our lives don't collide, i'm aware of this (presence)

Invité

L'ambre s'écoulait, ne faisait plus qu'un avec le cristal qui vint épousé ses lèvres. Elles s'écoulaient par milliers, effleuraient sa langue, désaltéraient sa gorge asséchée, gouttes enivrantes, qui échauffaient ses muscles contractés par une indicible frustration. Elle effectuait une légère grimace, déposant le verre vidé de toute substance sur le comptoir. L'émeraude scintillait un instant, parcourant la salle quasi vide du regard, un soupir frustré qui s'envolait dans l'air, les doigts enserrés plus fermement autour de son verre. La frustration, sentiment partagé et nocif qui l'avait accompagnée ces derniers jours, lui laissant un sentiment insatiable, une envie qui se répercutait dans tout son être, qui amenait une certaine chaleur dans ses veines et ébouillantait son flux sanguin. Il n'avait cesse de la hanter, prunelles hivernales qui s'esquissaient dans ses pensées, un regard impénétrable qui avait su autant la fasciner qu'animer la rage en elle. Une colère ressentie après un abandon prémédité, lui donnant cet objectif de tout faire pour le sortir de son esprit, l'effacer de chacune des cellules de son être, mais il restait vivace et sournois, dissimulé dans l'ombre de son subconscient. Elle avait ainsi décidée de faire abstraction de cette attirance, de cette alchimie ressentie qui n'était qu'illusoire. La séduction était devenue primordiale, jouant de ses atouts, déclenchant inconsciemment « ce don » qui attisait le désir de ces mâles qui n'étaient que les amants d'une seule nuit, inconnus aux visages si vite oubliés et délaissés. Une autre soirée, une autre nuit qui s'avérait tout aussi prometteuses que les précédentes, plaisir qui inondait son être, plaisir qu'elle se devait de satisfaire, plaisir pour lequel elle vivait en partie, mais un message reçu avait suffi à éteindre cet incendie passionnel, un remplacement de dernière minute et nullement surprenant, il était en cause. Son côté je m'en foutiste l'agaçait, si différent du sien qui était un tant soi peu plus autoritaire et dans un certain contrôle, principalement en ce qui concernait cette profession qu'elle exerçait avec minutie. La tension était souvent palpable, ils se fritaient pour ensuite s'ignorer et vaquer ainsi à leurs occupations, sauf qu'en ce cas précis, elle était obligée de se rendre au bar vu que Monsieur avait préféré prendre sa soirée, gâchant ainsi la sienne. Elle le maudissait du bout des lèvres, les lèvres crispées, quittant son domicile après voir décaler son « rendez-vous » le lendemain, comptant bien laisser O'Hara en plan à son tour, mais elle attendrait le moment opportun, vicieusement, pour l'emmerder à son tour. La mesquinerie prenait place sur ses traits à cette simple idée, mais pour l'instant, elle était condamnée à rester derrière ce comptoir et satisfaire les boissons des quelques clients éparpillés. Elle s'ennuyait, profondément, ainsi passait-elle le temps à se servir des verres entre deux services et à attendre peut-être une occasion de s'échapper, regard qui planait sur les quelques hommes installés au comptoir, mais aucun n'alimentait cette convoitise, cette envie qui sommeillait au plus profond d'elle-même et qui ne demandait qu'à se libérer de ses chaînes qui la retenaient captive. Elle se concentrait alors sur l'autre aspect de son métier, espérant ainsi passer le temps et que cette soirée ne soit pas un échec total. L'alcool aidait à délier les langues, confessions qui lui parvenaient, les triant pour simplement retenir l'essentiel et ce qui pourrait lui être bénéfique et l'aider à toucher une jolie mise. Les heures s'écoulaient et le bar se vidait petit à petit, mais la nuit ne faisait que commencer pour certains qui traîneraient jusqu'aux petites heures matinales. Elle plissait les lèvres, son regard se posant alors sur une silhouette féminine, située au bout du comptoir, boisson apposée devant elle et qui était quasi vide, une jeune femme qu'elle avait déjà remarquée du coin de l'oeil, sans pour autant y prêter attention, sauf qu'une éternité semblait s'être écouler depuis qu'elle s'était installée sur ce tabouret, au bout du bar. Elle semblait attendre quelqu'un, son visage se tournant de temps à autres de chaque côté de la pièce pour ensuite se reposer sur la surface boisée. La blonde terminait son verre d'un trait pour ensuite le remplir à nouveau, les pensées enveloppées dans ce cocon de chaleur et d'ivresse, la poussant ainsi à effectuer quelques pas vers l'étrangère. « Je te ressers ? » Ce n'était qu'un prétexte, un moyen de lancer la discussion. Elle lui coulait un simple regard, ramenant le verre vers elle, verre qu'elle remplissait pour ensuite le repousser vers l'inconnue si silencieuse. « Tu es là depuis longtemps non ? Tu attends quelqu'un ? » La curiosité s'inscrivait sur son visage, coulant un rapide coup d'oeil vers les quelques personnes présentes, mais aucunes ne leur prêtaient la moindre attention. Elle amenait son verre à ses lèvres, buvant une longue gorgée, les prunelles smaragdines se posant à nouveau sur la brune, attendant une réponse de sa part à sa précédente question.