perdue.
perdue dans les méandres d’une vie métamorphosée.
perdue dans cette sensation d’être coupée en deux.
la faiblesse semble s’atténuer au fur et à mesure des jours qui passent tandis que la force irradie, tandis que les qualités refont surface pour tenter d’annihiler les gros défauts. mais ils sont toujours là, plus pernicieux que jamais ; d’autres besoins sont nés.
jamais elle n’aurait osé concocter des poisons létaux dans son arrière-boutique, les opales fixées sur les dalles erratiques qui jonchent le sol terreux.
jamais elle n’aurait osé s’aventurer dans les rues infectées par la pourriture et la délinquance, par les miasmes des êtres ayant foulé le pavé ; jamais elle n’aurait osé s’aventurer dans un monde édulcoré par des petits cachets placés sur le bout d’une langue rosée.
les vices auparavant passifs, balayant son être sans pouvoir s’y raccrocher, ont fini par trouver un habitat où se poser. et ils s’amoncèlent, et les péchés étouffent la vertu.

monstre à l’apparat luxueux, serpent venimeux, elle écrase de sa présence les passants retardataires, pressés, typiques du downtown. les dents qui viennent égratigner la lèvre inférieure alors que l’humaine qui subsiste enfouie quelque part dans le savant-mélange devenu valkyrie s’écroule face à la nervosité. la valkyrie, elle, lève haut la tête ; dans ses vêtements hors de prix qu’elle s’était pourtant promis d’arrêter de porter, madaline semble fixer les gens avec hauteur, avec arrogance, hautaine. pourtant, ce n’est pas réellement ce qu’elle veut faire…
mads, elle n’est que solitude.
mads, elle n’est plus vraiment intéressée par la sollicitude.
le rendez-vous d’aujourd’hui devrait lui remettre les idées en place. devrait la rassurer. devrait la calmer. devrait la divertir au moins.
mads, elle ne croit pas vraiment à ces diseuses de bonne aventure qui cajolent une main pendant quelques minutes avant de trouver un destin tout tracé et des solutions approximatives pour une personne naïve. mais mads, elle a besoin de faire quelque chose… de se bouger.
si elle ne peut rien faire pour garder davantage grisha à ses côtés, si son avenir ne lui semble pas franchement éclairé, elle peut au moins tenter de comprendre… peut-être sera-t-elle surprise ? peut-être que l’être qu’elle s’en va retrouver est doté de dons inconnus, capable de déceler l’avenir, le vrai ?
ses talons hauts claquent sur l’asphalte. les gens se bousculent. la vie pullule. et bien vite, madaline arrive au coin d’un café qui ne paie pas de mine, un café où ses parents n’auraient jamais accepté de la voir traîner – quel bien leur en fasse ! mads ne fait plus que ce qui lui plaît.
s’ils savaient… à quel point l’ange épuré est devenu souillé…
s’ils savaient… que le jour où le cœur de madaline s’est arrêté durant quelques microsecondes, c’est une toute nouvelle entité qui est venue l’habiter…
heureux les simples d’esprits. heureux les ignares et les inconscients.

ce n’est sans doute pas aujourd’hui que mads découvrira la grandeur d’une vérité éclatante qui lui dévoilera ce qu’elle est censée accomplir ou son rôle sur terre – un rôle qu’elle n’a de cesse de chercher depuis qu’un instinct protecteur et un besoin extrême d’agir est venu lui chatouillé les entrailles.
mads s’avance, ne tarde pas à reconnaître le medium qu’elle avait contacté et qui lui avait donné une brève description physique.
« bonjour. »
elle marmonne. elle n’a jamais fait ça, madaline ; elle ignore la marche à suivre. elle s’assoit face à lui, sourire discret de circonstance s’attardant sur ses lippes rougeoyantes.
perdre de l’argent en vain ne la dérange pas ; elle ne demande que ça. à force de lutter pour une indépendance méritée mais jamais réellement effleurée, mads se persuade que les géniteurs finiront par se lasser de jeter l’argent par les fenêtres en le lui donnant. mads ne le dépense absolument pas comme il le faudrait, évite les placements, ne souhaite absolument pas le faire fructifier. et la voilà qui s’en va le glisser dans la poche d’un inconnu qui lui sortira quelques banalités contre un gros tas de billets.
elle le détaille pendant un moment, ne sachant quel geste esquisser, si elle doit sortir l’argent tout de suite ou attendre un geste de sa part. elle fait signe à un serveur et commande un café bien corsé dans lequel elle ne tarde pas à tremper ses lèvres.
l’inconnu ne ressemble tellement pas à l’image qu’elle s’en était faite… non seulement elle associerait davantage ce genre de métier à une femme, mais il semble également incroyablement jeune. les opales de mads passent et repassent sur son visage, essayant de lire en lui sans y parvenir. les mains de la belle s’attardent un instant sur le collier qui orne son cou, et dont la pierre d’ornement doit frôler un prix indécent.
si elle n’avait pas eu une telle naissance, qui serait-elle aujourd’hui ?
si elle n’était pas poupée esseulée dans sa tour ivoirine à attendre quelqu’un capable de l’en libérer, qui serait-elle aujourd’hui ?
où en serait-elle ?
et ne devrait-elle pas cesser d’attendre pour s’emparer de son destin à deux mains, l’avenir remplaçant l’épée entre ses paumes évanescentes ?

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mads et kenny/icons by sial

https://youtu.be/m3WCffnhxG8

inspiration profonde, son dos épouse la forme de la chaise mollement - pendant que ses jambes, elles, affalées, profitent du vide bientôt occupé. la lèvre inférieure pincée, la pensée est déjà trop occupée à s'affairer à quoi dire, quoi faire, comment rassurer, comment donner de cette soudaine bonne fortune pour faire d'elle un prénom à rajouter sur la liste des illusionnés. sans doute que la honte devrait pointer, miroiter dans son crâne comme un gyrophare au bord de l'implosion. il devrait sentir ce semblant de culpabilité - d'humanité de faire perdre de l'argent bêtement, sous un potentiel retour de pièce, d'un pain tel qu'il en retournerait sur le ventre quelconque combattant bien entraîné. il s'étire kenny, il s'étire et il regarde avec attention le fond de son café, avant de redemander une autre tasse - à peine sucré, de quoi éveiller ses sens sans le dégoûter de cette amertume trop prenante. et soudain, soudain le sourire vient s'afficher sur sa gueule palote - elle a pas annulé, elle a pas laissé de côté ses doutes pour préférer la rationalité. alors l'estomac se tord dans une danse maladroite, celle de bientôt renflouer les poches déjà trouées - et d'offrir dans des prunelles éteintes une étincelle volée dans le réverbère de la ruelle à côté. il racle le fond de sa gorge, kenny, se remet droit pour s'offrir fière allure - alors que de statut il n'a que celui de charogne bonne à se taxer les dernières tripes cuisantes au soleil. coudes qui se posent sur la table, l'air détendu - celui qui sait ce qu'il fait, mais qui dans sa grande vérité ne fait qu'improviser.
- bonjour. tête penchée sur le côté, face de chiot qui pige qu'à moitié ce qu'on lui raconte, et le silence s'installe à mesure - sorte de gêne habituelle qui ressort le ridicule de situation. qui dans son bon sens viendrait demander une lecture dans les étoiles, dans les cartes ou dans les feuilles ? personne. et tout le monde veut se croire intouché par ces forces obscures dont se jouent les vipères sous roches polies. il papillonne des cils, laisse s'échapper un petit rire de convenance.
- on peut s'tutoyer si tu veux, on est pas à ça prêt. autour ça papote, autour ça vivote, autour ça bat avec puissance et inconvenance - lui veut créer une bulle de naïve confiance, où il pourra l'emporter sans peine les yeux fermés. les sourcils se froncent, les iris se perdent sur la mine de l'autre. et j'm'appelle kenny, au cas où ton contact, ton amie, ton - j'sais pas quoi, t'aurais pas t'nu au courant de qui s'cache derrière son petit bonheur. vantard qui joue du violon avec les dents. donc tu eeees... miss leslie. sans carnet de notes à l'appui, à préférer tout baser sur sa mémoire, quitte à louper le coche en créant en fin de course un mensonge d'ordre personnel - ou bien mortel.

- tu cherches quoi exactement ? où sont tes doutes ? tes questions ? adieu les encens doucereux pour les narines affutées, adieu les colliers de cristaux à faire tourner au-dessus d'une page rongée par l'encre, adieu le classicisme de la roulotte et du vieux chat noir. kenny qui, dans sa bêtise tente d'enlever le voile de poussière sur ces sorcières - mais qui pourtant, prend en compte ce frisson dans sa nuque qui ne saurait partir, à l'accroche des yeux de miss leslie. comme une chaleur réconfortante - comme une promesse de mômes sous une nuit étoilée.

elle se sent stupide, d'être là, à le dévisager.
elle se sent stupide, d'être là, à espérer.
peut-être que dans les façons et les manières qu'il a de deviner un avenir à jamais inconnu, il parviendra à lui donner les réponses espérées.
elle se sent d'autant plus stupide que les réponses, elle les a déjà. se lever, se battre, combattre le vice qui s'est insufflé dans son corps comme autant de poudre blanche dans son nez ; petite mort au physique plein de pureté.
c'est un peu ce qu'elle est mads, au fond. sous la couche de diamant brut impossible à fracturer, faiblesse qui se reflète dans les opales mornes. et puis sous cette faiblesse qui lui donne des nausées, il y a de nouveau un relent de force impitoyable, rose aux épines tranchantes. sourire qui flotte quelques instants sur les lippes tandis que l'esprit s'embrume, que l'esprit s'évade. poisons qu'elle s'imagine trôner entre les doigts, quelques goûtes de l'un ou de l'autre à glisser dans un verre.
pourquoi pas dans sa tasse à lui ?
plante carnivore qui se plaît parfois à imbiber quelques artifices d'un poison inodore, indolore, mais ô combien violent dans sa morsure immédiate. elle n'est que faux semblants, mads, aussi dangereuse qu'un chérubin quand on se perd dans ses opales noisettes… plus létale qu'un cobra en réalité.
- on peut s'tutoyer si tu veux, on est pas à ça prêt.
elle se nimberait presque avec indécence dans cet air hautain que ses parents lui ont si souvent montré, et qu'elle a copié par mimétisme forcé. elle arguerait aisément qu'ils n'ont pas élevé les cochons ensemble, qu'elle sait parfaitement qu'il empochera de l'argent gagné facilement pour raconter des balivernes plus grosses que lui – pas dur, en soit.
et pourtant, c'est un sourire dentelé qui vient répondre à la requête, ronronnement léger qui s'évade dans l'air bruyant de se trouver face à un être si charmant. et y'a aussi ce petit coup au cœur qui la secoue, comme s'ils étaient liés au niveau cosmique. tête légèrement penchée, opales qui fixent le minois du médium avec une curiosité dévoilée.
- jusque là, c'est un sans faute.
elle répond avec un rire gracieux quand il énonce son patronyme – qu'elle connaissait déjà mais qu'il n'est pas désagréable de rappeler – et déclare connaître le sien.
- déjà un étalage de tes talents ?
elle demande, sourcil haussé. elle fouille la table du regard à la recherche d'un carnet, mais se persuade rapidement que retenir un nom n'est pas si compliqué. quant à savoir comment lui s'appelle… serait-ce autre chose que de la stupidité s'il était incapable de le conter ?
le tutoiement ne lui semble absolument pas naturel ; si un lien existe bel et bien, elle ne tutoie que ses amis les plus proches… et force est de constater qu'elle ne le connaît pas. ne le connaîtra sans doute jamais. elle n'est là que pour trouver des réponses qu'il ne lui donnera absolument pas, à moins que de précieux conseils parviennent à violer ses lippes – sans talent divinatoire aucun.
- tu cherches quoi exactement ? où sont tes doutes ? tes questions ?
un sourire fend l'étendue carmine.
- ne devrais-tu pas me le dire ? ou le savoir, du moins ?
elle croise les jambes, se tend davantage sur la table pour le fixer droit dans ses prunelles sombres. il ne faut pas être einstein pour y lire tout un tas de choses, mais surtout la cupidité. qui ne serait pas dans son cas ? après tout, mads fait partie d'une élite… combien même elle souhaiterait s'écraser du haut de sa haute tour, le talon de ses louboutins écrabouillé, les genoux écorchés sur le pavé dégueulassé. et la grosse majorité des gens peuplant arcadia – et sans doute le monde – n'est pas aussi bien loti.
elle se mordille la lèvre inférieure, une culpabilité soudaine et mordante la dévorant. elle devrait s'extasier des richesses qui sont les siennes, de l'aimabilité de ses parents aimants qui souhaitent qu'elle ne manque jamais de rien… et pourtant, cette rage bouillonnante est bien la sienne. une injustice qu'elle pointe du doigt injustement. elle n'en était déjà pas très enthousiaste avant la valkyrie… mais depuis que les moignons d'ailes s'échauffent inutilement dans son dos cambré, mads est dépitée. mads est déterminée, mads est violente, mads n'est qu'émotions trop puissantes.
- je viens un peu sans raisons.
elle avoue, les lèvres un peu pincées.
- à moins que tu ne parviennes à me dire où mon destin va me mener… et quand il va venir me chatouiller.
elle hausse les épaules, nonchalance faussée. son palpitant pompe assidument, la peur et l'appréhension – mêlée d'excitation – d'une potentielle réponse favorisant ses élans. la valkyrie réclame un but, quelque chose de grand pour lequel se battre. et ce n'est clairement pas le temps qu'elle passe à voir un monde édulcoré grâce à quelques substances chimiques et les tables de poker auxquelles elle s'adosse si souvent qui vont remplir ce besoin irrépressible qui l'anime.
sauver grisha de lui-même serait déjà un bon début… si seulement elle savait pas où commencer. si seulement elle était persuadée que c'était la chose à faire.

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c'est qu'elle est mignonne avec sa face de première de la classe. c'est qu'elle est adorable avec son petit sourire poli, qui peut en dire beaucoup sur ce qu'elle pense à l'arrière. c'est qu'elle paraît tellement clean qu'il aimerait bien gratter la surface pour y voir les serpents sous la roche - mais kenny se tait, kenny écoute et kenny a envie de se marrer en l'entendant sous-entendre de ces aberrations que seuls les médiums peuvent potentiellement apercevoir. savoir qui elle est. savoir qui elle fut. lui il peut seulement siffler une chance dégoûtante dans la semaine à venir, suivie de quelques seaux de flotte sur la gueule en sortant jeter les poubelles. les bras se croisent sur son torse en même temps que sa tête se penche - elle veut joue à celle qui prendra l'arnaqueur à son propre jeu. mais il perçoit, mais il sent - il sait, et il en claque un sourire en coin de lèvres qui pourrait faire le même bruit qu'une allumette qui craque. finalement il se penche kenny, il cale ses coudes sur la table, joint ses mains pour former un petit poing qui blanchit sous sa propre pression. il regarde autour de lui, se donne l'air d'un agent en pleine mission - il est vrai cependant que personne ne doit savoir, que le commun des mortels n'a pas accès à leurs connaissances, à leurs horreurs cristallisées sous le voile des créatures. il baisse un peu la tête - joue du silence pour la pause dramatique.
- ouais, bah avec moi sous peu. un sourcil se hausse, le cou se redresse finalement et il se rapproche un peu plus, voudrait souffler à l'oreille sans le pouvoir - alors il reste à distance, marmonne sur ses lèvres à l'odeur de clope et de café froid. pour une super warrior du nord, j'te trouve pas très fut-fut miss leslie. rire de mise qui pourrait donner un côté macabre à sa parole - mais qui pourtant se veut clownesque. il se laisse retomber mollement en arrière, le haut du bras qui vient prendre avec nonchalance la forme du dos de la chaise.

- j'vois que les prochains jours moi. si tu voulais l'pack complet t'aurais plus gagné à voir un médium. mais j'peux te garantir que c'est pas du chiqué c'que j'peux te dire.
lèvre inférieure pincée, lueur cinglée.
- ta vie va prendre un tournant. un chouette tournant.
sans se vanter - sans se mettre la couronne sur le crâne. il bougeotte encore kenny, attrape le poignet de la donzelle avec douceur, ouvre sa paume pour y analyser les lignes dont il connaît les bases grâce aux images dans des bouquins. il pose ses doigts, trace une marque.
- c'est ta ligne de chance celle-là. et elle est longue. assez longue pour m'souffler que tu s'ras sous une bonne étoile. ou un ange. ou c'que tu veux.
ou un putain d'enfoiré de leprechaun.

le médium, keke magorian – le véritable patronyme reste définitivement scellé dans un recoin perdu de la caboche – l'intrigue au plus haut point. mads se retrouve incapable de le quitter du regard, à la fois par curiosité et fascination, et en même temps par méfiance.
qui sait ce qu'un homme comme lui pourrait faire lorsque l'on a le dos tourné ? le sac à main qui pendouille mollement sur le dossier de la chaise serait sans doute le premier à être éventré dans un meurtre teinté de discrétion.
mais le médium fait vibrer toutes les alarmes internes de la gamine leslie. elle ne parvient pas véritablement à comprendre le sens de ces alertes mais elles sont bien présentes. elle a le sentiment, mads, qu'il est ces êtres auprès desquels il vaut mieux ne pas demeurer. la fourberie et la sournoiserie qu'elle lit dans ses opales affales l'effare. mais à quoi devrait-elle s'attendre, pigeon élégamment vêtu venu trouver un pigeonnier ?
- ouais, bah avec moi sous peu.
elle serait presque tentée de s'offusquer. pas parce qu'elle l'est réellement, mais surtout parce que jouer les gamines effarouchées a tendance à l'amuser. et parce qu'elle aimerait tellement lui donner raison, à lui et aux préjugés qui juchent sans doute déjà sa caboche en voyant son allure.
oh, s'il savait de quelle manière madaline s'efface au profit de mads… à quel point elle s'enfonce dans les vices jusqu'à perdre haleine, jusqu'à perdre son souffle. et s'il savait à quel point elle brûle de l'envie de protéger tout autant que de détruire… quelques goûtes d'un poison violent glissé dans un breuvage pour se débarrasser d'une cible compromettante.
oh, elle a changé mads.
oh, s'est envolée l'innocence.
la valkyrie apporte une dualité nouvelle et l'humaine perdue sous la couche de vernis ne sait plus choisir entre ses élans opposés.
alors c'est un sourire léger et fugace qui enrobe ses lèvres. pas d'autres réactions à ses palabres abracadabrantes.
pour une super warrior du nord, j'te trouve pas très fut-fut miss leslie.
et le sourire s'efface.
et elle comprend alors les picotements qui lui remontaient l'échine et cette impression constante d'être en danger. pas un danger véritable, mais la présence d'un compère. et elle comprend aussi cette lueur qui brille dans les opales sombres.
vile créature.
- et toi tu n'es pas discret.
elle argue, reprenant son souffle après avoir été si étonnée d'être démasquée. elle se sent à l'étroit dans ce café. si ses mains ne tremblent pas encore, elle est animée du besoin d'aller se perdre dans les toilettes des femmes pour retrouver son monde coloré, dépourvu de cette bichromie désagréable.
parce que madaline, malgré son appartenance au royaume, demeure toujours terrifiée à l'idée que la bratva ne décide de s'intéresser à sa personne. quelle trahison pour une valkyrie que de délaisser les dieux nordiques ! mais madaline a dû se débrouiller seule quand est arrivée la fusion de deux êtres contradictoires et elle continuera ainsi. le royaume n'a été choisi que dans le but d'obtenir une certaine protection et d'utiliser à de bonnes fins – ou presque – ses talents naturels. et la voilà aujourd'hui, à apprécier la compagnie de la plupart des sujets…
- j'vois que les prochains jours moi. si tu voulais l'pack complet t'aurais plus gagné à voir un médium. mais j'peux te garantir que c'est pas du chiqué c'que j'peux te dire. ta vie va prendre un tournant. un chouette tournant.
haussement de sourcil un poil dédaigneux. et le poignet attrapé entre les doigts froids, et madaline qui a un mouvement de recul – très léger – d'être ainsi approchée.
- c'est ta ligne de chance celle-là. et elle est longue. assez longue pour m'souffler que tu s'ras sous une bonne étoile. ou un ange. ou c'que tu veux.
et elle éclate de rire mads. c'est pas condescendant, c'est pas moqueur, c'est juste une hilarité soudaine qui la prend. jusqu'à en avoir les larmes aux yeux, jusqu'à en oublier momentanément la cocaïne qui palpitera bientôt dans ses veines.
- tu es le premier à dire que j'aurais dû voir un autre médium. et tu me sors ton truc du tournant ?
elle hausse les épaules, récupère d'un mouvement leste et fluide son poignet dérobé. et ses doigts viennent effleurer l'endroit où séjournaient précédemment ceux du magorian, geste inconscient pour effacer la trace d'un contact non désiré.
- ce n'est pas que je refuse de te faire confiance – et encore, quoi que. simplement…
et là, mads hésite. ça n'a jamais été véritablement dans sa nature de se confier à un parfait inconnu… mais l'est-il réellement ? elle décèle une part de vérité dans son discours, à présent que ses opales sont ouvertes sur sa réalité. un lepreuchaun ne peut que forcer le destin à se pointer – d'après ce que mads en a lu. mais qui dit coup de pouce dit également rééquilibre de la balance. et de cette chance éphémère – presque illusoire – mads n'est pas certaine de vouloir en profiter.
- ma vie ne va pas s'arranger du jour au lendemain. quant à ta chance, je préfère m'en passer.
elle lui adresse un clin d'œil léger et un peu dysfonctionnel, s'emmêlant les pinceaux dans le contrôle de ses opales. le manque commence à se faire ressentir et l'obsession hurle dans un coin de son cerveau. mads n'est pas agressive, s'amusant plus qu'autre chose de la présence de ce médium.
- si tu veux bien m'excuser quelques minutes…
madaline attrape son sac à mains et s'évade dans les toilettes des femmes. après avoir fermé la porte des toilettes, elle attrape le joli sachet de couleurs sous forme de particules et se fait une ligne rapide.
c'est bien pour ça qu'elle s'est enfoncé dans la drogue, mads, pas vrai ? parce que sa vie ne s'arrangera jamais. parce qu'elle veut tant et qu'elle ne peut rien. parce qu'elle est coincée entre ses désirs instinctifs et primaires et que d'autres se battent le contrôle du corps. la valkyrie et mads sont incapable de fusionner, l'une comme l'autre ne cautionnant pas les choix de la moitié. incompatibles… est-ce que c'est possible ?