@Aura Sciarra | 27.07.2020

BAM.BAM.BA-BA-BAM.BAM. Les coups s’enchaînent rapidement à l’instar d’une chorégraphie bien rodée. Direct, crochet, uppercut. Neuf ans. Neuf années se sont écoulées depuis qu’il a recruté Luca pour être son coach personnel aux aurores et que les talents de ce dernier ont convaincu Lewis de le recruter au sein de la Nuova Camorra. Ancien militaire, Luca avait été formé aux méthodes de combat de l’armée israélienne, dont la plus connue qu’est le Krav Maga. C’est donc tout naturellement qu’il avait initié Lewis leur de leur première leçon, le mettant littéralement à genoux. Luca était d’ailleurs le seul homme à avoir réussi cet exploit, le britannique refusant de courber l’échine devant quiconque. Cet épisode était d’ailleurs resté entre les deux hommes comme une private joke qu’eux seuls comprenaient. Depuis, le militaire avait obtenu le plus grand respect de la part de Lewis qui écoutait régulièrement ses conseils avisés. Uppercut, High kick. Depuis quelques années, ils mixaient les arts martiaux, rendant l’entraînement d’autant plus corsé et plus intense. Si l’envie de savoir se défendre l’avait d’abord amené dans une salle de sport, l’ambition avait vite repris le dessus. Inconsciemment, il avait une crainte sournoise de ne pas être à la hauteur, alors, il compensait en assenant les coups. De plus en plus vite. De plus en plus insidieusement. Ses phalanges avaient commencé à saigner légèrement mais il ne les voyait  pas, son regard dur et sans pitié focalisé sur son objectif : battre Luca. Il avait appris à vivre à la douleur, qu’elle soit physique ou mentale. Elle le nourrissait et le faisait avancer. A l’instar de l’adrénaline, il s’y enivrait ; son monde vacillant vers les ténèbres qui l’habitaient, l’entraînant dans ses abysses infernaux. L’odeur du sang ne le dérangeait plus et il y avait d’ailleurs pris goût au rythme des interrogatoires corsés qu’il menait et qui terminaient parfois en bain de sang. En général, c’était là un signe que la discussion avait été fructueuse, les langues se déliant plus facilement lorsque Renato commençait à couper une phalange ou deux sous ses ordres directs. Parfois, quand sa journée avait été particulièrement exécrable, il mettait même la main à la pâte ayant un besoin viscéral de se défouler. Crochet, mid kick. Longtemps, il s’était demandé d’où venait cette noirceur qui l’habitait, ce plaisir qu’il prenait parfois à entendre les os se briser. Depuis l’Eveil d’Erèbe, beaucoup de choses avaient commencé à faire sens. Tout à coup, il voyait la lumière, le soleil, lui qui ne le supporte pourtant pas. Luca lui assena une droite virulente qui lui arracha une grimace et il se défendit aussitôt en lui assenant un coup derrière les genoux, ce qui envoya son instructeur sur les rotules. Il aimait quand les rôles s’inversaient. Encore plus lorsque c’était à son avantage. Un sourire satisfait étira ses lèvres et il tendit sa main pour l’aider à se relever. C’est à ce moment-là qu’il la sentit avant même de la voir. Aura Sciarra. Son nom lui restait dans la gorge, tout comme la promotion qui lui était passée sous le nez deux ans plus tôt. Si l’amertume le ronge encore, il parvient à la dissimuler derrière un regard d’acier. Une infime - ridiculement petite - partie de lui-même devait bien admettre qu’elle l’avait méritée. Il préférait qu’on lui arrache la langue plutôt que de lui avouer.  Sa fierté, son orgueil, étant bien trop important. Et puis, même à moitié italien, son côté macho était bien trop présent aussi. Qu’une femme soit au-dessus de lui était inconcevable – si on excluait ce qui se passait dans sa chambre, obviously. Bien sûr, si quelqu’un devait interrompre une de ses séances matinales, c’était bien elle. SCIARRA. A pain in the ass. Et sa supérieure. Pour le moment, du moins. Lewis comptait faire bouger les choses. Le plus rapidement serait le mieux. « Qu’est-ce que tu veux, Sciarra » lâcha-t-il en attrapant une serviette pour s’éponger le visage. Avant même de se rendre compte de sa présence dans la pièce, il l’avait ressentie. Leurs ombres communiquant. Ils étaient similaires tous les deux. Beaucoup trop similaires. C’était sans doute pour cela qu’ils ne pouvaient pas se voir en peinture.  Bien sûr qu’un sourire narquois viendrait se dessiner sur ses lèvres purpurines. Il avait parfois du mal à brider ses émotions lorsqu’il était en sa présence et son agacement était plus qu’évident. Attrapant son tee-shirt qui traînait dans un coin, il l’enfila, avant de lancer, un sourire narquois sur le coin des lèvres.  « Ne me dis pas que tu n’as rien d’autre à faire que de traîner avec moi… » Un coup d’œil à la grande horloge murale lui apprit qu’il était 5h15 et que son heure d’entraînement venait officiellement de se terminer. Avec un hochement de tête, Luca s’éclipsa, assez intelligent pour savoir qu’il valait mieux partir que d’être dans la même pièce qu’Aura Sciarra et Lewis Giacometti.  

 

@Aura Sciarra | 27.07.2020

L’air s’était depuis des jours chargé d’électricité, de noirceur. Même pour quelqu’un comme Aura, habituée à vivre dans la pression des mafias et organisations criminelles, quelque chose clochait. Les Obscuris, toujours aussi silencieux, accaparaient une partie de son attention. Astrid l’esquivait, l’évitait, lui refusait l’accès à des informations pourtant cruciales pour l’italienne. Pour l’instant néanmoins, elle n’avait pris aucune action envers la jeune femme, lui préférant l’ombre d’un doute, pour les années passées à ses côtés. En fait, Aura ne pouvait pas savoir que la divinité dévorait sa sœur, qu’elle se perdait dans des actions qui n’étaient pas les siennes. Car malgré toute sa bonne volonté, tous les changements récents dans sa vie et même dans son caractère en privé, l’italienne n’était guère capable de faire preuve d’une quelconque empathie. Elle restait la même fille, la même femme depuis des années, ne pouvant pas compatir ou comprendre que gérer une divinité n’était pas si simple. Sauf pour elle.

Un léger soupir quitta ses lèvres alors qu’elle se décalait de son bureau. Dehors, le soleil était tombé depuis de nombreuses heures, l’aube ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Aura n’avait pas besoin d’une horloge pour savoir qu’une nouvelle nuit blanche pesait sur ses paupières. Clemens lui en parlerait certainement à son réveil, d’un ton inquiet. C’était presque étonnant de voir quelqu’un agir de la sorte avec elle. Elle sourit doucement, avant de récupérer les dossiers trainant sur sa table. Informations diverses transmises par ses équipes, qui finirent par être jetées dans les flammes de la cheminée, grignotées par un feu vorace. Il n’y avait pas meilleurs choix pour faire disparaître les preuves une fois inscrites dans l’esprit de l’italienne. Pour ne pas qu’elles tombent entre de mauvaises mains. A n’en pas douter, la Camorra était toujours suivie par la Police, les autres mafias s’éloignaient, lorgnaient sur les territoires parfois abandonnés de l’organisation italienne. Ce qu’il faudrait à présent, c’était renouer les liens avec d’autres, reprendre la main sur des contrôles laissés de côté depuis trop longtemps.

Certains diraient qu’elle était trop ambitieuse, qu’elle s’y brûlerait les ailes. Evidemment, les projets venaient tout juste d’être dévoilés, mais cela faisait des mois qu’elle les préparait. Dans les ténèbres. Puis, si elle ne portait aucune ambition en son cœur, serait-elle une Esposito, ou même une héritière ? Les autres n’avaient juste pas l’habitude du visage qu’elle dévoilait, secret après secret.

Elle attrapa une veste en cuir, reprisée pour lui convenir. Les vêtements de son compagnon étaient définitivement trop grands pour elle, et c’était un peu là le seul moyen de les porter. Les ombres s’enroulèrent à ses pieds, ronronnèrent. Les bruits étouffés, elle traversa le manoir, le quitta sur la pointe des pas. Si Clemens ne posait jamais de questions sur ses départs, elle préférait éviter de l’inquiéter, ou de l’impliquer inutilement dans des histoires de mafias. Il avait quitté la sienne, ce n’était pas pour se retrouver sous le feu d’une autre…

Les ruelles étaient vides, sombres. Les pupilles s’habituèrent sans trop de difficultés à la pénombre, lui permirent de marcher sans trop faire attention. Le chemin vers Little Italy lui était habituel désormais. L’hôtel se dessina sous ses yeux. Pas celui dont elle avait hérité, qui lui rapportait un chèque supplémentaire chaque mois. Non, l’autre, le concurrent, le compétiteur, tenu par un capo de la mafia. Homme avec qui les échanges étaient plus cinglants qu’autre chose. Homme qu’elle s’apprêtait à déranger dans sa petite routine, par pure envie de l’emmerder. Ou juste parce qu’elle savait qu’il serait disponible à ce moment-là, plutôt qu’occuper avec des missions importantes.

Dédales de portes et de couloirs, jusqu’à arriver à la salle qui l’intéressait. Evidemment, à peine la porte passée, elle fut repérée. Leur pouvoir devait entrer en résonnance, ce qui arrachait régulièrement des petits commentaires de la part d’Hécate, des souvenirs remontant de ses anciennes vies. Comme si Aura n’avait pas assez de la sienne. « Je viens parler. » Il s’attendait à quoi ? Un regard traîna sur l’entraînement, aux oreilles de qui la prochaine conversation ne devrait pas arriver. Allié ou non, l’italienne était méfiante même envers les hommes de confiance de la mafia. « Non, je n’ai rien d’autre à faire. » Glaciale. Elle attrapa une chaise pliante, le summun du confort, et posa ses fesses dessus. « Que penses-tu de la situation actuelle ? » Question qui sonnerait comme piège pour certains. Pour elle, il s’agissait simplement de prendre la température, de voir quelles autres pistes pouvaient être suivies. Obtenir d’autres visions lui permettrait de sortir les meilleures arguments pour que ses propositions passent auprès des conservateurs qui pullulent dans les hautes-sphères de la mafia… « J’espère que tu as quelques heures à m’accorder, au vu des sujets à soulever… » Demande aux allures d’ordre, derrière le ton monotone dont elle usait en permanence.

Il n’avait pas à refuser.

Surtout qu’elle n’attendait qu’assez de sérieux pour lui offrir de nouvelles responsabilités.


 

@Aura Sciarra | 27.07.2020

« Je viens parler. »  Il arqua un sourcil, guère surpris par son entrée en la matière. Evidemment qu’elle était venue pour discuter. Elle ne venait certainement pas pour voir ses beaux yeux ni pour passer du temps en sa très charmante compagnie. Leurs rapports étaient purement professionnels, ne dérogeant jamais aux missions qui leurs étaient assignées. Elle aurait pu le faire convoquer tel un vulgaire clébard à sa botte – après tout, elle l’avait déjà fait et, en tant que sous boss, Lewis avait dû obtempérer, à son grand dam. Son égo en avait d’ailleurs pâti, n’étant pas le genre de personne que l’on convoquait à sa guise d’un claquement de doigts.  Au contraire, il était bien souvent de l’autre côté du tableau à donner des ordres plutôt qu’à en recevoir.  Pourtant, elle se tenait devant lui, ayant pris la peine de venir sur son territoire en personne. Cela ne sous-entendait qu’une seule chose : elle avait des informations précieuses à lui communiquer, à l’abri des regards et loin des canaux habituels.  Sa curiosité piquée à vif, le jeune Giacometti garda néanmoins sa contenance, affichant un air affable et désintéressé, guère envieux de dévoiler sa main. Pas tout de suite, du moins.

« Non, je n’ai rien d’autre à faire. » Un sourire narquois vint se dessiner sur les lèvres du britannique face au ton glacial de sa supérieure. Oh, avait-il touché une corde sensible ? Probablement. C’était difficile à dire avec l’italienne. Elle réprimait ses émotions à merveille, son masque imperturbable se fendant rarement. Des années de pratique et de perfectionnement, cela ne faisait aucun doute. « Je t’en prie, fais comme chez toi. Mi casa es su casa, » ajouta-t-il d’un ton faussement pompeux alors qu’elle tirait une chaise pliante sans demander son reste.

« Que penses-tu de la situation actuelle ? » Il savait parfaitement où elle voulait en venir. Malgré tout, il choisit de lui répondre avec désinvolture, au risque de l’agacer et d’attiser son courroux : « Qu’est-ce que je pense de la situation actuelle ? Je pense que je ne dirais pas non à un petit-déj, cette séance m’a ouvert l’appétit. » Sur ce, il attrapa sa gourde qui traînait un peu plus loin et avala une gorgée d’eau, étanchant sa soif de peu. Les ombres virevoltaient tout autour d’eux, comme une représentation de leurs états d’esprit respectifs.

Il n’était pas dupe, néanmoins. La situation était tendue. Beaucoup d’arrestations avaient eu lieu, des têtes étaient tombées. Grâce à sa position publique et aux nombreux fils qu’il tirait constamment - et avec talent -, Lewis n’avait pas été inquiété mais il gardait néanmoins un profil bas, sachant que ce n’était pas le moment de faire des vagues avec les flics d’Arcadia sur leurs talons.

« J’espère que tu as quelques heures à m’accorder, au vu des sujets à soulever… »

« Time is money, Sciarra, » rétorqua-t-il, une once d’impatience teintant sa voix. « J’ai un business à faire tourner, au cas où tu l’aurais oublié. » Il pouvait être arrogant quand il le voulait et condescendant au possible. Son ton claqua sans équivoque, insolent : don’t fucking waste my time. Néanmoins, il enchaîna, avant même qu’elle ne puisse lui répondre, coupant court aux arguments qui germaient dans sa tête brune : « Mes gars sont clean », commença-t-il, « je l’ai ai vérifiés personnellement ». Quiconque connaissant les méthodes de travail du britannique savait qu’il ne laissait rien au hasard et gare aux imbéciles qui pensaient pouvoir le duper. Il leur faisait payer leur erreur au centuple. « Néanmoins, je leur ai demandé d’être plus vigilants et de me reporter toute information qui sortirait de l’ordinaire. Ce serait pure arrogance de croire que nous sommes à l’abri… trop de rats grouillent dans cette ville. Qu’en dit la hiérarchie ? » Même si la trêve inter mafia avait été ratifiée lors du Sommet de janvier, le britannique restait sur ses gardes. De nature suspicieuse, il ne faisait réellement confiance qu’à une poignée de gens, gardant les autres dans son viseur. Son instinct lui soufflait que quelque chose clochât mais il n’était pas encore parvenu à mettre le doigt dessus. Tirant lui aussi une chaise pliante, il s’installa face à l’italienne, la jaugeant du regard. La salle de sport étant au sous-sol, aucune fenêtre ne venait éclairer l’espace semi-industriel du lieu, si bien que les ténèbres avaient commencé à prendre leurs aises autour d’eux, jouant au chat et à la souris avec la lumière qui semblait avoir perdu un peu de son intensité depuis le début de leur conversation.


 

@Aura Sciarra | 27.07.2020

Aura ne pouvait pas dire qu’elle comprenait Lewis. Au contraire, elle ne percevait pas la profondeur de sa fierté, de son ego, et serait bien incapable de se rendre compte que devoir répondre aux ordres d’une autre personne, d’une femme, l’agaçait au plus haut point. Pour elle, il était si naturel d’accepter les règles et l’autorité, qu’importait de qui elle émanait. Homme, femme ou aucun des deux… En réalité, un ordre était un ordre, et son éducation la poussait à ne jamais le remettre en cause. Il n’y avait que les moyens utilisés qui pouvaient être modifiés pour mieux coller à son plan, mais la finalité resterait toujours la même.

Faire comme chez elle… Elle n’avait pas attendu qu’il le lui autorise. C’était là aussi la marque de fabrique de l’italienne. A l’aise partout, même au plein territoire ennemi. Rien ne semblait pouvoir la faire stresser, la faire sentir en dehors de sa place. C’était ce qui faisait d’elle une excellente espionne, non ? Toujours détendue, toujours en lieu et place. Sourire léger aux mots de Lewis, lui aussi jouait de désinvolture et contrôle sur la situation. Elle haussa les épaules, prolongea le silence un instant. « Le petit-déjeuner sera servi à 9h. » Pause. « Seulement si nous en avons fini avec cette discussion. » Sinon, elle le gardera en otage. C’était bien le seul avantage de son rôle, de sa vie en tant que sous-boss. Même si certains rechignaient à suivre les ordres d’une femme, on restait dans la mafia italienne, où les demandes des supérieurs étaient suivies quoi qu’il en soit. Et elle pouvait court-circuiter les décisions de Lewis si cela l’en enchantait. Donc, tant qu’elle souhaitait parler avec lui, pour évoquer l’avenir ou de futures missions, aucun de ses hommes ne pourrait venir les interrompre. Quand bien même quelques-uns tenteraient.

Aura évitait les ordres directs. Dans un semblant de lui accorder de l’attention et le libre-arbitre, chaque demande, décision, était tournée de la sorte qu’il puisse y répondre. Même si elle ne s’attendait clairement pas aux piques dont il enveloppait ses propos. « Si tu veux que ton business tourne encore à l’avenir, il va falloir accepter de perdre quelques heures. » Sans ça, rien ne durera. Little Italy se fera envahir, s’écroulera. Ce scénario était l’un des pires que l’avocate pouvait imaginer mais il n’avait jamais été aussi proche de se concrétiser. Et le regard sombre appuyait les propos balancés avec nonchalance. Cependant, aucun mot supplémentaire ne traversa la barrière de ses lèvres. Déjà parce que Lewis ne chercha pas à lui en laisser le temps. Ensuite, l’italienne n’aimait guère s’étaler. Evoquer ses propres business, son cabinet, son hôtel, ou même les espions grouillants entre ses doigts, tout ceci était bien futile. Ce serait contraire à ses principes que de développer les fils qu’elle tirait. Et d’un autre côté, ça l’arrangeait bien qu’on la pense désœuvrer. Ca lui laissait du temps libre pour ses traques, pour son recueil d’informations. Elle redevenait une rumeur, un simple fantôme dans un monde qui avait trop pris l’habitude d’entendre son nom, de voir sa tête…

Tout ça à cause de Bellandi.

Un jour, elle regretterait de l’avoir défendu, de l’avoir fait sortir de prison. Cependant, à y repenser, elle préférait tout de même avoir Alcide en don que Saturno. L’un d’entre eux démontrait un peu plus de respect, tout en comprenant ce que ce rôle signifiait… Après tout, c’était la raison pour laquelle elle avait laissé l’adoptif mourir… Pour l’avenir. Pour garder un certain équilibre entre les mafias. Pour éviter que la Camorra tombe entre les mains des Obscuris. Parce que les alliances que l’ignorant nouait ne lui avait pas échappé. Que ce soit avec la Calavera ou une faction encore pire que toutes celles impliquées à Arcadia. L’italienne n’avait juste jamais évoqué ses doutes, comme les preuves n’étaient pas suffisantes…

« Elle n’en dit rien. » Il fallait bien dire la vérité, Alcide était toujours suivi de près par les forces de l’Ordre. Quant à votre consigliere… Pour l’instant, la place restait plus ou moins vacante, parfois gardée par intérim par Marcelo. « Pour l’instant, on fait profil bas. On a déjà été visé par les Obscuri, les forces de l’Ordre continuaient de fouiner dans le coin depuis l’attaque de la Bratva dans nos rues… » Elle haussa les épaules. « Je ne pense pas qu’il y ait encore des traîtres parmi nous. » Le ménage, ça la connaissait. Tous ceux en qui elle avait des doutes étaient déjà morts, et même pas de sa main. « On profite encore de la trêve mais aucune directive n’a été définie pour le moment. » Pause. Le regard se perdit un instant dans la contemplation de la salle, vide de toute fenêtre. « Mais je pensais qu’on pouvait lancer quelques actions, si ça t’intéresse. » Parce qu’elle lui faisait un minimum confiance, puisqu’il était sous ses ordres…