La baie… Pas vraiment le genre d’endroit où traîne normalement Bailey. Pas en temps normal en tout cas. Mais s’il était là, c’était aussi bien pour récupérer une commande loin d’être légale que pour prendre un peu mieux connaissance des lieux. L’organisation, c’est son travail après tout et le fait que son client lui ait demandé de vérifier plusieurs endroits pour savoir lequel rendrait le mieux était le parfait prétexte pour récupérer sa marchandise loin de tout et de tout le monde. En théorie. En théorie parce qu’à peine avait-il eu récupéré son bien qu’une file de gens défilait plus loin. Illuminés. C’était bien ce qui lui venait à l’esprit et c’est de dédain qu’il renifle. La tolérance, c’est son fort, même si sa tolérance part du principe qu’il manque de respect à tout le monde de base, mais il y a des limites. Limite atteinte parce que même en cherchant bien, il ne trouve aucune raison logique à un tel cirque. Et venant d’un mec en cohabitation avec un géant issu d’anciens mythes… c’était assez peu flatteur. Il faut dire que l’entièreté du défilé ressemblait à un cliché ambulant. Son paquet récupéré et ses observations faites, il se dit qu’assister à la chose pourrait être foutrement amusante, alors il n’hésite même pas et s’invite à la fête sans se montrer. Pour le moment. Et ce qu’il entend et voit de là où il est, ça le fait doucement rigoler. Lui, et le jötunn d’ailleurs. Écho d’anciennes véritables cérémonies ou non, ce à quoi il assiste lui donne envie de lever les yeux au ciel et se moquer ouvertement.

Autant pour la tolérance… mais là, il ne peut juste pas et fini par faire connaître sa présence. « Nous te remercions pour ta… » Sourire moqueur qui s’étire sans jamais finir la phrase. « Sans déconner ? Woh. Vous nous refaites un Woodstock du pauvre ? » Pouvait-on vraiment le blâmer ? Oui, sans doute un peu. Mais il fallait admettre que tout ça était hautement surréaliste. Aucun doute que s’il avait été sous l’influence d’une substance quelconque, il aurait soit été moins sympathique, soit se serait carrément joint à eux. Avec Bailey, c’était dur à dire et puis tout dépendait de la substance circulant dans son corps sur le moment. Ce n’était pas que Bailey ne croyait pas à une puissance supérieure ou protectrice ou même aux dieux en tout genre. Franchement, ce serait à peine si ça le surprendrait vu ce qui partageait sa vie et son corps depuis des années. C’était juste que ça ? Tout ce bordel de torches et de prière à l’unisson ? Très peu pour lui… pour eux. « Si vous voulez vraiment remercier quelqu’un ou prier, choisissez au moins une ancienne divinité qui fait le taf non. Vous croyez pas ? » Gonflé de sa part, lui qui n’aurait même pas formulé ne fut-ce qu’un merci à qui que ce soit, humain ou divin. Rien de sincère en tout cas. Plutôt s’arracher la gueule. Ce n’était pas pour rien qu’il cherchait toujours à contourner une situation où il se retrouvait dans une telle position. Chercher à esquiver l’excuse ou le remerciement était presque devenu une seconde nature.

Connard assumé.

Spoiler:

Faire son job, s’octroyer un petit extra illégal -en passant-, c’était tout ce que Bai’ était venu cherché dans le coin. Il était loin de se douter qu’il allait y trouver une bande d’allumés en train de faire… il ne savait quoi. Certes, le monde n’était pas toujours ce qu’il paraissait être, mais là, c’était un peu too much. Même pour lui qui était une diva à ses heures perdues quand il s’y mettait. Moqueur et pas aussi compréhensif et tolérant qu’il aime à se croire en général, il interrompt l’événement, quoi que ce soit, se payant ouvertement la tête des personnes présentes. C’est totalement gratuit et s’il avait un tant soit peu de limites, il les aurait simplement laissé à leur occupation sans les déranger. Mais puisqu’il a foutu du sable dans l’engrenage… autant poursuivre. Ou plutôt rester planté là, à s’amuser des réactions offusquées et hostiles que son interruption a provoquées. Et à mesure que les minutes passe, l’hilarité du jötunn s’accroit tandis que les réactions décroissent face à l’immobilisme de celui qui semble être le chef de file. Mais où est-il tombé nom de dieu ? Pas qu’il soit croyant.

Quand enfin, la réalisation se fait dans les yeux du… Père ?, Bai’ s’amuse un peu plus de la situation, fume sa cigarette avec une nonchalance manifeste et un je m’en foutisme encore plus grand. S’il finit par approcher, ce n’est certainement pas pour être pardonné de l’offense qu’il a causé, mais simplement pour se révéler. Dans son costard hors de prix dont il tient la veste par-dessus l’épaule, il en impose malgré lui. Présence forte, solide, mais ni agressive ni hostile. « Aucun besoin de lumière, merci bien. Et encore moins de pardon. » Son créateur, il l’avait déjà rencontré, Bailey. D’une certainement façon. Et si tant est qu’il y en ait un unique. Pour ce qu’il en savait, c’était peut-être une. Aucune foutue idée. Parce que mort, il l’avait été, aucun doute là-dessus. C’était le jötunn qui avait soigné son corps et ses blessures, et même s’il avait nié sa présence durant longtemps, c’était la réalité de sa vie. De sa survie. Bai’ était un suicidé qui n’était pas raté, alors leur connerie de lumière avait de quoi le faire rire. Le mensonge était une seconde nature chez lui, mais se mentir là-dessus, il n’avait jamais réussi. « Mais admettons que je vous laisse éclairer ma lanterne et que je vous laisse me vendre votre baratin. » Quelques pas sont à nouveau fait, le jötunn s’approche, cigarette entre les doigts. « Je suis tout ouïe. » Autant s’amuser jusqu’au bout pas vrai ?

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