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A bord du Cocaïne Express - Tavor

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A bord du Cocaïne Express - Tavor - Sam 30 Nov - 16:33

Nuit.

Noire, silencieuse. Je sais qu’elle ne va bientôt plus l’être, à chercher l’antre de celui que je honnis. Je vagabonde dans les rues, me faufilant sous la lueur glabre des candélabres grésillant ; véritable ombre, on ne discerne de mon visage que mes lunettes, trônant sur mon écharpe couvrant ma bouche et gisant sous mon bonnet masquant mes cheveux. Dans mes poches, mes mains gantées se crispent, à l’image de mon corps entier, transi de froid et d’inquiétude.

Noir.

Les lumières s’éteignent, ou ne se sont jamais allumées. Ici, dans ce quartier, les personnes ont été oubliées. Parfois, on les y jette volontairement, comme une fosse commune de déchets humains ; les pauvres, les sans-le-sou, que la société rejette, ceux qui ne peuvent se payer les frais médicaux de base, parfois même la nourriture essentielle à la survie. Les enfants ne vont pas à l’école, hypnotisés par la télévision faisant officie de seule figure parentale pendant que les géniteurs, au choix, se droguent, travaillent illégalement, ou dorment éternellement dans un cercueil sans nom. On pourrait venir les chercher, les éduquer ; on préfère leur donner des armes, personne interroge un gamin, personne ne le soupçonne et, quand bien même, au pire des cas, il fera quelques mois dans une maison de correction pour mineurs.

Silencieuse.

Même les scooters ne vrombissent pas ; les bars se taisent, habités d’âme sans vie, vidées par l’éthanol et l’héroïne. Seul le grincement des vélos rouillés retentit au rythme des coups de pédale des enfants au regard creux les conduisant ; ils sont les guets de ce quartier, le réseau d’alerte et de vente. J’ai envie de tous les prendre avec moi et de les aider, de les sortir de cette fange de rouille et de bois pourri. Mais je ne suis pas venu ici pour ça. Alors je ferme les yeux, j’ignore le couinement des vieux pneus sur le bitume, les regards portés sur ma silhouette. Au pire, ils me prendront pour un consommateur en manque.

Qu’importe.

C’est un écran de fumée, une planque idéale ; qui viendrait chercher ici quelqu’un de dangereux. Personne ici est dangereux, ou tout le monde l’est ; alors, dans le communautarisme tacite de ce quartier, quiconque s’en prend à un habitant est aussitôt connu. Telle est la magie entre ces murs gardés par ces yeux puérils, une toile invisible. Et là j’en suis la mouche, à arpenter l’asphalte en quête de réponses. Mais j’en suis aussi le tisserand, je le crois, je l’espère. Quelques visages me connaissent, j’ai aidé quelques femmes, j’ai donné quelques ordonnances, offerts des médicaments et des soins, du feu et des mets lors des plus froides nuits d’hiver. Ils savent que je ne suis pas un danger, que mon accoutrement n’est pas un camouflage. Simplement parce que la température est basse.

Froide.

Je grelotte à cause de la fièvre qui brûle mon crâne, le Soleil me manque et je n’ai qu’une seule envie : lézarder au Soleil. Pourtant, l’hiver n’est pas encore arrivé et Arcadia s’avère bien trop septentrionale pour que la chaleur soit présente prochainement. Au contraire même. Perçant dans la nuit noir, comme des papillons immaculées, je les vois tomber du ciel.

Flocons.

La neige danse sous mes yeux. Un sourire déchire mon visage et l’enfant en moi s’amuse à s’emparer de quelques miettes blanches. Ils tiennent sur la laine de mes gants d’ébène avant de fondre en un mirage luisant. Mais je soupire, elle ne risque que retarder l’homme que je souhaite voir, trop facilement distrait. Il confondrait peut-être la neige avec la cocaïne qu’il s’enfile chaque soir. J’entends un gamin rire au loin, à voir la neige tomber, à sentir la candeur ressurgir dans son corps, comme un animal enfermé et affamé, se repaissant de cette poésie guillerette tombant des cieux. Nous déchantons, l’enfant et moi, lorsque nous entendons au loin un fracas de verre et un cri, si anodins dans ce décors, si cousus de fil de blanc dans ce panorama urbain, qu’ils gomment les bienfaits du climat en un battement de paupière.

Perron.

Sur les marches de l’immeuble où je me rends, je m’assieds un instant, me pose sous le lampadaire éteint. Seule la lune mordue, voilée par les nuages épais, m’éclaire. J’allume du bout de mes doigts une cigarette, après l’avoir regardé longuement, hésitant quant à la mettre à ma bouche. La bouffée de fumée dans mes poumons me réchauffe et la lumière incandescente perce les ténèbres nocturnes. Je me sens comme auprès d’un feu de camp minimaliste alors que la neige continue d’humidifier mes vêtements, me réchauffant de l’intérieur à l’aide d’inquiétantes toxines. Dire que j’avais arrêté. J’en profite pour fermer mes yeux et le chercher de mon second regard ; il n’est pas là, bien entendu, mais il est sur le chemin retour, plus ou moins.

Crochetage.

Une fois le mégot enfoncé dans ma poubelle de poche, je fais volte-face et ouvre la porte de l’entrepôt désaffecté. L’isolation défectueuse de l’immeuble ne me protège pas du froid, néanmoins elle semble bien plus efficace que celle de ces maisons aux vitres brisées, remplacées par du carton, que j’ai vues en chemin. La porte de chez lui est verrouillée, je m’en étonne un peu, mais ce n’est pas une serrure qui m’effraie. La Calavera apprend deux-trois tours à ses enfants, et la chirurgie permet d’avoir des gestes précis et millimétrés. Je pénètre enfin dans sa grotte.

Capharnaüm.

Ce qui ne me surprend pas. Pourquoi ? Au final, je pense que je le connais très bien, trop bien, ce jeune homme plein de vie, plus que beaucoup de personnes, plus que ce que je ne m’avoue. Je commence à fouiller dans ses affaires, dans ses tiroirs improvisés et ses rangements sournoisement éparpillés en quête d’un indice quelconque, d’une rencontre fortuite, d’un nom, d’une image. Je me doute que je ne trouverai rien. Mais, irrépressiblement, je me sens le besoin d’empiler son étalement, de ranger cette cacophonie visuelle, de mettre un peu d’ordre dans ce chaos. J’ouvre les fenêtres pour aérer son antre qui sent le fauve, le loup dirais-je même, et avec fait entrer un air frais et froid. Un frisson parcourt mon échine et une bourrasque fait tomber un objet non-identifié au loin.

Soupir.

Impossible de trouver quoi que ce soit, et le froid me fait grelotter. En l’attendant, afin de me réchauffer, l’eau chaude coule sur mes mains et j’en profite pour nettoyer ses assiettes sales et ses couverts.  
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A bord du Cocaïne Express - Tavor - Mar 3 Déc - 6:39


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Are you gonna give me a cookie ?

Le froid qui prend place, l'hiver qui s'invite bien trop tôt dans ce qui me sert de squat. Alors oui, je l'ai quitté un peu, mon petit nid douillet gentiment choisi par Aurelio. J'ai de bonne raison de rester là en vrai, même si faut bien l'avouer, il pourrait me livrer bien trop facilement à sa petite famille. J'ignore si on me cherche encore, mais ce que je sais, c'est qu'ici, toi tu me retrouveras et c'est ce qui m'intéresse le plus. Je rentre un peu plus tôt que d'habitude, histoire d'éviter la police et au moins comme ça je rentre de nuit, avec encore tous mes fringues sur moi. La poudre au nez, l'alcool dans le sang, aucun doute qu'on pourrait m'arrêter facilement, mais comme je n'ai rien d'autre que des cigarettes sur moi, je suis au moins safe, un peu. Mon casque sur les oreilles, je rentre en dansant du mieux que je peux. Disons que les murs de chaque côté m'évitent de m'écrouler. Dans mes oreilles se lancent une musique qui annonce un énième disney en chanson. J'avance tranquillement jusqu'à voir que la lumière est allumée. Je regarde rapidement si j'ai de quoi me défendre, mais rien. Alors je pousse juste lentement la porte pour essayer de voir qui est à l'intérieur et je me retrouve face à quelqu'un qui match bien avec la musique que j'ai dans les oreilles.

« What do you want? 'Cause you've been keeping me awake
Are you here to distract me so I make a big mistake?
Or are you someone out there who's a little bit like me? »

Je t'attrape doucement par la taille en déposant un baiser sur ta joue pour m'excuser d'avoir fait souffrir tes jolies oreilles, avant de finalement balancer, mon portable, mon casque et ma veste un peu n'importe où. Je rentre un peu comme si c'était naturel de te retrouver là, même si on dirait un homme au foyer. Je regarde un peu mon ''appartement'' avant de te regarder en haussant les sourcils. Tu ranges mes affaires et tu fais ma vaisselle. J'ai l'impression d'avoir la visite de ma mère actuellement. Je retire cette idée de ma tête, parce que vu toutes les mauvaises pensées que j'ai, ce n'est jamais le moment de penser à ma mère quand tu es là.

«  Ma jolie reine des neiges, tu n'es pas obligés de ranger mes affaires. Il y a même sûrement des affaires qui ne sont pas à moi. Bonjour sinon.  » Je pince un peu les lèvres histoire d'essayer de calmer mon énergie et en plus de la fermer gentiment comme tu peux l'apprécier. «  C'est sympa de te voir. »

Tu te doutes bien qu'intérieurement je retiens le gentil doggo qui aurait totalement envie de te faire la fête parce qu'il est heureux de te revoir. Je retire mes fringues pour me dégager de l'odeur de drogue que je pourrais avoir sur moi. Aucunement gêné par la fenêtre ouverte et le froid qui s'invite dans l'appartement. Je récupère un t'shirt propre et un short avant de venir te poser un plaid sur le dos. Tu pourras ainsi remarquer que j'ai plus d'un plaid en fausse fourrure. Ce n'est pas ma faute, je trouve ça rassurant, pas que j'ai besoin d'être rassuré, mais je dors mieux dans ses trucs. Je glisse une clope entre mes lèvres avant de me raviser et de la poser là où je peux. Je me place doucement face à toi, essayant de me retenir de parler. Je compense avec le fait de gigoter tel un gamin qui aurait envie de pisser.


«  Enroule toi dans les plaids, ils sont propres eux. »
Petite fée du logis.
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A bord du Cocaïne Express - Tavor - Ven 6 Déc - 1:41

Contact.

Sa peau contre mes vêtements, le bout de ses doigts qui effleurent mon échine, qui empoignent ma taille ; je frémis. Mes dents se serrent, injonction au silence, barreaux d’émail improvisés enfermant mes mots violents et sourds. Dans l’eau chaude, sous un masque de mousse, ma main écrase l’éponge qui se vide alors, compressée sous mes phalanges.

Crochet.

J’aurais pu, là, maintenant, le frapper à la mâchoire, le prenant par surprise avec ma main surgissant de l’onde savonneuse. Il aurait chancelé, se serait écrasé sur le sol, peut-être même que son crâne se serait cogné contre un meuble ou un déchet. Le sang aurait coulé, les os se seraient fracturés. Et il aurait ri, à gorge déployée. Sans comprendre la haine que j’éprouve non pas à son égard, mais à son symbole, cela ne servirait à rien.

Inspiration.

Je pose, lentement, l’éponge sur le rebord de l’évier. Tout me semble ralenti, sauf l’envie de le frapper, de me défouler ; tout me semble chaotique, confus et délirant, sauf les larmes qui n’ont jamais coulé et qui aimeraient sortir, maintenant, par mes poings effrénés. Il est une graine du chaos dans la ville, semée, oubliée, comme le fond les geais à l’automne en enterrant  leurs châtaignes. Ils les oublient et, quelques temps plus tard, poussent les arbres. Tavor n’est qu’une impasse du mycélium chaotique qui gangrène la ville, il a juste rendu le terreau encore plus fertile.

Rejet.

Malgré le froid, malgré la fièvre, je prends le plaid synthétique (je l’espère, j’ose croire qu’un loup ne porte l’un de ses frères pour dormir) de mes épaules, le plie et le dépose loin de moi. Je fixe la monstruosité canine, plantant mes iris en lui, pleines de haine et de colère, de tristesse aussi, car s’il est le sujet de mon ire, il n’en est pour aucun cas coupable.

« Tu pues l’alcool. »

Le verdict tombe, aussi froid que l’acier, ou mon âme. Je regarde dans le dépotoirs de sa tanières les cadavres de bouteille et les cendriers débordants ; clairement, je pourrais lui dire que je suis venu ici pour oublier le monde s’oblitérant sous mes pieds, que je ne souhaite boire que de la Tequila et ses lèvres afin d’apaiser mes tourments.

Plus tard.
Peut-être.


S’il le mérite. Un remède après l’autre.  D’abord, tenter de démêler des fils puis, ensuite, s’embrouiller l’esprit. Pour moi, une minute de silence dans cet esprit qui ne cesse de se taire, à l’image de l’homme en face de moi, contorsionné par les mots emprisonnés dans sa bouche.  Peut-être un peu pour lui, aussi, il serait fallacieux de me penser égoïste, de m’imaginer ne rien éprouver pour Tavor car, après tout, dans le cas contraire, pourquoi ne l’aurais-je pas simplement tabassé ?

Soupir.

Je peux, peut-être, dans les méandres de mes espoirs, essayer de le déterrer de ce compost infect, en priant qu’il ne s’y complaise. Le libérer de cette terre souillée pour qu’il puisse, s’il le peut, s’épanouir ailleurs, croître dans un monde moins pire à défaut d’être meilleur.

« Va  au moins te faire vomir, clamé-je d’une injonction dépourvue d’émotion. Il faut que tu ais l’esprit le plus clair possible. »

Sur l’égouttoir, je m’empare de deux verres désormais propres que j’emplis d’eau, fraîche, presque froide. Je les apporte, sans le regarder, sur la table basse, adjacente au canapé. Du bout du bras, j’attrape mon sac, l’approche de moi et trempe mes lèvres dans mon verre. J’ai les doigts fripés qui sentent le savon, tremblant de froid et de fièvre.

« Tu attends quoi ? Ne m’oblige pas à te forcer. »

Je ne suis pas là pour rigoler ; je crois même que le rire à jamais a quitté mes lippes, n’en demeure qu’un sourire serpentin et placide.
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