sorry about the carpet


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@SOREN JØRGENSEN & SALOME REISS

Quand elle ouvre les yeux, la gamine découvre un plafond inconnu. Pâle et baigné de lumière extérieure, propre et trop étendu. Le reste de la pièce est plongé dans l’obscurité ; un réveil électronique sur la table de chevet indique une heure tardive, en cohérence avec le ciel bleu nuit que l’on discerne à peine derrière le store mal rabattu de la fenêtre. Son regard s’habitue, et bientôt elle peut voir plus que des formes et quelques ombres flattant un décor jusqu’alors mystérieux.

Il y a des meubles autour. Un placard, des commodes. Une chaise habillée de vêtements, et deux portes, dont l’une laisse également filtrer un rayon lumineux au ras du sol.  

Elle doit cligner des paupières pour s’éveiller tout à fait. Une fois, deux fois, puis trois. Redressée sur les coudes, la belle au bois dormant observe en s’étonnant de ressentir la caresse des draps propres sur sa peau. Il y a des lustres qu’elle ne s’est pas assoupie dans un lit parfumé. Au fil de ces dernières semaines, le cabot a fini par s'habituer à ses tapis de mousse et au ciel étoilé.

Ce n'est pas l'appartement qu'elle partage avec Nilin. Ce n'est pas le pavillon de sa mère ni le cottage qu'elle et son père ont déserté. Salome ne reconnaît pas l'endroit, mais ses sens sur-développés (même sous sa forme humaine maintenant que sa déesse a gagné en puissance) lui permettent de resituer le contexte en totalité.
L'odeur qui règne dans la pièce est celle qui suivait le grand blond de la veille. Ses propres vêtements portent encore les effluves du dinner et la scène du parking lui revient en mémoire aussitôt. Après le grand jet de lumière, c'est le blackout total et le cœur de la gosse commence à battre la chamade dans sa poitrine trop frêle.

Un bond plus tard, et la voilà debout à étudier toutes les issues possibles et à tendre l’oreille. Les bruits qui lui parviennent de la pièce d’à côté lui suggèrent un mauvais pressentiment. Quand la poignée s’abaisse, elle cherche à fuir encore par la porte opposée mais la serrure résiste et elle reste fermée. Coincée, la gamine tourne en rond et soudain, un haut-le-coeur incontrôlable lui soulève l’estomac. Bien qu’elle l’ignore, le contrecoup du cinquième stade et un mélange de tension et d’angoisse lui font naturellement rendre son festin du soir sur la descente de lit...

Glorieux spectacle offert au ravisseur qui fait irruption dans la chambre, la gosse essuie ses lèvres du revers de sa manche et se redresse péniblement en se tenant les côtes. « Tu m’as droguée ?! », l’accuse-t-elle aussitôt. Et ses prunelles noisette scrutent enfin le nordique qui se tient face à elle, seulement vêtu d’un sourire dégoûté et d’une serviette de bain...

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SOREN JØRGENSEN & @SALOME REISS

Y’a rien qui s’est déroulé comme ça aurait dû. Cette soirée est un fiasco total. Du début à … maintenant. S’il avait déjà eu du mal à mettre la main sur la môme qu’on lui avait demandé de ramener, ça avait été encore plus compliqué de l’approcher… Et la ramener ? Une drôle de blague. Elle avait essayé de se faire la malle à plusieurs reprises. Heureusement qu’il l’avait rattrapé, mais ce qui avait suivi, il était loin de l’avoir prévu. En réalité, il n’était même pas certain de savoir ce qu’il s’était réellement passé. Encore une connerie divine, mais laquelle ? La môme avait fini assommé, inconsciente… et c’était même pas sa faute. Il a rien compris, soren. Elle était juste là, à gigoter et tenter de se débattre sur son épaule, pendant un minute, et au sol, les yeux clos, la suivante.
Il se voyait pas l’abandonner là. Peu importe qui elle était, ce qu’elle avait fait ou le pourquoi du comment du contrat qui lui collait au cul, la seule chose qu’il avait vu, c’était une môme un peu sauvage. Mais bien une môme qu’il ne se voyait pas abandonner là, à son sort. Il l’avait embarqué, porté entre ses bras avant de la mettre à l’arrière de sa voiture. Elle respirait, c’était déjà ça.

Il l’avait installé dans son lit, pour être sûr que Noah ne vienne pas trop l’embêter, et qu’il s’en tienne un peu à l’écart tant qu’il n’en savait pas plus. Un autre père l’aurait sans doute laissé loin de son fils tout court, mais quelle option avait-il ? Et il avait beau retourner tout ça dans sa tête, elle ne semblait pas être une quelconque menace pour Noah. Et pour le moment, elle dormait encore. Et son fils, lui, était aussi couché depuis une heure maintenant.
Le bon moment pour prendre une douche et se vider la tête de tout ça. Par sécurité, et éviter qu’elle ne lui file entre les doigts si elle se réveille pendant qu’il se détend sous l’eau chaude, soren a pris soin de fermer la porte de la chambre à clé, avant de se glisser dans sa salle de bain.
Il prend son temps là-dessous, soupire de nombreuses fois en se repassant les évènements de la soirée dans la tête. Rien n’avait de sens. Et en même temps… C’est ce qu’il pensait de cette ville depuis un moment maintenant. Il éteint l’eau au bout de quinze minutes,, s’essuie rapidement et entoure son bassin d’une serviette. La poignée qui s’abaisse et il entend une chose dont il aurait préféré se passer. La porte ouverte, il voit la même qui était prête à s’exciter sur la poignée de la chambre, mais surtout qui gerbe sur le tapis. Il ne peut réprimer sa grimace. Elle lui aura vraiment tout fait. « Tu t’es évanouie comme une grande, ma belle » dégueulasse il se rapproche légèrement, mais surtout doucement, ne souhaitant pas qu’elle prenne peur. « sur le parking. Honnêtement, j’sais pas ce que t’as foutu. J’allais pas te laisser là bas » qu’il lache dans un soupir, un peu blasé de devoir se justifier. «  J’te remercie pas pour ça » qu’il dit, un signe de tête vers les restes de son repas. « t’as quoi ? Malade ? Enceinte ? » qu’il demande, haussant un sourcil.  « J’vais pas te bouffer, alors retourne là dedans, repose toi. Tu veux un médoc ? Un prénom ce serait sympa aussi » qu’il renchérit en la scrutant.