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sometimes it’s difficult to tell rage from love

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sometimes it’s difficult to tell rage from love - Sam 26 Jan - 15:20


tell rage from love
trinidad & alfonso


« Your voice flowered  —from grief »

Chagrin du départ muées en ires, de le savoir si peu de temps après déjà, de retour. Idiot, premier mot qui lui traverse l'esprit alors qu'elle s'imagine parfaitement bien ce qui a pu se tramer dans la tête de l'ancien conseiller du Don. Quelques congés à l'arriviste, disparaître quand la situation se corse, ça avait toujours été la spécialité de Brazzi et décidément, ça ne changerait pas. Piada Bar dont il avait toujours eu la propriété – toujours géré par d'autres puisqu'il restait fidèle à son poste de pilier de bar, pour changer. Que de frustrations accumulées à son encontre, de non dits et de rage qui lui éventrent le palpitant, quand il la cherche, ne cesse jamais alors même qu'elle le somme d'oublier tout d'elle, son numéro, son adresse et de cesser son numéro de charme. Il ne le fera pas – elle le sait. Ça lui manquerait, sans doute, mais il est d'autres priorités désormais dans celle qui est devenu tour à tour veuve et nouvelle amante, sans jamais réussir à s'extirper de la tête l'ancien époux, le premier amour raté, celui qu'on oubliera jamais véritablement, quoi qu'on tente de faire. S'extirpe d'un Uber au chauffeur trop bavard, prétextant de vouloir pratiquer l'espagnol avec des méthodes affleurant à celle du consigliere, elle s'approcha du bar et y pénétra sans plus attendre, adressant un majeur splendide aux deux gorilles à la porte qui n'eurent pas même le temps de l'arrêter, qu'elle s'était fondue dans la foule, se fendant d'un éclat de rire. L'impression d'être à nouveau adolescente, à mieux passer outrepasser les règles. Interdiction de pénétrer les lieux, et puis quoi encore. Comme si Alfonso avait pu gober l'idée même que cela l'empêcherait d'agir tel qu'elle avait décidé de le faire. Balaie les lieux du regards en jouant avec quelques uns des nombreux bracelets dorés qui cliquettent sur ses poignets, se dirige vers l’extrémité du bar, emplacement stratégique de ceux qui connaissent bien les lieux, profitant à la fois des services et du spectacle, scène largement empiétée par quelques musiciens déjà bien entamés qui tentent de faire retrouver au jazz ses jours heureux.

Patiente, se laisse offrir un premier verre, puis un second. Elle n'a jamais eu à souffrir l'addition, Vivas, et si le barman n'avait pas été récemment embauché, il aurait su qu'il ne fallait pas servir Trinidad, la non-invitée numéro 1 du Piada Bar. Pas que ça lui déplaise, elle ne manquait guère de mauvaise foi pour reconnaître que souvent, l'alcool autant que la musique proposée étaient mauvais. Un tout petit mensonge de rien, non ? La tête qui pivote, se sent soudainement observée. Les yeux qui se rencontrent, le sourire qui s'ébauche sur ses lèvres pulpeuses et un clin d’œil, tandis qu'elle lève son verre en son honneur, vilain petit animal provocateur qui se joue de lui sans cesse – ne cessera sans doute jamais.
(c) DΛNDELION
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Invité
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sometimes it’s difficult to tell rage from love - Jeu 7 Fév - 19:37

oh, it's saturday night.
Tympans assaillis de plaisirs, palpitant qui s’excite au rythme des baguettes sur les charlestons. Sourires sur toutes les lippes, éclats des quelques amateurs regroupés devant la scène par duo pour réchauffer la salle et évacuer le stress d’une semaine pas toujours joyeuse. Le samedi est occupé au Piada Bar, comme bien souvent il représente la plus grosse source de revenu de la semaine. C’est ce jour qu’Alfonso déniche les meilleurs musiciens, et c’est surtout ce jour qui lui a manqué les quatre mois où il était à l’autre bout du monde.

Il est assis sur une causeuse en cuir rouge, bras pendus de chaque côté avec une désinvolture outrageuse. Table vacante devant lui si l’on omet la carte des mille-et-une boissons proposées par son bar. Pas d’humeur à trop se laisser aller aujourd’hui, trop alerte et préoccupé pour se permettre de perdre complètement le contrôle. Son bar ne craint pas grand-chose, les croupiers sont dispensés, les nectars ont été déplacés et un coup d’œil à l’étage inférieur ne révèlerait rien de particulier à quiconque voudrait le prendre la main dans le sac. Individuellement, il ne risque pas grand-chose face aux forces de l’ordre, mais l’enjeu est devenu énorme depuis l’arrestation d’Alcide pour sa famille, pour ses amis. Surtout face aux vautours qui rôdent, à l’affut de la moindre opportunité. Cette nouvelle année pourrait très bien être la fin d’une longue aventure pour les italiens.

Ménade qui se fraie un chemin autour de ses épaules, qui chasse ses pensées alarmistes en même temps qu’elle passe une main gracieuse et glaciale sous sa chemise, lui susurre trois mots en frôlant l’oreille. Elle est ici, dit-elle simplement. Beaucoup de Elle dans sa vie, mais il devine instinctivement de qui il s’agit. Satisfaction amère comme les liqueurs de ses caves qui redessine ses traits, et sans trop qu’il ne bouge, ses yeux vont à la rencontre de l’antagoniste du Piada Bar. « Devons-nous intervenir monsieur ? » « Non. Dites aux musiciens qu’ils n’ont plus besoin de leur pianiste. » « Bien. »

Au bout d’un moment, les instruments se font plus silencieux, puis l’on n’entend plus que les bavardages d’un bout à l’autre de la grande pièce. Il se lève, mettant fin à l’échange de regards, saute sur la scène sans passer par les loges et se place derrière un piano. Quelques minutes passent. Les discussions vont de bon train entre lui et les artistes. Ils se mettent d’accord sur un morceau, et c'est les cymbales frappées qui les font s'accorder.


Alfonso profite du doux breuvage qui afflue dans les veines cent fois tailladées pour offrir un spectacle intime à la suicidée. « I've seen the world, done it all, had my cake now. », chante une voix mélodieuse à ses côtés, tandis que trombone et trompette sont soufflés. Métamorphose invisible au fil des paroles, rien que pour elle. Jeune homme au sourire malin qui caresse les touches avec une sensualité maladroite, hâtive. Sale gosse qu’il était, charmant en un sens, un peu trop sûr de lui. Il la déshabille de loin, Trinidad, comme si c’était son corps qu’il explorait, et que chaque note qui s’échappait n’était qu’un nouveau soupire. « The crazy days, city lights. The way you'd play with me like a child. » La chanson se transforme en épopée musicale, raconte sa vie en même temps qu’elle raconte la leur. Expertise au bout des doigts qu’il tient de son oncle, Lazzaro. Education musicale très influencée par le jazziste qui partage son nom et se présente encore sur scène aux quatre coins du monde. « Will you still love me when I'm no longer young and beautiful? » Il est à nouveau le gamin qui veut se montrer intéressant devant la mature, a toujours été gonflé d’un sentiment spécial à chaque fois qu’elle le remarquait. Alfonso mime les paroles en même temps que Cora les récite. L’hopeless lover n’est pas plus abattu qu’il est jovial, a appris à accepter la vérité et à faire avec, a eu beaucoup d’amants et d'amantes aussi. « Will you still love me when I got nothing but my aching soul? » Il vieillit au fur et à mesure que les paroles s'écoulent. Et il le sait, au fond de lui, que ce qu'il a vécu dans ses beaux jours, il ne pourra le retrouver avec quiconque. Qu'il y avait toujours eu Trinidad Vivas et puis les autres.
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