Verre à pied, bien évidemment parce que c'est plus joli et que les princesses boivent dans des verres à pied. C'est pas très bon, Alcide aussi a l'air d'avoir du mal avec le gout, ça passe une gorgée, deux et puis elle est surprise par une soudaine suffocation. Elle vient alors tapoter sur son dos pour lui faire passer la toux, ignore si c'est la bonne chose à faire, mais c'est instinctif, elle ne veut pas qu'il meure, c'est son compagnon de jeu. Gisella panique un peu, parce qu'en vrai Alcide est son seul vrai ami, le seul qui la supporte un peu et qui veut bien la suivre dans ses délires comme celui de descendre dans le lieu secret de son père pour boire une boisson qui lui brûle la trachée. Elle était prête à se lever demander de l'aide à son père, quand Alcide finalement finit par recracher ce qui était coincé.
Et sur cette dernière vision, elle ne veut pas lui montrer qu'elle s'était inquiétée, préfère alors la moquerie et au finale c'est vrai que c'était marrant. elle se retient de rire, la main sur sa bouche. Le visage rougit par manque d'oxygène, la crise de fou rire met un moment à s'estomper. Ça la conforte dans l'idée qu'elle est meilleure que lui parce qu'elle ne s'est pas étranglée. Bon les collants sont foutus, il va y avoir une odeur persistante et elle va devoir se débarrasser des preuves. « Tu m'en achètera des nouveaux » Qu'elle déclare, s'auto-proclame reine d'Arcadia par cette réplique, parce que son rival a déclaré forfait en se ridiculisant. Gisella lui tire gentiment la langue, reporte son verre à ses lèvres. C'est vraiment pas bon comme boisson, même avec ce gout de fruits sucrés ça a un arrière gout bizarre. Et surtout à s'en descendre aussi vite elle a l'impression que ça lui fait quelque chose.
Gisella ressert leurs verres vide, les remplit de nouveau à raz bord, et repose la bouteille. Ils n'ont pas été vus ni entendus, c'est parce qu'ils sont forts, plus forts que leurs pères et quand ils seront plus grands ce sera aussi le cas. « Viens on fait une bataille de pouces » Elle lui tend la main, tenant son verre à pied de l'autre. « Celui qui perd a un gage»
Ça fait bien marrer Gisella, de le voir mourir à moitié. Il aurait pu y passer. Il aurait pu tomber raide mort, comme ça, derrière ce divan ! Il adopte sa mine boudeuse tandis que son amie se plie de rire. C'est pas parce qu'il ne peut pas, ou ne sait pas, boire, que ça vaut une telle réaction. (Il en a honte) Elle réclame des collants neufs. « Mais j'peux pas aller dans les rayons des filles ! qu'il glapit. » C'est vrai, il n'a jamais mis le nez dans ce genre d'endroit des magasins. C'est une autre planète.
La nouvelle gorgée passe un peu mieux. Sûrement parce qu'elle suit le bon itinéraire. Mais mince, ce que ça pique ! Ça propage des petits incendies tout le long de sa trachée. Le goût fruité est presque occulté par les accents entêtants. Oh non, il ne sent pas bien, pas bien du tout... mais il n'a plus la force de jouer l'oiseau de nuit. Il ne régurgitera plus aujourd'hui. Il en va de son honneur. Parce que connaissant Gisella, elle serait cap de lancer la rumeur dès lundi à la récré de dix heures.
Tandis qu'elle garde son verre dans sa menotte, lui pose le sien. Il n'est pas assez courageux pour s'y risquer une nouvelle fois. « Ok, qu'il répond en tâchant de retrouver son aplomb. Les joues empourprées, il lance son défi avec un sourire. Si tu perds, tu dois m'embrasser. » Comme à la fin d'un film d'espionnage. Il ne songe même pas à sa propre défaite. Sur ces mots, il dégaine son pouce droit.
1 - Il fait des feintes pour impressionner Gisella 2 - Il s'emploie à esquiver les attaques
le jeu est lancé, Alcide est partant, peut être que lui aussi se sent un peu "léger" ? "euphorique" ? C'est un peu cette sensation, elle a l'impression d'être invincible. Jusqu'à ce qu'il lui propose son gage, sans qu'elle ne s'y attende, il la laisse sur le cul. Un baiser ? Sur la bouche ? Avec la langue ? ou san ? « Mais..» Les joues s'empourprent, elle n'a jamais embrassé de garçon, à part son père mais ça ne compte pas, c'est pas pareil. Gisella ne veut pas qu'il aille répéter à tout le monde qu'elle n'avait jamais embrassé de garçon avant lui. Lui l'a surement déjà fait, il est plus vieux qu'elle et il semble aussi avoir plus d'amis. Il y a surement une fille qui lui a déjà fait un bisou, alors elle passerait pour un bébé si cela la choque. Gisella se redresse, décide encore une fois de prétendre, juste pour se mettre à son niveau. « Alors si tu perds c'est toi qui m'embrasse.» C'est maladroit, elle ne sait même pas si elle a l'air convaincue mais l'intention y est. Gisella Serre sa main avec la sienne, présente son pouce. Un, deux trois, de chaque côté pour annoncer que la partie commence. Elle ne veut pas perdre, elle veut que ce soit lui qui le fasse, pas elle ou bien elle va perdre ses moyens.
Concentrée, décidée à gager, elle feinte d'un côté de l'autre, esquive les attaques et serre la main d'Alcide pour avoir plus d'emprise. Elle essaye de bouger pour lui tordre son poignet. Lippes mordues, c'est comme à la bataille navale, ou aux échecs, ou même aux jeux de cartes quand ils jouent ensemble, tout le temps cette rivalité et en même temps elle s'amuse comme une folle. Elle en oublie même qu'il sont cachés, qu'ils ont leurs pères pas loin qui pourraient les repérer à tout moment. Gisella étouffe ses rires, un large sourire sur le visage.
Dé 2
Et puis elle met en place une stratégie, incite Alcide à venir lui coincer le pouce et finalement elle se fait prendre à son propre piège. Coincée, elle a perdu. Un poil agacée la jeune fille, elle retire sa main et soupire doucement. Elle n'aime pas perdre, c'est un fait. Maintenant elle se retrouve coincée avec son gage. Gisella décide de s'y mettre, elle ne sait pas comment on fait, elle a juste vu dans les films quand ils s'embrassent et se sautent dessus. Une fois son père lui a caché les yeux. La jeune fille se redresse, assise en tailleurs en face de lui, son coeur cogne à vive allure. Si elle rate son premier baiser ça portera malheur et jamais elle n'aura de prince charmant. Elle se penche vers lui, pose ses lèvres sur les siennes, c'est doux et confortable, elle n'avait pas imaginé ça comme ça. Instinctivement elle ferme les yeux le temps que ça dure et se surprend à apprécier pour finalement s'éloigner. Ses joues sont en feu, elle mentirait si elle disait que ça lui a déplu, mais décide de ne pas faire le moindre commentaire et lui présente de nouveau sa main. Ça va la déstabiliser pour le round suivant. « Si tu perds... Tu me promets d'être toujours mon ami. »
Il ouvre grand les yeux, mais discrètement, pour observer les joues de Gisella. Elles se colorent doucement et il se dit que ce teint lui va bien. Il ne la voit pas souvent de cette couleur, sauf lorsqu'elle règle ses comptes avec ceux qui l'énervent. Mais c'est plutôt un rouge colère. Là, c'est un drôle de rouge. Un rouge dont il est l'auteur : un rouge qui lui plaît. Il aime beaucoup ça, provoquer des réactions en deux trois mots, en un clin d'oeil.
L'accord est passé. Soit c'est toi soit c'est moi. Ça lui semble juste. La bataille s'engage. Les pouces attaquent et se défendent, feintent, esquivent. Mais trop lentement cette fois-ci, et Gisella doit honorer son gage. Il se prépare, mentalement, à ce que ça fera, ce que ça déclenchera. Dans les films, ça a l'air fantastique.
Rapprochement, bouches unies, yeux fermés. Il décide de l'imiter. C'est agréable, c'est étrange, c'est changeant. Et lorsque ça s'arrête, Alcide se dit que c'était plutôt chouette. Mais aussi que Gisella, c'est Gisella. Il n'est pas sûr d'un jour vouloir l'aimer comme ça. Comme elle, il ne fait pas de commentaire. C'est rien qu'une expérience d'enfant, pas vrai ?
Elle tend sa main une nouvelle fois et annonce le gage qui l'accompagne. Ça le déroute. Elle reste calme alors que lui, il ne sait pas quoi penser. « Mais Gi - » Trop tard. Pouce à droite, feinte pendant deux secondes, tension palpable dans les doigts et les paumes moites. Puis il dérape, trop lent, Gisella écrase son pouce sur le sien : Ippon.
Il sourit, chope son verre et le termine d'une traite. Vraiment pas bon mais il ne faut pas qu'il en reste. Il ne faut jamais laisser de preuve. Il retient un "hips" étourdi et chuchote : « Gisella, tu sais, c'est pas un gage ce que t'as dit. » Ça lui échappe. Ils sont amis et pas à cause d'un pouce ou d'un gage. Comme ce bisou-test, c'était pour du beurre, et maintenant que c'est derrière eux, il se dit que ce n'est pas fait pour eux.
« Je me sens un peu... Comment dit Papa, quand il a l'air un peu ailleurs ? Il ne sait, sait plus, plus... Ça tourne un peu dans tous les sens... et dans la tête, ça cogne, ça chauffe, ça n'a aucun sens... Bizarre, finit-il par râler, décontenancé. J'espère qu'il y avait pas de poison dedans... ».
Second roud, après ce baiser échangé, étrange, mais pas désagréable, il lui reste sur les lèvres, la trace fantomatique, et l'alcool distillé dans son sang lui donne même envie de recommencer, parce que c'est confortable, doux. Alcide est gentil elle en profite. Jusqu'à tenter de lui faire promettre des choses en guise de gage. « Et bien j'ai décidé que si! Et tu as perdu!» Elle sourit, toutes ses dents, les yeux qui pétillent, le regard un peu embué par l'alcool. Alcide devra rester son ami pour toujours, ils n'ont pas besoin de cela, mais elle craint qu'il ne s'intéresse plus à elle si elle n'est pas une déesse, et surtout parce qu'elle sait qu'elle n'en sera pas une, et que lui, il sera un dieu. Elle a peur, qu'il ne lui parle plus, qu'il ne veuille plus rigoler avec elle ou lui donne des petits gages. Parce que mine de rien, Alcide a beau être un rival, elle aime bien quand il lui donne des surnoms idiots, qu'il se paye sa tête.
Gisella laisse le cadavre de la bouteille à côté de la poubelle, parvient à se hisser pour laisser les verres sur le comptoir et tire Alcide avec elle. Elle se sent bizarre aussi, ça a l'air d'aller en s'empirant alors le moment est réellement venu de s'en aller. Elle ne marche pas droit, mais ils parviennent à sortir sans faire le moindre bruit. La crainte de se faire punir est plus forte que tout est une fois les escaliers remontés (avec difficulté), elle le tire dans l'ascenseur et parvient à trouver le bouton qui mène à l'étage de sa chambre. Les couloirs ont l'air beaucoup plus long, elle n'avait pas souvenir non plus de s'enfoncer dans la moquette des couloirs. D'ailleurs elle ne se souvient pas non plus avoir déjà eu de la moquette ici. C'était vraiment étrange comme boisson, est ce que c'est la même que dans Alice au pays des merveilles ? Celle où il est écrit "buvez moi" elle donne le hoquet à Alcide et après elle voit plein de choses bizarres. Pas l'ombre d'un lapin blanc pourtant, elle irait bien jouer avec le chat de Cheshire. Gisella se retient de pouffer de rire quand elle se rend compte qu'elle a mis bien 5 minutes à trouver le trou de la serrure, elle entre, envoie sa mère sur les roses et emmène Alcide dans sa chambre. Porte fermée, personne ne doit les voir dans cet état.
« J'avais jamais embrassé de garçon» les mots sortent sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle réalise, pouffe de rire, se moque d'elle-même de son état qui devient de plus en plus délirant. Est ce que Alcide est dans le même état ? « Plus jamais le rosé, c'est dangereux! » Ça fait mal au ventre, malgré l'euphorie, les gestes sont légers, trop légers. Elle a l'impression de pouvoir voler, alors elle décide de sauter sur son lit, attrape les mains d'Alcide et l'invite à faire de même. Ils sont des enfants, mais elle sait que cette histoire restera dans leurs mémoires.
