"Ne...bouges...pas."

J'intime cet ordre alors que mes bras se verrouillent autour de ses cuisses.
Ainsi, je sens ses muscles se tendre et se détendre à mesure des mouvements de ma langue. Déjà échaudée par un précédent orgasme, je sens qu'un nouveau ne tardera pas à arriver.
Au moment où je le sens venir, j'arrête tout, juste avant de la faire partir.
Une fois plus calme, je reprend pour la faire remonter à nouveau.
En attendant, mes mains se baladent sur son corps, comme pour dompter avec des caresses cette femme qui me résiste encore.

Ses gestes finissent de me barricader contre lui, et je finis par me laisser aller plus docilement.

Cependant, et malgré l'emprise qu'il a sur mon corps, je ne peux m'empêcher d'accompagner ses mouvements linguaux, les mains se décrochant du meubles pour se perdre dans ses cheveux, le bassin se mouvant contre la bouche qui le malmène.

Mais au moment où je suis sur le point d'imploser, les caresses se stoppent, ma laissant pantelante et en suspension.
Impatiente, je résiste à l'envie de reprendre les choses, sachant que c'est une façon de me frustrer...

"Alors chérie, combien de temps tu vas résister ?

A nouveau, je lui fais lentement remonter la pente du plaisir.
Ses mains dans mes cheveux me fond douter d'être trop cruel avec elle mais ce nouveau jeu a été lancé dès l'instant où elle a décidé de me fuir.
A nouveau, ses muscles se mettent à se tendre de plus en plus et je sens son corps entier m'accompagner de ses mouvements.

Au point que j'espère être culminant, je m'arrête à nouveau, retenant son corps tremblant de mes mains. Cette fois-ci, ce n'est vraiment pas passé loin.

Le jeu devient de plus en plus dur à tenir, et mon épiderme est secoué de spasmes de plaisir puis de frustration tour à tour, le cardiaque arythmique, la respiration haletante... Mon corps ne survivra pas à un énième tour de grand huit.

Je lève les yeux difficilement, et, dans ma fièvre, susurre entre deux respiration saccadée:

"Si tes lèvres ne m'amène pas à la fin, je t'assure que mes doigts le feront."

Ma voix est différente, et ma volonté si tranchée me surprend moi-même, mais les mots sont réels et mon esprit demande une trêve méritée.

Mon manège continue encore et encore, jusqu'à arriver à ce point si particulier où n'importe quelle caresse est susceptible de la faire s'envoler. J'ai même droit à des menaces très explicites.

Je sacrifie donc une de mes mains pour attraper ses poignets afin qu'elle n'en fasse rien et m'équipe discrètement d'une protection de l'autre.

Quand je sens que Preeti est réellement au bord, je fusionne avec elle avec passion tout en continuant mes mouvements avec ma main.

J'espère ainsi lui donner le meilleur double orgasme de sa vie, qu'elle crit mon nom.

"Allez, ma chérie, joui !"

En guise de réponse, ses phalanges se nouent contre mes poignets, et je crains de ne devoir subir encore ces assauts linguaux sans pouvoir atteindre la fin de mon plaisir, et me résigne un peu à cela, lorsque contre toute attente ses doigts sont rejoint par son bas ventre, me laissant enfin atteindre le Nirvana.

Le dos cambré contre lui et la gorge rauque par le cri de plaisir qui en sort, je ne contrôle ni mon corps ni mes mots, qui se résume à son nom et un baragoui de plaisir incompréhensible, et je tombe exténuée à ses cotés.

Son plaisir vient, violent, mon nom est même prononcé... comment résister à cela ?

J'ai presque eu du mal à ne pas venir avec elle. J'ai eu juste assez de retenue.

Sous moi, le corps ardent s'est presque écroulé.

Très lentement, je commence alors à lui faire l'amour. Me penchant sur elle, je murmure dans le creux de son oreille :

"Finalement, je t'ai attrapé... Je vais pouvoir profiter de toi sans aucune limite."

Cette fois, j'ai l'intention de prendre tout mon temps et si elle cherche à se rebeller encore... tant mieux.

Mon esprit est bien loin lorsque mon corps encore tremblant de se qu'il a subit reçoit encore plus d'attention. Je rentre dans une transe ou je ne m'exprime que par onomatopées, fourbue de plaisir.

Mais , surement par gourmandise, Mes muscles réagissent, mes chevilles se nouant contre ses hanches, Mes doigts agrippant sa nuque, caressant la peau et les cheveux qui y tombe doucement, et mon ventre se mouvant symétriquement au sien...

Je ne tiendrais pas longtemps ainsi, bloquée dans un monde où le plaisir est roi, et où en temps qu'humaine je me perd avec extase.

Je ferme les yeux un instant pour savourer cette étreinte privilégiée. Ses jambes autour de mon corps, ses doigts dans mes cheveux et son mouvement qui accompagne le mien... Un cocktail parfait dont je me délecte.

"Retourne-toi." Je murmure au bout d'un moment.

Comme ce matin, je place ses mains sur un mur et écarte ses jambes avec l'une des mienne. Je retrouve avec plaisir cette position qui m'avait tant fait fantasmer. Mes mains passent sur ses seins et l'une d'elle descend sur son bas ventre avant que je ne la prenne à nouveau toute entière.

L'ordre est donné et mon corps s’exécute, extatique, et ses gestes placent ma silhouette face au mur, dirigeant la cambrure et les postures en dominant.

La peau hérissée et les cheveux ramenés dans le dos, je frémis à chaque caresse, hyper sensible au toucher après ma combustion spontanée.

Finalement, nos peaux fusionnent de nouveau et après quelques minutes intenses, mes muscles se crispent encore et m'envoie valser dans le subconscient du plaisir.

Après quelques minutes, je souffle, souriante:

"Sheitan... Tu vas me tuer de fatigue! Es-tu si excité par moi, ou c'est toujours comme ça?"

À peine arrivé dans le creux de la vague, le feu revient prendre son corps sous mes doigts et l'enflamme presque aussitôt. Quelques secondes plus tard, je brûle du même feu.

"Tu demandes grâce ?"

La suite de la question demande réflexion. Pas tant parce que la réponse est dure à trouver mais parceque je veux trouver les bons mots.

"Tu l'as dit toi-même. Nous sommes deux à faire l'amour. Et je maintiens, tu es la meilleure, et sans commune mesure. Les autres me satisfont. Toi tu me fais découvrir une nouvelle forme d'addiction."

Je me retourne contre Sheitan et blotti mon visage contre son cou.

"Je demande grâce. Tu es de loin le plus gourmand de nous deux, et si je continue ça je risque de mourir de fatigue... et de faim. Tu veux manger quelque chose?"

Je rougit à son compliment, je ne dis rien, me dirigeant doucement jusqu'au salon pour m'écrouler sur le canapé pour reposer mes jambes encore tremblante de l'effet aphrodisiaque de Sheitan.

"Tu ne sais pas ce que tu me fais..."

Je ferme les yeux, profitant des bribes du plaisir que mon corps diffuse encore.

Avec ravissement, je serre son corps magnifique contre moi et souris à sa proposition.
Je suis affamé.
Quand elle s'arrache de moi, j'étouffe un gémissement et comme un camé en manque, je la suis et retiens un rire quand je la vois épuisée et tremblante sur le canapé.
Je m'approche d'elle, laissant traîner ma main le long de son corps et file à la cuisine où je trouve un tablier que j'enfile sur ma peau nue.

"Justement... je te fais quoi ?"

Visiblement, elle n'est pas en état de faire quoi que ce soit.

Le mouvement des doigts sur la peau me fais gémir, mi de plaisir, mi de plainte, puis Sheitan se détache de moi, et je ne sais pas si je ressens du soulagement ou du désespoir lorsque notre contact si doux se rompt.

"Fais moi ce que tu sais faire...Improvise, je te fais confiance!"

Je reste encore un moment dans le canapé, profitant pour me reposer un instant, avant de me relever, prend quelques vêtements dans ma chambre et me dirige vers la salle de bain.

"Je vais me doucher, dis moi si la maison brule ou menace d'exploser!"

Sa phrase me désarçonne totalement, tant par son double sens que par le fait que... sans ses conseils, je ne sais strictement rien faire. Enfin...

Je farfouille avant de trouver des avocats, des crevettes et des tomates. Cela fera sans doute l'affaire.

Quand elle me dit qu'elle va se doucher, je suis déçu. J'aime l'odeur qu'elle porte en ce moment. Quand elle passe non loin de moi, j'attrape ses vêtements en lui murmurant :

"Ça, ça reste avec moi. Je veux que tu reviennes rapidement et totalement nue."

Je l'embrasse, pour celler l'accord.

Un instant, son corps se raidit, puis il s’exécute et commence ses recherches dans la cuisine. Mon corps hurle en pensant au désordre que ça risque d'engendrer, mais je le force à avancer vers la chambre, puis vers la salle de bain, jusqu'à ce que les vêtements s'envolent de mes mains.

Sa phrase est intense, et je souris: si c'était un nouveau jeu...
On s'embrasse doucement, avant que je ne m'engouffre dans la salle d'eau, dénuée de mes attribut de textile, histoire de regagner quelques forces avant la nuit qui nous attend.

Rapidement, je prend mes repères et trouve petit à petit les ingrédients qu'il me faut, faisant des compromis sur certains ingrédients et me fiant à mon odorat pour les épices.

Je fais un effort sur la présentation et dispose avocats, crevettes, tomates, salade, sauce et épices.

Rapidement, tout est rangé en espérant que ce soit le plus impeccable possible et attends tranquillement ma compagne, prêt à lui faire regagner sa délicieuse odeur corporelle.

J'hésite un instant avant de rejoindre Preeti dans la salle de bain et de dire sur un air exagérément gentleman :

"Le dîner de mademoiselle est servi."

L'eau chaude me revigore un peu, et je prend mon temps, me délectant de sa sensation qui régénère mon énergie.
Ce n'est qu'après une dizaine de minutes que je coupe l'eau et me sèche rapidement, jusqu'à ce que le visage de Sheitan apparaisse dans l'encadrement de la porte.

Je ris à son intonation, puis prend celui le plus exagéré possible:

"J'arrive dès que j'aurais récupéré ma tenue, très cher!"

Je passe dans la cuisine et m'arrête devant les jolies assiettes entreposées sur le bar.

"Des crevettes! c'est une excellente idée!"

"Je te trouve absolument parfaite ainsi, ma chérie."

Je m'assois sur une chaise et plutôt que de l'inciter à s'asseoir sur l'autre, je prend Preeti contre moi pour qu'elle vienne sur mes genoux. Sans aucune retenue, je viens respirer l'odeur de ses cheveux qui tombent contre mes bras.

"Je t'en prie, mange." je lui dis pendant que mes mains partent encore une fois à la découverte de son corps. "Tu es absolument divine."

Je prend une bouchée avant de retourner avec délice à une caresse sur sa jambe.

Je n'ai pas le temps de trouver mes vêtements que je me retrouve sur les genoux de Sheitan devant mon assiette. ça m'amuse, et je m'empare de la fourchette avec gourmandise en me replaçant sur les genoux, les reins calés contre le ventre de mon dossier improvisé.

"Tu ne manges pas, toi?"

Mais ses mains semblent se préoccuper d'autre chose, empoignant une bouchée de temps à autre. Je finis par le nourrir, piochant dans mon assiette puis lui tendant, elle m'exclame, d'une voix taquine.

"Et voilà, tu ne peux plus te passer de moi!"

Je regarde Preeti, tout étonné, m'arrêtant de mâcher sous le coup de la surprise. Finalement, j'avale le tout en ravalant mon rire.

"Alors il faut vraiment que j'aille t'attacher pour que tu comprennes enfin à quel point je ne peux pas me passer de toi ? La prochaine fois, je t'assure que j'le ferai."

Et à cet instant, il n'y aura plus de demande de grâce qui tiendront. Rien qu'à cette idée, d'ailleurs ...

"Dis-moi, que faut-il que je te dise, ou que je fasse pour que tu acceptes enfin de me croire ?

"Je ne sais pas. Je t'ai dévoilé mes sentiments, mais je ne suis jamais sûre des tiens. Je ne sais pas où va cette expérience.  Et je sais que les cases ne sont pas ton fort... J'ai simplement besoin de savoir ce que nous sommes, l'un pour l'autre."

Je prend un sourire narquois.

"Mais je ne suis pas contre les liens..."

Je finis mon assiette en attendant sa réponse, puis commence à débarrasser, remerciant:

"C'était très bon, Sheitan, merci pour tes talents de cuisinier!"

Je le gratifie d'un bisou chaste sur la joue, taquine.

"T'as raison..." Je dis après un instant de réflexion.
Mon visage dans ses cheveux, ma bouche contre sa nuque pour pas qu'elle ne voit mon expression à cet instant.
Sa remarque sur le fait qu'elle n'ait rien contre le fait d'être attachée aurait du mettre le feu aux poudres et me faire oublier son rappel de ses sentiments pour moi, mais ...
"... J'ai peur de l'amour."
C'est un sentiment tellement négatif, il y a des reproches, des promesses, de la souffrance dans ces simples mots.
"Désolé. Je ne te mérite pas."

Les yeux plantés de ceux de l'homme en face de moi, je comprend qu'il ressent, mais qu'il a peur, qu'il n'ose pas...

"Qu'est ce qui te fais si peur dans le fait d'aimer?"

Je baisse les yeux, prenant de plein fouet cette dernière phrase, et murmure, entre la tristesse et la colère:

"Personne ne mérite personne. Je ne suis pas hors de ta portée, au contraire, je t'offre quelque chose de fragile mais de puissant, qui a de l'importance... Il n'y a pas de mérite qui tienne dans un cadeau."

Jamais je n'avais pensé être digne d'un quelconque cadeau. Ses mots grondent dans sa voix comme une menace, comme une mère craignant pour sa progéniture.

"J'ai peur de te faire souffrir."

Ou de souffrir moi-même en réalité... Si Preeti me quitte maintenant, je ne sais absolument pas comment je réagirai, ma vie n'aura sans doute pas le même goût.

- De qui tu te moques, sérieusement ? -

Il sait, il l'a senti bien avant que je m'en doute. Il s'efface immédiatement après m'avoir fait réaliser que ...

"Je crois que je t'aime aussi, Preeti."