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La nouvelle était tombée comme un cheveu sur la soupe, alors qu’Aura se remettait doucement des derniers évènements. Finalement, traîner avec Flores donnait lieu à bien plus d’actions que de s’en prendre aux autres mafias par soi-même. Si l’italienne n’était guère appréciée, voire haïe, en tant qu’avocate et au vu de ceux qu’elle envoyait derrière les barreaux, le capitano était bien au-delà de ce à quoi elle pouvait prétendre elle-même en termes de réactions. Et elle ne l’en félicitait pas, surtout quand c’était elle qui se retrouvait dans le pétrin. Essayer les tirs de deux snipers et le pouvoir d’une autre récurrence, tout ça dans un intervalle d’une dizaine de minutes… Elle n’était ni Dieu, ni immortelle, bien au contraire, elle était terriblement humaine. Et elle ne pouvait pas tout subir et s’en sortir d’un claquement de doigt. Même si elle aurait bien aimé, évidemment.

Enfin, ça, c’était du passé. Elle s’était mise en arrêt maladie pendant quelque temps, le temps de récupérer, et elle n’avait pas revu Flores depuis. C’était mieux pour l’instant, pour préparer son mensonge, par rapport au dernier sniper qui leur avait échappé. Aura avait prévu de ne rien dire à propos de son identité. Cette histoire, c’était une vengeance personnelle. Et personne ne se mettrait au travers de son chemin. Elle avait laissé suffisamment de temps à Augustin pour appréhender Alan, pour lui faire payer son affront, la mort de Nina. Désormais, l’homme l’avait attaquée elle, personnellement. Et la mafieuse ne l’avait pas passé ce genre de choses. Il avait voulu la guerre, et il s’était certainement trouvé la meilleure adversaire pour cela. Même si elle brisait la seule personne en qui elle avait confiance dans le processus, l’homme finirait mort, à ses pieds. Avec un peu de chance, il n’aurait qu’une balle entre les deux yeux, décès rapide. Dans le pire des cas… La torture, elle avait été formée à la donner Aura, pur produit de la mafia italienne. Et il serait le premier sur Arcadia à y goûter dans son immensité et intensité la plus totale.

Mais assez parlé d’eux. Elle avait autre chose à prévoir pour aujourd’hui, et surtout pour ce soir. Ses yeux se posèrent à nouveau sur le sms qu’on lui avait envoyé. Rien de plus impersonnel, mais elle s’y était habituée la gamine. C’était ainsi que les nouvelles circulaient, à l’abri derrière des codages auxquels elle ne comprenait rien. Enfin, parfois, ça venait par courrier, encore plus ces derniers temps depuis le piratage des données. Ça devait dépendre de l’humeur des grands chefs certainement. Aura ne s’était jamais posée de questions. Elle avait appris à donner son avis quand on le demandait, quand on le jugeait nécessaire. Sinon, elle se taisait, obéissait dans la majorité des cas, ou prouvait par ses gestes que sa manière de faire était la mieux. Jamais elle n’allait ouvertement contre le pouvoir, sauf quand elle estimait que pour le bien de la mafia, il fallait s’y risquer. Ce n’était jamais arrivé, bien sûr.

En tout cas, aujourd’hui, elle récupérait une nouvelle dans son équipe. Un cas soi-disant particulier. Pas tant d’informations à son sujet, mais il avait suffi de laisser voguer son regard lors de la dernière soirée, pour comprendre qu’il y avait anguille sous roche. Et autant l’avouer, Aura n’était pas celle qui récupérait les petits nouveaux normalement. Sa pédagogie était loin d’être la meilleure, et son incapacité à accepter les erreurs était tout aussi problématique. En revanche, elle savait gérer la plupart des cas qu’on lui refourguait avec brio. Fallait bien qu’elle soit douée quelque part, pour avoir atteint le rôle qu’elle tenait actuellement, en étant une femme.

Ses doigts jouaient avec l’appareil, alors que son esprit ressassait les différentes possibilités d’une telle attribution. En tout cas, Aura n’allait pas attendre. Il ne lui fallut que quelques secondes pour donner rendez-vous à Lyra dans un bar de Little Italy, pour le soir-même. De quoi discuter, délier les langues autour d’un verre d’alcool. Ou plusieurs. Même si elle espérait le tenir un mieux que la dernière fois, même si ça semblait être une illusion pour elle. Une confirmation plus tard, et ce fut avec un léger plaisir, et une certaine curiosité, qu’elle boucla le reste de l’après-midi, et la journée du lendemain – pour récupérer.

**

La porte du bar fut poussée, regards portés un instant vers la silhouette entrant. Quelques secondes pour la jauger, avant de détourner les pupilles, identité contrôlée de la capo. C’était toujours drôle, de percevoir la méfiance de la Nuova dans le coin.

Aura s’installa à une table, en retrait, yeux fixés sur l’entrée, elle n’attendait désormais que sa nouvelle associée, pour commencer la fête…

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Les yeux restaient rivés sur l’horloge face à elle, au-dessus du magnifique comptoir sculpté dans l’ébène du Piada. Les aiguilles se déplaçaient, seconde après seconde, minute après minute… Et Lyra n’arrivait pas. C’était étonnant, Aura n’étant pas particulièrement réputée pour son acceptation des retards. Cependant, elle fermerait les yeux sur celui-ci. Déjà, car c’était leur première réelle rencontre. Puis, y’avait quelque chose derrière. Elle ne savait pas bien quoi, mais ça grattait sous la chair, ça réclamait son attention. En revanche, quand l’italienne se penchait dessus, c’était le silence, le gouffre. Ca l’agaçait, elle qui recherchait sans cesse de nouvelles informations, de nouvelles vérités. Là, c’était comme une petite voix qui essayait de lui parler dans le creux de l’oreille, mais que la rationalité faisait taire. D’un côté, ça lui permettait de ne pas devenir folle, vu tous les fantômes qui quémandaient habituellement son attention. Là, c’était différent, mais son esprit le traitait comme tel. Ce sentiment était un parasite, bien qu’elle souhaiterait le considérer autrement. La conscience n’était pas acceptée quand l’instinct décidait de faire le contraire. Les doigts tapotèrent sur l’accoudoir du siège sur lequel elle trônait. Ses pupilles s’attardaient désormais sur les silhouettes entrantes et sortantes du bar. Quelques-unes étaient connues, d’autres non. Puis enfin sa collègue. Enfin. Elle aurait presque attendu.

La jeune femme s’approcha, attirant les regards sur leur tablée. Un regard noir d’Aura suffit à rendre les hommes et femmes à leurs occupations. On n’emmerdait pas la capo, c’était connu.

Sourire rendu, par mimétisme, pour ne pas la déranger non plus, celle qui ne connaissait pas encore sa supérieure. « Bonjour Lyra. » C’était formel, mais Aura n’avait jamais su comment agir autrement. Il fallait que ce soit froid, quasiment glacial, sinon, ce n’était pas elle. Les doigts posèrent une liste des boissons devant la jeune femme, puis les yeux se relevèrent sur la silhouette débarrassée de son manteau. Sourcils arqués, étonnement perceptible dans les pupilles. Bien… « Tu es enceinte ? » Question en l’air, elle pouvait très bien simplement être enrobée… Mais vu les proportions de son corps au-delà de son ventre, ça n’était pas le cas. En fait, si cette donnée était avérée, voilà qui serait quelque peu perturbant, et qui changerait les prochaines missions. Si Aura avait en horreur les enfants, son incapacité à être empathique réduisant à néant sa possibilité de ressentir de l’amour envers ces choses, elle n’était pas folle au point d’envoyer une femme enceinte en mission. Entre Sybille et Lyra, ça empêcherait l’équipe de fonctionner au complet pendant quelque temps, mais elle s’arrangerait. Après tout, l’italienne travaillait seule sur de nombreuses missions… « Et ne t’en fais, je suis arrivée il y a quelques minutes à peine. » Tant qu’elle était ponctuelle aux prochains rendez-vous, Aura n’avait rien à dire. « Combien de personnes sont au courant ? » Pour le… Truc dans son ventre. Car en tant que soldate de la Nuova, elle pourrait se retrouver avec un contrat sur la gueule. Encore plus si le père était membre d’une autre mafia, mais Aura n’en était pas encore arrivée à cette question…

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Toujours détailler, observer, alors que les informations se stockaient dans son esprit. Elle ne savait pas trop comment considérer une grossesse chez une femme, ni au sein de son équipe. Il était étonnant d’en avoir une au sein de la mafia, peu de temps après son arrivée. Enfin, elle s’arrangerait Aura, trouverait des solutions. De toute façon, dans un premier temps, avant de la mettre sur tout type de missions, elle avait besoin de la tester de savoir quels étaient ses points forts et ceux où elle pêcherait. Ils en avaient tous, même Aura elle-même. Elle avait juste su les identifier pour mieux les éviter, et se concentrer sur ses forces. Par exemple, tout ce qui nécessitait un jeu de séduction ou de l’empathie, elle en était quasiment incapable l’italienne. Donc, aucune mission de ce type n’était pour elle. Et c’était tant mieux d’un côté, comme ce pouvait être barbant ça… Bref, tout ça pour dire que le temps de la grossesse serait utilisé pour en savoir plus sur Lyra et ses capacités. Donc, peu de terrain. Enfin, ça, c’était dans la théorie. Dans les faits, il faudrait tourner ça correctement pour ne pas se prendre une déferlante de refus et d’insultes dans la gueule, que ce soit de la part de la femme ou du père. On ne sait jamais, paraît que la grossesse peut rendre les gens tendus et énervés…

Des on-dit sur lesquels Aura ne s’attardera pas, mais elle était plutôt douée quand il s’agissait de manipuler les mots et les gens. Si tout se passait mal, c’était qu’elle s’était clairement loupée. Mais ça n’arrivera pas, elle aimait bien être confiante envers ses capacités. « D’accord. J’espère que ça ira pour toi. » N’allons pas provoquer une fausse couche non plus. Il suffisait d’un rien parfois, alors, elles feront toutes les deux attention. « Pas vraiment. Je n’ai pas grandi dans un environnement très… Tourné vers les enfants. » Savait-elle ce qu’était une enfance déjà ? Puis il fallait le dire, l’instinct maternel, elle ne l’avait pas Aura. C’était un peu comme la survie. On lui avait retiré tout cela, à force de l’entraîner à réprimer émotions et ressentis. Alors les enfants… Au mieux, elle les acceptait de loin. Au pire, elle vivait dans le déni, allant jusqu’à pouvoir les éliminer. Peut-être que c’était trop dur, de voir des familles heureuses et unies… Elle passa une main sur sa tempe, commanda son café habituel. Même insensible à l’alcool, elle n’en consommait pas plus.

« En effet, à Arcadia ou dans la mafia, il n’est pas simple de maintenir quelque chose secret. » Encore moins quand il s’agissait de quelque chose d’aussi visible d’une femme enceinte. Enfin, Aura était bien parvenue à garder le silence sur son passé et sa récurrence pendant tout ce temps. Ou presque. Mais Clemens n’avait rien dit, elle pouvait lui faire confiance… Hein ? « Je ne suis pas très enjouée ou enchantée de nature, ce n’est pas contre toi. » Autant mettre les choses au clair à ce niveau-là et lui expliquer dès le début de quoi il en retournera. « Et je n’ai rien à dire sur tes choix, quels qu’ils soient. » Elle vivait sa vie Lyra, était suffisamment grande pour ce faire. Ce qu’Aura en pensait n’entrait absolument pas en ligne de compte. Enfin, après, elle restait sa supérieure et pouvait décider de modifier ses attributions le temps de. Même si ça risquait de ne pas lui plaire. « Cependant, je ne suis pas enchantée car je ne connais pas les effets de tes pouvoirs et hybris sur l’enfant que tu portes. » Pause. « En revanche, je pense pouvoir affirmer qu’une balle te traversant le ventre risque de lui faire des dégâts. » Ce n’était donc pas Lyra ou son efficacité qu’elle remettait en cause dans tout cela, mais son manque d’informations à ce sujet. Prendre des risques inconsidérés ne faisait pas partie de son fonctionnement. Cependant, l’enfant n’était qu’une contrariété qu’elle ignorerait pour le moment. Plus ou moins.

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Y’avait peut-être beaucoup de mensonges dans ses mots, assez peu d’empathie au final, mais qu’importe. Lyra n’avait pas besoin de le savoir, pas besoin de le remarquer. Si Aura espérait que tout se passe bien pour elle, ce n’était pas tant d’un point de vue personnel, mais parce que cela affectait les résultats et l’équipe en elle-même. Avec un enfant, son vis-à-vis n’aura plus la même importance, ou ne pourrait plus faire les mêmes affaires. C’était un fait, qu’on souhaitait protéger les siens à ce moment-là. Et de façon générale, Aura n’avait pas confiance en beaucoup de monde. Lyra était trop nouvelle, trop… Rebelle pour que l’italienne accepte tout sans concession, ou ne cherche pas à en savoir plus à son sujet. Elle n’était là que depuis quelques mois, officiellement tout du moins, même si les bruits courraient depuis longtemps quant à sa présence dans leurs rangs, et même les propos forts sympathiques de Brazzi n’avaient aucun intérêt pour elle. L’homme était trop éloigné, et la déesse ne s’attardait pas sur ses propos. Elle verrait elle-même comment cela continuerait, même si les premiers essais paraissaient concluants. N’était-elle pas elle-même une traître ?

« Les gens sont particulièrement intrusifs avec les femmes enceintes. » Elle l’avait remarqué par le passé, et rien qu’avec Sybille il y avait peu. « On peut toujours s’arranger pour que les gens ne s’approchent pas. » Quelques armoires à glace autour d’elle, et elle serait moins approchée. Ce n’était qu’un papier à signer pour Aura, et une affaire quelconque à inventer. Elle l’avait déjà fait par le passé… Quant au reste… Elle le pensait l’italienne. Lyra avait le droit d’agir de la façon dont elle le souhaitait avec son corps, d’avoir des enfants même en pleine guerre mafieuse. Cependant, elle ne ferait pas taire les inquiétudes de l’esprit de sa supérieure.  Non pas que la mort d’un bébé ou d’un fœtus dérangera Aura, elle qui avait déjà dû éliminer des enfants par le passé. Mais il fallait prendre en compte qu’une femme enceinte pouvait s’épuiser plus rapidement, et avoir plus de difficultés à se mouvoir. Donc, en mission, elle pouvait devenir un poids pour ses alliés, aussi puissante soit-elle. « C’est donc les rayons du soleil plus que la lumière. » Intéressant à savoir, quand elle voyait le sien Aura.

Et elle l’écouta silencieusement. Ca la ferait rire d’un côté, si elle n’avait pas assez entendu parler de Lyra. Si Aura était capable de prendre des pincettes, et de jouer de rhétorique, l’insubordination pouvait rapidement l’agacer. « Si l’un de vous deux meurt, j’ai l’impression que plus d’une personne souhaitera voir ma tête tomber. » Comme si ce n’était pas le cas déjà. Y’avait déjà ces foutus leaks qui la mettaient encore plus dans la merde, elle n’allait pas rajouter d’autres noms à la liste. « De plus, ça déclenchera certainement une vengeance de la mafia. Et ce sera à cause de moi. » Pour ne pas avoir pris les bonnes décisions. Et parce que Lyra faisait quand même partie de la Camorra. C’était son rôle de protéger la brune, qu’elle s’en rende compte ou non. « Soyons honnêtes un instant Lyra. Ta grossesse pourra t’handicaper physiquement à un moment. Ce n’est pas le cas pour l’instant, mais je veux juste m’assurer que tu puisses continuer tes missions sans que personne ne soit mis en danger. Ni toi, ni ton gosse, ni aucun autre. » Ses pupilles s’enfoncèrent dans celles de l’autre femme. « Tout comme quand j’ai été handicapée pendant un mois à la suite d’une attaque. » Pause. « Ca demande juste de l’adaptation pour en ressortir le maximum de potentiel pour le minimum de risques. » Les coudes se posèrent sur la table, le menton sur l’une des mains, et le visage de poupée semblait rajeunir en partie.

« J’ai une mission pour toi. » Quelque chose qui traînait faute d’avoir trouvé la personne adéquate. Elle verra bien ce que ça donne Aura. Ca obligera juste Lyra à réfréner son impulsivité. Et ça donnait un réel but à cette entrevue. « Oui, tout ça pour ça. » Si elle avait su comment faire, l’italienne aurait certainement souri à ce moment-là. En réalité, elle ne pouvait pas prévoir la grossesse de Lyra qui n’avait été qu’un détour dans la conversation, échange juste désiré pour savoir exactement où elle mettait les pieds l’italienne.

A voir ce que cela allait donner désormais…

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Les pupilles s’accrochèrent à celles de la jeune mère. La tête se pencha légèrement, sans pour autant qu’un seul mot traverse ses lèvres. Elle réfléchissait Aura, aux rares échos qu’elle avait eus, au pourquoi de son intégration dans l’équipe. Voulaient-ils d’une femme pour en superviser une autre ? Il y aurait eu Calliope aussi, dans ces cas-là. Enfin, qu’importait, refuser un ordre direct n’était guère dans les habitudes de la jeune femme, et elle devait avouer que Lyra avait eu et fait quelques bonnes missions. Certes, pas assez pour qu’Aura lui accorde une confiance absolue (encore fallait-il qu’elle en soit capable envers quiconque), mais suffisamment pour qu’elle ne soit pas dans la liste à éliminer, ou tout simplement à mettre de côté. Autant dire que beaucoup étaient dans cette partie-là. Après, avec Sybille, Lyra faisait partie de celles que la capo surveillait d’un coup de l’œil, notamment à cause des déesses qu’elle ne connaissait pas. Aura la prudente, Aura qui attendait toutes les informations avant de se prononcer… Finalement, la jordanienne contrôlerait-elle suffisamment la divinité, ou se laisserait-elle submerger ? Elle aurait l’occasion de le savoir l’italienne, même si cela restait pour l’instant en suspens, sans entraver ce qui avait déjà été fait.

« Je te laisse gérer dans tous les cas. » C’était son hybris, elle réagissait bien comme elle le voulait. Et elle était adulte. Aura n’était ni sa mère, ni quelqu’un de sa famille. Dans le pire des cas, quelqu’un de plus proche l’arrêterait bien, non ? Le père de l’enfant ? Peut-être qu’en lui parlant, elle parviendrait à calmer les ardeurs de Lyra à vouloir se rendre utile ? A voir ce qu’elle trouverait Aura, sans aucun nom. Ce n’était pas avec des ordres ou des mots qu’elle ferait plier l’autre. Un sourire aux propos de Lyra, à la confirmation qu’on voudrait prendre sa tête si elle tombait. C’était quand même sympathique non, de voir quelqu’un se mettre en danger, et savoir que ce serait de la faute de la supérieure ? Et Aura qui pensait qu’elle se ferait tuer pour ses propres conneries, peut-être pas finalement. Ah, bouger du terrain… Elle ne rebondit pas dessus. A quoi bon ? Finalement, si Lyra avait envie de foncer vers le danger, qu’elle le fasse. Aura ne pourrait que faire en sorte que ce ne soit pas mortelle, sans lui faire de remarques. Oui, ce sera mieux ainsi.

Les coudes se posèrent sur la table, le menton s’appuya sur la main. Le temps de réfléchir, de poser ses mots. « J’ai besoin de ton aide sur deux choses. » Pause, les yeux fixant quelque chose dans le vide. « La première concerne les objets volés au musée d’Arcadia il y a peu. Ton réseau peut-il te servir à creuser pour voir où ils sont aujourd’hui ? » Les pupilles se firent interrogatrices. Il était vrai qu’Aura n’avait jamais réellement su jusqu’où le bras de l’archéologue pouvait aller. « La seconde… » Un papier est sorti de la poche, avec un sigle. « On a trouvé ça avec Augustin lors de l’incendie. Je n’ai rien trouvé à ce sujet, mais aucun doute qu’un second regard plus informé serait une bonne chose. » Lyra avait des connaissances qu’Aura n’avait pas. Même si ça rendait l’italienne un peu jalouse.

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Missions données, évoquées avec Lyra. Normalement, rien qui ne mènerait à sa mort. Du moins, Aura l’espérait, même si elle était la première à savoir que rien ne se passait souvent comme prévu. Dans tous les cas, il lui faudrait faire confiance à la femme qui lui faisait face, enceinte ou non, quel que soit son allégeance. C’était peut-être ça le problème chez l’italienne : sa méfiance devenue ordinaire, son incapacité à se lier ou croire en tous ces autres qui avaient pourtant tant à offrir. Egoïste dont la seule loyauté allait à Augustin. Egoïste qui était elle-même une traitresse, trait qu’elle percevait chez tous, même quand aucun ne le montrait. C’était épuisant parfois, même si elle ne s’en rendait pas compte, ou faisait en sorte de le repousser. Ressentis écoeurants, enfermés avec tous les autres quelque part au fond de son cœur. La raison avant le reste. Le cerveau avant les sentiments.

C’était dur, et certainement qu’elle se pensait supérieure en agissant de la sorte. Sauf qu’elle n’en savait rien, de comment était le monde dans le regard des autres. Et l’empathie n’avait jamais été son fort. Mais les gens ne la connaissaient que peu, Sciarra perdue dans les ombres. Mystère et discrétion accrochées à la cheville, chevillées au corps. Elle n’était qu’une image sur le papier glace, une inconnue au cœur de la mafia. Etonnant que les gens ne l’apprécient pas. Elle hocha doucement la tête à la réponse de Lyra, léger sourire sur le coin des lèvres. Elle ne savait pas pour le dessin, mais en même temps… « Ne t’en fais pas, si tu ne trouves pas, ce n’est pas le plus important. » Pause. « Tu as juste bien plus de réseaux et d’informateurs que moi, à n’en pas douter. » Sauf peut-être en Europe. Mais c’était son continent à Aura, jeu d’échecs géant sur lequel elle s’amusait. Pour combien de temps encore ? « Rien d’autre sinon. » Coup d’œil sur le téléphone, pour s’assurer de l’heure. Pile à temps pour son contrat du soir à vrai dire. « Je te fais confiance pour tout ça. » Peut-être pas sur le plan personnel, gamine incapable de la moindre croyance, mais au moins sur le plan professionnel. Ce qui était déjà énorme… Argent laissé sur la table, pour payer les boissons. « Et fais attention à toi. » Oui, c’était le genre de choses qui se disait… Même si aujourd’hui, elle avait certainement plus de significations avec le murmure d’Hécate derrière.