Petit renard s'est cru loup, petit renard s'est pris la patte dans le piège sans se débattre, sans le fuir. Jeu plaisant, mais dangereux. Le frisson de l'interdit, l'excitation de l'inconnu, la mort qui salue brièvement dans les ombres. Petit renard a cru qu'il irait pour s'en sortir, qu'il était le seul avec un serpent dans sa botte. Mais n'est pas Woody qui le veut et ainsi le danger n'avait pas d'allure particulière, il a fendu l'air et la peau sans avoir besoin de prévenir. Alejandro, quelle partie... Et petit renard en sourit encore, alors qu'il semble à l'agonie, qu'il a pris trop au léger la blessure qui lui cisaille le flanc. Quatre entailles qui semblent avoir été creusées avec les doigts. Assez profondes pour le mettre à l'agonie sur l'autre côté de sa personne, pas assez pour le tuer ce soir-là. Vilain petit renard. J'oublie parfois que je ne suis qu'un homme parmi les autres, qu'être tatoué ne fait pas de moi un dur, que la peau n'est pas faite de cuir si facilement. La fourrure est facile à outrepasser parfois, surtout avec une ceinture autour de la gorge. Alejandro, combien de temps avant qu'on ne se retrouve ? Petit renard qui s'amuse, la patte encore coincée, la partie en passe de se terminer sans doute s'il ne fait rien. Les vertiges sont nombreux, la peau me brûle, le front est tout aussi bouillant. Vision trouble, du mal à bouger. En fait, je ne quitte plus mon matelas, Javier va encore croire que je le fuis alors qu'il n'en est rien. Plus maintenant, promis. La pensée pour lui qui me fait lever la main, pour tâtonner, trouver mon téléphone. Dernière conversation choisie sans m'attarder sur le nom, persuadé que je suis qu'il s'agit de lui. Des mots, succincts, j'essaye de faire de mon mieux pour lui faire comprendre que son protégé n'avait pas la capote au bon endroit. Souffle de rire, douloureux.


Je ferme les yeux, en attente de la réponse, à me dire qu'il fait peut-être trop jour pour qu'il soit réveillé. Mais le téléphone sonne rapidement et l'échange est rapide, parce que je ne suis pas capable de tenir plus en amont. Ce n'est rien de grave, dans le fond. Il aurait juste fallu le soigner directement, au lieu de laisser traîner ainsi. Peut-être que je voulais en garder une marque, de cette rencontre. Téléphone qui retrouve le sol, regard qui se pose sur le poignet tatoué. La main qui se tourne, pour laisser voir les doigts tout aussi marqués d'encre. Et puis je ferme les yeux, incapable de tenir ce que j'ai pu dire, incapable d'envoyer des sms régulièrement. Parfois je m'éveille quand j'entends le tintement de la sonnerie, avant de me rendormir dans cette piaule qui est la mienne. Complexe immobilier abandonné au milieu de quartier à qui on avait voulu redonner un essor à une époque. Construction presque terminée, mais qui ne le sera jamais. Du domaine du privé, investisseurs qui ont fait faillite et dont personne ne veut racheter le terrain encore, parce qu'il faudrait payer les chantiers de l'époque, alors qu'ils ne sont pas terminés. Appartement aménagé tout de même, quelques affaires, rien de valeur vraiment pour éviter d'attirer les voleurs. Un matelas une place, un fauteuil monté en partie par l'escalier, puis avec les moyens que l’ingéniosité offre quand ceux-ci n'ont pas été terminés. Vaut-il mieux être souple pour réussir à atteindre mon domaine. Mais je sais que Javier peut le faire, il connaît déjà.

Quand les bruits de pas se font entendre dans le couloir, que ça résonne jusque dans mon crâne, je m'éveille. Javier... Que ma voix appelle sans force, sachant pertinemment qu'il ne pouvait pas m'entendre encore. Mais ce n'est pas Javier qui apparaît finalement. Je suis comme paralysé au départ, en voyant ses jambes qui ne sont pas les siennes. Je reconnaîtrais son allure entre mille et il ne s'agit pas de lui, clairement. Merde, merde... ! Mes yeux qui remontent alors que le corps s'approche, jusqu'à tomber sur ton visage. La surprise qui me prend encore. Petit prince... ? Que fait-il là ? Je ne suis pas dans mes meilleurs atours, le t-shirt collé à la peau par la sueur, le sang séché ou non. J'aurais préféré que tu ne me vois jamais ainsi, en toute franchise. Non pas que je tente de garder une quelconque dignité. Mais tu n'as pas à voir ça. Une inspiration, alors que je tente de reprendre mes esprits, de sortir des brumes. Tu... Regard sur ce que tu transportes. Regard vers mon téléphone. Abruti de renard. Nouvelle inspiration, avant d'offrir un maigre sourire à ton encontre. J'ai oublié de me faire beau, pardon... Tout va bien, ne t'en fais pas. La honte, soudaine, qui m'étreint. Face à ce corps qui va devoir se dévoiler en partie. Les traces des morsures comme un aveu trop parlant, quand on sait. Ne me regarde pas...

Camille, qu'est-ce que tu as fait. Comment on en est arrivé là ? J'étais tranquillement sur mon téléphone à fouiner sur le net, pour ignorer la merde que ça peut-être à la maison. J'ai tellement envie de sortir, d'être seul un instant, juste pour me poser, pour essayer de ne plus penser. Musique à fond dans les oreilles, je ne prends pas le temps de faire attention à ce qu'il peut bien se passer autour de moi. Désolé papa, désolé Anna, ce n'est pas comme si c'était choquant, mais je ne ferais pas d'effort aujourd'hui, trop occupé à penser. Le téléphone qui vibre dans mes mains, d'abord un sourire quand ton nom s'affiche, puis la panique qui monte. Camille va mal, Camille est blessé. Je n'ai aucune idée de pourquoi tu m'écris à moi, pensant naïvement que c'est parce que tu as vraiment confiance en moi, jamais je ne pourrais me dire que c'est parce que tu t'es trompé. Alors je te réponds le plus rapidement possible, te demandant de m'écrire, que tu m'envoies des signes que ça va. Je préviens que je sors, j'embarque mon sac et je dis que je vais passer à l'appartement rapidement pour récupérer quelques affaires. Pas des affaires pour moi bien entendu, alors je prends du temps, je m'excuserais mille fois, mais je cours partout essayant de récupérer le plus de choses qui pourraient servir. Je prends une bouteille d'eau quand même et des serviettes, parce que je ne sais pas du tout quoi prendre. Si je me fais arrêter on va se demander ce que je fais avec tout un kit médical dans mon sac, alors je fais attention, je reprends chaque photo que tu m'as envoyée pour me guider quand je serais devant les bâtiments. En attendant, je cours dans la ville, inquiet et très pressé.

Parcourt du combattant pour arriver jusqu'au bon endroit, je me souviens à peine de quand je suis passé pour récupérer mon pantalon et te déposer un plaid tout doux que j'avais acheté juste pour toi. Peur que tu attrapes froid dans ton immeuble inhabité. Je cours dans les couloirs avant de finalement arriver devant toi. Je tombe a genoux devant toi à côté de ton ridicule matelas qui te sert de lit. Mes yeux qui descendent sur ton t'shirt et clairement je panique encore plus, parce que je ne sais pas quoi faire. Tu n'aurais pas juste pu te casser le nez, là j'aurais su réagir, mais que faire face à tout ce sang. « Mais qu'est ce qui s'est passé... ? » J'ouvre mon sac pour sortir tout ce que j'ai pu ramener, autant dire que le sac est super lourd et que la moitié des trucs vont nous servir à rien, mais il fallait faire vite, alors j'ai juste tout vidé dans le sac sans réfléchir. Je ris un peu avant de passer ma main sur ta joue. « T'es très bien, je vais faire de mon mieux. » Je retire ma veste pour la balancer un peu plus loin et je dégage aussi mon pull, juste histoire que si je tache quelques choses, j'ai juste à le jeter. Je viens regarder ton t'shirt, tirant légèrement dessus pour voir ce qui est collé à la peau ou non. Je sors la bouteille d'eau juste histoire de mouiller le tissu pour le décoller de la plaie sans te faire de mal. Je sais que l'eau doit être particulièrement froide, mais je n'ai pas pris le temps de la faire bouillir et d'arriver avec mon thermos. « Tu... tu restes avec moi hein ? » Petite voix, brisé un peu, se retenir de paniquer jusqu'à en pleurer. Jouer le petit bonhomme fort quand notre corps entier est en panique, que chaque mouvement nous demande une force immense. Je ne veux pas te faire plus de mal, mais je suis bien obligé de te dégager ton haut. Alors je viens t'aider à te redresser doucement. Je te fais venir contre moi pour glisser mes mains doucement sur ton t'shirt, ainsi le relever lentement, mouillant de temps en temps pour ne pas te tirer sur la peau ou la plaie. Ma main qui se pose dans ton dos, histoire de te maintenir droit et je te retire ton haut comme je peux, en évitant de te faire trop bouger. « Je sais pas ce que tu as fait... mais t'es un abruti. » larme aux yeux que je ne laisserais pas couler sur mes joues. Je suis très inquiet et je crois que je peux comprendre pourquoi on engueule un enfant quand on s'inquiète pour lui. Parce que j'ai sincèrement envie de t'engueuler là.

Petit Prince trouve Renard blessé dans le blé, empoigne le poil pour tenter de remettre le sang d'où il se trouve. Petit Prince comprend la valeur de la vie, comprend comme la douleur est une épée qui crève le coeur, pourfend en deux pour que seules les inquiétudes restent. Renard s'esclafferait bien, voudrait se fendre en des rimes qui pourraient rassurer le petit homme. Mais Renard est fatigué, usé de ce que le petit Prince ne peut deviner encore. Vérité amer et vermeille qui s'étend sur ses mains, le souffle agité, il semble sur le point de fendre en larmes. Et les pattes ne sont pas des mains, les pattes ne peuvent recueillir le breuvage de vie, ne peuvent se faire réconfortantes. Renard se meurt doucement et petit prince s'y refuse. Alors Renard se relèvera, pour ce Prince qui a des allures de Roi, quand le règne est trop froid. Je reste avec toi... Murmure alors que la peau se retrouve parcourue de mille frissons sans doute, parce que c'est froid, que ça exacerbe la fièvre, que le désespoir semble prendre des allures inattendues. C'est dommage, petit prince, que tu ne puisses soigner les plaies d'un claquement de doigt. Seule la vérité se fait arracher de tes airs de rien, de tes traits inquiets. Ta parole est d'or et tu la distilles sur n'importe qui, payant le prix fort ensuite, tel un Midas qui ne peut plus rien toucher.

Redressé pour l'occasion et je souffle un rire en t'écoutant, déposant un baiser sur ta joue l'air de te dire que ce n'est rien, avant de retrouver la surface molle. Tu sens bon... Sourire qui tente de survivre, attitude qui ne veut pas se voir flanchante. Renard prouve qu'il est en vie, retrouve un bout de lui dans le par-terre éclaté. C'était... C'était quoi, que tu m'avais dit... Les yeux qui se ferment, pour ne pas revoir les dégâts, les quatre griffures spécifiques. Force est de raison que de comprendre qu'il n'avait sans doute pas de lames cachées, le fichu mafieux. Force est de reconnaître qu'il en était sans doute une à lui tout seul. Chaos, Renard vous rapporte une nouvelle ! Et Chaos savait déjà, dans le fond. Gémissement de douleur que je retiens qu'à moitié, une pogne qui s'élève pour que je puisse en mordre la chair. Et les paupières se revoir les prunelles, posées sur toi. Dents qui chassent directement dans la chair un semblant de raison. Chasse, Renard, comme tu pourrais courir après les poules ! Fais le Coq ! La tête qui tourne, mais il fera avec, ton fier Renard. Suis tombé juste... Juste sur un mauvais gars... J'aurais bien soufflé un rire, mais ça n'a rien de drôle je crois bien. Je pourrais recommencer, accoutumance au danger, bête que je suis.

Renard recherche un quelque chose ostentatoire qu'il ne pourra jamais retrouver. Une attention qu'on lui a repris à jamais, une attention qu'il ne pourra jamais revoir. Des yeux qui ne se poseront plus sur lui dans l'espoir d'un avenir bien fait. Parasites ont tiré une flèche en plein dans l'animal, ont voulu l'abattre mais n'ont pas su trouver dans son sang le remède à leur maux. Alors Renard a fuit, Renard s'est cassé la patte, aurait dû la rogner plutôt que de la laisser dans le piège. Merci... Merci d'être venu... Pourquoi toi, petit prince ? La question m'effleure mais restera à jamais dans un creux que personne ne pourra explorer. Il faut... Il faut désinfecter les plaies... Et puis... Puis mettre une compresse... Et bander... Ça fera l'affaire... Il a pas... Il a pas eu le temps d'enfoncer ses doigts... Ceinture à terre, Renard qui s'en va au courant, qui traverse le champ de blé, court jusqu'à ce que le souffle lui manque. Et s'écroule, l'envie de tout arrêter là qui le frôle quelques secondes. Mais Renard ne peut pas arrêter si vite, si tôt. Renard a trop dans le coeur pour offrir ce plaisir à autrui. J'ai beaucoup pensé à toi... Pour de vrai, même. Je t'aime bien, petit prince. Promis, Javier ne te fera aucun mal. Clouons tes lèvres à jamais, évitons de devoir remuer ciel et terre pour te cacher de lui. Laissons les doutes loin la Mort, d'accord ? Le plaid... Il est tout doux...

Je dépose un léger baiser contre ton cou pendant que tu es contre moi. Je fais vraiment de mon mieux pour que ça aille, pour faire rapidement, je n'ai jamais fait ça, jamais vu autant de sang, je me sens impuissant. Je sais que tu ne vas pas me quitter, mais j'aimerais que tu retrouves ta gaîté. Que le petit Renard ne soit plus blessé, qu'il soit heureux et apaisé. J'ai le rouge aux joues quand tu me dis que je sens bon. Je tourne la tête pour venir me renifler moi-même. Je ne comprends pas trop ce qui peut te plaire, mais ça me fait plaisir. « J'ai dit beaucoup de trucs... alors je ne sais pas. » Je finis par venir attraper de quoi désinfecter les plaies, légère grimace à la vue des coupures. Une main qui vient doucement caresser ta joue pour essayer de te calmer. Je finis par prendre une compresse pour désinfecté les blessures en étant le plus doux possible. Je m'applique comme je peux pour ne pas te faire souffrir, pour que ton corps ne te laisse pas. « On est proches... alors je serais toujours là. » Je souris tendrement en continuant de désinfecter. « Mord moi, te fais pas plus de mal. » Je tapote doucement mon épaule pour faire attention. J'ai du sang plein les mains, j'avoue que ça commence à me donner envie de vomir. L'odeur n'est pas agréable et la vue encore moins. Pourtant je fais comme tu me dis, mais ce n'est pas facile.

Je te regarde dans les yeux un instant avant de simplement hocher la tête et de murmurer un peu timidement . « Moi aussi. » J'ai peut-être un peu trop pensé à toi. Cette soirée qui était spéciale, qui m'a chamboulé un niveau que jamais j'aurais pu imaginer. Tu as créé des choses, comme j'avais pu le dire. J'ai des images en tête que je ne peux plus retirer et qui viennent me torturer jusque dans mes moments les plus intimes. Tu n'as pas aidé avec tes gestes, encore moins avec tes questions. Après je me dis aussi que c'est peut-être juste toi, que tu es l'unique homme qui pourrait me plaire. Pourquoi tu ne fais pas plus attention à toi ? Pourquoi tu ne prends pas plus soin de toi ? Je viens nettoyer le sang rapidement pour que tu sois tout propre. Je relève le nez pour regarder le plaid, j'attrape des bandages pour m'occuper de bander tes plaies. Alors je te relève pour faire le tour de toi avec le bandage. Je suis collé contre toi un instant, j'en profite pour déposer de petits bisous sur ton visage, juste histoire de t'occuper l'esprit. Je te laisse retomber doucement sur ton lit avant de rapidement me laver les mains. Ma main vient attraper le plaid pour venir me glisser dessous avec toi. Je dépose mon front contre ton épaule, main qui vient chercher la tienne et je pleurniche un peu contre toi. « T'es qu'un abruti Camille. »

L'un contre l'autre je viens te couvrir du mieux que je peux avec mon stupide cadeau. Je te réchauffe avec mes bras en gardant un tissu humide pour s'essuyer le front de temps en temps. « Camille... » Je relève le nez pour venir coller mon front contre ta tête. « Repose toi... et si tu as besoin de n'importe quoi tu me dis. »

Petit Prince redonne au pelage des allures de campagne, celle où la guerre ne semble jamais s'être amenée. Herbe cotonneuse, présence rassurante, voix qui renvoie les mots qui font rougir les peaux parfois. La gueule de l'animal semble s'animer d'un sourire, alors qu'il semble prêt à bondir sur toutes ses pattes, à repartir en courant dans les plaines, à se faufiler encore dans les champs de blé et s'y confondre avec la force de l'habitude. Le blé, parce que ça lui fait penser au Petit Prince. Tant qu'il est là, ils ne lui donnent pas envie de pleurer, ne le rendent pas triste. Bête apprivoisée qui reste près du Petit Prince, parce qu'elle se sent bien aussi, quand il est là. Je sais... Il y a toi contre moi, une chaleur certaine qui s'échappe de toi alors qu'il fait bon vivre sous ce plaid à cet instant. Ma main libre qui remonte, qui te caresse des bouts de mèches de cheveux, comme pour tenter de te rassurer, de te dire que je suis resté avec toi pour de vrai. Regarde, je n'ai pas bougé ! Je suis doué à un, deux, trois, Soleil ! Les yeux fermés, à simplement profiter de ta présence, l'air que j'aspire plus fortement depuis quelques inspirations. Ne pleure plus, petit prince... On a jamais assez d'une vie... Pour rire... Alors hausse haut les babines ! Des tracés encore, sur ta nuque, avant que la tempête ne semble passer. Danse et ris, tel un bohème pas dans son siècle. Parce que tu es toujours beau, ainsi.

Le pouls apaisé, la chaleur qui grappille les forces avec délectation, qui semble tout faire revivre avec simplicité. Ton souffle qui se perd contre ma peau quand tu relèves la tête, que tu te cales par là-haut. Alors ma main se perd contre ton torse, se pose juste-là. Ce prénom d'emprunt encore, qui résonne. Peut-être mal, peut-être bien. Un silence, juste un souffle comme pour te dire que j'ai entendu. Reste... Juste un peu. Rien qu'une minute encore et puis vogue si tu le souhaites. Des inspirations marquées, je somnole légèrement, avant de me réveiller dans un petit frisson. Et je rouvre les yeux, en tournant la tête vers la tienne, le front qui vient contre le tien. Et dans un murmure, je me confesse. Je m'appelle pas vraiment Camille... Pas vraiment, mais c'est tout comme désormais. J'ai toujours bien aimé ce prénom. Je l'ai pris lors... Lors de ma seconde naissance... Celle loin des parents, lors de l'envol à tire d'aile, à moitié faites. Kamui... C'est ainsi que... Que m'avait nommé mes parents... C'est affreux. Un sourire qui marque les lèvres. Ça a deux significations... Mesure bientôt l'ironie... La première... Qu'ils ont choisis dans les kanjis... "Celui qui représente l'autorité de Dieu"... Petite grimace face à celle-ci. La seconde, que j'ai choisi d'écrire quand... Il faut signer, parfois... "Celui qui rejette l'autorité divine"... Souffle de rire, face à ce double-sens, face aux projets qu'ils avaient, face à ceux que j'ai choisi. Mais... Mais maintenant... C'est Camille... C'est joli, tu ne trouves pas, petit prince ?

Les bisous magiques ça répare toujours tout pas vrai ? J'ai le nez contre toi, j'apprécie tes papouilles qui servent surement à me rassurer. Je sais bien que tu ne veux pas que je pleure, mais j'en ai besoin, un peu. Juste de quoi relâcher la pression. Je t'ai retrouvé couvert de sang et tu me demandes de sourire, pendant que toi tu souffres. Tu es un abruti. Je ne pourrais jamais le dire assez. Alors je ris doucement en fermant les yeux. Mon souffle qui s'écrase contre ton visage. Tu es un sale petit bonhomme qui ne te rend pas compte de la panique qu'il y a à l'intérieur de moi. C'est une tempête dans mon cœur, mais avec toi, c'est comme si le vent se calmait toujours. Rien n'a d'importance, du moment qu'on est ensemble, pas vrai ? Je ramène ma main libre pour venir grattouiller un peu ta tête. Est-ce que tu le mérites vraiment ? J'en doute, mais tu mérites d'oublier que tu souffres. J'ouvre doucement les yeux pour venir chercher les tiens avec un air un peu perdu. « Je n'ai pas dit que j'allais partir. J'ai dit que je ferais ce que tu veux. » Le cœur qui manque un battement quand ton front se colle contre le mien, quand nos souffles se mêlent l'un à l'autre et que je ne peux pas m'empêcher de te regarder dans les yeux. Je t'écoute sagement avant de hocher la tête un petit sourire sur les lèvres. « C'est très joli Camille, pour ça que ça te va bien. Tu sais... Du moment que ça te rend heureux. Je t'appelle comme tu veux. » Je remonte mon t'shirt pour embrasser tes lèvres avec le tissu pour nous séparer et je ris doucement. La seule chose que je veux, c'est que tu te sentes à l'aise avec moi. Parce qu'on est très proche l'un de l'autre. Que tu as cette faculté de rendre tout plus léger, plus amusant.

Tu as aussi une facilité pour me faire me sentir bien ou pour faire réagir mon corps, mais faut bien l'avouer, il réagit pour pas grand-chose. Rien que ta main sur mon torse a pu créer des réactions qui m'exaspèrent moi-même. Je me sens si nul face à toi. Je ne connais rien de ce que tu as pu vivre. Je sais que j'ai beaucoup de privilège, papa fait toujours de son mieux pour nous rendre heureux, pour qu'on manque de rien. Toi tu vis dans un immeuble qu'on pourrait détruire du jour au lendemain, sans sécurité nul-part. Je t'admire d'être aussi fort, même si je t'en veux de ne pas faire assez attention à toi. Je viens glisser ma main contre ton torse, évitant la partie bander, histoire de ne pas te faire de mal. Je ne touche qu'à ton cœur, j'essaie de lui donner un peu d'attention, parce que j'ai peur pour toi. « Je souffre Athazagoraphobie . C'est la peur d'oublier, ou d'être oublié. Ce qui te donne une idée de pourquoi, j'ai peur de beaucoup de choses vis-à-vis des gens autour de moi. » Je me mets à rire doucement. « J'ai cru avoir une petite amie un jour ! » Je tourne la tête pour regarder le plafond en continuant de rire un peu, même si dans mes yeux il y a beaucoup de peine. « Mais on c'était juste mal compris. » Je repose mon regard sur toi et frotte le bout de mon nez au tien. « Je peux rester dormir là ? »  

Sourire qui étincelle, face à ton rire. Il me berce, me rend plus tranquille. Alors, s'il faut encore des baisers qui n'en sont pas pour l'entendre, je te laisserais faire mille fois encore. Juste pour que tu continue de sembler heureux comme à cet instant, pour te regarder t'agiter dans un doux rire. Et puis il est à ton tour de te confier, sans parasite pour t'y forcer cette fois. Et j'apprécie bien plus les confidences, t'observes me dire cela, regarde ta tête partir vers le plafond que la luminosité dehors semble de moins en moins apte à éclairer. Elle s'en mordrait les doigts, si elle savait ce qu'elle peut bien rater. Simple réflexion face à cet élan qui te peine quelque peu. Sûr qu'elle regretterait, si elle te voyait comme je te vois. Avec ces rires-là, ces élans de coeur généreux. Tu peux, si tu veux... Mais préviens ton père, qu'il ne s'en fasse pas. Je n'aimerais pas qu'il te prive de sortie ou quoi. Ou qu'il s'inquiète simplement alors que t'es en sécurité ici. Même si ça a l'air de rien, mon petit chez-moi. Même s'il faut lutter pour y parvenir, que ça a été compliqué mais pas impossible. Il est bien, ce nid, plein des plumes que le Renard avait ramené avec satisfaction. Une expiration plus appuyé, après une inspiration du même acabit. La couette est dans la malle. Je range toujours tout, au cas où. Un bout de sourire encore. Mais j'ai rien à manger ici, si ce n'est des gâteaux dans mon sac... Alors il faudra se contenter de ça, si jamais. Je bouge légèrement, sans trop en faire, juste pour mieux me placer. Mes doigts qui caresse toujours par-dessus le t-shirt, parce que je me dis que tant que je le fais, tu te diras que ça va, que je suis bel et bien là, assez en forme pour te grattouiller. Je crois pas avoir de phobie... Je réfléchis, mais à part ma colère contre les parasites, il n'y a rien à noter. Juste allergique aux chiens... Bout de rire qui s'offre à toi, face à cette remarque toute bête. Ça explique peut-être mon comportement de chat libre. Et... J'y réfléchis, d'un coup. Y'a des trucs que t'aimerais bien oublier... Quand même ? Juste... Juste envie, même si... Même si tu peux pas. Savoir s'il y a des souvenirs qu'il faudrait atténuer. Des choses à rendre plus douces.

Est-ce qu'elle regretterait vraiment ? Je n'ai rien d'assez fantastique pour plaire à une fille. Toujours trop dans mon coin, toujours trop perdu dans mon monde. J'attire autant qu'un Geek peut le faire. Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, mais ça me fait garder un léger sourire, espérant que c'est vrai. Qu'elle s'en mordra les doigts de s'être moqué de moi un peu. Au fond ça m'avait fait mal un peu, même si j'en ris là. C'était un espoir qu'on a ruiné d'une façon pas cool. Tu me donnes une merveilleuse idée, avant que Papa commence à appeler les gros bras chiants, faut que je le prévienne. Je n'ai pas envie qu'on vienne à me traquer partout juste pour une soirée où j'ai souhaité rester dehors. Alors je préviens que je reste dormir chez un ami ce soir, qu'il ne faut pas s'inquiéter puisque de toute façon personne ne me remarque jamais. Puis Papa sait bien que si j'étais vraiment dans la merde, c'est lui que j'appellerais en premier. Quoi que je devrais peut-être plutôt appeler Tata. Juste histoire de ne pas inquiéter Anna et Papa. Ce n'est pas bon pour les enfants, ce n'est pas que ça m'inquiète, mais je n'ai pas envie que Papa soit triste. Alors il faut faire attention à Anna, une fois m'aura suffit pour comprendre que je peux être une vraie source de tristesse ou d'inquiétude pour elle aussi. Le message est envoyé et je me lève pour aller chercher la couette que tu m'as indiqué, même si quitter les grattouilles ça me déprime un peu. « Je peux courir acheter des trucs si tu as vraiment faim. » On s'enroule dedans, pour avoir bien chaud.

Question qui me fait bloquer un peu avant de perdre mon sourire. J'attrape ta main pour la remettre contre mon torse et réclamer des grattouilles pour réparer la douleur qui revient un peu. Parce que j'ai une réponse qui me vient en tête. «  Qu'elle nous a volontairement abandonné. » Je me mords la lèvre et je finis par cacher mon nez derrière la couette. Je suis triste et plein de haine quand je dis ça. Je l'aimais temps maman, mais elle est parti. Je ferme les yeux, j'ai chaud avec ses sentiments qui se bousculent en moi. Plein de mauvais sentiments, alors je change de sujet, enfin j'essaie. «  T'as pas chaud ? Moi je meurs de chaud. » Je fini par dégager mes fringues seulement en étant cacher sous la couette, avant de me dire que toi t'es toujours en pantalon. « Tu m'excuseras, je visite. »

Parfois, je me demande ce que je ne ferais pas pour toi. Je me glisse sous la couette pour venir glisser mes mains sur tes cuisses. Je tâtonne doucement pour trouver le haut de ton pantalon. Je ne vois pas grand-chose, alors j'avance mes doigts doucement pour ne pas toucher de blessures. Je défais doucement le bouton de ton pantalon avant de venir te le retirer comme je peux. J'essaie de tirer le moins possible et de ne pas trop tripoter ta peau ou autre. Je ressors le nez en étant un peu sur toi à quatre pattes. Je te souris un peu avant de revenir à côté de toi en me laissant tomber lourdement. Je fais attention de bien rester sous la couette, parce qu'il y fait bien chaud, peut-être un peu trop d'ailleurs, mais j'ai pas honte sous la couette, en dehors, peut-être un peu plus. « Je vais venir laisser des fringues aussi pour si j'ai envie de squatter. » Surtout histoire d'avoir un bas de pyjama, surtout que ce n'est pas comme si j'avais un endroit ou me planquer si mon corps se chauffe trop. Ne pas y penser, ne rien imaginer. Pourquoi c'est si compliqué ? Pourquoi quand on se dit de ne pas penser c'est toujours le moment où on a un trop plein d'images en tête.

Non, reste... Pas besoin de nourriture, je n'ai pas faim, pas le courage d'entamer un réel repas. Ou même ce qu'il peut y avoir dans mon sac. Je veux juste que tu restes... Ne me laisse pas seul... Les yeux qui se ferment encore alors que la couette va vite nous ensevelir sous sa chaleur. La main qui se ré-installe et je continue ce que j'avais pu commencer, les doigts qui s’agitent tranquillement. Et j'attends simplement de voir si tu as quelque chose à dire. Quand la réponse tombe, je rouvre les yeux pour te regarder. Oh. J'imagine bien que tu parles de ta mère. Tu l'as déjà évoqué, parlé d'elle comme on le ferait d'un souvenir qui date. Alors, soit elle est partie, soit... Petit Prince a grandi sans Reine. Seconde pogne qui vient doucement t'effleurer les traits du visage, sans rien en dire de cette confession. Parce qu'elle n'y a rien à ajouter, dans le fond. Que c'est simplement la vie et que je ne peux pas te faire de fausse promesse pour celle-ci. Alors il faut juste accepter cette fatalité-là et faire avec. Je me tais, te laisse le temps que tu veux pour t'en remettre. Et tu bouges finalement, t'agite de telle sorte que je me demande comment tu fais pour réussir à rester sur mon matelas une place. Je souffle un rire. Visite donc...

Sourire aux lèvres, avant de rire encore. Tu me chatouilles un peu ! Je tente une autre approche, de rentre le tout moins terrible. Mais pourtant, me voici avec juste mon boxer et une bande pour vêtements. Heureusement que j'ai encore mes chaussettes, ça me donne l'impression d'être un peu plus couvert. Quoique, quand tu ressors la tête de la couette, je constate que tu as les épaules à nues. Sacrées épaules, par ailleurs. C'est à ce moment précis que j'ai quelque peu plus chaud, pour ma part. T'arrives à me faire rougir, petit prince. Et ça, c'est un grand exploit. Nos peaux côte à côte, c'est étrange, presque fascinant comme attraction. Faudrait les mettre dans la malle... Bout de voix, un peu plus réservé. Je fronce un peu le nez, à réfléchir. Tu sais qu'on va dormir collé l'un à l'autre, hein ? J'ai pas d'autres matelas surprise à proposer. Juste celui-ci. Et que je suis tactile... Sourire mutin face à cette constatation, bien loin de mes origines, de mon éducation. Affranchi en partie de celle-ci, alors que ma paume revient se poser à plat contre ton thorax, comme pour tenter de capter des battements de coeur. Et que t'as plus de t-shirt pour de pieux baisers. "Et que je suis taquin", que j'aurais dû rajouter.

Je te fixe dans les yeux, s'ils n'ont pas fui mon propre regard. Avant d'approcher sans me presser, sans trop bouger le poitrail. Pour finalement t'embrasser une épaule, avant de laisser ma tête retomber dans l'oreiller et y fermer les yeux. T'as parfois l'air d'une biche prise en plein dans les phares d'une voiture... Petit rire face à cette réflexion, alors que j'inspire plus fortement ensuite, le pouce qui caresse ta peau par-dessus le coeur. Quelques secondes, avant de rajouter : Heureusement que je ne roule pas trop vite, quand tu es là... Et c'est étrange en soi, d'ailleurs. T'es bien un des rares que je n'ai pas jeté loin. Peut-être que j'aurais dû. Parce que dans le fond, je sens que je flanche parfois, dans mes pensées pour toi. Il y a des parfois "il me manque" qui ressortent et dont je veux pas. Tout, mais pas ça, murmurait le coeur. J'ai envie que tu sois heureux, tu sais... Sincèrement, même. J'aurais aimé que tu n'es aucun parasite en toi, pour ça. Cette idée me terrasse. Je me terre un peu plus sous la couette, fait mine d'aller pour m'endormir, pour qu'aucune peine ne puisse se lire. Le monde est cruel, tu sais. Nous sommes abandonnés dès la naissance, dans le fond, entre des mains qui nous malmèneront d'une manière ou d'une autre.

Je distingue quelques couleurs sur tes joues et ça me fait sourire et te regarder avec un air tout fier, parce que cette fois c'est toi qui rougis. J'ai pas dans l'idée de te mettre dans le même état que moi la dernière fois, ça serait méchant surtout avec tes blessures, mais j'en serais satisfait un peu quand même. J'avoue qu'on est bien l'un contre l'autre. L'avantage est que tu ne sais pas ce que moi je porte encore. Tes mots qui me font rougir un peu et ta main qui affole mon cœur. Première fois qu'il sent qu'on essaie de le sentir. Normalement il n'y a que le médecin qui s'en inquiète, mais je sais bien que là, ça n'a rien de médicale. Alors oui, mon cœur s'emballe un peu sous tes doigts et je peux clairement rien y faire, simplement apprécier ton touché, ce moment peau contre peau. « C'est sûr qu'avec la couette ça ne fera pas la même chose. » Je reste très innocent, ne me disant pas que tu pourrais vouloir coller réellement tes lèvres aux miennes, surtout que personne ne l'a jamais fait. Dans ma tête c'est réservé aux mamans et leurs enfants ou aux couples. Alors aucun doute que je n'y goûterais peut-être jamais.

Je te regarde dans les yeux avant de paniquer un peu en te voyant bouger. « Hey.. reste allongé, sans trop bouger ! » Les joues qui se colorent un peu plus, mais surtout ma main qui se pose sur ta joue comme pour te dire que c'est mieux pour toi. Je rapproche un peu ma tête pour profiter moi aussi de ton oreiller, l'espace est de toute façon bien restreint, je ne suis plus à un rapprochement prêt. Je ne peux pas m'empêcher de rire quand tu me compares à une biche. « Tu comptes donc me rentrer dedans ? Je vais peut-être aller dormir dans la malle. » Je te regarde avec un petit air taquin. « Ah. Me rentrer dedans, mais en douceur. Je vois. » Je ris un peu en venant pousser doucement ta joue avec un doigt. Je ne comprends pas trop ce que tu veux me dire en disant ça, alors j'attends que tu m'expliques parce que de mon côté ça sonnait pas chaste du tout, comme tu as pu le remarquer. Bizarrement, je n'ai pas peur, parce que je sais que je peux avoir confiance en toi.

Je viens te rendre ton petit bisou sur l'épaule avant de poser ma main contre la tienne. « Je suis heureux. C'est difficile à la maison, mais avec toi tout va mieux. » Car tout est plus léger avec toi. Rien n'est catastrophique. Même quand ça fait mal, même quand on se fait mutuellement du mal, on s'en sort ensemble. « Je veux pas t'oublier toi. » J'aimerais que tu restes avec moi pour toujours, c'est peut-être trop en demander. Tu n'aimes pas une partie de ce que je suis. Comme si j'étais malade et que tu voulais tout faire pour retirer le mal qui me ronge. Je ne peux rien y faire, toi non plus, alors tu me laisseras peut-être un jour, mais ne m'oublie pas. Petit mouvement et je replis ma jambe contre l'une des tiennes, je m'installe, je fais attention de ne pas te faire de mal encore, mais on n'a pas de place, alors faut bien que je me positionne. « Tu le dis si je prends trop de place. Ou si j'écrase tes jolies petites jambes. » je t'affiche un énorme sourire taquin avant de déposer un bisou sur ta mâchoire. « Tu me dis si quelque chose ne va pas, hein ? »

Je rêve ou tu me fais des sous-entendus là... ? Je ne relève pas plus que ça, me perdant déjà dans des pensées qui n'abritent rien de bien joyeux, je le crains. Alors je trouve refuge dans cette fatigue qui me pèse toute entière quand même, dans le fond. L’inquiétude qui ressort sous forme de quelques mots, d'une confidence bête mais qui n'a pas parfois pas de prix. Et je souffle un rire fatigué, à ta réponse. Heureux tout le temps, je veux dire. Sans craindre de rentrer chez toi, ne plus te sentir à la place, ou dans la crainte que ton père ne t'aime plus pour X raison. Je crois que je suis curieux de le rencontrer, à force. Un soupir simple, alors que tu prends tes aises et que ça m'égaye d'un nouveau sourire. Attends... Question éludée, alors que je bouge légèrement pour venir passer un bras sous toi, l'autre autour. Et dans le creux de mes bras, je te recueille pour la nuit. Peut-être est-ce bête, comme réaction. Mais j'ai l'espoir qu'ainsi, tes soucis butteront sur moi et qu'ils me verront tellement tenace qu'ils feront demi-tour. Jambes entremêlées dans le même temps, tête qui se pose et la couette semble nous avoir englouti, dans que le plaid caresse nos peaux de sa douceur. Voilà... Les yeux encore fermés, comme pour ne pas voir la réalité, comme pour ne pas écouter ce qui en-dedans me hurle de cesser. Merci encore, petit prince... Voix faible alors que je me laisse emporter par les flots du repos nécessaire face à tout ce qui a été, ces derniers jours. Si proche, j'emporte dans mes songes ton odeur, pour en gommer une autre qui semblait me répéter que je sentais moi-même bon. Goodboy, lonely Alejandro. Merci... Plus qu'un souffle de l'endormi qui souhaite encore partager un instant de répit à tout ceci. Et le sommeil qui me tombe dessus telle une pierre sur mes paupières. Souffle qui se fait profond et régulier, l'animal se repose dans l'écrin le plus pur qui soit. Le bonheur tenait qu'à peu de chose finalement, pour un si petit animal.

Je te regarde dans les yeux sans pouvoir me retenir de rire. Comme si c'était mon genre de faire des avances. Je secoue la tête l'air beaucoup trop fier de moi pour cette petite blague qui marche bien. Est-ce que j'ai vraiment envie que tu me rentres dedans ? Le temps nous le dira écoute, pour le moment, juste l'insinuer me fait rire. Parce que encore et toujours, même si je finissais par découvrir que les garçons me plaisent aussi, j'avoue que je me donne encore moins de chance avec eux qu'avec les femmes. Je te laisse te positionner tranquillement, te coller un peu plus contre moi sans pour autant appuyer contre tes plaies. Je viens me nicher contre toi, je crois bien que je me sens presque en sécurité là, même si je suis clairement le plus musclé de nous deux. Alors je reste là, je papouille les parties de ton corps qui ne souffrent pas et surtout celle que je peux toucher sans trop bouger. Parce que je te regarde t'endormir petit à petit en me remerciant d'être là. Alors que je n'ai pas fait grand-chose. J'aimerais faire plus. Te soigner, mais je n'ai pas ce genre de pouvoir. « Reposes toi. » Je t'offre un bisou pour te dire bonne nuit, ça rassure les bisous avant de dormir. Personne ne doit savoir que je pense ça, l'adolescent que je suis grimace à chaque fois qu'un parent ose l'approcher, mais au fond, ça rassure.  Mon regard qui se perd sur tes traits pendant quelques minutes, peut-être une heure, je ne suis pas aussi fatigué que je le devrais, mais j'ai surtout peur de ne pas me réveiller s'il t'arrive un truc. Du bout d'un doigt je grattouille doucement les quelques poils que tu as sur le menton, j'en serais presque jaloux, mais ils sont mignons sur toi. J'aimerais te dire que ça va être compliqué d'être heureux tout le temps. Papa et Anna font de leur mieux pour que ça s'améliore, mais rien ne sera plus jamais pareil, encore moins quand Anna va accoucher. Plus d'espace pour moi, plus le temps va passer, moins j'y aurais ma place, comme tous les aînés. Réflexion sans jamais quitter ton visage des yeux, même si la nuit prend la place dans l'immeuble. Je laisse mon imagination dessiner les courbes de ton visage dans le noir, de toute façon, j'ai vu que ça et tes jambes, alors il ne va pas pouvoir dessiner d'autres courbes.


La nuit qui nous emporte finalement tous les deux, je ne quitte pas tes bras, le nez perdu contre toi, même s'il y a une odeur de sang mélangé à ton odeur à toi. Quand les rêves se font indécent, que tout semble trop réel, la nuit accompagne l'éveil du corps. La nuit était spéciale. J'ai des souvenir de rêves qui me tournent en tête, je ne veux pas ouvrir les yeux, voulant y retourner, avant de me rappeler que je ne suis pas seul, dans mon lit. J'ouvre doucement les yeux pour chercher ton regard un instant avant de gémir, pas vraiment content de me réveiller. Je suis totalement encore entre le sommeil et le réveil, incapable de comprendre qu'il y a des choses que tu dois sentir et que je ne contrôle pas. Je referme les yeux en revenant cacher mon visage contre ton cou pour retrouver un peu de nuit. « Je ne veux pas me lever... » que je murmure sans savoir si tu es réveillé ou non.

Le réveil est doux, quoique un peu particulier. Parce que tu es toujours là, toujours dans le creux de mes bras. Et il me faut un temps pour comprendre qu'il s'agit bien de toi. Quoique les réveils à deux sont rares, mais en général, ils ne portent qu'un seul nom en face. Merde, Javier ! Quelques secondes avant de bouger à peine en faisant une grimace quand ça tire sur la chair, pour attraper mon portable et envoyer un sms à celui-ci avant qu'il ne s'inquiète de trop à mon sujet. Quelques mots histoire de le rassurer, de lui dire que les nuits sont folles dans cette ville. Un smiley et une hésitation, soudainement. Clignement des yeux face à l'écran, avant de ne rien mettre d'audacieux. Pas de séduction quelconque, pas d'allusion, pas de propos salaces. Je ne sais pas tellement pourquoi. Peut-être que de te sentir contre moi me retient. Pourquoi j'aurais la sensation de te trahir, quelque part ? Alors je repose le téléphone une fois fait, me frotte le visage légèrement, constate que la fièvre s'est grandement atténuée. Et puis surprise, quand tu commences à t'agiter. Hum ? Et force est de constater que nous sommes assez proches pour que je puisse deviner... Certaines choses. Petit sourire en coin, à me demander à quoi tu peux bien rêver. Mes doigts qui viennent à se perdre dans tes cheveux et un filet de voix se fait entendre, tout près de ton pavillon, juste ce qu'il faut pour ne pas te réveiller. Une phrase totalement indécente, pour tenter d'influencer totalement ton rêve, à base d'empoignade qu'une dame pourrait t'offrir. Je pince les lèvres ensuite, semble attendre une réaction. T'as raison, je suis qu'un petit con.

Tu sembles doucement te sortir de tes rêves, alors que mes doigts sont encore à caresser tes cheveux, à se perdre parfois dans ta nuque, le haut de ton dos. Un gémissement plaintif, de ceux qu'on pousse quand on ne veut pas se réveiller. Je souffle un rire, trouve tes yeux de biche encore toute endormie. Alors j'approche pour t'embrasser un bout de joue avant que tu ne trouves refuge contre moi, me coupant donc dans mon mouvement. Pffft ! Alors te lève pas... Que je murmure, me demandant quel jour on est, tiens. Ma paume qui vient se faire pleine contre ton dos, caressant la peau offerte. J'ai déjà dit que j'étais tactile, petit prince ? Et ça me fascine un peu, sur l'instant. Je tente de faire fi de ce que je peux sentir de toi, mais c'est particulier tout de même. Disons que j'ai pas l'habitude de ça sans réagir et l'endiguer d'une manière ou d'une autre. Alors je me contente de toucher l'acceptable, comme une manière de m'occuper les mains. Parce que c'est toi et que j'ai pas envie de ça, pour toi. J'espère que t'as bien dormi... Que je murmure encore, par peur peut-être de te réveiller alors que visiblement, il faudrait ? T'as peut-être cours, je ne sais pas. Ça fait trop longtemps que je suis sorti du circuit classique, voguant dans un où personne ne veut atterrir sans doute. Beaucoup de liberté, énormément de solitude aussi, j'ai eu de la chance de tomber sur Javier, je le sais très bien. Tu crois que tu l'accepterais, si je te racontais tout ? Tu as cours... ? Autant te le demander, pour te forcer à te lever dans ce cas. C'est important, l'école. Bien plus que moi.

Un réveil tout doux dans tes bras. Tu m'autorises à rester là contre toi en plus. Je n'ai pas envie de penser à ce que j'ai à faire aujourd'hui parce que je ne veux pas te laisser seul. Alors il est hors de question que je bouge de là. Papa comprendra si je lui dis que mon ami est blessé et que je ne veux pas le laisser, enfin j'espère, ce n'est pas comme si j'avais pour habitude de louper les cours non plus. Une fois de temps en temps, pourras tu me le pardonner ? Je l'espère. Je laisse mes doigts se perdre un peu contre ton torse, papouillant doucement ta peau. Encore entre le réveil et le sommeil, je n'ai pas envie de quitter ce nid douillet qui n'a d'exceptionnel que ta présence et au fond, c'est tout ce que je veux. Je ne demande pas plus que ça. Je relève le nez pour te pousser un peu avec le bout de celui-ci. Je souris un peu l'air toujours aussi endormi. « Pourquoi ? Tu as mal dormi et tu veux savoir si c'est mon cas aussi ? Si j'avais mal dormi, je ne serais pas là à vouloir rester. » Je viens me nicher un peu plus contre toi avant d'ouvrir un peu plus grand les yeux à ta question. « Hm. Question qui fâche. De toute façon, je ne vais pas te laisser seul. Je rattraperais les cours, c'est promis. » Je pose le bout de mon nez contre le tien pour le frotter un peu, toujours dans ma petite bulle, toujours à ignorer les choses qui sont pourtant flagrante. Je finis par me laisser rouler sur le dos baissant la tête en me rendant finalement compte de la chose. Je te regarde comme pour t'interroger, mais au final, tu n'as rien dit et tu ne m'as pas repoussé, c'est que ça ne t'a pas plus frappé que ça, ou alors tu t'en moques. Dans les deux cas, je crois que c'est vexant ou blessant. Je me mets à rire un peu avant de venir m'approcher de toi, pour essayer de cette fois t'accueillir contre moi. Contre mon torse, tu m'as supporté toute la nuit contre toi, alors laisse moi m'occuper de toi de bon matin.

Je viens nicher mon nez contre ta tête pour me poser, sentir ton odeur sans plus ressentir le sang. Juste toi et sûrement de la transpiration à cause de la fièvre, mais tant pis, c'est naturel. Du bout des doigts je caresse ton épaule en soupirant un peu. Je n'ai aucune idée des rêves que j'ai pu faire. Je relève un peu la couette pour regarder en dessous en haussant les sourcils. « Pourquoi y'a que moi ? »

C'est important les cours... Je baisse les yeux, avant que tu ne sembles reculer et j'ai un vague espoir que tu te dises que c'est vrai. Mais non, à la place, c'est moi qu'on invite à se reposer. Je souffle un rire. Sale gosse... Dit dans un sourire, alors que ma tête trouve une place qui sans doute ne lui correspond pas. Il n'empêche que je ferme les yeux. Un bras qui dévale le long de ton poitrail et qui atterrit de l'autre côté, poigne sur tes côtes, pouce qui bouge doucement, aller retour contre la peau. Couette soulevée, l'interrogation qui me fait rire avec légèreté. Me suis réveillé avant toi. Réponse toute trouvée, offerte à toi. C'est surtout que tu étais dans le cycle de sommeil où c'était le bon moment pour ton corps, pas pour moi. Mais autant dire les choses autrement parce que ça m'amuse de laisser planer le doute. Besoin d'un coup de main pour régler ça... ? Sourire que je tente de pincer, alors que je relève la tête pour poser mon menton contre toi, te regarder en faisant un petit lever de sourcils, l'air de te dire que je me propose à la tache, avant de rire encore un peu. Hésites pas hein, j'adore aider mes amis. Je sens que ta tête va être fantastique, je ne veux pas en rater une miette alors j'évite le clin d'oeil, mais je ne peux plus retenir plus longtemps ce sourire qui veut s'échapper. Petit coooon. ♫

J'aime bien cette position, avoir mon nez plongé dans tes cheveux. Cette sensation que j'arrive enfin à me faire une place presque naturellement. Mais faut bien l'avouer j'ai le cœur qui palpite un peu plus quand ta main voyage sur mon torse pour venir le traverser et s'écraser à l'opposé. Je laisse les frissons parcourir mon corps peut-être un peu trop sensible ce matin, parce que c'est plaisant. Tu finis toujours par gagner. Alors quand je lève la couette pour essayer d'alléger la situation, au moins dans ma tête, voilà que tu fais gonfler les choses.  Il aura juste fallu que je te regarde dans les yeux pour comprendre que tu veux juste me faire réagir. Ce n'est qu'une taquinerie, pas vrai ? Encore une qui me fait tourner la tête, mais qui cette fois s'accompagnera de deux mots. «  Pourquoi pas. » parce que c'est plus fun, mais que je trouve ça flippant. Alors je glisse doucement ma main sur la tienne en rougissant complètement. Je la déplace un peu, me torturant moi-même au passage, mais elle se stoppe par dessus le cœur qui bat trop fort pour un si petit corps. Sous tes doigts ça bouge vite, fort et c'est pas sur la surprise et la peur. C'est facile de tout ramener à ça, mais quand la réalité s'approche de ce qu'on a rêvé, ça rend fou.

Je ne te regarde plus, trop occupé à analyser ma propre réponse. Je n'ai pas lâché une seule seconde tes doigts, même si j'ai bien envie d'essayer. Juste pour voir si tu irais. Juste pour savoir si c'est vraiment possible,  ou si je vais gagner en arrivant à te gêner dans ton propre petit jeu. Bordel, j'ai à la fois envie de te supplier de vraiment le faire, tout en te retenant. Je pousse un gémissement plaintif, cette fois contre moi-même.