Le bourbon que j'ai commandé à beau être d'une bonne année, il ne parvient pas à faire son effet sur moi. De toutes manières, j'aurais beau boire une bouteille entière, je suis de toutes façons dans un tel état d'énervement qu'une seule chose pourrait me calmer. La vengeance. Vengeance envers cette sombre idiote qui a cru pouvoir me rouler.

Son affaire était d'une banalité à mourir. S'assurer juridiquement que le commerce qu'elle comptait ouvrir tenait la route. J'ai néanmoins accepter car elle promettait un juteux paiement pour mes services. Cependant, cette crétine souhaite revenir sur l'engagement qu'elle m'a tenue car "j'aurais pas fait mon boulot". Son ton lorsqu'elle m'a dit ces quelques mots ont déclenché en moi depuis une sombre envie de vengeance. Elle pensait vraiment pouvoir se jouer d'Arès des temps modernes ? Sombre crétine.

Depuis cet instant, je planifie soigneusement cette vengeance. Pour se faire, je dois rencontrer ce soir quelqu'un dont on m'a vanté ses compétences. Je ne peux que prier qu'il soit à la hauteur de sa réputation. De plus, ce que j'ai en tête n'est pas bien compliqué mais tout à fait approprié pour le tester en vue d'une collaboration sur le plus long terme.

Ayant pris soin d'une tenue plus passe-partout composé d'un pull et d'un jean, je suis attablé au comptoir du bar, légèrement à l'écart. A mes pieds se trouve une petite pochette contenant les diverses informations pouvant être utile à cette transaction.

Lorsque je perçois un mouvement à mes côtés, je ne fais pas mine de me tourner afin de ne notifier que je sais qu'il est présent. Toutefois, je lui déclare :

-Mr El Khalfani, je suppose ?

Je ne cache pas un sourire satisfait lorsque mon invité demande avec une pointe de suspicion qui le demande. C'est bien. Il a un minimum de méfiance pour ne pas avouer tout de suite ses intentions ou quelque chose d'autres. J'aurais interrompu l'entretien avant même de l'avoir commencer s'il en avait été autrement. Je ne veux pas que certaines personnes (allant des mafias au procureur) apprennent que je suis quelqu'un de tatillon sur mon honneur. Cela serait mauvais pour les affaires.

Je me tourne légèrement afin de pouvoir lui serrer la main. En serrant la main, j'ai cette sensation, familière désormais, de rencontrer une autre divinité. Depuis quelques temps, j'ai la conviction qu'il est nécessaire de prêter davantage d'attention à ce genre de signe pour éviter quelques mauvaises surprises.

-Je suis Julius Gates et nous avons rendez-vous.

Le ton est affirmatif alors que je passe sous silence que je sais qu'il est un dieu. S'il ne l'évoque pas, ce n'est pas la peine de l'exposer inutilement. Cependant, la question méritera d'être creusée plus tard.

La boisson commandée par Mr El Khalfani, il rentre tout de suite dans le vif du sujet. Décidément, ce jeune homme semble être parfait pour une collaboration sur le long terme. Rien n'est définitif pour le moment mais cela est particulièrement prometteur. Je choisis précautionneusement mes mots pour éviter de nous attirer une attention non voulue sur nous.

-On m'a dit que vous pouviez m'aider concernant un différent que j'aurais avec une cliente.

Je m'arrête quelques instants le temps que le serveur s'éloigne après avoir apporté la commande de mon interlocuteur.

-Elle aurait besoin d'être persuadée à me payer mes honoraires.

Je ne m'étends pas davantage sur l'affaire. Je ne veux pas fournir plus de détails que nécessaire si jamais il n'acceptait pas la demande.

-Pensez-vous que c'est dans vos cordes ? Je vous payerai, ne vous inquiétez pas.