Et je rigole encore, pivote finalement la tête vers le plafond, à me rendre compte d'une vérité cruelle. J'ai super faim par contre, maintenant... Force est de reconnaître que ça creuse l'appétit, les efforts physiques. Je bénis mes gâteaux de pouvoir répondre pour combler cette envie. Faudra que t'aille à tes cours cet après-midi au moins. Que je mentionne en étirant le bras en arrière, pour attraper mon sac et le saint graal qui se trouve en-dedans. Déjà que tu n'as pas dormi chez toi, tu te présentes pas au cours le matin... Mes parents m'auraient tué pour moins que ça à l'époque. Être gay suffisait déjà. Serait bête de pas pouvoir se revoir avant longtemps à cause de ça. Sourire encore, l'air de te dire que ça change réellement rien. Alors je me permets de me la jouer père la morale quelques instants, juste parce que je sais à quel point c'est important dans le fond. Extrait du ventre de mon sac de quoi nous sustenter. Je me redresse sur un coude, grimaçant légèrement sous le mouvement trop appuyé, pour ouvrir le paquet. Et t'en proposer en premier lieu. Petit-déjeuner servi au lit, petit prince. Renard définitivement apprivoisé.

J'apprécie de te voir me sourire comme ça. J'apprécie encore plus que mon corps te plaise. Pourquoi ça à une si grande importance ? Je ne sais pas, je n'ai pas envie d'y réfléchir alors je continue simplement de rire parce que ça fait du bien. Je te laisse fouiner dans ton sac, trouver de quoi manger, mais moi je reste bien caché sous la couette ne voulant pas en sortir. La tête qui vient retrouver tes cuisses et une moue triste qui réagit à tes remarques. «  Je veux pas te laisser seul alors que tu as mal. Ou alors tu me laisses aller t'acheter de quoi manger et boire. Et tu m'envoies de tes nouvelles le plus souvent possible ! » Parce que je suis quand même inquiet, tu ne m'as pas fait venir pour que je te laisse au bout d'une nuit. Peut-être que si, mais j'aimerais pouvoir te faire venir à la maison, l'appartement est vide en plus de ça, puis ça rassurerait papa s'il sait ou je dors. Quand tu me tends les gâteaux j'en prends un pour le gober directement avant de me redresser pour avaler. Je viens me glisser dans ton dos pour te filer un peu de ma chaleur et pour te faire avoir un endroit où te poser. Pour pas que tu bouges trop aussi, ta plaie est encore toute jeune, je ne veux pas qu'elle saigne encore.

« Je doute qu'on puisse me punir pour avoir aidé un ami. J'ai assez de sang sur mon t'shirt pour prouver que ce n'était pas si simple. Quoi que s'il trouve le sang sur mon t-shirt ils vont s'inquiéter de qui je fréquente. » Ce n'est pas une bonne idée qu'il le trouve ce haut. Alors je pose ma tête contre la tienne et je soupire. « Je vais en cours... De toute façon, faudrait pas que je loupe ma dernière année. » Mes mains sur tes cuisses je viens ouvrir la bouche pour réclamer de la nourriture. Je mange tranquillement avant de finalement venir mordiller ta peau en réfléchissant. « Je dis quoi … Si Papa ou Anna … remarquent ça? Genre, j'ai dormi avec un ami et je rentre avec ça. » Même si à moi il me fait du bien, j'avoue ne pas savoir comment ils pourraient réagir. Je n'ai aucune idée de quoi leur dire, parce que je vais forcement leur mentir et je sais bien que mon père ne va pas me croire si facilement. Si c'est pour qu'il me pousse à bout pour que je lui dise ce que j'ai à dire, il risquerait d'être surpris de la réponse. « L'excuse de la petite amie marcherait. Camille ça marche pour les deux. » Je ris un peu avant de tourner la tête vers toi. « Veux-tu être ma fausse petite amie, si j'ai des problèmes ? »

Je ferais ça, mais va en cours ! Que je sermonne encore, soucieux de ton quotidien dont tu mesureras plus tard l'importance. Les gâteaux sont servis et je te t'observe faire, mangeant tranquillement un premier gâteau alors que tu n'arrêtes pas de bouger et c'en est presque épuisant à suivre. Tu fais quoi... ? Que je demande finalement avant de te sentir dans mon dos, à me demander ce que tu peux bien fiche. Puis quand je trouve appui contre toi, je comprends à moitié, à m'interroger toujours sur le pourquoi du comment. Mais soit, je t'écoute et je hoche doucement en disant qu'en effet, ce n'est pas le moment pour cela. Tu peux prendre un de mes t-shirts, si tu veux. J'en ai des bien trop grand pour moi, tu rentreras largement dedans. Il y en a pas beaucoup sur place, mais ils sont tous confortables justement pour cette raison-là. Fouille dans ma malle. Elle qui contient peu de ma vie et en même temps une grande partie. Tu sembles mimer un poisson et il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il me faut faire l'oiseau nourricier à cet instant. Ainsi un gâteau est enfourné dans une bouche qui n'est pas mienne et et je souffle finalement un rire, à ta question. Bah, il y a bien des façons de le justifier, va. Je suis doué pour ça, tu sais !

Je souffle un nouveau rire face à ta demande, sourire qui reste sur les lèvres alors que j'imagine la scène. Me les passe jamais au téléphone si on dit ça, parce que ça risquerait de les surprendre. Nouveau gâteau pioché. S'ils remarquent, dis que tu as perdu à un pari et que c'était le gage. Je hausse une épaule, celle qui n'est pas appuyé contre le matelas. Et même s'ils le voient dans les prochains jours, ce n'est pas forcé de dater d'aujourd'hui. Personne n'est spécialiste dans les suçons, à pouvoir dire qu'ils date pile du 38 du mois, fait à 10h10 du matin exactement. Puis si tu leur sors l'excuse de la petite-amie alors que tu es censé avoir dormi chez un ami, c'est plus là qu'ils vont se poser des questions. Et t'aurais sans doute droit à la conversation sérieuse avec le père sur comment utiliser un préservatif. Je rigole encore face à ça, me tourne finalement pour venir me nicher à mon tour contre toi, fermant les yeux une fois les éclats éteints. Ceci dit, je suis sûr que ça serait très sympa comme discussion, j'adorerais voir ta tête face à celle-ci. J'ai pu l'esquiver pour ma part et je n'en suis pas mécontent. Quoique, je ne suis pas sûr que mon père aurait pris cette peine-là avec moi. Sans doute que j'allais rester vierge jusqu'au mariage dans leur tête ? Aucune idée, sans doute qu'il serait arrivé peu de temps après ma majorité alors ça n'aurait pas été nécessaire non plus. J'étais prévu pour procréer à mon tour.

T'en fais pas pour moi, autrement. Je bougerais d'ici demain pour me réfugier ailleurs. Même si on va me taper sur les doigts. Javier va être dépité et réellement plus jamais me laisser sortir seul. Ou qu'il va me demander pourquoi je me suis foutu dans le pétrin à cause des Obscurii encore. Et la seule réponse ne lui plairait sans doute pas. Je baille un peu, réfléchissant encore. Voir ce soir, si je dors bien encore cet après-midi. Un sms suffirait, je le sais bien. Et ça me fait palpiter un peu le coeur, comme idée. Et c'est terrible, me donne plus envie encore de rester sous la couette à jamais. Rassuré, petit prince ? Drôle d'amitié qu'est la nôtre, n'empêche. Étrange d'être une sorte de... Sex-friend. Mais ça me va, dans le fond. Pour que jamais ne chante le coeur, oraison funèbre qui s'éveille à chaque jour qui se lève, comme en peine d'avoir vécu une nuit de plus sans lumière.

« C'est une bonne excuse ça, si j'étais connu pour avoir des amis de ce genre là. » Je ris un peu, ce n'est pas comme si mes amis de bases étaient très dévergondés, je me plais avec des gens plus ou moins calmes, du moment qu'on partage les mêmes centres d'intérêts j'arrive à me faire aux gens, mais toi t'es l'unique petit bonhomme pervers du lot. Je devrais plutôt dire taquin. Le pervers dans l'histoire, c'est peut-être juste moi. Faut voir à quel point j'ai prit mon pied. Je soupire un peu contre ta peau en mangeant tranquillement. Petit regard sur la malle en me disant qu'il va bien falloir de toute façon que je passe à l'appartement pour me laver et me changer. « Je dois passer à l'appartement donc... Je ne vais pas pouvoir rester trop longtemps encore. » Parce que je suis à pied, que je vais devoir courir sûrement pour ne pas manquer mon bus. J'attrape mon téléphone pour regarder les horaires et l'endroit le plus facile pour ma ligne. Je penche la tête pour te regarder en haussant les sourcils « Dis le si tu ne veux pas être ma petite amie. » Je ris doucement avant de t'embrasser l'oreille puis de l'attraper entre mes crocs pour la martyriser doucement en recherchant un bus. Ma main qui glisse jusqu'à la tienne pour venir te la capturer et glisser mes doigts entre les tiens. « Si je dois faire confiance à mon père quand il me parle de contraception … Le pire c'est qu'Anna attend des jumeaux... On était déjà beaucoup trop. » Je soupire un peu, puis finalement ça me fait rire. « Je n'ai pas envie de ce genre de discussion avec eux. C'est gênant.»

Je souris un peu avant de tendre le bras et de prendre ta bouille en photo. Je l'ajoute à ton dossier, parce que oui, il y a un dossier juste pour toi dans mon téléphone, pour que je puisse sauvegarder tes photos sur mon ordinateur sans avoir peur d'en perdre une. « J'autorise personne à te taper sur les doigts ! Mais je suis un peu rassuré si tu as quelqu'un sur qui compter. » Quand moi je ne peux pas assurer, quand je ne peux pas rester avec toi pour te soigner et te donner toute l'attention dont tu as besoin. Alors oui, je te laisse avec ton autre ami, enfin, faut encore que je m'habille et que je te laisse sortir de mes bras et ça ce n'est pas gagné. « J'ai un bus dans trente minutes... me faudra dix minutes pour y aller, disons quinze si je défonce mon pantalon en sortant. Tu es sûr de vouloir me chasser ? » Parce que je le prends un peu comme ça au fond. Même si je sais que c'est pour mon bien et que tu ne sais pas que je suis très heureux ici, bien plus qu'ailleurs. Alors je veux profiter de ses dernières minutes avec toi contre moi. « Ton petit ami idéal, il serait comment ? »

Je ne veux pas être ta fausse petite-amie, ouais ! J'ai pas le physique pour, ou je serais sacrément une planche à pain comme petite-amie. Mon oreille se fait attraper et je me débats pas, profite de l'attention en souriant légèrement, le regard sur ton portable un premier temps, avant de continuer mes suggestions quant à comment expliquer la chose si besoin est. Et je rigole face à ta révélation. Bon sang, tu vas plus savoir dormir mon pauvre... Deux bébés en même temps, quel horreur... J'aurais jamais assez de patience pour ça, je le sais bien. Je suis content d'avoir été le petit dernier de la famille pour le coup. Du coup, évite le coup de la petite-amie. Je te tapote le torse avec ma main libre, amusé toujours quand même par l'idée de quelques sms de ta part qui iraient à crier à l'aide parce que l'un deux serait à t'expliquer les choses de la vie. Alors finalement je continue de parler, sans savoir que tu es en train de nous prendre en photo, t'explique que ça ira pour moi et que tu peux rentrer en paix par chez toi. Dans quinze minutes environ, tu disparaîtras donc. Sûr ! Sourire quand je te le dis, oubliant déjà les paroles que j'ai pu avoir plutôt à son égard, sur ce sujet. Puis ta question qui tombe et qui me fait un peu bug sur l'instant. Avant d'éclater de rire tellement je ne m'y attendais pas.

Je redresse finalement la tête en t'observant. Woh, j'en sais rien du tout ! "Aucun", ça me semble être la bonne réponse. Et je sais que si je réponds ça, y'a un certain vampire qui va s'offusquer à moitié, quand même. Je sais pas, les trucs basiques j'imagine ? Qu'on se marre bien, qu'il me donne envie de lui faire l'amour sans arrêt, qu'il m'accepte avec mes coups de folie et mes envies festives ? Je tente d'y réfléchir, mais c'est un peu dur. Parce qu'il y a trois années de vie qui défile devant moi. J'ai jamais songé à ça, fuis au possible tout ce qui pouvait ressembler à une relation sans me rendre compte de certaines évidences avant qu'elles ne s'échappent d'elles-mêmes et qu'il soit trop tard pour s'en saisir pleinement. Et sans doute que désormais, j'ai quelques critères qui pourraient se rajouter si je devais réellement y penser. Quelqu'un qui peut accepter que j'ai le coeur à moitié pris. Ma seule relation officielle s'est tellement mal terminée que j'ai pas voulu retenter l'expérience. Alors y réfléchir... Tsss. C'est compliqué, terriblement. Alors autant ne pas chercher quoi que ce soit. C'est dure, comme question. Et toi, la personne idéale pour toi ? T'es capable au moins de répondre à ta propre question ? Je me demande réellement si oui.

Légère moue quand tu me dis que tu es sûr de toi pour me virer. J'en suis presque triste, mais je vais devoir faire avec. Alors quand tu réponds, je finis par me lever en faisant attention de ne pas te faire mal. Je cherche mes fringues que j'ai dégagés un peu partout dans la nuit. Pas la moindre gêne d'être en caleçon, après tout c'est pas la première fois que je suis à moitié à poils, l'avantage là, c'est que tu as vu ce qui ce cache sous le caleçon. Quoi que, tu n'as pas encore pu admirer mes fesses en plein jour. J'attrape mon pantalon en te regardant un peu intrigué, pourquoi fuir l'amour ? Je sautille sur place pour bien enfiler mon jean et je récupère mon haut en sang. « ça fait au moins beaucoup de prétendant. Parce que c'est clairement deux choses super cool que tu as à offrir. On dirait que tu vois ça comme des trucs difficiles à accepter. » Alors que c'est tellement cool tes petits moments de folies, tes caprices qui ne font que me surprendre. Moi j'aime bien tout ça, mais j'avoue que je me demande quand même si tu n'as pas de préférences physiques. « Et physiquement ? Genre tu t'en fiches ? » Je viens m'installer au pied de ton matelas pour enfiler mes chaussettes et mes chaussures. « Moi ? Je dirais... qu'un beau sourire et un regard qui captive ça me fait fondre physiquement... mentalement... l'humour. Et qu'on soit quand même différent. » Un peu comme toi et moi, mais avec une fille, que j'essaie de me convaincre. Je me laisse tomber sur le dos pour te regarder en souriant un peu avant de doucement te claquer une cuisse.

«  Tu me fais un bisou ? » Je remonte mon t'shirt sur mes lèvres pour t'appeler à venir, avant de me rappeler que tu ne devrais pas te baisser comme ça. « NON ! Attends. » Je me redresse pour venir te faire t'allonger et te grimper dessus pour te faire un bisou sur le front. « Allonges toi. J'ai pas envie que tu saignes, quoi que, c'est une bonne excuse pour que je reste là. » Je regarde ta blessure, avant de secouer la tête, parce que non, je ne veux pas que tu souffres. Je roule un peu et me voilà un peu plus bas que toi, pour ne pas poser mes basket sur le matelas. «  On se revoit quand ? »

Je crois que la seule personne qui pourrait en parler ne peut donner son opinion sur la question. Mais je dois être difficile à vivre par moment, je supporte mal de me sentir étouffé. J'aime la liberté, voguer au gré des océans fictifs, bouger jusqu'à m'épuiser dans un énième rire. Les prises de têtes, je les réserve pour tout autre chose. Pour toutes les horreurs que les parasites sont capables de faire. Je pince les lèvres, face à un critère que j'aurais pensé à rajouter avant. Je te regarde te rhabiller en même temps qu'on parle. J'en ai pas vraiment, je crois que tant que le mec à un charme certain... Il peut me plaire, quelque soit son physique ou son âge d'ailleurs. Javier et ses 80 ans sur les papiers. Sacrément bien conservé. Alors je te renvoie la question, m'interroge sur ce qui peut bien te sembler être une petite-amie parfaite. Et tes critères me font sourire gentillement, parce que t'es adorable et en même temps assez mature je crois, face à cette évidence qu'il te faut quelqu'un de différent. Je te vois faire le mariole et le cador, hausse un sourcil. Même pas le temps de bouger que tu me mets un vent, avec cette négation tonitruante ! Museau scellé, je te regarde avec stupeur. Bisou sur le front tel un enfant à qui on souhaite de bien dormir.

Mes yeux qui te suivent du regard et je hausse les épaules face à ton interrogation. Aucune idée, on improvise si on est pas privés de sortie ? Sourire de garnement face à ce "on" qui pourrait signifier que je pourrais me retrouver comme dans une tour. L'idée qui me vient, alors que j'embrasse deux doigts à moi, pour venir te les poser sur un coin de lèvres. Tu m'envoies un message pour me dire que t'es bien arrivé et tout ? Prunelles qui se perdent dans les tiennes de nouveau, alors que ma main retrouve sa comparse plus bas. Et évite de te déchirer le jean encore, la couturière est absente pour le moment ! Amusement face à mes propos. Écris-moi quand t'es dans le bus, en fait... Que je rajoute finalement, l'envie de continuer de discuter au plus vite qui m'étreint quelque peu. Parce que la solitude après un moment à deux est toujours la plus terrible, que c'est bien pour ça que je m'accorde rien, pour ne plus la ressentir comme il m'arrive parfois quand Javier s'en va gérer sa boîte ou chasser une autre proie que la docile que je peux être. Pense pas trop à moi quand tu seras de nouveau seul, ce soir. Attitude taquine et joueuse, sourire mutin, complicité que rien ne saura écorcher, afin que jamais tes craintes ne se réalisent, petit prince.

Le cœur qui bat fort encore, même s'il est un peu douloureux là, quand je me rends compte qu'on ne sait pas quand on va se revoir. Clairement papa pourrait m'en vouloir d'avoir loupé ma matinée de cours, surtout quand je vais lui demander de me faire un mot d'absence, j'irai peut-être voir Anna en lui demandant d'être discrète et en espérant que Papa n'a pas reçu de message pour prévenir que je ne suis pas venu. Alors je te rends  ton bisou à distance en embrassant mes doigts puis en les posant sur tes lèvres avec un petit air amusé. Monsieur est encore taquin, même quand on se quitte. « Je t'écris dès que j'ai posé mes fesses dans le bus. » Je reste un petit moment à te regarder d'un air tendre sans m'en rendre compte, j'ai juste un petit sourire que je ne peux retenir et un regard complètement absorbé par toi. Long soupire avant que je bouge mes fesses pour aller récupérer ma veste et mon téléphone.

« Pense à moi et à mon coup de main. A mon dos aussi. » Je ris doucement te tirant la langue parce que je joue en mode direct. Pendant que toi tu joues dans les négations en sachant que ça fera forcement l'effet inverse. Que quoi qu'il arrive, je penserais toujours à toi dès que j'aurais mon temps à moi. Difficile de t'oublier pour le coup. C'est rassurant. Je viens embrasser ta joue avant de fuir en courant pour ne pas louper mon bus. « Fais attention à toi et appel ton ami directement ! » Je cours, le sourire aux lèvres, te laissant tout ce qui peut te servir à te soigner, ça te sera plus utile qu'à moi. Quand j'arrive enfin à l'arrêt de bus je t'envoie un message, pour te prouver que j'ai réussi et que bientôt je ne vais plus pouvoir te répondre beaucoup parce que j'ai beaucoup trop de choses à faire. Surtout que je vais devoir négocier pour mon fameux mot d'absence. Je t'envoie des sms au moins toutes les heures, voir toutes les trente minutes quand le professeur ne me voit pas. L'inquiétude toujours présente, surtout que j'ai peur que tu sois tout seul.

Instant de silence durant lequel on se dévisage. Toi et ton bout de sourire qui appelle après le mien. Et puis tout qui s'enchaîne et je souffle un nouveau rire. On verra ! ♫ Voix qui chantonne, qui distille les doutes pour t'embêter, avant que tu n'ailles pour fuir vers le saint bus. Oui paaapaaaa ! Byyye ! Que je te dis à la suite, écoutant les bruits de pas qui s'éloignent et dans un soupir, j'attrape de nouveau mon téléphone pour constater l'absence de réponse. C'est normal, il dort. Je repose mon téléphone contre mon front, les mains encore accrochées à celui-ci. Et j'ai une dizaine de minutes de battement au moins avant ton premier sms. Alors je remonte la couette sur moi finalement, pour pouvoir pleurer en silence dessous. Face à ce sentiment qui me prend jusqu'à la gorge et que je ne parviens à saisir, face à tout ceux qui m'écrasent le coeur et le broie pour en extraire qu'une mélasse noire. Je pleure sans savoir quoi, sans comprendre le deuil à porter. Je pleure juste comme un enfant fatigué pourrait le faire. Et puis, les premières vibrations se laissent entendre et l'écran est encore flou, mais dans les écrits, on ne peut deviner la dérive qui me saisit à cet instant. Alors je me laisse porter par les vagues en crises, répondant sans rien laisser paraître, le jeu d'acteur à son sommet. C'est toujours lorsqu'on souffre le plus intérieurement qu'on est le meilleur pour le cacher. Quand le soir vient enfin et que Javier s'éveille, je l'appelle à l'aide. Sans plus aucun filtre, la peur viscérale d'un enfant qui demande à quelqu'un de l'aimer, jusqu'à l'en étouffer s'il le faut. Dans le creux de ses bras, je veux m'oublier, moi et toutes mes bêtises. La couette n'a point su me faire disparaître.