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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed)

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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Ven 16 Nov - 20:29

(avis aux âmes sensibles, c’est un chouilla dégueu, donc ne lisez pas en mangeant :smirk: lazlov )



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)

Le téléphone vibre dans sa poche, et elle cille devant les sms qui arrivent les uns après les autres. Appuyée contre une cuve géante en cuivre, la voilà qui glousse, un rire étranglé, chargé émotionnellement peut-être, et qui, bêtement, sans vraiment réfléchir, fait ce que lui indique l’ami à l’autre bout de la conversation. L’index qui s’enfonce un peu trop dans le gosier alors qu’elle ne sait pas vraiment ce qu’elle fait. Une secousse dans le gosier, et tout sort en gerbe sur le sol en lino qui en a vu d’autres.

Ah oui.
Avait-elle oublié de préciser qu’elle était complètement pintée au neptra à son interlocuteur invisible pour le moment ? Probablement. Parce que bon, l’entrepôt de la distillerie avait beau être vaste, elle connaissait quand même les allées et savait normalement s’y repérer.

Mais là, disons qu’elle était rentrée sans vraiment prêter attention à quoi que ce soit, et qu’elle avait continué de boire au goulot de la bouteille en verre, alors qu’elle était déjà bien faite. Alors elle avait déambulé dans les allées, la Reed, dans la pénombre presque totale, à l’exception des écriteaux sortie de secours qui luisaient comme des phares dans la nuit pour cette nyctalope (oui, ou cette salope, on peut s’accorder aussi là-dessus, elle-même se qualifiait ainsi depuis peu) désormais habituée à voir dans le noir.

Non, ça n’allait pas. Trop de choses s’étaient emmêlées, et les souvenirs qui resurgissaient de cette existence divine entrecoupée de trop de chagrins, et de quelques joies, de trop de sang, et d’un peu de larmes, avaient eu tôt fait de s’accoupler aux désagréments de cette existence-là, à s’unir à l’accumulation de choix foireux et de non-décisions.
Tout ça pour l’amener là.
Agenouillée devant une cuve.
Les cheveux frôlant dangereusement la mare d’une couleur incertaine dans la nuit.
Les yeux plein de larmes, montées à cause de la sensation brûlante dans sa gorge, et de peines rendues muettes par orgueil et dureté d’âme.

Elle n’avait pas bu parce qu’elle avait envie d’être joyeuse non. Elle avait bu pour oublier, et ce stratagème ne fonctionnait malheureusement pas.

Les lumières s’allument brusquement, néons qui clignotent et aveuglent bientôt la ruine humaine. Et la voilà qui, sans se redresser, figée à attendre la prochaine vague biliaire, hurle -ce qu’elle n’aurait pas dû faire pour cause de glotte encore sensible : « NED ?! »
Et rebelotte, la flaque poursuit son étalement alors que des gargouillis indiquent au sauveur la position de l’oisillon échoué.

Ça va être coton à expliquer, pour sûr.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Sam 17 Nov - 17:09


I'M A RUIN / I'LL RUIN YOU
sinead & éamonn
Listen, seeing you got ritualistic. Cleansin' my soul of addiction for now cause I'm fallin' apart. Yeah, tension between us just like picket fences, you got issues that I won't mention for now cause we're fallin' apart. Passionate from miles away, passive with the things you say. Passin' up on my old ways, I can't blame you, no, no.


Les bandes teintées de rouge frappent inlassablement le sac éventré. Le sable s'écoule, se déverse à mes pieds. Concentré, fidèle à la tâche de ne plus penser, je cogne, frappe, avec les entrailles qui se contractent pour que le myocarde, lui, se taise. Au moins pour ce soir, au moins pour une fois. Parce que les eaux étaient calmes, depuis bien trop longtemps, et qu'elles autorisaient les pensées à flotter là où seuls les tourments persistaient. Mais ce soir, tout était calme. Jusqu'à ce que les poings n'embrassent le béton, le parpaing et que l'assiduité pugnace ne le fasse s'effriter. Pauvre homme qui n'en était plus réellement un, pauvre Dieu qui se retrouve prisonnier d'une carcasse lasse. Ce n'est que lorsque la douleur commence à piquer que je cille, frénétiquement et que je reviens à Arcadia, la maudite. Je déglutis. Le téléphone vibre, je redoute le pire. Les mots en langue maternelle à pulser la mort imminente, les freins coupés et la brûlure de la fuite de gaz, sur l'avant-bras. Je me savais maladroit, stupide même mais certainement pas à ce point, priant les circonstances comme atténuantes pour une telle négligence.

Sinead. La rousse flamboyante, perdue dans la distillerie. La sueur perle sur ma nuque, alourdit les bouclettes de la tignasse désormais épaisse. Brin d'humour, salvateur, je n'ai plus de nouvelle. Redoutant alors le pire, j'enfile une veste à même la peau dénudée, me dirigeant vers la distillerie. Manche relevée, laissant apparaître les sévices nouveaux de brûlures inédites, je m'avance, allume les lumières bruyamment et renifle tout aussi gracieusement. Les effluves masquent les odeurs humaines diverses et variées, et je m'avance, alors que ce pan de la distillerie est désert. La flaque en signe précurseur, je penche la tête, m'avance les poings serrés, prêt à faire parler l'étiquette, lorsque mes yeux se posent sur la divine amie. Le prénom la fait goupiller. Un effet un peu trop récurrent, ces derniers temps. J'échappe un grognement et m'approche d'elle. Les yeux rouges, le teint blafard. Je l'avais connue plus à son avantage. Et cet alcool-là, il était notre malédiction. Sans jugement, sans prétendre connaître ses afflictions, je glisse une main sous ses genoux et la soulève d'un bond, sans aucune parole, juste un regard mutin. « T'emballes pas Reed, j'leur fais toutes cet effet-là. » Le vomi, le port, le coup de la princesse, que des coups foireux. « Me gerbe pas d'ssus. J'te crève les pneus de ta moto sinon. » L'avertissement grognon sonné, je porte la divine rousse jusqu'à mon bureau, quelques pas et un étage plus loin. Aussi délicatement que possible, je la laisse fouler le sol à nouveau, accompagnant ses pas, le corps accolé au sien, dans le seul but de la retenir dans sa chute, aussi hypothétique soit-elle.

Un instant le dos tourné, j'attrape verre, eau, linge, ce que je pense pouvoir lui être utile. « J'croyais que l'coeur des courtisanes pouvait pas saigner. » Je passe alors le linge frais sur son visage, essuyant les traces de son maquillage qui assombrit son regard pourpre et rend un peu plus blafard sa carnation aux traits attristés. « Si c'est un gars qui t'met dans cet état, m'faut juste un nom et je m'occupe du reste. » Taquin, je lui tends le verre d'eau à mes pieds, prenant soin de le refroidir d'un simple contact. « P'tites gorgées, sinon Fiona va gueuler si tu refais la déco. » La poubelle aux siens, je l'observe. Seuls, je me laisse aller à un geste tendre, une main tendue, qui effleure sa joue. Et face aux souvenirs, le geste est violent. La main se plaque à ma cuisse, et je me débarrasse enfin des bandes. Gorge raclée, regard un instant troublé, je déglutis pour finalement oser la question. « J'croyais que t'avais arrêté le neptra, y s'passe quoi ? » Neptra, l'alcool de ceux qui cherchaient à oublier, à se vider à en taire les entrailles, à s'en consumer les neurones pour prier qu'ils se taisent.  
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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Lun 19 Nov - 19:37



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)

C’est bien lui qui s’approche, une odeur de sueur qui parvient à surpasser celle de la mare de vomi. Il ne parle pas tout de suite, et c’est d’abord les gestes qui ont du signifiant. Elle laisse porter comme une mariée, la rouquine, sans râler, sans protester. Elle est pas capable, dans son état, de l’envoyer au diable correctement, alors elle s’abstient. Elle maintient ses lèvres scellées, histoire de pas lui régurgiter de la bile dessus, alors qu’il l’éloigne du lieu du crime. Les mains nouées derrière la nuque du Sénéchal, elle est pas loin d’être une pauvre petite chose affaiblie -et ça la ferait probablement rire aux éclats de se voir dans un état pareil, si les circonstances étaient différentes.

Le sol est feutré quand elle y repose les pieds, maintenue debout par son porteur improvisé. Les cheveux en pagaille, le visage toujours blême, le souffle court et les yeux rougis, la courtisane déglutit avec prudence la salive qui s’est accumulée dans sa bouche. Histoire de pouvoir parler, après. Ou au moins le remercier d’être accouru comme un chevalier servant. Et d’avoir à peu près dédramatisé la situation comme il savait le faire -et n’avait pas eu à le faire depuis… des lustres, probablement. Elle ferme les yeux quand il passe un linge frais sur ses traits, et esquisse un maigre sourire, un peu timide : « T’es con… » qu’elle souffle sans vraiment y mettre le cœur qu’on aurait pu attendre dans pareille dénégation. Le maquillage coulé souille rapidement le linge et elle a l’impression que la peau de son visage s’allège. Ce n’est pas la même chose pour son cœur, toujours lourd, toujours gros. Et de secouer la tête de gauche à droite quand il demande pour un mec, et de grommeler d’une toute petite voix « je l’aurais marravé toute seule, le mec » comme si c’était une justification valable. Une grimace quand il mentionne la Reine. Sinead ne veut pas penser au Royaume ce soir. Elle ne veut pas y penser depuis des jours entiers. Depuis qu’elle enchaîne les conneries, elle ne veut plus y penser, au Royaume. Elle fait ce qu’elle doit, elle recrute, et elle rackette. Mais les souvenirs l’assaillent, d’existences martiales où elle avait le pouvoir, où elle avait une famille, où elle avait des enfants qui avaient l’art de la guerre dans les veines, comme elle. Nemhain souffre de se souvenir, et Sinead, avec elle, se perd dans des vies que l’humaine n’a jamais connues. Elle boit, doucement. Petites gorgées, il a dit. Alors elle fait des petites gorgées, parce qu’il sait mieux qu’elle. La tête penchée par dessus la poubelle, au cas où.

Ça passe. Le cœur cogne encore violemment contre la cage thoracique, mais la respiration s’apaise. Elle frissonne quand la main du grand gaillard frôle sa joue, et le frisson se répercute jusqu’à ses orteils, dérangeant les entrailles et faisant rejaillir de la bile dans la poubelle qu’elle a saisi presque au vol, laissant le verre retomber sur la moquette, doucement. Relevant la tête, elle retrouve ses esprits et se souvient de la question posée juste avant le reflux gastrique. Elle voudrait tousser et s’éclaircir la voix, mais pour avoir testé, elle sent que ça serait une mauvaise idée. Alors tant pis, la voix est chuintante et pas très forte, serrée et tendue : « Je… Il se passe que les souvenirs d’avant sont revenus. » Elle pose la poubelle, inspire lentement, et essuie sa bouche d’un revers de manche de pull noir -tant pis, elle le lavera en rentrant. Prudemment, elle se laisse glisser contre le mur derrière elle, s’assied bêtement dans la flaque d’eau causée par la chute du verre. « Il se passe que je sais pas gérer tout ça, et que je fais que de la merde. » Le neptra, c’est juste le bout de l’iceberg qui dépasse. Y a trop de conneries qu’elle peut pas dire, trop de choses qui l’étouffent, trop d’incertitudes qui lui entravent l’âme. « Je croyais aussi avoir réussi à arrêter cette merde, mais faut croire que c’est la seule chose qui me brûle assez le gosier pour me faire oublier deux minutes seulement -mais deux minutes quand même- qu’il y a toutes ces choses vécues, et non-vécues, et toutes ces… » La voix meurt, un soupir qui fend l’âme quitte son poitrail alors qu’elle pose les yeux sur Ned, sur le vieil ami infaillible, sur le pilier dans la tempête.

Elle le regarde, le dévisage et les billes bleu-vert glissent vers les traces rouges aux jointures des mains. Et de pousser contre le sol et le mur derrière elle, de se relever, de franchir les quelques pas qui les séparent, et de se blottir contre lui, les bras enlacés autour du torse et du dos du barbu, les yeux fermés à se les crever presque, et de laisser échapper un piètre : « J’suis désolée » alors que les épaules se remettent à tressaillir et qu’elle est définitivement perdue dans cette existence sans véritable point d’ancrage.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Mar 27 Nov - 18:01


I'M A RUIN / I'LL RUIN YOU
sinead & éamonn
Listen, seeing you got ritualistic. Cleansin' my soul of addiction for now cause I'm fallin' apart. Yeah, tension between us just like picket fences, you got issues that I won't mention for now cause we're fallin' apart. Passionate from miles away, passive with the things you say. Passin' up on my old ways, I can't blame you, no, no.


La mariée d’un autre, l’ancien fiancé d’une autre. Douce ironie, où l’odeur des tripes retournées était bien le seul dénominateur commun. Boire pour oublier. Travailler pour oublier. Saigner pour oublier. Se convaincre d’oublier. Oublier d’oublier et laisser la vie faire ses affres, ou son œuvre, peu importe. Mais la divine ne rouspete pas, non, ce soir la divine se confond dans des méandres sinueux, dédale dont je n’avais pas encore le secret. Sans doute que nous nous moquerions de nos propres reflets, mais l’inquiétude était bien trop palpable. Et je n’aimais pas ce que je voyais. Au-delà des dégorgements, au-delà de l’odeur, je me souviens de sa demande, surtout. Solennelle et respectée, parole donnée et veillée, la voir ainsi plonger ne présageait rien de bon.

La main ferme tient brusquement sa taille de guêpe, l’empêche de vasciller et de baptiser le sol du bureau refait à neuf. Les dextres parcourent son visage, redessinent ses traits dans une douceur relative, à la fois savant mélange de tendresse et de brutalité. Mais la courtisane sourit et les lippes apaisent le myocarde, affolé dans le plus grand des secrets. Le linge se noircit, sans pour autant s’encrasser. Elle râle, grogne et m’arrache un sourire. Sinead l’intrépide, sur sa moto rouge, capable de merveilles, de provoquer heurs et malheurs. Magique et divine, complexe et simple à la fois, la divine s’était construit une place de choix dans mon esprit encore juvénile. Son regard émeraude est troublé, et j’ignore encore le poids qui repose sur ses épaules frêles. Je la guette, l’observe attentivement boire et déglutir. Je compte les gorgées, sourcils froncés, poing fermé. Entre distance et douceur, je m’égare et ses traits se confondent avec d’autres et là où mes entrailles se compriment, les siens se déversent à nouveau, dans la poubelle cette fois. Quel effet. Je lui laisse l’espace qui me semble être nécessaire mais sa voix ne parvient pas jusqu’à mes oreilles. A genoux devant elle, je m’approche, replace une mèche de ses cheveux cuivrés derrière son oreille.

Pour une fois, elle livre le récit au lieu de sa bile et ma mâchoire se serre à mesure que les muscles, eux, se relâchent. Elle-aussi. L’hôte continue de la tourmenter, au-delà de ses pouvoirs, il y avait son histoire, et celle de ses vies passées. J’arque un sourcil et m’installe en tailleur à ses côtés, silencieux, l’écoutant presque religieusement, ou du moins de l’idée dont je pouvais me faire de ce qu’était le religieux. Je la vois osciller, tanguer, elle et son esprit. Reflet troublant, je finis par me relever, attrapant un autre verre et un autre linge. Je l’entends, se relever, peiner et surmonter. La divine s’approche, fend l’air qui nous sépare et lentement, mes bras l’enrobent, se ferment autour de sa silhouette. L’hideuse effleure ses cheveux fins, l’autre se place au milieu de son dos et je m’assure ainsi de la maintenir, prêt à affronter les vagues qui l’assaillent à ses côtés, ou du moins, de pouvoir l’aider sans prétention aucune, si ce n’est de ne jamais la laisser seule face à ses démons. « Hé Sinead, t’es désolée d’quoi au juste ? » J’appuie lentement mon front au sien, effleure sa joue du pouce de ma main difforme. « Plus d’neptra pour toi. » Et je relève son menton lentement, forçant son regard à croiser le mien, la soutenant de force. Sans consentement ni consultation préalable, je la fixe, plonge mon regard dans le sien. « Et c’est quoi ces merdes, qu’on les rattrape ? » Je tais que je la comprends pour les souvenirs, comme s’il y avait une possible priorité parmi ses maux. Je me râcle lentement la gorge, relâche mon étreinte et libère la divine, laissant quelques centimètres seulement entre nous. Les bras croisés, je fixe un instant le sol, égaré dans ma propre prison, où il n’y avait aucune échappatoire. J’allume finalement une cigarette, relève le regard et le plante dans celui de la courtisane. « J’veux dire, les souvenirs.. Regarde à qui tu parles, tu sais que niveau merde, t’as rien à craindre. » Car c’était bien le seul endroit où je la surpassais, et sans réellement le chercher. Un talent naturel. Je déglutis, tire un peu plus sur le bâton de nicotine, me débarrassant des bandes autour de mes mains. J’obviais tout, voyant dans une simple brise le meilleur des dérivatifs. Et tout était tû, gardé sous scellé dans l’espoir que lorsque la poussière sera suffisamment épaisse, tout finira par s’oublier.  
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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Sam 1 Déc - 11:43



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)


Les corps humains restent proches. Les essences divines se jaugent, s’emmêlent, s’en mêlent. Jamais elle ne frissonne quand la main broyée de Ned, à jamais figée dans une apparence tordue, effleure ses traits et caresse ses cheveux. Elle n’a aucune raison d’être horrifiée ou quoi. L’habitude et le temps ont ôté toute bizarrerie à cette paluche. Dire qu’il jouait de la musique avant. Sinead ne s’est jamais demandé ce qu’elle ferait si elle ne pouvait plus jouer d’alto, par la force des choses. Sans doute perdrait-elle un pilier de son existence. Mais elle trouverait une solution pour continuer la musique, dût-elle jouer avec les pieds. McNamara l’interroge, question quasi-rhétorique alors que leurs deux fronts se touchent et que les pupilles s’ancrent les unes dans les autres. Petite moue fragile, alors qu’elle ne sait même pas par où commencer. Désolée de lui avoir quasi-vomi dessus. Désolée de pas être capable de se tenir à son sevrage. Elle a recommencé à en boire après le Trianon, après l’Eden Manor, après une quantité de merdes qui se sont enchaînées. Ou bien peut-être n’a-t-elle recommencé qu’à cette soirée chez Augustin ? Elle ne sait plus. En voulant s’oublier, elle a oublié sur quelle pierre elle a glissé. Elle hoche la tête doucement quand il formule ce sur quoi ils s’étaient tous les deux déjà entendus. Pas le moment de plaisanter sur la cure de désintox, il serait capable de l’y foutre aussi sec, sans autre forme de procès. Peut-être aurait-il raison, d’ailleurs.

Chair de poule dans le regard perçant de Ned reste encore dans ses prunelles, à la sonder comme il sonderait les fonds marins. Frisson, peur d’être découverte avant d’avouer volontairement les erreurs, les errances, les décisions stupides qui se sont accumulées. Elle a la bouche sèche, rien qu’à s’imaginer tout dire. Elle s’humidifie les lèvres alors qu’il s’écarte quelque peu, se racle la gorge aussi, s’essuie le bout du nez où pointe une goutte de morve ou de larmes. Il affirme qu’elle ne pourra pas le dépasser au niveau des merdes, et elle sent qu’elle ignore une grande partie d’éléments de la vie de Ned, sans forcément savoir si elle veut creuser maintenant.

Non. Les souvenirs, c’est quand même la plus simple des choses dont elle peut parler. Ceux de Nemhain sont centenaires, millénaires, et s’il est certaines existences qu’elle a réussi à remettre en ordre dans le creux de son cerveau -une infirmière irlandaise pendant la Première Guerre mondiale, morte à cause d’un obus ; une jeune Galloise transportée par le bonheur, mariée, mais morte en couches ; une vieille morte entourée de ses petits enfants, dont l’époux s’était révélé être la réincarnation de Nuada- d’autres existences restent obscures, mal dégrossies. Mourir tant de fois dans ses souvenirs, c’est lui donner la certitude qu’il n’y a rien après, en tout cas rien pour elle, Sinead. Nemhain continuera de s’incarner, à moins que la guerre ne mette un terme au cycle des réincarnations divines normales. « J’en peux plus de me souvenir de ses morts. » Elle renifle, se redresse un peu, fourre ses mains dans ses poches de pantalon, et regarde par la fenêtre, à travers les stores baissés. « De toutes ces existences, y en a qui me bouffent plus que d’autres. Elle a été mariée à un type, corsaire ou pirate, je sais pas trop l’époque, dix-huitième siècle certainement. Revivre sa trouille de se découvrir enceinte, son bonheur croissant à la perspective d’être mère, son horreur et son désespoir quand l’enfant est né à terme, mais mort-né… » Rien que d’en parler, ça lui fait monter les larmes aux yeux. « Ça me tue. Je sais pas comment faire face à ça… » Elle lui tourne le dos, essaie de rester ancrée dans leur temporalité en guettant l’extérieur incolore de la nuit dont elle distingue pourtant toutes les formes. « Je sais plus ce qui est ma vie, à moi, et ce qui est les siennes. » Et puis j’me suis mariée., elle pourrait souffler maintenant. Mais embrumée par les vapeurs du neptra, elle-même ne sait pas vraiment si c’est vrai, à force. Si c’est bien elle, Sinead Reed, qui a traversé en un éclair le pays pour se marier à Las Vegas, si c’est un des avatars antérieurs. Et elle se noie dans cet océan de souvenir, dans ces émotions trop fortes pour une femme qui a voulu barricader son âme et son cœur. « Je sais même plus si je suis heureuse, ou malheureuse, ou je deviens complètement folle. »


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Sam 8 Déc - 11:51


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Le frisson parcourt son échine, et le derme renoue avec les sensations de chaleur, presque égarées, mais jamais oubliées. Le spasme est irrépressible et la taille se retrouve prisonnière de son bourreau hideux. Mais la divine ne prend pas peur du tortionnaire, il y a quelque chose de différent dans son regard. Elle comprend, quelque chose que j’ignore, et pourtant, qui est si évident. Si seulement la mélodie du myocarde pouvait encore résonner dans mes tempes, faire vibrer cette cage désormais impassible. Si seulement. Le rythme est bien trop lent, le style est désormais mutique. Alors, ce sont mes cordes vocales qui s’animent, vibrent dans un timbre rauque. Une autre lueur dans ses yeux d’émeraude me fait comprendre l’évidence, la culpabilité, le pied au mur, c’est le regard de quelqu’un qui en aura trop vu, trop fait et qui se perd. Parfait reflet, drôle d’ironie. Pourtant, je l’écoute, tâche de la percer un peu plus, oubliant même de cilier. Je veux savoir, je veux qu’elle sache, que jamais, tout ceci ne se limitera à quelques boutades vaseuses et qu’il y avait des fondations solides sous cette crasse.

Alors, je m’écarte, et l’espace qui se crée n’est pas froid. Temporaire, presque chaud, je la guette, l’épie même. La flasque sortie, je bois une longue gorgée d’eau, essence existentielle, devenue viscérale. Le sourcil brusquement arqué, je me redresse. Les morts, brutales, rarement douces, et cette sensation de n’être, au final, qu’une enveloppe pour un colis bien plus précieux, divin même. Mais dans une vie empreinte et pleine de violence et de crasse, les morts d’antan me paraissent presque envieuses. Parce qu’elles sont calmes, à condition qu’elles aient lieu dans notre élément. Vies parfois courtes, parfois longues, mais toujours intenses et souvent déconcertantes, l’homme solitaire finissait toujours avec sa seule amante, l’eau. Je manque de m’étouffer quand elle évoque un corsaire. La toux me rend bruyant et je finis par la regarder du coin de l’œil, sourire amusé jusqu’à ce qu’elle déroule son histoire. L’air grave, je quitte le bureau et m’approche de la divine rousse, ses mains frêles dans les miennes, mon regard ancré dans le sien.  « Tu fais partie d’elle et elle fait partie d’toi, Sinead. C’est votre vie, pas la sienne ou la tienne, ou de j’sais pas qui, c’est la vôtre. » Persuadé, naïf ou malléable, probablement les trois, je lui livrais la connaissance de son mal-être, mais aussi de son partage, dans une moindre mesure. Mais j’avais opté pour la facilité, en me plongeant dans les affaires de famille, délaissant celles de cœur, les sacrifiant à même la distillerie, autel damné.

Je déglutis, lui souris d’un air malicieux et passe une main dans sa crinière cuivrée. « T’sais parfois, l’plus simple c’est de pas se poser c’te question. » J’inspire, replace une mèche derrière son oreille. « J’crois qu’on est tous fous dans c’te ville. Mais j’veux croire que si tu t’la poses cette question, c’est que y’a des choses quand même sympas qui arrivent. » Je prends un verre de whisky, lui en propose un. « J’sais pas moi, ta moto rouge par exemple. » Je le savoure, ressens la chaleur mais non plus l’ivresse et délaisse le liquoreux pour la rousse divine. J’inspire, parce que ma liste de confession est déjà bien trop longue, et qu’il n’y en a qu’une à confier pour le moment. Je crains seulement que le fil qui se déroule ne finisse par m’échapper, alors je balbutie, marmonne, m’embrouille, rougis, même. « Sinead. » Je sens ma gorge se nouer, mes entrailles se tordrent et la sueur perle sur mes tempes. « J’crois que, ça m’revient. » Parce que pour une fois, je faisais l’effort de ne pas seulement mettre de côté les souvenirs de Lir, mais de les digérer, aussi. Et je me souviens, d’un paumé descendant de jacobites émigrés en France. Oies sauvages. Je secoue la tête. Corsaire marié, mort en mer, l’amante l’aura repris à la mariée, en faisant une veuve. Les sourcils froncés, je me racle la gorge. « T’es sûre que c’était un corsaire ? J’veux dire, c’que tu dis, ça m’dit vaguement un truc. » Je prolonge son supplice, force, la brusque, sans doute, sans prétention pourtant. L’exécution de la sentence continue, bourreau qui sommeille et qui tend l’oreille, prêt à entendre l’inaudible.
 
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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Lun 10 Déc - 3:02



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)


Les souvenirs, c’est la bonne voie d’eau. Ça coule le navire, mais au moins, ça concentre l’attention, non ? Puisqu’elle ne peut se désolidariser de Nemhain, qu’elles sont une et même, unies malgré les centenaires de différence, alors autant se plonger cœur, corps et âme dans ce tumulte qu’a été l’existence de cette femme à l’espoir rageusement arraché par le hasard de la vie et de la mort. Les paroles de Ned la rassurent, et la rassérènent un peu aussi, face à ce flot ininterrompu de visages, de vies, de chagrins et de bonheurs. Elle serre les mains que Ned lui a tendues, elle se raccroche à lui par la peau et par le regard. Ce qu’il dit encore sur cette folie partagée par l’intégralité d’Arcadia la fait sourire, rire presque. « Ah, cette moto… » Elle fait tourner le whisky dans son verre, admire le liquide ambré un instant, sans y toucher, un sourire mutin qui étire le coin droit de ses lèvres alors que la rouquine pense à cinq ou six jeux de mots scabreux et indécents en rapport avec cette fameuse monture mécanique. Elle finit par en choisir un mais n’est pas foutue de le balancer alors que le Sénéchal grogne presque son prénom. Qu’est-ce qu’elle a fait ?, songe-t-elle immédiatement, à le voir tout rougissant. Regard qui redescend immédiatement sur son décolleté : tout va bien, ses seins ne sont pas sortis tous seuls de son soutien-gorge et ne se voient pas particulièrement à travers son pull noir, et elle n’a pas de résidu de vomi non plus niché entre ses nibards. Quoi alors ?

« J’crois que, ça m’revient. » Il a pas l’air bien, le Sénéchal, d’un coup. Elle a fait deux pas, le verre à whisky toujours dans une de ses mains, le dos de l’autre qui se pose sur le front du géant, pour voir s’il a pas de la fièvre, à soudainement être moite plus que de raison. « Ned ? », qu’elle demande doucement, alors qu’il est happé par ses souvenirs. Et de froncer à son tour ses sourcils quand il l’interroge. De retirer sa main et de prendre une gorgée de whisky, comme pour se donner un coup de fouet -et seule la sensation d’un liquide corrosif pointe, nulle ivresse qui ne vient se superposer à cette sale impression de ne pas vraiment avoir le contrôle, depuis qu’elle s’est enivrée au neptra une fois de trop.

Nemhain comprend avant Sinead. Ou peut-être comprennent-elles ensemble, puisqu’elles partagent la même échine, qui se hérisse soudainement. « Tu te fous de ma gueule. », qu’elle gronde, la donzelle à la crinière de cuivre qui prend bientôt le visage de Ned entre ses mains -pardon, entre sa main gauche et le verre de whisky, tenu par la droite. Ce n’est pas une question. C’est une affirmation. L’air grave qu’elle affiche se fend bientôt d’un sourire, puis un éclat de rire qui se perd assez vite dans la moquette plutôt que de sortir et résonner sur les cuves en métal. C’est Nemhain qui reprend, d’une voix toujours égale, quoique consternée. « Tu te fous de ma gueule, putain. » Parce que Nemhain sait à qui elle a affaire, et sait désormais qui s’était uni à elle des siècles auparavant. Et qui le lui avait ravi : « La mer. Cette salope. » qu’elle siffle, les souvenirs frappant ses flancs comme une tempête. Pas moyen de lutter contre cette catin d’onde à remous quand on est une déesse fermement ancrée dans la terre. « C’est vraiment complètement couillon pour toi, comme fin, tu reconnaîtras. Comme si je me retrouvais à mourir dans une guerre des gangs. » Il y a là peut-être un relent de prophétie ridicule, mais elle poursuit et elle interroge Lir, qui n’avait pas été démasqué dans cette vie d’avant : « Je me suis toujours demandée : c’était fait exprès ? » Gorge nouée, la déesse se remémore une existence de veuve éplorée, se sentant coupable dans la mort de l’aimé, avec ce bébé mort qu’il n’avait pas pu choyer ni élever. Avait-il choisi la mort en mer, ou bien n’avait-ce été qu’un sale coup du hasard ? « Tu peux bien me le dire maintenant, deux ou trois siècles, ça vaut bien prescription, non ? » Et entre les remous, Sinead qui se laisse happer par les vagues mémorielles et ne distingue plus vraiment ce qui relève du présent ou ce qui relève de l'avant, de leurs enveloppes charnelles d'antan.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Dim 16 Déc - 19:25


I'M A RUIN / I'LL RUIN YOU
sinead & éamonn
Listen, seeing you got ritualistic. Cleansin' my soul of addiction for now cause I'm fallin' apart. Yeah, tension between us just like picket fences, you got issues that I won't mention for now cause we're fallin' apart. Passionate from miles away, passive with the things you say. Passin' up on my old ways, I can't blame you, no, no.



Jamais le navire ne coule, toujours à flots. Jamais il ne sombre, même s’il est toujours bafoué et que les crevasses se font de plus en plus béantes. Tant pis, ainsi allait la vie. Tant pis, ainsi continuait la valse. Éternelle et intrépide, tant ivresse qui emporte que celle qui fait baiser le sol. Traitresse. Allégeance maintes fois renouvelée, désormais de l’ordre du sacré, de diamant taché de tripes déversées. Mais ce soir, ce n’étaient pas les miennes. Non, il s’agissait de la vase de Sinead, et de ce tempo qui semblait lui peser. Poids des souvenirs de centaines de vies dans ses yeux d’émeraudes, je veux partager son fardeau. Et lorsqu’elle se livre, j’accueille la confession, car je la sais, cette histoire. Je ne prétends pas connaître la sienne, mais celle de Lir me revient peu à peu. L’abandon, récidive, fil conducteur de Lir et de ses vies. Toujours repris, dès que l’infidélité à la mer se faisait trop grande. Désinvolte, il aura recommencé, aura tenté, aura aimé mais l’issue est la même. La sentence est indélébile, inévitable. Coupable d’amour parce qu’il en aura été capable, parce que j’en aurais été capable, je compte les jours jusqu’à ce que l’amer arrive.

Et même si les morts sont douces lorsqu’elles sont dans la mer, l’homme sait qu’il ne reverra plus la maîtresse de sa mécanique, que son myocarde qui aura osé battre la mesure d’une autre, finira par se taire. Et je comprends, pourquoi désormais. Pourquoi tout ça, et je l’accepte. Mes yeux lorgnent sur son décolleté, alors que je m’égare dans des raisonnements foireux. Parce que Lir n’était pas le dieu de la Mer, ni des Océans, il était l’océan même. Il la personnifiait autant qu’il lui appartenait. Et s’il la tempérait, il n’en restait pas moins à sa merci. Et mes sourcils se froncent face à l’injure, parce que c’est une partie de moi qu’elle insulte. Mais je comprends et je sais, car les leçons sont douloureuses et que les marques, invisibles, sont encore boursouflées, prêtes à se fendre à la moindre caresse. Les stigmates dissimulés derrière un sourire que je lui offre, j’appréciais l’ironie autant qu’elle pouvait le faire. « Hé p’t-être que c’est déjà arrivé dans l’passé, Sin. J’crois qu’les dieux aiment un peu trop les tragédies pleines d’ironie. J'crois pas que les Grecs ait le monopole. » Je lui fais un clin d’œil, bref, mais joueur.

Tout se confond, s’emmêle. Mais rien ne se perd pour autant. Alors, je l’observe, baisse les yeux un instant. Mon pouce gratte nerveusement la balafre de la tempe, je renifle bruyamment. Comment lui livrer mon secret ? Secret que je venais de découvrir ? Nul n’avait su briser cette prophétie et celles qui avaient essayé de briser le cercle déchaîné ne s’en étaient pas sorties indemnes, de ce que je pouvais savoir. Je passe une main sur mon visage, tire sur ma barbe, souriant presque à son humour. Mais je découvre une autre vérité dans son regard. Et pour une fois, je suis là pour assister aux dégâts que Lir avait causé, bien trop habitué aux miens seulement. Je me râcle la gorge, légèrement. Peut-être pouvais-je être capable de douceur, sans en être coupable. J’effleure sa joue, capture sa main, emmêle ses doigts aux miens, à nos vies qui s’entrechoqueront à jamais. Lir porte sa main à mes lèvres tremblantes. Je balbutie, tente des excuses qui n’arrivent pas à se formuler.

Ni par ego, ni par fierté, non. Seulement par la peur elle-même, de paraître pour ce que je peux réellement être, et qu’elle n’abandonne avant même que la tragédie ne commence, ou ne recommence. J’ai perdu le compte. « Si j’te dis un secret, tu le répèteras pas, hein ? » Une fois l’assurance donnée, je m’avance un peu plus, appose ses dextres sur mon torse, où la mécanique commence à s’affoler pour la première fois depuis plusieurs mois. « La mer reprend ce qui lui appartient. J’lui appartiens, Sin. Et, j’le sens. » Je défais la fermeture éclaire de mon haut, laissant dévoiler les sévisses et les avertissements boursouflés sur le derme. L’estomac troué, les éclairs du père sous ses doigts, les brûlures et balles embrasées. « Tout ça, c’était des mises en garde. Et j’le sais. Quand j’manipule l’eau, j’sais que bientôt, elle va finir par m’prendre, parce que toutes les histoires s’finissent comme ça. » Je suis objet, autant qu’elle est le mien. Je caresse sa joue, laissant mon pouce effleurer ses lèvres pleines, les fixant un instant. « C’est flatteur pour toi, elle s’est sentie menacée par toi, et j’lui donnerais bien une raison de la faire criser encore un peu. » Aussitôt, mes lippes capturent les siennes, s’embrassent, s’embrasent, s’enflamment là où aucune eau ne parviendra à calmer les ardeurs impertinentes. La fougue me dépasse, et ce sont les langues qui se trouvent. La désinvolture continue, encore, jusqu’à ce que l’haleine se perde et que le souffle n’en vienne à manquer. Mon front se pose sur le sien, et c’est un sourire plein de malice qui se dessine sur mes lippes rougies. « A ton tour, Sin. » Quel est ton plus grand secret ?    
 
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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Mar 18 Déc - 11:38



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)


Elle sait, Sin, elle sait que outre les morts sereines dans son sommeil, c’est l’arme au poing qu’elle a maintes fois rendu l’âme. Elle sait aussi que c’est probablement ce qui l’attend pendant cette guerre où il y a tant de pseudo-ennemis sur lesquels elle sera incapable de faire feu : à trop hésiter, on prend une balle, ou deux, ou douze. Elle n’est pas prophète, mais elle ne s’imagine pas faire de vieux os, pas en enchaînant les conneries et en se ruinant la santé au neptra. Elle le tait, pour autant. Pas besoin d’être aussi lugubre, hein ? Mais la pénombre, c’est lui qui la déverse, tout en se rapprochant et en liant leurs carnes et leurs myocardes qui cognent. Nemhain culpabilise encore pour cette existence qu’ils ont partagé au gré des courants. Lir semble tenter de s’excuser, sans que les mots ne sortent. C’est étrange, de sentir ces souvenirs qui affluent et refluent, qui étouffent et s’effacent. Sinead est contre Ned, les mains sur le poitrail du colosse qui bientôt dézippe sa veste et la laisse voir les marques, les coups, les cicatrices. Elle n’est pas impressionnée, pour en avoir vu tant et en avoir infligé plus dans ses nombreuses réincarnations -Nemhain a toujours été conquérante et présente à chaque siècle, épuisant ses enveloppes charnelles atteignant les stades les plus élevées de la conscience divine. On a toujours besoin d’une entité martiale et terrifiante sur les champs de bataille nombreux du globe.

La noirceur du monde les englobe lorsqu’il confie son terrible secret, cette sorte de prophétie qui lui pèse et alourdit l’âme au fur et à mesure qu’il parle. Les lèvres sèches, le souffle raccourci, la courtisane recueille l’information mais ne veut pas y croire. C’est des conneries, qu’elle voudrait cracher et s’extirper de l’étreinte amie. Pas moyen, cela dit. À l’insulte que ce serait, il y aurait aussi un refus de l’écouter alors qu’il s’ouvre -et les dieux savent qu’il a été une forteresse pendant des années, le McNamara. Sans vraiment savoir pourquoi, elle a les yeux qui brillent. L’émotion lui noue la gorge alors qu’elle se résigne à ne rien pouvoir faire pour enrayer la course funeste qu’il lui révèle. Elle est toujours bourrée, au neptra encore mieux, et elle sent tout de manière décuplée. Les coups de semonce de leurs cœurs sont erratiques, complètement désordonnés, pas sur la même cadence. Elle frissonne, renifle, ne trouve pas les mots alors qu’il lui caresse la joue, esquisse un maigre sourire en coin et, après un instant, il reprend. Et se penche vers elle, sans crier gare, quelques centimètres à peine qui les séparaient, pour l’embrasser.

Une digue cède, quelque part.
À l’instant où les lèvres se joignent.
À l’instant où les souffles se mêlent.
À l’instant où les sentiments s’entrechoquent.

On ne sait plus vraiment qui de Ned et Sin, ou de Lir et Nemhain, guide le baiser. Les quatre à la fois, si on en croit la théorie exposée plus tôt. Ou bien peut-être est-ce le libre-arbitre humain qui a pris le pas sur les souvenirs divins ? Qu’importe, à vrai dire. Sinead répond au baiser, et la fougue de l’un se transmet à l’autre, les mains s’accrochent à la nuque du brun et les bouches ne s’écartent plus. Le nez bouché n’aide pas bien à respirer néanmoins, et l’air vient à manquer. Quelques secondes s’égrènent dans le silence troué par leurs aspirations. Les yeux s’ancrent les uns aux autres, les mains de la rouquine quittent la nuque pour s’agripper aux épaules du Sénéchal. Les yeux toujours brillants, elle déglutit quand il demande sa confession en miroir. Un petit rire gêné, et elle se mordille la lèvre inférieure, les prunelles toujours dans celles de Ned. Son plus grand secret ? Elle pourrait lui dire pour toutes les conneries qu’elle a enchaînées là, depuis l’Eden Manor, le début de la fin. Mais c’est certainement pas le pire. Et encore moins ce à quoi elle pense maintenant qu’ils se sont embrassés aussi férocement. « Ça va te sembler ridicule. », commence-t-elle tout bas, sans s’écarter non plus. Au contraire, elle se rapproche, passe ses bras autour de la nuque de Ned, se hisse sur la pointe des pieds pour nicher son visage dans le cou du dieu et renifle encore avant d’avouer bêtement : « Je me chie dessus de trouille. » Un temps. L’évidence doit être précisée. « Pas littéralement ! »

Elle ose le dire, là. Avoir parlé à Maldwyn il y a des mois de cela l’aide probablement à mettre un peu plus de mots sur ce qu’elle ressent. Oh, elle a connu des joies et de peines, là n’est pas la question. Mais elle est terrifiée, elle qui terrorise ses adversaires lors des joutes et des combats. Désarmée par à quelque chose qui échappe à son contrôle. Le museau toujours dans le creux du cou du Sénéchal, elle déglutit encore et poursuit : « Ça foire toujours avec moi. » C’est pas exactement vrai pour les autres existences qu’elle a en tête, mais côté Sinead Reed, disons que ça n’a jamais été glorieux. Une histoire avec un homme marié, Flynn, et divorcé à cause d’une connerie arrosée de neptra. Un mariage avec un type du camp opposé, où c’est le neptra là encore qui a embrumé leurs esprits au point de se dire que c’était une bonne idée. Et là, ça. Encore une fois, le neptra qui met la merde partout.
Néanmoins, ça ne veut pas dire qu’elle n’en a pas envie. Le cœur tambourine, les veines pulsent, et le rouge est monté à ses joues et à ses lèvres. Les signes physiques ne trompent pas, pour sûr. Restent les mots, et elle se prend les pieds dedans, ne trouvant pas ceux qu’elle veut formuler, marchant sur des vocables-œufs prudemment, ne disant plus rien. Un mouvement des épaules et elle se retrouve face à lui, lui caresse la barbe d’une main, un sourire doux et consterné à la fois, les yeux qui papillonnent entre ceux de Ned et ses lèvres : « J’vais tout faire capoter. » Pour finalement l’embrasser une nouvelle fois, avec cette même passion, comme si elle voulait conjurer le mauvais sort.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Mer 19 Déc - 12:24


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 Condamnés dans des schémas perpétuels, dont l’ironie voulait que les marionnettes ne découvrent l’acte qu’une fois consommé, douceur de périr, amertume à vivre. La peau demeure ferme, les os sont presque poussière à force de les ronger jusqu’à l’usure. Les excuses ne pleuvent pas, s’avancent sans jamais franchir la digue en forme de mes lippes. Non, ce n’était ni une fin, et encore moins un début, juste des vagues qui se contentaient d’aller et venir, dans une désinvolture des plus sereines. Il n’y avait plus grand-chose qui importait, tout se confondait, et la fusion m’apparaissait comme la seule issue, autant maitre que maitrisé, autant gouverné que gouvernant, autant commandant que commandé. Et il n’y avait pas assez de mots pour décrire cette sujétion, parfois écho de liberté au prix élevé. Et lorsque le montant, temporaire, est annoncé à la divine rousse, elle ne cille pas. Elle aussi, connait les amendes qui seront à payer dans les prochains instants. Déesse de la guerre et de son courroux, peut-être était-elle aussi dans les rues de Dublin lors de son éveil sanglant, ou plutôt dans les tranchées boueuses de Verdun. Admiratif des histoires qu’elle pouvait compter, chaque verset s’inscrivait dans des lettres carminées. Le cœur serré à imploser à force de la voir ainsi, il est temps. Temps de la valse, temps du brasier qu’aucune eau ne saurait apaiser. Les lacérations invisibles perdurent mais se pansent, et la rousse, l’espace d’un instant, m’emporte à loin de tout, mais à ses côtés. Ni égaré, ni perdu, je me surprends à vivre, et à respirer lorsque l’haleine vient à manquer.

Le mur s’effrite à nouveau, probablement parce que le béton n’aura pas pris le temps de sécher face aux larmes déversées, secrètes et silencieuses. Le baiser se prolonge, le braiser prend un peu plus, jusqu’à ce que mon rire ne s’élève. L’œillade s’abaisse sur ses cuisses. Tout est en place, ou plutôt à sa place. Je secoue lentement la tête, hésitant à lui confier que je n’avais pas ri depuis suffisamment longtemps pour que je me souvienne du dernier éclat. « J’me disais aussi. T’es vieille mais pas encore sénile. » J’échappe un léger rire, replace une mèche de ses cheveux cuivrés derrière son oreille. « J’fais souvent cet effet-là, mais t’as aucune raison d’avoir la trouille, Sin. » Plutôt que les mots, je préfère refermer mes bras autour d’elle, sentant sa truffe humide dans mon cou bouillant. Peu à peu, elle aussi, ses briques s’effritent, et si j’étais audacieux, j’irais jusqu’à penser qu’elles s’émiettent. J’arque un sourcil, dépose un baiser sur son front, renoue avec la tendresse, renoue avec la chaleur et l’ivresse.

Les joues rosies étirent mes lèvres dans un sourire presque niais. Dans ce champ de ruines, je trouvais une raison de demeurer parmi les miens, et de me battre pour eux. Ses émeraudes oscillent, alors que mes yeux la fixent, l’air sérieux et alors que je m’apprête à animer mes lèvres, la rousse divine les capture une nouvelle fois, avec cette passion dévorante qui revigore des entrailles anesthésiées et un myocarde endormi par la glace érigée autour. Les souffles s’emmêlent à nouveau, se brûlent l’épiderme de l’autre sans y prêter gare, parce que ce qui compte, c’est de sortir de cette paralysie terrifiante. Les équilibres s’inversent, les forces se renversent et mon corps vient recouvrir le sien pour aussitôt s’écarter. « Tu fais rien capoter Sin. C’est moi, j’suis bon qu’à tout détruire. » Et de ma poche sort la main hideuse, qui renferme la bague de fiançailles brisée. Bijou d’orfèvrerie réduit à l’état de brisure, je la pose devant elle, sans oser affronter son regard. Trop tôt, trop tard, je ne savais plus.

 
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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Jeu 20 Déc - 0:22



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)


« Salaud. », qu’elle souffle dans son cou, alors qu’il la qualifie de vieille bique. Et de ricaner avec lui. Elle est bien, là, dans les bras de Ned, tout contre lui. Elle se sent en sécurité, aussi paradoxal que ça puisse être alors qu’il lui a promis, plutôt que monts et merveilles, une fin tragique à cette histoire qui commence à peine, ou recommence après des siècles ? L’ivresse du neptra se fait mélancolique, tout en continuant de décupler ses sensations, ses pensées, ses émotions. Le cœur cogne encore comme un forcené même si le souffle s’apaise. Plus trop de reflux, même si elle étouffe une bulle d’air qui remontait de son gosier -un rot, dans le langage scientifique, oui. Ça se jauge, ça s’observe, ça s’embrasse encore une fois. Les digues continuent de céder, arrachées par la force du courant aqueux qui emporte toutes les résolutions passées et à venir sur son passage. C’est pas pour elle, c’est des conneries, qu’elle aurait dit il y a un mois peut-être.

Oui mais, il y a un mois, les souvenirs, elle ne les avait pas.
Il y a un mois, elle n’avait pas des réminiscences d’amours perdues, d’histoires inachevées, de bonheurs éphémères.
Il y a un mois par contre, elle avait déjà un paquet d’emmerdes qui venaient de lui tomber sur le coin de la gueule, mais rien de tout cela. Rien de comparable.

Alors peut-être qu’elle est au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne. Certes, cela implique une mare de vomi dans le hangar en contrebas, et de la bile régurgitée dans une poubelle, soigneusement oubliée dans un coin du bureau. Mais ça nécessite aussi d’avoir un type plus grand qu’elle, plus poilu qu’elle, et moins vêtu qu’elle (pour une fois !) dans le bureau où elle se remet de son échec alcoolisé, qui embrasse pas trop mal en prime. Baiser qui s’achève, les souffles s’extirpent d’entre leurs lèvres avides, les corps ne se détachent plus, soudés encore chastement. Elle est en terrain inconnu, la Guerrière. À ne pas savoir vraiment où sont les sables mouvants et les pièges, à les redouter autant qu’elle veut s’en jouer. En est-elle capable, seulement, de braver tous les dangers éventuels ? Ses pensées s’arrêtent brutalement lorsqu’il fouille ses poches. Stupeur en le voyant sortir un vestige de ce qui fut autrefois une bague. Elle ne comprend pas, perdue dans cette euphorie des premiers baisers. L’explication première qui lui vient a l'esprit est forcément la mauvaise, liée à la brume qui lui occupe l'esprit et obscurcit sa sagacité. Elle s'étrangle, sidérée : « Qu'est-ce que tu fous ?! » Réponse pourtant simple : il lui montre une bague. De fiançailles. Mais elle comprend de travers. Elle se perd, panique, toujours obscurcie par le neptra qui brouille tout, ses envies, ses peurs, ses pensées, la logique de cette histoire. Elle bafouille, bute sur les mots. « Euh. Attends. Si tu comptes me demander en mariage direct, faut que… faut que tu saches que dans les conneries dont je te parlais tout a l'heure, ben, tu sais, enfin, je me suis mariée en étant bourrée. À Las Vegas. Voilà. »

Un temps encore. L’aveu gêné et si brutal paraît absurde bientôt. L’incongruité se fait jour, malgré les vapeurs alcoolisées. Ils se regardent, lui avait le regard fuyant et était resté debout. Elle comprend, un poil trop tard. « Non, je— Merde, c'était pour qui cette bague ? » Pas pour elle, vraisemblablement. Elle renchérit sans lui laisser le temps d’en placer une, de cette volubilité décuplée par l’alcool : « T'allais te marier avec qui ? Sans me le dire ?! » Elle a perdu une occasion de se taire, la rouquine. C’est bien, ça, cette énigme de bague brisée, ça la détourne un instant de son histoire. Pas jalouse, non. Peut-être blessée de n’en avoir rien su, mais elle est ivre, elle l’aura peut-être oublié demain (non). Pas jalouse ? Peut-être un peu, si. Le myocarde qui se serre, enferré par les serres de la peur de perdre ce qu’elle n’a vraiment pu toucher que du bout des doigts, du bout des lèvres, avant même de vraiment l’avoir connu. Goût amer. Elle renifle, les yeux fixés sur la bague brisée, avant de les relever vers Ned et d’interroger, doucement, à tâtons : « Il s’est passé quoi ? C’est pour ça, tes mains ? » Dégrisée d’un coup ? Non, non, du tout. Mais des priorités qui surgissent les unes après les autres, et la dernière en date : savoir, comprendre l’affaire si secrète qu’elle n’en avait eu vent. Peut-être, peut-être oui, qu’il a plus de squelettes qu’elle dans son placard après tout.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Mer 9 Jan - 12:52


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La douceur de son souffle caresse la peau de mon cou. Je frissonne, sans parvenir à lui dissimuler. Intimité bancale, imparfaite car sans nul doute incongrue, je laisse sa chaleur effriter un peu plus le mur érigé au fil des années, pour au final, l’y enfermer un court instant. Les bras fermement autour de son buste, je la serre dans une délicatesse relative, indélicate. Brusque. Le rot-mantisme comme nouvelle science dont nous étions les chercheurs fous, l’éteinte se prolonge et le brasier reprend. Les langues dansent une valse tempétueuse et charnelle. Mon haut tombe, la main hideuse effleure les courbes de la divine. Ce sont les bassins qui s’entrechoquent, les corps qui se frôlent et qui s’accolent mais une éternelle chaîne me retient. Cœur encore malade d’amour, incapable de battre la mesure pour un autre chef d’orchestre. La fin est brutale. Mais Sinead méritait une explication, un signe dont peu pouvaient se vanter. L’objet tordu sans pour autant être brisé est montré, en silence mais quelque chose cloche.

Et je n’assimile pas tous les éléments. J’arque un sourcil, et manque de m’étouffer quand elle pense que la bague est pour elle. Ou alors, peut-être parce qu’elle avoue s’être mariée ? Je ne sais pas, je crache seulement mes poumons. Alors, je me lève et attrape la bouteille de neptra, la confondant avec le whisky inoffenssif. Et c’est la grimace. « Quoi ?! » Je balbutie, l’observe, le gosier brûlé par l’alcool. Mais Sinead sait manier les mots, là où je peine à les aligner. La guerrière l’emporte, insiste mais la plaie n’a pas fini de se refermer, et c’est l’infection qui guette. Les lèvres closes, je l’observe fixer la bague. Quelque chose change dans son regard, et je rêve de lui dire. Je rêve que son nom franchisse mes lippes. Mais je connais les cauchemars que l’union a éveillé. « Mes mains ? » Je prends à nouveau ses mains dans les miennes, prends le temps d’y poser un baiser. « Non, j’m’entraîne. » Je lui souris, vendant une vérité fausse, ou un mensonge vrai. Plutôt un vrai mensonge.

Je me détourne d’elle un instant, pour boire une gorgée conséquente de neptra. Je refusais de lui mentir. « Siobhàn, j’veux dire Aislinn. Tu connais ? » J’inspire. « Encore une rousse. » Tentative d’humour idiot, je relâche sa main pour son visage. « Faut pas l’prendre mal, Sinead, fallait rien dire, c’était mieux pour tout l’monde. » Je sais plus si c’est le neptra qui brûle, ou les mots qui sortent de ma bouche. Vérité insipide. « Fiona, elle était au courant. Elle avait raison, c’était stupide. » Je me souviens du poing fermé jusqu’au sang, et la oclère que la Reine avait suscité par ses remontrances, pour finalement, être à son tour coupable d’amour. « J’faisais que la mettre en danger, elle est mieux sans moi. » La leçon de la Mer est apprise et récitée par cœur brisé et insolent de ne pas encore croire à cette vérité. La maitresse véritable ne supporte pas la traitresse. J’avais joué, et avant d’avoir trop perdu, j’avais renoncé. Parce que je préférais mourir plutôt que de les voir souffrir, eux, les gens qui auront osé compter autant que la Mer. Vouté, épuisé, j’ose prendre appui sur Sinead l’espace de quelques fractions de secondes. Je renifle bruyamment, allume une cigarette et reprends la bouteille, finissant par la vider. « Alors, qui est l’heureux élu ? » Puisqu’on était à confesser nos cadavres, autant leur donner des noms.      


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Ven 11 Jan - 14:23



i’m a ruin / i’ll ruin you
(4 octobre 2018)


Des fois, elle voudrait penser à réfléchir avant de parler. Mais c’est sans compter sur l’ivresse provoquée par le neptra, sans compter sur les souvenirs qui la noient dans une mer troublée, sans compter même sur cette digue protectrice qui a cédé au moment où leurs lèvres se sont jointes. Nemhain ne mène pas la danse, et Sinead ne tient pas la barre : il n’y a plus de capitaine et elles se laissent porter par les vagues, en espérant qu’il n’y ait pas d’écueils. Mais d’écueils, cette étendue d’eau est remplie, et elles le constatent bien vite, le goût amer de la bile qui est encore présent -ou semble seulement l’être ?- dans le fond de sa bouche. Sinead aimerait bien s’être tue, avoir retenu les mots qui ont jailli d’entre ses lèvres. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle a voulu dire par là, ce qu’elle a laissé échapper. Son visage la trahit aussi, le pli inquiet qui soulève légèrement ses sourcils vers le milieu de son front, alors que les coins de sa bouche tendent le bas. Pleurer ? Non, ce n’est pas ce qui est au programme, loin de là. Le contact entre leurs carnes se réintroduit dans l’échange, et les billes de la rouquine fuient celles du Sénéchal quand il commence à la baratiner. Le sait-elle qu’il lui ment effrontément ? Non, pas pour l’heure en tout cas. Parce qu’elle n’en prend pas la mesure, de cette histoire de bague, de mariage vraisemblablement avorté. Les doigts se serrent, le temps d’une pression, sur ceux de l’ami. La bouteille qu’elle avait entrainée avec elle, celle qui était la dernière d’une lignée de bouteilles entamées en début de soirée, échoue dans la main d’Éamonn, et Sinead a un mouvement vers la main tenant l’objet de sa disgrâce, sans qu’on sache vraiment si elle veut reprendre de l’eau de cette fontaine néfaste, ou si elle veut la rejeter plus loin et s’enivrer aux lèvres de son interlocuteur.

Mais l’heure est aux aveux. Des fautes passées. Des histoires sans lendemain. Des plaies de cœur à peine refermées. Le premier nom ne lui dit pas grand chose, sauf pour l’avoir rapidement vu défiler dans les documents fuités. Le second par contre lui inspire plus d’informations et elle hoche la tête, l’air de dire qu’elle situe. Aislinn O’Reilly, Sinead l’a fréquentée à quelques occasions, quand elle avait besoin d’une solution pour ses migraines à répétition. Elle l’a surveillée aussi, pendant quelques mois, avant que ce ne soit Ned qui s’en charge. Elle met encore quelques secondes avant de comprendre que la surveillance ne s’est pas limitée simplement à être son ombre, et ses yeux s’ouvrent comme des soucoupes. À son tour de coasser : « Quoi ? », interdite, alors que le cerveau est ralenti par l’ivresse et qu’il s’essaie à l’humour pour dérider leurs visages fatigués. Elle s’assied sur le bureau, ou plutôt s’appuie surtout, pas vraiment certaine de ses appuis pour s’hisser sur la table massive un chouya plus haute que son bassin. « Non non, j’le prends pas mal. » Elle bugue, c’est tout. Et le voilà à lui expliquer que Fiona savait. Là encore, les connexions logiques se feront plus tard, quand elle y repensera quelques jours plus tard. Appuyée contre le bureau, elle soupire longuement, un brin terrassée par cette nouvelle, savoir qu’il était heureux, amoureux, et que ça s’est cassé la gueule. Pourquoi ? Peut-elle poser la question seulement ?

Certainement pas, rien qu’à l’entendre et à le voir. Lorsqu’il s’appuie contre elle, elle se redresse de son assise, histoire qu’ils ne finissent pas complètement étalés sur le bureau -dans d’autres circonstances, ça aurait été une idée, cela dit. Elle passe ses mains dans les cheveux du Sénéchal, gorge serrée, cœur tambour-battant, yeux brillants. Ferme-la, qu’elle s’ordonne à elle-même et se mord l’intérieur des lèvres pour compléter l’injonction. Les prunelles bleu-vert suivent la tête du Sénéchal quand il reprend contenance, une gorgée longue de neptra, et une cigarette. Elle s’empare de la bouteille alors qu’il lui pose la question fatidique, et la porte à ses lèvres -alors même qu’elle sait que c’est ce qui l’a mise si mal. La voilà qui éructe un râle mécontent, lors du constat que la bouteille est vidée de tout contenu. « Raaah, non, y en a plus ! » Pas plus mal, pas plus mal, imbécile. Il vaut mieux qu’elle cesse de boire pour cette nuit -pour le reste de sa vie, même. Elle jette la bouteille pas très loin, le verre qui heurte dans un bruit sourd la moquette déjà bien imbibée. Et forcément, sans demander si elle peut, elle subtilise la cigarette au Sénéchal devenu inquisiteur inquiet ou simplement curieux ? Les mains de la courtisane tremblent et la fumée se coince dans sa trachée, lui brûlant l’oesophage et la laissant tousser, tousser, la clope entre deux doigts malhabiles. Quand elle reprend enfin son souffle, elle inspire par les narines, essuie les larmes qui pointent aux coins de ses yeux, et soupire lentement, le temps de tout calmer. Elle n’est pas fière d’elle non : cette soirée, c’est clairement la déchéance faite femme, qu’elle incarne. Et encore, elle n’a pas vomi depuis dix bonnes minutes, nouveau record.  « Bon, tu vas voir, c’est un registre foireux, mais à un autre niveau. » Sinead s’éclaircit la voix, lui rend la cigarette et se hisse finalement sur le bureau, faisant tomber des dossiers à l’autre bout, en les poussant de son postérieur. Rendue insouciante des choses matérielles puisqu’ivre d’autre chose, elle regarde derrière elle, hausse les épaules, et hasarde de vagues promesses qu’elle n’est pas sûre de pouvoir tenir : « Oupsie, je rangerai après promis. Hrm. » Retour à leurs moutons. « Si je te dis directeur de la Intesa San-machin Bank, et de surcroît nouveau consigliere de la Nuova Camorra, tu diiiis… ? À part que j’ai complètement déconné, bien sûr, et que je vais me faire buter. » Elle fait mine de prendre ça à la rigolade, parce qu’elle ne veut pas complètement l’inquiéter sur son véritable état mental, mais en dedans, tout en avouant ce méfait, elle se décompose et son cœur passe au broyeur tandis que les entrailles se nouent d’appréhension, lors de l’aveu, ou de cet appel à l’aide qui ne se dit pas.


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i'm a ruin / i'll ruin you (mcnamareed) - Ven 18 Jan - 19:40


I'M A RUIN / I'LL RUIN YOU
sinead & éamonn
Listen, seeing you got ritualistic. Cleansin' my soul of addiction for now cause I'm fallin' apart. Yeah, tension between us just like picket fences, you got issues that I won't mention for now cause we're fallin' apart. Passionate from miles away, passive with the things you say. Passin' up on my old ways, I can't blame you, no, no.



 
Tandis que les dieux renouent, s’expliquent les hôtes, continuent à se chercher et à s’épandre dans une valse lente qu’elle en devient lascive. Et j’aurais tant aimé que ce moment soit le nôtre, qu’il ne soit pas question de nos ombres, et des pas qui s’inscrivent, qui crèvent à côté des nôtres. Mais le jeu était ainsi, et je persistais à jouer sans en savoir le but. Peut-être que Sinead en était une, de ces raisons, qui valent le coup de rester, et de se battre. Peut-être que tout n’était pas perdu, après tout. Alors, je me redresse, pour elle. Elle mérite que je lui donne ma meilleure version, et non pas cet amas qui n’est bon qu’à se traîner, qui se substante plutôt qu’il ne se repaît. Et voilà que la divine entrait dans ce cercle, devenu désert de glace. Et il n’y a que le neptra pour délier ma langue et livrer la confession. Ses mains dans mes cheveux m’arrachent un frisson, que je ne cherche plus à contenir. Je sens ses dextres effleurer la boursoufflure épaisse, je ne lutte pas. Je profite de sa chaleur, la goûte, craintif à l’idée d’y prendre à nouveau goût. Mais je ne voulais pas. Je ne voulais plus être heureux, parce que c’était ce qui faisait le plus mal et la chute était bien trop brutale. Les os ne s’étaient pas encore ressoudés, je ne pouvais pas les émietter encore. Parce que je ne m’en relèverais pas, et que je préférais me cacher derrière cette malédiction, en y croyant, sans chercher à la briser.

Puis les traits de son arnacoeur se dressent. J’arque un sourcil à sa mise en garde, et je redoute le pire. Alcide ? Alejandro ? Joaquin ? Etais-je dans le bon registre, au moins ? A mesure de chercher à percer son mystère, je ne remarque même pas la cigarette qui quitte mes lèvres et embrase les siennes et revient au bec. Je ne cille pas, l’épie, la fixe, sans prêter attention aux dossiers qui tombent, quand c’est sa vérité qui s’effondre. J’hausse les épaules, ce n’était pas important. Je me redresse, m’approche de la Courtisane. Augustin Esposito. C’était le moins pire parmi les noms que j’avais en tête. Les sourcils se froncent, ma main se lève mais ne fait que caresser sa joue creuse. « Ca aurait pu être pire. Je m’attendais à pire. » Nul besoin de l’accabler, je savais pertinemment que sa conscience le faisait pour moi, et pour quiconque oserait lui en toucher deux mots. Je comprenais le neptra, alors qu’elle s’était engagée à ne plus y toucher. Je comprenais, maintenant. Je prends alors la bouteille de neptra, vide, et lui fais miroiter devant ses prunelles émeraudes. « Ca, c’est terminé. J’ai besoin d’toi les idées claires, Sin. T’entends ? C’est d’la merde ça, ça t’fait faire d’la merde. Si j’te chope avec du neptra, j’te jure, j’te tue moi-même. » Le regard sérieux, la promesse est faite. Le neptra était un poison pour certains. Et c’était lorsque je n’en buvais pas que j’en faisais, de la merde. Un bon duo. « J’suis là pour toi Sin, toujours. Tu t’feras pas buter, tant que j’suis vivant, tu t’feras pas buter. » Parce que je ferais tout pour l’éviter, et tant pis si les claques pleuvent, et les insultes aussi. Je préférais cette pluie à celle de la rosée des tombes d’un cimetière.

****

La nuit continue d’avancer, et les visages, eux, peinent à dissimuler les traits fatigués. Un baillement, deux baillements. Il est temps. Encore affalée sur le bureau, je me détourne d’elle un instant, et dans un coin en retrait de cet immense bureau, derrière des portes coulissantes que j’ouvre, se cache une couchette rudimentaire, mais qui fera l’affaire pour cette nuit. Mon bras passe sous ses genoux, l’autre main tient fermement sa hanche offerte. « T’emballes pas, Reed. » Je lui offre un clin d’œil et la dépose, aussi délicatement que possible, sur le matelas, genou à même le sol. Agenouillé, je replace ses cheveux de feu et dépose un baiser sur son front. En quelques instants, je décide de ramasser la poubelle et de la mettre sur le rebord de la fenêtre, d’utiliser l’eau pour nettoyer les tâches, et la laisser faire son œuvre, tandis que je lui attrape une bouteille d’eau, dont elle aura besoin dans la nuit, ou les quelques heures restantes. Je m’allonge au pied de la couchette et guette d’une œillade attendrie bien que soucieuse, la divine rousse. Demain, oui. Demain, il y aura des choses à régler, mais ce soir, c’est le temps de paix. L’armistice prendra fin aux aurores, et la guerre reprendra ses droits.



TERMINÉ

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