout. La réplique évasive franchit les lèvres dans un souffle exalté, ne l’aide aucunement à y voir plus clair. Le malfrat se renfrogne devant la réponse vague, loin d’être très friand des devinettes. L’être entier incarne déjà une redoutable énigme, un gigantesque point d’interrogation. Il le jauge, analyse son comportement étrange. Il l’intrigue plus qu’il ne le voudrait, à venir rôder autour de lui comme un vautour. A vibrer d’une intensité rarement vue, même chez les humains fascinés par son charisme céleste. Statue de pierre immobile, glaise en devenir. Il lui accorde plus d’importance qu’il ne le faudrait, à chercher l’anguille sous la roche. Adversaire naturel, Asbjörn verrait bien son frère ne faire qu’une bouchée de cet autre géant. Probablement son genre, si tant est qu’il en ait vraiment un. Spécimen diablement séduisant qui fait figure de mets d’exception parmi les clients du bordel. Souvent infiniment plus frustres que ce dernier. L’aveu a le mérite de dénouer aussitôt plusieurs points de pression dans son dos. Laver les images obscènes de sa cervelle détraquée, décrisper les maxillaires prêts à mordre. La tempête qui sévit au creux des sphères azurées perd de l’ampleur. Se contente d’envoyer quelques éclairs déchirer le ciel céruléen, en menace silencieuse.

« - Et pour quelle raison ? Par manque de temps ou vous êtes si difficile que vous n’avez pas trouvé votre bonheur au milieu de la variété présente ? Entrer dans un bordel sans consommer, on peut au moins dire que vous êtes un original… » Pas tant que ça, en réalité. Ils sont plus nombreux qu’on ne le croit à fouler l'antre du vice juste pour se repaître du déballage de chair. Effleurer du regard les courbes aguicheuses en se privant d’y goûter, pourtant priés et incités à entrer dans la danse lascive. Il ne peut s’empêcher de creuser la question, esclave de sa jalousie maladive. Il regrette amèrement le temps où il pouvait errer dans la maison close sans s’en soucier. Se réjouir pleinement du succès florissant, sans pensées parasites. Il aurait mis Ariel à la porte, s’il ne craignait pas tant qu’il continue de se prostituer à l’extérieur, dans un environnement plus sinistre que le Red Lantern. L’idée qu’il ne soit plus en sécurité s'avérant plus insupportable qu'endurer le calvaire de ses passes au sein de son propre établissement. « - Heureusement d’ailleurs, vous seriez la ruine de mon commerce si ce genre de lubie devenait contagieuse. » Qu’il siffle, faussement dérangé par l’abstinence du brun. Je t’en foutrais des règlements inutiles. La patience qui s’égrène, facilement érodée. Roche friable inapte à résister aux vagues. Il n’apprécie que modérément l’insolence de l’étranger, l’arrogance qui se dégage de lui. « - Pour vous peut être, pas pour ceux qui les ont édictés. » Il le crache, mâchant rudement ses mots. S’agace de voir l’intrus ignorer superbement ses ordres pour s’avancer d’un pas. Envahir effrontément son espace vital. Les jointures de ses articulations blanchies à force d’agripper le bois, secoué par la marée infernale.  

Les lippes fielleuses s’ouvrent à nouveau, dépeignent le conte macabre avec une rancœur palpable. Relatent les évènements comme s’ils s’étaient produits la veille. Une éternité réduite en poussière, le temps qui courbe l’échine face à la haine ancestrale. Il ne l’interrompt pas, n’ose pas le faire. N’aurait pu y parvenir même s’il l'avait souhaité. Captivé par le récit cruel. La plaie béante qu’il discerne à travers les intonations du monstre condamné à se noyer. Les émotions qui voguent, violemment agitées par l’orage. Ecorchent son palais d’un goût de sel, saveur retrouvée de l’onde marine. Fil invisible qui les relie, exerce une douloureuse tension sur l’humain qui voudrait l’ignorer, au grand dam d’Ægir. Il le sent qui s’étire malgré la distance physique qu’il lui a imposée, se renforcer à mesure que les émeraudes paraissent supplier le dieu de lui revenir. Dites mon nom, dieu nordique. Il commande, implore, attend quelque chose de lui. Occasion unique de remonter à la surface, enfin. Déité engloutie qui ne demande qu’à s’extirper de son carcan de glace, le percer, le fracasser. S’exposer à la lumière tant convoitée malgré son ancien statut de maître des profondeurs. Prospérer à nouveau, grâce à l’orphelin qui lui doit bien ça, pour l’avoir maintenu en vie. Les limbes dans lesquelles le mortel l’a tristement enfoui n’ont plus le moindre attrait pour celui qui se réincarne de corps en corps depuis des millénaires. Existence sordide loin de contenter les ambitions luxuriantes de l’Océan. On l’avait pourtant préparé à devenir une divinité toute son enfance, à combler plus tard les désirs de cette dernière au détriment des siens. Education perpétrée de père en fils depuis de nombreuses générations. Il n’en avait fait qu’à sa tête une fois adulte, s’était détourné des sentiers battus. Reniant pratiquement sa nature, pour ne lui avoir pas permis de sauver sa fille d’un incendie. Quel intérêt de pouvoir contrôler les flots s’il ne pouvait même pas empêcher son enfant de périr dans les flammes ?

Les rétines claires s’amarrent aux billes vertes, les sondent. Bribes de souvenirs qui flottent sans être pleinement attrapées et reconstituées par la mémoire abimée. Déchets pour l’homme, trésors pour le dieu. Enveloppe que l’entité séraphique rêverait d’utiliser à sa guise mais qui continue de résister farouchement à son emprise. La bouche pâteuse, il reprend contenance du mieux qu’il le peut. « - Qui cherchez-vous à invoquer de la sorte ? Le père de tout, pour vous venger ? Ou celui qui a engendré la bête avant de s’en détourner ? Celui qui a eu assez pitié pour vous abriter dans ses eaux peut être ? Le peureux, l’indifférent, le sauveur ? Ou peut être simplement Thor, l’ultime bourreau ? » L’ombre d’un rictus acerbe glisse sur les traits de fer alors qu’il torture le pauvre reptile, moins clément avec lui que dans son ancienne vie. Il sait qu’il a le beau rôle de cette fable tragique. Mais il n’est pas prêt à jeter en pâture l’essence divine à l’affamé sans de sérieuses garanties. Sans avoir passé ses intentions au crible. « - Connaitre l’histoire du serpent qui se mord la queue ne fait pas forcément de moi l’un de ses protagonistes, un féru de mythologie nordique tout au mieux. Qu’est-ce qui vous dit que j’ai un rôle à y jouer ? » Rien sans doute. Le carnivore féroce tente simplement sa chance, lance l’appât dans l’espoir fou que la pêche soit bonne. « - Qu’est-ce que vous me voulez Jörmungandr ? » Le nom s’échappe avec difficulté, d’un timbre plus rauque, moins espiègle. Il cède sans le réaliser, sous l’impulsion surnaturelle. Se redresse de toute sa hauteur en abandonnant l’appui provisoire. En s’abstenant néanmoins cette fois d'agrandir davantage l’écart entre eux.
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