Ça devait être une journée comme une autre. Une visite de plus au musée pour s’assurer de la bonne place des prochaines antiquités qui seront installées. C’était toute une organisation lorsque de beaux objets, aussi vieux, venaient s’installer dans l’une des salles principales. Tout devait être parfait, et surtout mis en avant, sans altérer les reliques. La journée était banale. Intéressante mais relativement banale. La jeune Al Khayzuran devait s’acquitter de sa tâche et rentrer chez elle, prendre le relais de la babysitter et passer du temps avec Andrea, sa petite merveille. Programme simple et sans encombre. Mais c’était sans compte sur la silhouette qui se trouvait sur les marches du musée. Elle l’aurait reconnu entre mille. Il avait une aura particulière, sans parler de cette aura divine qu’elle distinguait chez chacun. Il avait ce charisme, un peu  flippant, mais magnétisant qui faisait sans doute de lui, un leader craint et respecté, elle était prête à le parier… Si on était dans les méthodes psychopathes, il va sans dire.
« Kozyrev » elle se tend un peu Lyra. Elle se sait dans un quartier neutre, autrement dit, un quartier où elle pouvait y croiser n’importe qui. Y compris les nuisances russes. Mais elle était tellement habituée à venir ici, tellement habituée à faire ce chemin en croisant toujours les mêmes têtes qu’elle oubliait presque tout le reste. La Bratva avec. Et en voyant son visage, elle ne pouvait que se souvenir de la dernière fois qu’elle avait croisé son chemin. L’une des dernières fois où elle avait été sur le terrain en réalité, ayant appris sa grossesse peu de temps après ça. Mais elle n’avait pu se mettre de côté. C’était Saturno, elle avait dû le sortir de leurs griffes avec l’équipe. Un bref répit avant que les russes ne prennent quand même sa vie, quelques mois plus tard. Elle était restée en retrait, Lyra… Pour digérer les pertes, pour s’occuper de sa fille aussi. Tout pour la préserver elle et la tenir à l’écart de tout ça autant qu’elle le pouvait. Elle avait même diminué le nombre de ses sorties avec la petite. Autant que possible, en tout cas. Et il avait bien fallu qu’elle reprenne. Qu’elle se reprenne. Le boulot, la Camorra… La nouvelle gestion du Piada Bar en prime, légué par Alfi. Beaucoup de choses et peu de temps lorsque l’on est mère célibataire. Mais Lyra savait qu’elle pouvait compter sur ses proches, même si son double – son ainé Nerissa avait mis les voiles pour protéger sa propre fille. Et ça la laissait avec une question : que foutait-il là ? ça n’avait rien d’une rencontre fortuite, si elle réfléchissait même un peu, il semblait presque l’attendre. La mâchoire crispée, la brune regarde autour d’elle… Des passants… Mais rien qui effraierait un russe de s’en prendre à elle si elle le voulait. Parce qu’elle le savait, Artyom était un adversaire à sa taille, et surtout, qui n’avait pas froid aux yeux. « Besoin d’un renseignement peut-être ? » demande-t-elle, quelque peu sarcastique

Ce devait être une journée normale et sans encombre. Juste un passage au musée et elle allait retrouver sa fille, mais à peine l pied dehors que ses prunelles se posèrent sur une silhouette qu’elle ne pensait décemment pas trouver ici. Kozyrev. En chair et en os, dans son périmètre, sur son terrain. Et qu’il soit si proche de l’un des lieux qu’elle fréquentait le plus –du moins dans sa vie de tous les jours, non lié à la Camorra- ne l’enchantait pas le moins du monde. Elle aurait encore préféré qu’il ait les couilles –ou la connerie- de se pointer face au Piada Bar, bien plus lié à la mafia. Ici, elle avait l’impression qu’il empiété sur son cercle intime, sur cette partie de vie encore préservée. Et il avait toujours cette même expression : neutre au possible. Moins flippant que lorsqu’il semblait prendre son pied au milieu de la guerre ceci dit.
En réalité la brune parlait plus d’un renseignement concernant le musée et ses antiquités plutôt qu’une quelconque info sur la Camorra. De toute façon, le résultat était le même. Elle n’allait pas les trahir, et apparemment, monsieur avait ses sources. Des espions sans doute. Peut-être des taupes mais c’était moins probable à ses yeux, le ménage avait été fait il y a peu. Elle hausse un sourcil un peu surprise, quoiqu’en y réfléchissant pas tant que ça. Ou surtout par le fait qu’il ait finalement décidé de lui laisser la vie sauve ? Peut-être bien. Ou alors était-ce une pseudo menace pour lui faire comprendre qu’il était trop facilement atteignable ? Aucune idée. Lyra a un rire nerveux qui s’échappe. « Cela vous est difficile ? C’est l’euphémisme de l’année » Elle est incapable de se défaire de son sourire ni même de son amusement. « Mais Kozyrev… Vous êtes si généreux… ça semblerait presque être une fleur.. pour le bien commun. » elle rit encore doucement « si je pensais entendre ça un jour de la part d’un slave » Mais pour ce qui était de l’apaisement entre les différentes mafias, elle attendait encore de voir. Leurs relations –et alliance- avec la Calavera était des plus bancales. Les léprechauns ? Il ne les avait jamais considéré comme une menace. Pas franchement ami non plus, mais c’était sans doute eux les plus sympathiques dans l’histoire. A peine si elle considéré ces mômes perdus qu’étaient les ET… et la Bratva avait toujours été leur ennemi principal. Elle doutait qu’ils puissent un jour s’entendre. Et en ce qui la concernait, elle avait bien trop de rancœur à leur égard. Trop de soldats et d’amis morts à cause de ces enflures. Le spectre de son ex plane encore au-dessus d’eux, et elle n’était pas certain qu’il allait s’évaporer un jour. « du coup… je considère ça comme une simple visite de courtoisie du grand patron ? » demande-t-elle un peu curieuse maintenant qu’elle savait qu’il n’allait pas l’éliminer sur le champ. « Juste qu’on soit clair, j’suis pas le porte parole de la Camorra. » plus comme un bras droit, un bras armé. Elle avait beau y avoir ses lettres de noblesse, elle préférait y aller doucement dans son implication. Elle ne savait que trop ce que ça faisait que de s’impliquer corps et âme. Un autre regard aux alentours, et quelques regards étaient tournés discrètement vers eux. Sans doute remarquaient-ils la tension qui émanait de ces deux-là. Ça ou leur essence divine.