Jules savait qu’elle avait blessé Roméo et depuis quelques temps, les deux qui étaient d’ordinaire toujours fourrés ensemble ne s’adressaient que rarement la parole. Lui, il évitait de venir jusqu’au bureau et elle ne décrochait pas son téléphone pour prendre des nouvelles. Les relations tendues, ça lui connaît à l’italienne, mais quand il s’agit du rouquin, c’était bien différent ; dans leur histoire, jamais ils n’étaient restés éloignés aussi longtemps. Cela commençait à lui peser sur le coeur, un manque difficile à combler tant la personnalité du leprechaun avait tendance à prendre le dessus sur tout le reste. Elle savait que cette fois, c’était à elle de faire le premier pas pour tenter de recoller les morceaux, même si cette journée dans le parc d’Arcadia avait brisé quelque chose entre eux. 

Sans doute que cela ne s’arrangerait qu’avec le temps, que les sentiments de Roméo avaient besoin d’être laissés tranquille et d’éviter la présence de Jules pour se réparer suite à la nouvelle de ses fiançailles mais après des semaines de silence, la détective ne tient plus. S’il fallait qu’elle se fasse pardonner, elle trouverait un moyen infaillible (qui ne concernait pour une fois pas ses culottes, il ne faut pas exagérer). Elle était restée toute la nuit éveillée sur son ordinateur pour réserver les différentes étapes de son plan et sa carte bancaire avait chauffé dans l’opération mais après tout rien n’est trop beau pour le rouquin. Surtout si ça concerne les pizzas au pepperoni…

Avant l’aube, la brune récupère enfin la voiture qu’elle avait réservé, une vieille Cadillac rouge qui traînait dans un des garages d’Arcadia et pour laquelle Jules s’était prise d’affection après trois cafés et aux alentours de quatre heures du matin. Une fois au volant, elle garde la voiture pile à la sortie de la ville, là où dans les films il y aurait du y avoir une pancarte “vous quittez Arcadia, à bientôt“. Sauf qu’il n’y avait pas de pancarte et qu’à bien regarder, on aurait pu croire qu’elle avait cacher un cadavre au bord de la route… Et au fond, c’est peut-être l’impression qu’elle voulait donner. De toute façon avec le blackout, qui allait pouvoir l’arrêter ? Le soleil se lève doucement et éclaire le ciel de zébrures oranges et roses, la gamine attend assiste sur le capot de la voiture, une veste bien trop grande pour elle sur les épaules et ses lunettes de soleil sur le nez. Elle profitait de la quiétude du matin, ses cheveux libres au vent. Il faut vraiment que je raccourcisse cette tignasse, songeait-elle alors que d’immenses mèches sombres lui cachaient la vue régulièrement. Dans sa main, un café immonde qu’elle avait réussi à négocier dans un coffee shop encore ouvert et dont la fabrication du breuvage devait sans doute relever du miracle.

Elle avait prit ses précautions : à cette heure-ci, Roméo devait déjà être en route pour la rejoindre. Jules avait envoyé quelqu’un tambouriner à la porte du leprechaun en lui laissant un mot avec la date et l’heure du rendez-vous avec un appel au secours de Jules. Etait-elle en danger ? Absolument pas. Mais tension ou pas, elle savait qu’il se pointerait après avoir lu ce mot. Oui, c'est malhonnête : mais quand on a besoin de quelque chose, la fin justifie les moyens.

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Ou était elle ? Que faisait elle ? Comment se sentait elle ? Tellement de questions qui n'arrêtaient pas d'assaillir le pauvre jeune homme alors qu'il tentait de chercher le sommeil. Depuis cette petite virée au parc ou ils devaient s’aérer l'esprit, tout avait changé. La chute de Jules dans le lac gelé qui n'était autre qu'une tentative de suicide ou un appel à l'aide et ensuite le fait qu'elle lui avoue qu'elle allait se marier avec un illustre inconnu. Cette annonce avait eu l'effet d'une bombe pour Roméo et sur la relation privilégiée qu'il avait avec la détective privée. Elle avait beau dire que rien ne changerait, il avait beau vouloir y croire de toutes ses forces, il savait qu'elle se mentait à elle même et à lui par la même occasion. Il en avait vu des feuilletons la journées avec de mauvais acteurs pas super, mais qui racontaient tous des histoires pas folichonnes en ce qui concerne le mariage arrangé. Ca brisait des vies, des couples, des assassinats de couloir, des tromperies, de la jalousie, tout un tas de choses. Il y avait aussi des résurrections miraculeuses et des histoires plutôt douteuses, mais il ne pouvait pas nier qu'il était effrayé de ce qui allait advenir, surtout qu'il lui avait avoué ses sentiments. Ca ne servait à rien de faire ça, mais c'était partit plus vite que la musique.

Il tournait et retournait dans son lit, la peluche de Porg que lui avait offert Jules (alors qu'elle détestait cette bestiole) dans ses bras, le sommeil ne viendrait pas, il le savait et quelqu'un vint toquer à sa porte. C'était personne, il y avait juste un mot, une date, une heure, un lien, un appel à l'aide de Jules ? Le pauvre Roméo seul avec ses démons une nouvelle fois. Pourquoi ? Qui ? Quand ? Comment ? C'était louche comme mot, très louche, mais vous commencez à connaître Roméo. Lorsqu'il s'agit de Jules, il est prêt à s'exploser les poings contre un lac de glace pour la sauver de la mort. Il était prêt à tout pour elle alors il enfile rapidement un jean, un t-shirt, sa veste en cuire et il file avec ses clés malgré l'heure.

Sa mobylette n'est pas la plus rapide au monde, loin de la, mais il peut se targuer de connaître la ville par cœur alors il emprunte les petites rues, file aussi vite qu'il le peut en direction de la sortie de la ville. Il a le cœur qui bat à cent à l'heure, il ne sait pas ce qu'il ce passe, mais il imagine les pires situations possible après cette tentative de suicide. Et si elle voulait qu'il vienne encore la sauver ? Ses poings n'étaient pas encore guéris, il ne l'avait pas revu depuis cet incident alors non, elle n'avait pas le droit. Ils ne pouvaient pas se quitter sur une telle note de triste non ! Le bruit de son petit moteur qui n'en pouvait plus devait être bien audible et il vit une voiture garée sur le côté de la route, bien rouge avec un petit bout de femme qu'il reconnaîtrait facilement même s'il y avait des centaines de personnes tout autour d'elle. « Jules ? » Il arrête son engin et le met sur sa béquille avec d'accourir vers elle. « Qu'est ce qui ce passe ? » Le roux retire son casque et ses cheveux sont complètement en bataille et il cherche ce qui pourrait être dangereux tout autour d'eux.

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Cette quiétude matinale était la raison pour laquelle Jules affectionnait particulièrement l’aube. Avec le printemps qui approchait, la jeune femme se sentait de plus en plus proche de la nature, sans doute Perséphone qui sentait approcher ses six mois de liberté promis avant son mariage avec Hadès. Elle se reconnaissait un peu dans sa déesse, elle venait à comprendre petit à petit pourquoi elle l’avait choisie, elle. Jules était Perséphone et Percival n’était pas Hadès mais il avait le rôle de celui qui l’entraînerait dans les Enfers de la famille Esposito. Cette allégorie serait amusante si elle n’était pas incroyablement triste pour la principale intéressée. Mais elle savait désormais que son fiancé n’était pas un homme mauvais et elle ne lui en tiendrait pas rigueur sur ce qui leur arrivait.

Elle était plongée dans ses pensées, profitant du lever du soleil avec un douceur mélancolique quand elle entend au loin le ronronnement du moteur du scooter de Roméo. Elle tourne à peine la tête quand il grimpe sur la colline et finit par descendre du capot. Elle constate avec un ravissement certain que son plan avait marché et malgré le regard inquiet dont il la couvre alors qu’il retire son casque, elle ne regrette pas son geste. Déposant son gobelet à moitié vide à l’endroit exact où elle était assise quelques minutes plus tôt, la défective prend son élan pour venir passer ses bras autour des épaules de Roméo et lui offrir une étreinte, quelque chose qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de faire depuis des semaines, depuis leur escapade au parc à vrai dire. «  Tu es venu, merci… » Jules murmure à peine, de peur de briser le moment.

Après tout, ça ne semble pas sortir tout droit d’un film ? L’escapade matinale secrète, le petit mot glissé sous sa porte, la réconciliation au soleil levant… Sérieusement, il ne manque plus que de la musique pour sortir tout droit d’une comédie romantique. Après une étreinte qui dure quelques minutes, la jeune femme se détache de lui : «  Gare ta bécane et monte dans la voiture. On part tous les deux. C’est moi qui t’emmènes au pays imaginaire, cette fois. » Pour une destination qui serait encore inconnue au léprechaun mais elle savait pertinemment qu’il ne reculait jamais devant l’aventure. Une petite référence à Peter Pan, sorte de blague entre eux où s’amusaient à se comparer à Peter et Wendy. «  Sauf si tu n’as pas confiance en moi ? » Elle savait que si, mais c’était un test. Après ces semaines de silence, était-il prêt à se jeter tête la première dans l’inconnu avec elle ? Ils avaient fait la promesse qu’ils pourraient toujours tout faire ensemble : c’était le moment de la tenir.

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Il était stressé le Roméo. Ce genre de message sur le pas de sa porte, ça avait de quoi le mettre dans tous ses états, surtout lorsqu'il était question de Jules. Il ne pouvait pas rester la à attendre non et le type qui avait envoyé ça le savait très bien, alors il ne se fit pas prier. Il se mit en route et lorsqu'il remarqua que la jeune femme était toute seule avec sa voiture, il souffla un grand coup avant de s'arrêter de s'approcher d'elle rapidement. Oh, elle ne semblait rien avoir du tout et elle vint même l'étreindre rapidement. Elle le remercie d'être venue en un murmure et il n'ose la lâcher de peur qu'elle ne veuille plus lui en faire après. Il était toujours inquiet maintenant et ne savait plus trop sur quel pied danser. « J'aspire à être un super héro alors quand on m'appel à l'aide... » Il accourt ! Surtout et seulement si c'est Jules qui est en danger. La mamie du troisième étage qui lui met sa cane dans les pieds lorsqu'il passe, elle pouvait toujours courir avant qu'il ne vienne l'aider. Oui, Roméo est très sélectif. Tout pour Jules, pas grand chose pour les autres.

Finalement, ils se relâchent, il est temps de respirer et d'expliquer cette situation, cette méprise. Elle lui dit de ranger sa bécane et qu'ils partaient en virée tous les deux. Elle l'emmené au pays imaginaire ! « Peter Pan ! Ok ! Restons des enfants pour toujours ! » Lui, il en était encore un, elle ? Non, elle était bien plus adulte que lui, à des kilomètres même. « Comme si je pouvais ne pas te faire confiance. » C'était la seule personne sur cette fichue planète qui avait de l'affection pour lui, qui s'occupait de lui, alors comment ne pas la croire. « Jusque dans une autre galaxie je te suivrais je t'ai dis. » Ou elle irait, il suivrait, du moment qu'elle veuille bien de lui à ses côtés.Chose qui devrait changer d'ici quelques temps lorsqu'elle serait forcée à se marier avec un type que Roméo n'appréciait déjà pas. Il voyait un vieux mec, tout petit et tout rond qui profiterait de sa Jules. Rangea sa mobylette sur le côté de la rue, l'attachant à un poteau de sécurité avant de monter dans la voiture rouge pimpante.

Elle démarra et ce fut le début de leur petit voyage. Il ne savait pas ou ils allaient, mais depuis cette discutions dans le parc, ils n'avaient rien fait ensemble d'aussi palpitant. Ils n'avaient rien fait du tout même. « On est bientôt arrivés ? » dit il, exactement une minute après qu'ils soient partit. Oui, Roméo et la patience, parfois ça fait deux, surtout lorsqu'il devait faire de la route. Jan l'avait bien remarqué lorsqu'il était venu les chercher à Mexico. Le pire voyage de sa vie probablement. « C'est loin d'ici le pays imaginaire ? Je pensais qu'il fallait voler pour y aller. » Il l'avait vu assez de fois pour s'en souvenir très clairement et franchement, il trouvait qu'il avait une bonne tête de Peter Pan. Non ?
 

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I'm a sucker for you, you say the word and I'll go anywhere blindly I'm a sucker for you, yeah any road you take, you know that you'll find me.


ft. @Roméo Flynn

Ce serait mentir de dire que Jules n’avait pas un peu de satisfaction à savoir qu’elle avait réussi à le faire se lever à l’aube en panique pour la rejoindre à l’orée de la ville, aux portes même du lieu qui les avait fait se rencontrer. La brune ricane à peine en voyant le jeune homme débarqué, désabusé et à peine préparé, prêt à se jeter à son secours sans un regard en arrière alors même qu’ils n’avaient pas échangé un mot depuis des semaines. Pourtant, elle-même est soulagée de retrouver son acolyte, ça lui avait manqué de pouvoir se laisser aller de la sorte. « Elle est où ta cape, Superman ? Parce que je ne vois rien là, j’ai presque l’impression que tu es venu habillé exactement comme tu t’es couché. Attends… C’est ton pyjama, non ? » La déesse se moque, un peu, parce qu’elle le peut et parce qu’il ne lui en voudra jamais de le bousculer un peu. Les semaines de silence les avaient tous les deux secoués mais force est de constater que rien ne pouvait entacher leur amitié, pas même une révélation de mariage après une tentative de suicide… Même si c’est étrange comme moyen de comparaison, il faut l’admettre. Elle lui fait un clin d’oeil en lui désignant la voiture : « Pas mal, hein ? Je l’ai récupérée pour trois fois rien. Bon, il faudra la rendre en bon état mais je suis sûre qu’ils ne m’en voudront pas si on l’use un petit peu. » Et c’est précisément ce que la jeune femme avait en tête : conduire avec la musique pendant des heures, crever l’abcès dans l’espoir que le malaise disparaisse enfin.

Jules rit, lève les yeux au ciel quand il lui dit qu’il la suivrait au bout du monde et pour toute réponse, elle se met à chantonner l’air de Pirate des Caraïbes comme seule réponse, comme pour lui signifier que leur voyage finissait toujours de manière exotique et improbable, à la manière de pirates se lançant dans la vie sans plan ni boussole. Immédiatement après, elle retourne au siège conducteur, démarrant le moteur et le ronronnement annonce leur fuite du monde, la gamine se sent revigorée : « Prêt ? La seconde étoile à droite et tout droit jusqu'au matin ! » Elle appuie sur la pédale d’accélérateur et la voiture démarre, les entrainant dans leur prochaine aventure. Immédiatement, la brune allume la radio pour que le bolide se remplisse de musique et elle fredonne un instant, s’assurant qu’Arcadia soit suffisamment loin derrière eux pour entamer le. Véritable sujet de conversation qu’elle voulait aborder : « Dis moi… » Elle baisse le volume de la radio : « A propos de ce qu’il s’est passé au parc… » Et voilà, Roméo, t’es piégé. Tu vas faire quoi, sauter d’une voiture en marche ? Euh… Non, il ne faut pas lui dire ça, il serait capable de le faire pour de vrai…

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Sans Jules, il n'y avait pas de Roméo. Sans Roméo, il n'y avait pas de Jules ? Sur ce deuxième point, il n'en savait plus trop rien... son cœur était fendu en plusieurs morceaux à l'annonce de son mariage arrangé. Quelque chose était brisé, comme ses espoirs les plus fou. Il n'aspirait pas à grand chose dans sa vie Roméo, il se contentait souvent d'un rien et profitait de la vie avec l’insouciance et la stupidité qui l'habitait habituellement. Lui savait une chose, c'est que le bout de femme à ses côtés lui avait offert un avenir, avait vu en lui plus que ce qu'il n'était et avait optionnellement offert une chance au rouquin d'aimer quelqu'un, de découvrir ce genre de sentiment même s'il n'avait jamais eu le courage de le lui dire hormis après l'annonce du mariage arrangé et forcé, mais il n'en parlerait sûrement plus jamais. Elle se moque de son héro, mais il joue le jeux. « Elle est au repassage, j'ai pas eu le temps de récupérer ma tenue moulante, désolé, tu pourras juste mater mon pyjama spéciale sauvetage d'urgence. » Elle est très bien sa tenue, il avait pas réfléchit fallait dire.

La voiture est pas mal pour une virée, c'est certain et il grimace un peu quand elle dit qu'il faudrait la rendre en bon état. Avec eux, ils ne savaient jamais comment ça pouvait finir, mais ils pouvaient toujours compter sur leur bonne fortune. « Je pourrais la conduire ? » Comme si elle pourrait lui laisser le volant. Ce pourrait être la pire des situations si elle faisait ça, ils finiraient sûrement au milieu d'un lac, ou à sens inverse sur une autoroute avec la musique à fond et les yeux fermés en attendant que tout rentre à la normal. C'était probablement la pire idée à faire ! Dans tous les cas, en cette fraîche matinée, il se laisse porter par la route et par Jules qui semble vouloir partir loin, elle ne lui dirait probablement pas ou, mais bon, il se contenter de chanter très faux sur le refrain des chansons à la radio jusqu'à ce qu'elle ne reprenne la parole. Elle voulait parler de ce qui c'était passé au parc. Il déglutit difficilement, pourquoi ça semblait être le piège idéal ce genre de situations ?

Elle le connaissait bien son Roméo, discutions difficile égale fuite en avant pour éviter les soucis. Alors la, il n'allait pas se jeter sur la route, il était pas si bête que ça non ? Il regarda tout de même par dessus la portière histoire de voir si c'était faisable. « Ah... oui... ca. » Comment désamorcer cette discussion ?   « Il fait beau aujourd'hui hein ? » Oui, ils allaient sûrement passer la journée ensemble, la journée était belle, mais il était en train de se faire avoir la le pauvre. « Tu m'as fait venir juste pour ça ? » Il est triste le gamin, il ne voulait pas ça, il ne voulait pas de ça. « Tu peux me déposer s'il te plait ? J'ai pas envie de parler de ça... tu as déjà tout dit alors pourquoi remuer le couteau dans la plaie. » Ils n'avaient pas discutés pendant un moment et comme il l'avait dit, elle allait commencer à l'oublier petit à petit, pour un autre. Ils ne se verraient plus qu'au boulot, rien de plus, fini la belle et franche camaraderie face au reste du monde. Il allait devoir se coltiner JanClaude et sa mauvaise humeur au bureau.

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ft. @Roméo Flynn

Si le but de l’expédition était principalement de recoller les morceaux entre eux, Jules n’avait pas l’impression que cela fonctionnait pour l’instant. L’annonce avait brisé bien plus que ce qu’elle imaginait et les dégâts allaient au delà de la simple dispute habituelle (quand bien même la déesse ne se souvenait pas avoir eu un jour une dispute avec Roméo, ou bien qu’elle ai duré plus de quelques minutes avant qu’ils ne repartent dans leurs plans stupides et irréfléchis). Aurait-il réagi autrement si le mariage avait été voulu ? Si cela n’avait pas été un arrangement où Jules n’avait pas eu son mot à dire, si bien que même Pace s’était retrouvé dans la ligne de mire de la détective. Elle avait explosé auprès de tous ceux qui avaient eu le malheur de se retrouver à proximité et même si Roméo avait assisté à son aspect le plus triste, d’autres avaient eu le malheur de la retrouver sous le joug de sa colère. Les légendes disent que Perséphone elle-même avait été cruelle envers les humains lorsque ceux-ci s’en prenaient à la Terre, peut-être que Jules avait elle aussi le droit de déverser sa haine sur ceux qu’elle jugeaient coupable de son abduction éternelle…

Ils rient, mais c’est loin d’être naturel, un peu comme s’ils essayaient de retrouver quelque chose qui n’avait plus de sens maintenant que la vérité avait éclaté. « Je l’aime bien, ton pyjama… » s’entend-elle ricaner en lançant un coup d’oeil sur l’objet de discussion, à défaut de pouvoir parler de leurs sentiments, chose qu’ils étaient de toute façon incapables de faire depuis qu’ils se connaissaient. La voiture accélère tandis que le soleil lui se lève. Si la conversation dans la voiture ne suffisait pas, Jules avait bien d’autres plans en tête pour les forcer à aborder le sujet. Elle n’était pas non plus sans savoir que les pouvoirs du rouquins n’étaient pas illimités et que sa chance finirait toujours par tourner. La brune hausse un sourcil, décontenancée : « Tu sais conduire ? » Elle avait assumé que non. D’ailleurs, elle n’avait jamais vu son permis de conduire auparavant… Attends, conduisait-il seulement son scooter avec une licence ? « Euh… Je préfère éviter. Ce n’est pas contre toi, c’est juste… » Elle lui jette un regard, regarde la route, le re regarde… « … Juste pour que tu puisses parler, ok ? » Au moins, elle était claire sur les intentions de son piège.

Et bingo. Jules connaissait par coeur son photographe, elle savait que maintenant qu’il était coincé dans la voiture, il ne pourrait pas s’échapper. Mettant son clignotant à droite, elle passe directement sur l’autoroute : too bad ! Il était peut-être chanceux, mais pas suffisamment pour s’en sortir d’une telle chute. Pas comme toi, lui souffle Kore dans sa tête. Tu survivrai à n’importe quoi, même à une nouvelle tentative de suicide. « Non, Roméo, j’vais pas m’arrêter… » Il n’avait plus d’autre choix que de parler, de vider son sac. Elle avait à peine eu le temps lui dire la vérité qu’ils étaient rentrés ; certes, les conditions idéales n’étaient pas réunies pour une telle annonce mais elle avait espéré… Un mot ? Une réponse ? N’importe quoi ? Ce n’était pas rien. Il n’a même pas tenté de s’y opposer. « Je sais que ça te fais peur. Moi aussi, j’ai peur… » Ce n’était pas mentir que de dire ça : elle allait se marier à un inconnu, du moins à quelqu’un qu’elle n’avait pas revu depuis son enfance. « Tu sais que ce n’est pas moi qui veut ça, pas vrai ? Tu sais que même si je ne peux pas l’en empêcher, je ne laisserait rien de tout ça me séparer de toi ou de Jan ? » Il fallait tout de même le lui rappeler, car peut-être essayait-il simplement de se préparer à cette transition, s’habituer à son absence.

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