Double je.

"Comment ça, tu étais avec moi cette nuit là ?"

"Kyan, j'y peux rien !"

"Soyons bien clairs, c'est MON corps, c'est MON esprit. Tu n'as pas a t'infiltrer dans mes moments d'intimités !"

"Le problème est que tu me laisse de moins en moins de moments de libre. Et puis merde ! Si t'es avec Preeti aujourd’hui, c'est quand même un peu grâce à moi !"

"Pardon ??"

"C'est moi qui l'ai poussé à t'avouer ses sentiments pour toi. Si j'avais pas été là, vous en seriez encore à boire du thé en vous zieutant de côté. Et, encore une fois, c'est moi qui t'ai appris à te débrouiller dans un pieu. Sans rire, Kyan, si t'avais pas tes règles à la con, il y a longtemps qu'on aurait fusionné toi et moi. Et en ce moment, tu serais certainement en train de baiser ta jolie indienne."

Kyan voit rouge instantanément ce qui est mon cas aussi. Nos regards s'affrontent. Je sens que lui comme moi, nous aurions aimé pouvoir s'empoigner à cet instant.

"Tais-toi, je t'en prie, tais-toi ! Tu n'as pas le droit de parler comme  ça ! Tu n'est qu'une gêne. Ne t'attribue pas du mérite qui ne te reviens pas ! J'étais très heureux sans toi. J'aimerais que tu disparaisses !"

Notre poing vient s’éclater sur le miroir entre nous. Est-ce moi, Kyan ou les deux ? Notre main saigne mais lui comme moi, on s'en fou éperdument pour le coup.

"Oh mais je ne vais pas disparaitre. Pour ça, ne t'en fais pas ! Par contre, dès que tu es avec Preeti, tu n'y pourras rien, je serai là, passif, mais là. Et je suppose que vous allez vous voir de plus en plus et par conséquent, nous allons devenir un. Par contre, si elle disparaît de ta vie ..."

Il y a un rire amer dans ma tête.

"Si elle disparait de nos vies, tu pourras avoir mon corps et mon esprit toujours. Peu m'importera ..."

Je me lève, la chaise tombe, la nuit vient de tomber.

"En attendant, c'est à toi de disparaître. C'est mon heure. Je suppose que tu peux daigner me laisser toute ma liberté pour encore au moins cette nuit ?"

Claquant la porte de notre chambre, je file pour prendre ma voiture. Je sens Kyan dans ma tête, en train de regarder par mes yeux. Cela m'énerve au plus haut point même si je ne suis pas sur qu'il fasse réellement exprès. Je fais vrombir le moteur de ma voiture rageusement et fais crisser les pneus.

Si Kyan ne veut pas me laisser tranquille pour ce soir, je connais un excellent remède...
J'arpente les rues et aperçois ce que je recherche. Je me gare devant un bar supposé être ouvert toute la nuit, je claque la porte de ma voiture et va directement au comptoir, encore vide à cette heure.

"Patron ? Ta meilleure vodka !"

Double je.

Pourquoi on ne peut pas un tout petit peu compter les cartes au black jack ? C'comme provoquer les vigiles, va savoir, c't'interdit, et pourtant, ils sont là pour ça, non ? Je passe une manche sous mon nez et j'y trouve du sang. Bande d'enfoirés !

Il y a un témoin de la scène et je le regarde, ou plutôt la regarde puisqu'il s'agit d'une femme. Une femme à qui je souris de toutes mes dents

"T'crois ? Moi je pense qu'on f'sait juste connaissance. Salut Preeti."

J'essaye de me relever mais mon dos me fait beaucoup trop souffrir pour cacher une grimace sur mon visage. Finalement, me voilà debout.

"T'sais qu'on s'est causé pleeeeeein d'problèmes avec Kyan. A cause de toi, me voilà abstinent sexuellement parlant !"

J'écarte les bras en croix, comme s'il s'agissait d'une grande victoire.

"Voui, comme monsieur ne l'est plus, j'dois l'dev'nir à sa place du coup, c'malin non ? Comme ça, pas d'soucis pour le paradis."

Je baisse la tête, je me rend compte d'à quel point je suis odieux avec elle. La colère, la jalousie, l'envie, j'ai hérité d'absolument tout. Me dirigeant vers la belle danseuse, je reprend d'une voix beaucoup plus sérieuse.

"J'suis désolé. On s'est engueulé. Ça m'a rendu fou mais t'y es pour rien. Ça va toi ?"

Double je.

'J'plaisantais, tigresse. J'suis pas d'venu abstinent parce que Kyan ne l'est plus, rassure-toi... C'juste que j'ai ... Enfin ça m’intéresse plus trop. Voilà."

Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'être reconnaissant envers Preeti à cet instant. Ouais, j'aurais pu passer le reste de la soirée à m'amuser encore un peu mais j'apprécie sa présence actuellement, étrangement. Je détourne les yeux de son regard, je ne veux pas qu'elle voit un quelconque sentiment envers elle.

Quand Preeti me parle de ses courtes nuits, je ne peux pas m'empêcher de basculer la tête en arrière et d'en rire. C'te révélation ! T'inquiètes, belettes, les miennes sont courtes aussi pour la même raison.

"J'peux pas repartir tout d'suite... Si j'rentre comme ça, j'vais encore m'faire engueuler, et puis c'trop loin pour y aller à pied. En plus, j'ai des trucs à faire avant. T'veux pas qu'on aille boire un café ?"

Désagréablement, je me rend compte que mon ton s'est adouci et est devenu presque amical. Je ne peux pas lutter, je peux être une teigne avec n'importe qui d'autre, mais pas Preeti... Mes yeux rencontrent enfin les siens avec un air sincèrement désolé.

"C'pas cool que tu m'vois comme ça. En plus, j'me suis rangé, promi, c'était juste ce soir, une dernière fois. J'regrette... "

Pour peu, j'ai l'impression que ma sincérité m'a fait un peu dégrisé. Au moins, je me tiens droit à présent, devant elle... C'qu'elle est belle ...

Double je.

"Nan, y a rien, ne t'inquiètes pas."

Elle a relevé sa capuche et je la trouve encore plus belle. Malheureusement, d'autres personnes que moi se sont fait la même réflexion et se sont approchées de nous, je renifle mais Preeti m'entraîne plus loin.

"Promis ! J'parle avec Kyan demain ! Et oui, c'moi qui ait le téléphone mais il s'ra prév'nu. Par contre, j'peux pas aller chez toi, qu'est-ce qu'il dirait s'il savait qu'on a passé la nuit ensemble ? Enfin toi, il te croira p'tet..."

Je ne sais absolument plus ce que je dis. Mes mensonges mêlés à l'alcool m'engloutissent un peu plus. Est-ce que Kyan parle de moi à Preeti ? Je pense que je suis passé sous silence comme le frère indigne que je suis supposé être.

Autour de nous, il y a beaucoup moins de monde, mais les quelques personnes de la ruelles semblent être un peu moins farouches.

"Attends, j'ai ma voiture. T'sais conduire ? Ce s'ra un peu plus prudent."

D'avance, je le sais, c'est trop tard. D'instinct, je reconnais un prédateur quand j'en vois un, et celui-là, c'en est un sans aucun problème, son corps pue les phéromones à plein nez. Ce type a un regard torve vers Preeti tout en m'ignorant royalement, et cela me met hors de moi. Les effets de l'alcool ont immédiatement disparut pour un temps. Je lui fait face en me plaçant entre la danseuse et lui, les poings serrés.

"C'est même pas la peine d'y penser..."

Double je.

L'homme me sourit et reporte son regard sur Preeti, puis sur moi. Oh putain ouais ! Une bagarre ! Mes poings se serrent d'autant plus mais d'après une autre Règle A La Con de Monsieur Kyan, je dois le laisser faire le mal en premier. Cela me va, je suis parfaitement prêt à réagir !

Il s'approche de nous et s'arrête tout près, il nous toise avant de dire :

"Hé, comment t'as eu la p'tite danseuse ? Tu l'as payé ?"

Consommateur de putes ? Est-ce assez pour entamer une bagarre ? Malheureusement, non.

"Laisse la tranquille, elle est libre."

Il s'approche encore et me bouscule sur le côté, alors qu'il va empoigner le bras de Preeti, il lance un :

"Ah, tant mieux, viens là toi !"

Est-ce assez ? Ma conscience me dit que oui. Mon pouvoir de super-vitesse brûle en moi comme jamais, cela fait tellement longtemps que je n'ai pas eu l'opportunité de l'utiliser. Avant que le contact entre sa paluche et le bras délicat de Preeti se fasse, je lui attrape le poignet et le tord dans un même mouvement.

L'homme cri et moi, je souris. Je continue à tordre, soit sa tête va se baisser dans un angle parfait, soit son bras va se casser, à lui de choisir. Finalement, il choisi de garder l'intégrité de son bras et se penche, j'en profite pour lui envoyer un coup de pied dans le pif, tout aussi rapide que le reste. Avec moi, une bagarre est toujours jouissive même si elle ne dure pas longtemps.

Preeti derrière moi a remis sa capuche, je n'arrive pas à voir son expression. M'a-t-elle vu utiliser mon pouvoir ? Avais-je le choix ? Je m'enfonce de secondes en secondes... Je vais en finir vite.

"Encore dix secondes, tigresse, promis ..."

Je me penche encore pour accentuer la pression sur le bras avant d'atteindre ses chaussures de ma main. Lui défaisant ses lacets, je profite encore une fois de notre position à tous les deux pour lui attacher les mains directement au niveau de ses chaussures. L'homme est toujours parfaitement conscient mais je l'abandonne entre deux poubelles.

Revenant vers Preeti, je lui prend doucement le bras.

"Pardon pour ça, tu as raison, ramène-moi chez toi s'il te plait. Je ne te ferai plus de problèmes"

Je ne me sens plus du tout ivre, mais une vague de fatigue vient de m'immerger.

"Si tu veux, je t'apprendrai à conduire." je dis cela presque doucement. Me voilà en train de lui parler comme Kyan à présent !

Double je.

Tout à coup, Preeti m'inquiète, elle semble troublée ou faible. Est-ce une crise ? Je sens qu'elle défaillit et j'hésite à la prendre dans mes bras. Finalement, l'instinct est le plus fort et je la rattrape in extremis alors qu'elle tombe. L’asseyant par terre, je me pose à ses côtés.

"Aucun problème, prends ton temps."

Voyant qu'il s'agit de quelque chose d'assez grave, je passe un bras autour de ses épaules pour tenter de la réconforter comme je peux. Il est beaucoup trop tard à présent pour appeler Kyan et lui demander de le faire à ma place. Ce serait très étrange. Marrant, mais étrange.

Après un moment, je demande à Preeti.

"Tu as besoin de quelque chose ? Vas-y explique moi ce qui se passe, je pense qu'à not' stade, on peut tout se dire, non ?"

Autour de nous, la rue est heureusement redevenue calme. Le type a arrêté de brailler et commence à essayer de se défaire de ses liens. Je pense qu'il en a pour encore une quinzaine de minutes. Je presse Preeti contre mon épaule, j'essaye de profiter de cet instant unique, juste elle et moi, je me garde juste d'aller respirer l'odeur de ses cheveux.

Double je.

Preeti pose sa tête contre moi. Immédiatement, je ne sais plus où me mettre, mes pensées explosent et je détourne le regard de la magnifique vue que son corps penché peut m'offrir.

Après un moment, voilà la tigresse qui se lève un peu trop rapidement, arrachant son corps du mien comme un sparadrap sur une plaie encore ouverte. Par la suite, elle me remercie mais j'ai du mal à comprendre pourquoi, je lui fais un signe de tête amical pour le coup. Je suppose que Kyan n'est pas spécialement au courant de ce genre de crises étrange.

Nous arrivons alors dans ce quartier où je l'avais déposé la dernière fois. Elle me mène jusqu'à l'hôtel en m'expliquant que c'est l'endroit où elle vit. Moi ? Me faire des idées ? Ça m'a traversé l'esprit seulement deux minutes ! Je sens que l'épuisement pour ma part n'est pas loin et que l'alcool tend à vouloir reprendre ses droits sur mon cerveau.

"C'tait bizarre quand même, ce soir. Non ? Ça t'arrive souvent ces crises ? T'en as parlé à Kyan ?"

En parlant d'en parler à Kyan, il est un truc que je dois mettre au point tout de suite !

"D'ailleurs, tu m’ sauvera la vie sur ce coup là ? Tu m'laisse pas tomber, hein ? 'Faut que j'me réveille avant lui, sinon ça va vraiment pas l'faire. Comme toi ! 'faut surtout pas que tu saches..."

A ce moment, je tombe dans une semi-conscience. Pouvant encore vaguement marcher, je ne sais plus ce que je dis ni ce que je fais. Seule la perspective d'enfin pouvoir dormir me maintient debout.

Double je.

"Wow, ça ne doit pas être facile à vivre. J'comprends que tu ne veuille pas que sa se sache avant d'avoir trouvé un moyen de régler le problème... Crois moi."

Je retire mes chaussure en essayant de ne pas tomber. Un réveil ? C'pas con ça ! J'vais l'faire dès que j'serais couché.

Preeti me fixe intensément. J'ai dit quoi, moi, déjà ? C'qu'elle doit pas savoir, c'est vrai. Pour éviter de m'écrouler dans son entrée, je me dirige fébrilement vers son canapé pour m'y écrouler. Ma tête me tourne affreusement, le cocktail pouvoir/alcool/combat/amour impossible est assez difficile à digérer.

"C'que tu peux savoir, c'est que t'es putain de super sexy et que j'aimerai trop qu'on passe une nuit ensemble !"

Je m'allonge en essayant de ne pas trop m'affaler. Preeti est au dessus de moi et je ressens à fond la frustration se mêler à la jalousie. Je me reprend, un ton légèrement plus sérieux, à mi-chemin de ma conscience.

"Mais ce qu'il faut pas que tu saches, c'est que j'suis aussi putain de tombé amoureux de toi ! Alors tu l'répète pas, hein ?"

Me voilà parti dans un profond sommeil, sans rêve, sans réveil, sans aucune conscience de ce qui pourra m'attendre demain ...

Double je.

J'inspire profondément, le matin est là. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant très très longtemps, d'un sommeil sans rêve. Mes muscles me semblent fourbus et je m'étire avant de me rendre compte que quelque chose me gêne dans mon mouvement. Un dossier de canapé, visiblement. Je fronce les sourcils.

Mes yeux s'ouvrent et je regarde autour de moi, tout est flou. Je connais cet endroit mais je ne suis certainement pas supposé être là. Je ne sais pas si je dois avoir peur de la situation ou m'en réjouir.

Je me redresse et aperçois Preeti attablée à sa cuisine. Nos regards se croisent et je lui souris.

"Bonjour mon amour ..."

Et là, je frôle la crise cardiaque. Mon bras est emmanché d'une chemise qui ne m'appartient pas, une horrible chemise rouge de soirée. Je m'étrangle en constatant qu'un horrible goût d'alcool essaye de remonter dans ma gorge. Je n'ose pas comprendre, qu'est ce que je fais ici dans les vêtements de Sheitan ? Qu'est ce que ... Je me prend la tête dans les mains.

"Seigneur, Sheitan... Qu'est ce que tu as fais ?"

Je me souviens alors de la dernière phrase que je lui ai dite : "Si elle disparait de nos vies, tu pourras avoir mon corps et mon esprit toujours. Peu m'importera ...". Non, je ne peux pas croire qu'il m'ait fait ça ! Mon corps entier se met à trembler de rage et d'impuissance.

Double je.

"Je te remercie. Je te prie de m'excuser juste une seconde..."

Je me lève et vais dans la salle de bain et je n'ai pas le temps de chercher ma croix avant que mon estomac ne se soulève. Penché dans la cuvette, je sors ce qui semble être une bonne grande dose de vodka, de la nourriture bon marché, et beaucoup de rancoeur. J'inspire et me dirige vers le lavabo pour me rincer la bouche abondamment. Des yeux, je cherche fébrilement ma précieuse croix sur les meubles, les tiroirs et les placards avant de me rendre à l'évidence qu'elle ne pouvait pas être là. Je soupire devant ma propre stupidité.

J'hésite un bon moment avant de retourner à la cuisine. Ce n'est pas par lâcheté mais parce qu'à cet instant, je sais que tout va changer, qu'elle va s'apercevoir combien je ne la mérite pas et que je n'ai aucun mots pour elle.

Ma punition pour mes pêchés est là, derrière cette porte, ce sera la plus douloureuse de toutes. J'inspire pour me donner la force de l'affronter.

Je m'assois devant l'amour de ma vie sans oser la regarder, me sentant tellement indigne de sa présence.

"Hier soir, tu as ramené Sheitan. Nous partageons le même corps. Il s'agit bien de mon jumeau mais dans le sens biblique du terme. C'est depuis mon accident que je suis devenu lui, en partie. Je suis désolé que tu l'apprennes comme ça. Je n'ai aucune excuse... "

J'ai presque du mal à retenir mes larmes. La tête toujours baissée, je continue malgré les tremblements dans ma voix.

"Je voulais juste attendre d'en savoir plus ou d'avoir réglé le problème... Tu ... tu as peut-être des questions... "

J'ose enfin la regarder.

"Ou tu préfères que je m'en aille ?"

Double je.

C'est le coup de grâce, quand elle m'accuse de mentir. Je me recroqueville sur ma chaise, les yeux baissés à nouveau, terriblement honteux.

"C'est vraiment ce que tu penses, que je suis en train de te mentir ?"

La douleur n'a rien de comparable avec tout ce que j'ai connu jusqu'à présent. Quand elle éclate de rire, je me met à trembler, heureusement, elle ne me fait pas face à ce moment là. Mon esprit cavale pour trouver quoi dire, quoi faire, avoir la force de poursuivre.

Les yeux toujours rivés au sol, j'adresse une prière silencieuse à mon Dieu pour qu'il me pardonne, qu'il me sauve, ou qu'il m'achève. J'aime Preeti, et il est évident que je ne suis pas pour elle, c'est en fin de compte plutôt bien qu'elle s'en rende compte maintenant. Pour moi, c'est la fin.

Sa requête me fait relever les yeux vers elle. Je ne dis rien, totalement pris au dépourvu. Sa demande se précise et je la comprend mais j'hésite, si on s'est souvent battu avec Sheitan pour le contrôle, jamais on ne se l'étais donné de force... Enfin, presque jamais.

"Comme tu veux, Preeti."

A nouveau, je baisse la tête pour me préparer à partir. Je me ramasse au fond de mon propre esprit et pousse en avant le démon. Son manque de réaction me fait un peu peur mais rapidement, il emplit toute notre conscience. Il ne pose pas de question, se contentant de s'éveiller comme un bienheureux.


Qu'est ce qui s'est passé ? J'ai fais quoi encore ?

"Oh bordel !! Ma tête... Qu'est-ce qu..."

J'redresse la tête et voix Preeti. Immédiatement, je m'exclame :

"Hey ! Salut Tigresse, c'cool de m'avoir réveillé ! T'as bien dormi malgré le fait que tu devais me résister ?"

Je me souviens de la veille, la bagarre, sa crise, le fait qu'elle m'ait emmené dormir chez elle. Par contre après, c'est le trou noir. J'ai cette désagréable impression d'avoir dormi des heures, heureusement que Kyan s'est pas réveillé, c'aurait été tellement gênant pour eux ... Je souris de soulagement avant de repenser à sa crise particulièrement impressionnante de la veille. Plus sérieusement, je regarde Preeti.

"Blague à part, ça va mieux toi, après hier soir ?"

Double je.

Je reste interdit un instant. Preeti me scrute comme si c'était la toute première fois qu'elle me voit. J'sais que j'suis assez beau gosse mais quand même ! Il faut sans doute vite que j'essaye de me rappeler de ce qui s'est passé la veille avant de dormir, non ? Ouais, bonne idée !

Soudain, elle s’assoit sur mes genoux, je sursaute en écartant les bras. Merde, on a quand même pas ... Enfin, j'adore vraiment quand une fille fait ça mais pas Preeti, surtout pas Preeti !

Surtout si j'm'en souviens pas !!

"Putain, il se passe quoi, là ?"

Et soudain, elle s'énerve et me hurle dessus, tu parles d'un réveil ! Je ne peux rien ajouter qu'elle s'en va rageusement en n'oubliant pas de m'inviter à table.

- Sheitan, tu me laisse reprendre le contrôle ? -

- J'suis dans la merde ? -

- Laisse moi seul avec elle, je te prie.-

Sa voix douce et presque gentille me rend malade. J'aurais préféré qu'il s'énerve voire qu'il me torture physiquement ! Mais Kyan est dans une froide colère envers moi et cela est encore beaucoup plus effrayant. Je cède donc la place avec grand plaisir.


Je baisse la tête, seul dans mon esprit. J'aurai tellement besoin d'un conseil, de n'importe quoi ! Mes larmes coulent franchement. Je laisse s'écouler un moment avant de décider d'aller retrouver ma Déesse, comme elle l'a exigée.

Je vais tenter ma chance une dernière fois, essayer de me racheter. Après, je disparaîtrais de sa vie ... et de la mienne.

Frappant doucement à la porte de sa chambre, je m’aperçois avec une douleur véritable qu'elle est effondrée sur son lit en pleurs. Ses larmes déclenchent à nouveau les miennes. Je m'approche doucement et m’assois à côté d'elle, je tente de passer une main réconfortante dans ses cheveux.

"Preeti, c'est moi. Kyan... Je suis profondément navré mais ce que je t'ai dit est malheureusement la pure vérité. Tu étais pour moi la réponse qui allait me permettre de régler ce problème. Je t'avais parlé de ce démon qui est apparut après l'accident, il s'agissait bien de Sheitan. Je t'en supplie, dis moi ce qu'il faut que je fasse pour me racheter..."

Je regarde ma main, et, en désespoir de cause, j'ajoute.

"Si tu décides que je ne ferai plus partie de ta vie, je te laisserai tranquille, je te le promets. Par contre, laisse moi juste te prévenir qu'il y en a d'autre comme moi, beaucoup d'autres. Et ... Nous avons des pouvoirs..."