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some bodies may be temples, but all are ruins at your feet (vance)

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some bodies may be temples, but all are ruins at your feet (vance) - Lun 2 Avr - 22:29

i think you will ruin me
La nuit était une amante indifférente. Enfantant les souhaits de ses plus tristes amours, elle recrachait ses enfants sans même se soucier de leur destin au petit jour. De son ébène, elle traçait les contours du monde, ses gamins grondant en son sein qu’il n’était de plus belle violence que les embruns qu’elle menait à leurs lèvres en manque de ces espoirs faisant battre leur carmin. La rue jalousait les bambins de sa triste tourmente, recrachant avec aigreur ces fous alités incapables de respirer sans ces fumées leur déchirant les bronches. Sans plus de cérémonie, le Kvasov s’était échoué le long du pavé. Régurgité à même celui-ci, il portait avec difficulté l’ébène de son habit. Le noir lui collait à la peau quand ses traits peinaient à en porter le fardeau. Fiévreux gamin incapable de lutter contre la folie rongeant son ichor, il avait courbé l’échine avant même d’enfanter lutte. Il acceptait la chute, accueillant sans regret le carambolage qui le laisserait scarifié à jamais.
Le Klub Obsesja tremblait déjà au rythme des basses délitant ses murs. Les corps en transe s’embrasant et se repoussant en suivant une cadence obscure pour tous ceux ne prenant pas part au mouvement. C’était une marée d’âmes qui se damnaient aux pieds de la nuit, immolant leur innocence contre quelques grammes d’espoir et d’embellie. Coincé au plus profond de sa carne, le Kvasov sentait l’inspiration bloquée entre ses côtes. Ce souffle qu’il ne pouvait exhaler sans finir la chair à l’envers de ne savoir plus comment exister. Pas quand ses doigts se faisaient vulnérabilité, vulgaires extrémités peinant à calmer les tremblements les traversant. Pas quand son thorax peinait à se soulever, l’air manquant en ses poumons sans qu’il ne puisse retrouver son souffle. Le gamin n’était plus qu’une plaie, servant ses habitués avec indifférence quand bien même ils l’invitaient à danser, à s’enivrer. Oublier. Juste, oublier. Sauf qu’il avait oublié Grisha. Il avait déjà oublié comment passer au-dessus de tout ça. Comment faire taire le grondement en ses poings et assourdir ces murmures lui rongeant le carmin. Il avait oublié comment appeler son frère. Composer son numéro et espérer tomber sur autre chose qu’une boite vocale lui faisant souhaiter être seul sur terre. Il avait oublié comment faire taire le vacarme sous son crâne et arrêter cette urgence le rendant fébrile. Il avait oublié et pourtant il ne pouvait oublier les pilules trônant au fond de sa poche. Celles qui peinaient à enrayer les hallucinations, celles qui n’arrivaient pas même à faire taire ses vieux démons. Il ne pouvait oublier les mots de Yuliya et ce besoin qu’il avait de rire pour ne pas finir en sanglots. Il ne pouvait oublier qu’il y avait un étranger et en sa carne et qu’à force de réfléchir il ne pouvait affirmer que ce n’était pas lui l’étranger.
Servant un énième alcool, le nectar s’écoulant dans la trachée de ces noyés en manque d’oxygène, le ruskov les contemplait avec un dédain amer sans jamais pourtant se refuser un peu plus de cette ivresse liquide. Pourtant, il savait qu’il n’aurait pas dû. Pas quand il prenait ses médicaments. Pas quand sa psychée était déjà si instable qu’il n’aurait suffi que d’un peu d’incertain pour qu’il vienne à imploser. Il n’était déjà plus qu’un nerf à vif et pourtant il jouait avec la plaie. Quand bien même il en mourait, le gamin avalait un énième verre de cigüe, accueillant le poison comme une vieille compagne revenue à la raison. Sous les yeux de ces rêveurs en manque de réalité, le barman s’effritait en un silence porté par les beats d’une musique qu’il ne reconnaissait même pas. Même plus à force de trop l’avoir entendue. L’amertume remontant sa trachée, il sentait le ressac ramener au port son aigreur délavée. Sortant de sa poche son paquet de cigarettes, il fit signe à son collègue qu’il allait prendre une pause bien méritée. Clope en bouche, il retroussa les manches de sa chemise, dévoilant au passage le bandage fatigué, avant de se laisser fracasser par l’accueil d’un air douloureusement glaçant une fois arraché au royaume des morts dansants. Allumant sa mort sous forme de cylindre, s’évaporant déjà en volutes désaimées, le brun passa une main dans ses cheveux légèrement humide avant d’exhaler lourdement. Les murs peinaient à contenir la musique résonnant de manière assourdissante au sein du club. Piètre bâtisse peinant à enterrer en son charnier les rêves déçus de ces naufragés s’échouant en sa mer condamnée. Pourtant, ils y retournaient tous, agneaux sacrifiés aimant la main les ayant égorgés encore et encore. Crachant son fiel au fond de cette ruelle mal éclairée, c’était presque avec félicité qu’il découvrait son ombre avant de dévorer de ses yeux sa silhouette. Rien de plus que l’indifférence lavant ses traits, le Kvasov toisait du regard son ainé, son amertume pour toute égide sous laquelle se cacher. « Si tu veux quoi que ce soit, tu peux aller t’adresser au bar, Vance. » Y il avait une familiarité trop lourde suintant des syllabes de son prénom. Une proximité qui s’était installée entre les hommes sans que ces derniers n’en soient spectateur et, à cet instant, Grisha gerbait son fiel et sa rage sur ces quelques syllabes condamnées. Baissant les prunelles, clébard aboyant avant de faire marche arrière, il porta sa clope à ses lèvres en ignorant celui sous les doigts desquels il s’était déjà éteint trop de fois.

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some bodies may be temples, but all are ruins at your feet (vance) - Jeu 5 Avr - 21:03

Le spectre noir de la nuit était venu enserrer la ville de ses bras cajoleurs, baisant les plus téméraires de sa vergogne contagieuse dans un souffle froid qui intimait à ses suppôts de s’adonner à leurs sordides occupations.  Nyx la divine était à présent la seule spectatrice des bassesses de ces créatures retorses aux mœurs questionnables dont la réputation n’était pas à faire ou à refaire. Trop tard pour ça, hélas, les dés étaient jetés depuis longtemps.

Et ce soir la bête avait faim. Elle était venue gratter à la porte pour quémander son dû, et s’était faite insistante, suppliante dans son ventre bigarré d’ecchymoses azurées, vestiges de ces combats d’un jour précédent. Alors Vance avait cédé, et il s’était mis en chasse, au hasard des ruelles sombres où le chaland s’aventurait curieux, pour ne plus jamais en ressortir. Pas vivant en tout cas. En cours de route, l’homme au manteau anthracite brodé de fils d’or lumineux invisibles, s’était arrêté pour rouler deux ou trois péquenauds du coin afin de leur soutirer du fric en échange d’une poignée de mots dissimulés dans le coin d’un sourire canaille. À ce jeu-là il était devenu ingénieux, et manipulait le phrasé avec une habileté déconcertante si on s’en tenait à son passif de gosse des rues. Pourtant, les imbéciles tombaient tous dans le piège, ne voyant pas les griffes lacérer leur pauvre carcasse fade dans laquelle il laissait ses babines mordre aveuglement, mu par l’envie bestiale de se repaitre d’hémoglobine tiède. C’était tellement facile… Presque trop à son gout, il n’y avait plus l’exaltation liée à la traque de la proie : désormais le butin venait directement à lui. Exactement comme cette fille à la démarche chaloupée et à l’épiderme suintant l’alcool sucré à plein nez. Il avait suffi d’un signe de menton pour qu’elle s’approche et qu’il l’attrape d’un geste maitrisé pour tordre son cou fébrile entre ses doigts noueux exigeant. Un mélange ignoble d’eau de cologne bas de gamme mâtiné de tabac et de sueur souilla sa salive et il réprima une mine de dégout.  Il relâcha la silhouette de la gamine à la chevelure flamboyante qui tomba sur le bitume humide sans qu’il ne daigne lui accorder ne serait-ce qu’un regard supplémentaire. Bonne à rien songea-t-il, en essuyant ses lèvres tâchées de vermeil et les rares éclaboussures à la base du collet. Pas un met des plus délicieux, pas le pire non plus – il se rappelait ce clochard à la saveur fétide -, mais ça calmerait momentanément les ardeurs de l’animal. Pour l’heure il avait une fringale différente à sustenter, et Vance savait exactement où et comment il allait gérer ce penchant obsessionnel qui le faisait frémir d’une chaleur enivrante.  D’un coup de pied écœuré il poussa la malheureuse sur le côté, et remonta le col de sa veste pour filer en direction du sud d’un pas pressé qui trahissait ce bouillonnement spontané.  

Il débarqua au Klub Obsesja aux alentours de minuit, et se faufila à l’intérieur à travers une foule s’égrenant sur une musique chaotique aux tonalités brutes. Ce n’était pas vraiment son style – bien qu’il n’en ait eu aucun en particulier – mais les notes avaient ce don pernicieux pour arracher y compris à l’esprit le plus borné, des mouvements alanguis équivoques. Et, Vance comme tous les clients de passage ou récurrents, s’était abandonné plus d’une fois aux mélodies lascives qui s’enfonçaient dans l’être pour emprisonner l’âme et le cœur. Mais aujourd’hui il n’était pas venu pour ça, il était venu pour quelqu’un. Pour sa bestiole pour être plus exact, qu’il aimait user jusqu’à la moelle et voir mourir entre ses va et viens de vaurien outrageux. Il ne le trouva pas à sa place ordinaire derrière le bar, et s’échappa aussitôt de l’atmosphère moite pour regagner le dehors, où des groupes épars discutaient allégrement, en fumant.  Il le sentit avant de l’apercevoir le long du mur, clope à la bouche et chemise retroussée sur une peau albâtre. Vance se fendit d’une mimique étrange, et ferma les paupières pour s’imprégner de  l’odeur douceâtre de l’esclave de ses crépuscules abscons.  Grisha était une singularité à part entière dans son existence ; une singularité qu’il peinait à expliquer mais qui persistait malgré tout. Là où les embrassades étaient éphémères par choix volontaire de l’upyr, celle-ci s’éternisait.  Pire, elle revenait à la charge régulièrement, et s’il aimait s’en croire le maitre absolu, il craignait que sa  sempiternelle fermeté ne se fût étiolée considérablement. Tant pis, il trouverait forcément le moyen de régler ce problème à sa façon. Il s’arracha à la vue de la prison de chair safranée, et avança vers le belliqueux ou celui qui prétendait l’être. Un jeu que cette attitude revêche qu’il lui présentait au détour d’une œillade appuyée, Vance n’était pas dupe, il avait appris à mater le récalcitrant. Tôt ou tard il se soumettrait, il n’y échapperait pas.  « Si tu veux quoi que ce soit, tu peux aller t’adresser au bar, Vance. » Et déjà la prunelle fuyait son emprise pour se réfugier vers le sol, le geste arracha un rire sonore à sa gorge. « Je pensais t’avoir appris la politesse et comment te comporter. Faut croire que t’as toujours pas compris. » La voix se fit grondement sourd et il brisa les rares centimètres qui les séparait. Le souffle empreint de nicotine chatouilla son visage fermé, tandis que les orbes noires d’encre – seul véritable indice sur son identité - se fichaient dans les siennes. La main effleura la mâchoire du cabot d’une caresse brutale, et termina sa course entre les boucles du creux de sa nuque qu’il tira sans ménagement. « C’est toi que je veux, c’est toi que je suis venu chercher. Et tu sais très bien pourquoi. » Les doigts roulèrent plus bas, et son pouce appuya sur la pomme d’adam saillante. Lentement il exerça une pression dessus qui signifiait tout et rien à la fois, et se plaqua au plus proche du garçon. « T’as cru que tu allais échapper à ton maitre ? » Plus un ordre qu’une réelle question. Il profita de la promiscuité pour lui arracher sa cigarette, à laquelle il tira une bouffée salvatrice et poursuivit. « T’étais où l’autre soir ? » Il ne donna pas d’indications précises – il  n’en avait pas de toute manière -, il s’était juste pointé sans le trouver un peu plus tôt dans la semaine. De quoi frustrer sa luxure.
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some bodies may be temples, but all are ruins at your feet (vance) - Mer 11 Avr - 11:15

i think you will ruin me
Les ivrognes finissaient sur le pavé, le cœur en éclats alors que leurs haillons fatigués peinaient à camoufler la blessure. Ils s’emplissaient la trachée de nectar, inhalaient des fumées leur donnant l’impression d’être plein l’espace d’un instant. Sans jamais se soucier de cet objet qu’était leur corps, rongé par ces maux qu’ils n’osaient vocaliser. Alors, ils riaient plus fort, la jeunesse ivre d’être loin du mal-être. Ils parlaient jusqu’à s’en rendre sourd, criant au silence ce qu’ils ne pouvaient dire à l’amour. Ils se cachaient sous le rimmel, le mascara soulignant leur peine alors qu’un peu plus de rouge aux lèvres ils devenaient autres le temps de la fête. Se consumant comme la clope entre ses doigts, Grisha souhaitait aussi être autre. Son amertume s’accrochant à sa carne dans l’ombre pendant que sous la lumière ces manants désespérés prétendaient une seconde de plus d’être heureux. Le gamin avait trop vu leurs visages pâles. Trop vu ces sourires qui puaient l’arnaque, avec leurs lèvres rapiécées et leurs prunelles délavées. Il les avait trop vus se noyer que pour ignorer cet appel à l’aide mutique, ce cri de ralliement qu’ils entonnaient dans un silence dithyrambique. Pourtant. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’être leur. Pauvre bateleur de l’ébène, incapable de s’éloigner de ceux qui saignent.
Le Kvasov fulminait de ne pouvoir résister à son ainé, le nœud en ses entrailles se resserrant au fur et à mesure que le Callahan s’approchait. Quand bien même il aurait souhaité faire taire les voix dans sa tête, le brun ne pouvait empêcher ces réactions viscérales de le traverser à la vue de cet intemporel voyageur qu’il n’osait espérer. Plantant ses crocs dans cette rage lui enflammant le cœur, c’était au feu de ces émotions qu’il ne connaissait pas très bien qu’il s’ébroua l’animal. Préféré cracher son fiel que laisser s’écouler hors de ses lippes sa douceur, à peine eut-il le temps de finir sa phrase que déjà il baissait les yeux avec une docilité tacite. La voix de Vance s’éleva alors que Grisha pouvait sentir un frisson lui éclater l’échine. Malgré lui, son corps était un traite l’envoyant toujours au front, réagissant à ce maître qu’il n’avait pourtant jamais accepté comme divinité du foyer de sa chair. En un instant, l’homme était à portée de doigt, partout et pourtant nulle part. Le brun pouvait le sentir, le frôler de ses prunelles alors que ses narines s’emplissaient de cette fragrance douce amère l’invitant à l’apostasie. Incapable de résister à cet appel silencieux, le ruskov releva les yeux sur l’éphèbe le bénissant du revers de ses prunelles. Trop accaparé par sa contemplation que pour s’inquiéter de ses mots, le gamin exhala lourdement pris au piège par l’océan d’ébène de son regard. Frémissant avant même que la paluche du Callahan ne l’attrape, le Kvasov ne pouvait résister à cette violence passée sous silence alors que les doigts de l’autre s’attardaient le long de sa mâchoire avant de s’agripper aux cheveux à la base de sa nuque. Bestiole sans défense, totalement désarmée face à celui tenant les rênes, c’était la gorge dévoilée en un acte de reddition que Grisha contemplait l’inhumain. Les prunelles brûlant de n’avoir de mot à lui cracher à la gueule, il ne pouvait résister face à ces propos que Vance susurrait à son âme. Le gamin sentait en lui gronder l’animal en manque, celui qui courbait l’échine dès que son ainé apparaissait. Celui qui implorait le divin de le libérer d’un coup de hanche ou de l’achever de son doigté. Bête démunie face au manque, face à ce besoin lui lacérant l’espace entre les hanches, ce fut avec peine qu’il déglutit alors que les doigts de son maître glissaient le long de sa trachée, pressant sur sa pomme d’Adam avec impudence.
Malgré lui, Grisha était faible. Pauvre chose fragile prête à s’effriter entre tous doigts désireux de l’écosser. Le corps de Vance contre le sien, le garçon pouvait sentir son myocarde entonner un rythme fou, les cors en son thorax entonnant les chants d’un désir qu’il ne pouvait ignorer. Pour tout acte de révolte, ce silence lui sciant les lippes quand il se serait damné pour répondre à son maître avec félicité, le ruskov sentait son être humer le chant des condamnés. Chaque fragment de sa personne invoquant les doigts de l’autre pour se sentir exister, exalté, tourmenté. Humectant ses lèvres avec fièvre, c’était le souffle laborieux qu’il s’exclama étonné alors que son ainé lui volait son cylindre de nicotine. « Hey ! » Pas même un sourire à lui offrir, rien que l’indifférence l’étreignant en permanence, sauf quand les doigts de sa chose s’affairaient contre lui, Vance inhalait avec grâce le poison ayant d’abord gouté les lèvres de son amant. La volonté s’étiolant comme ces nappes de fumée s’échappant des lèvres de l’insensé, le Kvasov rêvait aussi de s’éteindre entre les lippes de son ainé. D’un souffle disparaitre dans les profondeurs de son être, n’exister qu’entre ses exhalations viciées. Gamin pris dans les phares d’une voiture, il n’y eut que les mots du Callahan pour l’arracher à la procession envoutante qu’était l’homme lui faisant face. Déglutissant péniblement, la poupée désarticulée se redressa, trouvant un plaisir certain dans la morsure des briques en son dos. Ce fut à deux mains qu’il repoussa Vance sans ménagement, le cœur exsangue d’être trop incertain. « Vas te faire foutre ! » La rage mal taillée de l’animal s’élevait péniblement entre ses lèvres alors que ses traits se délassaient. Les prunelles pleines de hargne, c’était avec fébrilité qu’il se tenait droit le camé. Repoussant sa drogue avec violence, c’était pourtant lui-même qu’il attaquait sous les yeux toujours si péniblement désintéressés de la source de ses tourments. « Tu fais chier, tu sais ça ? » Le battant encore trop plein de toutes ces choses l’ayant déroutés, ces mots le dérangeant, ces échanges mal digérés, Grisha grondait pour ne pas s’évaporer. Une main tremblante s’aventura dans sa crinière alors que le gamin recomposait ses pensées, déchiré entre ces êtres lui labourant la chair incapable de savoir qui il était. « T’arrives avec tes gros souliers comme si tout t’étais dû, mais j’ai une vie moi. D’accord ? J’ai une vie et je suis pas à ta disposition, putain. » Une vie qui l’attendait à cet instant, le rythme insensé de ces chansons pour condamnés dégoulinant des murs alors que le silence les enlaçait pourtant. Une vie qui l’attendait dans le cœur d’une femme pourtant qu’il abandonnait un peu plus à chaque instant. Un monde qui s’ouvrait à des possibles qu’il ne pouvait admettre quand la fièvre se faisait horreur et qu’il peinait à savoir ce qui se passait sous sa tête. Le clébard aboyait parce qu’il ne savait plus quoi faire. Parce que garder le silence revenait à l’inviter entre ses bras. Parce que dans le fond il n’était pas sûr de ce qu’il voulait à part ça. « Tu fais vraiment chier ! »
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some bodies may be temples, but all are ruins at your feet (vance) - Lun 16 Avr - 12:29

La lumière erratique des néons criards fatiguaient l’œil sombre de ses clignotements intempestifs. Outre l’appel du sang, il fallait composer avec les astres, quand ce n’était pas les inventions humaines qui le rendaient jouasse, en effritant son impatience. Les paupières s’agitèrent frénétiquement sur les charbonneuses pleines de vices et de promesses éphémères, et il oblitéra ce détail insignifiant pour se concentrer sur la proie d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Grisha ; petite carcasse vide à l’odeur alléchante, qui avait eu pour seul tort de venir quémander auprès de la créature un relent d’affection entre ses bras faussement cajoleurs. D’autres s’y étaient essayés par le passé : quelques-uns avaient trouvé l’absolution recherchée, une poignée n’avaient pas sût contenter son appétit animal, quant au reste, la bête s’en était repu allègrement en enfonçant son émail blanchâtre dans leur chair moelleuse. Mais le gosse brisait les schémas habituels ; il était devenu une erreur dans sa routine nocturne, dont Vance ne savait que faire, à part y succomber. Revenir pour mieux conquérir était la devise de ce lien pernicieux qui les unissait. Au fond, en dépit des mots acerbes susurrés de sa voix exigeante, ce fichu clébard faisait naitre monts et merveilles dans sa cage thoracique secouée par les miasmes de cette inclinaison insoupçonnée.

La poigne se resserra sur la gorge frémissante au pouls rapide sous l’épiderme tendu, et un rictus fier inonda les monts vermeils entrouverts. Il le contempla longuement, s’amusa du fiel illusoire sur ces traits opiniâtres qu’il mourrait d’envie de baiser et de mordre, et attendit patiemment la rebuffade. L’estomac se serra dans un grognement familier, se fit insistant, et douce litanie à ses oreilles. Il avait faim le monstre, faim de ce corps émacié aux contours abrupts, auquel ses reins venaient s’échouer avec délice dans une tendresse déguisée. Grisha était source de duplicité chez l’enfant des ténèbres qui s’affriolait de ses plus beaux atours sous les regards et les gestes flagorneurs implicites de la victime, attisant la fougue naturelle de son tempérament barbare. Et si Vance était cruel, il savait tout autant courber l’échine pour mieux embarquer le chaland dans son sillon, où l’on ne ressortait pas indemne. Manipulateur à ses heures perdues, plaisant lorsqu’il le fallait – vertueux Janus à deux têtes-, il avait pu s’égrener à loisir sur le chien, qu’il tenait désormais dans son gant de fer pour prévenir toute fougue de sa part. Les doigts s’emparèrent de la cigarette de l’effronté affable, et le tabac mêlé à la salive amère imprégna son palais humide. Les barrières safranées roulèrent sur l’orbite dans un soupire fumeux de nicotine. Le gout ne trouvait nulle comparaison dans ses souvenirs lointains, là aussi, Grisha était particulier tout comme le carmin qui inondait ses veines azurées. En le possédant de sa stature ébène, il n’avait pas pu se priver de savourer les effluves exquises, et s’était par la suite empressé d’effacer sa trace, de son pouvoir manichéen. Pourquoi tant de sollicitude quand il se contentait d’ordinaire de jeter les squelettes vidés ? Il ne se l’expliquait pas ; ne le souhaitait pas. « Hey ! » Le ton l’arracha à sa satiété mutique, et il le détailla en silence, tandis que le pantin inhalait les volutes nébuleuses, complètement immobile.

Le temps s’étira longuement, se jouant de ces hommes au fin fond de la ruelle mal éclairée. Et le rabrouement tant escompté arriva enfin, quand le plus faible le repoussa avec hardiesse. Mais du rejet il n’en avait que la palabre, car la gesticulation était dérisoire – à peine crédible - alors que le palpitant du malheureux s’affolait. Rien n’échappait à l’upyr, y compris ses tressaillements puérils. Une faculté utile pour mieux piéger son butin. « Vas te faire foutre ! » Le vocable suscita un rire moqueur chez l’immortel, qui ne pouvait qu’admirer la véhémence de Grisha. « Tu fais chier, tu sais ça ? » A défaut de réussir, il avait le mérite d’essayer, même si la fin de cette altercation sommaire était déjà toute annoncée. La pupille furibonde du cabot brillait d’indulgence suppliante et réclamante : Vance gagnait toujours, il avait appris à le rendre docile, et recommencerait si nécessaire. « T’arrives avec tes gros souliers comme si tout t’étais dû, mais j’ai une vie moi. D’accord ? J’ai une vie et je suis pas à ta disposition, putain. » Quelle vie, songea-t-il ? Quelle vie pour ce gosse perdu, prêt à se foutre en l’air auprès d’un fils du diable tel que lui ? Foutaises que tous ces babillages. Si il était si prompt à se perdre dans leurs étreintes chimériques c’était justement parce qu’il n’avait que ça pour exister. Lui. « Tu fais vraiment chier ! » Il parlait trop et la colère grimpait doucement à l’intérieur, se faufilait dans chaque interstice disponible, pour l’inonder de sa substance poisseuse noire pétrole.

En un pas, il retrouva sa place à quelques centimètres de Grisha prostré contre le mur de briques. La clope aux braises rougeâtres s’écrasa sur le sol, et vint mourir sous le bout de sa chaussure usée. « C’est tout ? T’as fini d’aboyer ? Tu me casses les oreilles, ferme la. » Vance n’était pas le mec le plus bavard qui soit, sauf pour entuber des clients, sinon quoi, il préférait l’action à la parlote futile. Et ce, précisément lorsqu’il était question de sombrer dans les plaisirs charnels. « Tu t’entends parler ? On dirait un môme capricieux. Tu crois que t’as une vie hein ? Mais t’es que la somme d’ambitions et de maux qui te dépassent. Ton libre arbitre n’existe pas. » Pour Grisha, pour lui, pour tous, la liberté était une vaste fumisterie à laquelle ils participaient en pensant naïvement avoir un choix quelconque quand ils n’avaient que des bribes de latitude. « Bien sûr que t’es à ma disposition Grisha. Tu penses tromper qui, quand c’est ton corps tout entier qui me supplie de le prendre dans cette ruelle ? » L’animal s’était rapproché, et ses griffes effleuraient à nouveau la peau veloutée dans le creux de son cou qu’il pinça, tritura légèrement pour y apposer une marque rougeâtre. Je te possède jusqu’à ce que j’en décide autrement. La main sévère, descendit le long de l’abdomen – se félicita des soubresauts perçus -, et termina sa course sur l’entrejambe de cet adoré au teint figé. D’un mouvement volontairement lent, il massa le priape sous le tissu, dans des va et vient explicites, qui attisèrent son besoin de le faire sien, de l’entendre gémir sous ses coups de reins possessifs. Sa bouche se fraya un chemin sur le côté, il embrassa le collet bouillonnant et mordilla son lobe. « Dis-moi que c’est pas vrai, essaye pour voir. » Il le relâcha satisfait de la besogne mais pas complètement rassasié – pas du tout même, ce n’était qu’un avant-gout de ce qu’il lui réservait. Le loup s’était fait agneau et réfrénait pour l’instant ses pulsions intimes. Il était plus jouissif de le torturer, de le voir abdiquer et quémandeur de caresses prometteuses. Un comportement qu’il devinait aisément chez son interlocuteur aux barrières affaissées.
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