Néons criards, musique grotesque, synaptique.
Sueur et alcool, lipides ruisselant, peau à peau.
Chier.
Je ne sais pas ce que je fous là.

Ekahau me pourrit encore la nuit en m’emmenant vadrouiller tel un somnambule dans les cloaques enfiévrés de cette ville.

Si tu veux me faire crapahuter,
connard,
au moins que ce soit au bord d’une plage déserte !

Je sirote une tequila de mauvaise qualité dans une alcôve reculée, quand un frisson familier me chatouille la nuque. Je balaie la foule d’un plissement de regard : mes yeux tombent sur une subtile créature aux tresses sauvages.

Regarde-moi.
Regarde-moi.
Regarde-moi !

Yeux fermés.
Bouche entrouverte.
Déhanché enfiévré.

Elle est dans son élément entourée de tant de jeunes gens déterminés à finir la nuit accompagnés, avec tous ce même désir de coucher.
À chaque fois que quelqu'un l'effleur, c'est comme si elle prenait un shoot de la meilleure came qui ait jamais existé.
Erzulie, tapie au fond d'elle exulte et lui monte aussi à la tête.

L'euphorie de cet instant est inégalable.

Le palais s'assèche à peine qu'instinctivement elle se tourne vers le comptoir pour aller faire le niveau.

Regard étranger accroché.
Curiosité est éveillée.

@Tadeo Hierra
(100 mots)

Des sirènes à la petite semaine, il en pullule par centaine ici. Elle est d’une autre trempe, de celle qui intrigue mon vilain locataire. Il s’agite comme un forcené. Je suis trop crevé pour lui opposer une quelconque résistance. Je suis blasé aussi. Je déteste l’idée que mon cœur soit ficelé comme un rôti.

Je déteste l’idée d’avoir un coeur.

Je regrette ce temps où je me foutais de tout. C’était plus simple, plus reposant. Donnez moi de la simplicité. Es-tu de ces créatures complexes qui réclame réflexion ?
Le regard braqué sur la demoiselle, je soutiens l’accroche.

Viens.
Viens.
Approche !

Les doigts s'enfoncent dans les tresses pour les arranger. Coquetterie inutile qui lui permet de se donner une contenance alors qu'elle détourne le regard pour faire mine de s'intéresser à quelqu'un d'autre.

Je ne suis pas de celles qui sont désespérées.

Trajet jusqu'au comptoir interrompu une infime seconde est repris.
Elle commande, parle, rit et pointe l'étranger d'un index impeccablement manucuré.
Un clin d'œil au serveur qu'elle semble bien connaître et elle vient s'asseoir dans l'alcove de l'esseulé.

Merci, pour le verre, je commençais à être assoiffée.

@Tadeo Hierra
(100 mots)

J’en déduis que je viens de rajouter quelques consommations à ma note.
Sourire en coin.

- Cela m’autorise à connaitre ton nom ?

Je me fous bien qu’il soit vrai ou non, je l’aurais certainement oublié d’ici demain.
Cependant, un nouveau courant électrique vient palper mes cervicales. C’est une sensation qui exsude d’elle, de son attitude féline, de son regard fardé. J’ignore si Ekahau guide mes gestes ou si c’est là ma volonté. Je viens entortiller mes doigts autour de sa chevelure de gorgone. Autant de cordes qui pourraient m’attacher.

- Je ne sais pas danser. Tu m’apprendrais… ?

Mary.

Elle se désaltère avant de poser son menton dans sa main, un léger sourire en coin fiché sur les lèvres.

Et tu viens, seul, en boîte, sans savoir aligner deux pas ? Te serais-tu perdu ?

Un ongle de la main libre vient gratter une rayure sur la table.

Mais tu as de la chance, je suis prête à te donner des cours... Tim.

Le prénom ne lui va absolument pas, mais peu importe, au pire, il la corrigera s'il ne lui convient pas.
Elle se saisit de la main qui tripote en se redressant et récupère son précieux élixir.

Allez viens.

@Tadeo Hierra
(103 mots)

-Jésus... que je corrige avec un simili sourire.

Tu veux jouer à l’immaculée conception, autant assortir nos noms. Patronymes-costumes pour mascarade nocturne.

Verres à la main, nous déambulons dans la foule, amarrés l’un à l’autre nos doigts curieux. Elle a les poignets moins menus que ceux de Bronach, la peau plus douce et plus parfumée.

Arrête de penser à elle.

Ekahau s’agace de ma vaine fidélité. Je pousse un soupir en terminant mon shot et en l’abandonnant à un inconnu. Aucune barrière mentale pour ce soir. Cervelle au placard. Fais bien ce que tu veux.

- Je suis là.

De nouveau au milieu des corps trop nombreux, trop serrés, elle s'arrête.
Son visage rayonne alors qu'elle presse un peu plus les doigts de ce curieux partenaire biblique.

Tu ne m'échappera pas.

Ses hanches se remettent à onduler au rythme de la musique tandis qu'elle se penche à son oreille en déposant la main masculine sur sa taille.

Ce n'est pas compliqué, tout ce que tu as à faire, c'est te laisser porter.

Elle inspire son odeur, s'imprègne de la chaleur de sa peau qu'elle sent contre sa joue et reprend.

Regarde, comme ça.

@Tadeo Hierra
(102 mots)

Étrangement, la présence de la sirène chasse mon dégout naturel des autres. Toute mon attention est focalisée sur sa silhouette lascive, ondulant sur le rythme. Fascinante parade nuptiale dépourvue de vertu. Mes mains sur ses hanches, sensible à la houle, tentent de suivre la fluidité du mouvement. Mon corps, lui, rigide et perpétuellement sous contrôle, peine à se laisser aller.

- Je ne me suis jamais laissé porter….

Plus depuis mon frère.
Pas depuis Bronach.

Arrête !
Regarde-la elle.

- Je porte en général.

Je presse brutalement son bassin contre le mien, la soulève de terre pour la faire tourner.

Tu vois, Jésus, tu sais mener.

L'attention de l'assemblée se tourne par moment vers eux et quand elle revient toucher le sol poisseux elle termine à son tour d'une traite son verre avant de le refiler à un autre danseur avec un naturel tellement déconcertant qu'il n'a d'autre choix que de l'accepter.

Bien. Maintenant, comme ça.

Les mains de son partenaire sont d'autorité déplacées jusque sur ses fesses alors qu'elle revient coller son bassin au sien et qu'elle enroule ses bras autour de son cou.

Si tu maîtrise ça correctement, tu peux te faire n'importe laquelle des nanas qui traînent dans le coin.

@Tadeo Hierra
(116 mots)

« Habile petite salope » me hurle ma cervelle alors qu’Ekahau ricane de ma misogynie. Il guide mon corps et moi, mental épuisé les insomnies, je laisse faire.

Tu te trompes, « Mary », ce n’est pas moi qui mène.
Il veut la rendre jaloux.
Et tu n’es pas humaine.

- Qui te dit que j’en ai envie…

Je la fais pivoter, son dos épousant mon buste et d’autres parties plus honnêtes de mon anatomie. Mes doigts remontent subtilement le long de ses cuisses, s’invitant sous le tissu de sa robe.

- Pour t’avoir toi, que faut-il faire ?

Un léger gloussement acide, digne de la garce hautaine qu'elle sait si bien être et cette fois la nuque vient reposer contre l'épaule. Ses tresses viennent s'éparpiller, certaines passant autour du cou de son cavalier. Gorgone se sent puissante, ignorante des tourments de celui qu'elle considère comme sa proie.

Moi...

Quelques mouvements de hanches parfaitement maîtrisés pour aider sa robe à remonter de quelques millimètres sur ses jambes et laisser plus de place aux caresses aventureuses.

Je suis une sainte...

Une main rejoint l'une des siennes, l'autre remonte jusqu'à sa joue.

Ce serait pêcher de me convoiter...

@Tadeo Hierra
(106 mots)

La terrible sorcière sait faire usage de son venin. Un autre homme serait déjà en train d’étouffer entre ses annaux. Lui, comme moi sommes plus malins.

Je suis en train de me prendre au jeu.

Sentiment de culpabilité, balayé par le divin. Pas le temps de niaiser ce soir avec une telle promesse de duplicité.

- Certaines saintes étaient des pécheresses avant de laver des pieds avec leurs cheveux…

Je respire les siens, exhalant des parfums exotiques, effluves calculés pour entêter.

- Tu n’es pas « intouchable », en tous les cas… Mes phalanges s’aventurent sous certaines dentelles privées.

Peu importe qu'ils soient au milieu de cette piste de danse bondée, elle n'a jamais eu besoin d'intimité, elle se laisse doucement griser et lorsqu'elle se laisse trop emporter par le pouvoir qui pulse dans ses veines, elle pourrait bien se faire sauter n'importe où que ça ne lui poserait pas le moindre problème.
Droguée en pleine extase.
Pourtant elle trouve la force de réinstaurer de la distance entre eux tout en venant jouer, lascivement, avec ses cheveux.

Ce serait un crime de leur faire pareil outrage... Mieux vaut ne pas fauter, pour ne pas avoir à me repentir...

@Tadeo Hierra
(104 mots)

L’abandon au creux des reins, elle se cambre d’exquise façon. Ténébreuse catin. Ekahau guide mes caresses, reflue mon dégoût. Je suis enfermé dans un tiroir, relégué à l’observation.

Jusqu'à ce que la gorgone se dérobe.

- Le repentir... N’est-ce pas le point d’orgue de cette foutue religion ? Ils sont tous à courir après le Pardon. Ne me fais pas croire “Mary”, que tu es vertueuse…

Je la fait tourner sur elle même, en lui tenant la main en chaste ballerine. Je la lâche soudain au beau milieu de la piste.

- Entendu : Je ne serais pas ton Judas…. Sauf si tu insistes.

Elle tournoie dans un sourire qui reste bien accroché à ses lèvres malgré la déclaration qui suit.
Tout comme elle n'est pas de la même trempe que toutes les minettes qui traînent ici, il n'est pas fait du même bois que les beaux parleurs qui chassent dans le coin. Elle l'a senti pourtant.

Elle se fait enlacer par un nouveau partenaire opportuniste le temps d'un morceau torride, mais ses yeux ne peuvent se détacher de lui et dès qu'elle trouve le moyen de s'échapper elle revient, innocente, se pendre à son cou.

C'est  à lui qu'il faudrait que tu demandes des cours, il a tout compris aux déhanchés.

@Tadeo Hierra
(116 mots)

Avec un sourire confiant, je reflue vers le bar. Elle a beau virevolter entre d’autres mains, je sais bien que tout cela n’est que parade. Ses prunelles n’ont de cesse de me chercher. Ses manœuvres de diversion ne me font ni chaud ni froid.

Tu reviendras.
Tu n’y manques pas.

- Peut-être.... Mais il n’est pas à la hauteur.

Je joue une nouvelle fois avec ses tresses tortueuses, les enroulant tout doucement autour de mes poignets.

- Aucun d’entre eux…

Ce ne sont que des humains, suants, puants, grossiers. Des humains.

- ... Et tu le sais.

Murmures
Par ma voix suinte le pouvoir.

C'est comme si Erzulie et Ekahau communiquaient, leur divine essence prenant le pas sur leur moitié humaine et les reléguant au second plan.
Mais là où Tadeo est en conflit avec son dieu, Savannah ne fait presque qu'un avec sa déesse bien qu'elle n'ait pas tout à fait conscience de sa présence. Alors le murmure l'enveloppe, le pouvoir s'insinue dans chaque parcelle de sa part la plus faible.
Sa joue vient se poser contre sa clavicule, petit chaton langoureux se lovant dans les bras de l'étranger en jugeant d'un regard dédaigneux tous les humains présents.

Hmm... Je le sais...

@Tadeo Hierra
(107 mots)

Ekahau s’attarde sur les courbes câlines de la danseuse. Il s’enchante de voir une essence si réceptive à la sienne. Je sais pourquoi il exulte.

Tu vas vraiment la sauter pour rendre l’autre jalouse?
Dors, gamin…
Me répond-t-il en m’envoyant valdinguer dans une cage mentale.
Tu as besoin de repos.

Même si c'est vrai, je m’accroche à ma culpabilité.
Je ne veux pas trahir Bronach.

Ne soit pas ridicule. Tu crois sincèrement qu’elle se prive ?
Qui aurait pu croire que tu t'attacherais à une femme.
Ta gueule !

Comme pour me faire taire, il embrasse “Mary” à pleine bouche.
Avec autorité.

Elle ronronne presque conte lui, métamorphosée pour mieux garder son attention. Chaque caresse qu'il lui octroie l'électrise un peu plus et la noie dans le désir qui la consume lentement depuis qu'elle s'est approchée de lui. Tout son corps, en se tendant sous les doigts, hurle "Pour ce soir, je suis à toi"

Elle est surprise par les lèvres qui viennent s'écraser contre les siennes. Un grondement de satisfaction lui échappe alors qu'en réponse une main indiscrète glisse sous son haut, griffes en avant, la seconde s'agrippant instinctivement à la nuque tendue.

A moi.

@Tadeo Hierra
(101 mots)