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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥]

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Sam 11 Aoû - 13:29

Le déguisement est léger ; en réalité, c’en est à peine un : les boucles plus blondes que brunes, comme elles peuvent l’être là-bas, une tenue adaptée à la chaleur et l’incontournable paire d’argolas qui a déjà fait se disputer, ici même, il y a quelques années, une Portugaise et une Espagnole qui répugnaient à se faire jeter dans le même sac. Le maquillage fait le reste. Ce n’est presque jamais Gamze qui se promène dans les bigarrures du quartier hispanique, plutôt Gloria, quelquefois Luisa, les lèvres pleines de sourires et de gouaille. Elle a eu le temps, pendant toutes ces années, de peaufiner ce personnage qui ne cherche plus trop à batailler contre son héritage américain mais ne consent pas pour autant à abandonner l’autre versant de sa naissance. La langue n’est pas tout à fait déliée, mais une intonation particulière fléchit la voix, quand ce ne sont pas quelques mots du répertoire qui font une percée pour ponctuer ses paroles ; l’accent chantant semble parfois vouloir reprendre ses droits, sans caricature toutefois.

Et puis, on lui a un jour susurré que, tant qu’elle connaissait ses télénovelas, son personnage ne manquerait jamais d’être crédible.

C’est précisément ce qu’elle regarde à cet instant, à l’un des écrans qui animent le Kahuna Burger. Elle est assise au comptoir et le serveur, qui attend la relève, jure après elle affectueusement, lui rappelle sans détour qu’un homme ne peut décemment pas lui avoir donné rendez-vous dans un fast-food familial à vingt-et-une heures sans avoir voulu se foutre de sa gueule – et qu’elle l’a bien cherché, du reste, à forcer de jouer les inaccessibles. Gloria feint de se lamenter d’une petite moue, pas encore tout à fait résignée, au-dessus de son café refroidi.

La police prétend avoir des yeux partout, et les lieux apparemment sans histoire sont quelquefois préférés par les malfaiteurs pour échanger sans être soupçonnés. La vérité, c’est qu’à une heure aussi tardive – oui. –, elle ne serait de toute façon pas en état de laisser traîner ses oreilles au Mezcal, et de se défendre contre une agression le cas échéant.

Elle paie une note intermédiaire et le serveur, quand la relève arrive, lui défend en souriant d’assommer l’innocente avec ses bavardages – Gloria est une pipelette, et elle risque de l’être plus encore pour mieux avaler le lapin que l’on vient de lui poser. Ses yeux ourlés d’une malice fatiguée dévorent déjà la nouvelle venue, elle lui trouve quelque chose de sympathique dans le méplat du front, de charmant dans l’allongement des yeux, d’un peu triste et souriant à la fois, peut-être, dans l’inflexion des lèvres. Elle laisse échapper un salut informel avant d’accompagner le départ de l’autre serveur d’un « J’espère qu’elle fait mieux couler l’espresso que toi ! » Puis elle en revient à la jeune femme, la joue au creux de la paume, familière déjà, insouciamment curieuse et intrusive comme peuvent l’être les siens : « On ne te mène pas la vie trop dure par ici, hein ? Ça fait longtemps ? Ça te plait ? »

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Dim 12 Aoû - 12:08

août 2018, en soirée bien avancée toujours ton sac à peine posé derrière le comptoir, tu te retrouves sous une avalanche de questions. Les gens n'ont-ils donc plus aucun respect pour l'espace personnel sonore ? La femme t'est inconnue, pas étonnant puisque tu ne travailles pas depuis longtemps au Kahuna. La clientèle est variée, pas toujours agréable, mais ça tourne toutes les heures. L'uniforme de l'établissement sur le dos, jupe à mi-cuisse et chemise blanche, t'étouffe déjà. Et ça ne fait que trois semaines que tu y as droit. En général avec les clients, surtout le soir, tu te contentes de les saluer avec un sourire franc et ils vaquent à leurs occupations tandis que tu coures à tes responsabilités. Mais apparemment, la dame ne rentre pas dans ce moule. Une chevelure dans l'ensemble blond, un regard qui inspire la confiance, elle t'arrache un sourire sincère, cette fois. La début de ton service ne sera pas si ennuyeux et long que ça.
" Non, les patrons sont adorables. Le pire ce sont les clients.Tu oses un petit clin d’œil, tu l'as entendue vanner ton collègue avant que ce dernier ne parte. Quelque chose te dit qu'elle ne sera pas contre un peu de raillerie. Sa posture est altière, tu sais de suite que tu n'as pas à faire à n'importe qui. Alors, comment se fait-il que tu ne l'ai jamais vue ? Tu peines moins à faire confiance et engager la conversation envers les femmes que les hommes. Ça doit être cette foutue solidarité féminine qui t'empêche de t'enfermer totalement. " Je suis là depuis trois semaines. Et vous, comment ça se fait que je ne vous croise qu'aujourd'hui alors que j'ai l'impression que vous faites partie des murs ? Un chiffon en main, tu t'appliques à nettoyer les tables inoccupées. Et il y en a pas mal ce soir, puisque vous êtes les deux seuls à animer le fast-food. C'est drôle, la nuit est bel et bien tombée, mais échanger avec cette 'nouvelle' cliente aux airs de pinup d'une autre ère c'est comme si tu avais ouvert la vanne d'eau chaude et que tu laissais ton corps et tes pensées sous le jet brûlant. Ca détend. Tu croises son regard, tu laisses échapper un sourire léger. Le boulot c'est comme enfiler un déguisement et être payé pour ce qu'on est pas, ce qu'on ne veut pas faire. C'est de la prostitution en somme. Tu réussis mieux en tant que serveuse la nuit, que quasi-quarantenaire trompée le jour.
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Mar 14 Aoû - 16:56

On lui sourit en dépit de son approche cavalière, aussi sourit-elle davantage en retour, comme rassurée et reconnaissante de pouvoir manger le bras après ne s’être fait donner que le petit doigt de ne pas se faire rabrouer et renvoyer d’un revers de main dans une solitude toute faite de lapins et de râteaux. La réponse de la jeune femme, assortie d’un clin d’œil qui pose les premiers jalons d’une complicité future, achève de la charmer : ses coudes s’avancent un peu plus sur le comptoir, et ses doigts repliés forment bientôt un rempart devant le sourire contrit qu’elle se compose. La plaisanterie est acceptée et filée de bon cœur : « Ah ! On peut rien te cacher, alors. » Elle feint maintenant de se triturer les doigts, avant de poursuivre sur le ton de la confidence : « Les patrons vont sûrement te mettre en garde, te dire que je profite de l’innocence des nouveaux pour reprendre mes droits de pipelette ici – charlatana qu’ils disent. Bon, alors laisse-moi te dire une chose pour commencer… » Elle se penche encore, l’air très sérieux. « Ils ont raison. » Puis elle se redresse avec un sourire faussement complaisant : « Je suis insupportable, c’est plus fort que moi. En plus, en plus, j’abuse de la politesse des serveurs, tout le temps – mais tout le temps. Généralement, ils osent pas dire qu’ils en ont rien à faire de tes histoires, du coup, moi, qu’est-ce que je fais ? Je fonce. » Ses mains s’agitent avec un haussement d’épaules éloquent, typique de ceux qui se pardonnent à eux-mêmes, tout seuls comme des grands : « Bon, c’est vrai : ça vous apporte pas grand-chose de savoir que j’hésite tout le temps entre La Paz-itively Hot et le Kiss Me On My Tulips pour mes ongles ou encore que les élastiques des maillots de bain que je commande sur Internet sont jamais bien ajustés ; mais voilà, les machines à café qui savent faire la conversation, ça existe pas encore, et moi je dis, y a pas de mystère ; Ramiro y peut bien se plaindre, en attendant, je refuse de vous considérer comme des cafetières à filtre – d’ailleurs y a pas de filtre avec moi, ah ! »
Fière de sa boutade, elle conclut d’une tape du plat de la main sur le comptoir ; puis le silence qui suit s’apparente à un moment de grâce. « Un café, por favor. » finit-elle par sourire, comme pour consentir à s’occuper la bouche et à accorder un instant de répit à la nouvelle serveuse. Elle a bien perçu la réserve polie de la jeune femme et, sans même qu’elle ne s’en aperçoive, c’est un aspect qui contribue à l’enchanter davantage. Elle la regarde un instant circuler entre les tables, y passer son chiffon tandis qu’un silence tout relatif parle pour elles. La vacuité des lieux joue en la défaveur de l’inspecteur, cependant elle a toujours su tirer avantage de chaque situation. La pipelette ne tarde pas à s’agiter de nouveau. « Bah ! Si t’es là que depuis trois semaines – ¡Bienvenida! – tu vas voir qu’y a plein d’autres coins sympas à Arcadia ! Même si… » La sent-elle venir, la grosse balourde qui ne s’entend décidément pas assez parler ? « Même si j’vais forcément venir plus souvent maintenant que t’es là ! Plutôt l’matin, par contre. » Elle contrefait avec légèreté le clin d’œil échangé plus tôt, avant de poursuivre un peu plus sérieusement : « T’as commencé à découvrir un p’tit peu ? Tu nous viens d’où au fait ? C’est pas trop violent, le changement ? »

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Mar 14 Aoû - 23:34

août 2018, en train d'essayer de travailler tu ris doucement. Personne ne t'avait encore bombardé pareillement de questions, tu te sens un peu intimidée par la plantureuse femme. Tellement déstabilisée que tu dissimules ton malaise derrière des rires désinvoltes. Tu te sens comme une gamine face à une adulte. Son monologue ne t'ennuie pas, ça recouvre le son de la télévision qui tourne nuit et jour et des soaps opéras typiques espagnols : hilarants tant ils sont ridicules. Le comptoir propre, tu t'attelles au reste de la salle avant de revenir derrière le bar, pouvant reprendre le fil de la conversation. Elle est drôle et dégage quelque chose de solaire. Tu ne saurais trop comment le décrire, mais en gros c'est bien ça. La nuit est tombée et pourtant c'est comme si le Kahuna baigne dans la lumière. Tu aimerais mettre un nom sur son visage agréable, mais l'arrêter pour le lui demander te semble impoli. Son flot de paroles est inépuisable, mais son ton chantant te rappelle un peu la maison. La vraie maison. Celle que tu as quitté il y a de ça presque douze ans pour venir vivre aux Etats-Unis. Parfois, tu te demandes si ce n'était pas une énorme connerie. Mais, c'est en rencontrant des personnes comme la femme qui te fait face au comptoir d'un fast-food perdu dans le Maine que tu te dis qu'y retourner ne t'apporterait rien de plus.

Merde, tu as décroché. Que disait-elle ? Ah oui, Ramiro. Ton collègue, de filtre. C'est bon, tu reprends le fil pile au moment de la blague. Et cette fois c'est un rire silencieux, mais franc, qui secoue tes fines épaules. Non plus par gêne mais parce que ce genre de jeux de mots - que tu mets parfois du temps à comprendre - te fait toujours rire tellement c'est ridicule. La pipelette commande un café, que tu t'empresses de servir. Si ses lèvres sont occupées par l'arabica, tu auras l'occasion d'en placer une, qui sait. Tu gardes le silence jusqu'à ce qu'elle termine, qu'elle abdique, qu'elle n'ait plus de salive. Si c'est possible. Elle se saisit de la tasse en douceur, te regardant par dessous, sans doute impatiente d'entendre tes réponses et de surenchérir.
" Ça fait du bien ce silence hein ?La question est rhétorique, simplement pour tâter le terrain. Nul doute que ton interlocutrice ne le prendra pas mal. Elle en rira, tu en es presque sûre. Travailler en tant que serveuse t'aide à sortir de ta coquille, celle qui t'as propulsée en ton for intérieur lorsque tu eus le cœur brisé. Le service ça change les gens, ça fait sortir leurs tripes et donne envie d’éviscérer certains. Tu apprends sur le tas, à presque quarante ans, comment sont vraiment les gens. L'homme est un loup pour l'homme, ça prend tout son sens. Les deux mains sur le comptoir, toujours face à ta superbe cliente, tu ne lui laisses pas le temps de rétorquer. Saisir l'occasion quand on l'a. " Je crois en fait que je vous connais. Ramiro parle souvent de vous, d'ailleurs. Toujours en bien, croyez-le ou non. Alors, Primo : je n'ai pas visité grand chose, Secondo j'étais en Floride. Et Terzo, mince c'était quoi déjà, ah oui. Terzo, c'était un changement nécessaire.  Tu ne t'épanches pas plus, espérant qu'elle ait de quoi se mettre sous la dent avec tout ça. Quoique tu en doutes. Mais, plus tu la détailles, plus tu aimes sa présence. Comme si elle te réchauffait de ses rayons, pansait tes blessures et, de ses mots intarissables, appliquait un baume annihilant les regrets. " J'imagine que la moindre des choses, guapa, c'est de me dire quelques trucs sur vous.Tu lèves l'index, la coupant dans son élan pour ouvrir la bouche. Le temps de prendre un des verres à sécher et le linge, restons efficaces tout de même, tu reprends. " J'allais vous demander votre nom. Moi c'est Carmen et je crois savoir qui vous êtes. Gloria, non ? Quand je vous dit que Ramiro parle souvent de vous. La vérité c'est qu'il n'avait que ce nom à la bouche, le peu de fois que tu le croisais. Et tu avais hâte de pouvoir apercevoir ce fameux moulin à parole aux 'courbes invitant au coït', comme le dit si bien ton collègue. Tu ne pouvais que lui donner raison.
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Mar 21 Aoû - 14:08

Gloria n'a toujours rien reçu à la figure en dépit de sa logorrhée sans queue ni tête. C'est plutôt bon signe, non ? Retranché derrière une volubilité insignifiante que Gamze n'a aucun mal à feindre tant elle participe de son tempérament ordinaire, le Sphinx somnolent étudie la belle serveuse avec toute l'attention dont il est capable, la couve des yeux aussi tendrement que ne peut le faire un fauve. Elle est d'une courtoisie charmante, et c'est à se demander si elle n'est pas déplacée, au fond, dans un tel endroit, à courber le dos pour nettoyer les tables, à plonger la main dans l'étau resserré d'un verre humide, à attaquer la douceur de sa peau en manipulant le tissu parfois rêche des chiffons. Bien sûr, son métier exige a priori qu'elle sourie, qu'elle se taise docilement quand une parole lui déplaît – dans la mesure du tolérable, évidemment –, mais son affabilité, qui prend tantôt la forme d'un rire léger, parfois aimablement forcé, tantôt celle d'un sourire sincèrement amusé ou plus indulgent, a quelque chose de plus noble encore.
C'est pourquoi, les lèvres enfin sages sur le bord de sa tasse, la langue enfin délicieusement contractée sous l'amertume du café, Gloria rit doucement à la remarque de la jeune femme, et l'humidité de ses yeux signifie assez bien qu'elle se serait esclaffée si la gorgée tout juste prise n'avait pas manqué de l'étouffer. C'est de bonne guerre, et de toute évidence, elle n'en attendait pas moins. Elle s'éclaircit la gorge, s'excuse d'un regard encore tout mouillé, avant de reprendre sa mélopée d'une voix légèrement altérée par la toux : « Tu sais ce qu'il disait, mi abuelo ? C'est important de savoir embellir le silence. Il trouvait qu'on en comprenait pas assez la valeur et que, du coup, on était pas fichus de l'apprécier correctement. Alors c'est gentil de le faire remarquer – je me donne beaucoup de mal, tu sais, pour qu'on apprécie le silence à sa juste valeur, et c'est très rare les gens qui reconnaissent les vertus de la pipelette. » Ladite pipelette baisse complaisamment les paupières, rosit un peu d'amusement, à la fois puérilement fière et faussement contrite d'avoir retourné la boutade de la serveuse en compliment.

La fiction qu'est Gloria semble bien installée par ici, et le constater, comme toujours, est aussi satisfaisant qu'étrange. La nécessité du mensonge ne lui noue plus la gorge depuis un moment déjà et elle aime à penser, en bonne casuiste sans doute, qu'une partie d'elle ne ment pas lorsqu'elle sourit et plaisante en compagnie de Ramiro, et de Carmen, puisque c'est son – fort joli – nom. Sans doute ne serait-il pas professionnel de mettre des civils en position de connaître un agent de l'ordre sous couverture plus que nécessaire, et sans avoir l'arrogance de songer que c'est une manière pour elle de les protéger, du moins est-elle convaincue que c'en est une de ne pas trop leur nuire. Elle acquiesce en souriant, à la fois pour approuver les circonvolutions de son esprit – qui ne saurait lui beugler à la figure qu'elle n'est en réalité qu'une grosse mythomane, n'est-ce pas – et pour confirmer son prénom à Carmen – dont la mémoire est bonne, et par conséquent redoutable.
Gloria trempe à nouveau ses lèvres dans le café qui doit temporairement la revigorer, attentive aux paroles de son interlocutrice, tandis que le Sphinx s'emploie à débusquer les raccourcis, les boucles que laissent toujours les non-dits dans le fil d'une conversation. Le sourire modeste qu'elle se compose à l'évocation de Ramiro et de la charmante attention qu'il lui témoigne fréquemment dissimule l'analyse à laquelle son esprit se prête, lui donne un air faussement distrait. « J'vais t'filer les bonnes adresses, pense-t-elle tout haut, la langue de plus en plus déliée par une familiarité qu'elle ne semble désormais plus capable de réprimer – chassez le naturel et il revient au galop. Même que j'peux t'y emmener, si tu penses pouvoir m'assumer. » Son rire lui fait candidement rentrer la tête dans les épaules, puis elle observe un nouveau silence, tout relatif – c'est qu'elle chantonne, Gloria, et il est impossible de savoir si c'est pour mieux s'écouter penser ou parce qu'elle craint justement de penser trop fort. « Bah ! finit-elle par soupirer. Qu'est-ce que tu veux savoir ? Moi j'suis là depuis presque toujours. » Elle jette un bref regard par-dessus son épaule, en direction de la porte du fast-food, comme pour guetter une entrée. « Et maintenant, continue-t-elle aussitôt, heureusement qu't'es là, parce que j'crois bien qu'on vient d'me poser un lapin. » Elle remue lentement le fond de son café avec une petite moue dépitée. « Puisque tu veux tout savoir, j'étais fiancée y a quelques années. » Jusque-là, rien de plus vrai. « Mais... Bon. Ça a pas marché. Et faut dire... J'ai encore l'impression que rien n'va plus jamais fonctionner, alors que tu vois, c'est typiquement le genre de connerie que ton esprit va te murmurer pour mettre les menottes à ton cœur et à ta culotte. J'sais pas pourquoi. Bon, eh ben tu sais quoi ? Je refuse. Alors je cours après les jolis garçons – surtout ceux qui ont de jolies fesses – et j'me fais poser des lapins. » Elle lève les yeux au plafond. « Et Ramiro... Il est gentil. »
Pour finir, elle a un haussement d'épaules qui se veut léger, secrètement heureuse à la perspective de reprendre ses indiscrétions sans conséquence. « T'étais serveuse aussi, en Floride ? T'as les plus jolies mains du monde. Et... » Mais ses yeux s'attardent sur les mains de Carmen, fort belles de fait, dont elle vient d'apprécier les lignes. Une peau plus jeune qu'ailleurs cercle fantomatiquement l'annulaire – est-ce le spectre d'un amour rompu ou la simple prudence d'une épouse qui ne souhaite pas altérer son alliance à l'eau de la plonge ? Le Sphinx joue à pile ou face. « J'suis pas la seule à avoir été engagée, on dirait. C'est ça, le changement nécessaire ? » Son sourire est timide, matérialise la conscience qu'elle a de sa propre indiscrétion. « Bon, tu sais, si j'cause trop, c'est aussi pour pas me mêler de c'qui m'regarde pas, même si ça peut paraître bizarre. Alors t'es pas obligée d'me répondre, mais sache que... J'suis vachement douée pour maudire les cons sur treize générations, en pensée comme en parole. »

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Mar 28 Aoû - 9:06

août 2018, en train de se plier en quatre pour servir, ranger et nettoyer, tu te demandes comment tu fais pour maintenir un tel rythme. Toi qui, avant de débarquer ici, te complaisait dans ton poste au sein d'une agence immobilière, se retrouver à frotter la crasse des autres n'était pas facile. Mais en discutant, le temps passait plus rapidement. Alors, même si tu ne suivais pas forcément tout ce dont elle parlait, tu remerciais intérieurement Gloria de sa présence. Commencer les services seule c'est un truc que tu détestes. Avoir le Kahuna sur les bras, c'est une marque de confiance de la part du gérant et tu devrais t'en estimer heureuse. Pourtant, tu préférerais qu'il en témoigne autrement. Les cuirs criards des sièges rouges se doivent d'être astiqués, les tables en lino rose pâle également. Le sol récuré au début et à la fin de tes horaires, tu l'as nettoyé hier mais on dirait que les gens n'avalent rien et que la nourriture finit directement sur les carreaux blancs et noirs. Perpétuel recommencement. Alors, là aussi, tu remercies Gloria de s'être pointée ce soir-là. Ça permettra d'éviter, pour aujourd'hui, que la routine ne te remette le grappin dessus.

Faire du café, c'est tout un art. Tu le préfères moulu, mais les capsules que la machine du restaurant quémande ne sont pas si terribles que ça. C'est différent de ce que tu saurais faire avec tes propres mains et la passion que t'avais transmis ton père, mais le goût n'est pas si terrible. Malgré le fait que tu tentes de mettre toute ta concentration à astiquer les filtres à café, tu ne peux t'empêcher d'être déstabilisée par le regard inquisiteur de Gloria. Incisif, même. Mais tu ne t'en offusques pas, elle n'a rien de dangereux et si elle avait voulu te nuire elle l'aurait déjà fait. C'est vrai que ta rencontre avec un réincarné un poil dérangé t'avait changé de naïve à parano. Il fallait que tu te détendes et le débit de paroles de l'unique cliente en ce milieu de soirée y semble propice. Elle incitait à la confidence, elle donnait l'envie qu'on l'écoute l'air béat et le regard illuminé. Tu te serais volontiers laisser aller de la sorte, mais tu savais que ton absence de l'autre soir, alors que tu venais d'avoir ce travail, te mettait sur une sorte de touche rouge. La moindre incartade et ce serait probablement la porte. L'occasion de franchement te lancer pour ta formation d'ambulancière. Alors que tu termines gentiment la vaisselle, tu prends le temps d'analyser Gloria un peu plus. Sérieusement, qui se permettrait de laisser en plan une femme si belle ? Est-ce que le poseur de lapin n'en pouvait peut-être plu de l'acharnement avec lequel elle occupait l'ouïe ? Tu ne te permets pas d'interrompre le monologue qui tourne en mélopée de la belle, qui te fait sourire ou tirer une grimace lorsqu'elle évoque des fiançailles. Oui, toi aussi tu l'as été. Mariée en fait, même. Et tu acquiesces lorsque Gloria en vient au point sur les fesses. C’est vrai que c'est important, qui n'aime pas avoir en main un bon petit cul ferme ? " Les fesses c'est primordial, je suis entièrement d'accord. Ramiro en a des pas trop mal, si vous.. tu y as déjà fait attention. Tu glisses ça comme si elle avait été une grande amie, une de ces compagnies agréables qui ne peut être que féminine. Un parfum qui vous fait vibrer les narines et qui arrive directement à se ficher dans le cœur. Un mélange de moelleux de brioche et de chic. Tu as repris ta place derrière le bar, faisant face à Gloria. Les mains en évidence sur le comptoir, tu les regardes avec un léger sourire, alors qu'elle les complimente. Puis, tondit sourire chute alors qu'elle devine. Tu n'as rien dit concernant ses fiançailles parce que tu ne voulais pas t'éterniser sur le sujet. Ça faisait trop mal, c'était trop injuste. C'était dégueulasse et sale, ça te ramenait des mois en arrière alors que tu attendais seule à la table de votre cuisine commune, un verre de rhum brun à la main, une cigarette dans l'autre. A attendre la rentrée de celui qui est maintenant ton ex-mari, alors qu'il profitait d'aller coïter ailleurs. Mais Gloria semble plus perspicace qu'elle en a l'air et son sourire comme ses yeux t'invites à venir te réchauffer. Elle fait mine de s'excuser, d'une manière qui arrive même à te tirer un rictus amusé. " Rien ne t'échappe, dis-moi.. En fait je n'étais pas serveuse en Floride mais agent immobilier. Je vendais des grosses maisons à des gros riches. Tu fais mine de reprendre le torchon et d'astiquer le bar un peu plus loin, pour ne pas relever son regard et continuer. " Et j'étais mariée à un de ces gros riches et on avait une grosse maison. Mais c'est terminé et.. Et oui, comte de fée terminé, me voici à Arcadia. Une phrase qui se termine d'un haussement d'épaules, la gorge qui se desserre doucement. Tu dois passer à autre chose. " Et je suis aussi douée pour maudire les cons. Et si j'ose, peut-être plus douée que toi. Alors, ce lapin ? C'est qui qui a osé te planter là avec moi ? Parce que je pourrais le remercier, à défaut de lui apprendre qu'on ne s'amuse pas avec les femmes. Tu reprends doucement ton aplomb, les confidences ce n'est pas pour toi encore, en tous cas pas au travail. Tu es presque sûre que de goutter du nez et pleurnicher dans le café d'un client n'est pas génial pour les affaires.
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Ven 7 Sep - 14:27

Gloria se compose un petit sourire gêné, entendu, à l’évocation de Ramiro. Dans ce genre d’histoire, paraît-il, il faut toujours un laissé-pour-compte – trop généreux et obligeant pour être désirable, quelle absurdité – que l’éplorée s’obstine à ne pas regarder. Gamze, elle, se serait volontiers enfuie avec. C’est qu’elle a toujours préféré les gentils garçons aux mauvais, n’a – grand bien lui fasse – jamais eu de ces vanités que nombre de femmes cultivent pathétiquement en essayant de devenir des exceptions dans le cœur et la sensibilité de connards notoires. Il lui semble reconnaître, au fond des yeux de son interlocutrice, le même genre de bon sens, et une fois encore, elle se sent dans la poitrine une chaleur réconfortante, qu’elle aurait été bien en peine d’expliquer.

Elle arrondit l’arc de ses sourcils lorsque Carmen lui révèle son ancienne profession. « Ah, sí, c’est pas la même chose… » s’étonne-t-elle avec la compassion maladroite de ceux qui veulent sincèrement réconforter leur prochain mais remuent involontairement le couteau dans la plaie. Cependant elle ne lui fait pas l’offense d’embrasser à nouveau les lieux du regard, comme pour estimer l’étendue de cet infranchissable fossé qui la sépare désormais de sa vie en Floride ; elle s’abîme plutôt dans un silence aussi léger et inoffensif qu’une fleur de coton, équivalant à un sourire tendre, à une étreinte fugace, avant de murmurer un timide « Désolée… » lorsque l’enfoiré – si. – d’ex-mari est mentionné. L’inspectrice qui sommeille au fond de ses entrailles brûlerait probablement de lui faire comprendre qu’elle n’a pas choisi le meilleur endroit pour se reconstruire – à moins qu’elle ne souhaite regarder droit dans les yeux la déliquescence d’une humanité sapée par les dieux ; du reste, peut-être a-t-elle en face d’elle une potentielle sympathisante des trop nombreuses organisations criminelles qui gangrènent la ville : en un sens, Carmen est vulnérable, et les mafias ont toujours eu la dégoûtante complaisance de se prendre pour de grandes familles, comme pour enjoliver et légitimer l’ignominie de leurs agissements. Néanmoins le Sphinx ne cesse de lui refroidir le cœur, de lui susurrer qu’il ne s’agit pas de sauver tout le monde ; il lui murmure qu’il serait une erreur d’infantiliser la si jolie jeune femme dont la gorge se noue et se dénoue derrière le comptoir et qui garde au bout des paupières ce plomb superbe signifiant quelque chose comme Ain’t gonna take your trash no more.

Certaines communions ne s’expliquent pas et l’oscillation de son esprit comme de son cœur entre Gloria et Gamze lui semble déjà un peu plus difficile à soutenir – le poids de la nuit y est sans doute pour beaucoup. Elle reprend toute sa contenance en terminant son café d’une longue gorgée, ne grimace pas – menteuse – lorsque l’amertume lui sature les papilles et d’un léger dodelinement de la tête, concède à Carmen la plus grande expérience qu’elle se prête en malédiction. Elle finit par laisser échapper un petit rire : la perspective de passer la soirée à papoter avec elle est très charmante aussi, après tout – différente, mais non moins charmante. « Je sais pas, admet-elle dans un haussement d’épaules penaud, on demande pas leur nom à ces types-là, si ? C’est le genre de garçon qu’on lève parce qu’il faut absolument en lever un, tu vois, avec cette envie conne de se prouver quelque chose. Mais je crois que ça a un sixième sens, ces bestioles-là. T’as beau sourire de toutes tes dents – ou c’est peut-être pour ça, justement – ça sent la détresse que t’as au fond des tripes et que t’es même pas capable de comprendre toi-même. » Elle a un froncement de sourcils, un regard perdu dans le vague, comme pour se reprocher ses propres faiblesses et se donner l’air con des poètes maudits. « Je l’ai trouvé dans le quartier italien – bon, d’accord, je me suis tiré une balle dans le pied dès le début, quoi. Mais bon, si je le recroise, celui-là… Je cire la semelle de mes Louboutin avec son sang – je rigole, c’est pas des Louboutin. »

Une fois encore, la grâce d’un long silence les enveloppe toutes les deux. Le regard de Gamze est limpide : elle semble mesurer, un instant, toute l’indélicatesse qu’il y aurait à lancer Carmen sur le sujet de son gros riche d’ex-mari. Sans doute est-il trop tôt encore : elle n’est que Gloria, une cliente incorrigiblement pipelette qui ne sait pas faire valoir l’argument de ses fesses à un bel italien – autant dire une pauvre fille complètement à côté de ses pompes. Aussi en revient-elle distraitement à ses ambitions professionnelles : « Tu voudrais remonter un cabinet d’agent immobilier ici ? Ou t’as d’autres projets ? » Parce qu’elle suppose – à tort, peut-être – qu’un emploi de serveuse au fast-food ne peut être pour elle qu’un pis-aller.

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Lun 10 Sep - 14:54

Les confessions nocturnes sont parfois les meilleures. Tu ne t'y étais pas laissé prendre depuis tellement de temps. Dans ta vie d'avant, rares étaient les soirs où tu délaissais ton époux infidèle - préférant profiter de sa petite présence à la maison - pour aller écumer les bars entre amies. Tu te dis maintenant que tu étais bien conne, bien naïve. Bien trop stupide de t'être laissé aller dans ce petit jeu. La rage au ventre, tu t'étais présentée au seuil d'Arcadia en espérant sûrement pouvoir abandonner à l'entrée de la ville tous ces mauvais souvenirs. Toutes ces vieilles casseroles. Mais tu réalisais ne pouvoir jamais t'en défaire, du moins pas si simplement. Et malheureusement, remplacer ton ex-mari par un autre ne serait pas non un moyen efficace. Cela ne ferait que repousser la gangrène pour qu'elle revienne plus forte et douloureuse. Alors ouvrir la plaie devant quelqu'un d'autre n'a rien de charmant, ni d'agréable. Mais il y a moyen que de laisser à l'air, de pouvoir remuer tout ce qui s'y cache, finisse par quelque chose de bon. Tu regardes Gloria siroter son café, ses longs cils sous lesquels se cachent des yeux savamment maquillés. Ça lui donne un air de grande prêtresse. La grande prêtresse bavarde, ça lui irait à merveille. Pourtant, toi aussi, quand tu te laisses aller tu ne peux que rarement te retenir de déballer tout ce qui te passe par la tête. Jetant un regard circulaire, énumérant les tâches faites et le reste à faire, tu te dis qu'il est l'heure pour toi également d'un espress. Tu te saisis de la grosse cafetière pour faire le niveau du mug de celle qui semble être devenue ta confidente puis tu l'amènes à ta tasse. Très peu de sucre, à bientôt trente-cinq ans faut pas commencer à déconner, la cellulite c'est pas un mythe. Tu oses t'accouder cinq minutes au bar pour écouter ta cliente. Elle semble avoir perdu de son débit, ses paroles sont moins abruptes et son ton plus grave. La question du sexe masculin semble aussi épineux pour elle que pour toi. La description qu'elle fait de la relation qu'elle a, si c'en est une, avec son poseur de lapin te fait rigoler malgré toi. Non pas par moquerie, plutôt que ce qu'elle raconte est si fidèle à beaucoup de réalités appartenant aux femmes d'aujourd'hui. On se sert, on veut paraître clean, on veut s'enrubanner de mastic pour paraître moins abîmé qu'on ne l'est vraiment. La vérité c'est que ce genre de subterfuge nous découvre encore plus. L'estime de soi, c'est comme un miroir. Si ça pète, si ça se brise, c'est vrai que tu peux le réparer. Mais tu en verras toujours les craquelures, les cassures. Mais, ne t'es-tu jamais dit que si tu étais fêlé à l'extérieur, c'était pour que les rayons du soleil puissent mieux te traverser ? Puissent mieux te réchauffer les entrailles ? Que tu brillerais plus, à l'intérieur ?

La grande brune a cet air félin, cette élégance que rien ne semble perturber. Et tu l'envies. Si elle ne t'avait pas confié ce petit bout sur ses propres doutes, jamais tu n'aurais pensé qu'elle pouvait se retrouver face à un dilemme. Ou un faux-plan. Elle laisse un blanc, tu en profites pour réfléchir. Tu ne sais trop quoi dire, alors qu'elle enchaîne sur une question de boulot à laquelle tu réponds rapidement. " Oh non, sûrement pas me replonger là-dedans. Je vais sûrement commencer une formation d'ambulancière. Mais ce n'est que du projet pour le moment. Et toi, ton travail c'est quoi ? Tu fais partie du service d'hygiène et tu viens fermer le Kahuna ? Sourire sincère, mouvement du menton pour voir si elle veut encore du café. Gloria ne doit sûrement pas souhaiter retourner sur le sujet, mais tu n'en as pas fini avec elle. Les gens qui parlent beaucoup ne s'éternisent jamais sur leur propre personne, de peur d'ennuyer ou provoquer des levées d'yeux au ciel. Tu n'es pas de ce genre là. " On doit se serrer les coudes entre filles. C'est ça qui est important. Alors, même si j'aime beaucoup les Italiens - sincèrement ils ont un sacré charme, je comprends pourquoi en être .. tombé sous le charme - je ferai une exception pour son cas à lui. Mais sans prénom, on ne va pas aller loin. Un clin d’œil qui se veut réconfortant, ta remarque un brin moqueuse. Qu'est-ce que tu aimerais avoir la possibilité de te jeter dans les bras d'un homme qui te plaît, à qui tu plairait, et passer un moment lubrique. C'est si spontané. Et cela ne te ressemble tellement pas. " Et si ce ne sont pas déjà des Louboutins, le sang rendra au moins la semelle rouge. Ce sera comme tout comme, avec la satisfaction du travail accompli en plus.Pause adaptée, tu continues de faire couler l’arabica dans ta gorge, toujours appuyée sur le comptoir comme la serveuse appliquée et professionnelle que tu es. Décidément, la belle brune agit plus fortement qu'un excès d'alcool. Ses confessions et réflexions t'enlèvent un instant le couteau que tu sens planté entre tes omoplates. Fiché depuis que tu as appris l’infidélité répugnante, tu ne peux t'en défaire que lorsque tu dors. C'est donc un soulagement de ne plus le sentir. Mais également une attente nerveuse de le sentir revenir. Pourvu qu'elle reste longtemps, la Gloria. " Je ne me ferais pas trop de souci, à ta place. Tu dois avoir un harem de prétendants qui ne demande qu'à se faire remarquer. Mais, si j'ose, demande-leur d'abord comment leur mère les a appelé avant de leur enlever leur braguette.
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Dim 30 Sep - 16:25

Une formation d’ambulancière ? Ses sourcils s’arrondissent d’étonnement, dans une expression qui échappe totalement à son contrôle. C’est plutôt inattendu, compte tenu de la précédente profession de Carmen, et à mille lieues sans doute de ce qu’on aurait pu imaginer d’elle en l’observant – mais qu’aurait-on imaginé alors ? Gloria n’a cependant pas le loisir de lui demander ce qui a motivé un tel choix, sourit à sa plaisanterie de bon cœur parce qu’il lui semble, au fond, que tout prétexte est bon pour rencontrer une nouvelle personne, aussi charmante qui plus est – et la satisfaction qu’elle éprouve à se trouver là est désormais bien visible dans l’adoucissement de ses traits, dans la courbe pleine d’abandon de ses épaules. Elle peut bien se pardonner tous ses mensonges et son professionnalisme cynique.

D’un battement de cils, elle accepte volontiers l’énième café, aurait aimé se dire qu’elle ne parviendrait jamais à trouver le sommeil une fois rentrée chez elle – ou chez un autre – mais sait pertinemment que la nuit finira par avoir raison de toutes ses résistances. « J’enchaîne. » explique-t-elle en dodelinant de la tête. Les p’tits boulots, s’entend. « Je garde des mômes, parfois. » Les enfants adorent les devinettes mais ne sont pas toujours très doués pour les résoudre. Ainsi épuisés, ils lui laissent souvent toute latitude pour fouiner un peu, quand elle ne les interroge pas, l’air de rien. On n’a pas idée de toutes les bizarreries auxquelles assistent les enfants, notamment dans les quartiers où les mafias ont étendu leur influence. Toute la difficulté reste de se faire accepter comme l’un des leurs, de près ou de loin, du moins d’être considéré comme un individu inoffensif, capable de s’introduire dans les ménages en apparence sans histoires avec toute la discrétion requise. « J’ai traduit quelques p’tits trucs, aussi, pour arrondir les fins de mois – l’arrière de certains paquets de céréales, c’est moi. J’ai même déjà donné des cours de maquillage à domicile, parce que figure-toi que tout le monde sait pas poser son rouge à lèvres correctement – et je parle aussi bien des femmes que des hommes. » Elle finit par se composer un petit sourire énigmatique. « Il paraît même que j’ai posé nue, une fois. » Puis arrondit ses lèvres dans une feinte expression de scandale. « J’ai déjà bossé dans l’événementiel, aussi, en tant qu’hôtesse. Mais bon, c’est jamais les jolis garçons qui te mettent une main aux fesses. J’espère que t’as jamais eu l’occasion de le remarquer, mais les mains des pervers sont aussi boudinées et moites que le ventre d’un porc – ça doit pas être pour rien, qu’on les insulte de ça, de porc. » Elle grimace un peu, et le souvenir déplaisant qui défile de toute évidence devant ses yeux semble en appeler un autre : « J’ai essayé l’aide aux personnes âgées, mais ça fend vraiment trop le cœur. Le tien doit être bien accroché pour vouloir devenir ambulancière. » Elle sourit à nouveau, admirative, avant de laisser échapper un petit soupir, comme pour annoncer un retour imminent à la réalité : « Bon, en vrai, le plus souvent, je suis rédactrice de comptes-rendus en freelance. Ça fait tout de suite moins rêver, hein ? J’assiste à des réunions, j’écoute de gros monsieurs se chamailler sur tout et n’importe quoi. Mais comme je suis pas rattachée à une boîte, on m’appelle pas toujours. Je me débrouille, quoi. » Rien n’est absolument faux, là-dedans : le métier d’inspecteur a toujours exigé quelques couvertures et infiltrations, à plus forte raison depuis que les joueurs ont changé de nature.

Enfin la remarque de Carmen au sujet des Italiens lui arrache un sourire contrit et attendri tout à la fois, qui s’épanouit en rire lorsqu’elle se fait criminelle et vengeresse à son tour. Pourquoi diable une femme si sympathique s’est-elle retrouvée en plein cœur d’un quartier aussi gangréné ? On ne peut pas sauver tout le monde, se rappelle-t-elle à nouveau, avant de se raccrocher au fil de la conversation. Elle esquisse un petit haussement d’épaules. Pour une femme entreprenante, rien n’est moins évident qu’un harem, curieusement. Mais ce faisant, elle pense déjà plus en tant que Gamze qu’en tant que Gloria, aussi se ressaisit-elle sans tarder. « Hé. Tu trouverais pas ça excitant, toi, de faire l’amour avec un type sans même chercher à connaître son prénom ? Genre, le fantasme du parfait inconnu. » Elle rentre brièvement la tête dans les épaules, un sourire jusqu’aux oreilles, puis redevient raisonnable, arborant une moue mi-amusée, mi-résignée, tâchant de ne pas penser à son parfait inconnu, à elle. « C’est dangereux, les noms. C’est comme ouvrir une porte sans savoir ce qu’il y a derrière. » Sa moue remue pensivement. « D’ailleurs c’est marrant que tu parles de leur mère, parce que c’est souvent le problème. » C’est sordide, a-t-elle l’air de dire en levant les yeux au plafond. « Ça m’est déjà arrivé, tu sais. De demander un prénom, de l’obtenir, et de me faire dire C’est ma maman qui m’a appelé comme ça parce que… Quand le type prononce le mot maman après t’avoir fait visiter les quatre coins du lit, c’est la catastrophe assurée, tes seins se changent vite en bureau des pleurs. » Tout à coup, elle s’exclame dans un sursaut d’indignation : « Le pire, d’ailleurs, c’est les psys ! Et leurs complexes à la con, là. T’as déjà fait l’amour avec un psy ? Ça te fout dans une catégorie direct avant même de te foutre toi, si je puis me per-… Non, c’est vulgaire, désolée. Pardon. » Elle se réfugie dans sa tasse en feignant de regarder ailleurs. « Les Italiens ont ça de bon, des fois. Ils t’apprennent à plus avoir peur des hommes qui promettent rien. » Un long silence s’écoule, au terme duquel Gloria ne peut s’empêcher de rire. « Bon, c’est un peu cliché, j’imagine. T’as qu’à me dire, toi : y a personne qui t’a fait de l’œil depuis ton arrivée ici ? J’le croirais pas. »

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Lun 1 Oct - 9:06

La nuit est tombée, les clients tardifs ne vont pas tarder à débarquer. Tu interromps Gloria dans un de ses discours pour t'occuper d'un couple qui vient d'entrer et prendre leur commande. C'est pratique les habitués, ils savent directement ce qu'ils veulent. Tu mets en cuisine, avec un sourire pour les cuisiniers qui sont encore là et repars en direction du bar. La pipelette est toujours accoudée, tentant certainement de digérer son lapin de ce soir. Tu le sais, les hommes peuvent être de sombres connards comme les femmes peuvent être les pires salopes. C'est traître, les histoires de fesses qu'on aimerait faire déboucher en histoire d'amour, et tu aimerais avoir des mains qui pourraient également réparer les blessures de coeur. Malheureusement, pour ce que tu en sais, cela t'est impossible. " J'aime bien les enfants. Ceux des autres, surtout. ", tu souris en lui lançant un regard compatissant. S'occuper de gamins n'a jamais été ton fort. Refermer leurs écorchures, rapidement, entre deux matchs de foot, tu adorais. Pourtant, après avoir tenté quelques fois le babysitting, tu t'étais juré de ne plus jamais en faire. Pour de l'argent facile, il y avait bien le McDonald's. Tu ne t'es pas trompé sur Gloria : femme de caractère et d'expérience. Rouge à lèvres carmin, yeux de grande biche et bavarde comme une pie, c'en était la représentation que tu te faisais. Mais jamais tu ne l'aurais pris pour une traductrice. Ou aide dans les homes pour personnes âgées. D'un sourire complice, tu oses glisser : " Pas étonnant de vous voir hôtesse ou muse. Je sais pas qui était votre copain de ce soir, mais il a perdu au change. " Une tentative de lui remonter le moral, bien qu'elle donne l'impression de ne pas en avoir besoin. Les gens cachent bien leur jeu, si on veut pouvoir les aider, il faut deviner. Deviner à quoi ils pensent, deviner ce qu'ils tentent d'enfouir, deviner ce qu'ils ne veulent pas faire remonter à la surface pour ne 'pas vous embêter avec ça'. " Sincèrement, je te trouve un peu trop.. classe ? Ou précieuse. Pour vous imaginer faire tout ça. Mais si tu le dis, j'imagine que je te crois. " Précieuse n'était pas une insulte ou un jugement, tu le voyais plutôt comme un compliment. La femme à la cambrure élégante et aux cils battants ne donnait pas l'impression d'avoir un CV long comme le bras.

" Décidément, je dois vraiment remonter le niveau, sinon tu ne viendras plus. ", tu lances accompagné d'une œillade malicieuse. " L'idée de coucher pour.. coucher ne m'a jamais séduite je crois. Je mentirais si je te disais que je l'avais déjà fait. " Gênée, tu rigoles du rouge qui te monte aux joues : Carmen la coincée, qui devrait commencer à vivre avant la quarantaine. Plutôt portée sur les grands amours et les promesses censées durer jusqu'à ce que la mort nous sépare. Grande désillusionnée, l'arrière-goût de relation ratée qui lui reste dans la gorge. Mais Gloria, fidèle au poste qu'elle a récemment acquis - ou s'est octroyé, à voir - sait te reprendre. Te sortir de ta léthargie d'un rire presque outré. " Je vais finir par te demander de te taire tellement tu me fais rire.. ", les larmes aux yeux en canalisant comme tu le peux le fou rire qui commence à te saisir aux tripes. " Jamais connu de psys, ni d'Italiens. Peut-être qu'il a.. Oublié pour ce soir ? " Peur d'avoir foutu les pieds dans le plat, essuyant les larmes qui menacent de passer la barrière de tes paupières. " Tu vas dire que c'est pas mes affaires, mais si tu l'aimes bien.. pourquoi tu essaies pas de l'appeler demain ? Lui demander ce qu'il y a, s'il.. veut plus que tes fesses ? " Elle évoque un sujet sensible, presque tabou. Si tu avais mis les pieds dans le plat, vous étiez désormais deux. " Oui, il y a quelqu'un. Mais je ne l'ai pas vu depuis un moment déjà alors.. Disons que j'essaie juste d'oublier. " Sourire entendu, tu ne souhaites plus aborder le sujet alors que Gloria replonge dans son café. Elle dit de tes mains qu'elles sont belles, comment qualifier les siennes ? Aux longs ongles soignés, à la peau qui semble douce. Cette femme t'inspire confiance autant qu'elle te réchauffe de ses larges sourires. " T'as déjà essayé Arcader ? C'est comme Tinder mais uniquement des gens d'Arcadia ? J'en ai entendu parler.. Mais j'ose pas. Attends-moi ici. " Sans demander ton reste, tu t'élances vers les vestiaires pour récupérer ton portable et accéder au Store. Après un rapide téléchargement de l'application, tu retournes vers ta charmante compagnie en l'ouvrant sur une page de login. " Alors, il nous faut un pseudo et un mot de passe. Une idée ? Pour notre recherche de l'homme parfait. " L'excitation vibrant dans la voix, ce genre d'idées folles typiquement féminines ravivant de vieux souvenirs sur l'île.
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Dim 7 Oct - 19:32

Gloria suit d’un œil distrait et patient l’affairement de Carmen qui papillonne avec amabilité autour des clients tout juste arrivés. Le fast-food s’anime enfin d’autre chose que de ses incessants bavardages et elle songe, l’espace d’une seconde, qu’il est peut-être temps de se retirer. Cependant elle n’en a pas la moindre envie. Son corps est un peu lourd sur le tabouret, la paresse s’est tout à fait emparée d’elle en dépit des nombreux cafés qu’elle vient d’ingurgiter. Elle aimerait contrarier encore un peu le Sphinx qui sommeille en elle, et profiter jusqu’au bout de la compagnie de la serveuse, tant que les consommateurs n’affluent pas encore.

Mais l’étonnement de Carmen au sujet de l’éclectisme de ses activités ne tarde pas à la faire ciller – peut-être même en aurait-elle rosi, si elle avait eu le pouvoir de commander à ces choses-là. Elle sourit invariablement pour maquiller le léger embarras qu’elle éprouve. Une petite faille dans son personnage, peut-être ? Elle imagine le charme de Gloria un peu vulgaire, car trop intrusif, et peine à cacher sa surprise lorsqu’elle entend tous ces compliments dans la bouche de la jeune femme. Elle se ressaisit vite, cependant, comprend qu’elle n’a pas à s’étonner d’une telle indulgence : n’a-t-elle pas déjà eu mille occasions de remarquer à quel point la bienveillance de son regard semble tout embellir ? L’élégance qu’elle lui trouve à travers le prisme de sa bonté la touche, bien malgré elle. « Je pense que je vois ce que tu veux dire, soupire-t-elle en levant les yeux au plafond avec amusement. En fait, j’aurais pu m’enfermer derrière un bureau ou dans la vie sans histoire d’une femme au foyer... Mais je crois que j’ai besoin de toucher à tout dans ce domaine-là aussi. » Elle agite doucement les doigts pour illustrer ses propos avant de glisser son menton dans l’écrin de ses paumes, attentive à l’aveu de Carmen. Les langues se délient un peu plus, constate-t-elle avec une satisfaction charmée, et ni Gloria, ni Gamze ne saurait lui faire honte de ses rougeurs. Peut-être y a-t-il quelque chose d’un peu dégradant dans la formule « Coucher pour coucher. », comme le germe d’une accusation, d’une illégitimité, mais Gloria n’a sans doute pas le bagage nécessaire pour cracher sur le protocole moral dont la société les étouffe afin de justifier le plus petit attouchement. Non, elle se contente de lui sourire, exactement comme elle lui aurait caressé la joue, avec une tendresse sans jugement. Son rire lui est agréable et elle se félicite d’avoir eu tant d’âneries à dire.

Elle finit par hausser nonchalamment les épaules, en pouffant avec une légèreté un peu forcée, comme pour déguiser sa frustration. « Tu sais… Peut-être que je l’apprécie pas tant que ça et que je suis juste vexée, au fond. » Elle songe à ajouter que s’il avait au moins voulu ses fesses, ç’aurait déjà été bien, mais ravale in extremis le mauvais goût d’une telle remarque – comme c’est sordide, se morigène-t-elle. Le deuxième aveu de Carmen la distrait de ses ajustements intérieurs et la fait s’abîmer dans un long silence pensif. Un amour en puissance disparu dans les mâchoires d’Arcadia ? Ce ne serait pas la première fois, déplore-t-elle fugacement dans une petite moue de dépit. Elle comprend aussi clairement qu’une parole le sourire que la jeune femme lui adresse, cependant, et s’efforce de ne pas insister, une compassion pudique au bout des yeux. Qui cela peut-il bien être ? Le Sphinx, s’il n’avait pas été affaibli par la nuit, aurait sûrement muselé sa curiosité d’un coup de griffe.

Toutefois Carmen ne lui laisse pas le loisir d’y réfléchir davantage, balaie d’un sursaut le spleen qui menace de leur pleuvoir dessus. L’arc de ses sourcils s’arrondit d’étonnement à l’évocation de l’application téléphonique ; elle secoue négativement la tête pour signifier qu’elle n’en est pas familière, manque de répondre, fort cavalièrement là aussi, qu’elle préfère encore lever des hommes dans la rue, mais s’abstient à nouveau dans un réflexe salutaire de bon sens et de bon goût. Surtout, elle flaire l’opportunité de quelque amusement et s’incline bientôt sur le comptoir comme pour entrer plus avant dans la confidence lorsque la serveuse revient armée de son téléphone portable. Sa proposition lui arrache un éclat de rire qui attire un instant l’attention des clients – elle ne semble pas le remarquer, se prête immédiatement au jeu : « Prune dramatique, propose-t-elle très sérieusement. C’est le nom du dernier vernis Chanel que j’ai acheté, je te montrerai, si tu veux. » Elle se mord la lèvre inférieure, soudain pensive. « Bon, le seul souci, c’est qu’on risque d’attirer les poètes maudits avec un pseudo pareil. Y a toujours Devilish Cute. Ou Miss Satin, un classique. Tu vas mettre ta photo ? On pourra pas dire que t’as pas d’audace ! » Elle en sautillerait presque sur son tabouret. Tout cela n’est pas bien prudent, mais il faut bien se montrer joueur de temps en temps, n’est-ce pas ?

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Mar 9 Oct - 9:03

Tu oses croire que la soirée ne sera pas si ennuyeuse que tu l'avais cru en entrant ici pour commencer ton service. Bien que Gloria te fasse un peu trop rigoler et soit une distraction des plus plaisante, tu n'oublies pas pour autant les boissons du couple et les leur apporte alors que ta nouvelle comparse étudie l'écran de ton téléphone avec sérieux. Évidemment, tu n'aurais pas cru un instant que tu lui montrerais ta découverte de la semaine. La facilité avec laquelle Gloria t'avait poussé dans une zone confortable invitant aux confessions t'étonnait. Il y a des gens comme ça, qui savent mettre à l'aise et à qui on confierait n'importe quoi. Le plateau dans les mains, le pas assuré te mène jusque derrière le comptoir pour reprendre ta place initiale. " A choisir, j'opterais pour Miss Satin. Devilish ne me va clairement pas aussi bien. Ce serait pas crédible.. ", tu l'observes pianoter sur ton portable. " Mais pas sûre que mettre ma photo soit très malin.. Imagine un homme entre et me reconnait ? L'horreur. " Tu laisses échapper quelques gloussements en imaginant la situation et et finis par placer un doigt devant la bouche, caricaturalement songeuse. " Ça peut aussi m'amener l'homme de ma vie. Il y a des possibilités pour filtrer les nationalités ? Éviter de tomber sur des Italiens, par exemple. " Le regard faussement menaçant de la plantureuse brune trace un sourire espiègle sur ton visage. Un lapin, tout le monde l'avait au moins vécu une fois. Le mieux était de ne plus en parler et s'enfiler un énorme pot de glace de votre choix et s'enfoncer sur le canapé devant un film flippant ou comique. Pour Gloria, la glace était dans le congélateur de la cuisine. Le film pourtant, c'était toi qui devais le tourner. Les blessures du cœur avaient un sale goût amer et sapant. Se faire distraire par une serveuse habillée d'une robe moutarde devait lui faire retrouver le sourire pourtant. " Bon allez. Prends une photo de pour le profil, qu'on regarde ce qu'il y a sur le marché. Mais sans la robe, juste la tête. " Le ton excité, un rire spontané qui témoigne de ton impatience à naviguer sur l'application et partir à la chasse au célibataire, et tout cela accompagnée par une cliente dont tu ne soupçonnais pas pouvoir devenir ton amie. Et pourtant, les échanges naturels et libres avaient pris place entre elle et toi. Tes plus grosses tâches avaient été faites, ne restait plus qu'à suivre les commandes et servir les deux affamés à la table six. D'ailleurs, un tintement se fait entendre, indiquant que les deux cheeseburger façon mexico étaient prêts. " Je reviens! La photo dans une minute. " Le discours habituel de bon appétit, s'il leur faut autre chose - non ? Très bien - et tu es de retour vers ta confidente. " Je crois que les hommes ont parfois peur. Ils sont plus peureux que nous. La preuve : tu travailles dans plein de trucs chouettes, tu n'as pas peur de l'inconnu. Enfin, je sais pas si tu vois ce que je veux dire.. ? ", une tentative foireuse de valorisation. Tu en savais quelque chose du fait d'être hors course. Les hommes étaient peureux mais surtout lâches, à qui accorder sa confiance revenait à se mettre un boulet à la cheville. Tes ressentiments à l'égard de ton futur ex-mari étaient si forts qu'on devait certainement les sentir. Cette rage des hommes que tu dissimulais encore avec peine aveuglait ton jugement, te faisait porter des accusations infondées et un pessimisme lattant attendait de pouvoir montrer son nez. Être impartiale après une telle épreuve était difficile. Essayer de l'oublier, encore plus. Tu ne te sentais pas encore d'en parler, comme ça, sur un comptoir de fast-food avec une femme dont tu ne savais pas grand chose si ce n'est un bon goût prononcé et un minois à se pâmer. " Je suis pas de meilleure compagnie. Excuse-moi. Bon, ça en est où cette recherche ? On trouve des mecs intéressants ? ", que tu lances tout en reprenant ton portable des douces mains de Gloria. Tu choisis une photo de profil directement depuis ta galerie, laissant tomber le selfie qui ne rendrait pas bien avec ton accoutrement du travail. " Je te laisse regarder ce qu'il y a sur le marché. Moi je vais en cuisine, tu veux quelque chose à manger ? De la glace ? Noix de pécan et caramel et plein d'autres choses. "
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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Dim 21 Oct - 13:45

Gloria pianote sur le téléphone avec un sourire conquis. « Miss Satin, c’est une valeur sûre. » remarque-t-elle en lui adressant un clin d’œil complice, sans avoir l’audace d’ajouter que ses paupières chatoient de la même façon et qu’elle aime beaucoup la manière dont elle les maquille. « Pour le fait qu’on puisse te reconnaître… C’est toujours le risque, oui. Au pire, tu t’en sors avec un petit moment gênant et un regard fuyant. Au mieux, avec une deuxième invitation, genre, commande sur place – directement sur le comptoir, si tu vois ce que je veux dire. » Elle ponctue ses paroles d’un battement de cils grivois avant de se donner l’air de se ressaisir et de regagner son sérieux – elle ne voudrait pas mettre à mal le professionnalisme irréprochable de Carmen. « Tu as raison, cela dit : il ne faut jamais négliger la possibilité de rencontrer l’homme de sa vie – enfin, l’un des hommes de sa vie – même sur une application pareille. Un corps, ça tombe amoureux aussi. »

Son expression devient rêveuse tandis qu’elle fouille maladroitement les paramètres de l’application. « Ça a l’air assez complet et pratique… » L’allusion aux Italiens lui arrache une moue souriante. « Le pire ? C’est que je fuirais pas les Italiens pour autant. Je suis peut-être un peu gourde dans mon genre, mais enfin, c’est comme la bouffe : est-ce que tu vas t’arrêter de manger des pizzas parce que t’as failli t’étouffer avec l’une des olives qui trônaient dessus ? » Elle a un long haussement des sourcils pour signifier l’intense réflexion que cela représente et l’évidence de la réponse tout à la fois – c’est un profond moment de philosophie qu’elle s’offre là, a-t-elle l’air de dire. Elle ne peut s’empêcher de pouffer et l’enthousiasme de Carmen, si agréable à observer, ne fait qu’ajouter à sa bonne humeur. Dans un geste un peu théâtral, elle finit par diriger l’objectif du téléphone vers la jolie serveuse, et suit son cheminement à travers lui quand elle est rappelée par son travail. Ses narines frémissent à l’odeur des burgers, mais elle est surtout concentrée sur la politesse exquise avec laquelle Carmen traite ses clients, et qui donne plus envie encore à Gamze de l’arracher à cet endroit – cocon en apparence tranquille dans une forêt de ronces. La photo ne tarde pas à être prise.

Sa réflexion sur les hommes ne vient-elle pas d’infléchir les traits de son visage ? « Ils sont plus… timorés, oui, admet-elle avec une hésitation perceptible dans la voix, comme si la généralité de la formule la gênait. Ou parfois, c’est l’excès inverse. » Cependant elle sourit avec douceur, parce qu’elle parvient à percevoir après coup l’amertume dans le constat de Carmen. « Moins on en attend d’eux, moins on court à la déception, je suppose. » Sa voix n’est qu’un murmure. L’espace d’une brève seconde, elle brûle de poser la main sur la sienne, mais elle craint que son geste ne lui semble trop familier. « Enfin, j’imagine que ça vaut pour tout être humain, en fait. J’ai remarqué qu’on cherchait beaucoup à changer les gens, à projeter en eux des qualités qu’ils n’ont pas au lieu de reconnaître et de cultiver les qualités qu’ils ont bel et bien. Pas toi ? » Elle a toujours aimé les hommes, avec détachement et passion tout à la fois, en dépit de leurs insuffisances – mais elle se dit qu’il ne vaut mieux pas y songer ainsi quand on les aime, afin de ne pas se rendre coupable de condescendance ou d’abnégation mal placée. L’exigence envers son prochain, de toute façon, est toujours mal perçue et vécue comme une blessure d’égo. Tragique. « Qu’on soit philosophe ou pas à ce sujet, conclut-elle, le point positif c’est qu’on peut toujours leur piétiner la gueule avec nos talons quand ils font de la merde. Ah ! »

Un long sourire lui ourle les yeux lorsque Carmen exprime son dépit. Gloria secoue négativement la tête. « Ta compagnie est aussi douce et réconfortante qu’un moelleux à la châtaigne – ou au chocolat, si tu n’aimes pas la châtaigne. » Elle en a oublié l’application, en vérité. Un petit sursaut rieur l’y ramène. « J’étais encore en train de configurer ton profil ! » Elle laisse la serveuse joindre la photo qui lui convient – se permet un petit sifflement admiratif par la même occasion – puis reprend le téléphone pour commencer à y faire défiler les portraits. Bientôt néanmoins, la perspective de manger de la glace lui paraît beaucoup plus séduisante. La bouche en o, harponnée dans une expression de gamine qui découvre un parc d’attractions pour la première fois, elle s’extasie : « Oui. Oui je veux ça, s’empresse-t-elle de répondre en acquiesçant avec enthousiasme. De la glace. Noix de pécan et caramel et pleiiin d’autres choses. » Elle hausse à nouveau les épaules, toujours aussi nonchalante. « De toute façon, si je dois passer plusieurs heures vautrée dans mon canapé à déprimer un bon coup, autant rendre mes fesses plus moelleuses, ce sera plus confortable. » Le petit rire goguenard qu’elle émet indique assez bien qu’elle ne déprimera pas longtemps. Elle regarde Carmen s’éloigner vers la cuisine, mais la sachant relativement proche encore, se permet de poursuivre à voix haute, quitte à attirer l’attention des quelques clients présents avec le commentaire du premier portrait : « Celui-ci a la bouche trop fine. Il va t’embrasser du bout des lèvres comme on sirote un thé brûlant, c’est rigolo deux minutes et après t’envisages de devenir nonne. » Elle pousse un soupir faussement dramatique et fait glisser son pouce sur l’écran. « Ah ! Pas mal, celui-ci. Tu as des préférences capillaires ? Brun, blond, roux, non-identifié ? Cheveux longs, bouclés, coupés ras ? » Elle voudrait bien ajouter que tout est une question de point d’accroche mais craindrait de l’influencer.

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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Lun 29 Oct - 9:47

Tes éclats de rire commencent à couvrir régulièrement le bruit des telenovelas diffusées dans le fast-food. Il y avait bien longtemps que tu n'avais pas pris le temps de bavasser comme une bécasse avec quelqu'un. De très bonne compagnie, tu te rendais à présent compte que les bavardages étaient contagieux, tout comme l'étaient les rires et les sourires. Être si bien accompagnée durant ton service, cela n'avait pas de prix. Et tu ne rougissais presque plus à ses remarques tendancieuses, te contentant simplement de rire franchement. La timidité mise au placard, Gloria t'invitait à ne pas faire de manières et libérer la folle en toi. C'était comme dépoussiérer un grimoire antique : il fallait toujours se méfier de ne pas réveiller des forces trop grandes. Tu reviens, deux gros bols dans les bras ainsi que deux ou trois pots de crème glacée. " Pour revenir sur la pizza, je crois que si j'avais une mauvaise expérience, je changerais simplement de restaurant pour m'essayer aux kebabs. Tu vois le genre ? ", insistes-tu en disposant tout ton attirail sur le rebord. " Noix de pécan pour madame, si elle veut bien s'en donner la peine... " Tu manques de briser ton poignet en insistant sur la glace froide et dure. Deux boules, en ayant approximativement la forme, finissent par tomber dans un récipient que tu t'empresses de donner à la belle. " Je crois que je suis contente qu'il t'ait mis un lapin. " Sourire sincère, les yeux dans les siens. Tu n'avais jamais vraiment songé à l'idée de changer de bord, mais la pensée fugace que si cela devait arriver, ce serait avec elle, te traverse. " Après tout, c'est quoi déjà... Une femme a autant besoin d'un homme qu'un poisson d'une bicyclette ? Quant au fait qu'on s'échine à vouloir changer les gens.. Je crois qu'on attend trop des autres, surtout de nous. Mais bon. Y en a c'est quand même des gros connards et connasses. " Tu te sers à ton tour, en y mettant la force suffisante, d'une boule de crème glacée. S'acharner sur la culière ne servira à rien, mais ça fait du bien. " Rien à foutre du régime, j'ai juste tellement mangé de guac avant que je suis au bord de l'implosion. " Super ça, pour le professionnalisme on repassera. Savoir que les employés font des razzias dans les frigos du restaurant ne regarde que le staff. " Sincèrement, je crois que je passe le meilleur service de ma vie de serveuse. Merci. " Tu ris à la comparaison d'une bouche et d'un thé chaud, son imagination et sa repartie rafraichissantes. Tu oses jeter un œil à l'écran en y apercevant un brun ténébreux qui semble avoir eut l'honneur de retenir l'attention de la jolie brune. " Sérieusement, il y a encore des gens qui mettent le col de leur chemise en haut ? C'est un peu beauf ça.. Je commence à douter de tes choix en matière d'hommes. " La pique est accompagnée d'un rire mal dissimulé. " Je n'ai pas de préférence. Juste éviter ceux qui portent des lunettes de soleil à l'intérieur et les chemises à cols relevés. Bon, les yeux bleus j'aime pas, ça doit être mon côté cubain qui ressort. " Tu prends une culière de ta glace qui menace de se transformer en soupe si vous continuez de parler sans en avaler un morceau. " J'aime pas la pistache, mais il faut que tu goûtes la glace qu'on a : pistache, menthe et chocolat. Ma-gni-fique. " Le pot faite partie d'un des trois que tu as ramené de cuisine. Casser la chaîne du froid n'est pas quelque chose dont tu te soucies en ce moment. Les deux autres clients se régalent, n'ont même pas encore terminé leur plat. " Et toi, tes préférences en matière de mâles ? Si tu me permets, je te verrais bien avec un prince du désert, tu sais ceux qui t'emmènent sur leur pur-sang. Ceux qu'on voit dans les films à la télé, surtout dans la période de Noël avec leurs films qui te donnent envie de chialer comme une madeleine. "


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On change plus facilement de religion que de café. [Avec Carmen ♥] - Ven 30 Nov - 17:57

Il est évident maintenant que la tournure de la soirée dépasse largement son projet initial, et tout ce qu’elle aurait pu imaginer en s’aventurant dans un fast-food qu’elle connaît pourtant bien et où l’estomac est généralement le seul cerveau sollicité. La façon dont leurs rires se répondent est parfois troublante et sans doute aurait-elle dû rougir intérieurement de sa propre mascarade qui n’en est plus vraiment une ; elle ne rougit de rien néanmoins, et le plaisir que Carmen semble prendre à écouter son babillage plus ou moins frivole rachète un peu, à ses yeux, la couverture sous laquelle l’inspecteur et le Sphinx se dissimulent prudemment. Gamze, au fond, est ravie d’être tombée dans son propre piège, de trouver en Carmen plus qu’une « nouvelle employée » à cerner, plus qu’un simple cœur à sonder. Avec l’insouciance d’une enfant et les certitudes d’une femme persuadée de la bienveillance et de la sincérité de ses premières intentions, elle ne songe pas à la colère, au sentiment de trahison que la jolie serveuse pourrait légitimement éprouver en apprenant que Gloria n’est finalement qu’une plaisante chimère, certes nourrie d’elle-même, mais non moins artificielle.

Elle contemple avec enthousiasme les généreux pots de crème glacée que Carmen vient de déposer sur le comptoir. « Un kebab… Une valeur sûre, là encore, comme tout ce qui se mange avec les doigts… Mais avec un plus gros risque d’en mettre partout et de se tacher, je pense. » Elle opine de la tête avec une gravité affectée, comme si ce qui venait de sortir de sa bouche n’était pas une énième allusion grivoise mais un avis culinaire fort sérieux et renseigné. L’air important qu’elle s’est donné ne tarde pas à fondre dans un sourire malicieux. « Tiens, on a qu’à faire ça : trouver un kebab. » Elle feint de taper joyeusement dans ses mains, ne produisant qu’un son mat, lorsque son bol de glace lui est gentiment tendu, puis fronce bientôt les sourcils tandis qu’elle songe de nouveau à ce qu’elle vient de dire. « C’est un peu sordide, non ? De réduire les hommes à l’état de consommables ? » Elle ajoute rapidement dans un haussement d’épaules. « Bah, ils ne se gênent pas, eux ! Et puis, comme le dirait toute personne sensée, la bouffe, c’est la vie, et ils devraient s’estimer heureux d’y être comparés. » Elle manque de laisser échapper un rire gras, parvient à conserver sa dignité en refermant la bouche sur une généreuse cuillère de glace. La fraîcheur et le sucre lacté lui sont une caresse délicieuse, pour les papilles comme pour le moral. « Merci ! »

Ses lèvres ne tardent pas à s’arrondir autour de sa cuillère dans une expression de stupeur, cependant. L’aveu de Carmen la fait ciller à plusieurs reprises. Elle ne détourne pas son regard du sien, observe un long silence contemplatif, avant de partir d’un grand éclat de rire charmé. « J’aurais sans doute passé une moins bonne soirée s’il l’avait pas fait, ce cabrón. » Une dernière quinte de rire lui secoue les épaules. Gloria aurait probablement été ravie de compromettre tous les rencards du monde pour se ménager des rencontres aussi agréables. Le proverbe la fait sourire rêveusement. « Ouais. C’est seulement un bonus. Et… » Elle hésite, visiblement. « Je… Je sais pas exactement ce qui s’est passé avec ton cabrón à toi, mais c’est bien que tu te sois pas laissé tirer vers le bas. J’ai l’impression que c’est difficile de pas considérer un homme comme une partie de soi-même. Comme si son absence allait nous diminuer... C’est crétin. Et aussi mauvais pour eux que pour nous. » Elle finit par lever les yeux au plafond et émettre un son plaintif, comme pour se reprocher cet accès de psychologie de comptoir. À cet instant, ce qui lui semble indispensable, c’est son bol de crème glacée. Elle rit doucement autour d’une deuxième cuillère en regardant un nouveau portrait sur le téléphone. « Faut dire que votre guacamole est… » Elle rassemble ses doigts contre sa bouche et les fait éclore dans un baiser sonore. « Je le finis à la petite cuillère à chaque fois. »

Elle laisse s’écouler un silence. La reconnaissance de Carmen n’aurait pas dû la toucher autant, aussi s’en défend-elle dans une petite boutade : « Flatteuse ! C’est facile de dire ça, t’en es qu’au début de ta carrière de serveuse ! » Elle rit sans parvenir à cacher sa propre reconnaissance. Qu’importe ! L’application qu’elles consultent ensemble est une heureuse distraction. « Que sí, c’est parce que tu penses trop au vêtement en lui-même et pas à la manière dont tu vas l’enlever ! » Le portrait du collet monté disparaît sans tarder pour laisser place à un homme blond aux yeux bruns. Elle laisse échapper un petit son appréciateur. « J’aime les yeux chauds, moi aussi. Les yeux bleus, ça pique. » Ce qui n’est pas forcément un mal, ajoute-t-elle intérieurement en songeant à ceux qui l’ont piquée près d’un an auparavant. « Y en a quand même auxquels la malice et la tendresse adhèrent bien. Celui-ci ? Bouche plutôt généreuse, joues pas trop creuses, de quoi s’agripper à ses cheveux, regard presque vif… » Elle souffle moqueusement par le nez avant de faire glisser son pouce sur l’écran. « Alors je peux ? » s’enquiert-elle en désignant le parfum de crème glacée que Carmen vient de lui vanter. « J’adore la pistache, moi. Et lui ? » L’homme, cette fois-ci, est tout chocolat, la mâchoire proprement habillée d’une barbe qui semble douce et bien entretenue. « Il faut que tu me promettes de pas en choisir un qui ressemble à l’autre crétin. » À son tour, elle se bat un peu contre le pot de glace qui n’a pas fini de s’attendrir. « Les téléfilms de Noël sont une invention del Diablo, Carmen. Mais je prends le prince du désert avec grand plaisir – t’en connais un ? –, même si je dois pas ressembler à grand-chose sur un cheval. » Elle feint de renifler comme pour consoler son orgueil, mais son sourire ne disparait jamais vraiment. « Je les aime tous, susurre-t-elle sur le ton de la confidence en se penchant légèrement vers la jolie serveuse. Tous. Mais y a quelque chose qui me fiche en l’air à coup sûr : les belles voix, bien graves, qui ronronnent et te courent le long du dos comme un petit train avant de venir te caresser l’arrière des oreilles. S’il sait en plus chuchoter – tous n’y arrivent pas – je suis foutue. » Elle se compose une petite moue de femme frivole et bat des cils narquoisement. « T’es pas d’accord ? Une voix qui te coule dans le ventre, ça compenserait un collet monté, non ? »

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