Tout le monde a décidé de sortir, aujourd'hui. Ce n'est pas possible autrement. Quelle idée qu'ils ont les gens, de vivre ! Je vous jure. Un milliers de choses à faire en ce moment, des tournages, des interviews, à la fois beaucoup de blabla et plus du tout par moment. La reprise du travail qui fait un bien fou, mine de rien. Et surtout de pouvoir sortir sans devoir maquiller ce qui ne doit pas être vu pour mon ego - sur-dimensionné bien entendu - et pour la presse. Celle qui pourrait s'amuser à me croiser et me prendre en photo pour le plaisir d'écrire que tout va bien, pour sûr. En bref, je râle beaucoup parce que j'ai envie de râler aujourd'hui. Et parce que le starbucks est plein à craquer et que ça m'énerve mais que j'ai VRAIMENT envie de mon café du jour. Quand je peux enfin passer commande, je me demande si le "Silver" va être écorché ou si pour la blague le monsieur pourrait mettre "gold" mais finalement tout va bien. Je me balade dans la boutique, grimpe les marches avec mes affaires et mon café, avise l'ensemble avant de te repérer. T'es seul à une table pour deux, la chaise face à toi inoccupée de toute trace de vie. T'as un casque sur les oreilles, ton attention plongée vers ton téléphone, rien qui ne semble indiquée que t'es juste en train d'attendre quelqu'un qui serait parti pour se vider la vessie. Alors j'approche finalement, un sourire même si tu peux pas le voir et viens à tirer la chaise en arrière avant de poser mes fesses dessus, le café trouve place sur la table. Et forcément, ça attire ton attention, cette soudaine présence. Je me hisse donc légèrement pour venir soulever ton casque d'un côté. Si t'attends de la compagnie, promis, elle pourra s'asseoir sur mes cuisses. Le sourire qui se fait un peu plus voir alors que je laisse ta musique te revenir pleinement, rameutant ma pogne afin de pouvoir enfin commencer à boire une première gorgée, largement appréciée. Et puis je retire ma veste, la pose sur le dossier pour éviter aux pins qui siègent dessus de s'abîmer bêtement si je m'appuyais de trop dessus. Je viens croiser une jambe par-dessus une autre et sort à mon tour mon téléphone pour regarder mes mails rapidement, avant de songer à aller me perdre sur twitter et rire bêtement face à des vidéos de loutres sans doute, parce que je suis trop de profils de ce genre, avec des vidéos rajoutées tous les jours pour le bon plaisir des gens.

Le monde se moque bien de ce qui peut arriver aux autres. Les gens qui passent, qui me rentre dedans sans même s'excuser. Ils sont tous si pressés, pendant que moi je suis perdu dans mes pensées, dans ma musique, sauf que quand il commence à faire moins beau, je me réfugie dans un starbuck, un peu comme beaucoup trop de gens. Je commande un chocolat chaud pour finir par aller me poser à l'étage proche des vitres. Le casque sur les oreilles, la musique a fond et mes yeux posés sur mon verre où il est noté ''Timothé''. Je fais la moue en me disant que la prochaine fois je dirais simplement Timo, ça évitera de me retrouver avec le nom d'un autre. Regard sur mon téléphone, a fouiner sur instagram en envoyant des conneries à Camille. Petit selfie de ma face de dépité à côté de mon verre et je le lui envoie. Il n'y a qu'avec lui que je partage ce genre de truc nul et sans importance, ça change des moments trop importants qu'on peut vivre, ça libère un peu. Je bois doucement en restant à meumeumer dans mon coin, j'ignore le monde autour, j'ignore s'il y a envoyé de la place ailleurs, mais moi je prends mon temps pour ne pas supporter le temps dissident qu'il y a dehors et surtout trouver une excuse pour ne pas rentrer. Pouvoir réfléchir dans mon coin sans me dire que quelqu'un pourrait lire dans mes pensées. Peur illogique, mais qu'est ce qui est logique dans cette ville de toute façon ?

Je sens mon casque se soulever et je le rattrape un peu effleurant ta main. Je te regarde l'air complètement surpris par le geste avant de resté figé. J'ai l'impression de connaître cet homme ou du moins, de t'avoir déjà vu. Je laisse mon casque tomber contre ma nuque en te regardant faire. « Je n'attends personne non. » Je reste trop poli, peut-être encore trop sous le choque de la surprise et des questions qui me viennent en tête. Je remets le nez sur mon téléphone pour couper la musique avant de faire des petits aller retour entre lui et toi. Cherchant désespérément où j'ai pu te voir. « Excusez moi. J'ai l'impression de vous avoir déjà vu. » Je viens prendre une gorgée en lisant le nom sur le gobelet. La tête penchait légèrement en arrière pour boire, puis mouvement inverse. Elle finit rapidement en avant pendant que je m'étouffe un peu, le chocolat qui remonte par là où il n'est pas supposé ressortir. J'attrape ma serviette pour m'essuyer le nez avant de relever un peu mon regard vers toi. Est-ce que j'ai bien lu? Il n'y a qu'une fois qu'il me semble que j'ai lu ce nom. Plutôt un pseudo, en vrai, je l'ai surement vu plus d'une fois. Je te montre mon téléphone en souriant un peu. « Un ami qui.. m'envoie des conneries. » Je mens comme je respire, enfin, disons plutôt que je n'assume pas ce que je crois avoir compris.  

Personne à venir, parfait, je peux garder tranquillement la place fraîchement acquise. Ainsi je peux me pencher sur mon téléphone et profiter de mes activités et de mes loutres, alors que finalement, le son de ta voix me parvient de nouveau. Alors je relève le visage vers toi, t'offre un grand sourire face à ta réflexion parce que j'ai une idée d'où mais que ça serait indécent parce que tu m'as l'air quand même assez jeune. Ah oui ? C'est marrant ça, on me le dit souvent. Je m'amuse un peu, te titille d'un nouveau sourire avant de me tourner entièrement vers toi, prêt à voir ce qu'il en sera quand tu comprendras peut-être. Et ça n'a pas l'air de faire long dans ta tête, une fois que tu as lu le prénom sur mon gobelet. Et au vu de ta réaction, je pense savoir d'où. Hin hin... Jouons le jeu, soit. Je viens saisir mon gobelet pour en boire une nouvelle gorgée en te scrutant, avant de le laisser revenir à la table. Je suis pas le type qu'on dit avec fierté avoir croisé à papa et maman, je te l'accorde. Je rigole un peu avant de cesser de t'examiner, revenant à mon propre téléphone, retournant à mon fil d'actualité. Je m'occupe de re-tweet quelque chose qui me fait rire sur l'instant, avant d'en revenir à toi. C'est quoi ton petit nom ? Je ne regarde pas sur ton gobelet pour ma part, ça semble être une consigne de massacrer les prénoms sur ceux-ci, par ici. Bien pour ça que je ne donne plus le mien au complet depuis des années. Trois fois m'ont suffit avant de raccourcir pour Starbucks aussi.

Je suis complètement rouge, je rentre un peu le cou pour cacher mes joues avec mon casque. Je n'arrive clairement plus à relever le nez de mon chocolat. Je me cache du mieux possible, n'assumant pas vraiment ce que je viens de faire. Tu as compris bien plus rapidement que moi ou j'ai pu te voir. Je me demande ce que les gens peuvent te dire après avoir compris qui tu es. Peut-être qu'ils doivent te draguer de façon trop appuyé, est-ce que les gens font la différence entre la vidéo et ce que tu es hors de ton job ? Je ne peux pas m'empêcher de rire un peu à ta réflexion. Impossible de savoir comment papa réagirait s'il savait ça. Que j'ai rencontré un acteur porno ne devrait pas le déranger, mais le fait que je l'ai reconnu c'est peut-être une des choses qu'il ne préférerait pas savoir. « Le plus gênant serait que je m'amuse à prendre un selfie et que je vous présente à mon père comme quelqu'un de connu sans dire dans quoi. S'il vous reconnaît, là c'est gênant. » Je ris doucement, de loin ça me paraît terriblement amusant, mais je sais qu'en face à face, je serais même plus sûr de pouvoir regarder mon père après ça. Je regarde mon gobelet à ta question et je viens hausser les épaules. « A une lettre, c'était bon. Appelez-moi Timo. » Je te tends la main comme un bon garçon qui se présente. J'essaie de cacher au mieux ma gêne, mais tu as l'air de vraiment savoir mettre les gens à l'aise, ou alors c'est la taquinerie qui me fait penser à Camille. C'est peut-être pour ça que j'apprécie.

Je regarde mon téléphone avant de sourire un peu. « Par contre, on peut vraiment faire un selfie ? J'ai un ami taquin à taquiner. Vous voulez bien m'aider? » Je prends un grand sourire, bien trop satisfait de ma prochaine connerie. Je prends une nouvelle gorgée de chocolat en attendant ta réponse, j'avoue que ce selfie sera bien caché, mais je ne peux pas garder cette information loin de Camille. C'est trop cool et trop gênant pour pas lui tendre la perche. J'arrive à récupérer le sourire en rencontrant quelqu'un qui n'a fait partie que de mes soirées chaussettes pour le moment. Nouvelle rougeur face à mes pensées gênantes auquel tu n'as pas accès. « Vous pensez que c'est le genre de photo gênante à poster sur instagram ? »

Mais non trésor, ça n'a rien de gênant. Je te dis tout de suite pour la série ? Non, attendons encore un peu, c'est trop amusant là. T'en fais pas qu'il a déjà dû regarder du porno dans sa vie, tout va bien pour autant. Le sourire qui ne me quitte pas, alors que je m'enquiers de ton prénom. Mais va pour Timo, si tu préfères les raccourcis aussi, ça me va très bien. Enchanté Timo. Je viens à te serrer la main, me retenant de faire une remarque sur ta poigne, je crois que c'est encore trop tôt dans cette rencontre pour que tu fondes sur place tant tu es rouge déjà. Alors on va réellement se tenir un peu et rire de ta remarque, penchant un peu la tête sur le côté. Sur Instagram, ça va, je n'ai jamais montré plus bas que le torse là-bas ! Je me déplace avec la chaise pour venir un peu plus près de toi, te laissant faire le dernier carat de distance. Va pour le selfie, tu me diras si ça marche. Je te laisse gérer le cadrage, me contente de garder mon plus beau sourire - c'est à dire celui de d'habitude bien entendu - et me reculer de nouveau légèrement quand c'est fait, reprenant mon café en main. Mais si tu la postes sur instagram, attends juste un peu, histoire d'éviter que quelqu'un ait dans l'idée de venir ici. Parce que je ne compte pas bouger encore. Je croise de nouveau les jambes, l'attention vers toi après une autre rasade chaude de café. On peut me voir à la télé, aussi. Allez, je te le dis quand même. Donc tu peux toujours mitonner et dire que ça vient de là que tu me connais, Timo. Clin d'oeil vers ta bouille, avant de me dire que quand même, je peux te laisser être aussi tranquille quand même. Mais t'as dû en voir pas mal de mes films quand même, pour me reconnaître comme ça. T'as des préférences ? Les jeunes en général, ça aime bien certaines catégories de porno. Et je te vois bien aimer les grosses poitrines, tiens. Les milfs, peut-être... ? Même si j'ai passé l'âge apparemment pour ça après mes trente ans, j'en ai eu beaucoup auparavant.

Je hoche la tête avant de me cacher un peu plus derrière mon verre. « Oui enfin, lui rencontre pas les acteurs. Du moins j'espère. Je préfère ne pas y penser. » Je ris un peu, parce qu'au fond je sais que mon père à du rencontrer tellement de monde avec son métier que c'est totalement possible. Serrant de main en règle et je te regarde t'approcher de moi. Je baisse les yeux quelques peu troublé, mais je finis par me rapprocher aussi histoire qu'on rentre tous les deux dans le cadre, je me sens étrangement troublé d'être collé à toi, mais en même temps ce n'est pas dans ce genre de situation que j'ai pu te voir alors forcement. Je regarde la photo avant de te la montrer, savoir si elle te va. On est un peu collé, mais ça n'a rien étrange, c'est un selfie basique, il n'y a que mes rougeurs qui me trahissent. « Ne vous inquiétez pas. Je posterais ça en rentrant, histoire que personne ne s'inquiète de me voir avec un homme plus vieux. » heureusement qu'ils ne font pas trop attention à ce que je peux faire dernièrement, sinon j'aurais plus vraiment le droit de sortir. J'enchaîne les conneries en espérant qu'on remarque un truc, mais rien à faire. Puis j'avoue que je commence à prendre goût à cette liberté. Je l'envoie juste à Camille, parce que c'est drôle et terriblement atypique. Je rougis un peu plus à ton aveux avant de hocher la tête. « On remonte le temps pour que je puisse mitonner avec vous ? » Je pose mon téléphone sur le côté avant de boire de nouveau en sautillant avec ma chaise pour être un peu plus loin. Histoire de ne pas rester trop intime avec toi, je ne te connais pas après tout. Même si tu as l'air sympathique, tu pourrais être mon père.

La question qui tombe et je reste là la bouche ouverte sans savoir quoi répondre. Tu es tellement sans gêne pour le coup. Alors je réfléchis un peu avant de secouer la tête. « Je crois que ça dépend de la tête. Pour les femmes je suis pas trop sélectif, pour les hommes si... enfin... je veux dire.. si je dois mater autant que … les deux soient sexy à mes yeux ? » Je remonte mon t'shirt par-dessus mon nez pour me cacher bien comme il faut avant de rajouter mes mains sur mon visage. « Vous parlez de ça si facilement. Alors que je ne suis même pas capable de savoir qui j'aime. » Puis je me rends compte que je t'ai dit que je te trouvais sexy. Me voilà qui glisse de ma chaise pour essayer de me cacher plus. « Apprenez-moi à être si... calme.. »  

Un hochement de tête pour te dire que la photo me va, à toi de voir ce que tu en feras plus tard hein. Je souffle un rire à ta remarque, secouant cette fois le minois histoire de te dire que même si on avait voulu mitonner, ta réaction avait été trop parlante pour ça. Alors je me lance plus amplement dans la conversation, habitué que je suis aux choses de la vie et me demande donc quel genre de film tu peux bien regarder. Et ça va, à peu de choses près, tu me réponds quand même. Je me retrouve à sourire un peu plus doucement face à toute cette gêne, avant qu'on me dise encore que j'ai traumatisé un pauvre gosse. J'aurais presque envie de te patpat la tête mais je crois que ça t’achèverait sur place. Quoique, pas sûr que ce que je peux avoir à dire le fasse pas quand même. Pardon trésor, je vais me contenir. Alors respire, va. C'est mon métier et c'est aussi quelque chose de très naturel dans la vie alors, j'ai l'habitude d'en parler. Je ne voulais pas que tu te sentes aussi gêné. Redresse toi avant de totalement disparaître ! Pour le reste, tu apprendras tout seul avec les années. T'as quel âge ? J'attends simplement la réponse, avant de hocher doucement, réfléchissant à ce que je pouvais bien faire à ton âge, où j'en étais dans ma vie. Je savais pas non plus ce que je pouvais aimer à ton âge, je crois. Un rien qui m'excitait et c'était tellement frustraaaaant. J'étais où tiens, déjà ? France, Espagne ? Je ne sais plus. Bon, j'y repenserais plus tard. Puis j'ai eu mes premières expériences plus poussées et ça allait mieux, même si ça a soulevé autre chose encore. Un petit rire qui me traverse à cette idée-là, avant de me saisir de ma boisson pour boire, tant que c'est chaud. Enfin, je veux dire par là que c'est normal d'être perdu, de se sentir seul ou quoi, à ce sujet-là. T'as des amis avec qui en parler, ou pas du tout ? Ca ne devrait pas être un sujet tabou, à mon sens. Mais malheureusement, ce n'est pas encore l'avis de tout le monde. En soi, tant mieux, le monde de la pornographie ne s'en tient que meilleur, vu qu'il comble bien des frustrations.

Je me redresse en te regardant avec un intérêt certain. Comme si tout ce que tu disais j'en prenais des notes dans ma tête. Je comprends donc que c'est grâce à ton métier que tu es aussi à l'aise, en même temps je trouve ça presque normal, mais ça veut dire que tu ne vas pas m'apprendre à l'être. Je ne vais pas finir acteur porno pour parler plus franchement de ça.  Je baisse les yeux avant de relever le museau avec une petite voix qui montre que je ne suis pas fier d'être aussi ''accro'' jusqu'à te reconnaître dans un starbuck. L'adolescence n'est pas facile, encore moins avec tout ce qui se passe à la maison. J'ai l'impression d'avoir de moins en moins d'espace, d'être de plus en plus libre à l'extérieur, mais bloqué dès que je rentre chez moi. Alors forcement, faut bien que je comble cette frustration d'ado d'une autre autre façon. Je souris un peu quand tu me parles de ton adolescence. «  Je suis pareil. » Je n'arrive même pas à calmer cette frustration sans me sentir honteux. Je fais légèrement la moue avant de regarder mon téléphone, parce que ta question n'a qu'une réponse, je n'ai qu'un nom qui me vient en tête. Alors je soupire en repensant à cette soirée qui n'a pas vraiment aidé. « Le problème, c'est que, j'ai cette faculté de me poser des questions, sans arrêt. Même si je trouve une réponse, je me pose un million de questions sur celle-ci. Alors, j'ai essayé, mais ça ne m'a pas aidé. »

Je te revois à genoux devant moi et je m'en mords la lèvre, parce que c'était indécent et tu le savais. Je sais que tu aimes jouer, mais je n'avais jamais pensé que tu le ferais avec moi. Je pose mon front contre la table et je regarde le sol avec une moue d'enfant triste. « Avoir une érection quand un type vous taquine un peu trop... ce n'est pas très hétéro non ? » J'essaie de jouer l'adolescent totalement à l'aise maintenant, mais ce n'est pas ce que mes rougeurs disent. Je tourne un peu la tête pour te regarder dans les yeux l'air vraiment intéressé par ta réponse. Comme si j'espérais que tu aurais la réponse à ce que j'ai ressenti l'autre soir. « C'est plus facile de demander ça, à un inconnu, vous savez. » Plus facile de ce dire que le type en face ne se souviendra même pas de moi demain. Qu'il ne sait pas qui je suis, je suis simplement Timo un p'tit gars rencontré autour d'une boisson chaude. Alors j'espère que tu vas au moins répondre à ma question. « Dites. Je peux venir faire un stage? » Je me mets à rire un peu, pas sérieux du tout, pour le coup.

C'est bien de se poser des questions. C'est plutôt intelligent comme réaction. Même si c'est perpétuel, c'est important comme raisonnement, parce que tu remets le monde en question en permanence et que c'est constructif pour ne pas se retrouver avec une vision trop restreinte des choses parce que tu n'es pas capable de t'interroger sur le reste. C'est sain, aussi. J'acquiesce pour moi-même,  à me dire ainsi que tu dois être un petit gars qui l'est, intelligent. Et juste un peu perdu en ce qui concerne ta sexualité visiblement. Ta question me parvient et je hausse un sourcil légèrement, à réfléchir déjà à la réponse que je peux t'apporter. Je peux comprendre aussi que c'est plus facile d'en parler avec quelqu'un qui a l'air tout à fait à l'aise sur le sujet. Alors je me redresse légèrement. J'ai envie de te dire que ça dépend. Tu t'es demandé si c'était la situation qui t'avait excité, ou le type en question ? Je viens me frotter doucement le bouc, n'ayant pas eu à coeur de le raser en faisant disparaître le reste de la barbe. T'as tenté d'imaginer la situation que tu as vécu avec une femme à sa place ? Si la situation t'excite tout autant avec une femme, ça peut t'apporter quelques réponses. Et en soulever d'autres des questions d'après ce que tu me dis. Je souris plus amplement à ta question, souffle même un rire. Oh, tu pourrais hein, c'est pas moi que ça dérangerait trésor ! Clin d'oeil, avant d'en revenir à mon café et réfléchir aux points qui ont été soulevés. Quelques gorgées et il est déjà presque terminé, snif.

Tu as déjà essayé de regarder du porno gay, ou tu n'as pas osé ? Si c'est ce qui a l'air de poser problème, je me dis que tu as très bien pu ne jamais franchir le cap. Si tu veux, j'ai les noms de quelques amis qui en font et qui sont très sexy. Enfin, d'après-moi, tu verrais bien s'ils te plaisent ou non. Je souffle un rire, prêt réellement à te les donner pour que tu puisses chercher si tu as envie. J'en connais un qui est hétéro, dans le lot. Ça me vient d'un coup. Je t'avoue que je ne sais pas s'il l'est vraiment ou s'il n'ose pas avouer la vérité. C'est un peu particulier de faire du porno gay dans ce cas, non ? Je sais pas trop, ça me perd son histoire. Je hausse les épaules, passe à la suite de ma pensée. Mais bref, en tout cas il se dit hétéro mais fait de la production gay parce que ça paye très très bien. Donc, il bande avec des mecs alors que, et bien visiblement, il n'a pas l'attirance pour eux de base. Mais sans doute que les situations l'excitent énormément et qu'il passe outre du sexe de son partenaire lors des tournages. Je viens à me passer la main dans mes cheveux, plongé dans ma réflexion qui me tient éveillé parfois la nuit, pour tenter de le comprendre. Alors au fur et à mesure, je me suis orienté vers cette réflexion-là.

La sexualité, c'est un sujet tellement large et tabou. La plupart des gens agissent de concert entre elle et le coeur. Et puis il y a aussi des périodes où le coeur n'a rien à voir, où c'est juste le corps qui produit des hormones sans se soucier de ce que le coeur peut vouloir. Comme à ton âge et même encore au mien, faut bien se l'avouer. Je souffle un rire face à mes besoins qui ont été décuplés depuis l'accident. Parfois, je réfléchis plus avec mon sexe qu'avec ma tête, juste l'envie de satisfaire une envie dévastatrice. Est-ce que les hommes t'excitent aussi parce que t'es juste dans une période où tu as envie d'expérimenter les choses de la vie ? Est-ce que si tu passais à quelque chose d'un peu plus concret avec l'un d'entre eux, tu ressentirais la même excitation ? Peut-être que face au fait accompli, tu te dirais que non. Un sourire bienveillant qui s'élève légèrement, face à ses questions qui ont sans doute déjà dû t'effleurer. Le pouvoir de l'imagination est infinie. Ce qui te fait bander et même peut-être jouir, c'est ce que tu te figures. Des sensations que tu t'inventes en même temps que tu te touches, des idées que tu conçois dans ton esprit avec ce que tu peux te dire de tout ça. Alors sur le coup, même si tu penses à ton fameux type par exemple, ça ne remets pas forcément en cause l'étiquette de l'hétéro. C'est juste une scène que tu te figures, le fantasme d'un instant pour arriver à une finalité. J'attrape mon téléphone de nouveau, cherche quelque chose dessus.

C'est souvent pour ça que les premières fois sont incroyablement décevantes. Je tenais la longueur à l'époque quand je me touchais. Quand est venu le moment d'avoir ma première copine avant le porno, j'ai tenu, allez, trois minutes grand max avant de jouir, lors de notre première fois. Je souffle un rire face à cette confession qui n'en est pas vraiment une, je ne m'en cache pas particulièrement sur le fait qu'on aurait pas parié sur moi au départ. Tout ça pour t'expliquer qu'entre un fantasme et la réalité, il y a souvent tout un pas. Ne reste que toi pour savoir si t'as envie de rendre ce fantasme réel, ou si tu préfères justement pas qu'il reste ainsi. Qu'une simple scène dans ton esprit sur lequel, tant que ce doute plane, rend le tout terriblement plus excitant. Parce que ça peut être ça, aussi. Tant qu'il y a ce questionnement autour de savoir si c'est gay ou non, ça peut te donner envie de recommencer, encore et encore. Parce que c'est bien le seul moment où ça n'a plus d'importance, où ce petit soupçon d'interdit fait gonfler les veines bien plus efficacement que le reste. Clin d'oeil après avoir relevé le nez de mon téléphone, l'amenant vers toi pour le poser face à toi, sur la table. Sur l'écran, une photo de groupe, quelques acteurs et actrices du milieu et moi-même, qui prenons la pose à l'occasion de celle-ci. Dis-moi qui ne te plaît pas de prime abord, sur cette photo. Si tu m'en désignes plus de deux, je pense que je serais surpris.

J'ai osé poser une question en essayant d'avoir le moins de gêne possible. Tu sembles arriver à me détendre un peu, comme si c'était plus facile de discuter avec toi qu'avec n'importe qui. Tu étais un inconnu, il y a cinq minutes, maintenant tu es là à m'écouter et répondre à mes questions. Tu n'es pas cool que dans mes soirées en solitaires du coup. Je réfléchis à tes deux questions, mais je sais que la situation m'aurait plus si c'était une femme, mais est-ce qu'elle m'aurait plus avec un autre homme ? Nouvelle question que j'essaie de fuir en me rattrapant au fait que tu acceptes ma demande de stage. « Je veux vraiment ! Je fais du théâtre et de la danse... ça serait cool de voir ça autrement qu'avec mon père. » Je ne peux empêcher un léger rire. « Heureusement que je parle pour la série. Sinon c'est étrange. » Je te regarde avec un air vraiment intéressé, c'est bien la première fois que j'écoute quelqu'un sans détourner le regard alors que la discussion est pour moi. « Je veux bien les noms. Au moins par curiosité de voir ce qui vous plaît. » Je souris doucement en continuant d'écouter cette histoire qui va clairement me prendre une nouvelle place dans ma tête. Beaucoup de questions qui me viennent en tête, sûrement les mêmes que toi, puisque tu sembles tout autant perturbé. Pourquoi un type ferait du porno gay si c'est le contraire de ce qu'il aime ? L'argent, c'est une bonne excuse ? Ou c'est vraiment plus avantageux ? C'est peut-être juste la situation, le métier en lui-même qui créait cette passion. Je fais une légère moue avant de relever le nez quand tu reprends.

Le rouge aux joues quand il parle de mon ''type'', tu n'es qu'un type pour aujourd'hui Camille, du moins pour cette explication. Rien que dans ma tête je contredis l'homme en disant que tu es bien plus qu'un type, mais je garde juste ça en tête, parce que ça parlerait trop. Je joue avec mon gobelet en essayant de répondre aux nouvelles questions. Puis finalement je secoue la tête. « Vous pensez que je devrais essayer ? Si je n'essaie pas, vous pensez que je ne pourrais pas répondre à mes questions clairement ? » J'avoue que cette question me fait peur. Surtout que je dis ça comme si quelqu'un allait être intéressé, alors que le seul homme qui m'approche vraiment c'est Camille et en plus il le fait simplement pour m'embêter, il ne m'a jamais dragué, on s'est juste rapproché et c'est un type taquin. Je baisse les yeux un peu en me disant que je me prends la tête pour quelqu'un qui s'en fiche peut-être de moi. « Et si c'est juste un gars... Et personne d'autre ? Chez les hommes je veux dire. Enfin, il voudrait sûrement pas essayer avec moi. » Il aura un million de bonnes raisons pour ça d'ailleurs. J'attrape le téléphone pour regarder les gens. « Ils ont tous un charment ? Je n'ai pas vraiment de préférence. Vous restez le plus sexy. » Je t'affiche un grand sourire, je ne peux plus vraiment être gêné, vu que tu sais ce que j'ai pu faire devant tes films, alors autant l'avouer. « Juste que vous devez avoir l'âge de mon père quoi. » Je te rends ton téléphone en souriant un peu puis je sors mon téléphone pour montrer la bouille de Camille. Je fais un peu la moue. « C'est lui. Le petit bonhomme sadique. » Je regarde mon téléphone un instant avec un air triste. « Comment on sait quand on aime ? Quand je vois mon père et Anna, je suis juste énervé, alors... je n'arrive pas à voir ce qui fait qu'ils s'aiment plus qu'on pourrait aimer un ami. »

Aucune idée de comment peut se passer une demande de stage dans le milieu, j'imagine que ça sera à avoir avec mon agent. Ce n'est la question là tout de suite mais comme j'ai déjà pu te dire, ça me dérange pas du tout, si ça peut t'ouvrir quelques portes hein, autant te laisser les prendre. Au moins tu as l'ambition de demander ça alors allons-y, soyons fou ! Mais pour l'heure, il y a des interrogations à toi auxquelles je peux tenter d'apporter un bout de réponse. Le sourire qui reste aux lèvres, parce que t'es chou dans ton genre quand même. C'est à toi de voir si t'as envie d'essayer. Je ne peux pas répondre à cette question pour toi parce que je n'ai pas envie de te diriger dans une direction qui ne serait pas ton entière décision. Si tu veux, fais-le. Si tu te dis que non finalement, ça sera ton choix. Je ne veux pas t'influencer d'une quelconque manière, que tu m'écoutes parce que je pourrais représenter une forme "d'autorité" dont il faudrait suivre absolument l'avis parce que ça semblerait le bon depuis sa bouche. J'imagine que tu pousserais la réflexion plus loin que ça mais sait-on jamais. Ma parole n'est pas d'or (quoique) et je ne souhaite pas qu'elle puisse être prise ainsi. Alors je te donne des pistes plutôt, des réflexions qui peuvent peut-être t'apporter un semblant de réponse pour tes propres choix à venir. Peut-être que tu pèseras plus longtemps les choses, ira les voir sous un autre angle, sans te précipiter. Alors ça peut-être juste cet homme et aucun autre. Sourire doux. Le coeur se fiche parfois des genres et de ses histoires-là. Il aime, simplement. Et peut-être qu'aucun autre homme ne te plaira jamais comme lui peut te plaire, parce qu'il possède ce quelque chose qui le fait battre bien plus efficacement que n'importe qui d'autre.

Ce n'est pas une fatalité. Juste un fait. Ce qui nous attire pas chez les autres pourra être terriblement séduisant chez CETTE personne-là. Et ça efface tout le reste, avant de le rendre beau à nos yeux aussi. Parfois ça prend du temps, au départ on se dit que ça ne prendra jamais avant de se sentir poser un autre regard sur la personne. Et on se dit qu'il est trop tard pour nous, si tant est qu'on ait pu avoir une chance un jour. Je souffle un rire à ta réflexion, un clin d'oeil pour toi, avant que tu me coupes la chique de ta réflexion. Un peu de respect trésor, j'ai encore que trente ans. Plissement de regard. Peut-être trente-et-un ans, d'accord. Je remets sous verrou mon téléphone après être retourné sur l'écran d'accueil, t'avisant faire avant de prendre le téléphone pour le rehausser légèrement et observer la bouille dudit type. Il est plutôt mignon, ton bonhomme sadique. Je peux comprendre qu'il te fasse tourner la tête et les sens. Je rapatrie mes mains vers mon café, joue à mon tour avec en te regardant. Et Dieu sait que tu es adorable avec ta bouille actuelle. L'amour, ça se voit pas toujours parce qu'on se le montre qu'en privé. Réflexion simple, pour débuter. Je veux dire par là qu'ils doivent avoir des attentions l'un pour l'autre qui de l'extérieur paraissent anodines. Mais dans l'intimité, c'est tout autre. Il y a des gestes qui ne trompent pas, des mots aussi parfois... Est-ce qu'il te manque quand il n'est pas là, ton bonhomme ? Parlons de toi, plutôt, parce que tu as l'air d'en gros sur la patate.

Et quand il est là, est-ce que t'as le coeur qui bat la chamade, qui semble prêt à jouer des maracas sans se soucier de si tu parviens pas à suivre le rythme ? Sourire taquin en coins de lèvres. Est-il capable de le calmer quand même, ce coeur ? Dans des gestes qui t'apaisent sans même que tu le perçoives ? Tu te sens en sécurité avec lui ? T'as envie que le temps ne s'arrête pas, qu'il te ne quitte jamais ? Quand il va dormir, ça te fait quoi ? Tu as hâte d'être à demain, de l'entendre rire bientôt ? Ou qu'il sourit, sans même que ce soit grâce à toi... Mais si c'est pour toi alors c'est un petit plus qui te réchauffe le coeur ? je me perds un peu dans mes pensées, le coeur douloureux face à toutes ses questions auxquelles je peux répondre moi-même oui, à propos d'un homme que je ne peux plus avoir. T'as envie de le toucher d'une manière ou d'une autre, quand il est là ? Rien qu'un bout de peau, des doigts qui s'effleurent ? Puis de pousser parfois, de l'embrasser sans oser parce que t'as peur qu'il te rejette plus qu'autre chose ? J'ai mal, en dedans. Mais j'y survivrais, c'est pas si grave. T'y penses tout le temps, ou juste très souvent ? À lui, s'entend. Est-ce que t'as envie qu'il pense à toi, aussi ? Brève inspiration pendant toutes cette pléthore de questions. Et tu as déjà pensé à quelqu'un ainsi, aussi fort auparavant ? Sourire qui revient, qui s'arme d'une nouvelle couche de vernis brillant. Si tu te réponds oui à la plupart de ses questions... Il y a des chances que tu comprennes ton père et "Anna", un jour, sans plus ressentir de colère. Juste le soulagement qu'il puisse être aussi heureux que tu pourras l'être à ce moment-là. Souris, Timo.

Je te regarde dans les yeux avec un léger sourire. Je viens te tapoter doucement l'épaule comme pour te dire que je te crois. Bien que, j'ai quelques doutes, mais s'il faut que ça pour que tu continues d'être content alors je te crois. « Vous êtes bien plus jeune donc. » Je souris un peu remettant mon regard sur mon téléphone. Il est mignon, ouais, encore plus quand il sourit. Je prends mon téléphone sans le fermer continuant de regarder un peu ta bouille. Je me demande si monsieur Silver Divo est le genre d'homme qui te plaît. Un homme avec qui tu te sens en sécurité rien qu'en l'ayant à côté de toi. Qui a un beau sourire, surtout un homme plus vieux. Je n'ai jamais pu te voir avec quelqu'un, alors je n'ai aucune idée du genre d'homme qui te plaît. Peut-être que t'aime les grands musclés, le genre bad boy. Je t'imagine bien avec un grand mec baraqué et mystérieux, pendant que toi tu ris aux éclats. J'éteins l'écran pour revenir à toi en hochant la tête. « Il me manque oui, mais... C'est aussi parce que c'est le seul qui me fait vraiment penser à rien. Je me torture moins l'esprit avec lui. » Et j'oublie que j'en veux au monde entier alors qu'il ne m'a rien fait. Je te laisse continuer, Toutes tes questions sont comme des petites piqûres, qui petit à petit font mal à mon cœur. Je pose mon regard sur toi en clignant un peu des yeux, parce que tu as l'air très sentimentale, ou alors tu as vraiment prévu le discourt depuis des années et tu attendais un petit gars perdu pour le dire. Ça sort trop naturellement pour que tu ne penses pas à quelqu'un et ça me fait sourire.

Je pose ma main sur ton épaule en souriant un peu. « Et vous ? Vous avez répondu oui à combien de ses questions ? » Parce qu'on parle de moi, mais j'aime bien détourner la conversation quand j'en ressens le besoin. Là, j'ai très envie de savoir ou peut-être de juste comprendre. « Il m'a emmené dans une boite gay. Alors oui ce n'est pas légal, mais c'était amusant. Je lui ai fait un lap dance. Au début c'était juste pour montrer que je peux danser n'importe quoi, mais c'était... électrique ? » Je rougis un peu avant de venir, tel un enfant, massacrer le gobelet avec mes dents. Rien d'agréable, mais ça me rend moins stressé un peu devant mon aveux. « Sinon, j'ai dit oui à tout, ou presque. » Je n'ai pas dit oui aux questions où je ne devais pas répondre par oui ou non. Je triche un peu, mais en même temps ce n'est pas un mensonge, je joue juste avec les mots.

« Vous savez, je suis content s'ils sont heureux. C'est plus compliqué que ça. Ce n'est pas d'être heureux que je leur reproche. » Je soupire un peu avant de venir me tourner vers toi pour te regarder avec un regard plein de questions. « Votre amour à vous, vous lui diriez comment ? » Je n'ai jamais fait ça, je ne me souviens même plus de quand j'ai pu dire à mon père que je l'aime, alors je n'imagine même pas le dire à quelqu'un hors de ma famille. « Vous pouvez me dire merde. »

Ta main sur mon épaule qui me surprend un peu, ça donne l'impression que tu cherches à me consoler, là. Oh tu sais, ça fait longtemps que j'ai la réponse à ses questions, moi ! Et je dis cela avec le sourire, l'air tranquille. La plupart trouvent une réponse positive, sauf pour la sécurité. J'anticipe peut-être trop dans le fond, je suis effrayé d'un rien mais l'idée de ne pas savoir s'il ne veut pas rentrer à moitié en sang à cause de son boulot, ça me tuait trop sur place. Alors en soi, ça me dévore toujours autant l'esprit mais au moins... Au moins, j'ai cette distance vis-à-vis de ça avec le célibat que la vie de couple ne pouvait m'offrir. Je ne lui en veux plus, désormais, à ce sujet-là. C'est au moins ça de pris. Je t'écoute donc conter vos aventures avec ton type (dont il faudrait que je demande le prénom à un moment pour cesser de l'appeler ainsi quand même) et ça m'amuse un peu de voir votre notion de l'amitié, hein. C'est carrément audacieux, le lap-dance. Non parce que visiblement, vu que tu dois être mineur avec ton machin de pas très légal, j'aurais sans doute pas fait ça pour ma part. Déjà parce que je dansais comme un manche à l'époque mais aussi parce que le courage c'était pas forcément ce qui me caractérisait le plus encore. Presque, ah oui ? Bon en gros, t'es en crush sur le type donc mais que t'as du mal à te l'avouer encore. Bien !

Tu leur reproche quoi, alors ? Moi tu sais, je suis prêt à t'écouter hein, ça me va bien, c'est plus intéressant que de swip vers le haut dans l'espoir de nouvelles publications depuis les dix dernières secondes où je l'aurais fait. Puis dans le fond, c'est sans doute plus facile de dévoiler ce qu'on a sur le coeur à un type qui n'a rien à voir du tout dans l'histoire et qui ignore le nom de la plupart des protagonistes. Y'a une "Anna" dans le lot et c'est bien la seule information que je peux avoir. Mais ça en revient à moi et je viens me gratter le bouc tout en me penchant un peu plus vers la table pour y prendre appui de mes coudes, y réfléchissant. Je ne suis pas très discret moi. Je souffle un rire, te regarde dans les yeux. Je fais du charme et si la personne est insensible... Alors je passe à autre chose la plupart du temps. Bout de sourire, me voici à repenser à mes deux histoires d'amour ratées. J'ai jamais dit "je t'aime" avant quelques mois de relation. Au moins deux, histoire d'être sûr de moi. Mais en fait, j'ai jamais été amoureux d'avant de me lancer dans la relation. Ça sera peut-être compliqué à comprendre pour toi ? Aucune idée. Et à part le fameux lap-dance, y'a eu autre chose entre vous ? Moi je suis curieux maintenant, à tenter de mener l'enquête via toi pour savoir si t'as tes chances ou non. D'ailleurs, tu m'as parlé de boîte gay là, il l'est ou c'était pour la blague ? J'essaye de suivre, mais il me faut toutes les informations quand même. Le minimum vital sur l'affaire, comme un résumé en début d'épisode dans une série qu'on prendrait en cours de route.

« J'ai l'air timide, mais il ne faut pas trop m'emmerder, sinon je rends. » Je souris doucement parce que c'est vrai que c'était audacieux, mais comme j'ai confiance en Camille, ce n'était pas si terrible. Pour une fois que c'est moi qui pouvais le taquiner, ça change. Même si clairement je ne lui arrive pas à la cheville et qu'il réagit sûrement pas comme je peux le faire, mais ce n'est pas grave, je préfère me dire que ça marche. Que c'est pour ça qu'il a fuit, pour rien d'autre. Je me cache derrière mon gobelet avant de faire la moue. « Bah, ouais, y avait une question où je pouvais pas répondre oui. Alors. Presque. » Je prends un air presque fier de moi avant que tu ne me poses de nouveau une question qui me fait réfléchir. Qu'est-ce que je reproche à Anna et Papa ? « De traîner dans de mauvaises affaires... Alors qu'on est beaucoup à les attendre à la maison. Qu'ils ont envoyé tous les autres à New York et qu'ils osent me parler de déménager là -bas alors que papa sait que j'ai déjà encore du mal à trouver ma place ici malgré toutes ses années. Papa n'était pas souvent là avant que maman nous abandonne. » Je baisse un peu les yeux l'air vraiment pas bien, parce que j'ai bien choisi mon dernier mot. « Je n'ai pas envie de m'attacher à Anna, parce qu'elle pourrait elle aussi nous quitter et s'en foutre totalement. Parce que l'amour ça ne suffit pas parfois. » Je me frotte le bras un peu avant de me racler la gorge et repartir sur le sujet d'avant avec toi. Préférant nettement celui-ci.

« Dans les films d'amours, ils disent ou nous montrent qu'il faut le dire avant qu'il soit trop tard. On ne sait jamais... Suffirait que la personne en face finisse par abandonner ? Après j'y connais rien, mais je dévore beaucoup trop de film. Dans tout, je pense qu'il faut tenter sa chance. » Je dis ça, mais je ne suis pas sûr qu'un jour je l'applique, parce que j'ai l'impression de me frotter à un hérisson avec Camille. Si adorable, si mignon, tout pour te faire craquer, mais j'ai tellement dans l'idée que je n'ai rien à voir avec ce qu'il aime, que j'ai peur de me piquer. Je regarde mon verre vide avant de regarder l'escalier. « Je vous en prends un autre ? Un peu pour vous remercier. J'ai un petit job, alors ne pensez pas que c'est gênant. » Je regarde l'heure sur mon téléphone avant de hocher la tête, voyant que j'ai encore pas mal de temps devant moi. Je te laisse choisir si j'y vais ou non pendant que tu gardes nos places et on reprendra la conversation après de toute façon. Avec les nouveaux verres que j'aurais pu poser à côté de toi ou simplement en reprenant là. Va surement quand même me falloir de quoi boire.

« Il est gay. Il a même l'air très ami avec le videur. Sinon je ne serais jamais rentré. » Léger rire, j'espère que ce n'est pas son genre de mec, parce que j'en ai pour des années avant d'arriver à son niveau. Je prends un petit sourire tendre, en essayant de me rappeler de tout. Je ne m'en rends même pas compte que j'ai l'air vraiment heureux là. « On est ami depuis un petit moment. Ce n'est pas le genre de personne avec qui normalement je m'entends, comme je suis quelqu'un de … spécial ? Je suis un surdoué, ça se remarque pas forcement parce que j'ai au final plus de difficultés avec pas mal de choses, mais je suis vraiment bon dans ce que je fais au moins. Du coup, Camille s'est tellement un opposé, mais il m'a totalement fasciné dès qu'on s'est rencontré. Il grimpait partout comme un petit singe...Il m'a amené sur un toit, c'était super beau ! Digne d'un film d'amour, mais ça a fini en film triste, parce que je... » Puis je bloque, comme si je n'avais pas le droit d'en parler à des inconnus, par peur que ça m'attire des ennuies, mais en même temps je ne sais pas comment finir ma phrase. « Disons que j'ai fait quelques choses sans le vouloir et qu'il m'a détesté un peu sur le coup, mais... on a finalement réussi à s'entendre, parce qu'on s'apprécie beaucoup. Donc la boite gay, le Lap dance qu'il a stoppé. Je dois être mauvais. On a été dans un parc fermé, sauf que j'ai déchiré l'arrière de mon jean. »  Je me lève pour venir te montrer le jean réparé en question, parce que oui, c'est peut-être devenu mon pantalon préféré. Puis je reprends ma place à tes côté. « C'est lui qui l'a réparé. Bref, il m'a filé son pantalon... pour pas que je rentre à poils. … sauf qu'il m'a forcé à le mettre. D'où l'érection quand il s'est foutu à genoux devant moi avec... ce regard. » J'ai un léger frisson qui me fait me redresser sur ma chaise. Je me tortille un peu. « Je l'ai embrassé. Enfin. J'ai voulu le faire taire surtout. Je l'ai embrassé en foutant son haut entre nos lèvres. Ça ne compte pas comme un vrai baiser, si ? » Parce que j'ai toujours le doute de si j'ai vendu mon premier baiser à un t'shirt. Je me sentirais idiot. Puis finalement je raconte le dernier soir qu'on a vécu. Ce message qui était un appel à l'aide. « J'avais super peur et ça ce n'est pas arrangé quand je l'ai vu plein de sang. » Je regarde mes mains en soupirant un peu. « On peut dire que je l'ai un peu tripoté, mais ça n'avait rien de plaisant. » Je rougis un peu en pensant à la suite. « On a dormi l'un contre l'autre. Parce que je ne voulais pas partir et le laisser, même si mon père me l'aurait interdit, je n'aurais pas écouté. Il avait besoin de moi. » Je viens nicher mon nez dans mon t'shirt pour me cacher un peu, tu ne vois plus mes lèvres qui ne peuvent pas s'empêcher de sourire, mais que ce soit ma voix ou mon regard, il n'y a aucun doute. Je suis content. « J'ai dormi contre lui, j'avoue que le réveil... Ce  n'était pas le plus facile à vivre du monde, mais au final, qu'est-ce que j'y peux si mon corps réagit ? Je n'avais jamais dormi avec quelqu'un comme ça, alors forcement... » Je prends mon gobelet pour le faire tourner assez rapidement puis je te regarde avant de reprendre un air plus neutre me rendant compte que depuis le début je suis beaucoup trop souriant. J'ai mal aux joues.

Deliveroo d'informations. C'est un déluge qui s'abat et je tente de retenir au mieux les informations que tu m'offres. Déjà les parents. Donc, ta mère est partie visiblement, ton père a fait sa vie de nouveau avec quelqu'un et maintenant, ça te réveille la peur de pas être aimé comme il faudrait. Dans le fond, tu dois vouloir que ça arrive, que tu puisses te sentir en confiance mais vu qu'ils font des trucs louches - Dieu sait que dans cette ville ça peut tout vouloir dire - tu n'es pas rassuré pour un dollar et ainsi tu rejettes ce qu'ils peuvent te proposer. Parce qu'il te faut un foyer stable pour réussir à accorder de l'amour comme il faut à tout ce beau monde. Mais vu que, visiblement, tu te sens pas écouté, ça m'a l'air fichtrement compliqué tout cela. Bien, je note cela dans mon inventaire rpgique - ma mémoire pour ceux qui n'ont pas la référence - et me promets de revenir là-dessus plus tard. Parce que c'est tout aussi important que le reste. Surtout que si tu n'es pas heureux dans ce domaine là, tu pourrais foutre en l'air tes chances avec ton petit gars parce que tu pourrais trop te raccrocher à lui et que selon comment il est, il pourrait fuir. Avec un type comme moi, ça marche. Avec un type comme River, tu vois plus le bout de son museau pour un bon moment si tu l'apprivoises pas avec délicatesse dirons-nous. On en revient donc au sujet de l'amour et j'en rigolerais presque de tes points de références. Si seulement c'était aussi simple que dans ceux-là. Les films sont là pour te faire rêver, trésor. La réalité est bien différente.

Tu me parles de retourner te servir et je hoche un peu, sortant mon porte-feuille pour te tendre un billet. C'est moi qui offre cette tournée. J'insiste. Sourire. Parce que je veux un muffin double choco aussi, en fait. Et je ris légèrement, clin d'oeil accordé alors que tu emportes le billet et ma commande et que je reste-là, à me frotter les cheveux avant de prendre mon téléphone encore pour envoyer un poke à River et lui dire qu'il est nul. Et quand il me demandera pourquoi, je dirais juste "comme ça !" pour l'embêter, avant de reposer mon téléphone en souriant un peu bêtement, avant que tu ne ramènes ta petite bouille avec tout ce qu'il faut. Le muffin trouve bien assez vite sa place entre mes doigts et la conversation reprend le fil de son cours, après un remerciement. Donc le fameux Camille (enfin un nom !) est donc gay, visiblement plus âgé que toi s'il pouvait déjà rentrer dans les boîtes au point d'en connaître les videurs ? Je grignote mon péché mignon en t'écoutant sans t'interrompre, t'observant quand tu me parles de la bourde que tu as bien pu faire. Je plisse un peu le regard quand tu me dis que le lap-dance devait être mauvais que tu me parlais juste avant qu'il avait été électrique. Fiou, pas évident à suivre ! Petit cul, jean déchiré ok, on reprend la suite de l'histoire dans une nouvelle bouchée. Et puis on passe à du plus intéressant en soi. Des histoires de baiser et ainsi de suite. Alors je me contente de sourire. Ton premier baiser sera celui que tu considéreras comme tel, trésor. Deux bouches l'une contre l'autre n'en font pas parti pour certains. Pour d'autres, ça sera le premier avec des émotions, d'autres un frôlement leur aura suffit. À toi de choisir.

On reprend ensuite et donc ton crush qui a été faire on ne sait quoi pour se blesser au point que t'as dû jouer aux infirmiers. J'imagine que ça, tes parents doivent pas être trop trop au courant. Je me frotte une joue après avoir essuyé mes doigts, toujours attentif à tout ce qui peut bien se dire encore. En tout cas il te file la banane, donc autant te dire que t'es bien croc-love déjà, trésor. Je me redresse un peu à la fin de ton récit, un sourcil haut. Forcééémeeent... ? Tu peux pas t'arrêter là, hey, le film il continue longtemps après qu'on ait fini les popcorns normalement ! Et bien quoi ? Il a réagit comment ? Il a fait une remarque sur ça, pas du tout, s'est moqué, t'as dit de partir, non, oui ? Tu peux pas me laisser sur ma faim au moment le plus important, trésor ! Non parce que je veux bien jouer à l'analyste mais si j'ai pas tous les points importants en main, je vais abattre des cartes creuses de sens et je ne servirais à rien. Je prends mon nouveau gobelet, tout songeur que je suis. Et ça t'as fait quoi de dormir avec lui ? Depuis vous vous êtes revus d'ailleurs ? T'as envie de recommencer ? Bon, tentons d'avancer malgré tout ! Je tente de grappiller des informations supplémentaires, t'encourage à m'en délivrer. Parce que ça me dérange pas du tout d'écouter et de tenter de t'aider hein. Au contraire, tu me tiens en haleine là !

Je te regarde en souriant, me demandant quand même si je dois ou non prendre ça pour un premier baiser. Peut-être que c'est mieux comme ça, ou j'attends de voir si le prochain ne sera pas le premier. Peut-être que ça sera de Camille, il y a plus de chance que ça arrive par taquinerie qu'autre chose, alors c'est peut-être le seul qui m'embrassera de toute ma vie. Je ne pense pas à être en couple avec, mais plutôt à ne jamais l'être. Alors ça sera peut-être mon seul baiser, à travers un tissu. Je te regarde dans les yeux avant de boire un peu et reprendre mon récit dans ce qui est sûrement le plus intéressant de l'histoire. Je prends une longue inspiration pour reprendre, lancer ça l'air de rien. « Alors, disons qu'il m'a proposé de me donner un coup de main. Toujours avec son regard de je te taquine, il voulait juste me gêner. Finalement, c'est moi qui ai joué. J'ai dit oui. » Je bois une nouvelle gorgée ne fixant plus qu'un bout de table. « Je crois que... j'ai beaucoup aimé dormir avec lui. Ou ce n'est pas très objectif vu que c'était la première fois que je faisais quelques choses avec quelqu'un. » Je bois de nouveau essayant de reprendre mon calme,même quand les images me reviennent en tête. Je glousse un peu avant de regarder monsieur Silver Divo. « C'était cool. J'ai vraiment eu... envie de faire pareil pour lui. » Je baisse de nouveau la tête pour fuir et murmurer. « Je n'oublierais jamais son visage... quand il... Bref. C'était cool. On s'est dit bye pas forcement longtemps après, il m'a forcé à aller en cours. »L'adolescent qui est aussi gêné de raconter ça que de ressentir des choses encore bien après. J'ai tellement le cœur qui s'affole, des papillons dans le ventre et des envies de recommencer encore et encore. Je regarde mon téléphone d'un air un peu triste avant de te regarder toi. « Il est très occupé. On se voit plus et il... discute avec moi que tard le soir, mais il m'appelle. Je m'endors juste souvent au téléphone. Entre les cours, la danse, le théâtre et mon boulot à côté, je n'ai pas beaucoup de force et par moment je ne peux même pas lui répondre tellement je termine tard. »

On est occupé tous les deux, chacun de notre côté, mais j'avoue que ça me manque de passer du temps avec lui. Je joue un peu avec ma boisson chaude pour finalement murmurer une question toute bête. « J'ai le droit de l'aimer ? Ce n'est pas grave ? » Le regard qui se baisse, comme si j'avais trouvé la réponse à ma question. Il y a des larmes qui perlent sur mes joues, je reste silencieux dans mes pleures, ne voulant pas attirer le regard des gens autour. Ce n'est peut-être pas de l'amour dans mon ventre, mais la trouille qui me prend au tripes. Peur de décevoir papa, peur de décevoir Camille, de perdre les deux. Je ne sais plus quoi dire de plus, j'ose même plus bouger tellement j'ai la trouille.

Oh. Oh ? Oooooh ! J'ai eu le doute pendant un instant, quant à savoir si vous aviez réellement fait quelque chose ensemble mais tu le confirmes et j'ai envie de te dire "Bien joué champiooon !" mais ça serait sans doute trèèèès malvenu alors je me retiens, laisse juste un petit sourire filtrer de moi comme pour te dire que ça avait l'air de valoir le coup. Ça a été plaisant ? Que je demande, sobrement alors que dans ma tête je suis encore à manger un muffin en assistant à mon nouveau feuilleton préféré du moment. Tu me dis que c'était cool et je souffle un rire, content pour toi dans le fond. Les premières expériences qui se passent bien, c'est toujours plus agréable. Et je rigole face à cette conclusion. En voici un homme sensé ! Pour quelqu'un qui n'aimait pas particulièrement les études et qui a vite arrêté, c'est sans doute un peu bête de dire ça. J'imagine bien que ça a dû te frustrer ! Je ris un peu mais je m'arrête assez vite pour te laisser continuer. En soi, je trouve qu'il y a du bon dans ce que tu dis. En général, on évite de téléphoner à quelqu'un qu'on ne souhaite pas revoir ou quoi. Alors chasse donc cet air triste ! La vie est ainsi parfois faite, il y a des périodes avec et des périodes sans. L'essentiel est que vous pensez l'un à l'autre, tu ne crois pas ?

Petit sourire bienveillant, à te regarder faire, avant que ton murmure m'arrache le coeur sur place. Parce qu'elle est adorable cette question. Et quand je te vois commencer à pleurer, je m'approche de nouveau pour simplement te pousser vers moi d'un bras que j'ai étendu. La main s'est posée dans tes cheveux pour les frotter doucement et je t'offre un abri où pleurer sans que personne puisse te voir. De loin, j'ai juste l'air de te faire un câlin. Et dans le fond, c'est ce que je fais. Bien sûr que ça ne l'est pas, trésor. Murmure pour toi seul. Gentillesse qui transpire dans la voix. Qu'est-ce qu'il y aurait de grave ? C'est beau l'amour, qu'importe sa forme. Les doigts qui te grattouille toujours le crâne. C'est douloureux parfois l'amour, mais ça reste une belle expérience à vivre, je trouve. Même quand c'est pas réciproque, c'est un enseignement précieux pour la suite. Alors qu'importe, oui. Qu'il soit un homme et que toi aussi. Même si je peux comprendre que ça puisse te perturber. Parce que t'as sans doute jamais imaginé ça. Il a quel âge ? Que je te demande doucement, pour pouvoir prendre tout en compte. Ça te fait peur par rapport à quoi, Timo ? Ton père ? Je suis sûr qu'il sera fier de son fils quoi qu'il en soit. Parce que t'as l'air d'être un sacré bosseur quand même. Tu connais son avis sur la question ? Si tu connais un peu la température déjà, ça pourrait aider j'imagine à avancer.

L'essentiel s'est qu'il pense à moi et que je pense à lui, c'est vrai. Puis j'aime bien m'endormir après avoir parlé avec lui, je me sens comme moins seul, même si papa, Anna et les petits sont là, je me sens toujours seul. J'ai les larmes qui coulent face à une réalité que je voulais enfouir, mais tu viens m'offrir un câlin. Je crois qu'il me fait un peu de bien et en même temps, ça ne fait que me donner encore plus envie de pleurer dans cette sécurité étrange que tu m'offres. Le cœur qui fond, les défenses minimales craquent. Je ne sais plus quoi faire là, dans tes bras. Même quand tu essaies de me rassurer, je n'arrive pas à calmer la peur face à la réalité des choses. Hochement de tête parce que je veux te donner raison, que j'espère que ce que tu dis est vrai, parce que moi je me sens sacrément con. Puis y'a cette question qui me coupe même dans mes pleures je te regarde avec de grand yeux, peut-être un peu trop rouge, mais j'ai l'air surpris. Je n'ai jamais pensé à te le demander ton âge, même depuis tout le temps qu'on se parle. Alors je sais juste que tu es majeur, sûrement depuis un moment pour connaître autant le videur. « J'en ai aucune idée... mais il pourrait avoir quarante ans que je m'en moque. Je sais que vous non, mais vu sa bouille.. j'aurais du mal à croire qu'il a quarante ans. » Puis je sors cette photo de toi et moi prise après notre moment d'intimité pour te la montrer. Je caresse furtivement là où la marque est encore, même si elle disparaît bien trop vite à mon goût. Je baisse un peu les yeux pour réfléchir à ce que tu as pu dire après. Je n'ai aucune idée de ce qu'en pense mon père, je me voyais mal lui demander de toute façon. « Comment vous voulez que j'en parle ? … Peu importe ce que je pourrais poser comme question ça pourrait le diriger vers cette conclusion. Je ne suis pas prêt... encore moins si Camille ne veut pas de moi. »

Le cœur qui se serre et je te regarde avec plein d'espoir pour que tu me rassures, tu vas peut-être pouvoir m'aider. « Vous l'avez annoncé comment.. votre travail à vos parents ? Non pas que je compare, mais ce n'est pas facile à dire non plus je suppose. » Alors j'espère que tu m'aideras à trouver comment le dire à eux. « Ou peut-être qu'il faut que je vois avec Camille avant ? » Je soupire un peu avant de renifler de façon peu sexy et de finir ma boisson avant qu'elle ne devienne froide. J'ai mon regard sur la photo, activant l'écran à chaque fois qu'il veut s'éteindre. Elle est un peu comme un petit pansement, elle me rappelle que j'étais très heureux avec lui, mais que maintenant va falloir assumer que ce n'était pas qu'un coup de main amicale de mon côté.

Je souffle un bref rire face à ta réaction. Je sais pas si ça me rassure grandement mais bon, j'ai pas toujours été regardant sur l'âge de mes partenaires quand j'étais jeune donc, je ne vais rien dire hein. Faudrait peut-être lui poser la question un jour, quand même... Je te regarde faire et observer la photo -oh oh oh, je rêve pas, vous êtes torses nus là ? - avant de hausser les épaules. Hum, oui, il doit avoir, quoi... Vingt-cinq ans max ? Je me frotte la nuque de ma main libre, garde le regard vers toi tout en écoutant et dodeline un peu de la tête, observant encore la photo ensuite avant de sourire légèrement. Ceci dit, si ton père aussi voit cette photo, il y a des chances que t'ai pas besoin de lui dire toi-même. Non parce que c'est pas comme s'il était calé contre toi, que vous êtes visiblement à poil et quelque peu rouge encore, comme après un... Certain effort. Le suçon en plus... Non vraiment, faudra pas lui montrer cette photo-là, à ton père.

Je me concentre de nouveau sur toi face à la nouvelle question et j'essaye d'y réfléchir. Mais ça date de vingt ans tout ça, c'est devenu un peu flou quand ma mémoire tant il y a eu d'autres choses depuis. Hum... En toute franchise, j'ai totalement assumé quand j'ai eu genre vingt ans, parce que je voulais continuer ma carrière. Et de mémoire, ils avaient commencé à entendre des rumeurs apparemment... Je pince les lèvres, le regard ailleurs en me rappelant de tout ceci. Je crois qu'ils auraient préférés que je leur en parle directement, pas qu'ils découvrent ça au bout de deux ans d'activité déjà. Je crois que j'étais en plein dans mon service militaire en plus, tiens. Ça a été mal reçu globalement, je crois que tout le monde avait un peu peur que ça créé des rumeurs bidons sur notre famille. Comme quoi j'aurais été abusé avant ou après l'adoption et que c'était pour ça que je m'étais tourné vers l'industrie du sexe. Je hausse les épaules, l'air de dire que c'était du grand n'importe quoi. Alors que mes parents ont toujours été formidables. Bref, j'ai fini par leur dire de but en blanc quand ça a commencé à prendre trop d'ampleur. J'imagine que je n'avais pas forcément envie de leur annoncer directement à l'époque, par peur qu'ils veulent m'en dissuader alors que, bon sang, je prenais tellement mon pied ! Je rigole de bon coeur face à cela, t'ébouriffant les cheveux, avant d'aller attraper une serviette pour te la tendre, histoire que tu te mouches dedans.

Après, c'est mon histoire à moi. Peut-être que tu as besoin d'en savoir plus sur toi-même avant d'en parler avec ton père, en effet. Mais peut-être aussi que ça te soulagerais de pouvoir en parler avec lui, savoir que tout ira bien quoi qu'il puisse en être. Je vais éviter de parler de mon propre demi coming-out, j'ai mis tellement d'années avant de leur dire la vérité. Présenter River a été une des plus grandes frayeurs de ma vie dans le fond, bien plus que le porno. Parce que depuis le temps que j'avais pas parlé d'un mec, ils devaient sans doute se dire que ça n'avait été qu'une passade de ma vie, vu qu'il y avait eu mon ex copine avant. Alors oui, j'ai stressé, mais ça c'est bien passé. Sans doute qu'ils avaient dans l'idée qu'il arriverait à me faire quitter le porno. Pas de bol, ce fut l'inverse. Je peux te proposer quelque chose, Timo ! Je me redresse un peu et j'attrape ton téléphone, enlève la photo d'un mouvement de pouce pour ouvrir tes contacts, histoire d'y rajouter mon numéro. On va réellement le faire, ce stage. Et pour celui-ci, il faudra sans doute l'autorisation de ton père parce qu'il y a des scènes parfois un peu coquines on va dire dans la série. Donc il faudra l'accord du parent qui a ta garde. Pendant que je parle, j'enregistre mon numéro sous le surnom de "Obi-Wan Kenobi" et enclenche de nouveau le mode photo pour en prendre une nouvelle de nous, histoire de la rajouter en photo de contact. Ouais, pas mal.

Donc, j'irais le voir, pour lui parler du cadre du stage, des tâches que je te confierais et pour quelques détails autres. Il y a des rumeurs en ce moment qui traînent, sur mon personnage, qui pourrait se révéler homo. Alors, je pourrais lui en parler et voir ce qu'il en pense. Je te laisse de nouveau ton téléphone, non sans avoir envoyé un sms au dernier contact à qui tu as pu parler qui est bizarrement le bonhomme sadique. "Tu as quel âge au fait ?", te faisant un grand sourire quand tu constateras le message. Ainsi, je tâte le terrain sans avoir besoin de t'évoquer en parlant uniquement de ses convictions à lui. Et ça t'offrira déjà un premier terrain sur lequel t'aventurer plus tard avec lui, tu pourras lui parler du stage et de mon personnage et si tu veux, tu pourras dire qu'il va réellement être homo parce que moi-même j'en sais rien encore. Mais ça, on s'en fiche. Je fais un signe de la main, pour te dire que ce n'est pas important. Bref, ça vous offrira des discussions neutres et tu pourras voir si ça te rassure et pourra t'aider à en parler avec lui. Sourire face à ce plan tout à fait ficelé. Je suis rapide pour trouver des idées qui tiennent la route rapidement, certains disent que c'est de l'intelligence redoutable, moi je me surnomme juste comme "le serpent", hé hé. Ça te dit trésor ?

Je te regarde la bouche un peu ouverte. Autant dire que tu ne me rassures pas du tout. J'ai aucune idée de si les gens pourraient finir par dire que je suis gay et que ça revienne aux oreilles de Anna ou Clarence à cause des autres parents. C'est terriblement possible, Nouvelle boule au ventre qui me vient, quand tu me racontes tout ça je viens te faire un câlin avant de sourire doucement. « Heureusement, vous avez continué. Sinon je serais resté seul ici aujourd'hui. Merci. » Mon regard qui se fige dans le tien quand tu parles de mon père. « Disons qu'on a quelques problèmes de communication dernièrement. Je suis grincheux et il est... maladroit. » Très maladroit, il fait de son mieux pour m'aider et me comprendre au fond. L'adolescence n'aide pas pour que je m'ouvre un peu plus, mais je sais qu'il essaie juste de me faire communiquer, je pense quand même qu'un coup de pied au cul m'aurait fait moins mal. Tu te redresses et me vole mon téléphone je sursaute un peu, réflexe de vouloir le récupérer, parce que j'en cache des choses là dedans, faut bien l'avouer et j'espère que jamais personne ne tombera dessus. J'aurais peut-être dû les supprimer. Je te laisse faire les mains tendues pour le récupérer rapidement quand tu auras fini. J'ai un grand sourire sur le visage.  « C'est trop cool ! En plus vous êtes trop cool ! » ça fera un peu plus de travail, mais je m'y ferais. Faudra juste que je m'organise le mieux possible. Je te regarde dans les yeux en riant doucement. Tu veux vraiment m'aider, alors que tu ne me connais pas. J'ai rencontré le type le plus cool et le plus sympa du monde. Avec Camille et Papa. « Je veux une imitation de sa tête quand vous allez lui dire pour les scènes ! Je vous laisserais faire. » J'ai un grand sourire encore plus quand mon précieux rejoint mes mains toujours tendu vers toi. Je viens te faire un gros câlin avant de poser mes yeux sur mes messages. « Hey ! Vous ne voulez pas lui poser d'autres questions non plus ? » Léger rire, merci de m'avoir rendu le sourire.

Je garde le sourire en attendant la réponse de Camille sagement, même s'il est clairement encore trop tôt pour une réponse. Pitié, dis moi que tu n'as pas quarante ans. Même trente je crois que je tuerais mon père définitivement. « ça me dit ! L'idée est géniale ! En plus un stage dans une série télé... Je pourrais tout voir avant tout le monde... Je vais apprendre tellement de trucs avec vous ! Et je pourrais poster une photo instagram de mon stage. Je sais que je ne dois rien montrer. Alors je prendrais une photo avec vous dès le matin ? » Je suis déjà beaucoup trop motivé. C'est peut-être de famille d'être un gros bosseur. J'en sais rien, je n'ai aucune idée de ce que papa faisait à mon âge. J'ai pas vraiment envie d'y réfléchir non plus. J'envoie un nouveau sms à Camille pour lui dire la nouvelle, j'ai trouvé un stage trop cool. « Merci beaucoup monsieur Silver. »

Face à tes propos, j'étale donc mon plan telle la confiture sur la tartine de pain. Aucun accroc, tout semble parfait sur le papier et le sera. Je suis un bon acteur, qu'on se le dise, trop habitué à jongler avec les facettes depuis des années. Je sais être subtil quand il le faut et ainsi ça passera tout seul. Puis j'avoue que ça m'enthousiasme assez, comme un renouveau dont j'aurais trop besoin, entre tes histoires de coeur qui sont plus palpitantes que celles que je pouvais avoir au même âge et la possibilité de te voir évoluer dans le même temps. C'est très intéressant je trouve, à vivre et assister. Et le tout se confirme quand tu sembles tout aussi enthousiaste que moi à toute cette idée-là. Je souffle un rire heureux face à ta réaction, attrape mon propre téléphone pour envoyer un sms à River en t'écoutant. "J'ai un nouveau poulain. B)" et j'attends sa réponse tout en t'écoutant, tournant la tête vers toi dans le même temps. Avec grand plaisir, je pourrais même tenter de filmer discrètement, avec les supers gadgets qu'ils font là désormais. Sourire amusé, à moitié sérieux tout en l'étant pas. J'ai le droit à un câlin, mes aïeux ! Pas trop jaloux, papa de Timo ? Et je te laisse découvrir le message envoyé à Camille donc, éclatant d'un rire bref mais spontané. Oh si, j'adorerais !

Je me marre encore un peu, t'écoutant pour la suite de l'histoire qui, semble-t-il, vient d'avoir en plein dans la face mon pied dedans. Je mets les pieds où je veux, Little John... Mes références mentales me font pouffer encore un peu tout seul et je reprends le fil de la conversation. Bien entendu, tu n'auras rien le droit de dire. Mais booon, un enfant enthousiaste qui raconte son stage à son père et parle du personnage de l'acteur qu'il suit et ses évolutions, factices ou non, ça ne surprendra pas ! Surtout si tu lui dis après coup de pas répéter, l'air d'avoir fait une bourde un peu. Clin d'oeil. Si tu veux, on fera des photos tous les jours où on se verra, ça me va bien. Je pourrais même t'afficher sur mon Instagram, entre deux photos de mon Mango chéri. Que tu vas rencontrer, d'ailleurs. C'était pour lui, tous les "oui" à mes questions. L'homme de ma vie, hihi. Je déconne même pas, j'aime tellement mon perroquet, il est génial, tu vas l'adorer c'est sûr ! Pas le choix façon, il est trop génial pour pas être aimé.

Par contre, le "monsieur" là, il me fait l'effet d'une petite claque derrière la tête. Oh mon dieu, pas de "monsieur" s'il te plaît sinon j'annule tout ! Je rigole de bon coeur, me passe une main dans les cheveux et t'avise. Appelle moi... Plissement de yeux, je regarde autour avant de me pencher un peu plus vers toi. Maître Kenobi. Grand sourire taquin. Maître suffira, si jamais c'est trop long pour toi. Et je me fais rire de nouveau tout seul en me redressant, attirant l'attention de quelques personnes autour. Oups. Façon, j'ai commencé à remarquer que certains regards se font assister. Je sens que je vais bientôt devoir quitter les lieux pour ma part, mon manque de discrétion commence à se jouer de moi. Je te désigne du menton les gens qui se pensent discrets et qui se détourne immédiatement de nous dès qu'ils voient que, ben, je les vois aussi, miracle ! Tu me suis pour continuer la discussion ou tu préfères rester ici ? Bon au pire, moi ça me dérange pas de tout organiser par sms hein. Mais j'ai pas très très envie de me retrouver à devoir prendre des photos avec l'étage entier parce que même si la moitié me remet pas, ils viendront quand même juste parce que d'autres font des photos. "Dans le doute", comme dirait Michel. Qui est Michel ? Aucune foutue idée.

Toujours autant d'admiration et de joie dans mon regard. C'est fou comme j'adore discuter avec les gens plus vieux que moi encore plus quand j'apprends des choses sans me sentir idiot. Bien que j'avoue que c'est quand même arrivé là, mais tu sais donner le sourire, alors on oublie facilement nos peines. Je prends confiance, un peu, face à ce que je pourrais avoir à dire à mon père, moins de confiance face à ce que je vais dire à Camille. Je n'ai jamais fait ça, ça va être terriblement compliqué. Est-ce que je dois attendre ? Le dire en sms ? En parler en face à face ? Ou peut-être que je peux prévoir un truc pour rendre ça unique ? C'est peut-être idiot d'en faire trop j'ai aucune idée. Je repose mon regard sur toi t'offrant mon téléphone pour te laisser lui poser toutes les questions que tu veux. « Du moment que vous lui dites pas je t'aime. Posez ce que vous voulez ! Faudra juste mettre le smiley là. » Je pointe un smiley avant de sourire. « C'est un peu la gueule qu'il fait quand il essaie de me piéger. Avec son air taquin. » Je ris doucement avant d'écouter ton monologue en hochant la tête pour montrer que je suis attentif. Ne rien pouvoir dire, ni montrer, je devrais pouvoir le faire, surtout que je ne voudrais pas spoiler les gens qui adorent votre série. Oui, la votre, parce qu'il doit forcement y avoir que vous pour attirer l'attention avec autant de classe. Même mentalement je sais que j'en fais trop. « Si vous faites ça je vais avoir plein de followers ! Qui voudront juste vous approcher et ils vont me spammer de messages... » Sûrement beaucoup d'être eux seront méchants, mais ça ne m'attendra pas, parce que je sais qu'ils ne savent pas qui je suis.

« Vous vous rendez compte que... maître ça fait un peu soumission ? Je dis ça comme ça, mais faudra assumer. Maître. » Je prends un sourire fier de moi, parce que pour le coup, même si les gens ne trouvaient pas forcement ça étrange avant, maintenant ça l'est. Je tourne la tête pour voir les gens et en effet, ça ne va bientôt plus être calme pour toi. Alors je me lève, venant jeter les gobelets dans la poubelle un peu plus loin avant de revenir vers toi en mettant mon sac sur mon dos. « Il se fait tard, je vais rentrer et appeler Camille bientôt je pense, enfin, je le laisse m'appeler pour ne pas le réveiller. Ou ça sera peut-être juste des messages. Dans tous les cas, je vous raconte ce qui est intéressant par message, sauf si c'est trop intimes. » Parce que j'ai quand même mes limites, il y a des choses que je ne peux pas raconter. Alors je viens vous faire un bisou sur la joue avant d'aller vers la sortie. « Bonne soirée maître. » Je tire la langue avant de fuir, je crois qu'aujourd'hui, c'est l'un des meilleurs jours que j'ai pu passer. Le nez qui ne quittera pas mon téléphone quand enfin, Camille me répond et que mon cœur ne peut plus s'arrêter de battre. Les papillons qui sont bien trop présents. Alors je t'envoie une photo quand même avec un grand sourire, même si on voit que j'ai un peu pleuré, mon sourire est trop sincère pour que tu en doutes. Je suis heureux que tu n'ai que vingt-deux ans. J'avais vraiment peur du nombre d'année d'écart, mais c'est peut-être pour ça que tu me rejetteras, car je suis surement trop jeune. Puis j'envoie la réponse à mon Maître. '' Vous voyez ! Il a votre âge !'' J'attends un petit moment avant d'envoyer la suite. "22 ans''