Cette affaire commence sérieusement à traîner en longueur. En même temps, cela va me rapporter gros si je la mène à bien, cependant, passer mes nuits à parcourir les ruelles d'Arcadia n'est pas si palpitant que ça, surtout quand j'imagine ce que j'aurai pu faire à la place...
Cette fois, l'homme que je suis m'entraîne sur une voie rapide. Au volant de ma voiture, je laisse deux personnes entre moi et lui. Je soupire, encore une histoire de coucherie, rien de plus, je ne suis bon qu'à régler cela de toutes manières. C'est vraiment désolant de simplicité mais ça rapporte toujours énormément.
Le type change de voie et fini par sortir de la ville pour prendre une route nettement moins empruntée. Quand nous sommes seuls, je me décide à éteindre mes phares afin de rester inaperçu. La route est longue et je vois mon temps de liberté s'amenuiser à mesure que le paysage défile. Je pense à mon employeur un instant et me demande si mon moment de liberté vaut vraiment le coup d'être vendu ainsi...
Je n'ai pas le temps d'y réfléchir que je vois surgir juste devant moi un lapin suivit de près par son poursuivant. J'écrase le frein et je vois à quel point son prédateur est particulier, malheureusement, je le heurte du côté de mon phare éteint.
L'idée de continuer à poursuivre ma propre proie ne effleure même pas. Dans un crissement de pneu, j'arrête ma voiture et sort pour découvrir le corps allongé d'une créature sous une forme animale. Ma première créature, et je l'ai renversé, si Kyan était conscient, nul doute que j'en entendrai parler pendant des mois entiers.
Précautionneusement, je ramasse le corps et je remarque qu'il s'agit d'un renard et qu'il est encore en vie. Le poids du corps devient de plus en plus lourd et je l'amène directement dans la voiture. Quand je l'allonge sur ma banquette arrière, c'est un humain que je dépose. Enfin une humaine pour être précis, entièrement nue. Je passe une main dans ses cheveux et remarque qu'elle n'a pas de sang sur le crâne et je retourne derrière mon volent avant de laisser la possibilité à mon cerveau de penser à autre chose.
Sans vraiment me poser de questions, je fais demi-tour et la ramène à l'Industrial District. Pendant le trajet, je l'entend qui marmonne un peu dans son inconscient.
Qu'est-ce que tu es comme bestiole, toi ? Je me demande alors que je la regarde au travers de mon rétroviseur intérieur.
Je gare ma voiture juste à l'entrée du dortoir et j'enveloppe le corps toujours inconscient dans une épaisse couverture. Arrivé dans la chambre, je dépose délicatement le corps de la femme dans le lit de Kyan. Ses yeux bougent sous ses paupières et je ne sais pas vraiment s'il s'agit d'une bonne nouvelle. Je me retourne pour faire face au miroir de la chambre.
"Kyan ?"
---
Je prend conscience petit à petit. Je sais qu'il est encore tôt et je me sens fatigué. Je m'octroierai volontiers une petite sieste supplémentaire et, alors que je me retourne, je me raidis d'un coup. Une femme, nue, dans mon lit ? Sheitan, ne me dis pas que tu as fait ça ...
- Je peux tout expliquer ... -
- Ne te gêne pas. -
- Elle est blessée. -
Je regarde la femme et voit qu'effectivement, elle n'est pas en train de dormir. Sa respiration est normale mais un peu trop rapide. Elle a une bosse sur la tête signe qu'elle a été assommée mais il n'y a pas de sang dans les oreilles, sur la tête ou dans le nez. Je continue de l'examiner un peu et m'assure que tout va bien avant de me retourner vers le miroir, vert de rage.
"Seigneur, Sheitan ! Qu'est ce qui s'est passé ? Et ... qui est-elle ?" Je demande alors que je perçois son étrange aura.
"J'l'ai renversé en voiture... Pas fort, promis. Et j'savais pas quoi faire, alors j'l'ai ramenée ici."
"Tu te débrouilles comme tu veux, mais je ne veux pas d'une femme nue ici demain matin ! Tu t'occupes d'elle !"
Je m'efface pour laisser à Sheitan le loisir de prendre pleinement conscience de la gravité de ses actes.
---
Après un soupire, je sais que je suis désormais seul dans ma tête. Je me retourne et voit l'inconnue qui me fait face, les yeux grands ouverts. Bon...
"Salut ! J'suis Sheitan. Ça va ? Tu t'souviens de quelque chose ?"
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La nuit vient de commencer, et enfin je suis libre de prendre l'air. Je n'hésite pas plus longtemps, et après avoir caché mes vêtements dans une des innombrables trappes astucieusement creusées à cet unique but, ma peau revêt son manteau de fourrure.
Je m'enfonce délicieusement dans les bois, prenant plaisir au bruissement du vent dans les branches craquantes, ressentant les odeurs plus profondément qu'avec mon nez humain, écoutant plus loin...
J'ai envie de chasse.
Je me met dans l'ambiance, regardant d'abord les traces proches, puis fini par trouver ce que je cherche: une odeur récente mais pas trop de civet... Un jeune lapin dans la fleur de l'âge, prêt à être fauché par des crocs canins. La proie parfaite.
Ma quête me pousse vers une sortie du parc où la route coupe le terrain, mais je n'y fait pas attention, trop occupée à regarder les traces plus fraîches qu'auparavant, excitée par l'inévitable future découverte du lagomorphe sauvage.
Et en effet, après un tournant, les petites oreilles de fourrure et le bruit de grignotage me fait me rabattre en position de chasse. La cible est là, toute proche, sur un talus entre deux conifères, se rassasiant des maigres herbes encore verte.
Mais bientôt son regard se dirige vers moi, et lorsque je me détend il s'enfuit au côté opposé, descendant de l'orée des bien jusqu'à l'asphalte qui le sépare d'un bout de forêt plus épais et exiguë. Je saute sur le bitume, sûre de moi, quand la voix dans ma tête hurle avant que je ne remarque l'éclat métallisé qui s'avance trop rapidement sur moi.
Je vais mourir ici et maintenant.
***
Le mal de tête est infernal et mon corps endolori se relève péniblement. Les draps ne sont pas les miens, l'odeur est différente... Et ce MAL DE TÊTE!
L'homme est beaucoup trop proche, et je suis beaucoup trop stressée, et lorsque sa bouche pose des questions un flot de questions se posent à moi, puis l'idée incontrôlable de l'instinct animal: sortir.
Je reste immobile et muette quelques secondes avant de m'élancer pour retrouver mes traits de renard, contrariant mon métabolisme qui hurle de douleur et de fatigue, et avant de me faire attraper par l'inconnu suspect, je fait un tour de chambre, renversant une pile de livre et une table de chevet presque vide avant de trouver un trou dans le mur de pierre ou le vent indique une sortie.
L'embouchure est dans un couloir vide, et je m'élance, sentant le malaise plus proche, la douleur plus vive. Je tourne à gauche, à droite, mais tous les couloirs se ressemblent et je pousse un juron:
"Putain Lan, pourquoi vos habitations sont faites comme de la merde? Aides moi à sortir!!"
Mais avant que sa réponse ne soit perçue mes pattes me lâchent, et je m'effondre contre un mur, espérant que personne ne me trouve jusqu'à ce que j'ai trouvé des forces.
Mais contre toute attente, mon corps laisse poindre quelques mots à l'ombre qui s'abaisse vers moi:
Aucune réponse. Je me demande si elle parle la langue ou si elle n'a pas un traumatisme plus important. N'osant pas m'approcher plus, je m’assois afin de ne pas avoir l'air trop imposant. En un bond, la femme saute du lit et je vois la transformation se faire à l'envers, devenant à nouveau un renard qui s'enfuit avant même que je n'ai eu le temps de bouger. Si j'étais resté accroupi, j'aurais sans aucune difficulté pu l'attraper, comme quoi, la gentillesse ne paye pas toujours.
Je sors dans le couloir qui est vide et j'entends une voix féminine inconnue pester. Me dirigeant vers son origine, j'ai juste le temps d’apercevoir le renard s'écrouler en gémissant. Rapidement, avant qu'elle ne reprenne sa taille humaine, je l'embarque à nouveau dans la chambre.
Un médecin, donc.
Farfouillant dans les affaires de Kyan, je dégotte une chemise large et longue ainsi qu'une ceinture qui pourra faire illusion d'une tenue de grand couturier. En essayant de ne pas avoir trop de pensées sur ce que je pourrai faire impunément en cet instant, je passe la chemise autour des épaules de mon invitée et attache la ceinture autour de sa taille. C'est peu, mais je ne peux pas faire plus en cet instant. Finalement, j'emballe son corps dans un drap et embarque le tout dans ma voiture, direction l'hôpital.
J'entends la femme grogner alors que je lui attache la ceinture à côté de moi. Pris d'une soudaine inspiration, je lui dis sans être certain qu'elle me comprenne :
"Mademoiselle ? Tout va bien, je vous conduit à l'hôpital."
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Il fallait bien que ça arrive un jour. Me faire heurter par un connard inattentif. Mourir.
Quoi que... Je ne suis pas encore morte. Mais bon, je me suis quand même retrouvée dans une chambre inconnue au lieu de l'hôpital. J'espère que je ne vais pas mourir, c'est trop bête.
J'entends encore le klaxon, inlassablement... Bip.Bip.Bip.Bip... C'est peut être pas le klaxon...
Mes paupières s'ouvrent sur une chambre blanche. Ah? Finalement, on m'a emmenée à l'hosto... Je laisse mes yeux s'accoutumer à la lumière aveuglante des néons, puis les fait scruter la pièce doucement, jusqu'à tomber sur le type. Encore lui.
"Tu es encore là... Qu'est ce que tu veux?"
Bon. Je pourrais être sympa, mais j'avoue que me faire tamponner me donne le ton mauvais. Et même si finalement il n'avait pas laissé mon Renard dans un talus... C'était quand même la moindre des choses de m'emmener à l'hosto! J'allais quand même pas le remercier...
"Bon... T'as une clope?"
La nicotine était un de mes seuls poison, et dans la situation actuelle, la seule qui me ferais plaisir. Tant pis pour mon porte cigarette (un accessoire que j'affectionne particulièrement), je la porterais à ma bouche comme une rustre pour quelques lattes de fumées calmantes...
Arrivés devant le bâtiment blanc, je remarque que la demoiselle s'est à nouveau évanouie. Comment cette créature a-t-elle pu survivre aussi longtemps en étant aussi fragile tout en traversant n'importe comment les routes ? Je la porte aux urgences et remplit sa fiche avec le peu que je sais d'elle, pour le reste, j'invente totalement.
On va donc dire qu'elle s'appelle Li Feng, qu'elle est ingénieure du son, qu'elle habite sur Second Street dans le Downtown. Voilà, c'est à peu près crédible, non ? Pour ce qui s'est passé, je répond qu'elle s'est faite renversé par un véhicule pendant qu'on était dans le parc. Évidement, regard soupçonneux de l'équipe médicale que j'invite à inspecter ma voiture s'ils pensent que je suis coupable. Une fille, ça laisse plus de trace qu'un renard sur une carrosserie, fort heureusement.
Miss Li ne reste pas longtemps en soin, j'hésite à attendre ou à filer en douce quand on me dit que je peux aller la rejoindre. Rongé par la culpabilité, je suis les blouses blanches jusqu'à sa chambre où on nous laisse seuls. Rapidement, l'ex-renarde ouvre les yeux, finalement, elle n'est pas si fragile.
"Ouais mais j'peux me barrer si tu veux !"
La première attaque est cinglante mais me prouve qu'elle va plutôt bien. Cela me fait un peu sourire.
"Déjà, tu pourrais me dire ton nom, ce serait pas trop mal. Ensuite... T'es quel genre de bestiole ?"
Je vois des queues de renard, plusieurs, apparaître comme une aura transparente autour de son corps pâle. Une créature donc, comme moi. Kyan a raison, nous devrions nous renseigner sur elles, connaître leur facultés et apprendre à nous en faire des alliés ... ou a nous en méfier.
Une clope ? Sérieusement ?
"Hey, gamine... On est dans un hosto ici..."
Malgré tout, je fouille dans ma poche pour en extraire un paquet de cigarette et un briquet. Non, je ne fume pas, mais qu'est ce qu'on pouvait avoir comme touche, le soir, quand on avait du feu ou une cigarette à dépanner.
"Garde la pour plus tard ou au moins, lève toi jusqu'à la fenêtre."
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"Ouai mais j'peux me barrer si tu veux !"
Ce petit connard me plaît. Je prend un sourire carnassier, et me redresse doucement, portant la main sur ma tempe.
"Tu dois bien avoir rien à branler pour rester devant une inconnue."
Bon, je me suis à peine réveillée qu'il pose des questions. Mon front bat encore contre mes doigts, malgré la machine qui goutte dans mon bras, et après un instant de silence, j'articule en cherchant le bilan posé contre mon lit:
"Je m'appelle ...
LI FENG?!
Je jette les papiers à la gueule du mec. Je doute sérieusement que le type ait choisi de m'appeler comme ça pour la signification, mais plutôt parce que c'est un bon raciste.
"à priori je m'appelle Li Feng, gros blaireau! Et pourquoi pas Ching Chong, Nok Nok ou Ping pendant que t'y es?! "
J'ai plus envie de faire la conversation, et décide de me lever, quand la douleur qui irradie de ma cheville me fait pousser un cri lorsque je la pose au sol. Si je ne l'avais pas ressentie auparavant, ça devais être que la surprise est la confusion de mon réveil précédent avait libéré assez d'endorphine pour bloquer le lancement qui me stoppait maintenant...
"PUTAIN!"
Je me renfonce dans mon lit, folle de rage. ça y est, j'étais définitivement bloquée dans ce pieu avec ce débile profond en guise de garde malade.
"Je m'appelle Lan, et je suis du genre qui casse des couilles. Et là, tu es en tête de liste."
Malgré tout, il me tend une clope et un briquet, et malgré ses recommandations, je l'allume sans hésitation.
"à moins que ça t'amuse de me porter dehors, je la fumerais où je veux... Mais merci. C'est la seule chose dont j'avais besoin maintenant."
La petite peste commence à être véritablement désagréable. Mais ... effectivement, j'ai rien de mieux à faire maintenant que j'ai certainement perdu mon contrat. Quand elle voit son pseudonyme que je lui ai prêté, elle explose de rage ce qui me fait avoir un rire particulièrement moqueur.
"T'aurais sans doute préféré que je te réveille à coup de claques pour remplir ta fiche avec toi ?
Elle essaie de se lever, gueule, et s'allonge à nouveau sagement. Naturellement, quand elle me dit son vrai nom, j'éclate de rire.
"En attendant, on est d'accord que tu t appelles pas Sophie Truchet ? Alors j'ai fais avec ce que j'ai pu dans le peu de moment que j'avais. Après, on peut toujours mêler les flics si t'es pas satisfaite."
Je voyais parfaitement sa nature de créature mais elle ne semble pas percevoir la mienne pour le moment. Trop jeune ? Trop inexpérimenté ? Trop abîmée ? Peu importe.
Cette cinglée allume finalement la cigarette quitte à alerter le personnel. En même temps, je me doute qu'ils ont bien d'autres trucs à s'occuper.
"Désolé pour l'accident. J'suivais quelqu'un et j't'ai pas vue débouler. Ça t'arrive souvent de te changer en renard comme ça ?"
Quelle accepte mes excuses ou pas, j'en ai rien à carrer. Au moins, l'ascendant de Kyan ne me torturera plus sur cette histoire.
"T'as besoin d'autre chose ou tu préfères vraiment que je me barre ?"
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Le mec ris, et ça m'arrête directement.
"Et tu te fous de ma gueule en plus?"
ça me plairait bien si je n'étais pas bloqué dans mon plumard d'hôpital, sans mon porte cigare et...
"...Tu m'as amené ici nue?"
Je fais le tour de la chambre,mais rien ne ressemble à des vêtements féminins, les miens...ou d'autres, qu'importe. Je suis en blouse (le cul à l'air, tout ce qu'on aime), et je regrette amèrement d'avoir laissé Renard sortir cette nuit.
La nicotine me calme un peu, et je prend le temps de regarder un peu plus mon bouc émissaire. Et en matière de bouc...
Lan, il est pour moi! Arrête de la souler, s'teuplaît!
Parfois, je déteste cette obsession.
Je continue encore quelques lattes, puis souffle.
"Désolée... Tu veux bien m'aider à me poser à la fenêtre? J'ai la cheville pétée. "
Je laisse un silence, puis me décide enfin à répondre à ses questions.
"Je suis Kitsune de naissance. Je me change en Renard plusieurs fois par semaine, la nuit pour la majorité du temps. Et toi? Tu ne dois pas te transformer, mais tu dois avoir quelques qualités..."
Pas pour moi, mais un satyre dans la collection de Renard, elle ne le refuserais pas... J'ai peur pour mes fesses.
Me foutre de sa gueule ? Est-ce si subtil qu'il faut poser la question ? Je m'appuie contre la fenêtre pour regarder les arbres dehors. Au moins je passe ma nuit dans une chambre avec une jolie femme qui n'a pas la langue dans sa poche.
"Bien sur ! Je t'ai amené ici à poil en disant que je t'avais ramassé au bord de la route, et comme la nécrophilie c'est pas mon rayon, alors j'avais décidé de t'amener ici avant de te sauter dessus ..."
Mes yeux retrouvent la charmante et incisive créature. Ses yeux passent du statut de foudroyant à celui d’inquisiteur. M'aurait-elle enfin perçue ? Je n'en suis pas certain mais dans le doute, je lui fais un petit clin d’œil.
"Je t'ai simplement prêté une chemise à moi. Tu es suffisamment petite pour qu'elle cache tes cuisses." J'ajoute avec un large sourire "Par contre, effectivement, j'avais pas de sous-vêtements, ni de chaussettes (trouées ou pas) à te prêter."
Après une certaine hésitation, j'accède à sa demande en allant porter secours à ma pauvre victime. Je glisse une main derrière son dos et sous ses cuisses pour la porter jusqu'à la chaise près de la fenêtre avec sa couverture. Finalement, fenêtre ouverte, elle consent enfin à m'en dire plus.
"Tu ne sais te changer qu'en renard ? Hmmm, avoir une copine polymorphe aurait été tellement bandant ! Tous les soirs, un corps différent mais toujours ce même tempérament. "Moi ? Me qualités ?" A part le fait de te faire atteindre le septième ciel sans même ôter tes vêtements tu veux dire ? "Je peux faire en sorte d'attirer la sympathie des gens, mais je m'en sers pas."
Une créature de naissance ? Je savais même pas ça possible. Sa maîtrise de ses pouvoirs doit être sans précédent et elle doit en connaître un rayon sur notre condition. Si ses parents étaient des créatures eux aussi, alors elle avait même du recevoir une belle éducation sur ses pouvoirs en prime. Une autre question obsédante vient avant toutes les autres.
"Et du coup ... Tu es kitsune entièrement, ou vous êtes deux dans ta tête ?" Et si c'était le cas, à qui je suis en train de parler ? "Mon humain et moi, on s'est sacrément scinder. Là, tu ne parle qu'au Satyre, par exemple." Ou au Démon, comme le voit Kyan.
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Je fronce les sourcils. Ses remarques acerbes le rendait drôle, et presque attachant. Presque.
Et un clin d'oeil. Je lève les yeux: les hommes étaient vraiment d'une bêtises sans non, et il était sûre qu'avec son physique de pendouillard testiculaire, pas une once de mon esprit n'était intéressée par la bête.
Pas une once? Je suis là, et toujours hétéro à ce que je sache... Et puis, un satyre...
Je repousse l'esprit échauffé et fait un sourire.
"C’est dommage. Même morte j'aurais était chouette. Et sûrement plus intéressée. Mais je suis contente que tu n'ai pas souillé mon cadavre, même si tu as dû bien te rincer l'oeil."
Malgré mon impolitesse passée à son égard, le satyre conscent à ma porter à la fenêtre, et la fumée, appelée par l'extérieur, trouve son chemin derrière la vitre.
"Merci. Désolée pour ta curiosité, mais oui, je ne me change qu'en renard. C'est déjà pas mal je dirais."
L'homme semble bien surpris de ma question, et je hausse un sourcil. Quoi? Il ne sais pas qu'il peut en profiter pour avoir des facultés? Aussi jeunot, le petiot? Mais lorsqu'il se sert des mots pour expliquer son pouvoir, un rire m'échappe.
"Attirer la sympathie? Wahou, ça se voit pas du tout! Tu devrais t'en servir plus souvent, tu m'as eu l'air plutôt peu sympathique quand tu m'as tamponné !"
Ah? La question était intéressante, et le fait que sa personnalité soit divisée aussi l'était plus encore. D'habitude, il n'y avait pas de séparation: la créature fusionnait, et c'était tout.
"Vous êtes carrément deux? Comment ça a pu arriver? Moi, nous sommes presque deux... Disons que nous avons quelques divergeances. Pour le reste, nous sommes fusionnelles. Mais si tu veux parler à Renard..."
Fait pas la conne ou je te butte mentalement, Renard.
Je note, chef.
Je me replace et jette la saleté par la fenêtre. L'air était presque irrespirable dans la chambre, et déjà qu'être enfermée me rendait malade...
Heureusement, le futur sujet de ma collection était là. Je lui tend mes doigts graciles, et me présente:
Sa réponse me prend de court et un rire d'incrédulité m'échappe.
"Non, je ne prend personne sans son consentement, ce serait beaucoup trop facile, quoiqu'avec ton foutu caractère, sans doute que j'y aurais gagné au change.. Et oui, j'me suis beaucoup rincé l’œil, merci. T'es très sexy."
Ne se changer qu'en renard ? Oui, sans doute que c'est une prouesse physique mais j'ai du mal à en voir l’intérêt pour être honnête. Oui, gambader dans la nature est sans doute très grisant cinq minutes mais au bout d'un moment, ça doit un peu lasser... Enfin, d'aucun diraient la même chose pour mon activité à moi de prédilection, on va dire que la nature des créatures est bien faite !
A nouveau, une pique, facile et acerbe s'échappe de ses lèvres.
"Vu que je ne m'en sert pas, c'est normal que tu ne le vois pas, cocotte... Mais rassure toi, j'ai de moins en moins l'intention de m'en servir."
Alors comme ça deux entités pouvaient quand même survivre dans une créature de naissance ? Je n'aurai vraiment pas cru, comme quoi il suffit parfois d'en renverser une pour en apprendre de belles. Je ne pensais pas que des divergences pouvaient tenir avec le temps.
"Disons que j'ai choisi un hôte en tout point différent de ma nature. Mais on va dire que j'aime le challenge et personne ne refuse un corps vierge. Bon, quand il a tenté de se suicidé, j'me suis dit que j'étais sans doute allé un peu loin... Mais là, comme il me rejette, nous sommes véritablement scindés en deux, j'ai ma vie, il a la sienne."
C'est alors que son attitude change sensiblement. Elle aussi a réellement deux consciences même si elles s'entremêlent dans un seul esprit, je peux m'adresser à l'une ou a l'autre. Le changement, d'ailleurs, n'a pas besoin de passer par une phase de sommeil, par un effort d'esprit ou même par un miroir comme moi, il se fait naturellement, comme un simple changement d'humeur. J'aimerai qu'on en arrive là un jour avec Kyan mais s'il continue à être aussi borné, je doute que ça se fasse.
"Enchanté, mon hôte ma prénommé Sheitan."
Je me suis déjà présenté mais elle était trop occupée à paniquer pour s'en rendre compte, je suppose. Je m'incline légèrement quand je me présente. Je remarque que Renard car ce semble être son nom, ne supporte pas la fumée de cigarette alors que son corps ne semble jurer que par ça. Fascinant, vraiment...
"Vous avez d'autres points sur lesquels vous ne vous accordez pas ?" Quoique l'autre versant de la question m'intéresse plus en fait. "Et vous avez des sujet qui vous rapprochent ?"
Moi qui pensais que l'on finirait par fusionner avec Kyan et vivre une vie normale, voilà que j'ai la preuve que ça peut ne jamais arriver. Kyan cherche à se débarrasser de moi tandis que je cherche ce qui pourrait nous rapprocher. Cela pourrait sans doute paraître altruiste comme pensée mais ce n'est jamais que de la survie égoïste.
Je repense à mes deux capacités à moi dont une que j'ai volontairement gardé sous silence parce qu'elle est fait partie de ma survie pure et que personne ne doit être mis au courant. En aurait-elle laissé une sous silence volontairement aussi ou n'a-t-elle simplement pas expérimenté ?
"Sinon, t'as de la famille ou des amis qui arrivent à te supporter qu'il faut prévenir que tu seras probablement pas là demain matin ?"
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"Dans un autre monde, si tu m'avais pas renversé, on aurait pu bien s'entendre. Ton humour me fais rire en tout cas!"
Un petit compliment pour être gentille, mais je ne souligne pas le fait qu'il m'ait reluqué: ça ne me fait ni chaud ni froid.
Je hausse de nouveau un sourcil, soudainement piquée de curiosité.
"Pourquoi tu ne t'en servirais pas? On a la chance d'être sur-humain, profitons en!"
Certes, en pratique, mes dons ne servaient pas à grand chose... Sauf dans quelques situations: la taille canine pouvait être intéressante en tant qu'informatrice, et pour se sortir de la merde. Discrétion, silencieux, l'animal était fait pour ne pas être aperçu. ça pouvait aussi être un problème... pour les voitures.
Choisir un hôte différent?
"Tu as bien de la chance d'avoir choisi. Nous sommes nées ainsi, et la cohabitation se passe plutôt bien."
Je laisse ma place après ce dialogue à deux voix, et Renard sourit, malicieuse.
"Nous n'avons pas la même...Orientation sexuelle. Ni la même hygiène de vie, en ce qui concerne la fumée...On peut être différentes dans les points de vue, les procédure, les façon de faire. Je suis un esprit, elle est un humain. ça change bien des choses... à part ça on s'adapte, et nous avons eu le temps de nous mettre d'accord sur beaucoup de choses dans notre vie commune."
Je croise les jambes doucement dans mon fauteuil, essayant de ne pas blesser plus ma cheville, puis scrute le satyre. Chemise, les cheveux légèrement décoiffés, les yeux clairs... Plus si jeune, mais plutôt plaisant... Un charisme satyrique certainement.
Sa question me sort de mes pensées, et je fait un sourire charmeur.
"Personne a appeler, et désolée pour Lan... Elle a un caractère de merde. Moi aussi, mais je sais reconnaître une personne intéressante quand j'en vois une, même si elle m'a presque tuée!"
Au moins, elle me trouve au moins une qualité. J'en aurai préféré une autre mais je suppose que je devrais m'en contenter pour le moment. Après tout, la farouche jeune fille me tolère dans sa chambre, je suppose que c'est déjà un bon point.
Pourquoi ne pas me servir de mon pouvoir de charme ? Quelle question étrange ! Quelle réponse évidente ...
"J'te l'ai dit, gamine, j'adore les chalenges. Quel intérêt de pouvoir faire en sorte d'envoûter quelqu'un d'un simple contact ?"
En fait, je trouverai ça amusant de les user sur quelqu'un en parfaite conscience, que cette personne soit à ma merci en plein consentement, juste pour voir jusqu'où mon pouvoir peut aller. Est-ce qu'il incite juste quelqu'un a avoir du désir ? Est-ce que je peux contrôler son corps et ses réactions ? Provoquer un orgasme ? Beaucoup de questions me brûlent et j'aimerai tellement avoir un cobaye sur lequel tester cela ...
Pour ce qui est de la chance d'avoir choisi, je ne sais pas si on peut parler de chance, en tout cas, pas pour Kyan. Je l'ai ramené d'entre les morts et lui ait donné une vie dont il ne veut pas. Après, ce n'est pas comme s'il était dénué d'intérêt mais
"J'aurais préféré choisir une femme, j'avoue..."
Les hommes sont infiniment plus faciles à manipuler ainsi. Sans aucun doute que j'aurais pu m'offrir les services de n'importe quel gynophile contre quelques heures de plaisir. Là, j'aurais usé de mon pouvoir jusqu'à la corne, je me serais sans doute hissé à travers n'importe quelle profession et j'en aurais gravit les échelons sans problème pour me hisser au sommet !
Enfin, si j'en avais quelque chose à battre d'être à la tête de quoi que ce soit et si j'étais carriériste. Non, Kyan et sa simplicité me convient bien finalement.
"Pas la même orientation sexuelle ? L'une baise les renards et l'autre des gens ? Ça doit être compliqué si vous cohabitez H24. C'est un soucis que je n'ai pas avec mon humain, lui il quitte mon esprit dès que j'y viens et j'peux aller avec qui je veux."
La petite renarde me détaille un instant. Pour sa part, elle ressemble à son humaine en tout point, peut-être que les personnes qui la connaissent bien ne s'y laisseraient pas prendre mais pour ma part, je ne vois aucune différence entre les deux. Elles sont mignonnes, avec un regard farouche, et un fichu caractère.
"Pas de soucis. Tu n'as pas aimé comme entrée en matière ? Un accident, je trouvais ça original pourtant. La prochaine fois, j'essayerai le kidnapping directement à ton travail. Tu fais quoi d'ailleurs pour gagner ta vie ? Et à tout hasard, quelle en est l'adresse ?"
Pourvu qu'elle ne dise pas prostituée ... Pas après le sourire qu'elle vient de me faire. Je préfèrerai encore qu'elle soit bonne sœur, j'y crois pas, mais j'aime les défis.
"Du coup, pour éviter que ça revienne encore sur le tapis, qu'est ce que je peux faire pour me faire pardonner de t'avoir pratiquement tuée ?"
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« Pourquoi ne pas avoir choisi une femme en ce cas ? »
Pour Renard, c’était par défaut : j’étais née ainsi, avec une mère ou un père biologique qui avait mon pouvoir (je l’ai compris lors de mes entretiens avec d’autres créatures. Toutes étaient mortes, ou avaient failli, et finalement était revenues à la vie. Ce n’était pas mon cas : j’avais toujours été assez prudente pour ne pas mourir… Jusqu’à aujourd’hui.).
Je fais un regard dégouté. « Baiser des renards » ?
« Je suis pas zoophile… Les animaux ne m’intéressent pas. Non, Lan est lesbienne, et je suis hétéro. Même si je peux me changer en renard, ça veut pas dire que je m’accouplerais avec des êtres inférieurs. J’suis pas une sauvage ! »
Sa façon de dédramatiser me fait sourire, et je baisse les yeux.
« Moi je bosse pas, c’est Lan qui bosse. J’ai pas la patte artistique, elle si. Elle est tatoueuse. Pourquoi, tu veux quelque chose ? »
Lan s’intéresse à la conversation : un nouveau client potentiel, ça serait pas du luxe. Elle détaille vite fait la peau qui sort de la chemise. Pas de trace d’encre sur les poignets, les avant-bras ou la cou. Ça ne veut pas dire qu’il n’en a pas, mais c’est un départ.
« Et toi, tu bosses dans quoi ? »
Curiosité renardesque oblige, il fallait bien retourner la question.
Je réfléchis un instant, mais la réponse est toute trouvée.
« Sors-moi d’ici. J’ai envie de mon porte cigare, de mes vêtements, et de liberté. »
"J'sais pas, j'ai pas vraiment l'impression d'avoir eu le choix là dessus. Peut-être le prochain, qui sait ?"
Son explication sur les divergences de sexualité me fait rire un instant. Un être inférieur ? Ne sont pas ce que sont les humains pour nous, et est-ce que c'est pas ce que nous sommes face aux dieux vivants ? Pour ma part, si je pouvais me changer en animal, j'avoue que je serais très curieux à ce niveau là.
"Dommage... J'aime bien les sauvages."
Attends, retour arrière... Qui est hétéro, qui est homo ? Mais comment ça se passe vu qu'elles partagent le même esprit tout le temps ? Du coup, c'est vers la renarde que j'aurai plus de succès mais avoir un être double, j'admets que cela donne un peu de piment à l'affaire.
"Un tatouage ? Je ne suis pas certain d'avoir le droit de me faire encrer."
De toutes façon, si je demande au prêtre, ce sera refusé catégoriquement. Lui faire la surprise d'un tatouage au réveil ne risque pas de nous aider à bien nous entendre, mais sa tête sera impayable à regarder quand il s'en rendra compte.
"Je bosse pas tellement non plus. Je passe surtout mes nuits à suivre des maris infidèles ou a punir des gens violents. Bref, ce qui ne nécessite pas beaucoup de facultés, de morale et qui paye bien. Par contre, mon hôte, lui, est prêtre."
Sortir d'ici ? Je ne vois pas ce qu'il y a de spécialement compliqué à cela. Elle peut sans soucis le faire sans moi mais je saute sur l'occasion de me rattraper au moins un petit peu. Je me lève et ouvre la fenêtre au maximum. Évidement, elle ne s'ouvre que partiellement, suffisamment pour empêcher un humain de passer, mais pas un renard, même un gros. Je regarde en bas. Un étage plus bas il y a la route, en montant sur le toit de ma voiture, je pourrais l'attraper.
"Tu peux te transformer en renard quand tu veux, n'est-ce pas ? T'as juste à te poster sur le rebord et à m'attendre. Ça te va ?"
C'est ironique quand on pense qu'elle devrait me remercier finalement d'avoir utilisé un faux nom aussi passe-partout.
My fingers claw your skin, try to tear my way in. You are the moon that breaks the night for which I have to howl
Le prochain ? Je restais un moment silencieuse, fixant la belle gueule qui avait l’air ignare à cet instant : Ne savait-il pas que la réincarnation des créature n’était pas éternelle ? J’aurais pu lui lancer à la gueule, lui rire au nez… Mais l’idée de vivre sans ma propre créature était une chose terrifiante. Malgré toutes les emmerdes que cette pestilence pouvait m’avoir fait, c’était ma seule attache à mon passé. Une faille que je ne montrais jamais, mais qui existait bel et bien.
Là, son intervention me fait carrément rire aux éclats.
« Je suis d’accord avec toi, y a rien de mieux qu’une scène de sexe bien farouche. Mais les animaux, c’est pas pareil : tu peux pas communiquer avec eux, Tout est plus… Abstrait. Y a pas de jeu sexuel, c’est que … du sexe. Physique. Procréateur. C’est pas pour le plaisir. Bref, je me transforme pas en renarde pour chier une tripotée de renardeaux dans un terrier boueux dans les bois. Ça me sert essentiellement à vider des frigos, chier sur des balcons d’emmerdeurs… et passer partout pour étancher ma curiosité. »
Je ne parle pas évidemment ce que je pourrais trouver comme info sur quelqu’un en me glissant par effraction dans une habitation ou une entreprise : le vol (d’informations ou autre), j’en parlait pas autour de moi, et encore moins à des inconnus, le meilleur moyen pour se faire chopper et avoir des problèmes, en somme.
« Oh. Pourquoi, ton hôte ne permet pas l’art ? »
Je suis taquine sur le sujet, mais ne poursuis pas : après tout, c’était pas mon boulot. Et j’ai bien fait. à l’annonce du métier de son humain, je retiens un rire tonitruant.
« Pas étonnant alors ! Mais qu’est ce que tu fous avec un prêtre ? Je veux bien que tu aimes le challenge, mais là ça s’appelle se mettre une balle dans le pied ! »
A ma demande, le mec ouvre la fenêtre, et je le regarde, quelque peu incrédule.
« Tu es mignon. Non, je me transforme pas en renard « quand je veux », c’est surtout quand je peux. Si je me transforme, je suis un renard pour les 24h à venir. Alors à part si tu veux te balader avec un Vulpes vulpes, je vois pas trop comment mettre ton super plan en pratique, et en plus je pourrait pas remettre mes affaires, ce qui est quand même le but initial. En plus… S’il n’y avait que ça, je me serais démerdée seule. »
Alors comme ça, quelqu'un sur terre partage mon avis sur la question du sexe ? "Rien de mieux" ? Ce sont bien ses mots, n'est-ce pas ? Même si elle déprécie les renards sur la question des relations charnelles, je ne peux m'empêcher d'être curieux. Il y avait-il un animal dans toute la création qui faisait ça aussi pour le plaisir autant que pour la procréation ? Visiblement, sa forme de renard est réservée effectivement à une toute autre activité. Soit alors, ce n'est qu'une autre forme pour elles.
"Tu n'as jamais eu à choisir ton hôte, tu es née ainsi. D'ailleurs, est-ce qu'on peut véritablement parler d'un choix ? C'est une question de ressenti, de feeling. De plus, je ne voulais pas le laisser mourir, je sais qu'il a encore beaucoup a accomplir dans cette vie. Tu ajoutes à cela que je ne savais pas quand j'allais retrouver un homme aussi saint... et qu'un corps de vierge est infiniment plus sensible et confortable qu'un corps rôdé à l'art des relations."
Des raisons, en réalité, il y en avait plein. J'aurais pu aussi ajouter que je voulais être certain d'être le plus viril des deux, le chalenge y est effectivement pour beaucoup, mais la curiosité l'est d'autant plus.
Non, la raison principale et qui aurait amplement suffit est que je suis simplement tombé amoureux de Kyan, de sa gentillesse comme de sa simplicité. Ma fascination m'a poussé à vouloir l'empêcher de mourir et à souhaiter le connaître le plus intimement possible.
Bien entendu, ça, je ne le révèlerai jamais, à personne.
Je ferme donc la fenêtre. Non seulement elle ne peut se transformer qu'en renard, mais en plus cela était passablement limité ? Bon, elle dit que je suis mignon donc je ne relève pas.
"Bon, attends moi là..."
Après être sorti de la chambre, je jette un œil dans le couloir. Il n'y a qu'une infirmière et c'est tout. Le reste, j'en faisais mon affaire. Il fallait juste que l'alarme ne soit pas donnée trop tôt, ou pas du tout ce serait parfait. Il faudra aussi que je change de plaques sur ma voiture ... encore.
Dans le placard, j'attrape la chemise longue et la ceinture pour les donner à Lan, ou Renard. En cas de nécessité, je vais devoir dévoiler mes pouvoirs, je suppose que c'était le prix à payer quand on essaye de se racheter auprès d'une personne qu'on a bien faillit tuer.
"Tu peux t'habiller seule ? Si oui, tu préfères que je sortes ?"
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Je hoche la tête: ainsi, il avait choisi de se foutre dans la merde pour l'amour de des âmes vierges? Pathétique. Ou mignon. Au choix.
"Je vois. Et bien, j'imagine que le sexe et la prêtrise ne dois quand même pas faire bon ménage. Vous avez des points commun, ou tu t'es arrangé pour te foutre au fond du gouffre jusqu'au bout?"
La fenêtre se referme: il a compris mes raisons. Il sort, et je me relève doucement, cherchant des yeux un vêtement approprié, mais finalement c'est lui, en revenant dans la chambre, qui me ramène une...chemise d'homme beaucoup trop longue.
Je lui lance un regard incrédule, puis en ris, avant de faire tomber ma blouse.
"Je vais m'habiller rapidement, et je peux y arriver. Je suis une grande fille!"
Je passe les manches doucement, avant de passer à la fermeture. Lan reprend le dessus: je ne sais pas utiliser assez mes doigts pour boutonner d'aussi petits machins.
Au moins, le tissu est plus doux que je n'osais l'espérer, puis glisse la ceinture autour de ma taille, pour finalement me retourner vers le garçon.
Je m'approche de Lan, elle vient de toucher un point assez sensible chez moi. J'aimerai juste comprendre son obsession.
"Mais à un moment donné en quoi ça te regarde ? On vit chacun notre vie, quelle importance si on a des points communs ? Il me fournit un corps vierge et en bonne santé, je le libère de ses frustrations, j'demande absolument rien d'autre."
Bon sang, même Kyan est infiniment moins inquisiteur qu'elle ! Bien sur, elle a un regard moqueur devant la chemise que je lui tend. J'aurais vraiment du la laisser sur le bord de la chaussée. Au moins elle ...
Mais elle laisse tomber la blouse sous mes yeux. Bon, après réflexion, c'est bien mieux de l'avoir amenée ici. Oui, c'est la bonne chose à faire. Pour mon grand plaisir, elle met du temps à refermer le tout et ne semble même pas s'offusquer de mon regard. Lentement, elle se rhabille avant de passer la ceinture. Pour moi, c'est trop tard, aucun vêtement ne pourra effacer l'image de sa chair dénudée devant mes yeux.
Finalement, elle me demande la suite des opérations.
"C'est simple : on sort tranquillement, et si quelqu'un essaye de nous arrêter, je te prend dans mes bras et on court. Et si on arrive quand même à nous arrêter, tu me laisses parler. Des questions ?"
Après tout, personne n'avait nos vrais noms et à cette heure tardive, j'espérai que personne ne remarquerait notre départ. Il fallait simplement qu'on agisse en personnes normales et naturelles.
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Je lève les mains en signe de paix.
"Wow, tout doux la chevrette, je pose juste des questions tranquilles, pas besoin de monter sur tes grands sabots! C'est juste un choix peu ordinaire c'est tout, j'aime bien le non anodin de la situation..."
Pas si commode que ça le satyre!
Enfin habillée, je hoche la tête à son plan. Le temps passait, et c'était du temps perdu pour mon boulot. Rien de bon pour le business en somme.
Nous sortons donc de la chambre, moi clopinant sur ma cheville, accoudée au mur. Heureusement, personne dans le couloir, et lorsque je vois l'horloge sur le mur du fond, je comprend: c'est la traditionnelle heure des soins, les infirmières sont donc occupées ailleurs. Enfin, jusqu'à ce que ce soit ma chambre.
"Profitons du calme pour sortir en douce!"
Mais même si je dis ça, ma cheville me fait trop mal, et je grimace chaque fois que je passe dessus. Je suis d'une lenteur exaspérante, et quand j’entends l'une des porte s'ouvrir, je ne réfléchis pas. J'ouvre la première porte à ma portée et agrippe Sheitan pour l’engouffrer avec moi à l'intérieur.
Heureusement, c'est un placard de ménage et non pas une chambre, et j'écoute attentivement l'extérieur, les bruits de pas sur les carreaux, les voix d'infirmières faisant des topo sur les patients. à priori, on en a pour quelques minutes, en attendant que chacun reviennent dans une chambre.
En attendant, l'endroit est petit, ma cheville pétée me fait mal, et Sheitan est définitivement trop proche de moi.
Je fronce les sourcils sur sa série de jeux de mots foireux sur ma condition de Satyre. Elle essaye vraiment d'être marrante, ou peut-être vexante ? Au moins, cela me renseigne sur le fait qu'elle ne se prend pas au sérieux, c'est toujours ça pour moi.
Alors que nous sortons, je remarque que la miss a vraiment du mal à suivre. Pendant un moment, je me demande si je ne devrais pas la forcer à rester ici mais si son choix est de sortir, alors je ne peux que m'incliner.
Le couloir est toujours vide et cela nous laisse le temps pour déambuler. Il me faudrait quelque chose pour la transporter rapidement et j'avise un fauteuil quand je me fais attraper par le col et mis de force dans ce qui s'avère être un placard.
"Hé bien, goupil, de quoi t'as eu peur ?"
Je ne peux m'empêcher d'être amusé de la voir ainsi, comme un animal acculé, à l'affut du moindre bruit. Il ne s'agit que du personnel de l'hôpital, je m'en serai chargé sans aucun soucis et sans doute qu'ils m'auraient certainement aidé à transporter Lan dans ma voiture si je leur avais demandé "gentiment" mais cette situation est infiniment plus marrante.
Pour peu, je sentirai presque le souffle affolé de la renarde sur ma peau.
"Tu sais, si tu voulais te retrouver collée à moi dans le noir, il n'y avait qu'à demander." je souffle juste à son oreille attentive.
Bon, ce coup là, je vais essayer d'être sage...
"Tu veux que je te porte jusqu'à ma voiture dès qu'il n'y aura plus personne dans le couloir ?" Je demande plus sérieusement.
Ainsi, elle n'aura plus mal à la jambe et elle m'aura autorisé à la toucher. Tout le monde y trouve son compte, donc.
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Okay, mon sens de l'humour et de la répartie à l'air de faire buguer totalement le garçon. Tant pis, je ne relève pas, et lui de même.
Planqués dans ce placard que je maudit maintenant par notre promiscuité, je rétorque:
"Je n'ai peur de rien, je veux juste sortir rapidement de cet hôpital sans devoir me justifier pendant des heures à une infirmière qui me verrais déambuler avec toi en traînassant de la patte!"
J'essaye de me concentrer sur mon ouïe affuté lorsqu'il me sussurre des insanité à l'oreille. Je lui agrippe alors le col, me rapprochant dangereusement de son corps, effleure les lèvres salies par ses mots avant de murmurer à mon tour:
"Avant même de pouvoir m'enlever un bouton tu aura tes couilles en guise de collier, est ce que t'as pigé?"
Je me décroche alors vivement de lui, et epoussette le col froissé avant de déclarer:
"Plus de bruit dehors, on y va, et pour rien au monde j'aimerais être porté par toi!"
Non mais, pour qui il me prend Don Juan? Renard collectionne peut être les créatures, mais je ne suis pas une croqueuse d'homme pour autant!
"Est-ce un défi ?" je répond alors que son visage est encore à quelques douloureux millimètres du mien.
Après cette attaque tant physique que verbale, la voilà qui remet convenablement ma chemise. Féroce autant que douce, je note que je lui préfère sa comparse renarde, plus amusante et moins farouche. De plus, elle aurait accepté que je la porte. Je suppose que l'instinct des hommes les pousse à s'éloigner les uns des autres quand les animaux profitent.
"A ta guise ..."
Je la laisse donc se démerder seule et quitte notre petit vestibule. Plus personne dans le couloir, je marche à ses côtés, exagérément lentement. Je me demande un instant si elle accepterait de monter dans ma voiture ou si elle serait tellement fière qu'elle serait fichue de refuser pour repartir chez elle à pied. Au bout d'un temps exagérément long, je remarque que nous n'avons même pas atteint le bout de l'étage.
L'heure tourne tandis que la possibilité de croiser du personnel grandit. Avec un sourire moqueur, je dis.
"Tu me diras si t'as l'intelligence de changer d'avis, à moins que tu ne veux qu'on s'enferme à nouveau dans des espaces réduits. Pour ma part, les deux me vont."
Finalement, arrivés face à l’ascenseur, celui-ci s'ouvre sur un médecin qui a encore le nez dans un dossier. Je me place devant Lan et ce dernier passe sans même faire spécialement attention à nous.
Maudit réflexe, j'aurais tellement du la laisser se débrouiller ...
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Un défi? Je ne répond même pas alors que Renard est déjà en train de s'imaginer des trucs. Pas question que je laisse les deux dans la même pièce, j'ai bien peur qu'elle lui saute dessus.
Le couloir à l'air étonnamment long, et ma jambe me fait maintenant souffrir jusqu'à la hanche. Je serre les dents: pas question que ce pervers me porte.
Mais ma vision devient floue à force de pousser le bouchon, et la douleur réveille même le kitsune qui s'alarme.
Hé, tu veux pas arreter de faire de la merde là? à ce train, on arrivera jamais dehors, tu vas tomber dans les pommes dans les escaliers et t'auras gagné une commotion en prime!
Tu veux pas la fermer pour voir?
Et voilà que l'autre s'y met, le sourire débile sur les lèvres qui fait glousser le renard, et les paroles du serial lover des hôpitaux de basses campagnes. Je lui aurais bien mis une tarte dans la face mais au lieu de ça je miaule de douleur sans faire exprès, tandis que mes yeux pleurent (presque) de joie en voyant l’ascenseur.
Horreur, il n'est pas vide, et j'ai à peine le temps de me plier que Sheitan prend le relais et me couvre. Ma méchanceté habituelle m'aurais surement poussée à l'injurier, lui rappeler que même si j'étais une femme, j'étais capable de mentir à un médecin, mais la douleur est trop intense.
Renard prend donc le contrôle doucement, coulant dans ma conscience, et le plus discrètement possible fait sa transformation dans le dos du bellâtre.
Quand les portes se referme sur nous et Sheitan, il n'y a plus qu'un humain dans l'ascenseur, et un renard qui boite.
Lan ne desserre pas les dents et ne m'adresse même plus la parole, ni pour approuver, ni pour m'insulter. Cela m'inquiète plus que ça me soulage en réalité. Finalement, nous nous engouffrons dans l'ascenseur et quand je la regarde pour m'assurer que tout va bien, je bondis.
"Hey ! J'croyais que tu pouvais pas te transformer à nouveau ! Sérieusement, tu pouvais pas le faire plus tôt ? Ça nous aurait évité tout ce merdier."
...Et je n'aurais pas eu l'immense plaisir de la sentir contre moi, ses lèvres presque sur les miennes. Comment avais-je seulement fait pour me retenir à cet instant ? Je suppose que c'est Kyan et ses foutues règles qui m'ont empêché de profiter de la situation.
"Et maintenant, tu veux bien que je te porte ou tu vas faire ta mauvaise tête ?"
A la sortie de l'ascenseur, je me place dans un angle pour voir si quelqu'un est sur le point d'entrer. Avec soulagement, je vois que ce n'est pas le cas. Il reste cependant un seul petit problème : l'accueil, ses surveillants et ses caméras.
