Aksel & Vitali

à la recherche de la pomme perdue

27 juillet 2018
Le jardin est dans un si mauvais état que tu peux difficilement retrouver sa splendeur passée. Même si tu devais bien avouer n’avoir pas pu l’admirer bien longtemps, tout délirant par le manque de sang et ta contusion que tu étais. Assis tout contre un muret, rare édifice encore debout du jardin d’Eden Manor, tu tires lentement sur ta cigarette. Le poison fait fumé s’expire par tes narines alors que tu savoure la sensation de cette sucrerie si peu souvent touchée. Tu ne fumais pas, pas régulièrement en tout cas et pas comme Maksim qui s’envoyait cigarette sur cigarette, noircissant ses poumons et le rapprochant toujours un peu plus de la mort. Non, toi tu fumais sporadiquement, tu fumais quand tu étais stressé, quand tu voulais garder les idées claires. Et si stressé, tu ne l’étais pas, ton corps l’était indéniablement. Fraîchement sortis de l’hôpital de la ville, blessures très certainement pas totalement refermées, tu devrais être chez toi à te reposer dans les bras de ton amant, pas attendre dans la nuit et le froid sur le lieu qui t’a envoyé au dit hôpital. Tu soupires doucement en pensant à Maksim. Votre conversation avait été émotionnellement éprouvante, et ça venant d’un sociopathe. Ou d’un psychopathe, tu n’avais jamais réellement su ce que vous étiez, ton frère et toi. Oh oui, la conversation avait été éprouvante pour le blond tout comme elle l’avait été pour toi. Ton ventre et ta gorge n’ont cessées de se contracter tout au long de la discussion quand tu regardais les bleus que tu avais causé, tout comme ce gout amer dans ta bouche. Tu savais ces réactions comme étant les symptômes d’une émotion, mais tu ne saurais dire laquelle. Il faudra que tu songes à demander à Sonja quand tu passeras la voir. Ou peut-être que tu allais attendre de ne plus boiter avant : Tu ne souhaitais pas recevoir son regard plein de déception résignée qu’elle te lançait à chaque fois que tu te présentais devant elle avec une blessure. Coup de téléphone ce serait donc.

Tu expires lentement et une nouvelle vague de fumée s’échappe de tes lèvres. Tu te sens bien, tu te sens calme. Tu en oublierais presque ton mal de tête persistant et ta jambe boiteuse te lançant toujours. Mais que Diable pouvais-tu bien faire ici ? Tu ne le savais pas en vérité. Ou peut-être que si : Tu cherchais quelque chose. Une pomme. Une pomme tenue entre tes main quelques secondes durant et qui te hantait depuis. Tu n’avais aucune idée de pourquoi, tu savais juste que tu devais la trouver. Et par où commencer tes recherches qu’à l’endroit où tu l’avais vu pour la dernière fois ? Tu n’étais pas venu seul cependant, tu étais beaucoup de choses, mais stupide ne faisait pas partie de ta longue liste de défauts. Non, ton acolyte se faisait simplement désirer, peu soucieux d’être en avance quand il ne s’agissait là que d’un service personnel. Des pas résonnent près de toi, et le voilà justement qui arrive. Nommez le Diable et il arrivera, comme disent les humains. Sourire plein de dents, tu te tournes légèrement pour saluer ton camarade. « Je commençais à me demander si tu allais finir par te montrer, Orlov. »