She looked at my palm and she made a magic sign She said "What you need is love potion number nine" She bent down and turned around and gave me a wink She said "I'm gonna make it up right here in the sink" It smelled like turpentine, it looked like Indian ink I held my nose, I closed my eyes, I took a drink. @JUNIPER S.-NISIVOCCIA (sarasvati)
Elle avait fait fort avec l'ouverture du bar en premier lieu. Plus que ce qu'elle avait imaginé au début. Elle pourrait bientôt ouvrir la boîte de nuit à l'étage supérieur. Les consommations étaient chères mais visiblement pas autant qu'elle le craignait et elle avait vite rentabilisé certaines dépenses malencontreuses qu'elle n'avait pas prévu en achetant l'établissement.
Elle pensait bientôt lâcher sa casquette d'avocate, elle avait employé Adriel, un ancien flic, pour tenir le bar lorsqu'elle n'était pas là pour ses affaires mais aussi parce qu'ouvrir un bar, boîte de nuit et compagnie seule, ce n'était pas l'idée du siècle. Il lui en devait beaucoup alors elle pensait qu'il lui revaudrait bien en agissant comme il fallait, l'ancien flic avait trop de principes moraux. Principes qu'elle n'avait pas.
19h30 déjà, elle avait à peine eu le temps de rentrer chez elle se changer qu'il fallait retourner au bar, avocate de jour, tenancière de nuit, il était vraiment temps que ça cesse. Le bar était déjà bien rempli à son arrivée derrière le comptoir, elle n'allait pas s'en plaindre. C'était devoir sourire et se montrer faussement en forme et joyeuse qui était plus compliqué pour elle. Mais ça faisait parti du métier, surtout à peine ouverts, elle ne pouvait pas se permettre de tirer la gueule.
Elle avait l'impression de reconnaître une blondinette de la Nuova. Elle avait, après tout, aussi ouvert pour eux. Elle les abandonnait peut-être d'un point de vue avocate mais elle leur gardait toujours la porte ouverte pour passer du bon temps, entre autres choses. Des pièces réservées surtout. Qu'ils jouent le jeu était agréable à constater, cette petite crainte qu'ils puissent lui en vouloir pour ce revirement, elle l'avait eu. Brièvement. Là, elle était rassurée, la blondinette n'était pas la première. A moins qu'ils tâtent le terrain, possibilité qui l'effleurait.
«For a moment, nothing happened. Then, after a second or so, nothing continued to happen»
Après une heure à fixer son plafond, elle décide que ça ne peut plus plus continuer comme ça. Elle ne pouvait plus passer sa vie à se morfondre à chaque fois que décembre pointait son nez. L’idée que la nouvelle année approche la dégoûte et fait disparaître toute envie d’être autre chose qu’une larve. Avec sa pâleur et le gros nuage gris qui flotte au-dessus de sa tête, elle s’étonne que la coloc n’ait pas encore engagé un exorciste. Enveloppée dans un vieux plaid, elle se lève difficilement, a cherché partout la motivation pour se brosser les dents, enfiler une robe et se peindre le visage à coups de fond de teint et de paillettes. La vie, ce n’est pas facile tous les jours.
Le froid laisse sur sa peau une sensation comme une griffure de chat. Elle déteste sentir ses poils de nez se frotter quand l’air glacé entre dans ses narines. Malgré sa face badigeonnée et la proximité du bar où elle se rend, elle enfouit son minois dans la grande écharpe en se demandant pourquoi elle prend toujours des décisions de merde. Ses talons claquent sur l’asphalte. Parfois, un petit caillou anti-glace craque sous ses bottes. Elle n’a pas envie de grand-chose, qu’elle se dit en ouvrant la porte de l’établissement. Draguer, comme toujours ? Par principe, peut-être, mais pour l’instant elle pense n’avoir d’affinités qu’avec les fougères. Elle soupire une dernière lampée de buée avant que la porte ne se ferme lourdement derrière elle.
Le mélange des voix et des verres qui claquent sur les tables, les chaises qui bougent, les rires qui éclatent… Étrangement, ça rassure Juniper. Le trop plein sensoriel remplace la doudou confortable et, même si elle n’a pas pour autant envie de parler à qui que ce soit, elle se sent un peu moins lourde et fatiguée. Elle retire son écharpe, erre un peu dans la salle à la recherche d’une place libre. Dès qu’elle la remarque, June se dirige vers celle qu’il reste près du bar. Après avoir posé son manteau sur le dos de la chaise haute, elle s’assied et pose ses coudes sur le bar. Le menton appuyé sur les mains, elle regarde son semblant de réflexion dans le miroir derrière les bouteilles. Il n’y a que la voix soudaine de la barmaid qui parvient à la sortir de sa tête en un sursaut. Elle n’a même pas pensé à ce qu’elle voulait boire :
« Err… Whisky on the rocks ? » , qu’elle demande en bombant légèrement le torse, comme une tentative de se donner l’air plus adulte. Elle observe le visage de la femme devant elle, croit la reconnaître. Probablement une connaissance. Juniper fronce les sourcils ; reconnaître les gens, ce n’est pas son meilleur talent. La jeune femme se force d’étirer un sourire. « C’est bien de voir le quartier se rajeunir, un peu. », que tu laisses tomber en regardant autour de toi. Entre les vieux italiens aux portes des cafés générationnels et des institutions qui avaient déjà fait leur nom… Du nouveau, ça ne faisait jamais de mal.
She looked at my palm and she made a magic sign She said "What you need is love potion number nine" She bent down and turned around and gave me a wink She said "I'm gonna make it up right here in the sink" It smelled like turpentine, it looked like Indian ink I held my nose, I closed my eyes, I took a drink. @JUNIPER S.-NISIVOCCIA (sarasvati)
Les portes seraient toujours ouvertes pour la Nuova et ses conseils continueraient à servir. Elle avait aimé ce métier d'avocate, il était trépident mais elle était encore jeune et avant de s'encroûter dans un bureau, elle voulait profiter de sa jeunesse. Au final, rien ne l'empêchait de profiter de l'établissement pendant 10, 20 ans en partant du principe qu'il fonctionnerait et ensuite trouver des employés pour le tenir tandis qu'elle repartirait jouer les avocates.
Elle essayait de repérer ceux qui venaient depuis plusieurs soirs des nouvelles têtes, elle essayait de voir qui pourrait potentiellement venir régulièrement de qui elle ne reverrait sans doute jamais ici. Voir si ça allait, si tout convenait à tout le monde, l'angoisse des ouvertures, l'excitation surtout. Ce n'était pas du tout le rêve d'une vie, c'était le genre de révélation qui s'imposait, elle n'était pas si aventurière habituellement. Pour l'instant, tout semblait aller pour le mieux.
Err ? Ils ne servaient pas ça ici. Ca l'amusait. Elle souriait. Whisky ? Tu es sûre d'avoir l'âge pour ça ? Et bien, ce n'était pas comme si elle était à une infraction près. Elle prenait un des verre à whisky derrière et n'ayant pas la marque, elle se contentait de prendre une des bouteille classique, pas trop haut de gamme pour ne pas la faire raquer de trop, pas trop bas de gamme pour ne pas la maltraiter non plus. Glaçons puis whisky et elle déposait le verre devant la jeune femme.
Le quartier qui se rajeunissait ? Oui, sans doute. Il fallait évoluer et non rester enfermé dans sa triste monotonie.
C'est certain, on commence à reprendre le contrôle, c'est une bonne chose. Les vieux ont toujours leur café et bar de jour et la nuit nous appartient désormais.
Une ville qui dormait à partir d'une certaine heure pour reprendre lentement le lendemain matin son train de vie, merci mais non merci, elle n'avait pas quitté sa ville natale pour ça.
Rassure moi ma jolie, tu as plus de 21 ans, hm ?
Les coudes posés sur le comptoir, comme si elle était prête à recevoir une confidence. Elle demandait rarement aux gens leur âges mais il allait falloir qu'elle s'y fasse sérieusement. La blondinette avait un visage juvénile, c'était trompeur.
