« Dur loi de la vie, que d'être possédé par autrui, être balancé en pâture en étant presque plus digne de son enveloppe, a ne plus avoir le libre choix de sa vie. »
Le regard cloué à l'horloge brutale de la vie, qui n'était autre que la sienne, embuée par la fatalité qui venait de s'abattre sur sa maigre caracasse de putain. Une horreur, une hécatombe. Une morbide envie de rejoindre les esprits tourmenteurs de son domaine. Elle n'en pouvait littéralement plus la gosse. Elle n'arrivait toujours pas à saisir le message que venait de lui envoyer Oksana en lui jetant cette réalité devant les yeux. Ah oui. La liberté de l'être humain était enterré par le pacte de sang, ici, à la Bratva. Petite lignes presque invisible à l'oeil sur les mots entachés de cruauté, du papier vermeille qu'avait accepté l'enfant en débarquant ici, toute idiote qu'elle était aux bras du jumeau maléfique. Une tristesse presque effacée, une colère digne des joutes les plus violentes. Elle n'acceptait pas, ne voulait pas vivre ainsi, l'anneau dorée autour du doigt, lui signalant qu'elle était ici, pour toujours. Enchaîné à l'enfant maléfique, effrayant et brutal par le physique semblable à son véritable bourreau bien qu'elle l'avait admiré autrefois, elle était condamnée, elle le savait. Condamné à vivre éternellement sous un autre nom, au bras d'un homme qu'elle n'aimera pas. Elle en était presque convaincue. Que le diable l'emporte, elle pensait avoir touché le fond...Et bien pas encore. La Bratva risquait de lui montrer qu'est-ce que l'Enfer tant cité par nos amis chrétiens. Ah la malheureuse, la voilà assise sur son lit de linge d'Orient, les phalanges nerveuses en sachant que bientôt, la place vide à ses côtés allait être comblé, mais pas comblé dans le bon terme. Elle aimerait être comblée l'enfant, mais du vide qui la ronge au quotidien, de ce brasier incessant qui ne cesse de ronger sa chair ferme, de lui faire comprendre qu'il manque un maillon à sa vie. Mais lequel ? Bonne question.
Le bruit ne tarda pas à la sortir de sa songe sans fin, son cœur ratant un battement quand les doigts du futur vint s'abattre sur sa porte. Elle ne prit guère peine à répondre, puisqu'il était plus ou moins chez lui. L'enfant se redressa toutefois quand ta carcasse pénétra la pièce, bien trop silencieuse maintenant à son goût. Pourtant le silence était plaisant à ses tympans. Pas là. Les mots n'arrivèrent jamais. Pourtant la blondinette était pas du genre à mâcher les remarques, les paroles sarcastiques et venimeuses. Elle n'y parvenait pas cependant, son regard figé sur ton visage, qui était guère rassurant à cet instant. Ton œil en était sans doute la cause, il fallait qu'elle s'y habitue, plus le choix. « Hm..Et bien. Navré, je ne sais quoi dire dans ce genre de situation.. C'est pas dans mes habitudes d'accueillir une personne qui n'attend pas d'actes physiques de ma part en ces lieux. » Un brin d'humour masquant la haine, le dégoût, la nervosité. L'enfant faisait de son mieux après tout ! Il ne fallait pas trop lui en demander. « Un peu de nectar ? » Demande-t-elle en avançant presque godichement vers la petite coiffeuse où reposait un plateau argenté avec deux coupelles et de quoi se sustenter au cas où.
The moral of the story is, I will gut you if I need to. I will carve my way out with only my teeth.
Cygne empêtré dans une toile sinueuse. La mère aranéide a poussé le roi dans son piège. Sournoiserie préparée dans son dos, noyée sous les célébrations de noces premières, vagues assourdissantes que sa naïveté pensait complices du célibat féroce. Ophéa. Le prénom écorche le bec du monarque animal, dévoile la pointe des crocs de Nahash et agrémente la langue des pleurs gâtés par une ire hébraïque. Rancœur inondant le palais, animant la cruauté de la psyché brisée. Stoyan se mure au silence au cours des rencontres menées, ignore les rêves qui lui sont contés par la vedmak, ingénue dont il imagine les narines décorées de poudre et le con puant le foutre. Éden qu'elle cache sous des jupons ébènes, appelant à être châtié après le rapt de la connaissance. Le regard ne se pose guère sur la promise, se complaît au jugement de la succube qui clame être Ève. Réceptacle du blâme qu'il rêve de briser d'un coup de vit avant le larcin de l'âme. « Épouse-moi. » Main tendue à la demande jetée dans un ton courtois. Invitation à montrer l'exemple, à se perdre dans ses anneaux à la place de la femme souillée de son affront.
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Cygne jeté au duodénum des dédales. Le plumage se colore de rouge sous les néons du Red Lantern, habille le faciès où trône le masque du paraître. Il erre, emprisonné entre deux murs, les ailes entravées par les mots de la mère. Catin devenue pakhan grâce à quelques lingams, autel des prières orales où elle pria à genoux dans le palais de sa mémoire. Ingrat ne connaissant de sa mère que ses mauvais côtés, ne cherchant pas à en savoir plus. À l'approche de sa porte, la lippe se soulève, rictus témoin de l'appréhension avant la rencontre.
Nahash lâché à même la chambre. Le calot unique se pose sur la belle opale, jauge pour la première fois le canevas qui lui a été vendu. Le rose aux joues, la poupée plaisante, ramène à la mémoire du cygne les chiens qui ont remué son buisson en échange de sommes quelconques. Dégoût malmenant les tripes à la pensée que les cuisses sont encore souillées de pleurs blanchâtres. Stoyan juge, condamne, laisse la gamine sombrer dans un silence gêné duquel elle se défait en lui proposant un verre de nectar. « Je t'en prie. » Il répond en ôtant son manteau, l'abandonnant au dossier de la chaise haute avant de lancer une œillade dans le dos de l'oiselle.
