Now the sun's gone to hell
and the moon's riding high.

Now the sun's gone to hell and the moon's riding high. Let me bid you farewell. Every man has to die but it's written in the starlight and every line on your palm : we're fools to make war on our brothers in arms.

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Le 29 septembre, au cimetière du quartier historique.

Il y a cette main dans son dos qui l’empêche de sombrer. Les émotions pugnaces, récemment révélées, qui l’aident à se tenir debout, et chaque matin à se lever. Il y a ces quelques têtes ici présentes, et bien d’autres dehors, qui ont encore besoin d’elle. Vivante, et renforcée des épreuves une à une affrontées.

La rupture improbable.
Le poison dans ses doigts qu’elle ne sait contrôler.
Et maintenant, ça.

La perte d’un ami, plus que d’un garde du corps. La perte d’un homme parti en donnant sa vie pour tenter de sauver celle des autres, leitmotiv de sa courte existence.

Torben Rawne n’est plus, et le cœur de la divine se resserre de peine et de colère, de la rancune amère qu’a laissé le carnage de sa fin dans son être. Mais l’heure n’est pas à la rage ni aux pensées mauvaises à l’égard des coupables.
La poigne qui soudain enserre sa taille chasse le désir de vengeance qui menace d’assombrir son esprit. Le chirurgien à ses côtés, le soutien et l’ami, lui qui l’aide à faire face ainsi qu’à tout organiser.


L’attention se reporte sur la mère du défunt. Aux pleurs qui résonnent après l’hommage militaire, l’herboriste glisse sa main gantée autour du bras de Mrs Rawne. Elle aimerait faire plus encore que tout ce qu’elle a déjà pu faire pour cette femme ; au-delà des préparatifs, des papiers à remplir et de l’argent à débourser, elle voudrait pouvoir lui ramener son fils. L’âme aux qualités rares, qui ne méritait en rien ce massacre qui a signé son départ. Pas plus que le vieillard, ou que la femme et l’enfant qui les accompagnaient.

Des mots s’élèvent dans le silence du cimetière pour un dernier adieu. Les larmes perlent au coin des yeux, roulent sur les joues diaphanes et s’écrasent dans l’herbe tendre de l’endroit paisible. Bercé par le chant des oiseaux, et le parfum des fleurs apportées par ses soins. Elle dépose la rose traditionnelle sur le caveau où reposent à présent les cendres du défunt.   

Derniers regards qui se croisent tandis qu’elle salue discrètement le portrait, elle demeure immobile un instant devant le pupitre qui soutient le cliché. Sourire et fierté d’un soldat figé à jamais sur le papier, et gravé dans les cœurs de ceux pour qui il a compté.

Le 29 septembre, au cimetière du quartier historique.

Les membres encore engourdis, le moral au négatif, la bouche pâteuse, le réveil avait été encore plus dur que les précédents. Ne pas se pointer, ne pas y aller et passer un jour de plus cloîtrée dans ton appartement n'aurait pas été lui rendre hommage, à lui, mais également à sa famille. Aucune idée de qu'ils étaient et pourtant c'était toi qui avais scellé leur sort à tous. Ton cœur se serre, se déchire pour mieux repartir en un galop emballé. Tu sors les pieds de sous ta couette, repousse ton chat qui vient quémander le peu d'attention qu'il pourrait glaner. Les pieds sur le sol, tu te forces à te lever pour faire face au miroir plus loin dans la salle-de-bains. Tu jettes un œil à ton poignet, là où il avait pris le temps d'écrire son numéro qui a maintenant disparu. Et si quelqu’un vous cherche des noises, si vous avez des soucis pour ce qu’il s’est passé ici avec vos employeurs ou quiconque d’autre, appelez-moi. D’accord, Carmen ? Et jamais tu n'avais pu le faire. Parce que ce n'était pas après toi que les problèmes en avaient, mais après lui. La douleur que tes yeux renferment se voit à des kilomètres, le reflet dans la glace ne ment pas. Aujourd’hui, le noir t’ira comme un foutu gant.

Aislinn est présente, apparemment la mère de Torben également. Le massacre et les circonstances cruelles de cette tragédie ont rameuté pas mal de curieux mais aussi des gens révoltés ou simplement là pour soutenir des amis. Tu n'as pas voulu assister à la cérémonie de trop près, te sentant incapable de supporter les pleurs des proches. Malgré la distance, tu peux distinguer le regard pénétrant que te renvoie le portrait du blond. Des yeux qui te ramènent à cette autre soirée, à votre première et dernière rencontre. S’il reposait ce jour dans ce cimetière, accompagné d’une femme, d’un enfant et d’un vieillard, ce n’était que la résultante d’une décision que tu avais pris à la légère. Les larmes sillonnent tes joues, ton souffle malmené par une poitrine pressée par la culpabilité, on pourrait croire que tu te recueilles devant la tombe claire de cette Virginia West qui a vécu jusqu’en 1926. Tu n’as juste pas assez de cran pour confronter tout le mal que tu as fait. Un mouchoir usé serré si fort que tes ongles écorchent doucement ta paume.

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Un nom sur un dossier, refermé à jamais. Une photo échappée, envolée sous la table, rattrapée aussitôt. Et longuement contemplée. Des souvenirs qui s’animent de tes jours de cavale où tu l’as rencontré. Torben Rawne, tu ne connaissais pas son nom avant de le voir écrit sur le papier. Tu ne savais pas non plus qu’il n’était plus de ce monde avant de demander à ton père ce qu’il pouvait t’en dire. Tu es restée évasive à propos de votre aventure, de cette aide mutuelle que vous vous êtes apportée. Mais ce jour où le défunt a empêché l’animal de tuer reste gravé dans ta mémoire.

Aussi, quand tu as su que ton père se présenterait à l’enterrement, as-tu tenu à l’y accompagner. Et c’est tout près de lui que tu te tiens en retrait. Loin de l’assemblée impressionnante, qui te laisse à penser que l’homme était connu, et tout autant aimé.

Un hommage silencieux, dernier au revoir inaudible tandis que tu relèves les yeux, vers ce père qui te reste et que tu crains de voir partir lui aussi. Ce sont à ces choses que l'on pense quand on voit toutes ces âmes chagrines. Et si Torben Rawne n'est plus, tu réalises qu'Éliakim est toujours là. Que tu ne l'as pas perdu comme tu as cru parfois.
Émue, tu glisses ta main dans la sienne, durant quelques secondes à peine. Un geste inattendu jamais renouvelé depuis qu’il t’a laissée enfant.

Éphémère, le contact est rompu alors que vous vous éloignez tous les deux du cimetière.    

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Mrs Rawne reçoit les condoléances, et la divine se tient à ses côtés. Silencieuse, immobile, elle note dans l’assemblée les visages familiers de ceux que Torben connaissait. Et ceux des proches compatissants venus la soutenir dans cette nouvelle épreuve. Comme les silhouettes défilent, bientôt la foule se disperse. Dans l’ombre du géant (@Romàn Falco) qui l’accompagne, l’herboriste s’éloigne pour rejoindre la nymphe demeurée en retrait (@Célestine Beauchamp). « Merci d’être venue » ; elle glisse à son oreille, et dépose un baiser sur sa joue en guise de salut. A deux pas d’elles, la déesse remarque la présence de @Carmen T. Benítez, de laquelle elle s’approche. Et offre un mouchoir de rechange, aucun mot et seulement le silence. Si elle devine sa culpabilité, elle ne saurait trouver les termes à l’instant pour la réconforter.
Le petit attroupement qu’ils forment à tous les quatre demeure sous les arbres, écoutant les oiseaux chanter. Et quand elle voit le Royaume s’approcher, la divine finit par accrocher le regard d’un des leurs qu’elle ne connaît que trop bien. Dans l’attente de le voir les rejoindre, elle offre un sourire triste et discret à l’attention d’@Alan G. Kaneved. Un client régulier.

Le 29 septembre, au cimetière du quartier historique.

Tu n'oses même pas relever ton regard pour croiser celui de la belle rousse (@AISLINN O'REILLY), de peur d'y trouver une trace de ressentiments. Tu en possèdes déjà assez toi-même pour toute une vie et la suivante. Tu murmures un petit merci en te saisissant du mouchoir qu'elle te propose. Les yeux rivés au sol, le cœur si enserré dans la poitrine, tu ne saurais même pas prêter attention au monde qui t'entoure. Torben Rawne s'en est allé de la manière la plus dégueulasse qu'il soit, il a emporté ta naïveté candide et y a distillé un chagrin  et une culpabilité profonde. Tu essuies une larme de plus, tu oses enserrer l'épaule d'Aislinn avant de la saluer d'un hochement de la tête. Ta présence ici est presque hypocrite, si tu avais tenu ta langue rien ne serait arrivé. Tu dépasses le petit attroupement sans saluer @CÉLESTINE BEAUCHAMP et @ROMÀN FALCO au passage. Tu finiras cette journée comme celles qui l'ont précédées : roulée en boule, croulant sous le chagrin et la détresse.

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En retour de son salut discret, le gradé d’An Riocht (@Alan G. Kaneved) hoche lentement la tête en direction du petit groupe. Il ne dévie pourtant pas sa route, et la divine le regarde s’éloigner comme le font beaucoup d’autres.  @Célestine Beauchamp et  @Carmen T. Benítez ne tardent pas à faire de même, laissant seuls sous les arbres le Titan (@Romàn Falco) et la Déesse.
Un pilier pour la soutenir, un rempart à la vague de tristesse mêlée de haine qui ne cesse de grandir au fond d’elle. Ce n’est ni l’heure ni le jour pour penser aux représailles mais poussé par l’hybris, l’esprit atterré vagabonde à intervalles réguliers vers des scénarios de vengeance. L’herboriste fulmine en songeant aux coupables, tout en sachant que rétablir elle-même la justice ne serait que suicide.

« On ira marcher un peu après si tu veux ». Murmure qui s’élève par delà le chant des oiseaux, souffle à son oreille comme une brise légère. « C’est une bonne idée ». Elle sourit à son tour, apaisée de le savoir à ses côtés depuis que sa vie semble chaque jour s’effriter davantage. Que son nom soit lié au Royaume depuis peu, elle sait malgré tout que lui ne leur appartient pas. L’homme est bien trop libre, et trop indépendant.

« Quand nous aurons raccompagné Mrs Rawne ». La mère du défunt qu’elle soutiendra jusqu’au bout. Celle qu’elle rejoint face au caveau, glissant une main gantée dans son dos pour lui assurer sa présence alors que la foule s’est doucement dispersée. Il ne reste bientôt plus qu’eux trois dans le cimetière, et avant de tourner définitivement le dos au soldat qu’on vient de mettre en terre, la déesse susurre à son adresse un adieu silencieux. Respirant le parfum des fleurs, elle penche la tête en arrière pour laisser les rayons du soleil caresser son visage, et réchauffer sa peau.

C’est un beau jour pour partir.