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Human Raw Material - Sam 19 Mai - 18:15


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Samedi. Il doit être 20 heures. Le ventre vide, Alcide Bellandi quitte son salon trop vaste. D'un pas décidé, il attrape au passage sa veste, un sandwich sous vide, ses clefs et claque la porte d'entrée. Il est l'heure.

Il s'engouffre dans sa bagnole, un 4x4 hybride aux vitres teintées, lui aussi inutilement trop grand. Un flingue gît sur le siège passager. Pas son préféré. Il le fourre tout de même à sa ceinture, par habitude. Le contact opéré, le moteur rugit comme attendu de lui, chaparde un sourire au truand. Une fois le garage ouvert, la caisse s'élance comme une lionne en chasse ; affamée, elle avale les mètres de béton et fait fi des feux écarlates. No stop signs, no speed limit, nobody's gonna slow me down, fredonne la radio avec hargne.

Dans les rues du quartier historique, la course folle retrouve toute sa raison. Le fauve ronronne, rassasié. Alcide l'envoie à la sieste une fois sa destination à bout portant : une église vétuste. St Margaret Church. La façade demeure digne malgré les fissures et la pierre noircie par le temps. Du lierre s'attaque furieusement à ses flancs. Le Père ne défend pas sa maison ; au contraire, il l'abandonne à la merci de la nature et des hommes, ses pires créatures. Et Alcide en est un des meilleurs porte-drapeaux. Pas de paradis pour lui. Ça tombe bien, il n'a aucune envie de passer l'éternité à jouer de la lyre et à entonner des Ave Maria. Les ailes l'encombreraient, l'auréole le démangerait. Il se montre néanmoins plus réticent à l'idée d'un séjour en enfer. Foutu Saturno. Mais au moins, il n'y fait jamais froid. Et il retrouvera son père, lui aussi un enfoiré de première.

Le réincarné pousse la première porte, lourde et sombre. D'un coup de pied, il entrouvre le second battant matelassé, qui ne se referme pas après son passage. Mécanisme rouillé. Le lieu est désert, silencieux comme une tombe. L'atmosphère est imprégnée d'une odeur latente, pourrissante. Celle du renfermé, du papier jauni et des cierges consumés à moitié, vissés à leur socle imitation argent. Certains bancs sont manquants, le micro du pupitre est arraché, les tentures sont flétries. Visiblement, personne n'a daigné remettre l'église en état. Seuls les vitraux sont encore opérationnels, quoique le visage des canonisés semble grimacer. Faut dire que plus personne ne vient les admirer, normal qu'ils souhaitent se tirer d'ici.

Alcide n'y met pas les pieds pour avouer ses pêchés. Il y passerait la semaine à coup sûr... Non, il vient pour se recueillir, à sa manière, et ne désire pas être reconnu entre les murs de sa paroisse. Un sanctuaire en ruines fait parfaitement l'affaire ; c'est pour penser à elle.

Après son trépas éclair, sa femme a laissé un vide derrière elle. Etonnant. Impensable. Risible. Il vient ici environ une fois par saison, sur l'idée d'un Vito endeuillé. « Peut-être qu'elle peut mieux t'entendre depuis une église. Tu n'es pas obligé de fréquenter celle du quartier. Mais je crois que ça la touchera de te voir faire le déplacement pour elle. » Une sottise dans ce goût-là. (Son fils pouvait en déblatérer quatre à la minute. Cinq dans ses bons jours.) Suggestion qu'il avait d'abord écartée, puis, après un essai, adoptée.

Depuis, Alcide la commémore, s'en souvient, s'adresse à elle, s'en prend à elle. Il lui fait la morale, parfois à l'oral, souvent par pensée. Regarde comme je ne t'oublie pas. Regarde comme je continue à t'aimer, malgré la vie que tu m'as menée. Regarde-moi. Regarde comme on se porte mieux sans toi. Regarde tout ce que tu rates. Regarde comme tu ne nous manques pas. Regarde-nous. Regarde et regrette. Regarde et excuse-toi. Et souviens-toi que tu n'es là-Haut que parce que je ne voulais plus de toi ici Bas. Mais toute cette odieuseté exige du carburant.

Assis au premier rang, Alcide sort le sandwich de sa poche, retire le film plastique. Il s'apprête à le mordre lorsqu'un pas résonne, trop lourd pour être celui de son fils. D'instinct, il saisit son flingue et se retourne, sans le braquer, parce qu'il le reconnaît. Tu m'as pisté, enfoiré ? « T'es venu te confesser ? » Le sermon attendra.





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Human Raw Material - Mer 23 Mai - 19:36


Parce qu’il a la haine facile. La soif de justice collée à ses basques lorsque la déité qui se partage sa carcasse décide d’ouvrir sa gueule. Peklenc qui l’a juré, le saccage de la privée ne restera pas impuni. Il l’a juré lui aussi, le tueur, l’assassin. Ironique pour un type plus habitué à tuer qu’à faire parler la justice. C’est presque se foutre du monde mais il s’en fout. Echo ou une autre, le résultat aurait été le même. T’es sûr ? Pas vraiment. Peut-être, il en sait rien et il veut pas savoir. Pour ne pas avoir à comprendre ce qui lui passe dans la tête quand il est question de la détective. C’est une nouvelle chasse qu’il a entreprit. Rassembler les pièces, une par une, doucement. Il est suffisamment incrusté dans l’univers mafieux pour savoir à qui il a à faire. Difficile d’ignorer qui est le Bellandi. Son rang, son influence. Ce statut presque divin qui le suit comme une ombre. Le sicario s’attaque à du gros, très gros. Il le sait, et peut presque ressentir un relent de trouille. Quelque part au fond du ventre, planqué sous la rage fauve et l’adrénaline anticipée d’un carnage qu’il désire en avance. La petite appréhension qui fait s’élever une voix de crécelle dans sa tête. Une alarme stridente qui lui gueule de faire machine arrière avant que la mécanique s’ébranle pour de bon. Le clac du chargeur enfoncé dans son réceptacle n’appelle plus à la réflexion. Décision prise et encastrée dans son cerveau, l’œil noir du tueur brillant de cette douce folie meurtrière. Le flingue qui se range, gentiment contre la ceinture de son jean, appuyant sur le creux de ses reins et planqué sous les pans de sa lourde veste en cuir. Se faire beau, au moins ça pour rencontre le don de la Nuova Camorra. Il en ricane tout seul, un grincement dédaigneux alors qu’il quitte son appartement.

S’enlise dans les ombres de la ville, après un détour près de l’antre de la proie. Il l’a vu partir dans sa bagnole rutilante. Ce genre de caisse qui en impose et qui étale l’opulence pour cacher la petitesse de celui qui la conduit. A se planquer derrière des vitres teintées, c’est pathétique. Il renifle tout son mépris et prend en filature le véhicule. Se gare à bonne distance de la destination qui le fait hausser les sourcils. Une blague ou il est vraiment sérieux ? Visiblement sérieux, à le voir pousser la porte du lieu saint abandonné à sa misère. Un peu comme eux, tous les rejets de ce prétendu Dieu, abandonnés à leur triste sort, sous les yeux d’un père qui leur chiale sur la tronche à chaque fois qu’il pleut. Religion et croyances sur lesquelles il crache. Pas croyant pour un sous, il abandonne sa caisse et se glisse à la suite du bonhomme. Silencieux comme un mort, Maciej passe la première porte. Un frisson lui bouffe la nuque lorsque se franchit la seconde. La décrépitude du lieu l’indispose presque. Cette odeur de pourriture lui retourne le ventre. Enclenche les premiers éclats de son hybris, comme un rappel raté des relents envahissants la morgue. Atmosphère figée qui lui donne la désagréable impression d’être écrasé par les fantômes régnant sous la voûte noircie par l’abandon qu’elle subit.

Un examen sommaire du terrain et les yeux du meurtrier s’appose sur la silhouette assise au premier rang. Au plus près du Seigneur. Presque touchant pour un type comme lui. Une belle fumisterie surtout, le sandwich prêt à se faire écraser par les chicots, c’est une offrande peut-être ? Sûrement pas. Il en a un sourire à mi-chemin entre le mutin et l’assassin qui vient se coller sur ses lèvres. Maciej qui avance dans l’allée désertée, le pas sûr qui résonne sur la dalle. Maintenant qu’il est là, se montrer discret n’est plus au programme. Il le voit qui se fige une fraction de seconde, le bras qui farfouille contre le bois du banc. Armé lui aussi, très certainement. Le contraire serait étonnant. Suffisamment malin pour ne pas menacer en premier, c’est bien. Serevo reste impassible, continue son avancée et vient s’installer sur l’un des bancs encore debout de l’allée opposée. Deux rangs derrière Bellandi. « - Je le ferais chialer s’Il devait entendre mes confessions. » Qu’il ricane dans un souffle. Une contraction du bide pour expulser l’air et la moquerie. « - On a un arrangement Lui et moi. » Un index s’agite dans l’air, désigne presque dans le geste l’autel bousillé. Ce qu’il peut détester ce genre d’endroit, ce malaise qui lui gratte le bide et lui donne l’impression de ne pas être à sa place. Il n’y est pas, c’est certain, le don non plus d’ailleurs.

« - Toi en revanche, tu dois en avoir des choses à lui dire. » Il se redresse et se penche en avant, les avant-bras en appuie sur le dossier du banc devant lui. « - T’en es déjà arrivé à la partie où tu lui expliques comment tu t’amuses à abîmer des innocents ? Il va adorer. » Parce que j’aimerais bien l’entendre, cette confession là. Pour voir si tu t’en veux ou si tu t’en fous, que je décide quoi faire de toi.
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Human Raw Material - Ven 25 Mai - 9:54


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Tu Le ferais vomir, Serevo. Les larmes, c'est bon pour les chagrins d'amour, les deuils, les retrouvailles et les SOS jetés en l'air. Le bon Dieu ne versera pas la moindre perle. Non pas qu'Il n'a que faire des horreurs commises par ses bestioles ! Parce qu'Il les sait perdues, vaines, creusées par l'erreur. C'est trop tard pour elles. Le vice s'est installé, s'imprime sur les carcasses comme le sang des épouses de Barbe Bleue. Et précisément parce que nous sommes tous perdus, Alcide considère n'avoir de compte à rendre à personne. Dieu peut aller se faire cuire trois œufs durs.

Un deal avec le Grand ? Alcide n'y croit pas un seul instant. Serevo ne parle pas, il grogne. Tout ce dont il pourrait écoper, damné comme il est, c'est un pacte avec le diable. Au fond, il n'est qu'un type comme lui, sans la bénédiction de l'Eglise, sans femme avec qui partager un toit. « J'suis pas venu pour ça, qu'il grommelle. » Alcide reprend sa place, le flingue dans la main droite, le sandwich dans l'autre. La distance est suffisante pour l'abattre, ou pour entretenir une conversation sans avoir à crier.

« T’en es déjà arrivé à la partie où tu lui expliques comment tu t’amuses à abîmer des innocents ? Il va adorer. La réplique le fait tiquer. Y a plus d'innocents. » C'est terminé, tout le monde a son sale secret. Pour certains, ce n'en est plus un. Parce qu'ils ont manqué d'organisation et de rigueur dans leurs gestes, parce qu'ils sont négligents, leur couverture s'étiole. Mais d'autres, rusés, prudents, influents, savent maquiller les restes, leur masque étincelle. Alcide ne se colle pas cette étiquette au front. Elle implique d'avoir commis une infraction, une très mauvaise action, et d'en avoir honte. Non, lui, il a toujours agi dans son bon droit. Toujours en accord avec la situation, les nécessités auxquelles on n'échappe pas. S'il a étouffé l'affaire Frances, c'est par pure commodité. On n'électrocute pas sa femme sans bonne raison. Il ne cache pas sa satisfaction, son soulagement : cette femme lui a apporté plus d'emmerdes qu'amour et jeunesse. Il n'est pas innocent, il a rempli son devoir. Pourtant, face au sicario, il préfère contourner la question, jouer l'ignorant, gagner du temps. Bien sûr, le bougre risque de s'accrocher à son discours comme une moule à son rocher. « A quoi tu joues ? Au chevalier servant, à l'ange gardien ? Change de disque, tu trompes personne. Dis-moi plutôt qui t'envoie. » Parce que toi, t'es de l'espèce de ceux qui obéissent, pas vrai ? Selon Alcide, Serevo n'a pas la dégaine d'un justicier. Plutôt celle d'un bourreau ; une faux sur l'épaule et le voilà prêt à détrôner la mort.

S'il était dépêché pour accomplir cette tâche, ce serait plié depuis longtemps. Le pas félin, le canon braqué, il lui aurait explosé la nuque. Mais non. Il attend. Des excuses ? Des aveux ? Des suppliques ? Il risque de repartir les poches vides. A moins qu'il ne veuille faire durer le plaisir. Doucement, Alcide explique ; « J'vois pas de qui tu parles, t'es pas assez explicite. Fais un effort ! Il se permet ensuite d'arracher une bouchée à son sandwich. Pas mauvais. Ses sourcils se froncent lorsqu'il déglutit. Mais toi tu t'y connais, en innocence. Tu connais son goût, pas vrai ? Et Dieu ce que tu me dégoûtes. Deux noms se télescopent alors, celui de sa femme, toujours, comme un spectre, et celui de Leandro Caito. Encore jeune dans la mort, vaillant soldat bouffé comme un apéricube. Raconte-moi Serevo... Tendre comme des joues d'enfant ? ». Nouvelle bouchée.





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Human Raw Material - Ven 1 Juin - 10:08


Pas venu pour ça, il en ricane en silence, le clébard. Bien sûr, les types dans leur genre se foutent des confessions. Pas assez de religieux pour les entendre, pas le temps non plus, il faudrait toute une vie pour écouter et ensuite offrir l’absolution. Son pardon, l’assassin le reçoit dans le sang qu’il répand. Un abattoir de l’humanité à ciel ouvert, pour purifier le monde des déchets qu’il se traîne. Comme cet Autre là-haut, devenir le juge et le bourreau et avoir un droit de vie ou de mort sur ses semblables. Pas qu’il les apprécie vraiment, ses semblables, le sicario. Ils ne lui ont jamais rien apporté de bon. « - Non t’es venu pour foutre des miettes dans un lieu saint… Drôle de respect. » Qu’il ricane tout en désignant d’un léger mouvement de menton le sandwich contre lequel le Bellandi s’acharne. Pas très classe de manger devant quelqu'un. Tu pourrais faire un effort, ou proposer de partager au moins.

Pris pour un con par un autre con. Ce genre de petit jeu n’a jamais été son fort et il sent déjà que son agacement d’origine monte d’un cran. Le poing se serre, machinalement et Maciej accable le bonhomme d’un regard noir. Evidemment qu’il ne comprend pas. Ce serait trop facile de se répandre en aveux aussi facilement et de cracher le morceau. Le cœur tressaute joyeusement dans la poitrine, charmé par la perspective d’une petite discussion beaucoup moins courtoise que celle qu’ils sont en train d’entretenir en ce moment. Pas fait pour causer, le chien de la Calavera, c’est un fait. Plus fait pour cogner, ça se sait. Gagner du temps n’a jamais été une bonne chose à faire face à lui. Patience d’ange dès qu’il s’agit de massacrer, si l’autre espère le voir se tirer sans broncher, il se fourre l’index dans l’œil, le coude et le bras avec. « - Personne, juste ma conscience. » Il hausse les épaules et se laisse retomber contre le dossier du banc. Pas franchement confortable cette merde. Pupilles noires se baladant sur le décor alentour, un intérêt feint sur la trogne de l’assassin. « - Tu vois elle a tendance à se réveiller, de temps en temps, et putain ce qu’elle peut être chiante. Je fais ce qu’elle demande, pour qu’elle se la ferme et me foute la paix. » Son timbre ruissèle d’un calme affolant. Ronronne sur les notes d’une douceur mielleuse. De l’index, il vient tapoter doucement sa tempe, illustre les mots et les problèmes que peuvent lui poser cette voix qui chouine dans sa tête. « - Tu sais, cette petite voix qu’on est censé tous avoir dans la tête. Dans ton cas, je pense que tu l’as mise en sourdine depuis un moment déjà. » Comment t’as fait d’ailleurs ? Pour qu’elle se la ferme pour de bon ? Ca l’intrigue presque de savoir comment un type pareil, qui présente aussi bien, peut être devenu aussi ignoble. Lui, c’est marqué sur sa gueule qu’il est mauvais, dangereux. Bellandi, à bien y regarder a la trogne du gentil père de famille. Le bon petit mari, avec sa jolie maison et sa femme parfaite. Monsieur tout le monde, banal à crever.

Les questions le dérangent, ça peut se lire sur ses traits qui se crispent le temps d’une brève inspiration. A peine un dérangement sur sa gueule de pierre tombale, et l’ensemble retrouve son calme plat. L’innocence n’a pas de goût, elle pue la mort. La carne qui commence à pourrir. Ce goût de sang caillé et de bidoche mal conservée. Ca lui retourne le bide rien que d’y penser. Fait germer l’envie aussi, comme un rappel à l’ordre, à cette soumission qui le domine, quoi qu’il fasse. « - Je m’en voudrais de te faire vomir ton repas du soir. » Qu’il minaude, moqueur. « - Y a rien à raconter, celui qui a des choses à dire ici, c’est bien toi. » Il se redresse, menace dans le geste mais ne se lève pas pour autant. Pas encore. « - Nightingale, tendre elle aussi dis-moi ? » Raconte je suis curieux de connaître ta version.
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Human Raw Material - Mar 5 Juin - 0:36


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Des miettes pour des pigeons ! Ils se nourrissent bien d'ostie. La foi, Alcide n'y adhère pas. On l'a tant forcé à assister aux messes qu'il s'en déclare sevré. Parce qu'il est orgueilleux. Terriblement gorgé de fierté, il lui est impossible d'envisager une force supérieure, une autorité à laquelle se plier. Alcide est un gars matériel sans saint à qui se vouer. Sans idole, si ce n'est son père crevé. Dix-huit ans qu'il a pris la relève de papa. Et la Nuova Camorra est toujours là, (tant bien que mal) maîtresse d'Arcadia. Alcide s'est persuadé qu'il ne doit cette ascension qu'à lui-même -- qu'à son père ; qu'à ce Zeus colocataire. Jamais il ne remerciera le ciel.

« Personne, juste ma conscience. » Alcide manque de s'étouffer puis de tout recracher. Toi, Serevo, tu as une conscience ? Grand fou, qu'est-ce qu'il te prend ? Etre esclave de sa propre tête, le calvaire ! Rien n'est pire que ce qu'on ne peut fuir. Alcide ne rencontre pas souvent d'opposition là-dedans, ses actes sont toujours conformes à ses intentions, aussi drastiques soient-elles. S'il a décidé que X n'a plus sa place sur Terre, il n'éprouvera pas une once de regret à l'éliminer. C'est programmé. C'est nécessaire, qu'il se répète. Une conscience, ça semble encombrant. « Parce que tu lui obéis à elle aussi. T'es bon qu'à ça ! Une conscience, c'est comme les hommes, ça se dompte; Il tient à ce creux, ce vide entre eux. Vivre à la solde d'autres hommes… cette simple pensée le fait frissonner. A choisir, il préfère mille fois rejoindre Frances. Et le désir de lui faire payer son encas ressurgit, crépite dans sa voix. Je la ferais taire avec plaisir. Tu n'as qu'à me dire s'il te plaît et tu l'auras, ta paix. »

Pourtant, c'est la guerre qu'Alcide cherche. Il a faim de querelles. Et le tueur enchaîne, ricane en abordant le fait. Il maintient son rôle d'accusateur, se redresse dangereusement. Alcide en tremblerait presque s'il n'était pas aussi fier. « Nightingale, tendre elle aussi dis-moi ? » D'ordinaire, ses rencontres vespérales gardent l'anonymat, leurs yeux et leurs courbes aussi, seul le besoin lui importe, le guide. Cette fois-ci, le patronyme lui tord doucement le visage. C'est la moue du souvenir amer. Pour peu celui du rappel d'un échec.

Nouvelle bouchée pour se concentrer. Il décide de se reprendre, pas question de se laisser impressionner. De se projeter à la place de son voisin. Ça lui en coûte, il n'est pas habitué à s'imaginer dans un rôle autre que le sien. Il envie peu, il ne rêve pas. « Qu'est-ce que tu me reproches ? D'avoir abîmé ton gibier ? Elle l'a mérité. Comme tous les autres. Elle l'a provoqué. L'a réclamé. Et il regrette presque de l'avoir laissée filer. La prochaine fois, il ne se gênera pas. C'est ce qui arrive lorsqu'on conteste ses ordres, qu'on joue à le persuader, à le contrarier. Une leçon comme une autre, inachevée qui plus est. Mais ne t'en fais pas pour moi : j'ai la conscience du travail bien fait, je la retrouverai. » Facile, ses papiers d'identité - son bric à brac de fille - sont restés au Thunder Fist. A moins qu'elle ne décide de déménager, il sait à quelle porte sonner.

Alcide avale sa dernière bouchée, dont les miettes viennent rencontrer le sol de pierre. Un peu goguenard, il ajoute. « Je m'arrangerai pour qu'il reste de quoi te faire les crocs... C'est que t'as l'air de tenir à elle. A moins qu'elle ne te tienne elle aussi en laisse ? Je peux te comprendre, c'est une belle femme, après tout. »





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Human Raw Material - Dim 24 Juin - 19:46


Ricanement noir, grinçant à fleur de langue, Maciej se moque. Tapote des doigts contre le dossier du banc devant lui, la symphonie de la destruction que l’autre est en train de faire germer dans sa poitrine. « - Je prends note. Si un jour je suis fatigué de l’entendre, je viendrais te faire signe. » Pour m’exploser la gueule juste devant toi et t’enlever le plaisir d’être celui qui m’aura achevé. Chien en laisse, il n’en reste pas moins le seul maître de son destin. La seule main qui pourra lui retirer sa liberté de respirer. Il ne compte pas crever, le clébard, pas encore, et certainement pas parce qu’un autre que lui l’a décidé. Trop égoïste pour offrir ce privilège à quiconque, seule chose qu’il possède encore, ce droit de vivre ou de crever. Trésor fragile et précieux qu’il refuse de perdre aussi facilement.

La moue sur la figure ennemie le fait sourire un peu plus. De cette courbure ourlant les lèvres fleurant bon le carnage. Celle qui fait frémir lorsqu’elle reste suffisamment longtemps pour être aperçue et comprise. Il ne s’en cache pas, le sicario. C’est évident de toute façon, qu’il est là pour régler des comptes. Faire sauter quelques dents pour rendre la mastication de ce foutu sandwich bien plus difficile. Vieux bonhomme, t’es pas loin de l’âge réglementaire du port de dentier, je te rendrais service. Un sursaut de rire silencieux lui agite les épaules, la blague résonnant dans son crâne, si fort qu’elle lui donne l’impression d’être une bille de plomb sautillant joyeusement d’un morceau d’os à l’autre. Mérité, le mot dérange. Appose sur la trogne une ombre glaciale et un éclat noir dans les pupilles déjà sombres. Personne ne mérite de se faire démolir juste comme ça. C’est trop facile, et il n’y a aucun plaisir à le faire. Hormis sur un ring où tout est permis. « - C’est ce que tu te racontes avant d’aller te pieuter pour te donner bonne conscience ? T’as si peu de couilles que tu frappes des nanas maintenant ? » Ses dents grincent presque tant ça l’irrite. Fait se tendre les nerfs jusqu’à les rendre douloureux. Il la sent, cette poussée d’adrénaline dégueulasse qui fait vibrer tout le corps. Ca gueule sous la carne, la voix du juste divin attendant le moment pour obtenir réparation. Il a vu, en entrant, la décrépitude du lieu. La poussière et la terre recouvrant les dalles saintes. Des alliés sans faille qu’il n’hésitera pas à invoquer pour mieux creuser la tombe du don.

« - A ta place, je me dirais que le travail a été bien fait et je l’oublierais. Ca vaudrait mieux pour toi. » Menace ouvertement balancée dans un grondement sourd. Toute la tension accumulée dans la carcasse se devine dans sa posture, les muscles qui se raidissent et poussent le corps à se redresser. Rester planté là, assit tranquillement est un supplice qu’il s’efforce de prolonger pour ne pas lui sauter à la gorge. Ce serait fort peu professionnel comme façon de faire. Une inspiration, profonde à sentir les côtes qui se gonflent pour reprendre leur forme initiale insuffle un vent de calme fragile à l’édifice. « - Ne t’en fais pas pour moi, je sais où me trouver des sandwichs. » Abonné fidèle de la morgue quand l’hybris lui défonce le ventre et la raison. « - Et tu as préféré lui refaire la gueule tellement elle est jolie ? Logique. C’est un job comme un autre, j’aime juste pas quand des abrutis se la jouent gros bras et foutent en l’air mon programme. » Des grands cons surtout. Il se mord la langue pour retenir l’insulte mais elle se lit sur sa gueule. « -Je m’en voudrais d’avoir à jouer les donneurs de leçons… » Hypocrite à crever, il pue la violence contenue. L’appel du carnage, le prédateur qui attend patiemment le premier geste, le faux pas de la proie qui enclenchera la mécanique.
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Human Raw Material - Dim 1 Juil - 16:50


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La paix n’a aucun goût. Enfin, si, un seul. Celui de l’accompli, de l’absence de peur. Mais la peur est un moteur ; la peur est nécessaire et intrinsèque, comment envisager un monde sans tracas, sans inquiétudes du lendemain ? A quoi bon vivre si on ne risque rien ? Les hommes sont joueurs, les dieux plus encore. Et Serevo n’échappe pas à la règle, c’est sa face ciblée d’un mauvais sourire qui le crie. Difficile de l’imaginer se flinguer pour une paix qui ne voudra pas de lui. Les mecs comme ça, Alcide doute qu’ils trouvent un jour le chemin du salut.

Par le marteau de Thor, ce type est effrayant. Pas plus grand que lui mais d’autant plus terrifiant. Noir comme un charbon mécontent, la voix granuleuse à faire dresser les poils de la nuque. Et puis, le voilà qui s’agite de légers spasmes, comme s’il plaisantait en parallèle avec un dieu pernicieux que lui seul entend. Alcide n’ose même pas imaginer ce qui se trame dans sa tête.

Se glisser dans la peau de quelqu’un, faire jouer les rouages de l’empathie, c’est loin d’être la spécialité d’Alcide. En partie parce qu’il n’en a rien a foutre : les ressentis d’autrui ne sont qu’anecdotiques. Qu’importe si le voisin est blessé, outré, désolé. Tout ce qui compte, c’est ce qu’il peut vous apporter ou ce qu’il provoque en vous. Et Echo Nightingale n’a fait qu’attiser une colère qui ne dormait que d’un oeil, la porte ouverte. Une colère certes un peu vieille, de l’acabit de celle qu’il ressentait lorsque sa femme le contredisait. Lorsqu’on fait jouer les mots contre lui, qu’on se prend pour plus malin et qu’on trifouille plus que de raison dans ses petits dossiers gardés sous clef. Alors oui, lui refaire le portrait, ça a été un remède d’enfer. Et même s’il s’en est tiré avec un trou dans la chair, pour rien au monde il ne renierait son geste.

« (…) T’as si peu de couilles que tu frappes des nanas maintenant ? T’es dur avec moi, Serevo. Si tu la connaissais pour de vrai, tu saurais qu’elle n’a rien d’une damsel in distress. Qu’elle mord comme une vipère et griffe comme un chat sauvage. Qu’elle est curieuse comme une fouine et fière comme un paon. Et qui s’y frotte s’y pique. Alors toi, t’appelle ça comment ? Une furie, une chimère. Une femme qui sait manier l’arme blanche, j’appelle pas ça une nana, qu’il grince. Il ne l’appelle pas. Il n’attend qu’une chose ; sa revanche. Impossible d’oublier cette soirée, de la ranger dans un tiroir mental. Alcide ne peut pas se satisfaire d’un affront sans réponse, ses “gros bras” ont terriblement besoin de ça. Les aboiements menaçants n’y feront rien, le mécanisme de la rancoeur est déjà enclenché. Et puis, admets-le, le bleu c'est sa couleur ! qu’il ajoute avec un rire. » Avant de se faire traiter d’abruti.

« Ton programme ? Ça l’étonne et puis ça fait sens. Bien sûr qu’avec sa gueule, Serevo doit être un maître du guet-apens et de la traque. Rabattre le gibier, l’essouffler, l’achever. Pour ce rôle, rien de mieux qu’un cabot à qui on a appris patience et discipline. Quant à deviner ce qu’il concocte pour la demoiselle… Une seule certitude ; les ordres viennent d’au-dessus. Qu’est-ce qu’il lui veut à ta copine, Costilla ? Le moustachu le plus connu d’Arcadia aurait donc le béguin pour la blonde… C’est peut-être lui qui l’envoie remettre les points sur les I. S’il s’agit bien d’un ordre venant d’en haut, Alcide en est vaguement froissé. C'est qu'ils ont un accord, on pourrait au moins le descendre avec les honneurs. Mais puisque le tueur se dit avoir obéit à sa conscience...

Il en faut peu pour le mettre en route, et Serevo commence semble doué pour presser les bons boutons. « Je m’en voudrais d’avoir à jouer les donneurs de leçons… Ses mots achèvent d’actionner les leviers. Alors le don serre son flingue tout contre lui, mais tuer un homme de main adverse ne relèverait pas du génie. Quant à la morale... elle n’existe pas. Et ce n’est pas le sicario et sa gueule cassée qui vont la distribuer. Allons, ne fais pas ton timide. Réfléchis plutôt avant d’agir. Je sais que l’amour rend con, mais, si t’en es encore capable, calcule tout ce que tu perdras pour cette nana. » Parce qu'une fois que tu m’auras sauté dessus, c'est toute la Nuova Camorra qui te talonnera.



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Human Raw Material - Mer 4 Juil - 17:16


Les excuses sont faciles, et le font gentiment sourire. De ce rictus assassin qui n’apporte jamais rien de bon. Totalement dépourvu d’amusement, la prunelle aussi noire que la rage qui est en train de lui bouffer le bide. Il les connait, les bonhommes et leur égo. Pour en être un, il sait que l’acte ne restera pas impuni. Que la privée n’est qu’au commencement d’une histoire sordide et écrite avec du sang. Une autre, il aurait laissé faire, si ça peut calmer les ardeurs du patron de la Nuova, pourquoi pas. Elle, juste parce que son clan a posé ses mirettes dessus, le sicario refuse qu’on l’abime. Il n’ira pas chercher plus loin, gratter sous la couche de pierre pour y trouver ce qui grouille en dessous. Plutôt crever, c’est une emmerdeuse en plus de ça. « - Et le rouge la tienne… » Le râle s’arrache d’entre ses dents serrées à lui en démolir la mâchoire. A l’instar de ses doigts qui se crispent de plus en plus contre le pauvre banc et son bois fatigué. A s’en faire blanchir les articulations, les rendre douloureuses pour contenir ce qui est en train de prendre essor sous la carne. Il a le rouge collé sur la gueule, le Bellandi. Celui qu’il provoque et celui qu’il attire. Et il en a envie, Maciej, de lui repeindre la trogne à grands coups de pinceau sanglant. Beau tableau que ça ferait là, l’assassin en est persuadé.

Comme si le commandante y était pour quelque chose. S’il apprenait que son clébard est venu se frotter de trop près au don de la Nuova, l’animal fou s’en prendrait une belle sur le museau pour lui passer l’envie de montrer à nouveau les crocs. Mais il n’en saura rien, c’est ça la beauté de l’instant. Il est venu de son propre chef, en a fait une affaire personnelle et n’a aucune envie qu’un autre vienne se coller au milieu. Et encore moins Costilla. « - Il veut s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Qu’elle reste en un seul morceau et ne se retrouve pas à la morgue. » Pour éviter que je la bouffe, ça ferait désordre. Il en serait certainement capable d’ailleurs, d’honorer l’audace de la petite furie en croquant dans sa peau opaline. Juste comme ça, pour voir. Il en a la tripaille qui se tortille à lui filer la nausée. Eveiller les rouages d’une hybris bien rodée. Presque douloureuses, l’envie qui lui monte à la gorge. Alors le cabot se lève, enfin. Déploie son aura de malheur et joue de la godasse contre le sol poussiéreux. Un pas, puis un autre. Une succession pour s’extirper de la rangée de bancs, et s’aventurer dans l’allée éventrée. L’autre est armé, il le sait, le sent. L’a aperçu peut-être dans un geste moins discret qu’il n’aurait dû l’être. Et il s’en fout. Ses doigts jouent déjà contre sa cuisse, tapotent doucement au gré d’une musique qu’il est en train de composer dans sa tête. En maestro du chaos. A en faire trembler les petits cailloux jonchant le sol, la poussière sableuse qui danse doucement à leurs pieds. Prête à s’élever, ensevelir, engloutir lorsque la partition l’exigera.

« - Un type comme toi devrait comprendre, ce que quelqu’un comme elle représente. »
En espérant que tu sois pas trop con pour comprendre. Son errance le rapproche du premier rang, qu’il dépasse pour s’arrêter devant les restes de l’hôtel. Proche de l’ennemi dont il sent la tension comme si elle était sienne. Doux miroir de ce qui est en train de le grignoter, prédateurs prompts à sauter sur l’adversaire au moindre geste de trop. Tant mieux, il n’attend que ça. « - On menace Bellandi ? » Minaude en se moquant clairement du bonhomme. Trop téméraire Maciej. Parce que le cabot n’a rien à perdre, il n’a pas de limites. N’en a jamais vraiment eu, la Calavera lui a montré qu’elles ne servaient à rien, sinon à rendre faible. Alors, avec la dextérité sublime d’un être rompu à la violence, l’assassin lance les hostilités. Envoie son poing colorer la jolie gueule du pauvre type. Juste au niveau de l’arcade qu’il sent s’abimer sous ses articulations. A sentir des décharges dans son avant-bras tout entier. A l’endroit même où la privée a été abîmé. Artiste dans l’âme, il s’improvise chevalier blanc. Juste pour la beauté de la chose, faire de l’agresseur une réplique de l’agressée. « - Et maintenant, tu vas me sortir le couplet sur la vengeance de la Nuova qui sera terrible ? Te fatigue pas, je tremble déjà. »
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Human Raw Material - Dim 22 Juil - 22:28


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« Et le rouge la tienne… » Grogne Serevo. Tempête autant que tu le souhaites. Quoi que t’en dises, pas de rouge pour moi. Seulement dans mon verre une fois rentré. Rentré sain et sauf, le nez en place et les dents bien vissées. Il le sait bien, Bellandi, qu’il joue avec le feu. Depuis toujours, à croire que la leçon a été apprise de travers. Les erreurs perpétuées et jamais corrigées. C’est ce qui arrive lorsqu’on grandit entouré de mauvaises graines de luxe. Mais surtout protégé par un pater aux mains qui n’ont pas peur d’être sales. Une fois l’idole enterré, ce sont le patronyme et le coeur électrique qui ont pris le relais. Remparts derrière lesquels on se protège après avoir ordonné une volée de flèches. Remparts qu’on fantasme imprenables. Problème : l’assaillant est patient. Maciej est patient. C’est une qualité aussi belle que terrifiante.

Joaquin Costilla aussi a de quoi effrayer son homologue italien. Une réputation de sanguin. Etonnant qu’il la désire entière, lui qu’on raconte à même de rompre tendons et raison humaine. Alors il réplique. « Elle court à sa perte. Tu lui expliqueras ça, à ton commandante. » Quand on tient à sa vie, on ne provoque pas les mauvaises personnes. On ne leur balance pas des accusations-rumeurs-vérités à la gueule. Si Alcide avait su qu’un type de la trempe de Serevo était sur le coup, sans doute qu’il aurait cogné plus fort. Oh oui, il aurait tenu bon. Il aurait terminé le travail. Personne n’est plus assez fou pour se battre au-dessus d’un cadavre.

Debout, l’antéchrist donne le rythme. Mélodie râpeuse tout juste bonne à perturber le sang froid italien. Non, il ne comprend pas. Y a bien eu ce moment où il a voulu céder le terrain qu’elle réclamait. Moment dérangeant. Ma faiblesse, pas sa force, qu’il raisonne. Et pour se le prouver, l’entendre enfin ; « Un type comme moi fait ce qu’il veut de quelqu’un comme elle. Et un mec comme toi a tout sauf la gueule d’un justicier. ». Mais il ne semble plus entendre. L’animal ne gronde plus, il s’apprête à mordre de toutes ses forces. Face à cette force brute, Alcide se tend comme s’il avait un flingue sur la tempe. Le sicario ne marque pourtant pas d’arrêt. Auréolé de nuages noirs, il s’improvise enfant de choeur. Trop près de l’autel. Trop près du Bellandi dont la menace n’a rien de prophétique. S’il quitte cette ruine sans oreilles, nul doute que l’artiste restera anonyme.

Et l’orage éclate finalement. Sec et calibré. Fugaces, les phalanges s’impriment sur l’arcade. Ça détonne et ça le fait reculer -- enrager. Refermer plus intensément ses doigts sur la crosse moite. Ses idées, ses répliques toutes préparées, elles volent en éclat. Court-circuit ! Une main levée, comme pour calmer le jeu initié. « Oublie la Nuova. Tu vas garder ça pour toi. Fermer ta gueule, tu sais faire, j'espère ? » Ordre qui sera sans doute bafoué. Tant pis. Il aura essayé. Par les dieux, faut qu’il fasse gaffe. Tête froide ! Tête froide ! Garde la tê - NON. Impossible. Impensable. Pas devant cette face goguenarde. Pas avec ce filet de sang qui trouve logis au creux de ses lippes.

La maigre consolation du don, c’est de constater que Serevo n’a pas l’avantage de la taille. Mais que vaut une poignée de centimètres face à des poings en béton armé ? Rien. Rien du tout. Y a que le canon qui pourrait le faire battre en retraite. Et encore. Aurait-il le temps ? Car pour l’instant, le cyclope meurtrier est braqué sur le sol délabré. Il serait temps de le lever. Mais quelque chose en Alcide doit s’exprimer. Puisque le sicario l’a frappé à la tête, qu’il en soit de même. Alors, de la paume ouverte jaillit un second bras. Electrique cette fois. « Ça risque de s'couer. » Les doigts crochus sont rapides, mal calculés, plus furieux que décidés. Sans doute n’atteindront-ils qu’un poil de sa barbe noire. La faute de cette proximité. Aussi dérangeante que la verve de la Nightingale.





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Human Raw Material - Dim 29 Juil - 13:36


La répartie le fait marrer. D’un rire qui gronde et n’annonce rien de bon. Il est justicier à sa manière, celui qui fait payer ceux qui ont offensés son clan. La justice est arbitraire, varie suivant la personne, ses idéaux. Celle dictée par les lois ne sert à rien sinon à foutre des fous derrière des barreaux en espérant qu’ils se tiendront à carreaux. Pour les remettre dehors quand les cages à poules commencent à trop se remplir, aucune logique, ça le dépasse un peu d’ailleurs. Lui, l’assassin dégueulasse qui court toujours parce qu’il est assez malin pour ne pas se faire chopper. Parce qu’il a toute une famille qui le protège et le couvre tant qu’il lui est suffisamment utile.  « - On t’a jamais dit qu’il fallait pas se fier à la gueule des gens ? » A la tienne, on te prendrait pour un chef de banque proche de la retraite. Le gentil bonhomme qui vient grignoter son sandwich en priant l’autre là-haut de lui offrir une jolie retraite tranquille au soleil. Certainement pas la gueule d’un leader de clan réputé impitoyable. Pauvre type qui fracasse de la gonzesse juste pour lui apprendre les bonnes manières.

Au tour du sciario de jouer les professeurs. Rage qui consume, elle explose dans un premier coup. Pète l’arcade et fait couler le sang sur le visage trop suffisant de l’italien. Ce n’est pas suffisant. Ce cœur qui bat plus fort, affolé par la montée d’adrénaline qui est en train de tout noyer. Les doigts s’ouvrent et se referment pour dissiper la douleur du coup. Ce fourmillement bizarre qui engourdi la main le temps que tout se remette en place. Articulations d’acier, elles morflent pourtant à chaque fois. Le premier est le plus compliqué, avec les autres, les sensations gênantes disparaissent pour ne laisser que le toucher de la chair et des os qui s’effritent sous les heurts. « - Parce que tu crois que tu peux me donner des ordres ? » Mon commandante se bouffe la moustache a essayé de me faire respecter ses envies, tu rêves Bellandi. Il ne dira rien pourtant, parce qu’il sait qu’un mot de sa part, et Nightingale va le regretter. C’est une affaire personnelle, un triangle biscornu entre eux, et il le restera. Le poing se ferme à nouveau, prompt à reprendre du service. Muscles tendus, les pupilles qui lorgnent du côté du revolver laissé de côté. Evaluent la distance et le temps qu’il faudra pour que l’ennemi agisse. Suffisamment pour qu’il y parvienne et presse la détente. Il n’en fait rien pourtant. Et l’animal sent le danger, la foudre qui s’extirpe de la chair pour lui faire esquisser un pas en arrière. Evidemment. Trop de divins dans cette foutue ville, ça en devient comique.

La rapidité de l’attaque lui vrille le cerveau. A peine le temps de faire un mouvement confus sur le côté que la décharge lui agrippe la main. Mord la chair de ses éclairs, le poing qui devait venir caresser le don. Il en râle, bousillé par la sensation désagréable qui court dans tout son bras. Peau qui crame sous la veste, les doigts qui s’agitent tout seul sous l’impulsion de spasmes nerveux. Les pupilles nébuleuses se posent sur les phalanges folles et toute la figure du cabot se crispe, les traits figés dans une expression de profonde irritation. « - Fallait en plus que tu joues dans cette cour… » Qu’il grogne en reportant son attention sur le don, son banc et son arme, toujours le museau vers le dallage éclaté. « - C’est pour ça qu’elle t’intéresse autant, la privée. T’as senti qu’elle était pas nette elle aussi. » A l’évidence, sinon pour quoi d’autre ? Pour sa capacité à fourrer son joli nez là où elle ne devrait pas ? Il en doute.
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Human Raw Material - Mer 22 Aoû - 16:59


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« On t’a jamais dit qu’il fallait pas se fier à la gueule des gens ? » Bien sûr qu’on lui a enseigné cet adage vieux comme le monde. Mais par pur esprit de contradiction, par arrogance brute, il n’en a jamais tenu compte. Les impressions sont ce qu’il en fait. Point tiret à la ligne. Nightingale et ses questions sont embêtantes, Serevo n’a pas la tête d’un bienfaiteur. Et il ne lui fera pas croire qu’il a oublié son auréole au fond de sa commode.

Ça fait marrer Alcide d’entendre le tueur s’essayer à la rhétorique. Rire jaune. Il est fou de s’imaginer le colosse plier sous ses ordres, c’est vrai, mais il peut être têtu. Plus têtu qu’une horde d’ânes boudeurs. « Ça restera entre nous. » Nous, comme si on formait un duo.

Arcade Eclatée et Main Brûlée. Serevo observe son membre victime de convulsions électriques. Les petits éclairs dévorent la chair avec entrain. La main est agitée comme pour imiter un bassiste enragé. C’est ce qui se passe lorsqu’on cogne trop fort Bellandi. Ce n’est plus la langue qui claque, c’est la foudre qui se déploie. Rien d’énorme cette fois. Il s’en sortira avec une jolie brûlure comme lui-même devra trouver de quoi s’agrafer.

« Fallait en plus que tu joues dans cette cour… » Pour toute réponse au grondement, il sourit. Et ça lui fait penser que Maciej est peut-être lui aussi une récurrence. Ça ne serait pas surprenant, ça pullule à Arcadia, ça gangrène les rues et ça joue aux gangsters. Mais à quelle divinité est-il associé ? Alcide ne se risquerait pas à parier. Il décide de répondre à l’envers. Commencer par la belle problématique. « Je m’occuperai d’elle, j’te le promets. T’en entendras plus parler. Finir sur une parole sincère, le tonnerre chatouillant ses doigts drapés de rouge éteint. Bonne raison pour toi de reculer. » Parce qu’il est prêt à le charmer, à le séduire. Coup de foudre dans le coeur et les synapses. Un dernier amour. Peut-être le premier. Et l’Italien lève le canon avec précaution.

Pour désigner la sortie. Les portes de la maison du Fils qu’on raconte cloué pour nos péchés.



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