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We were never really here (Lise)

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We were never really here (Lise) - Mer 2 Jan - 1:54

We were never really here
Lise & Mal

All Hallow's eve, October 31st 2018.
Des demi-lunes pourpres au creux des paumes, la poussière d'étoile qui s'échappe des rétines vers le ciel nocturne. Les lumières vacillantes, la chromatique instable de la ville qui noie mon périphérique cassé. Happé par le moindre chatoiement, le moindre tableau irisé comme une migraine aux couleurs de l'arc en ciel. Les ongles qui s'enfoncent dans la chair, les poings contre les tempes comme pour en concasser l'intérieur. Réduire ma conscience en miettes pour la faire taire, cogner contre le crâne tout en ayant peur de l'entendre sonner creux. Pourtant jamais vide, jamais silencieux. Elles font partie de moi. Elles me hantent comme des esprits frappeurs, elles renversent les dossiers de mes souvenirs et terrifient mon coeur dans un tapage incessant. Ce n'est pas le futur que j'avais imaginé. Ce n'est pas un état que quiconque mérite de supporter. La drogue me perdait dans la réalité, les voix me perdent dans mon propre corps. Distinguer les mensonges des vérités, une tâche impossible maintenant que je ne peux même plus faire confiance à mes sens. Un pas devant l'autre, un horizon flou et instable. Les vitrines des échoppes distordues par la danse macabre des squelettes, le parvis des maisons décorées de lanternes de saison. J'ai encore la sensation de l'été et pourtant c'était déjà hier. Presque trois mois jour pour jour que quelque chose a changé. Que ma vie à basculé en enfer. Ce soir la foule est fébrile et le purgatoire est palpable. Des maquillages de monstres et des masques de démons. Si d'après les légendes ces déguisements sont faits pour tromper les esprits des morts en cette nuit des possibles, c'est bien moi qu'ils perturbent et finissent par désorienter. Les visages et les silhouettes inhumaines cajolent ma psychose, alimentent le feu de ma perception faussée. C'est éprouvant, et je n'ai rien trouvé de mieux pour continuer d'avancer que de regarder le sol. Baisser le regard et heurter d'épaule en épaule les petits groupes prêts à échanger des bonbons contre un sort. J'échangerai le mien contre tout le sucre du monde. Mais je ne suis que le sel de cette terre, un problème éparpillé aux quatres vents. J'aurais dû rentrer avant la nuit, comme le font les proie qui craignent leur prédateur. Mais le prédateur c'est moi, rongeant la ligne entre la raison et la folie comme l'Ouroboros dévore petit à petit l'univers. Prit par surprise par la farandole des horreurs au retour de l'hôpital, pas d'autre choix que d'errer sur la carte à la recherche du chemin. Trop de bruit, trop de lumières, l'anxiété m'a vite rattrapé. Les vieilles habitudes aussi semblerait-il. La bibliothèque se dresse soudainement, son immense façade et ses portes à double battants. Le temple d'un temps révolu pour toujours, un monument à l'innocence et la connaissance. Le savoir accumulé en un même endroit mais il ne détient pourtant pas la clé. Aucun érudit, aucun médecin ou aucun traitement ne pourra me rendre ce qui n'est plus. J'ai tellement perdu de moi que je me raccroche à ces bribes volatiles, ces instants de bonheur sûrement manipulés par mon esprit. Mais il n'y a plus de joie sans peine. Il n'y en a jamais eu. Tous ces moments passés entre ces murs. Ces instants partagés avec elle avant que le courant n'emporte tout. J'échappe un rire malgré moi, un rictus maladif et las. Ce n'est pas le futur que j'imaginais. Ce n'est pas ce que nous imaginions. Est-ce que tout cela avait vraiment d'importance au final ? Maintenant que la table est rase et que la raison se raréfie. Maintenant que je suis l'anomalie, piètre copie rampant hors de la norme. Maintenant que je suis une épave à la dérive, il n'y a qu'elle qui connaît assez les humeurs de l’océan pour me guider hors de la tempête.

J'ai ignoré ses messages et ses appels comme ceux de tous les autres. Ils ont confisqué nos téléphones en détox, une manière de nous ancrer dans nos propres carcasses, nous séparer des tentations. Je crois que même si j'avais eu son portable je n'aurai pas eu la force de lui répondre. Que pouvais-je dire ? Je vais bien, je prends quelque semaines de congés. Un piètre mensonge. J'espère que l'eau est bonne en cette saison. J'ai préféré ne pas repenser à ce que j'ai vu. Je n'ai pas eu à faire beaucoup d'effort pour ne pas consciemment ressasser. Mes rêves s'en sont chargés pour moi. La sensation de flotter dans un océan de ténèbres, la chaleur de son corps contre le mien et pourtant j'étouffe. Je manque d'air et les eaux glacées finissent par me paralyser le moindre muscle. Éventuellement je finis par me réveiller ou englouti par le fond. J'ai essayé de me tenir éloigné des livres de mythologie, de la curiosité envahissante d'éclaircir les zones d'ombres. J'ai essayé de déterrer une troisième lecture entre les lignes de nos échanges, un message qu'elle m'aurait laissé et qui expliquerait ce qu'elle est. Ce secret qu'elle avait si peur de me révéler. Je n'étais pas prêt, et je ne sais pas si je le suis même maintenant. À défaut je pense à elle comme à une Selkie, ces créatures aquatiques capables de vivre aussi bien sur terre que sous l'eau. Ces mémoires éthérées des histoires de ma grand mère de ces femmes pas complètement humaines. Je suis loin d'être en paix avec ce savoir. Pourtant j'ai l'impression que quelque chose d'encore plus extraordinaire m’aiderait peut être à relativiser. Peut être que Lise sera capable de m'aider à appréhender mon état, elle qui doit vivre avec une dualité constante. Je pourrais aller voir Clemens, mais qu'il soit mon frère et surtout lui-même n'en fait pas un premier choix. Alors c'est devant sa porte à elle que je me retrouve, une silhouette fantomatique invoquée par l'esprit d'Halloween. Ce soir ou la frontière entre les deux mondes est si infime, je reviens visiter le sien. Il y a quelques citrouilles sculptées sur le perron, un art que je n'ai jamais su perfectionner. Je me baisse un instant pour effleurer les lignes taillées dans la chair orange. Un soupire qui s'échappe de mes lèvres m'empêche de continuer à me mentir à moi-même. Cette simple proximité avec quelque chose qui lui appartient est un soulagement immense. Elle m'a manqué plus que je n'aimerai l'admettre, ancrée à jamais, gravée en moi comme elle a fait ces lanternes habilement décorées. Je frappe avant d'en perdre le courage, comme ce jour là où j'étais sur le pas de sa porte pour la première fois. Je n'ai rien à lui offrir de ma venue, je ne suis qu'un intru de plus à s'introduire dans son intimité pour lui soutirer. Lorsque le battant s'ouvre c'est un poids qui s'échappe malgré tout de ma poitrine. Je dois me retenir pour ne pas tendre le bras vers elle pour vérifier qu'elle est bien réelle. Mon souffle s'accélère, je suis déjà en train de céder à la panique. Un mouvement de recul, mon talon marche à moitié dans le vide alors qu'il essaie de se dérober. Je ferme les yeux et prend une inspiration, ma main se posant contre le rebord de pierre du chambranle de la porte pour trouver l'équilibre. J'ose m'approcher, je ne veux pas lui donner l'impression d'avoir déjà envie de la fuir. « Bonsoir Lise… » Les mots peine à s'articuler comme s'ils n'avaient pas été prononcés depuis trop longtemps. « J'aimerai dire trick or treat mais j'ai bien peur de n'être rien d'autre qu'un revenant. » Une tentative de sourire mais mes lèvres restent fermement neutres. Cela ne fait que quelques mois et pourtant une impression d'éternité. Elle n'a pas changé mais je ne peux pas en dire autant. J'ai maigri, séché par le mal être et le manque de calme constant. Si les cernes n'ornent plus mon visage la noirceur s'est imprimée dans le bleu de mes yeux. Mes cheveux ont poussés, l'apparence générale négligée dans une chemise délavée et un manteau trop grand. Il y a quelques mois je ne me serais jamais présenté à sa porte ainsi, intéressé sans trop l'avouer de lui plaire. Je me mord les lèvres, peinant à la regarder. Malgré moi je ressens une vague déferlante de remords. Et malgré les excuses, je manque à me justifier. J'ai disparu parce que j'ai fais une overdose, j'ai disparu parce que quelque chose ne tourne plus rond chez moi. Dis lui vraiment pourquoi. La voix gronde et je secoue légèrement la tête pour la chasser, réflexe physique, tic inutile. « Tu… me manque aussi… Lise… » Que je finis par avouer, une réponse avec un mois de retard à son dernier message ignoré. Je recule de nouveau. Maintenant que je suis ici tout me semble à la fois plus simple et pourtant je ne sais pas comment agir. Les stigmates du stress au creux de mes paumes, le poids de la maladie mentale sur mes épaules, les oripeaux de la folie. Pourtant de tous les monstres qui poursuivent leur procession endiablée ce soir, c'est la créature à laquelle je fais maintenant face qui me fascine et me terrifie le plus.
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We were never really here (Lise) - Dim 6 Jan - 23:45

We were never really here
Lise & Mal


Si elle n’avait à déplorer aucune circonstance, Lise aurait pu s’ouvrir d’avantage aux personnes qu’elle aime. C’est dans le reflet d’une lueur hypnotisante qu’elle se noie, assise sur le bord de la piscine. Les mouvements de ses jambes font vibrer le miroir d’eau autant que ses souvenirs qui ne cessent de revenir à la surface. Si elle s’efforçait d’avancer, elle semblait pourtant manquer d’air, suffoquant dans une pénombre de laquelle elle ne parvient pas à s’extirper. Ses yeux savaient s’adapter à une absence totale de lumière, l’obscurité à laquelle la nymphe appartient lui était familière. L’envie de rejoindre les profondeurs n’est jamais bien loin quand il s’agit de se noyer à la surface. Alors que ses repères se délitent les uns après les autres, cette obscurité-là lui parait pourtant bien angoissante. Les secrets comme seul compagnons, Lise avance à tâtons comme l’on avance sur un chemin inconnu, alerte du moindre changement. L’horizon incertain la nargue d’un équilibre parfait qu’elle aimerait atteindre. Et pourtant c’est dans un monde instable et incertain qu’elle arpente aujourd’hui. Les secrets se font et se défont, tissent les liens et brisent les attaches. Une confidentialité souhaitée ou subie. Elle avait cherché à les protéger. Protéger une humanité presqu’immunisée face à un monde qui ne tourne pas rond. Elle chérissait l’innocence des humains, la jalousait même à un tel point que la frontière entre protection et obsession s’amoindrissait d’année en année. Là étaient pourtant ses intentions premières, affrontant seule un monde qu’elle voulait pourtant partager. Ses parents avaient-ils, comme elle, cherchés à la protéger de leur monde ? L’hypothèse était difficile à croire après des années à se raccrocher à une hostilité dissimulée. Lise avait appris à détester ses géniteurs quels qu’ils soient, ne serait-ce que pour se blinder face à une douleur tenace et abyssale. Elle se demandait aujourd’hui si Dante et Maldwyn la détestait tout autant pour leur propre salut.

Les jambes s’agitent furieusement dans l’eau avant qu’elle ne se lève, las de ces pensées qui l’assaillent depuis des semaines. Elle tourne en rond, fait les cent pas et cherche les explications là où il n’y en a pas. L’eau ruisselle encore de ses jambes et s’écrase sur le parquet vieillis du salon lorsqu’elle rejoint le canapé. Ses yeux surmenés se posent sur la quantité de livres plus importante qu’à l’habitude qui partagent la pièce avec elle. Quelques manuscrits à même le sol, des piles de livres ci et là comme tout autant de fantômes qui la ramènent à la réalité qu’elle cherche à fuir. Parmi tout ça, quelques livres sur la mythologie grecque à la recherche de quelques informations l’aidant à mieux appréhender la nouvelle identité de son meilleur ami alors qu’un seul livre trahissait son intérêt pour la mythologie celte. Seulement, la nymphe ne savait qu’y chercher. Elle feignait l’indifférence mais la réalité la rattrapait déjà, sa famille était là quelque part au Royaume et son lien de parenté avec la mafia ne manquait pas de la tourmenter. La troisième préoccupation du soir n’était autre que celui qu’elle avait fait fuir de son propre secret. Les remords l’assaillaient un peu plus chaque jour, hantée du souvenir de Maldwyn Jones. La nymphe n’a de doute sur le pardon de Dante mais pour ce qui est de celui de Mald, l’espoir s’amenuise à mesure que le temps passe et efface ses tentatives de contact. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même pourtant, elle était seule responsable de son absence, pensait-elle du moins. Persuadée qu’il ne faisait que la fuir après lui avoir demandé de lui faire peur. Il avait pu faire son choix en connaissance de cause, c’était un monstre marin à qui il avait tourné le dos et il l’avait dit lui-même, il ne peut pas faire face. La créature s’était consolée dans les bras de la grande bleue, ne pouvait se résoudre à se mettre à sa poursuite. Elle ne pouvait résolument pas le retenir après lui avoir intimé de partir, après lui avoir montré. Contrairement à ses propres ce n’était pourtant pas dans le but qu’il s’en aille, la seule chose qu’elle avait espéré c’était une sorte de compréhension de sa part, l’acceptation de ce qu’elle est envers et contre tout. Au lieu de ça, elle l’avait éloigné de lui, à peine commençait-elle à accepter la proximité qu’il avait initiée. Aujourd’hui, en relisant ses lignes manuscrites parmi les bouquins jonchant la table basse, ce n’était pas à la mélancolie de leur échanges qu’elle pensait mais bien à ce regard brisé qu’il avait posé sur elle. Le contact de ses doigts sur ses branchies avait provoqué une sensation inédite au creux de son ventre. La peur se lisait sur ses traits et pourtant il avait eu l’audace de toucher ce qui lui était peut-être même plus intime que ses attributs humains. C’était maintenant dans les mailles de son pull aux odeurs encore iodées qu’elle enfonçait son visage pour y noyer ses larmes.

La main s’écrasant sur la porte la réveilla dans un sursaut de stupeur. L’épuisement avait eu raison d’elle et de ses investigations vaines. Elle en avait presque oublié les enfants qui sonnaient tout à tour à la porte de la vieille maison en quête de friandises. Il était assez tard pour que les visites s’espacent et lui laissent le temps de sombrer dans un sommeil tempétueux. Il lui semble ne s’être endormie qu’un instant lorsqu’elle se lève et la plante de pied sur la tranche de livre tombé au sol pendant son sommeil lui arracha un cri de douleur. Lise sautille en se tenant le pied jusqu’à l’entrée de la maison où elle jauge son apparence dans le miroir qui lui fait face. Elle n’avait pas fait grand-chose cette année, les Rowan avaient habitués les enfants du quartier à bien plus de fantaisie autrefois. Mais l’envie la quittait un peu plus chaque année, bien trop préoccupée à d’autres choses. La rousse s’était contentée de revêtir une robe noire avant de se faire des traces de griffures profondes sur la clavicule et la cuisse. La cape avait quand a elle été abandonnée dans le salon quelques heures plus tôt mais le maquillage tenait encore la route malgré l’heure tardive. Le petit chaperon rouge attrape le bol de sucrerie avant d’ouvrir la porte. Son sourire se fana aussitôt que ses yeux se posaient sur lui. Elle restait interdite et manqua de lâcher le saladier de surprise. Si elle s’attendait à ouvrir la porte à tous les fantômes du quartier, il n’était pas de ceux qu’elle pensait voir. Il semble aussi déboussolé qu’elle et pourtant aucun mot ne daigne s’exprimer, figée dans un moment de confusion. Elle ne comprend simplement pas la situation. S’inquiète de la pâleur de sa peau et de son air fatigué et pourtant ce n’est pas uniquement ce qui la cloue sur place. La stupéfaction de le voir a raison d’elle et ce n’est que quand il répond oralement à son dernier message qu’elle semble recouvrer ses capacités. Elle lui a manqué malgré tout ? Son corps se dégrippe, ses lèvres s’entrouvrent d’abord mais ne laissent échapper rien d’autre qu’une inspiration incertaine. Sa main cherche doucement le guéridon pour y déposer le récipient avant qu’elle ne recule d’un pas. « Je.. » Sa main vient frénétiquement se plaquer contre son cou tandis qu’elle pose sa tête contre le battant. Ce sont les derniers moments passés avec lui qui s’écrasent sur sa  rétine. La colère et la joie se battent dans son esprit, elle voudrait se jeter dans ses bras autant que lui dire d’aller se faire voir. Encore une fois c’était lui qui décidait. « Où étais-tu bon sang ? » Ses yeux se gonflent d’humidité et pourtant elle réprime ses larmes, refuse de loin montrer à quel point elle avait pu l’attendre. Mald était bien là devant ses yeux à attendre devant sa porte pendant qu’elle s’efforce de comprendre au lieu de simplement savourer son retour. Elle s’écarte de la porte en fixant le sol pour le laisser entrer. La rousse ne sait pas quoi faire, ni de son corps ni de son esprit. L’angoisse prend possession d’elle alors qu’il s’approche. Ca la submerge, cette impression, comme une vague qui s’écrase sur elle pour l’emporter au loin. Et c’est ce qu’elle fait, Lise s’éloigne de l’entrée, débarrasse à la hâte leurs livres entassés sur la table pour effacer les preuves plus que pour faire de la place. Une larme s’écrase sur haut de la pile qu’elle pose à même le sol avant que son regard ne se pose de nouveau sur le principal concerné. L’odeur lui écrase les poumons plus qu’avec n’importe lequel d’entre eux et pourtant c’était tout simplement impossible. Ses instinct ne la trompaient jamais et le fait que Maldwyn semble a bout ne fait que lui confirmer l'hypothèse. Elle essuie rageusement les larmes qui s’échappent. Que t’es-t-il arrivé ? Ses pas l’approchent davantage de lui. « Excuse-moi de …j'aurai pas dû.. » Il est des choses dont il vaut mieux ne pas parler parfois mais s'il était là, c'était qu'il pouvait finalement faire face ou juste parce qu'il avait besoin de partager son tourment? «Assied-toi, tu as l'air fatigué. » Il était probablement pour là seconde option.
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We were never really here (Lise) - Lun 7 Jan - 21:33

We were never really here
Lise & Mal

All Hallow's eve, October 31st 2018.
Sur le pas de la porte comme sur le bord de la falaise. Il n'a pas été simple d'en arriver jusque là et ce saut qui me demande d'avoir foi est certainement la chose la plus difficile qu'il m'ait été donné de faire. Je crois en ces choses surnaturelles, je n'ai plus d'autre choix que d'accepter leur existence. Mais c'est ma place dans tout cela qu'il m'est impossible de définir. Un pauvre humain terriblement normal, je n'aurais pas cru regretter être monsieur tout le monde, et pourtant. Peut être que j'aurais pu comprendre, que j'aurais su réagir à la révélation de Lise si j'y avais été préparé. J'aurais pu éviter d'humilier sa nature de mon ignorance. J'aurais pu rester ce jour-là sur la rive, j'aurais pu l'étreindre et lui dire que cela ne changerait jamais rien. Que nous serions toujours deux âmes vagabondes sur les pages du même volume. Au lieu de cela je l'ai blessée de mon innocence, je n'ai pas pu contenir ma surprise et la peur. Je ne peux pas faire face. Et je ne suis pas sûr de pouvoir même maintenant. J'ai été honnête avec elle mais pas avec moi-même. Cela n'aurait pas eu d'importance si Lise n'était qu'une personne de plus dans mon entourage. Mais elle est bien plus que cela. Ces gestes partagés ensemble, propres à détruire notre monde de mots pour forcer la métamorphose de quelque chose d’autre. J'ai compris maintenant que l'origine de notre relation n'était qu'une amitié fantasmée entre les lignes, intime et pourtant protégée derrière nos barrières de non-dits respectifs. Ce que nous voulions bien laisser transparaître à l'autre pour seule identité référente. J'ai appris à aimer son mensonge avant la vérité. Alors après tout cela je ne peux pas lui en vouloir de m'avoir caché la vérité, pas quand elle avait raison d'avoir peur de ma réaction. Mais ce n'est pas sa nature qui m'a fait fuir, pas plus que nos échanges physiques de plus en plus proches. Non, je suis parti parce que je savais que je n'étais pas à la hauteur. J'étais terrifié de ne pas pouvoir faire parti de son monde et elle du mien. Deux univers qui ne sont qu'un et pourtant distincts. Je ne voulais pas accepter que même sans nos mensonges nous ne serions jamais vraiment ensemble. Alors j'ai fuis la scène d'un crime qui portait son nom. J'ai cru avoir laissé mon affection à l'océan et pourtant elle déferle comme jamais maintenant que la porte s'ouvre devant moi.

Des mots vite prononcés de peur de la voir disparaître à jamais. Elle aurait toutes les raisons de refermer violemment le battant et de me laisser seul  avec mes erreurs mais je suis soulagé lorsqu'elle n'en fait rien. Je peux lire la surprise sur son visage et recule imperceptiblement, incertain de comment réagir à mon tour. Elle pose sa main sur son cou et mon regard suit instinctivement le geste. La mémoire des attributs aquatique sur sa peau est encore vive, leur contact humide sous mes doigts curieux. Elle n'est pas humaine, elle ne l'a peut-être jamais été. La voix murmure nonchalamment les faits à mes oreilles. Je ne sais même pas ce qu'elle est avec certitude. Réponse muette alors que je sonde son visage. C’est le moment de lui demander. Une autre prend le dessus sur mes pensées. Tu sais ce qu'elle est. Une créature camouflée sous les traits d'une fille innocente. Comme tous les monstres et les vrais prédateurs. Le ton est cruel et me fait vite détourner les yeux. Non ce n'est pas ce que je pense d’elle, ce n'est pas ce que je crois. Je n'en peux plus d'entendre ces paroles contraires. La ferme. La frustration est muette et inutile, les rires triomphant me résonnent dans le crâne. Les mots de Lise me percutent avec stupeur, me sortant un instant de mon petit théâtre mental pour relever le visage et oser la regarder de nouveau. Elle a le droit d'être en colère. Je ne voulais pas l'inquiéter, je n'aurais pas cru l'inquiéter. J'étais tellement persuadé d'avoir brisé son cœur à la même mesure du mien sur cette plage que je m'attendais à ce qu'elle ne veuille plus jamais me parler. Elle a insisté, cherché le contact. Tous ces messages où elle me demande de lui pardonner alors que je suis le seul fautif. M'être approché avant de l'avoir abandonné. Comme je l'ai fais avec Delilah. Je répète vraiment les mêmes erreurs je crois. Je veux m'excuser encore, la persuader que je ne mérite pas ces larmes qui lui embuent les yeux, qu'elle n'a rien fait de mal et que je suis le seul qui a tout fait de travers. A la place les mots restent coincés dans ma gorge et j'entrouvre les lèvres pour récupérer de l'air. Ma respiration s'est ténue malgré-moi, comme une envie de m'effacer. Elle s'écarte pour me laisser entrer mais avant que ma main ne puisse se poser à côté de la sienne sur le battant elle disparaît à l'intérieur. Je reste immobile un instant avant de la suivre timidement, refermant la porte non sans un dernier regard pour la rue.

L'intérieur est comme je l'avais imaginé la première fois. À l'image des passions de sa propriétaire, de lourds ouvrages qu'elle s'empresse de ramasser et d'empiler. J'hésite à me rapprocher, toujours cloué sur le pas de son logis. Mal à l'aise de la situation, de ces choses qui ne sont encore que des non-dits entre nous, de ce naufrage dont ne nous savons pas parler. Elle s'excuse de son ton de plus tôt et je peux déceler les larmes dans sa voix. Arrête s'il te plaît. Quelques pas suffisent pour la rattraper, mes bras l'enlaçant alors que mon visage se pose contre sa nuque. « Arrête de t'excuser s'il te plaît Lise. » Le murmure est doux, mes doigts se saisissent des ouvrages qu'elle s'apprêtait de nouveau à écarter de la table pour les reposer. J'enserre ses mains contre sa poitrine, emprisonnant sa silhouette contre la mienne. Cela ne changera rien. « C'est moi qui suis désolé de t'avoir laissée ainsi. Je n'aurais pas dû. J'ai juste été… » Surpris ? Choqué ? J'ai bien vite regretté de l'avoir abandonnée. Mes bras l'enserrent un peu plus fort, son dos contre mon torse. « Je ne connais rien Lise. De ce monde-là, ton monde. Je ne l'ai découvert qu'il y a peu… » Ma voix disparaît contre ses cheveux. Je ferme les yeux un instant, l'une de mes mains la lâchant pour plonger au fond de ma poche. La petite pièce de métal brille entre mes doigts, le chiffre trois maladroitement gravé. Je la glisse contre sa paume avant de m'écarter. Trois mois sobres, mais une excuse qui me semble faible à son égard. « J'ai fuis Lise. Je t'ai fuis. Et quand j'ai voulu arrêter de fuir j'ai eu d'autres problèmes. » Je désigne la pièce d'un signe de tête. « Si je n'étais pas capable de partager ton monde alors je ne pouvais pas te demander de subir le mien ces derniers mois, crois-moi. » Mensonges. La voix est rauque et prégnante, elle racle violemment sur ma conscience. Je lève ma paume pour la plaquer contre ma tempe, secouant légèrement la tête de ce tic maintenant familier. Hagard quelques instants, je finis par me reprendre. « Je ne peux pas continuer à fuir ce que je ne crois pas, ignorer ce que je ne comprends pas. Je ne peux pas rester loin de toi Lise. » Tu espère juste un tour de magie là où la médecine ne peut rien pour toi. Ce n'est pas vrai. Intéressé. Tu veux juste du réconfort, juste oublier. Non ! Je recule malgré moi, titubant, secouant le visage comme pour chasser un insect intempestif de mon périmètre visuel. Menteur. Un râle d'animal en cage, la voix plus forte que les autres. Je pose mon regard sur Lise mais j'y vois flou, sa silhouette se délite en rayonnements lumineux. Je cligne des yeux pour effacer la radiation mais les formes dansent sur ma rétine. Je recule un peu plus, une main levée en l'air comme pour distancer quelque chose d'invisible pour pour maintenir mon équilibre. Mes jambes se heurtent à quelque chose et je finis par l'effleurer du bout des doigts pour en confirmer la forme. Je m'assois maladroitement, l'assise plus basse que ce que j'avais anticipé. Je sursaute de mon propre geste, échappant un souffre avant de relever le visage. Les traînées de lumière ont disparues tout aussi vite. Je déglutis, formulant de nouveaux mots. « J'étais venu te dire tout ça, parce que je ne supportais plus d'avoir laissé les choses ainsi. » J'esquisse un geste pour me relever. « Je ne vais pas t'embêter plus longtemps. » Dis-lui. Les mots grondent. Je me ravise dans mon geste. « Mes problèmes ne sont pas exactement résolus, je ne veux pas t'en mêler mais je ne peux pas exactement faire semblant. Je ne veux plus faire semblant Lise. Nous avons révélé tous nos secrets, je veux que les choses continuent ainsi. » Et pourtant, comment lui expliquer que la personne qu'elle a connu n'est plus la même ? Que d'imbécile drogué j'ai fini fou incarcéré ? « Je veux rester avec toi ce soir... cette nuit… si tu veux bien. » Je ne veux pas être seul, pas ce soir. Tu n'es pas seul. Sur le pas de la porte et au bord de la falaise, mais je suis déjà en train de tomber.

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We were never really here (Lise) - Dim 13 Jan - 21:37

We were never really here
Lise & Mal


Elle ne l’attendait plus. Maldwyn Jones était devenu un mirage, le magnifique souvenir d’une amitié hors du commun partagée entre les lignes de ces quelques ouvrages qu’elle a accumulé. Sur la table, les craquasses témoins de la construction de cette intimité toute particulière. Le myocarde devient douloureux, à poser les yeux sur leurs écrits c’est un tsunami de souvenirs qui s’entrechoquent dans l’esprit tourmenté. Peut-être bien qu’elle cherche des réponses entre les lignes de leurs écrits, déceler ces choses qu’elle met de côté sciemment. La mécanique huilée du bouclier auto protecteur se fragilise et se déraille. Un grain de sable coincé dans l’engrenage, la simple volonté de tout déceler de ses messages. Il y a ces choses qu’elle a placé sous silence, ces mots tantôt gênants, tantôt trop intimes, qu’elle voudrait réapprendre aujourd’hui. Parce que ça lui gonfle le cœur dans un sens de s’enrouler dans cette affection qu’il avait pour elle, ne serait-ce qu’à travers ses mots. Un piètre baume au cœur. Un réconfort autant qu’une flèche en plein cœur. Elle avait redécouvert de la douceur de ses mots, compris les double sens là où il y en avait. Une relecture avec un œil tout à fait diffèrent et surtout, un œil sachant et qui ne se voile plus la face. L’acceptation de ses sentiments avait pris le temps de s’abandonner à ce lâcher prise qu’elle avait perdu. Pas tout à fait encore retrouvé, elle avait su le laisser entrer dans sa bulle, ouvrir la porte à autre chose que ces mots qui l’emplissent de nostalgie aujourd’hui. Du partage poétique de leurs âmes dans les marges de ces livres jusqu’aux actes tangibles de partage d’intimité. C’était dans ses bras qu’elle s’était perdue quelque fois, pas assez à son goût. Cette proximité acceptée  avait rendu d’autant plus curieux l’homme à qui elle cachait sa véritable nature. Elle s’en était voulu de le lui avoir caché, chaque fois que son regard croisait le sien et que ses yeux bleus semblaient lire en elle comme dans un livre ouvert. Et pourtant, elle regrette aujourd’hui de lui avoir montré. La nymphe s’était révélé à un humain pour la simple et bonne raison que l’honnêteté lui paraissait être de mise au vue de leur évolution. Une décision à chaud, animée par l’ardeur que son corps avait ressenti à se perdre dans les bras de Mald. La chaleur d’une étreinte l’anesthésiant d’un mal être profond et tenace, c’était à bien d’autres choses que ses démons qu’elle pensait alors. La douceur autant que la fougue de leurs baisers la rendait coupable. Fautive de ce mensonge par omission les remords l’auraient rongeaient jusqu’à la moelle si elle n’avait pas été honnête avec lui. Il avait déposé son cœur à ses pieds, révélé ses démons pour qu’elle prenne pleine conscience de celui qu’elle avait en face d’elle. Au-delà de ce qu’ils avaient bien voulu se révéler, ces versions édulcorés, pour que l’autre affectionne d’avantage le positif. Elle s’était sentie humaine au travers de leurs lignes, une bouffée d’air frai qui avait bien assez duré, si ça lui allait pendant un temps, Lise n’avait pas été entière. Elle ne pouvait que l’être une fois lui avoir révélé celle qui partage son esprit depuis quinze ans. Mais elle n’avait pas eu l’occasion de savoir cette sensation, celle d’être pleinement elle-même dans les bras de cet homme au combien maladroit mais d’une délicatesse incroyable. Cette âme complexe qu’elle avait découvert quelques années plus tôt lui avait glissé entre les doigts en un fragment de seconde.

Le corps épuisé se redresse dans un sursaut violent. L’esprit nourri d’un surplus d’émotion à ressasser les mois passés. Ecumant souvenir après souvenir, s’accrochant avec un désespoir absurde au fantôme de Maldwyn. N’acceptant pas la réalité de sa fuite, elle avait continué d’espère qu’après un moment de réflexion il comprendrait qu’elle était toujours la même. Elle espérait du plus profond d’elle-même qu’il croirait à ses propres mots, plutôt que de suivre ceux qu’elle lui avait dit. Je ne suis plus la même. L’approximation des paroles lâchées dans la panique d’une révélation prématurée. Elle était la même et plus encore. Elle y avait cru, s’était persuadée qu’il reviendrait après s’être remis d’une révélation radicale et soudaine. Mais après quatre mois à se ronger les sangs, s’imaginer le pire parfois, la rousse avait abdiqué, elle ne l’attendait plus. C’est un corps qui se pétrifie instantanément à l’ouverture de la porte. Ça lui revient en pleine figure, aussi brutalement que ce tourbillon de souvenir qui venaient de s’imposer à elle pendant son sommeil. Sa main se pose instinctivement sur son cou et elle perçoit le regard de Maldwyn suivre son geste. Elle s’étonne à ressentir de nouveau la délicatesse de son toucher malgré le choc qu’il était en train de traverser. Il aurait pu s’affoler et s’énerver, lui crier au visage le monstre qu’elle est avant de tourner les talons. Et pourtant, il avait pris le temps d’égarer sa main dans son cou, plutôt curieux malgré la révélation. Elle se mord les lèvres, peine à affronter son regard mais la colère la submerge. C’est quand elle cessait d’y croire qu’il choisissait de se montrer enfin ? Après ces messages passés sous silence. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, au-delà de chercher à reprendre contact, ce qu’elle voulait surtout c’était le revoir. Même de loin, même dans un silence de mort ou dans une ignorance ostentatoire. Le croiser au loin à la bibliothèque aurait suffi à calmer les spasmes douloureux de son cœur en attente. Un cœur prêt à exploser de sentiments contradictoires. Lise s’éloigne de la porte pour le laisser entrer, presse le pas pour débarrasser la table de ces ouvrages qu’il reconnaîtrait sans aucun doute. Peu désireuse de trahir sa détresse et pourtant ses yeux s’imbibent de plus de larmes qu’ils ne peuvent en contenir. Elle s’excuse, encore. De l’avoir fait fuir. De lui avoir tout révélé et de lui avoir faire peur au point de disparaître du tout au tout. Si elle avait eu ne serait-ce que la moindre idée de où il habitait, son inquiétude l’aurait sans doute mené jusqu’au pas de sa porte. Le contact de Mald dans son dos fait voler son cœur en éclats. Son étreinte lui serre le cœur et lui offre un tel réconfort en l’espace d’une seule seconde que Lise se sent déjà perdre pied. Persuadé qu’il la détestait pour ce qu’elle lui avait révélé. Si ce n’était pour sa nature ou moins pour son mensonge. Ce sont des doigts tremblants que Mald serre dans ses mains. Son corps ne parvient pas à se relâcher encore surprise de cette proximité qu’elle n’avait en rien anticipée. Elle ne l’avait pas vu s’avancé dans son dos, pas plus qu’elle n’aurait deviné qu’il aurait ne serait-ce qu’envie de l’étreindre. « Je sais.. » un souffle. Elle savait qu’il n’y connaissait rien autant qu’elle savait qu’il l’avait déjà découvert. De par le petit show de Célestine, et peut-être d’autres, qu’en savait-elle. Le souffle chaud dans sa nuque réveille les sensations nouvelles qu’il avait réveillé chez elle quelques mois plus tôt et elle réalisé à quel point son contact lui avait manqué. Elle reprend un peu de sa contenance et observe avec attention le jeton qu’il lui glisse entre les doigts. Elle peine à comprendre l’étendue de ses paroles, n’a de doute pourtant sur la source de ce monde dont il parle bien qu’elle n’en sache pas la teneur. La nymphe ressent la présence d’une divinité mais Lise se refuse pourtant d’y croire. L’éventualité qu’il ne soit plus seul maître de son esprit lui brise le cœur L’impossibilité de cette transformation l’angoisse. Malgré tout, la signification de cette pièce lui apporte un soulagement immense. La crainte constante qu’elle avait eu depuis le mois de juin de le savoir se mettre en danger sans cesse. Elle n’était pas mieux et mesurait d’autant plus l’ampleur de cette symbolique. Sa main quitte les siennes avant qu’elle n’ose la rattraper. Elle amorce un geste pour se retourner mais ses paroles la figent. Une stupeur contradictoire alors qu’elle sent Mald s’éloigner dans son dos. Une vague de satisfaction déferle en elle et pourtant elle a un arrière-goût amer. « Mais c’est ce que tu as fait... » Un chuchotement plus pour elle-même que pour l’atteindre d’une quelconque manière. Lise se demandait un instant si Dante avait éprouvé la même douleur lorsqu’elle était partie et l’éventualité qu’elle était été bien plus violente que ça lui  noua la gorge. Si elle en voulait à Maldwyn de lui avoir tourné le dos, elle était pourtant heureuse qu’il soit revenu à elle. Elle était restée quelques secondes à tourner le jeton entre ses doigts avant de se tourner vers Mald, le regard peu franc. « Maldwyn ? Ça va ? » Lise s’empressait de rejoindre son ami qui venait s’écraser sur le canapé, visiblement perturbé par quelque chose. Il semble pressé de partir à peine arrivé mais heureusement pour Lise, prête à contester, Mald change d’avis. Lise referme la bouche entrouverte qui avait failli lâcher un ‘’attend’’ plein de désespoir.  Comme à son habitude, il parle à demi-mot et elle n’en comprend pas exactement la teneur mais elle avait appris à lire les mots là où ils n’étaient pas. « Oui » Le courage lui fait défaut. Bien évidemment qu’elle souhaite également que leurs secrets n’aient plus lieu d’être, qu’ils puissent être enfin entiers l’un avec l’autre. Mais elle n’était pas sûre d’être prête à entendre ce qu’il avait à lui dire. La rousse soupira en retournant à ses livres, continuant de débarrasser la table pour l’unique raison de faire quelque chose plutôt que de rester plantée là à ne pas savoir quoi dire mais une demande la stoppa à peine le geste amorcé. Sa main se figea sur la couverture d’un de ces livres. Elle ne savait jamais sur quel pied danser avec Mald mais ces mots semblaient sortir de nulle part. Ses yeux restaient figés sur les siens, interdite, son cerveau menait seul un combat intérieur submergé par les contradictions de ce retour. « Tu.. tu disparais pendant quatre mois. » Lise se redresse et s’éloigne en se frottant les tempes d’incompréhension. « Je me ridiculise à t’envoyer ces foutus messages auxquels tu ne daignes même pas répondre parce que tu n’en as probablement rien à foutre. Et tu réapparais du jour au lendemain, sans aucun signe avant-coureur pour …  t’inviter dans mon lit ? » Elle étouffe un rire nerveux alors que cette après-midi à la bibliothèque lui revient en mémoire comme une claque en pleine figure. L’impression qu’il joue avec elle s’empare de nouveau de son esprit. Par ailleurs, l’impression qu’il a toujours décidé de tout lui reste en travers de la gorge et pourtant elle regrette déjà la dureté de ses mots. Il lui avait dit qu’elle lui manquait aussi, l’avait prise dans ses bras presqu’aussitôt. N’était-elle pas un peu trop avide tout simplement ? Il lui semble que l’étrangeté de la situation n’est pourtant pas plus coupable que l’incompréhension angoissante de celle-ci. Lise se frotte le visage en soupirant, ses pas l’avaient éloignée jusqu’à la fenêtre d’où elle observait souvent l’eau de la piscine. « Excuse-moi... c’est pas ce que je voulais dire. » Son corps pivota pour lui faire face. « C’est que... je ne comprends pas Mald... » Cette sensation qui l’étouffe quand il s’approche. Y avait-il une nouvelle génération de réincarné dont elle n’avait pas connaissance ? Alors qu’il n’y avait pas eu d’autre tempête ces quatre dernier mois… c’était tout simplement impossible. Et pourtant il y avait bien un dieu dans cette pièce.  « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé Maldwyn ? Pourquoi ?.. » Ses yeux se remplirent de nouveaux de larmes à mesure que l’angoisse s’intensifiait. « Pourquoi t’es comme ça ? » Elle s’avance de nouveau vers lui, affrontant l’aura qu’il dégageait du mieux qu’elle pouvait, essayant de contrôler les tremblements de ses mains et sa respiration saccadée. « Tu ne veux pas m’en mêler mais tu es là. C’est quoi ces problèmes dont tu parles ? » Plus que tout, elle craint les mots qui confirmeront les faits et la confronteront à quelque chose qu’elle n’avait jamais vu avant. Mais surtout, quelque chose dont elle avait cherché à le protéger. L’une de ses main se tendant jusqu’à la sienne, elle l’effleure du bout du doigt avec la crainte d’un rejet après les mots qu’elle venait d’avoir pour lui. « Je vois que tu n’es plus toi... » Parce que tu fais partie de mon monde maintenant.
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We were never really here (Lise) - Ven 18 Jan - 0:24

We were never really here
Lise & Mal

All Hallow's eve, October 31st 2018.

Si je pouvais être quelqu'un d’autre, je crois que je le voudrais pour toi. Oublié ce moi encombrant, les mauvais esprits de ces gestes qui prennent plus qu'ils ne donnent. Faux contact de l'indécision, défoncer les remparts sans retirer l'armure pour autant une fois la guerre finie. Courant électrique, le tonnerre qui gronde d'une tempête en devenir face à tous ces affronts. Se rendre indispensable à ses yeux sans accepter son importance à mon cœur. Un passant qui se croit impassif dans la vie d'autrui, le dommage collatéral dans son sillage. J'aurais pu être un connard dans une autre vie, écraser sans pitié aucune et allumer le bûcher des martyrs sans hésitations. Parce que je suis déjà le feu de forêt qu'on appréhende qu'une fois trop tard, malfaisance insidieuse de celui qui blesse sans même le vouloir. Amitié à moitié, sens unique et trompeur d'intentions bancales. Petits meurtres entre amis, mais je ne suis là que pour le massacre. Peut être que si je l'avais vraiment considérée comme j'aurais dû, alors nous n'en serions pas là. Parce qu'on ne fait pas de mal à ses amis, parce qu’on ne les rejette pas quand on ne peut les comprendre. Je t'avais dit que j'étais toxique, que rien de bon ne résulterait de cette relation. Elle aurait dû rester dans les pages là où elle était sauve, immortalisée sur le papier, jamais changeante comme un mythe fantastique. C'est beau un mythe, mythos, mythomanie. Publicité mensongère et affriolante, le papier peint pour cacher la moisissure des murs. Gueule de Mr Parfait, je t'ai trompée si bien que je me suis trompé moi-même. Je n'ai rien d'anodin, d'innocent. Habile apparence, instinct de survie. Si je révélais mon vrai visage tu aurais fuit car tu aurais compris que je n'en vaut pas la peine. Que je ne suis que maladresse épineuse et problèmes gangrénés. Que je ne sais pas être seul, que je ne sais pas contrôler la direction de mon existence alors je finis par causer des accidents. Encastrés l'un en l'autre, le constat déclaré de deux palpitants qui essaient de battre à l'unisson. Tu n'as pas regardé avant de traverser et je t'ai fauché sans scrupules. Attache bien ta ceinture parce qu'à partir de là, ce n'est plus qu'une longue descente jusqu'en enfer. J'aimerai être quelqu'un d'autre pour toi, mais je ne suis qu'un filet de mots pathétiques.

La migraine s'insinue doucement. Mais ce n'est que le résultat du rejet physique de tous les nerfs de mon crâne contre les voix qui l'assaillent. Par contraste le salon de Lise me paraît terriblement silencieux. Un mal qui vient de l'intérieur, invisible et pourtant prégnant. Elles caquètent, grondent ou piaillent. Un brouhaha qui ne s'étend que d'une hémisphère à l'autre, vibre au travers de mes synapses. Le cerveau n'est pas un muscle mais il joue ce bras de fer constant, un rapport de force physique et pourtant impossible à quantifier. Je m'épuise à les contredire ou les taires, pourtant incapable de supporter les laisser parler. Ne pas leur donner raison, une bataille muette, un calvaire silencieux. Et puis il y a mes propres pensées, celles qui se noient au milieu de cet océan tempétueux. Le soulagement, la honte, le besoin d'être avec elle malgré ce que je lui fais subir. Mes doigts trouvent l'appuie moelleux du meuble sur lequel j'ai échoué, le canapé pour seul point d'ancrage alors que ma vision continue son brouillage systématique, ces feux d'artifice de lumière qui m'explosent sur la rétine. Merry go round round, and come crashing down. La nouvelle voix plus violente que les autres fredonne un instant, m'arrachant un nouveau réflexe; un sursaut abrupt des épaules. J'essaie de poser mon regard sur elle au milieu de cette confusion, mais à la place ce sont ses mots qui m'atteignent. La lance de longinus qui terrasse le dragon, la vérité en plein cœur. Instinctivement mes doigts se crispent, les défenses se dressent par réflexe alors que les murmures s'intensifient. Elle a tort mais elle a raison. Elle me donne envie d'hurler comme elle me donne envie de disparaître. Tu récolte ce que tu as semé La voix féminine est blasée, à peine un souffle. Je ne voulais pas l'ignorer pendant si longtemps, la maintenir hors de mon existence. Je n'ai pas su comment réagir après coup, comment digérer son petit secret. Puis j'en ai amassé à mon tour, j'ai touché le fond et j'ai dû apprendre comment remonter. J'aurais pu lui répondre, elle a tort de croire avoir été idiote. Elle était pathétique pourtant La ferme. Car c'est moi qui l'ai ridiculisée en la traitant comme si elle ne comptait pas, comme si elle n'était rien. Le loup dans la bergerie, impunément prédateur, reniant son extinction. Je l'ai ignorée comme une proie à peine chassée avant de revenir pour un meurtre sauvage sans lui laisser d'autre option.

Le cœur qui bats à cent à l'heure, la volonté qui m'a quitté d'émettre le moindre son. Je rougis d’une honte farouche à la mention de partager son lit, l'envie grondante de défendre mes intentions réelle. Car si j'admets y avoir sans doute pensé par le passé, mes mots étaient bien chastes cette fois. Je préférerai être l'animal à son chevet que l'animal entre ses draps. J'ai juste besoin d'être avec quelqu'un, de sentir une présence vraie pour ignorer celle intangible qui veut s'imposer en moi. La libido au point zéro mais la colère qui doucement s'insinue face à ses mots. Elle s'excuse et je ne réagit pourtant pas. Elle pleure et j'en frémis à peine, l'apathie fatidique qui suit les bourrasques de sentiments. Un trop plein qui finit par se siphonner tout aussi vite car il est préférable de ne plus rien ressentir à ce stade. Ce qu'il m'est arrivé n'a pas d'importance. Il n'y a rien de plus à dire que ce qui a déjà été dit. Pas besoin d'une thérapie de plus pour chercher les causes a effet d'une réalité qui est maintenant la mienne. Pourquoi t'es comme ça ? Une excellente question. Pourquoi m'obstiner alors que je finis par tout réduire en cendres simplement en étant. Changer qui je suis, aplanir mes défauts, devenir quelqu'un d'autre. Elle ne comprends pas que si je suis ici c'est parce que j'ai déjà décidé de faire tout cela. Que je ne veux plus regarder en arrière et hésiter. Que si je ne peux pas changer, alors il ne me reste plus qu'à enfoncer des portes fermées.

Je vois bien que tu n'es plus toi.

J'échappe un souffle que je n'avais pas conscience d'avoir retenu, premier signe de la vie et du temps qui s'écoule encore malgré tout. Je ne me suis pas encore changé en pierre et ces mots sont la foudre qui me fends en deux. Tu n'es plus toi. Un rire nerveux m'échappe, pâle copie de celui qui a percé ses lèvres un peu plus tôt. Je cligne plusieurs fois des yeux. A cet instant et par cette formule magique douloureuse, c'est l'apocalypse qui se déclenche. J'échappe de ses tentatives de contact, je prend à contre vent sa douceur pour la fureur. Mon regard se pose sur le sien, glacial car toute la chaleur s'est nichée dans ma gorge. « Je ne suis plus moi. » Que je répète d'une voix étrange. « Et qu'est ce que tu en saurais, hein Lise ? » La teinte acide pointe inexorablement. « Qu'est ce que tu en saurais quand je ne suis même pas certain moi-même ? » Je glisse brusquement une main dans ma poche pour en sortir un petit tube orange que je pose sur la table basse dans un bruit sec. Je le désigne d'un signe de tête. « Ça c'est tout ce qu'il reste de moi. De ce que je crois être moi. » J'échappe un sourire agacé, les traits crispés. « Mais si t'as des suggestions sur qui je suis, je t'écoute, peut être que ça aiderait à faire avancer les choses. » Je me redresse, titubant d'un léger malaise, ma paume venant retrouver ma tempe. « Je t'ai déjà dit que j'étais désolé de t'avoir laissée, que je regrette avoir fuit comme un lâche. J'aurais dû réagir autrement mais j'ai simplement pas pu. » La colère gronde et gronde encore, comme le tonnerre qui se rapproche, menaçant. Tu es un lâche Maldwyn. Je sais. Elle n'est pas faite pour toi. La voix susurre, entraînante. Tu devrais lui faire mal et en finir maintenant. Un rire pernicieux accompagne la boutade. Stop, je n'en peux plus. Je m'approche doucement d'elle, me cognant malgré moi sur la table basse sans y accorder d'attention. Mon regard est planté dans le sien, et lentement la distance entre nous se réduit à mesure que le gouffre nous enseveli. « Tu veux savoir quels sont ces problèmes Lise ? Ceux dont j'ai voulu te tenir à l'écart ? » La verve violente, je ne lui laisse pas le temps de répondre. « Parce que ça… » Je désigne ma propre tête du bout de l'index. « Est à la fois la source du problème et de la solution. Parce que ça. » Je désigne maintenant la boîte de pilules sur la table. « Est le dernier rempart qui m'empêche de perdre la raison. » Je la toise, menaçant malgré-moi. « Et la folie est contagieuse. » J'échappe un rire blasé, inconscient des larmes qui pointent au travers de la rage. Je passe une main sur mon visage, j'ai du mal à respirer. « C'est ma punition pour avoir fuit mes problèmes trop longtemps, mon purgatoire pour avoir essayé de foutre ma vie en l'air et d'avoir finalement réussi. » La nouvelle voix est hilare dans ma tête, elle jubile de plaisir de me voir souffrir et faire souffrir. Non, arrêtez « Alors oui Lise je ne suis plus moi. » Rauque douloureux, mon corps qui l'accule contre le bureau. « Parce que je suis putain de timbré. » Les mots qui explosent, injustes de violence et pourtant vrais. C'est l'instinct qui me prend au travers des larmes, l'impuissance et la peine. Le besoin d'être sauvé par un quelconque deus ex machina. L'envie toujours prégnante de fuir, de courir le plus vite et le plus loin possible. Mordre la main qui se tend et grogner à la face du monde, le repousser dans son humanité. Je le sens sans le comprendre, cet appel lancé malgré moi. Si le silence se perce à peine de ma respiration irrégulière, au loin l'appel est entendu. Plusieurs minutes douloureuses, les mains contre les tempes à essayer de taire le bruit. Et puis le silence se fait lui aussi dans mon crâne. Ça commence par un grognement, le cliquetis des griffes sur la pierre. Une ombre en filigrane sous la porte d'entrée, une présence inattendue. La bête infernale qui répond à l'invocation du désespoir et de la colère. Elle gratte de ses pattes contre le battant avec acharnement, rode en aller-retours pour chercher une entrée, grognant de son timbre lugubre contre la maison. Je reste tétanisé de cette intrusion soudaine, cet élément perturbateur qui ne m'est plus inconnu. Je pourrais lui dire que les chiens me suivent dans la rue, que leur persistance est anormale, que je peux presque sentir leur présence avant qu'ils n'apparaissent au bout de la rue. Je pourrais lui expliquer tout ça. Mais je lui ai déjà donné la version courte. Je suis devenu fou Lise. L'animal insiste une dernière fois avant de disparaître dans un dernier hurlement alors que mon corps s'éloigne du sien. Je frotte mon visage, l'étrange clarté que cette intrusion m'a apporté. Mes yeux sont humides mais je suis trop épuisé pour pleurer. Trop épuisé pour arriver à articuler correctement. « D'solé… » Je la fuis du regard, tentant de reprendre mon souffle.  « Suis plus… » Je grogne à mon tour, agacé par mon incapacité à parler correctement, lui dire toutes ces choses qui me tiennent à cœur.  « Celui… tu aimais… » Plus d'innocence car j'ai révélé mon vrai visage. Plus de retour en arrière parce que je ne veux plus qu'avancer quitte à souffrir et faire souffrir. Je baisse le visage et m'éloigne sans rien ajouter, partant brusquement en ligne droite vers la porte qui mène au jardin. Besoin d'air frais, de retrouver mes esprits même si ce n'est que pour un bref moment. Être moi, même si je hais qui je suis. Juste un instant avant que quelque chose que je ne peux contrôler ne revienne voler toute mon intégrité.

(c) DΛNDELION
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We were never really here (Lise) - Mer 23 Jan - 21:25

We were never really here
Lise & Mal


L’effervescence de sentiments, une sensation omniprésente depuis qu’il avait décidé de changer la nature même de leur relation. L’évolution pourtant inévitable semblait les mener tout droit au chaos. Tantôt euphoriques, tantôt méfiants, les difficultés à se positionner alimentent la vigilance de la rousse. Un silence radio interminable et un retour autant inattendu qu’inquiétant. Le cœur gonflé d’une appréhension qu’elle ne connait que trop bien. Celle de ne jamais savoir à quoi s’attendre. Confrontée sans cesse à la mouvance de leur relation. L’amitié gérée par les forces lunaires de leurs propres caractères. Trop semblables pour s’accommoder complètement du moment présent. Un pas en avant, deux en arrière. Le mantra désastreux des marées montantes et descendantes. Plus qu’un quotidien, une modalité intrinsèque qu’elle partage avec lui. Animés par la crainte profonde de se dévoiler à l’autre alors que l’issue était pourtant bel et bien là. Persuadée, aujourd’hui plus que jamais, qu’il s’agissait là de la meilleure chose à faire. Apprendre à être soi-même, ne pas avoir peur de ce que l’autre pourrait en penser. Peut-importe ce que Maldwyn pourrait bien lui révéler de nouveau, sa place dans son cœur n’en sera pas perturbée. Gardé en son sein, elle avait chéri son souvenir malgré son absence quitte à en devenir pathétique. S’il fallait qu’elle se dévoile à lui pour qu’il puisse enfin cesser de jouer à chat l’un avec l’autre, elle était prête à le faire. L’étape la plus difficile avait été franchi, celle de la révélation. Le plus dur étant de trouver à la fois le moment et les mots pour le dire. Elle avait choisi de le montrer, pour susciter le choc chez lui et il avait fallu qu’il disparaisse pour qu’elle comprenne qu’elle n’avait jamais voulu qu’il la fuit. Tout au contraire.

Il s’insurge, à raison, de l’accusation de vouloir se glisser dans son lit. Là n’était pas son intention pourtant. La stupidité d’y avoir songé ne serait-ce qu’un instant la rempli de honte tandis qu’elle détaille la couleur qui s’est invité sur les joues de Mald. Elle avait choisi, à tort, la carte de la provocation. Peut-être pour le forcer à réagir. Entendre de sa voix ce que la sienne n’osait exprimer. Ce que son esprit n’osait accepter désirer. Elle aurait mieux fait de s'abstenir. Les excuses ne semblent pourtant lui faire ni chaud ni froid. La sincérité de ses remords ne compte plus parce que c’est loin d’être la première de ses préoccupations. Ce sont les angoisses qui s’expriment à voix haute. Pourquoi ? Difficile d’accepter une réalité que l’on ne comprend pas. Elle comprend désormais, Lise. Pourquoi il avait tourné les talons. Et pourtant, pas une seconde elle n’a envie de fuir. La différence étant qu’il s’agissait là de son monde à elle, et qu’elle ne le craignait plus. Pourtant, la sensation la submergeait toute entière. Ses pas s’approchent un peu et ses yeux se posent sur son pull, abandonné sur l’assise, qu’elle avait gardé en totem, témoin du dernier geste affectif qu’il avait eu pour elle. La délicatesse d’avoir passé la maille sur ses épaules pour couvrir la carcasse trempée. Et pourtant, il avait compris. De ces hypothèses loufoques qu’elle avait imaginées, elle aimait à croire qu’il le lui avait sciemment laissé. La promesse d’un retour qu’elle avait cessé d’espérer. Elle cherche à en savoir plus sur ces problèmes malgré la gorge nouée qui invitait des tremolos dans sa voix. Son cœur ne voulait pas y croire, espère bêtement qu’il dissipe ses doutes vers des ennuis les plus mortels qui soient. Mais elle ne pourra plus se voiler la face bien longtemps. Il n’est plus lui. Si c’est ce qu’elle ressent le plus en cet instant présent, c’est le mot de trop. Presqu’éteint jusqu’à maintenant, en proie à ses propres démons, le visage se métamorphose en un instant. Le rejet de son contact lui glace l’échine. Réflexe de se refermer sur elle-même, le corps pivote légèrement pour s’éloigner. Les mains se renferment l’une sur l’autre, s’empêchant d’esquisser le moindre geste de nouveau. Le mot de trop prononcé et la vague s'écrase sur elle.

De ces changements de comportements pourtant fréquents, dans leur valse de lunatiques dans les bras l’un de l’autre, Mald ne lui avait encore jamais imposé un visage si froid. Le regard qu’il posait sur elle lui brisa le cœur. Des pointes d’acier acérés qui se plantent les unes après les autres dans une précision chirurgicale. Le ton menaçant est dérangeant, et pourtant elle n’a pas la force de réagir. Mise au pied du mur, elle sait que Mald reprend le dessus. Si d’ordinaire elle s’opposerait à ce genre de comportement, elle ne pouvait rien faire face à lui.  Pas même lorsqu'il pose violemment un flacon sur la table. Le corps se crispe, luttant contre le raz-de-marée d’incertitudes. Elle ne comprend pas la situation, s’angoisse de le voir se mettre dans tous ses états sans savoir de quelle manière l’apaiser. Les dents qui mordent nerveusement ses lèvres jusqu’à se faire mal, le buste se penche pour lire l’étiquette du flacon. « Non… » Frénétiquement, elle secoue la tête en reportant son attention sur lui. « Attend mais t’as pas besoin de ça… » Murmure perplexe trop peu assuré pour s'imposer réellement. Il pensait perdre la raison alors qu'elle lui était volée par un autre. Dépossédé de ce qui le caractérise en tant qu'humain, il n'était plus seul. Et pourtant. C'est le désespoir qu'elle lit sur son visage. Il se relève, s'approche doucement mais Lise reste pétrifiée, à chercher ses mots pour ne pas le brusquer. Bien sûr qu'elle sait qui il est. Qui il était, et qui il est devenu. Le fait est qu'il ne semblait pas le comprendre lui-même.  « Maldwyn écoute.. » Elle tente simplement de l'apaiser d'une voix calme, se voulant chaleureuse mais elle comprend vite qu'il n'est pas prêt à l'écouter. L'attitude provocatrice tente de lui faire comprendre qu'elle n'est pas en mesure de lui rétorquer quoi que ce soit. Qu'est-ce que tu en saurais? Il ne sait pas lui-même qui il est, elle commence à le comprendre et faire tous les efforts du monde pour rester calme ne semblait en rien l'apaiser outre mesure. Bien au contraire, le ton hausse et se fait d'autant plus violent. Le désespoir et la menace s'entrechoquent. Le chaos, lui, est bel et bien contagieux. Finira par les engloutir tout entier s'ils ne parviennent pas à calmer l'un comme l'autre cette déferlante d'émotions. L'un s'agite plus que de raison et l'autre s'écrase d'impuissance. L'envie de lui attraper les épaules pour le secouer lui traverse l'esprit. Pour le raisonner. Le faire revenir à la raison. Puisqu'il ne semblait pas comprendre l'étendue de ce qui est en train de lui arriver. Lise se fait violence, les poings se desserrent et les paumes se font douloureuses de ces ongles relâchés.

La main tente de s'approcher de la sienne mais déjà elle se dérobe à elle. Il se frotte le visage, perdu. Les mots ne parviennent pas à se frayer un chemin face à son agitation. Il lui semble qu'elle tremble comme une feuille, petit être pathétique qu'elle devient devant Maldwyn. « T'as finalement réussi? » C'est le seul détail qui l'interpelle jusqu'à là. L'interrogation inquiète de peut-être mettre le doigt sur une explication. Maldwyn la fait reculer malgré elle, jusqu'à ce que la tranche du bureau s'écrase sous ses fesses. Son air menaçant la fatigue et le regard qu'elle lui communique se fait d'autant plus dur. Je suis putain de timbré Elle secoue la tête frénétiquement, incapable d'accepter la situation. Il ne comprenait simplement pas. « Arrête ! Je te dis que t'as pas besoin de cette merde. » Elle s'agace à son tour. «  T'es pas fou Maldwyn ok? Alors cesse de me crier dessus et écoute ! » Une main fébrile qui se pose sur son bras mais ses mots ne semblent pas l'atteindre. Il enserre ses tempes de ses mains, luttant contre la voix dans sa tête. La nymphe connait le mécanisme, même si elle a connaissance des quelques différences qu'il peut y avoir avec sa présence à elle. « Hé, écoute-moi …  » La voix brusquement plus calme, ses mains viennent se poser tout contre les siennes dans l'espoir de le faire sortir de cette lutte avec lui-même. « Concentre-toi juste sur moi » Les mains forcent son visage à se redresser pour le regarder, en vain. « Maldwyn tu es plus fort que .. » lui, reprend le dessus. Coupée par la présence qui s'invite à sa porte d'entrée, elle se penche pour observer la porte. Les lèvres s’entrouvrent d’une incompréhension flagrante. Ça gratte à la porte, renifle sous le battant avec une férocité hors norme. La bête fait les cents pas sur le perron et Lise se plonge dans une torpeur violente sitôt celle-ci se met-elle à hurler. Ce n’est qu’à ce moment que ses yeux font des allers-retours entre la porte et Maldwyn. Pas que le lien soit flagrant mais elle se demande si la présence soudaine d’une bête derrière sa porte qui n’est surement pas venue là par hasard. Il ne semble pas choqué de l’intrusion et étonnement silencieux. Lui qui ne lui avait pas laissé en placer un, à lui prouver par a+b qu’il est devenu fou. Il avait cherché à lui faire peur encore, pour une raison qu’elle ne parvient pas à déceler. Si c’était un mécanisme de défense il était loin d’être justifié. Venu de lui-même, sa colère avait quelque peu décontenancé Lise, déjà bien trop perturbée par sa seule présence. Ses doigts deviennent douloureux, les extrémités blanchies de ces doigts agrippés au bois derrière elle. Malgré la porte qui les séparait de l’animal, l’attitude ressemblait plutôt à celle d’un loup en chasse qu’à un chien. Peu-importe ce qu’il pouvait être, l’animal cessa de s’acharner sur sa porte et s’en alla avec autant d’improbabilité qu’il était venu. Le souffle se relâche, la pression retombe. Son irruption soudaine avait au moins le bénéfice d’avoir fait retomber l’atmosphère tendue et agressive. Ce n’est pas le soulagement qu’elle lit sur son visage mais un épuisement profond. Vidé de son énergie, il articulait à peine une excuse.

Les sourcils se froncent, les connections se font tout doucement. Le dieu avait donc appelé le chien ? Elle ne peut poursuivre son inquisition alors qu’il s’éloigne et que ces mots, bien que hachés et prononcés avec difficultés la percutent de plein fouet. C’est son souffle qui se coupe, le regard qui reste bêtement planté dans le sien à peine quelques secondes avant qu’il ne disparaisse dans le jardin. Et elle reste plantée là à se disputer elle aussi avec elle-même. Celui que tu aimais. Le corps se redresse brusquement, désormais plus choquée par ces derniers mots que par tout le reste. « Mais non ! » Jamais il n’avait été question d’aimer et pourtant elle peine à se croire elle-même. Elle se dirige à pas pressés vers l’extérieur. « Comment ça ? » L’affection était bien là pourtant, alors qu’elle restait des mois durant à attendre qu’il ne revienne. Même après avoir collé son corps au sien et fait de ses lèvres les siennes, elle nie « C’est toi qui... ? » Elle fait les cents pas, bras croisés et mine contrariée pendant quelques secondes, mais ça ne dure pas. « Non, en fait, c’est pas le propos. » Elle balaie d’un revers de main ces mots qui la confrontent à elle-même plus que de raison pour s’approcher de lui. Un grognement avait dépassé ses lèvres, aussi étonnant que ça puisse l’être, là était la raison de sa présence ici. Il n’était pas question de son cœur, mais de l’esprit de Maldwyn. « Ecoute.. » Souffle échappé, elle se donne un peu de courage pour affronter le dieu à qui elle fait face. Mais les mots restent bloqués, encore. Elle s’approche doucement pour se saisir de l’une de ses mains. La délicatesse de ses doigts qui caressent le dos de sa main ne cherche qu’à apaiser ses maux. « L’épreuve la plus difficile est de ne pas se perdre soit même. Mais tu n’es pas seul face à ça. Je suis là… Je sais ce que c’est d’avoir l’impression de ne plus être la même personne. » Lise s’éloigne de quelques pas pour s’approcher du bord de la piscine. « Quand je t’ai dit que tu n’étais plus le même... Ce n’est pas vrai. Je… J’ai paniqué. C’est comme quand je te disais que je n’étais plus la même en dehors de nos livres. Et pourtant si... On ne fait que s’imposer cette limite, mais on reste les mêmes. » Le corps s’abaisse pour glisser un pied dans l’eau, elle tente bêtement d’illustrer ses propos en haussant les épaules. « C’est pas grave toutes ces. .. bizarreries... on apprend à vivre avec » Les yeux se concentrent de nouveau sur les siens alors qu’elle revient vers lui. « Tu es plus fort que lui Maldwyn. Crois un peu plus en toi, aujourd’hui plus que jamais. » Elle regarde alors ses pieds en se pinçant les lèvres. Ca n'est pas dans ses habitudes de chercher à réconforter l'autre, elle s’efforce pour que la colère ne le submerge pas de nouveau. « C’est une question d’adaptation, pas de folie. » Lise ne tient pas en place, trop inquiète de trouver les mots , elle fait les cents pas, finit par s'éloigner un peu, trop peu assurée de ce qu'elle s'apprête à dire. « T’es quelqu’un de formidable Maldwyn et tu sauras surmonter ça. » Elle lui tourne le dos à moitié, n’osant pas affronter une seconde de plus son regard. « T'as l'air épuisé.. Je te laisserais mon lit d'accord? » Les secrets révélés, la volonté formulée de continuer dans ce sens, qu’il ne doute pas qu’il puisse s’ouvrir à elle autant qu’il en ait besoin.
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We were never really here (Lise) - Jeu 24 Jan - 1:58

We were never really here
Lise & Mal


Il y a une cathédrale d'étoiles au dessus de ma tête et un cimetière de mots sur mes lèvres. Le silence du deuil des sentiments, l'apathie qui me prend et me berce un peu plus contre le mur. Le néant sur les paupières, lourdes de fatigue mais surtout paresseuses face à l'impuissance. J'ai passé une décennie à craindre le sommeil et maintenant je n'espère que ça. Mes cauchemars me semble bien indolores face à la virulence des voix qui harcèlent ma conscience éveillée. Comme un coup constant entre les côtes, des compagnons mal avisés qui passent leur temps à m'interrompre. Être en conflit d'arguments incessants, devoir se faire le leader d'un tout terriblement hétéroclite et indécis. Et ce tout c'est moi, ce qu'il en reste. Ce n'est pas un fardeau que je peux partager parce que par définition je suis le seul à exister dans ce petit monde, cet univers parallèle où je suis entouré de ces entités vocales. Cette autre dimension ou les sons sont des lumières et où le moindre bruit se transforme en echo des profondeurs. C'est quelque chose que je ne peux pas exprimer parce qu'il faudrait le vivre pour le comprendre. Si la psychiatre me fait parler c'est surtout pour m'aider à reprendre le contrôle, ignorer ces autres mains qui tentent de tirer dans toutes les directions. Alors que peut-elle faire de plus ? Qu'est ce que la voix de Lise peut bien apaiser quand elle ne me cause que plus de tourments par sa simple présence ? L'air qui se raréfie, mes poumons qui étouffent sur le vide de ce trou béant dans ma poitrine où se jettent toutes ses attentions. Elle essaie de me réconforter, de se rapprocher, pôle positif aimant de ma négation. Mais on s'entrechoque trop vite et trop fort; alors on se repousse pour mieux reprendre nos formes respectives. Pour mieux réfuter cette envie de se fondre l'un dans l’autre pour pouvoir mieux exister. Parce qu'au final je suis seul face à une multitude, seul avec ces moi-mêmes emplis de malheur. J'ai été injuste avec elle une encore une fois, le sarcasme insolent et la détresse violente. Mais à quoi bon l'écouter quand sa douceur se perd contre la raideur de mon cœur mortifié. Le palpitant qui refuse de battre comme avant, de continuer la bataille; l'abandon total de la guerre. Mon corps est insalubre à héberger le sien, il n'y a plus de place dans mes pensées profanes pour l'espoir de pouvoir rester à ses côtés. Alors j'ai demandé cette nuit comme la dernière, demeurer avec elle avant que le soleil ne brûle ma noirceur jusqu'à l'os.

Comme des feuilles mortes dans le bleu trop bleu, la lumière qui se reflète dans mes yeux et m'éblouit. La surface ondulante, le silence à peine dérangé par le clapotis contre le carrelage. C'est quelque chose que je n'aurais pas pensé trouver en poussant la porte. Pas dans cette partie du pays avec sa météo capricieuse. Et pourtant l'eau s'étend devant moi comme ce jour-là l'océan, sagement contenue dans son environnement filtré. Quelques insectes morts noyés et je me prend à envier leur sort, punaisé par mes propres doutes collectionnés. Chancelant sur le rebord, équilibre précaire d'avant en arrière qui joue nonchalamment avec le danger. Ce n'est que lorsqu'elle me suit finalement que je m'éloigne légèrement des profondeurs carrelées. Le regard qui fuit, le corps aussi, la culpabilité d'avoir éclaté comme un volcan mais n'avoir pu faire autrement que d'écouler les laves avant de m'asphyxier de ma propre toxicité. Je sais que je ne suis plus le même et que je n'ai pas d'autre choix que de faire avec. Que cette identité après laquelle je cours n'est devenue qu'un mythe idéalisé. Mais je ne suis pas stupide au point de croire que tout homme dans ma situation se laisserait diagnostiquer un cas sans issue. Au final je ne suis qu'un chien qui me mord la queue, incapable d'accepter le changement. Je ronge et ronge encore, cherchant à me défaire de cette laisse, ce collier autour du cou qui essaie de me pendre au sommet de mon égo. J'ai accepté que mon monde soit différent, fantastique. Mais je ne suis pas prêt à laisser ma psyché s'évader dans ses élans fantasques. Plus que ce qui m'entoure, j'ai besoin de me contrôler pour continuer d'être. Si j'avais peur des ondes que j'étais capable de causer, maintenant j'ai l'impression de jeter un pavé entier dans la marre.

Elle fait les cent pas, marmonne des mots que j'écoute sans les entendre. Elle a essayé de me dire quelque chose mais je ne l'ai pas laissé faire. A quoi bon ? À quoi bon la laisser me persuader que je suis effectivement plus fort que tout ça, tous ces objectifs positifs comme ceux que les docteurs veulent vous voir atteindre. Un semblant de progrès, mais il n'y a jamais vraiment d'issue avec une condition que je vais certainement porter à vie. Pas d'issue sauf celle ultime, la paix définitive. Ça viendra plus vite et plus violemment que tu ne le crois. Le ton est mauvais, cette nouvelle voix qui ne cherche qu'à me tourmenter. Lise qui m'a ordonné de me concentrer sur elle mais elle ne comprends pas; que si je fais cela ma piètre maîtrise sera perdue à jamais. Me supplier de l'écouter mais je suis déjà trop pendu à ses lèvres. Te concentrer sur elle, sur combien tu la veux. Sur combien tu vas la faire souffrir en étant égoïste. Petit salopard cachotier qui minaude et prétend s'offusquer lorsqu'elle démasque ta demande faussement chaste. La voix continue de dominer, bien vite rejoint par un timbre féminin qu'elle laisse étrangement parler sans l'interrompre cette fois. Vous n'êtes pas fait pour perdurer, comme vous n'avez pas perduré avec Delilah. Tout ceci n'est qu'une illusion Maldwyn, tu es fais pour rester seul. Terriblement, pathétiquement seul. Ce n'est pas vrai, fermez-la. Arrêtez. ARRÊTEZ. La main de Lise effleure la mienne et m'arrache un sursaut, mon regard se posant lentement sur ce contact avant de se relever vers son origine. Une larme a coulé sur ma joue malgré moi, je cligne des yeux avant de la chasser d'un revers. Mon attention se porte sur la surface aqueuse, encore apathique, pourtant cette fois j'entends en plus d'écouter. Je la laisse parler sans l'interrompre, essayer de me réconforter encore. Je lui dois bien ça pour l'avoir martelée de mots mauvais, pour l'avoir acculée sans lui avoir donné le choix. Et elle m'accule à son tour, de douceur cette fois. Au fond de moi j'entends la voix rire et j'ai bien envie de l'accompagner, mais l'animosité n'y e plus. La fierté à disparu, les armes déposées au sol, reddition prophétisée en son nom. Je ne peux m'empêcher d'être touché par ses efforts pour essayer en vain de me calmer, me rassurer. Je céderais presque facilement à sa sincérité si je ne restais pas persuadé de la futilité de tout ceci. Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur sa présence tantôt proche tantôt distante. Elle ne sait pas comment m'aborder, papillon sur une flamme qui a peur de l'éteindre. « Tu n'as pas besoin de me laisser ton lit… le canapé suffira… » Je finis par retrouver la parole, mutisme plus aussi acharné. Le ton faible, presque murmuré. Je me borne cependant à ne pas la regarder. Elle dit que je suis plus fort que lui. L'usage de pronom étrange, le problème personnifié. « Mais de quoi tu parles… Je n'aurais jamais dû t'imposer tout ça. Je ne suis pas fort Lise. » Je fais quelques pas pour me positionner sur le rebord à ses côtés, m'agenouillant pour tremper ma main dans l'eau. Glacée. « Ce n'est pas pareil… » Que je commence d'une voix un peu tremblante. Elle parle de ce jour là à la bibliothèque, celui qui a tout changé. Mais ce n'est pas pareil. « La voix en toi elle te dit d'aller nager avec les poissons, elle essaie de te laisser à l'océan et t'invite dans les profondeurs. Moi les voix elles me disent que je serais mieux six pieds sous terre. » Je finis par me redresser, osant enfin la regarder. « Ce n'est pas un environnement tangible auquel je dois m'adapter. C'est le bruit constant de pensées qui essaient de s'imposer aux miennes. Des voix qui me tirent vers le bas, d'autres qui veulent faire le mal. Une voix qui te ferait du mal pour mieux m'en faire si elle le pouvait Lise. » Je me rapproche doucement d'elle, gardant pourtant une distance de sécurité entre nous. « Je sais que tu as envie d'être là pour moi, que tu veux comprendre ces choses là et que tu as ton propre lot de bizarreries et de démons. Mais tu n'es qu'une petite sirène tourmentée et je ne suis qu'un simple humain avec des problèmes psychiatriques. » Je scelle le constat d'un pauvre sourire, détournant le visage avant de me baisser de nouveau contre le rebord. Je joins les mains, amenant le liquide au creux de cette coupe de fortune. Je lève le précieux contenu au dessus de son front, l'eau gouttant sur mes poignets avant de la faire perler doucement sur son visage pour en laver le maquillage. Les marques grossières sur ses traits disparaissant, laissant place aux cicatrice invisibles. Je recommence l'opération une seconde fois, versant l'eau gelée avant de poser mes doigts trempés de chaque côté de son cou, mon corps irrésistiblement plus proche du sien. Je caresse la chair à cet endroit, celui où se cache les attributs marins que j'ai pu constater la dernière fois. « Pour toi Lise c'est facile de m'emmener dans ton monde. Je ne peux pas en dire autant. » Je pose mon front contre le sien. « Je ne peux pas te montrer la manière dont Maldwyn Jones disparaît petit à petit pour devenir autre chose. Si tu me couvre de tes draps, j'aurais peut être disparu au matin. » Mes mains remontent contre son cou et viennent fermement agripper sa nuque. « Ne me laisse pas. » Ordre naïf, complainte innocente. Ne me laisse pas me briser. Ne me laisse pas tomber dans ce gouffre sans fond. « Montre moi encore Lise… ce que tu es vraiment. » Parce que je ne peux pas t'expliquer combien ces instants seront peut être les derniers que je pourrais clamer comme m'appartenant vraiment.
(c) DΛNDELION
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We were never really here (Lise) - Ven 25 Jan - 1:52

We were never really here
Lise & Mal


Une fois de plus, ils semblent ne faire que s’entrechoquer. L’évidence intrinsèque d’une néréide soumise aux caprices de l’océan. Mouvement incessant des flots qui s’écrasent sur le rivage. Personnification des profondeurs, elle s’avance pour mieux reculer. Parce qu’elle n’a pas sa place au-devant quand tout tente de la ramener vers l’arrière, l’empêchant de sortir la tête de l’eau. Dépendance éternelle d’un esprit sempiternel s’emparant du sien. Elle avait vécu la douleur du renouveau, le désespoir de ne plus se sentir soit lorsqu’un autre murmure à son oreille. Elle tente d’être l’une de ces voix, espère se faire entendre plus fort que celle qui inonde l’esprit de Maldwyn à tel point qu’il n’écoute plus. Il n’est plus là, prisonnier de sa propre cage. Esprit enfermé par un autre qui n’a de cesse de vouloir le dominer. Impuissance ignoble qui s’impose plus que jamais. Il lui file entre les doigts tandis qu’elle tente de le hisser vers le haut mais peut-être qu’il n’as plus envie de saisir cette main qu’elle lui tend. Elle avait bon espoir pourtant, de capter son regard pour le ramener à lui mais il perdait pied tout aussi vite. Le corps pétrifié par une intrusion qu’elle ne comprend pas. Visite surprise effrayante et insistante qui le fait toute fois à peine réagir. Puisqu’il sait. En rien dérangé par la présence qui gratte sa porte, babine toutes retroussées qu’elle peut imaginer sans aucunes difficultés. Parce que ce n’est pas la première fois. Ca la frappe l’instant d’après, la stupeur calmée précède à la clarté des agissements de son dieu. Le doute n’a plus sa place quand elle le voit littéralement vidé. Peu habitué à ce qu’on lui pompe sa propre énergie, il s’enfuit vite à l’extérieur. Malgré les températures fraîches, elle ne l’empêche pas de sortir. Parce qu’il a surement besoin de prendre l’air justement. Tandis qu’elle reste à l’intérieur, dans un combat personnel où son cœur est bientôt KO. Il n’a jamais été question de ça, d’aimer. Parce qu’ils sont qui ils sont. Deux être destinées à s’entrechoquer. Se rapprocher pour mieux se repousser. Incapables l’un comme l’autre de s’abandonner complètement. Cœur au désespoir qui pourtant ne désir que d’être encerclée de ses bras. Elle ne pense pas l’avoir idéalisé lorsque de leurs écrits, ils se confiaient l’un à l’autre. Parce qu’elle était plus simple dès lors, la confidence. Quand l’affront du regard n’est pas en place de réduire à néant le courage que l’on se cherche. Des confessions à demi-mots parfois, certes, mais tout aussi sincère. Lise n’a jamais été prête à entendre de ses lèvres qu’elle l’aime. Parce qu’elle n’en est pas certaine elle-même, ni même ne s’est réellement posée la question. Elle se contentait de prendre avec reconnaissance l’affection qu’il voulait bien lui donner. Mais leurs incessants allers retours ne l’ont jamais permis de se confronter à ses propres sentiments. Si ces mots la tourment davantage qu’elle ne veuille l’accepter, c’est bien sur les maux qu’elle doit se concentrer.

Elle voudrait lui faire comprendre qu’il n’est pas question de folie. Si tel était le cas, alors Arcadia tout entière serait folle. Peut-être même qu’elle l’est de toute façon mais pas de la manière dont il l’entend. Il reste hermétique à ses paroles, rôles inversés de flots de parole contre mutisme. Elle cherche ses mots Lise, tente au mieux de lui dire que ce n’est pas une fatalité. Ils finissent tous par s’y faire, et bientôt il prendra goût à vivre avec son Dieu. Elle craint déjà ce moment, s’inquiète de le voir se laisse submerger par l’égo de ces réincarnations infinies. Pour le moment du moins, il semble de nouveau avec elle, yeux ronds de ce contact auquel il ne s’était pas attendu. La simplicité de sa main dans la sienne qui le reconnecte de nouveau à elle. La délicatesse d’un geste qui lui manquait terriblement. De leurs mains toujours attirées l’une par l’autre, concrétisation de la toile qu’ils avaient su tisser entre eux des années durant. Cette urgence, de sentir l’autre près de soi alors que la distance avait été le maître mot de leurs rencontres silencieux. Besoin de créer quelque chose de tangible auquel s’accrocher aujourd’hui. Pour autant, elle s’éloigne pour se rapproche de nouveau. Repartir encore. La marée qui ne parvient pas à se calmer, parce qu’elle ne sait pas comment faire Lise. Comment lui dire que ça va aller et qu’il n’a pas besoin de laisser la colère le submerger de nouveau. Elle peut tout entendre quand les dieux font partie intégrante de son monde. Elle l’intime de trouver cette force en lui pour qu’il parvienne à le maîtriser. Il ne dit pas un mot, peut-être qu’il craint de l’interrompre. Peut-être qu’il trouve ses tirades bancales inutiles et vides de sens. Le second pied vient s’enfoncer dans l’eau par simple plaisir cette fois, rassurée de constater que sa tentative de réconfort n’ait pas provoqué au contraire la colère d’un Maldwyn qui se serait braqué. Tout ce qu’elle essayait de faire c’était de dédramatiser la situation. Si elle n’y comprenait toujours rien, elle savait qu’il finira par vivre avec, s’adapter à cet intrus dont l’origine reste un mystère. C’est lorsqu’elle parle de lui laisser son lit qu’il répond enfin. Parce qu’il ne croit pas en ce qu’elle venait de lui dire. Ou parce qu’il s’agissait là du seul sujet tout à fait humain qu’elle aborde. Il ne sait pas de quoi elle parle en fait et ça l’interpelle un instant. Il s’approche de la piscine pour toucher l’eau à son tour, rétorque que ce n’est pas pareil et parle de plusieurs voix. Elle aurait pu s’inquiéter de savoir comment il avait compris pour les profondeurs bien qu’elle n’ait jamais douté de sa perspicacité incroyable. L’invocation de ces voix l’inquiète davantage. L’incompréhension l’amène à se poser la question d’une réincarnation multiple. Elle tendance à dire que ça doit être du jamais vu, mais sa réincarnation elle-même est jamais vue. Pour autant, ça lui semble plus impossible que l’hypothèse que son dieu ne provoque ces voix dont il parle. Le sourcil arqué et le regard défiant, l’attitude se fait un brin provocatrice. Lui faire du mal ? Bien sûr. Si elle ne doute pas de la perfidie de certains dieux, sa confiance en Maldwyn est sans faille. « Parce que tu crois que j’ai pas failli y rester dans ces profondeurs ? Tu penses que j’ai toujours été comme ça, à aller nager avec les poissons ? J’étais tout aussi humaine que toi avant Maldwyn et je dois juste vivre avec tout ça... » Bien sûr qu’il n’a pas a s’adapter à un environnement tangible, elle est créature, il est dieu, les différences sont là. Et c’est d’autant plus vrai pour les nymphes. Mais elle a dû apprendre a vivre avec son autre, elle aussi. « Au-delà de s’adapter à un environnement pour certain, c’est surtout s’adapter à présence de l’autre… Aux autres dans ton cas. » La moue boudeuse qui s’imprime sur son visage. Incertaine de savoir comment prendre sa dénomination. Qu’une petite sirène tourmentée … Elle le prend mal, mais elle comprend surtout qu’il pense n’être qu’un humain. Et puis ça la frappe de plein fouet. La violence d’une révélation. Information précieusement oublié pour mieux mettre les pieds dans le plat. La première différence entre les réincarnés et le monstre qu’elle est. Elle a su, dès l’instant où elle s’est réveillée sur le rivage, qu’elle appartenait à l’océan. Eux ne savent pas, ne comprennent pas, s’inquiètent et s’angoissent d’agissements qu’ils ne comprennent pas. Long soupire qui s’échappe d’entre ses lèvres. L’idiotie d’avoir oublié l’information capitale lui coupe la parole. Elle se laisse faire, suivant bêtement des yeux l’eau que Maldwyn amène jusqu’à son visage. L’eau coule sur sa peau jusqu’à glisser le long de son cou. Ses mains retirent le peu de maquillage dont elle s’était grimée en ce soir d’halloween. Il ne lui faut pas insister beaucoup, même le contact même léger de ses mains comblent doucement le trou béant qui s’était creusé dans son cœur de son absence. Mains qui viennent encercler son cou. Le geste lui arrache un sursaut de surprise, la sensation qui se réveille. Une sensibilité accrue à ses doigts qui caressent n’est pas sans réveiller quelques papillons. Elle s’humidifie les lèvres alors que son front vient se poser contre le sien. Un autre de ces gestes qui lui était devenu familier et qu’elle accueille avec soulagement. S’accorde à croire que son absence n’a pas détruit ce qu’ils avaient tissé ensemble. Le souffle chaud de Maldwyn contraste avec les doigts gelés qui se glissent à la racine de ses cheveux. Lise fait de même, enserre son cou de ses mains fébriles. « Je t’interdit de disparaître de nouveau Maldwyn. » Si elle avait pour ordre de ne pas le laisser, il avait la réciproque d’au moins ne pas s’en aller de lui-même. Elle ne supportera pas qu’il lui tourne le dos de nouveau, d’autant moins après une simple soirée passé ensemble, comme une piqûre de rappel douloureuse. Montre moi.. Elle se crispe à ses mots, interdite. Les yeux plantés dans les siens cherchent une explication à une demande si soudaine. La curiosité de voir la créature. Bête de foire qu’elle était aux yeux des humains. La déglutition difficile, le cerveau qui s’agite à peser les pours et les contres, chercher des contres arguments alors que les secondes s’éternisent. Puis elle capitule. Brise le contact de leurs peaux pourtant au combien réconfortant.

La néréide s’assoit au bord de la piscine sans dire un mot, glissant ses jambes dans l’eau. Les doigts s’agrippent au rebord avant qu’elle ne se glisse dans l’eau. Yeux fermés, elle convoque l’énergie nécessaire à la transformation d’une partie de son système respiratoire. Les volants de peaux se déploient tandis qu’elle lui tourne le dos. A l’abri de son regard pour qu’il n’aperçoive pas la mutation de ses chairs. Elle regarde ses doigts qui se palment doucement d’une fine couche de peau. Elle n’ose pas en dévoiler d’avantage mais pourtant la maitrise lui fait défaut. Elle se retourne, le rouge monté aux joues de se montrer ainsi alors qu’il ne s’agit que de mains palmées et de branchies. Elle a cette chance de pouvoir se transformer par à-coups, s’évitant la fatigue d’une transformation complète à chaque fois. La nymphe s’approche du bord pour y poser ses mains à la vue de son amie. L’effroi de voir quelques écailles lui parcourir les bras l’embarrasse davantage. L’accident de parcours d’être allée un peu trop loin lui fait baisser le regard. Elle ne parvient pas à l’affronter. « Qui je suis vraiment hein.. » Qu’elle murmure entre ses dents. Un monstre, qu’elle est. Au moins l’attention de Maldwyn se déporte sur elle. Elle n’ose pas en dire d’avantage, rebondir sur les quelques mots qu’elle avait laissé sans réponse, de peur de faire marche arrière. S’il pouvait se sentir apaisé et loin de l’état de colère dans lequel il s’était mis, c’était tout ce qui lui importait. « Tu sais le phare.. » Les lèvres qui se pincent, la douleur de l’aveu pour le détourner de ses propres tourments. Ce chemin de traverse fonctionnera-t-il au moins ? Elle ose enfin reporter son regard vers le sien. S’éloigne pourtant du bord pour reprendre un peu d’aisance de mouvement. « Mon père adoptif venait de mourir.. » Le regard nostalgique se pose sur la véranda où il avait ses habitudes de lecture. « J’ai pensé que la seule chose à faire pour faire taire la douleur c’était de l’éteindre définitivement. J'étais seule... J’avais toujours eu peur de l’océan, mais j’adorais cet endroit tu sais… là où tu m’a amenée. » La coïncidence qui avait créé le chaos dans son esprit. « J’ai sauté du haut de la falaise… Et la petite humaine que j’étais a sombré dans les profondeurs de l’océan » Un soupire las et l’œil las qui s’évade vers le tableau peint dans le ciel. Elle était morte ce jour-là. « J’aurais dû rester là, perdue comme d’autres, offerte à l’océan. Sauf que je me suis réveillée sur le sable, et depuis, elle est là dans ma tête. » Sa main se pose sur sa tempe pour illustrer. Ca fait quinze ans qu’elle est là, il finira par s’y faire aussi, elle n’en doute pas. Ses bras l’amènent de nouveau vers le bord où il se trouvait. Tu n’es pas seul à te réveiller habité. Ca va aller..
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We were never really here (Lise) - Lun 28 Jan - 0:20

We were never really here
Lise & Mal


Étouffé dans ma propre chrysalis, la fine membrane de pensées qui tente encore de retenir le changement. Esprit métamorphosé, les ailes encore frêles de ces nouveaux horizons. La peur de voler si c'est pour finir dans un brasier, s'élever pour mieux retomber alors je préfère rester au fond du trou. Peut être que je finirais par m'habituer, peut être que je saurais vivre avec cette partie de moi manquante comme on survit et s'adapte à un œil en moins. Un cœur en moins. Parce qu'il gît au fond de mes entrailles, qu’il se noie dans le malaise et l'impuissance. Vivre avec le vide, un ensemble de pièces détachées qui ne laisse plus distinguer le puzzle achevé. Des portes fermées dont j'ai perdu la clé et des chemins qui ne mènent nulle part. Est-ce que j'ai déjà jamais été complet au final, alors que je cherchais déjà à tromper le sommeil et les cauchemars en me perdant dans des paradis artificiels. A quel moment me suis-je vraiment oublié ? À quand remonte la dernière fois où je n'ai pas ressenti le besoin de me poser cette question ? Est-ce que cet avant et après a déjà eu lieu sans même que je ne m'en aperçoive ? Ai-je jamais vraiment été heureux par le passé, vraiment normal ? Je n'arrive pas à me souvenir. Les années passées avec Delilah, l'impression que tout était possible lorsque nous étions ensemble. C'est sans doute ce qui m'a permis de survivre un temps, se compléter à deux pour pouvoir continuer d'avancer sans encombres. Bien avant elle c'était sûrement le rôle de mes sœurs et de ma grand mère. Je crois toujours m'enfermer dans la solitude mais ce n'est pas ce dont j'ai vraiment besoin. Incapable de rester dans les ténèbres lorsque c'est après la lumière que je continue de courir à en perdre haleine. Me mentir à moi-même et prétendre ne pas avoir besoin des autres. Et pourtant elle est la seule chose qui m'empêche de m'effondrer à cet instant. Mon front contre le sien, essayer de physiquement mêler mes pensées aux siennes, accomplir l'impossible par cette proximité. Elle ne pourra pas ressentir ce que ça fait, entendre les profanations incessantes et les doutes révélés. Mais ce n'est pas grave au final, ce n'est pas important tant que je reste le seul à souffrir, le seul à les écouter. Si elle est là à mes côtés j'ai peut être une chance de les surmonter. Pas parce que je suis fort comme elle le croit, mais parce j'aurais une raison d'essayer. Pour elle, je dois continuer. Et si elle m'interdit de disparaître encore, je ne peux que lui en donner la faible promesse d’un hochement de tête. Je veux savoir, voir ce qui se cache en elle, comprendre qui elle est vraiment. Plus jamais de secrets entre nous, nos faces cachées enfin dévoilées. Non elle n'est pas humaine, mais cela n'a rien changé. Lorsque je la regarde je me passionne toujours autant à détailler ses traits, accrocher ses regards parce qu'ils m'en diront toujours plus que ses mots. Tout ce chemin parcourus, notre relation née entre les lignes, gribouillée sur un coin de page. Elle a finit par prendre trop de place dans mes pensées, s'est infiltrée par cette fuite en mon cœur pour en inonder les défenses. Si elle m'a ainsi mis à nu alors il n'est que justice de lui demander la pareille. Je veux la voir dans son essence la plus secrète, la plus intime. Je veux qu'elle me laisse déshabiller son mystère pour le faire mien, rassembler égoïstement les sensations et les souvenirs. Je sais qui est Lise Rowan, j'ai déjà touché son âme lorsqu'elle s'est approché de la mienne. Maintenant que la fuite n'est plus une option, je veux aussi comprendre ce corps que mes lèvres ont toujours envie d'explorer.

Elle se détache lentement, s'exécute avec une lenteur qui me couple le souffle. J'observe interdit sa forme se glisser dans la piscine malgré la température, le tissu fin de sa robe se gorger d'eau et en soulever des volants transparents. Comme des nageoires noires au milieu des flots, un poisson délicat baignant dans son aquarium de lumière. Elle détourne le visage, la forme de ses épaules qui se dessine à peine sous les lourdes tentacules de ses mèches rousses. La chevelure humide et longue, comme des flammes sur l'eau à m'en laisser médusé. Je m'agenouille doucement contre le rebord, mes doigts venant effleurer la surface pour évaluer encore une fois à quel point elle est glaciale. Cela ne semble pas la déranger le moins du monde; sa nage gracile la maintient à flots sans efforts. Je ne peux pas détourner le regard lorsqu'elle s'approche de nouveau. Mes yeux se posent sur ses attributs marins, les branchies que j'avais déjà observées sur son cou avant de détailler ses mains présentées. La fine membrane translucide entre ses doigts, la légère iridescence des écailles imbriquées en un motif compliqué qui se dessine sur ses poignets. J'esquisse un geste pour mes toucher, caresser leur forme dentelée que j'imagine pourtant lisse. Mais elle se détourne une nouvelle fois, s'échappant à mes regards et mon contact. Il y a les mots, la révélation triste qui vient échouer à mes oreilles. La vérité sur un naufrage; le sien. Atteindre un tel point de non retour qu'elle a préféré vouloir se rendre à l'océan, remonter la chaîne de l'évolution en sens inverse, trouver la mort là où toute vie à su commencer. Le récit d'un miracle, quelque chose qui l'a sauvée contre toute probabilité. La plage, le phare, quel idiot suis-je de l'avoir amené là-bas. Tout me paraît clair tout à coups, la tristesse dans son regard ce jour-là, le timbre des demi-mots et d'un sourire voilé. Sans le savoir je l'ai amené là où tout a finit, et là où tout a commencé. La paume contre sa tempe, le geste qui m'est familier. Avoir perdu son humanité et la partager avec autre chose; une impulsion irrésistible, la force du courant qui l'appelle dans les profondeurs. C'est similaire et pourtant différent. La créature face à moi est ce qui lui a sauvé la vie. Et si je ne doute pas qu'il y ait bien un prix à payer, elle est bénie par l'instinct de survie. Nous sommes similaires et pourtant différents. L'esprit de l'océan la protège tandis que c'est mon propre esprit qui cherche sa destruction. Mes doigts s'étirent vers elle, s’enroulant à l'un des pans de sa robe. Je m'allonge presque sur le rebord, aplati à sa hauteur, penché au dessus de l'eau pour espérer l'atteindre. Mon regard cherche à hameçonner le sien, la ramener sur le rivage à mes côtés. Quelques mouvements de brasse dans ma direction, je penche un peu plus le haut de mon corps en avant alors que mes avant bras plonge dans l'eau pour la pêcher. Mes mains effleurent sa taille, attirant un peu plus ce poids léger hors de l'eau. Je caresse avec attention la forme des écailles sur ses bras, satisfaisant ma curiosité de plus tôt. Enfoncé jusqu'aux coudes dans les flots glacés, à mi chemin entre la terre ferme et le monde d'en dessous. Son univers et le mien qui se rencontrent à l'endroit précis où les étoiles se reflètent sur la surface. Je décolle quelque mèches humides de son visage, dégageant son cou pour toucher ses branchies du bout de l'index non sans un sursaut aux mouvements de celles-ci. Mes yeux ne la quitte pas, se posant sur chaque détail, chaque anomalie à la nature humaine telle qu'elle se définit. Le toucher pour explorer ce que la vue ne suffit à dévoiler. Mon pouce finit par se poser sur ses lèvres humides. « Heureux de te rencontrer finalement, Lise Rowan. » A peine murmuré, un sourire évasif sur mes traits fatigués. Je n'ai pas trouvé d'autre mots à prononcer, trop chamboulé par la vision de cet être que je connais bien et dont j'ai pourtant tout à apprendre. Mes mains agrippent son visage, mes lèvres se posant sur son front pour y déposer un baiser humide. Même avant tout cela, elle était déjà l'une des créatures les plus fascinantes que j'avais rencontré. « Tu sais comment j'arrive à me distinguer de ces intrus dans ma tête ? Comment j'arrive à savoir qu'une pensée est bien la mienne ? Que je suis toujours moi ? » Le timbre tremblant, les yeux mi clos, mes cils qui frôleraient presque les siens. Je grelotte de froid, le haut du corps trempé presque jusqu'aux épaules et pourtant je tiens bon. « Parce que ma voix me dit toujours de faire la même chose. » Mes lèvres se posent sur les siennes, mes mains agrippés à son visage. Je plonge la tête la première, littéralement et figurativement. Penché par dessus le rebord, les pensées sous la surface aqueuse. Mes cheveux qui flottent avec les siens et l'eau qui me glace la nuque. Parce que je peux la suivre dans son monde, parce que je n'ai plus peur. Ma bouche contre la sienne pour sceller ce pacte d'entre deux, un baiser immergé au travers de ce miroir qui sépare des profondeurs. Mes bras qui finissent par enlacer son cou, mon corps qui manque de complètement finir à flot. Je finis par me redresser en l'attirant avec moi à l'air libre, pour la hisser sur le rebord. Mes lèvres qui retrouvent bien vite les siennes, extirpée de l'eau et pourtant elle continue de ruisseler tout autour de nous. Mes bras qui la serrent avec force, les vêtements détrempés qui lui collent à la peau. J'échappe un halètement, reprenant mon souffle. « Je te l'ai… dit… » Je dégage sa chevelure de ses épaules, dévoilant sa nuque que ma bouche s'empresse d'accaparer. « Je ne te laisserai pas à l'océan. » Le serment prononcé sur la plage, celui dont j'ignorais à quel point il était lourd de sens. « Alors laisse moi être ton ancre… » Je prend une nouvelle aspiration, je manque d'air à force de me noyer dans ces sensations. « Laisse moi absorber la douleur et couler à ta place… » Plus jamais je ne la laisserais s'offrir à la mort aussi facilement, plus jamais elle n'atteindra le rivage pour n'y trouver personne. Difficile de savoir au final, qui a jeté son filet le premier. Ça viendra plus vite et plus violemment que tu ne le crois. La voix fait encore écho dans mes synapses. Parce qu'elle provoque un raz de marré en moi qui finira par tout engloutir.

(c) DΛNDELION
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We were never really here (Lise) - Mar 29 Jan - 2:31

We were never really here
Lise & Mal


Rien ne lui paraissait jamais aussi clair que l’océan. S’abandonner à l’ubiquité même se son propre corps. La confiance intrinsèque que celui-ci voue à l’océan jusqu’à vouloir se rendre. La volonté tantôt bienveillante, tantôt impitoyable qui la pousse à retrouver ses origines. Néréide aussi revêche et sauvage que son hôte, luttant pour appartenir complètement à l’immensité de la grande bleue. Peu consciente de la fragilité certaine de son corps d’humaine ou trop peu encline à accepter cette limite. Elle voudrait pourtant s’y perdre, Lise. Garder la tête sous l’eau, entendre son propre cœur battre depuis l’intérieur. Ça avait quelque chose de rassurant de pouvoir renouer avec soi-même. Une manière de se reconcentrer sur l’essentiel, écouter son corps. Une bien belle ironie pour celle qui refuse de l’écouter à mesure que le soleil ne parvient plus à filtrer la surface de l’eau. Irrésistiblement happée par la sensation d’entièreté qui s’empare d’elle. La nymphe qui prend le dessus jusqu’au jour où elle n’aura plus l’énergie nécessaire pour faire le chemin inverse. Quinze années n’avaient pas été suffisantes pour apprendre à contrôler d’avantage les pulsions sauvages d’un esprit permanent et insatiable. Un abandon facile au profit d’une force trop peu assurée. Souvent illusoire, Lise ne sait jamais que faire semblant d’accepter la fatalité et feindre cette force. Une fragilité submergée au combien imposante. S’abandonner à l’océan est le choix facile. En revenir nécessite de savoir s’affronter soi-même et accepter l’ambivalence. Puiser dans ses réserver pour regagner la surface et faire fit de l’appel. Des retours de plus en plus fastidieux, une volonté chaque jours plus faible. Trop peu de rocs sur lesquels s’arrimer, Lise évite les voyages trop  fréquents. Si les moments de faiblesse la laisserai s’abandonner facilement, il lui reste quelques raisons de rester à terre. Alors elle se menotte à cette vieille maison. Au souvenir d’un père aimant qu’elle n’a pas assez remercié. Chaque objet, chaque recoin, chaque meuble est une réminiscence de plus de son ancre la plus solide. Paradoxe idiot de s’accrocher si désespérément à un lieu qui ne fait que lui rappeler son absence. Et pourtant c’est ce qu’elle chérit le plus, l’héritage multiple et si complexe qu’il lui avait offert. L’amour des belles choses et particulièrement de la littérature dont il avait recouvert les murs de la maison. Lucius l’avait baigné d’histoires en tout genre et de mondes qui n’existaient pas. Aujourd’hui, les similitudes entre ses récits fantasques et son propre monde l’amenaient à se demander s’il n’en avait pas connaissance.

Pour toi Lise c'est facile de m'emmener dans ton monde. Je ne peux pas en dire autant. Elle veut bien l’entendre. Se souvient encore de cette envie qu’elle avait eu de ne pas lâcher ses mains et l’amener dans l’eau avec elle cette fois-là. S’il voulait savoir qui elle est vraiment, il lui fallait aussi découvrir son autre monde. Au-delà de prendre conscience de ses capacités physiques, il ne pouvait s’imaginer l’immensité spectaculaire que pouvait offrir l’océan. Crainte des humains, Lise avait pourtant ce privilège d’en faire partie. Aucun doute que Maldwyn serait subjugué par la beauté des fonds marins. Peut-être qu’un jour elle aurait la force de lui offrir ce spectacle, comme elle voudrait lui montrer la vue depuis le phare. Une belle manière de se réconcilier avec soit même. Elle se montre sous son autre jour, Lise. Une autre manière de faire un pas vers elle-même, acceptée être vue par un autre. Montrer les transformations d’un corps, l’intimité d’un état qu’elle a toujours gardé secret. L’effort lui demande de convoquer toute la confiance qu’elle a pu placer en lui. La peur qu’il ne s’échappe une seconde fois n’est pas bien loin lorsqu’elle se montre finalement à lui. Pas entièrement transformée, coincée par une pudeur récalcitrante. Et pourtant, jamais il n’a posé de tels yeux sur elle. Maldwyn ne détourne pas le regard une seule seconde, détaille sans gêne ce qui fait d’elle un monstre. Malgré tout, elle n’a pas l’impression d’en être un aux travers de ces yeux. Le regard de la nymphe est fuyant quant à lui. Embarrassée d’oser se montrer à celui qu’elle cherchait  à protéger. Embarrassée de se montrer à lui tout particulièrement et pourtant elle s’était glissée dans l’eau sans hésitation. En marge de s’abandonner à l’océan, c’était à lui qu’elle décidait de s’abandonner ce soir. Un abandon de cœur et d'esprit. Cette preuve qu'il attendait depuis longtemps déjà. Lui faire assez confiance pour se dévoiler à lui, alors elle ne lui cacherait plus rien. La confidence n’avait pas que valeur de distraction à ses yeux, bien qu’elle n’ait pas de doute sur son efficacité. Maldwyn se concentrait enfin sur autre chose que sa propre douleur, se détournait de la torture perpétuelle de son esprit pour reporter son attention sur ce qu’elle lui dévoilait. Le bénéfice était mutuel et malgré le souvenir douloureux qu’elle invoquait en son propre intérieur, Lise se sentait libérée. Le corps basculait légèrement en arrière, les bras s’agitant doucement pour le maintenir à la surface. Son esprit se perdait un instant dans les étoiles qui semblaient vouloir veiller sur eux de là où elles étaient. Soulagement immense qui lui secouait l’estomac de savoir qu’il était toujours là. Il avait acquiescé à son interdiction. Il ne pouvait plus disparaître maintenant qu’elle pouvait enfin être entière. Délivrée de ces secrets pesants comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Apaisée de partager le mystère de sa transformation, la détresse immense qui l’avait emmenée à en finir. Elle n’est plus seule aujourd’hui, et lui non plus. Pas uniquement parce qu’ils sont habités, mais parce qu’ils sont l’un avec l’autre.

C’est la main de Maldwyn qui s’approche d’elle, s’empare du tissu vaporeux de sa robe pour l’attirer à lui. Elle laisse faire la délicatesse de ses mains l’amenant à la surface, sortant son cou de l'eau. Ses doigts n’hésitent pas à parcourir les écaillent qui avaient fait intrusion sur ses bras avant de dégager ses cheveux vers l’arrière. C’est un sensibilité toute particulière qui la force à fermer les yeux et détourner légèrement le visage alors que la curiosité de ses doigts l’ont amené jusqu’à l’anomalie la plus fascinante. Second système respiratoire lui permettant de respirer l’oxygène de l’air autant que d’absorber de l’eau pour lui en soutirer. Il lui semble que Maldwyn la déshabille toute entière à ce simple contact et c’est sa voix qui la ramène à la réalité. Le sourire timide qui étire ses lèvres trahit encore une gêne tenace. Difficile de se dévoiler entièrement même si elle en avait si souvent rêvé. Espoir récalcitrant autant que besoin irrépressible de pouvoir être finalement bien plus que ce qu’elle voulait bien lui écrire. Si elle lui avait parlé de l’océan et de certains de ses secrets, elle n’avait bien évidemment pas mentionné qu’il s’agissait là de sa seconde nature. Ses lèvres sur son front la réconcilient avec elle-même. Symbole sacré de son acceptation, c’est une vague de soulagement qui s’empare de son corps tout entier. Elle s’autorise à son tour un geste vers lui. La main palmée qui s’avance vers sa joue avant de se raviser de peur de lui donner plus froid qu’il n’a déjà et glissant une main trempée sur son visage. Le regard quant à lui, l’invite à lui en dire d’avantage sur la manière dont il se démarque de ses voix. Ses lèvres happent les siennes et leurs visages s’enfoncent dans l’eau avant même qu’elle ne puisse réagir. Ressent du léger mouvement du bout de ses doigts signifiant que l’eau lui glace le sang et pourtant, elle se perd dans cet échange. La signification qu’elle y lit déchaine ses émotions, se mains caressent ses joues, ses tempes, jusqu’à s’agripper à ses cheveux.  Elle est en apnée autant que lui, parce que bouche fermée, ces branchies ne lui sont d’aucune utilité. Mais la sensation la raccroche à son humanité, la raccroche à celui qui plonge tête première vers ce qu’elle lui a caché des années durant. Maldwyn l’attraper pour la hisser hors de l’eau avant de poser ses lèvres sur les siennes aussitôt. Ses bras l’enlacent et l’attirent à lui alors qu’elle replace ses doigts palmés de chaque côté de son visage. « Mald.. » doux murmure à son oreille. Elle cherche à le reconnecter à la réalité. Le corps frissonne et cherche à lutter contre l’eau glacée qu’il s’empreigne d’avantage alors qu’il a déjà le haut du corps trempé. Pourtant, ses lèvres continuent leur chemin jusqu’à glisser dans sa nuque à proximité de ces volants de peau qui semble voler son attention. Je ne te laisserai pas à l'océan. Il prend conscience des enjeux réels que ses mots peuvent avoir prononcés en connaissance de cause. Elle se mord la lèvre, incapable de faire fit du sens qu’elle lit dans cette phrase. « Ceci engendrera une surveillance accrue Monsieur Jones » Volonté déguisée, requête voilée de réclamer sa présence. Elle l’enlace plus fort encore, assouvissant ce besoin de le savoir prêt d’elle. Refuse de le voir partir de nouveau, le menotte mentalement à elle pour qu’il ne puisse plus lui faire faux bonds. Ils avaient passés plusieurs années à se voir de loin. Se lire entre les pages, et s’adresser des murmures. Et pourtant ces quatre mois lui avaient semblé être une éternité. Mais dans ses bras elle a bien du mal à lui en tenir rigueur, il était doué pour lui faire oublier.

La proximité de leurs corps lui avait permis d’absorber presqu’entièrement l’eau dont elle l’avait elle-même imprégné. Elle se décolle pour glisser ses mains dans son cou. Les yeux se ferment à la recherche d’une concentration difficile à trouver à mesure que ses doigts glissent sur son visage. Des gestes qu’elle répète avec bien moins de discrétion que la dernière fois, particulièrement consciencieuse pour qu’il ne capte pas le changement qui s’opérait à la surface de sa peau. Elle ne se cache plus et la tâche s’en simplifie. Ses doigts s'affairent
à le sécher pour le réchauffer, finissent leur chemin dans la chevelure glacée de Maldwyn, prélevant l’eau qui s’y logeait avec profusion. « Tu ne couleras pas à ma place Maldwyn.. » Il avait bien assez de choses à gérer pour lui-même désormais. Peut-être même plus qu’elle n’aurait jamais à affronter. « Mais tu pourras sûrement m’empêcher de couler.. » S’il voulait être cet ancre qui la raccrocherait au rivage, c’est sans hésitation aucune qu’elle s’agrippera à lui pour ne pas sombrer. La main replace en arrière sa longue chevelure avant que le visage ne s’approche de son cou pour y glisser un baiser, empêchant au mieux l’eau de la quitter pour se déverser sur lui. « Et je ferai de même » qu’elle susurre à son oreille. Elle ferait tout ce qu’elle peut pour l’accompagner. L’aider à lutter contre celui qui s’empare de son esprit. Reprendre le contrôle pour le dominer comme elle devait le faire souvent. Lise vole de nouveau ses lèvres. Si elle s’efforçait de le sécher, la proximité inévitable ne manquait pas de le mouiller de nouveau. Difficile de se tenir éloignée après l'élan d'affection qu'il venait de lui offrir, et déjà elle s'accrochait désespèrement. Elle était encore trempée à force de lui voler son eau mais son corps absorberait bien rapidement toute cette eau, emportant avec lui les anomalies aquatiques. « Je pense que t’as raison... T’es destiné à terminer trempé à chaque fois que tu me vois… »  Sourire gêné mais sincère qui se dessine sur ses lèvres alors qu’elle se redresse, s'écarte enfin pour le garder au sec et se sèche elle même correctement. « Maintenant rentrons avant que tu ne te jettes dans cette piscine et n’attrapes la mort » Le ton se voulait amusé mais inquiet qu'il ne veuille effectivement s'y plonger pour en découvrir d'avantage. Si la volonté qu'il semblait lui montrer de vouloir entrer dans son monde et parcourir de ses doigts ce qui fait d'elle cette autre chose lui réchauffait le cœur avec une violence hors norme. C'est bien ce qui l'inquiétait le plus, qu'il ne finisse gelé et surtout malade. Elle lui tourne le dos volontairement, feignant de partir la première, consciente que son corps ne tarderait pas à revenir à la normale. La paume de sa main qu'elle pose délicatement dans son cou pour éteindre le feu que son contact déchaîne encore. Elle s'éloigne avec regret et à contre cœur, luttant contre l'envie irresistible d'embrigader de nouveau ses lèvres en se laissant tomber à l'eau avec lui. Une fois de plus, Lise se cache à sa vue, parce que ces sensations la gêne bien trop mais surtout parce qu'elle préférait qu’il ne voit pas le changement de son corps.« T’as besoin de dormir.. tu peux prendre une douche pour te réchauffer si tu veux. » Qu’il ne disparaisse pas au matin était maintenant tout ce qui lui importait. Ses pieds pivotent, le cou soigneusement camouflé sous les cheveux et les bras croisés, pourtant c’est son regard qu’elle cherche pour lui communiquer sa sincérité. « Tu peux rester autant que tu veux Maldwyn.. »
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We were never really here (Lise) - Jeu 31 Jan - 18:22

We were never really here
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Un instant volatile au creux de la main, le contact inédit et fragile. Explorateur intime, la proximité de son corps surnaturel contre le mien. C'est ce qui m'avait terrifié, ce que je lui avais avoué ne pas être capable d'appréhender. Mais maintenant c'est ce qui a le moins d'importance, ce n'est plus ce qui me fait peur. Au contraire. Le contact glacé de ses lèvres sur les miennes, mes doigts qui glissent sur son avant bras, de sa peau humide contre mes vêtements. La froideur des fonds marins qui dévore la chaleur terrestre, anesthésié à sa présence. Je manque d'air, je flotte au gré de ses mains sur mon visage et de ses mots murmurés à mon oreille. Le cœur qui bats à cent à l'heure et résonne comme un sonar, le danger de collision imminent et pressant. Alors c'est ça qui me fait peur. Aimer ce contact, nous rapprocher un peu plus, faire partie de son monde et ne plus vouloir lâcher prise. Parce que tout ce qui témoigne de l'évident contraire, ne fait que la rendre encore plus humaine à mes yeux. Il y avait Lise Rowan, puis il y avait la créature. Puis il y avait le tout indéniable, celui que j'avais envie de serrer un peu plus fort au creux de mes bras. Toutes ses faiblesses dévoilées, ces secrets partagés sans concessions après ma simple demande. C'était grisant, ne plus avoir aucune arrière pensée, plus besoin de lire entre les lignes et pouvoir toucher la vérité du bout des doigts. Mais cette liberté réveille trop de choses en moi, une envie malingre, un orgueil que je ne pensais plus exister. La satisfaction d'être important pour quelqu'un, la réciprocité de ce lien indéniable. Une promesse étrange et dangereuse; si tu saute je saute, et tant pis si on finit par couler tous les deux. Il est trop tard pour faire marche arrière et sauver cette amitié d'elle même. Parce que nous sommes trop curieux l'un de l'autre, elle me fait trop confiance et je suis prêt à la laisser faire. Ses doigts viennent se poser méthodiquement sur mon visage et mes cheveux, m'arrachant un léger grognement de protestation par réflexe. Il me faut un moment pour comprendre, ressentir le léger soulagement lorsque sa peau se pose sur la mienne, la force presque imperceptible qui semble m'extirper de mon enveloppe aqueuse. Je reste interdit, mon cœur s'accélérant un peu plus lorsque sa bouche cherche la mienne. Les bras immobiles de surprise, ce n'est pourtant pas la première fois que nous nous embrassons mais je sais que si je me laisse aller ce ne sera pas sans conséquences. Cela fait tellement longtemps que je ne suis même pas sûr que tout ceci soit une bonne idée. Elle a raison je finis toujours trempé de mes bêtises, pitoyable face aux personnes qui compte, aux femmes qui comptent. Mais si plonger au fond de cette piscine gelée suffisait à réparer mes erreurs je crois que je le ferais. Je me mords la lèvre inférieure lorsqu'elle se détache, j'aimerai protester mais c'est peut être mieux ainsi. Il ne reste plus que le froid maintenant que sa présence disparaît. Je repense à Delilah, à la manière dont je l'ai si facilement éloignée de mes problèmes elle aussi. Alors ça me rattrape bien vite tandis que je me redresse, la culpabilité et l'impuissance. Légèrement chancelant, le regard fuyant. Est-ce que je ne serais pas plutôt l'ancre qui signera cet enterrement marin ?

Je ne me fait pas prier pour retrouver la salle de bain, grelottant malgré moi du contre coup thermique. Heureusement au final que je ne l'ai pas suivie tout entier, j'aurais encore une fois témoigné d'être un danger pour moi-même. Et surtout un imbécile, l'instabilité enfantine. Trop soulagé de pouvoir m’enfermer dans cette pièce, m'accorder un instant de réflexion avant de risquer de perdre pied. Maintenant qu'elle n'est plus à proximité, laissé seul avec moi-même, la fatalité même d'une solitude inexistante. Qu'est ce que tu vas faire maintenant. La voix féminine s'infiltre insidieusement dans mes pensées et je fais mine de l'ignorer, commençant à retirer mes vêtements humides.Qu'est-ce que tu crois qu'il va faire, idiote. Rétorque une autre voix féminine. Je préfère les laisser parler entre elles, cette cacophonie dans ma tête au moins tournée vers autre chose. J'échappe un soupire, évitant de me regarder dans le miroir. Cela n'a pas d'importance, elle n'est pas humaine, mais ça on le savait déjà. La voix de la raison inutile, un ton que je chasse bien vite sous l'eau chaude qui me fait trembler un peu plus. Il est l'heure de prendre une autre pilule, faire taire les caquètements qui reviennent me hanter. Ils se taisent parfois de longs moments, comme tout à l'heure. Mais je sais que c'est parce qu'ils se font observants, ils enregistrent chaque instant de ma vie pour mieux pouvoir le passer en revue. La fatigue me rattrape bien vite, fermant les yeux pour simplement laisser l'eau s'écouler sur moi. Petit à petit le froid me quitte, je me détend malgré tout et malgré les murmures qui continuent de m'assaillir. J'ignore combien de temps je reste là, immobile sous le jet, le front qui a lentement glissé contre le carrelage. Beaucoup de choses à emmagasiner, trop de pensées parasitées. Voir Lise sans détour, apprécier sa nature offerte ainsi. Elle n'est pas un monstre, elle n'est juste pas humaine. Les palpitations de ses branchies, les écailles sur sa peau. Elle n'est pas humaine, alors qu'est-elle ? Est-ce que cela a vraiment d’importance d’y poser des mots ? C'est une bête de foire, voilà ce qu'elle est. Et je crois que tu lui as plutôt bien fait comprendre. “Oh montre moi qui tu es Lise. Laisse moi tripoter ton anormalité. ” Alors on aime observer les freaks Maldwyn ? On aime toucher les pauvres petites abominations pour oublier sa propre nature bordélique ? Un sursaut physique à l'intrusion, mon front qui se cogne violemment contre le carrelage, un geste de rejet de la voix si brutale et vulgaire. Je rouvre les paupières pour voir des étoiles un instant, portant une main contre la base de mes cheveux, échappant un gémissement. Ben voyons, pas la peine de te punir toi même, y'a que les coupables et les faibles qui font ça. C'est que tu as bien quelque chose à te reprocher au final. « La ferme ! Ta gueule ! » Je passe de nouveau mes doigts sur la bosse qui commence déjà à se former sur mon front, regardant l'eau légèrement rosée sur mes phalanges. « Merde… Putain. » Des vulgarités qui sont rares entre mes lèvres mais qui m'échappent pourtant sous la colère et la douleur. Tu croyais quoi en te cognant la tête contre le mur, que tu sentirais rien ? Spoiler alert ça ne me fera pas partir et tu viens de perdre une flopée de neurones en plus de ça. Moi qui croyait que ton intelligence était la seule chose que t'avais pour toi. Je titube en m'extirpant de la douche, coupant l'eau avant de tâtonner pour chercher une serviette. « La ferme. » Que je grogne encore une fois, conscient de ce dialogue inutile avec ces voix qui n'existent que dans mon esprit, ce dialogue avec moi-même. Je me traîne jusqu'au miroir, écartant la buée d'un geste avant d'observer la bosse sur ma chair abîmée. Juste une petite coupure qui se transformera en vilain bleu, j'ai l'habitude. J'échappe un soupire, me séchant avant d'enfiler mon pantalon. Il n'y a que la vérité qui blesse. Un adage qu'on emploie souvent à profusion pour expliquer le pincement au cœur et la récolte qui tempête dans les nerfs. La vérité blesse, mais la vérité je l'ai acceptée. J'ai accepté d'apprendre que Lise n'a pas été entièrement honnête avec moi au début. Je lui ai pardonné d'être différente, j'ai envie de rester avec elle et d'en apprendre plus. J'ai eu tort de fuir. Mais c'est toi qui l'y a contrainte depuis le début. Une autre voix plus douce résonne dans mon crâne. Est-ce que je l'ai forcée malgré moi ? Elle m'a reproché d'être cruel à la bibliothèque, de me jouer d'elle. Je l'ai embrassée sans sa permission, encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle réponde. Jusqu'à ce que je la pousse dans les retranchements de son mystère et qu'elle finisse par céder. Est-ce que je l'ai vraiment traitée comme un monstre de foire ? Est-ce que je l'ai forcée à se dévoiler à mes regards curieux et insistants ? Je viens de prendre une douche et pourtant je me sens sale. L'égoïsme de mes désirs, de ce besoin qui me tord l'estomac et me fait agir bizarrement en sa présence. Le cœur qui bats à cent à l'heure, quand respirer devient difficile. Je me suis perdu à trop réfléchir, à trop ressentir. D'un geste rapide je masque la blessure sur mon front de quelques mèches humides, roulant en boule mon pull et mon t shirt encore humide entre mes bras. Je suis fébrile, mais ce n'est plus le froid qui me pose problème.

Dans l'embrasure de la porte du salon, timidement immobile derrière le baluchon de mon haut. Quelques pas incertains vers elle, terrifié l'idée de la surprendre ou de simplement perdre pied et me dérober à sa présence. Je me pince les lèvres avant de parler, le regard évitant soigneusement le sien. « Lise je… » Prendre mon courage à deux mains, à la place je dépose mon pull humide sur le bord de la table. « Tout à l'heure je voulais pas te brusquer… » Je m'excuse encore une fois pour mon pétage de plombs de plutôt, mais pas seulement. « Je… Je veux pas que tu te sente comme une bête de foire quand t'es comme ça. Quand je te demande de… Quand je t'observe sous tous les angles et… » Les paroles de cette voix m'ont atteint malgré moi. Peut être un fond de vérité derrière la brutalité. « C'est pas ce que tu es pour moi. » M'excuser pour une faute que je l'impression d'avoir commise, plus pour me pardonner à moi même plutôt qu'elle me pardonne. Je déglutis, trouvant enfin le courage d'affronter ses regards, me sentant encore plus à nu que je ne le suis. « Touche moi. » Pas vraiment un ordre, pas vraiment une suggestion. Presque une supplique et moins qu'une requête. Rétablir l'équilibre que j'ai l'impression d'avoir brisé, simplement la laisser entrer là où j'ai démolis ses défenses sans vergogne. Touche-moi pour me rassurer, pour me faire comprendre que je suis quelqu'un de bien, que je mérite d'être aimé.


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We were never really here (Lise) - Jeu 7 Fév - 0:44

We were never really here
Lise & Mal

Elle s’autorise à espérer. Pourtant chacun de ses gestes la surprend encore. Jusqu’ici elle ne s’autorisait pas à lui demander d’avantage. Refusait même d’accepter la réalité en face.  La vérité c’est que chaque attention qu’il a pour elle appose un nouveau pansement à son cœur. Ce cœur en décrépitude, délaissé depuis plusieurs années, trop aveugle souvent pour comprendre ce qui l’entoure. Il lui semble que son cœur est moins douloureux lorsqu’il lui ouvre le sien. Elle en avait presqu’oublié la sensation. Celle qui s’empare d’elle lorsque le contact s’éternise et se prolonge. La violence du feu qui embrase son corps lorsqu’il s’autorise à s’approcher d’un peu trop près. La sensation grisante des nouveaux émois. Elle redécouvre chacun de ses sens au contact de sa peau sur la sienne. Difficile de résister lorsqu’il s’approche autant. Après avoir enfoui son visage dans l’eau glaciale, lèvres contre lèvres. Elle lisait dans ce geste symbolique la volonté d’en avoir plus. Les mots lui été parus effrayants malgré le contexte rassurant de la bibliothèque. Je veux être près de toi Lise. Elle sent encore l’odeur du livre vieilli mêlée à la sienne tandis que son visage s’approchait pour la première fois. L’appréhension qu’il pouvait montrer chaque fois qu’elle esquissait un geste vers lui encore aujourd’hui. Elle a bien vite comprit Lise qu’il veut décider. Il mène la danse Maldwyn, depuis ce jour à la bibliothèque où armé d’une volonté tenace  il a mis à terre le mur qui les séparait. Lise est tombée dans un doux piège, celui de redécouvrir la beauté de deux cœurs qui s’offrent mutuellement. Accepter d’entrer dans un autre monde n’avait pas été une mince affaire. Réticente au changement, il avait fallu à Maldywn de la ténacité pour parvenir à ses fins et la laisser tomber dans ses filets. Elle se laisse attraper bien volontiers désormais, le laisse conduire la barque sans opposer de résistance. Montre-moi encore... La créature s’était mise à l’eau sans hésiter. Malgré les réticences qu’elle aurait pu avoir, elle n’avait plus peur. Elle ne pouvait pas avoir peur lorsqu’après lui avoir dévoilé sa nature il soit revenu vers elle. C’était bien ce qu’elle attendait perdues dans les méandres de ses souvenirs. Le manque qui s’était sournoisement invité dans le brouillard épais de ses souvenirs. Malgré son absence  le souvenir de son visage était vif et clair. Il se dessinait dans son esprit avec une précision sans faille et si précise qu’il en devenait tranchant. Echo d’un souvenir entêtant qui la blessaient jour après jours. Maintenant qu’il la serrait si fort dans ses bras que son cœur semblait vouloir s’échapper de sa poitrine, elle ne regrettait pas s’être mise à nue. Maldwyn savait maintenant pourquoi elle n’était pas capable de se dévoiler avec autant de facilité qu’il avait pu le faire. S’il ne mesurait pas encore l’étude de ce qu’elle était, il pouvait désormais commencer à l’appréhender réellement. Pourtant tout ça lui semble tout à coup être une mauvaise idée. Les mots qu’ils peuvent avoir l’un pour l’autre lui paraissent aujourd’hui bien plus effrayants que ceux qu’il avait pu prononcer alors. Depuis les promesses de garder un œil l’un sur l’autre, jusqu’aux corps trempés et collés l’un à l’autre. Elle a la désagréable impression de marcher sur un fil au-dessus d’un gouffre. La sensation de pouvoir en tomber à tout moment lui coupe le souffle autant que la chaleur du brasier qui refuse de s’estomper.

Le corps se glisse sous l’eau glaciale. Lise tente d’éteindre le feu qui ravage son cœur en le noyant de son propre élément, le plus approprié pour étouffer les flammes. Leur proximité la met dans tous ses états. L’embarras d’oser vouloir se laisser aller et s’abandonner à lui complètement. Elle ne peut réfuter le désir  et ignorer leur sensualité de plus tôt au bord de la piscine comme au bord d’un gouffre terrifiant. Le cerveau quant à lui ne cesse de s’agiter, ressasse les paroles et les gestes. Elle se sent comme une gamine apeurée face à ses sentiments. Visage enfoui sous le rideau d’eau, la rousse force l’apnée de sa condition d’humaine pour se remettre les idées en place. La sensation de s’étouffer lui met une énorme baffe et la fait brusquement redescendre sur terre. Le cœur du sujet n’était pas les émotions qu’elle pouvait ressentir en sa présence mais bien sa présence en tant que telle. Elle pense à Maldwyn dans la salle de bain à l’étage d’en dessous et ne parvient pas à se rendre compte qu’il soit vraiment là. Il est finalement revenu. Le soulagement s’installe enfin à mesure que le feu s’apaise. Un réconfort immense que de tirer un trait sur les hypothèses les plus tragiques qu’elle ait pu s’imaginer. Le principal étant qu’il soit sain et sauf malgré le Dieu qui lui grignotait allègrement le cerveau. Lise ne s’attarda pas sous la douche, se dépêcha d’enfiler sa chemise de nuit et d’essorer grossièrement ses cheveux. La démarche tâtonne dans les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée. Le silence du salon est à peine perturbé par l’écoulement de l’eau provenant de la salle de bain. Elle reprend son souffle. Se rend compte qu’elle avait appréhendé se retrouver nez à nez avec un Maldwyn en train de l’attendre. Lise regrette ne pas avoir de cheminée. Elle se souvient encore du foyer présent au phare et du réconfort inouï pouvait procurer à Lucius après une baignade dans les eaux fraîches de l’océan. Un petit rituel qu’il affectionnait particulièrement. Lise quant à elle, se contentait de l’observer depuis les hauteurs du phare. Ou encore de l’attendre sagement à l’intérieur en lui préparant une tisane pour le réchauffer. Elle regrette d’avoir abandonné le lieu, Lucius ne lui pardonnerait probablement pas d’avoir tiré un trait sur leur refuge. Même en le confiant à des amis, elle n’y avait pas mis les pieds depuis des années et en était honteuse au point d’avoir l’impression de trahir la mémoire de son père. Elle espérait pourtant de tout cœur pouvoir surmonter l’angoisse qui la saisissait chaque fois qu’elle s’en approchait de trop. Abandonnant du jour au lendemain leurs affaires à tous les deux, leur double vie secrète en bord de falaise. Chaque souvenir lui était précieux et c’est d’instinct qu’elle se dirige jusqu’à la cuisine. Sort des placards une boîte en fer aussi vieille qu’elle avec des biscuits  à la cannelle qu’elle avait cuits la veille. Le couvercle soulevé révélait une odeur de Noël qui lui mettait déjà l’eau à la bouche. Lise remplissait la bouilloire qu’elle posait sur le feu.

Un léger sursaut en réponse au son de sa voix. Elle n’avait pas entendu l’eau cesser de couler et s’étonna de le voir vers elle aussi timide. Pull abandonné sur la table, ses yeux ne manquent pas de glisser sur sa peau révélée avant de se contraindre à fixer ses yeux. Les lèvres se pincent et l’esprit se concentre sur les paroles de Mald. Elle ne parvient pas à capter son regard qui cherche un autre point d’intérêt pour ne pas avoir à la regarder.  Il cherche ses mots, hésite et c’est son cœur qui se pince désormais. Quand je t’observe sous tous les angles... Le rose ne manque pas de lui monter aux joues au souvenir de ces yeux bleus qui la dévoraient. Maldwyn s’inquiète pour rien. Ce n’était pas le cas, non, elle ne se sentait pas comme une bête de foire. Il prenait désormais conscience des craintes qu’elle avait pu avoir, mais celles-ci n’étaient plus d’actualité. Il n’y avait plus de doute sur la confiance qu’elle lui avait offerte. « Je sais Mald … » Il n’y avait pas eu de doute, elle n’avait pas hésité à amorcer sa transformation pour assouvir sa curiosité. « C’est pas l’impression que j’ai eu. » Le reflet qu’elle pouvoir percevoir d‘elle-même dans son regard n’était pas celui d’un monstre mais celui d’une créature fascinante. Et elle avait aimé ça. Ce baume au cœur n’était pas négligeable par ailleurs. Il semble enfin pouvoir capter son regard et pourtant ce sont ses jambes qui semblaient pouvoir se dérober désormais. Elle déglutit, fuit son regard à son tour. Toujours un peu trop direct après avoir été hésitant. Après avoir trouvé le courage d’en venir au point. C’est quelque chose qu’elle avait vite remarqué et qui l’attendrissait malgré les sauts forcés qu’il pouvait provoquer à son cœur. Les yeux se plantent vite dans les siens, se font interrogateur alors qu’elle n’ose encore s’approcher. Le corps figé en place par le côté brusque de sa demande. Pourtant elle comprend le message. Saisit qu’il s’agit là d’une manière de l’accepter dans son cercle intime. Accepter qu’elle prenne le dessus, pour une fois. Le geste toujours peu assuré de crainte qu’il ne se braque. Il ne supporte pas le contact imposé, elle ne le sait que trop bien. Se retenait toujours un peu. Elle s’approche en fixant ses pieds, encore incertaine. Se poste devant lui avant d’oser lever les yeux vers lui, se convainc que ce n’est que le juste retour des choses. Le manque de spontanéité la dérange mais elle rassemble son courage. Sa main s’approche excessivement doucement. Elle tremble partagé entre la gêne et l’envie mais se pose finalement sur son cœur. Les battements du myocarde la fond frissonner alors qu’elle ne quitte pas son regard, les forçant tous les deux à se confronter l’un à l’autre. La respiration s’accélère en même temps que son propre cœur et ses bras l’enlacent brusquement. Joue cramoisie posée sur le torse, attentive au moindre battement de son cœur, appréhendant chaque inspiration. Lise sait qu’il prend sur lui pour accepter s’en remettre à quelqu’un au plus près de ce qui révèle les émotions et pourtant elle espère qu’il lui rendra son étreinte. La chaleur de sa peau  l’apaisait tout doucement et les paupières se closent. Les mains quant à elles commencent à  glisser dans le dos en une caresse douce et rassurante. Les doigts effleurent chaque détail, chaque petite aspérité avant de glisser le long des os saillants de sa colonne vertébrale.

La bouilloire sifflant sur le feu la secoue d’un sursaut brutal. Elle se détache avec une rapidité déconcertante pour courir vers la gazinière. Sûrement n’aurait-elle pas eu le courage de s’éloigner d’elle-même s’il ne s’agissait pas d’une contrainte. Même si elle aurait pu rester des heures sans bouger de ses bras, cette trêve lui permet de reprendre son souffle. « Tu dormiras dans ma chambre ok ?.. J’irai dans celle de mon père. » Elle cherche à changer de sujet, trouver autre chose à dire que de s’attarder sur ce qu’il venait de se passer. Le sujet était tout trouvé, il était hors de question qu’il dorme sur le canapé alors que la maison offrait deux lits. « Je ne me suis pas sentie brusquée tu sais alors rassure toi. J’avais besoin moi aussi, de ne plus avoir à me cacher avec toi.» Lise lui tend la tasse fumante en se raclant la gorge, fixant ses doigts faute de mieux, incapable de l'affronter. « Tiens, ça te réchauffera et t'aidera a dormir. » L’odeur de camomille l’apaise déjà plus que de raison. « Tu te souviens de Célestine Beauchamp ? C’est mon amie... Je sais qu’elle t’a dit être une nymphe. Et ... j’en suis une aussi…  » Elle tente alors de se cacher dans sa boisson mais se brûle aussitôt. Le cul de la tasse claque sur le plan de travail alors qu’elle pose le dos de son autre main sur ses lèvres en se maudissant. A défaut de pouvoir encore appréhender qui il était, il pouvait au moins mettre des mots sur ce qu’elle était. Créature des profondeurs marines qui faisait au mieux pour le préparer à la brutalité d’une révélation. Au moins il saurait qu’elle fait partie aussi de son nouveau monde.
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We were never really here (Lise) - Ven 8 Fév - 1:35

We were never really here
Lise & Mal


Notre temps ensemble s'écoule dans un sablier cassé. L'impression que ces instants nous échappent, devoir s’accrocher aux minutes et secondes avant que la balance ne soit encore renversée inexorablement. Avant que nous soyons forcés de tout recommencer de zéro. Si elle fait un pas vers moi j'en fais deux en arrière. Et si j'ose un geste ou une parole à son égard elle finira toujours par trouver le moyen de les contourner. Les douze coups de minuit qui réduisent ces moments spéciaux en un amas de confusion; le bal du malaise. Comme deux aveugles qui ont besoin de se toucher pour se voir mais qui prennent peur de la vision obtenue. Le compte à rebours qui se mesure à l'échelle des proximités, de l'intimité partagée qui finit par défier les lois de l'attraction en nous éloignant d'un paradoxe. Irrésistiblement appelés l'un à l'autre et pourtant c'est le verre qui ramasse nos pulsions contre sa surface inébranlable. Prisonniers de ces instants que nous laissons filer sans nous les approprier. Geôliers à nous même, de ces envies dont nous avons jeté la clé. Je veux qu'elle me touche parce que je veux qu'elle comprenne que nous sommes pareil, qu'il n'y a rien qui puisse nous séparer physiquement malgré tout. Nous sommes juste humains dans le fond. J'en ai envie parce que le contact de sa main sur mon cœur a le don d'arrêter le temps. Je frémis malgré moi, esclave de ces mains qui accèdent à ma requête après un instant d'hésitation partagée. Ce lien qui lentement m'enserre, la lenteur calculée de son exploration. Le bout de ses doigts qui m'électrise, me fait prendre conscience de mon propre corps. De la courbe de mes muscles aux lignes osseuses qui sillonnent mes côtes. Elle se colle un peu plus, sa tête qui vient se poser contre mon torse me donne la crainte qu'elle puisse deviner les battements irréguliers de mon cœur. Mais elle m'a déjà mis à nu, j'ai déjà déposé mes armes à ses pieds en espérant ne plus jamais avoir envie de battre en retraite. Je me tiens devant elle comme un saint approche la fin de son pèlerinage, modeste et pourtant avide d'être bercé par la conclusion de ce long voyage. Ce temps parcouru ensemble, celui qui remplit des chapitres entiers mais qui ne trouve pas son épilogue. Si elle continuait de me toucher; alors elle comprendrait. Je n'ai pas envie qu'elle s'arrête, je ne veux pas voir ce moment inédit nous échapper. J'empoigne sa taille avec force, mes doigts froissant le tissu léger de sa chemise de nuit qui lui découvre les épaules. La fibre malmenée entre mes phalanges, le besoin d'être peau contre peau car elle doit être encore plus douce que ce vêtement satiné qui la recouvre. Les ongles qui suivent la forme de ses omoplates, son souffle et son odeur contre la mienne. Mais tout ceci n'existe pas vraiment. Qu'une anomalie de plus, une bavure d'encre dans le tracé de ces deux lignes droites que nous refusons de faire se croiser. Alors nous ne sommes pas vraiment là. Nous remontons le temps dans ce sablier qui siffle comme une bouilloire la fin de ce que nous pourrions être. La fin et le commencement qui s'entremêlent, alors nous n'allons nulle part.

Elle s'est échappée de mes bras vers la cuisine avec une rapidité qui me fait violence. Si je ne suis pas capable de m'offenser de la logique inhérente à cet abandon, je ne peux pas m'empêcher d'y voir une contrainte opportune. Un deus ex machina qui brise cet étrange moment pour nous permettre de prendre la fuite. Sauf que je n'ai plus envie de fuir. La maison aurait pu s'écrouler sur nous que je crois que je serais resté là, sa tête contre mon cœur. Je reprend mon souffle sans avoir eu conscience de son rythme altéré, l'observant s'affairer dans la cuisine au dessus des vapeurs fumantes. Je me sens trop visible, trop dégingandé pour ma peau dans cette carcasse plantée au milieu de la pièce. Peut être que tout ceci était stupide, une énième mauvaise idée d'avoir voulu se rapprocher ainsi. Je balaie du regard la pièce, mon pull encore trempé, et j'esquisse un geste pour m'en saisir avant de le reposer. Un rapide coup d'œil sur le canapé m'apprend pour une raison que j'aurais presque oublié qu'elle possède un autre de mes pulls. La plage me semble bien loin maintenant et je n'ai pas le temps de m'interroger sur la présence de mon vêtement sur son canapé ni même pourquoi l'avoir gardé. Je peux sentir la frustration et le malaise m'envahir. Je me sens ridicule, torse nu dans son salon. Alors je me rhabille bien vite, récupérant au passage mon tube de médicaments en glissant deux pilules entre mes lèvres. Les voix semblent s'être calmées pour l'instant, sans doute parce que la douleur de mon crâne encore lancinant est suffisante pour me concentrer sur autre chose. Elle me propose de dormir dans son lit ce soir, qu'elle prendra la chambre de son père. Mais elle ne comprends pas. Je n'ai pas envie de dormir, encore moins empêtré dans des draps qui portent son odeur à m'en étouffer. Je cligne des yeux et détourne le regard, croisant les bras pour me rassurer moi-même. Je préfèrerai dormir sur le canapé, quitte à être seul, au moins je ne serais pas trompé par la chaleur de ses draps. Elle me tends une tasse de thé que j'accepte machinalement, la céramique brûlante entre mes doigts mais je ne bronche pourtant pas. Elle dit qu'il était important que nous n'ayons plus à nous mentir, nous cacher l'un de l'autre. Elle a raison et c'est un soulagement étrange que de ne plus devoir lire entre les lignes. Pourtant j'ai bien l'impression qu'il y a plus d'un éléphant dans la pièce.

Du grabuge dans ma tête et dans le voisinage. Des aboiements qui font écho dans le quartier, quelque chose qui a excité les bêtes au point de les faire hurler à la mort. Je peine à me concentrer sur ce qu'elle dit, l'écho est lointain et pourtant il résonne si fort dans ma tête. Célestine Beauchamp. Si le nom m'évoque un vague souvenir, la mémoire me revient aussitôt lorsqu'elle parle d'une fille qui se croyait nymphe. Bien sûr une partie de mon esprit avait refusé la vérité de ce dont il avait été témoins ce jour là; cette plante qui revient à la vie entre ses doigts. Pourtant complètement défoncé à ce moment là, j'avais vite tenté d'oublier. Une nymphe. C'est ce qu'est Lise aussi. Mais poser des mots sur ce qu'elle est m'importe peu, ce n'est pas ce qui me rends le plus curieux pour l'instant. Ce n'est pas la pulsion qui me tord les entrailles mais que je garde enfouie parce que le moment est passé et ne reviendra pas. Les aboiements résonnent de nouveau, ainsi que le claquement de la porcelaine sur le dessus du plan de travail. Je porte une main contre ma tempe, déposant à mon tour ma tasse de thé. Ma vision se brouille d'éclats de lumière furtifs, des traînées dansantes sur la rétine. « Je préfère dormir sur le canapé. » Que j'articule enfin après m'être emmuré dans ces longues minutes de silence. Le ton est légèrement piquant, portant une nouvelle fois ma main à ma tempe dans une vive grimace. Parce qu'il n'aura pas autant son odeur, parce que ce ne sera pas aussi étrange de l'imaginer à mes côtés. Le tapage du voisinage recommence de plus belle, accentuant un peu plus la sensation de vertige qui m'accompagne. L'excitation de la chasse et de la meute. La fierté farouche de défendre son territoire. J'échappe un grognement de frustration, finissant par approcher mon visage de son cou en faisant mine de la renifler. « Parce que tes draps auront ton odeur, et je peux pas dormir dans ces conditions. » Que je lâche un peu brusquement, me massant le crâne plus fort. Quelque chose me perturbe. Je ne sais pas si c'est uniquement elle, mais ça me rend fou. Une pulsion sauvage, un besoin de montrer les dents et asservir ma domination sur le quartier. Des sentiments animaux qui n'ont rien à voir avec les miens. Parce que cette euphorie soudaine n'est pas la mienne, mais la frustration du manque de son contact vient y créer des interférences. Mes doigts se plaquent pourtant sur sa taille et ses hanches pour la hisser sur le comptoir de la cuisine, mes mains glissant sur ses cuisses avant de prendre appuie sur le rebord de chaque côté. « Tu ne te cache plus Lise ? Vraiment ? » Je la reprend malgré moi sur ses mots. Je l'accule comme je l'ai fais un peu plus tôt de ma colère. Mais cette fois c'est autre chose. Plus de bouilloire, plus de porte de sortie, d'océan ou de pluie torrentielle. Cette fois je fais juste du rodéo sur l'éléphant dans la pièce au lieu de le laisser me piétiner. Exploser ce sablier du temps perdu qui continue de nous faire tourner en rond. Et je défonce ses barrières une nouvelle fois, même si je m'étais promis de ne plus le faire. « D'abord tu m'accuse d'être un pervers qui veut s’inviter dans ton lit. Puis tu t'offusque à l'idée de me laisser dormir sur le canapé à côté de la porte de sortie et maintenant tu veux m'empêcher de dormir tout court en me laissant seul entre tes draps. Mais qu'est ce que tu veux Lise vraiment ? » Une question que je pense légitime, même si sa formulation est maladroite. Je me racle la gorge d'un nouveau grognement avant de planter mon regard dans le sien. « Je peux pas continuer de tourner en rond comme une bête en cage au moindre sursaut. Je sais que je ne suis pas le meilleur exemple mais s'il te plaît, arrête de souffler le chaud et le froid. Ça me rend encore plus fou que je ne suis probablement déjà. Si c'est un de tes pouvoirs de sirène, nymphe, ou peu importe, s'il te plaît arrête tout de suite et laisse moi partir. » Cure moi de cette obsession. Je passe furtivement mon pouce contre sa bouche avant de me pencher pour murmurer. « On a promis d'arrêter de fuir. » Je lui rappelle ses mots dans la bibliothèque et les miens sur la plage. Les mots qui devaient nous définir maintenant. Indissociable l'un de l'autre. Mes lèvres se posent dans son cou avant que je ne me détache, un triste sourire qui déforme mes traits. « Moi j'irai nulle part. » J'ai cessé de fuir. Je serais toujours là. Car je refuse de céder ces sensations au temps. Des sentiments et des envies cristallisées comme des quartz dans cette horloge cassée. Je suis fou d'avoir envie de posséder ce que je ne peux avoir.


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We were never really here (Lise) - Dim 10 Fév - 2:46

We were never really here
Lise & Mal

Elle cède à la requête brusque mais pourtant touchante. Les sursauts légers qui le parcouraient chaque fois qu’elle esquissait un geste envers ne lui échappaient pas et serraient chaque fois un peu plus son cœur. La contradiction comme seconde nature. A lui dire qu’il a besoin d’être proche d’elle tout en étant réticent à ses approches. Mais comment lui en vouloir lorsqu’elle perçoit l’amélioration ? Quand chaque geste qu’elle a pour lui semble chaque fois un peu mieux accepté ? Puisque chaque fois qu’ils se voient, elle semble faire un pas de plus vers le cercles plus que restreints de ceux qui peuvent oser poser leur main sur Maldwyn. Elle hésite encore néanmoins, réticente à l’idée de répondre à une requête aussi désespérée soit-elle. Les mains tremblent et se posent sur la peau réchauffée par une eau salvatrice. Le contraste avec la température de son propre corps ne s’en fait que plus troublant. Les eaux glaciales de l’océan s’écrasent de nouveau sur un brasier. Mais les vagues recherchent la chaleur plutôt que de vouloir éteindre les flammes. Le contact de sa peau contre la sienne la fait frissonner à mesure qu’elle l’emplit de chaleur. Elle se délecte de cette sensation qu’elle avait oublié depuis bien trop d’années. A se débattre seule dans les eaux glaciales de l’océan, son cœur s’était gelé en même temps que le corps de la nymphe. Le cœur qui tambourine contre son oreille l’emplit d’une sensation grisante. Témoin des sensations que suscitent chez lui chacun de ses doigts glissant dans son dos. Un cri lui échappe malgré elle, surprise de la réponse à son étreinte, et surtout de la force de sa poigne. Elle n’en mène pas large lorsque ses mains cherchent la peau dénudée de son dos et parcourent la ligne de ses os. Le dos particulièrement sensible, le souffle qui s’accélère et l’étreinte qu’elle resserre de ses bras avides. Elle se liquéfie et  fond comme neige au soleil au creux de la chaleur de ses bras.

Mais une fois de plus, elle prend la fuite à la première échappatoire venue. Réflexe machinal de s’échapper d’un moment qui la mettait au pied du mur. Encore. L’intime conviction que rien de tout ça ne soit une bonne idée est tenace. Trop peureuse la Lise, d’embarquer dans une barque prête à chavirer à tout moment. Malmenée par une houle capricieuse soufflée par deux âmes à la dérive. Ils dérivent sur une mer peuplée d’ombres et de lumières. Tantôt attirés par l’un, puis par l’autre. Tantôt loins, tantôt proches. Perdus dans le noir à avancer à tâtons ou s’acceptant tels qu’ils sont sous la lumière. Si elle a accepté de se dévoiler, il lui reste difficile de rester en plein jour après avoir passé une vie entière à se cacher. Autant d’années à se mentir à soit même encore plus qu’aux autres, prétendre être quelqu’un d’autre autant que refouler ses propres sentiments. Refuser la proximité de peur d’être jugée pour un monstre. Il lui faut se faire violence pour accepter Maldwyn dans son cercle intime. Pourtant il est encore là, même après s’être mise à nue et lui avoir montré la créature qui se cache sous sa peau. Il s’efforce de s’approcher, glissant des doigts désireux sur les mutations de son corps. Que lui faut-il de plus pour accepter la tempête qui se déchaine dans ses veines ? Elle s’est réfugiée dans la cuisine, fait mine de se concentrer sur le service mais c’est l’ouragan qui se lève. Pourvu que je ne le regrette pas. Qu’elle s’efforce de penser, se persuadant que c’était la meilleure chose à faire. S’éloigner. La distance qui les sépare désormais lui évoque la gueule béante d’une bête prête à l’engloutir. Elle l’observe à la dérobée et elle regrette déjà sa fuite. Il semble penaud et frustré mais ne proteste pas. Se contente d’enfiler son pull abandonné sur le canapé après avoir hésité avec celui encore mouillé de son abandon dans les eaux froides. Elle frissonne à la seule pensée de ce baiser. L'impression qu'elle vient de briser quelque chose lui retourne les tripes. Le silence tambourine dans ses tempes, elle cherche à le combler. Parler de tout sauf de ce qu'il venait de se passer. Lise lui tourne le dos chaque fois qu'il s'efforce de s'approcher. D'autant plus lorsqu'elle se perd à y croire. Elle se refuse d'avoir un quelconque espoir, et pourtant elle en a déjà de trop. Alors elle préfère noyer le poisson et ignorer la douleur qui lancine son cœur. Et pourtant c'est entièrement de sa faute et elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même.

Lui parler de sa véritable nature n'est pas qu'une parade mais elle se perd elle-même dans ses entourloupes. Parce qu’elle essaye de tromper son propre cœur, s’acharne à l’écraser chaque fois qu’il ose s’exprimer un peu trop. Elle lui avait dit être terrorisé de lui faire du mal. Pourtant quand elle entend ces chiens s’agiter dans le quartier, elle sait qu’elle vient pourtant de le faire et ça lui déchire le cœur. Jamais elle n’avait cru qu’il y ait autant de cabots dans le coin. Lise ne peut pas nier le lien entre l’agitation de ces chiens, l’évident malaise de Mald main sur la tempe et le chien de plus tôt grattant à sa porte tandis qu’il s’emportait. D’une manière ou d’une autre il agit sur les chiens et peut-être même l’inverse. Elle bat en retraite et se referme comme une huitre, luttant elle aussi contre ses propres démons. Tente de se persuader que sa fuite n’était pas l’élément déclencheur mais nier l’évidence est tout simplement idiot. Il s’approche. Ses yeux le scrutent brusquement, alertes aux changements dans son comportement. La culpabilité l’écrase mais elle n’a pas le temps de faire quoi que ce soit qu’il a déjà comblé le gouffre entre eux. Il grogne et lui renifle le cou. Il la prend tellement par surprise qu’elle ne peut ni s’offusquer ni s’interroger sur le regard sauvage qui la cloue sur place. Il est incapable de dormir dans des draps qui ont son odeur parce que ça ne le frustrerai que d’avantage. Elle se mord la lèvre violement, honteuse de son indécision intempestive. Elle se souvient encore de la sensation qu’il se joue d’elle, n’est-ce pas exactement ce qu’il était en train d’éprouver alors qu’elle s’approchait pour mieux s’éloigner ? « Je...  Je suis désolée, je.. » La vitesse à laquelle il la hisse sur le plan de travail l’empêche de terminer. Il interrompt ses balbutiements et se dresse devant elle. Son souffle s’accélère brusquement tandis que ses mains glissent sur ses cuisses et es bras de chaque côté de ses jambes lui font l’effet d’une cage dorée. Ses mots l’écrasent d’une vérité qui lui glace le sang. Il a raison. Elle continue de se cacher et de fuir malgré les promesses qu’ils avaient pu se faire. Sa position cherche à lui faire comprendre qu’il lui empêchera de fuir davantage et elle se sent comme un animal prit au piège. Sa répartie fuse, grognement viscéral qui lui secoue l’estomac. Ce n’est pas qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Elle est comme une gamine pétrifiée par la peur chaque fois que qu’ils se rapprochent un peu trop. Parce qu’elle en sait plus Lise, comment faire. Comment lâcher prise et s’abandonner sans concession. La respiration qui se fait douloureuse au point de soulever visiblement sa poitrine de gestes saccadés. Ses mains qui se crispent sur le comptoir alors que des chiens continuent de hurler à la mort. Elle n’a pas de réponse à sa requête et pourtant elle refuserait de le laisse partir. L’égoïsme crasseux de vouloir le garder pour elle alors qu’elle n’assume en rien les sensations qui lui rongent les reins lorsque son pouce vient glisser sur ses lèvres. Elle n’a pas oublié leurs promesses et sa colère est légitime. Ses lèvres se posent pourtant dans son cou et son souffle chaud dans sa nuque l’électrise. Moi j’irai nulle part.  Le poids qui pèse sur ses épaules s’allège un peu de savoir qu’il ne disparaîtra pas au petit matin. Son front s’écrase sur son épaule avec un long soupire alors que ses deux mains viennent lui enserrer les poignets. Elle ne trouve pas les mots pour se justifier et la panique s’empare de son esprit. Elle est au pied du mur et n’a d’autre solution que d’accepter ou fuir définitivement. Le cœur écrasé dans un étau invisible la fait souffrir et sa respiration se fait plus saccadée encore. Il aurait eu tous les droits de l’acculer d’avantage. « Toi qui avait peur de me faire du mal… Si tu avais su que c'était moi qui te ferais le plus de mal... » Au moins il n’avait pas cherché à se cacher. Elle avait été celle à ignorer les mots ou les gestes un peu trop intimes, celle cherchant une porte de sortie lorsque leur proximité lui faisait un peu trop peur. Il n’avait que trop raison. Elle avait été la seule à briser chacun de leur contact. Peut-être qu’il craignait le contact avec les autres mais elle était sans aucun doute la plus farouche des deux. L’animal apeuré pris au piège qui se mordait la queue jusqu’à devenir fou. Les chiens aussis devenaient fou à l’extérieur et ça ne l'angoissait que d'avantage. « Les chiens... » Qu'elle souffle pour lui intimer doucement de se calmer.

L’intensité de leurs échanges la secouait chaque fois un peu plus. S’il disait qu’elle soufflait le chaud et le froid, ça se répercutait dans son esprit. Attirée mais sitôt apeurée, elle en était épuisée elle-même. S’asséchait à une vitesse folle parce qu’il malmenait son esprit d’ascenseurs émotionnels. Mais elle était tout aussi coupable que lui. « Pardonne-moi Maldwyn. J’ai pas voulu te faire du mal. » Elle échappe un souffle douloureux malgré sa respiration un peu plus calme. Elle se redresse et se ressaisit tout doucement, consciente qu’il serait ridicule de s’enfermer d’avantage dans sa propre cage. Si elle devait gérer elle aussi ses propres démons il était temps qu’elle cesse d’être son propre ennemi. « Tu as raison, je me cache encore. Mais je n’ai pas oublié nos promesses. » Son regard affronte le sien malgré l’appréhension. Elle s’est mise en cage d’elle-même il y a plusieurs année, s’y est enfermée d’avantage à mesure que des fissures se frayaient un chemin jusqu’à elle. Les mains se glissent sous son pull pour venir caresser son dos de nouveau. S’il savait les quantités d’eau que cette maille avait absorbés ses derniers mois. S’il savait les états dans lesquels elle s’était mise, noyée dans l’ignorance et le silence. « Tu as disparu pendant quatre mois Maldwyn. Et je ne savais pas si tu me détestais simplement d’être un monstre où s’il t’était arrivé quelque chose de grave. Je préférais penser que tu me détestais plutôt qu’avoir à m’imaginer que tu sois peut-être mort… » Sa voix se brise parce qu’elle y avait songé plus d’une fois. Si elle était plus que soulagée de le retrouver ce soir, elle avait dû faire face toute seule et s’efforcer d’éteindre les émois de son cœur. « C’est pas des pouvoirs de nymphe Maldwyn. Mais ça me rend tout aussi folle que toi. » Elle pose de nouveau sa joue contre sa poitrine. Ecarte légèrement les jambes pour l’attirer contre elle, l’enserrer de ses quatre membres et le faire prisonnier à son tour, les mains toujours glissées sous son pull. « Tu me rend folle et ça me fait peur. » Un soupire lui échappe malgré elle. L’aveu contre lequel elle se bat depuis qu’il est devenu plus qu’un ami d’encre et de papier. La tempête se calme dans son esprit. Parce qu’elle fait enfin face à elle-même, ne cherche plus à nier la véritable source du problème. Ce n’est pas un manque de confiance en lui mais la peur que le bateau sur lequel ils sont ne finisse droit dans un gouffre. L’embarcation prête à chavirer parce qu’ils sont aussi instable l’un que l’autre. Ils ont besoin l’un de l’autre aujourd’hui mais qu’en sera-t-il dans quelques mois ? « Je veux que tu restes avec moi même si tout ça me dépasse. » Ses bras l’enserrent de toutes ses forces. Elle tremble encore comme une feuille et meurt de froid. Cette soirée l’a épuisée. Un Maldwyn physiquement éreinté qui sonne à sa porte, un trop plein d’émotions contradictoires dont elle souffre encore et le contre coup d’une transformation n’est pas inexistant. « Si je peux désormais te toucher sans que tu ne craignes mon contact, alors tu pourras faire de même sans t’inquiéter de me voir filer entre tes doigts. » Il avait raison comme à chaque fois, ils ne pouvaient pas continuer comme ça, à jouer la valse du oui et du non. S’ils devaient chavirer, qu’il en soit ainsi. Si son comportement lui faisait du mal, elle n’avait d’autre choix que de se confronter à elle-même. Elle ne pouvait pas continuer à jouer avec lui, aussi inconscients que ses comportements aient pu être. Ses fuites l’étaient toujours. L’une de ses mains vient se poser tout contre sa joue avant de glisser dans sa nuque puis à la racine de ses cheveux. Les lèvres qui se posent dans son cou comme il venait de le faire. La main qui continue de glisser dans ses cheveux jusqu’à découvrir la peau bleutée et gonflée sur son front. Son corps a un mouvement de recul, elle est sûre qu’il n’avait rien lorsqu’ils étaient à l’extérieur. Elle avait observé chaque centimètre carré de son visage. « T’es.. tombé dans la douche ? Ca va ? » Lise se penche sur le côté pour atteindre le robinet et pose ses doigts mouillés sur la plaie. Elle s’efforce de faire pénétrer l’eau pour hydrater la peau meurtrie et calmer la blessure. Elle en profite pour couler une poignée d’eau dans sa nuque dans un soupir de soulagement. « Tu peux dormir dans mon lit parce que j’y serais également si tu veux que j’y sois. » Sa proposition de plutôt n’était que pure politesse alors qu’elle mourrait d’envie de s’endormir avec son odeur et la chaleur de son corps sous les draps. Peu importe s’ils allaient droit dans un gouffre, qu’avait-elle d’autre à perdre que lui ?
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We were never really here (Lise) - Lun 11 Fév - 22:53

We were never really here
Lise & Mal


Est-ce que tu me veux dans tes pensées, ou est-ce que tu me préfère les quitter. Laisser les doutes de côté, juste le carburant de l'envie, le pilotage automatique des gestes qui se fichent des conséquences. Je peux être sien, autant que je peux disparaître. Il suffit qu'elle le dise, qu'elle décide pour moi qui ne peut imposer l'issue de tout ceci. Je n'ai pas peur de prendre le temps malgré l'impatience et la frustration de ce jeu de cache cache incessant. Nous nous connaissons depuis longtemps et pourtant ces nouvelles choses qui se tissent entre nous sont encore si fragiles. Je ne sais pas de quoi nous avons peur mais cette frayeur est partagée. J'aimerai la toucher sans craindre de la voir se dérober, tout autant je suis réticent à m’habituer au contact de ses mains sur ma peau. Parce que je ne sais pas où se trouve la limite et si nous ne l'avons pas déjà franchie. Parce que je ne sais même pas si nous cantonner à des normes de règles tacites a un sens. Une connaissance intime de la psyché de l'autre, une amitié qui explore maintenant le contact au delà des métaphysiques. L'exploration tactile, ce qu'il nous restait pour nous fondre réellement l'un dans l'autre. Mais est ce vraiment une bonne idée ? Je ne suis pas idiot au point de prétendre encore l'amitié lorsque j'ai envie d'embrasser chaque mot qui s'échappe de ses lèvres, lorsque je pourrais passer des heures éveillé à compter ses tâches de rousseur. Pourtant je suis incapable de me l'avouer; cette affection un peu trop envahissante et cette envie de flirter avec le danger de la proximité. Je n'ai jamais ressenti ça avant, cet entre deux incertain. Ni vraiment amis, pas encore amants. Ou plutôt je l'ai déjà vécu, et c'est peut être cela au final qui m'empêche de me laisser aller à recommencer. Nous étions amis au début, avec Delilah. Et puis un jour nous nous sommes réveillés dans les bras l'un de l'autre à nous promettre l'impossible. Et nous avons souffert l'un et l'autre de cette erreur. Je l'ai faite souffrir. Et je n'ai pas envie de recommencer avec quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui m'est devenu cher. Alors je cherche encore la fuite malgré tout, malgré la malice avec laquelle je l'accule pour mieux lui reprocher la sienne. Grogner comme un animal mécontent de ne plus être caressé dans le sens du poil, un réflexe incontrôlable et un comportement plus entreprenant que je ne peine à me l'avouer. La porte de sortie qui se rétrécit dans mon esprit, parce que je ne trouve plus d'excuse pour l'emprunter et m'extirper de ses bras. Car si elle m'attire contre elle, si elle accepte elle aussi de se perdre, alors je ne réponds plus de rien.

Elle panique, se confond en excuses et se ferait plus petite encore si elle le pouvait. Je ne sens plus que son odeur, sa présence m'enivre et m'empêche de me confondre moi aussi en excuses. Je ne peux pas justifier mon comportement, uniquement assumer être l'instigateur de ce raz de marée qui vient l'engloutir. Perchée sur le bord du comptoir elle ne peut pas m'échapper, elle n'a pas d'autre choix que de faire face à ces sous entendus entre nous et ces gestes que nous n'assumons pas vraiment. « Je me fiche que tu me fasse mal Lise. » Que je rétorque avec certitude, mon regard se plongeant dans le sien avant que j'approche de nouveau mon visage de ses cheveux. Mon cœur tape trop fort contre mes côtes, il hurle à la mort à l'unisson avec les clébards du quartier. Elle semble avoir remarqué leur impatience elle aussi, la coïncidence anormale de leur cacophonie. « C'est rien ignore-les, ils font ce que je leur dis… » A peine murmuré, plus par insolence que par certitude, une occurrence dont je ne suis pas certain moi même. Un instinct égocentrique qui aime voir une logique là où il n'y en a peut être pas. Je suis bien idiot de parler de ça, le fait est que je commence à croire que quelque chose cloche. Je ne peux plus fermer les yeux comme avant, je ne peux pas ignorer que dans ce nouveau monde les coïncidences n'existent pas. Elle s'excuse de nouveau, demande pardon alors que la faute est partagée. « Tu peux me faire du mal Lise ça m'est égal. Mais me laisse jamais t'en faire. » Je réitère les règles de ce pacte d'un ton ferme, soutenant son regard qui a enfin cessé de fuir le mien. Et je lui en ai fait déjà, en la laissant sans nouvelles, en la repoussant ce jour-là sur la plage. Ses mains glissent sous mon vêtement et j’échappe un souffle, incapable de la regarder plus longtemps. « C'est ma faute Lise, j'ai pas été là. J'aurais dû mais j'ai pas pu. Mais crois moi quand je te dis que je serais mort avant de te détester. » Je ne peux pas supporter le son de sa voix qui se brise. Si la frustration et la fierté me portaient jusqu'ici, maintenant c'est à mon tour d'avoir envie de me dérober. Le calme et devenu dans la jungle urbaine, l'animal veut fuir la queue entre les jambes. Elle m'attire contre elle, ses jambes qui se referment sur la taille et ses bras m'emprisonnent. Un léger sursaut m'échappe et sa tête vient se poser contre mon cœur. Il pourra témoigner encore une fois, de l'effet de chaque mot et chaque geste. J'ai envie de lui avouer que cela me dépasse aussi, que je n'ai pas plus la solution qu'elle. Je me contente de me laisser porter, comme au gré de ces vagues qu'elle apprécie tant. Elle peut poser sa marque sur mon corps parce que j'ai accepté de me laisser bercer par le courant, parce que j'ai envie de la toucher autant qu'elle me touche. Et nos mots ne suffisent plus. Mes bras finissent par se refermer avec force sur son corps, mes mains glissent sur ses hanches pour nous rapprocher un peu plus. Je ferme les yeux et baisse la tête pour laisser ses doigts se perdre librement dans mes cheveux, échappant un souffle rauque à ses lèvres qui se pressent sur ma gorge. La respiration gênée, tentative de contrôle fortuite avant d'échapper une légère grimace lorsqu'elle trouve le chemin de mon front meurtri. « C'est rien…c'est juste… un léger différent avec moi même. » Que je lâche pour toute explication. Je n'ai pas voulu lui mentir, même s'il aurait été aisé de me cacher derrière ma maladresse légendaire. « Ça va aller t'en fais pas, c'est rien du tout. » Que je m'empresse d'ajouter pour calmer sa réaction. Je la regarde atteindre le robinet, observant perplexe le filet d'eau s'écouler avant de suivre le geste de ses doigts humides qui viennent se poser sur la plaie. Je voudrais protester, la chasser d'un mouvement brusque. J'aurais préféré qu'elle ne remarque rien. Pourtant le contact glacé me soulage brièvement, m'apaisant de force. Je rouvre les yeux pour remarquer l'eau qu'elle se passe sur la nuque et le soupire de soulagement qui s'échappe de ses lèvres. Elle ne peut jamais en rester loin bien longtemps, elle ne fait qu'un avec l'élément. Je me demande si elle n'est pas qu'un poisson hors de l'eau la plupart du temps, un charmant petit poisson qui se dessèche sans son océan. Le liquide vital bien vite absorbé par son être, comme elle me l'a montré au bord de la piscine. J'échappe un faible sourire avant que celui-ci ne se déforme de stupeur face à ses mots. La chaleur qui me prend le visage, même si la proposition à peine masquée n'est pas aussi directe que ce que je m'apprête à prononcer. Mes mains l'amènent un peu plus près, glissant sur ses reins alors que je pose mon front contre le sien. « On joue encore à se parler entre les lignes ? » Que je demande malicieusement, pressant mes lèvres contre sa tempe. « Si j'avais une page blanche, j'aurais beaucoup de choses à t'écrire là tout de suite. » Que j'ajoute d'un murmure, ma bouche emprisonnant la sienne un instant. « J’ai pas d'encre ou de papier sous la main alors pas le choix vraiment. » Je glisse mes main sous le robinet, passant mon index humide sur ses lèvres avant de l'embrasser de nouveau. Quelques gouttes éclaboussés avec intention sur ses clavicules, j'y dessine des arabesques avant de passer mes doigts trempés contre son dos, plongeant sous son haut pour suivre le tracé de ses os comme elle m’a fait un peu plus tôt. Je souris contre sa peau, attentif à la moindre de ses réactions, posant mes lèvres contre l'eau qui ruisselle contre son décolleté. Les traces humides disparaissent bien vite, absorbées par sa nature aquatique avide. Une torture partagée, des gestes aussi doux qu'ils sont lancinant. Je finis par poser mes doigts sur sa nuque, plongeant mon regard dans le sien. « Je te veux dans ton lit, Lise Rowan. Tout de suite. » Que je finis par lui répondre, un ton sans détours mais toujours légèrement joueur. J’enserre ses épaules, déposant un baiser sur son front avant de la soulever dans mes bras non sans chanceler légèrement. Je la porte jusque dans le salon, fermement agrippé à elle. Je trouve non sans peine les escaliers, la laissant me guider jusqu'à sa chambre. Je ris malgré moi de ce paquet léger que je dépose lourdement entre les couverture après avoir insisté pour la porter jusqu'au bout. Je me laisse tomber au dessus d'elle, nos corps rebondissant l'un contre l'autre, profitant de cet avantage pour l'embrasser une dernière fois avec force. « Je t'ai attrapé dans mes filets, qu'est ce que tu as à dire avant de te faire dévorer ? » J'échappe un nouveau rire léger, trouvant naturellement le contact de ses lèvres un peu plus délicatement. Je languis un instant, mon visage finissant par échouer contre son cou. Je roule sur le dos pour observer le plafond un instant, les faibles rayons de lumière de la rue qui le quadrillent. Je ferme les yeux pour écouter les sons, le silence juste percé par sa respiration et la mienne. « J'espère que je ne vais pas te réveiller dans la nuit… Je faisais de la paralysie du sommeil, je dormais très peu… » Encore une chose qui a étrangement changé depuis peu. Même si quitte à choisir je ne sais pas si je préférerai les voix dans ma tête à l'insomnie forcée. « J'ai pas… dormis avec quelqu'un depuis plusieurs années… » Que je finis par avouer, entre autre chose. Si j'ai encore envie de la toucher, laisser ces sensations grisantes m'envahir jusqu'à exploser, c'est bien la peur qui m'a rattrapé. J'esquisse un geste pour me redresser et enlever mon pull avec pudeur avant de presser mon crâne contre son épaule. Je m'allonge près d'elle sans oser trop la coller. Il y a beaucoup que je n'ai pas vécu depuis longtemps à vrai dire, mais c'est la fatigue qui me rattrape avant toute chose. Après plusieures minutes d'hésitation je finis par rabattre la couverture et envelopper son corps de ses bras, mêlant mes jambes aux siennes. Une étreinte désespérée, la crainte de la voir disparaître, le sable s'écouler entre mes doigts. Au diable le temps, au diable ma fuite. J'enfouis mon visage dans ses cheveux, des flammes pour chasser les ténèbres.
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We were never really here (Lise) - Mer 27 Fév - 0:22

We were never really here
Lise & Mal

Ces frissons qui lui parcourent le corps chaque fois que le contact se fait. Ces ressentis qu'elle s'était efforcée d'ignorer, déjà depuis qu'il avait commencé à faire tomber le mur qui les séparait l'un de l'autre. La peur paralysante d'une mécanique rouillée depuis des années. Des rouages qu'elle a du mal à remettre en route malgré les émois qu'il pouvait faire naître en elle. Elle était celle qui s'était cachée derrière la fausse naïveté de ne pas comprendre ce qu'il attendait d'elle. Niant ses propres émotions pour ne pas avoir à faire face. Se cachant à l'intérieur de sa propre cage qu'elle jetterai à la mer si elle le pouvait. La facilité de pouvoir s'enfuir plutôt que d'affronter la difficulté. C'est ce qu'elle n'avait cessé de faire finalement et la violence de ce qu'elle avait pu faire endurer à Maldwyn lui écrasait les poumons. Jouer au chat et à la souris les avait confrontés bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. La culpabilité comme une épée de Damoclès prête à la foudroyer. Les poumons ne parviennent plus lui apporter l'oxygène dont elle a besoin. Elle étouffe dans une souffrance illusoire, se noie dans des angoisses qu'elle ne contrôle pas. Les doigts qui s'accrochent désespérément à leur nouveau roc de peur de chavirer. Lise n'avait jamais eu l'intention de lui faire du mal, mais elle avait compris bien des années avant que l'amitié autant que l'amour font souffrir . Une culpabilité persistante, aussi violente qu'une tempête qui balaie même les bons moments, souffle tout sur son passage jusqu'à la laisser dans une négativité malsaine. Elle voudrait s'écraser, ne parvenant pas à trouver les mots pour s'excuser, persuadée qu'aucun d'entre eux ne soit suffisant pour exprimer son mal être. Il lui semble perdre pied jusqu'à ce que son visage ne vienne s'échouer près du sien.

La perception des battements de son cœur parvient à calmer le sien. La certitude que nier n'est plus la solution alors que la proximité de son visage apaise ses maux. Elle ne remarqua avoir fermé les yeux qu'une fois qu'elle les plongea dans les siens. Elle voudrait s'y perdre autant qu'elle voudrait continuer de fermer les yeux de cette aisance. Après des mois à fermer les yeux et à se persuader soit même, elle n'avait qu'envie  de poser son visage contre lui, clore les yeux et se laisser submerger par ce soulagement qu'il lui apporte. L'étreinte de ses doigts sur ses poignets se resserre un peu plus malgré le calme qui succède à cette  tempête lui submergeant  l'esprit. Ses lèvres se pincent à ses mots. Malgré l'évidence, l'entendre dire qu'il ne la déteste pas lui fait perdre ses moyens. Les yeux s'embuent un instant et un soulagement qui désinhibe. Les jambes qui viennent enserrer sa taille avant qu'elle ne pose son visage contre son torse. Son contact la rend folle mais elle a prit goût à cette folie.  « Je me fiche aussi que tu me fasses du mal Maldwyn. » Parce que ce sera inévitable, parce que c'est déjà mais mais qu'elle restera là aussi quoi qu'elle en dise. Parce qu'elle refuse de se fermer davantage à ses contacts. S'ouvrir à lui l'avait fragilisée, confrontée à ses propres peurs mais ça lui avait aussi ouvert les yeux. Son absence l'avait forcé à faire face à ses propres sentiments et maintenant qu'ils étaient de nouveau dans les bras l'un de l'autre elle ne se sentait plus capable de renoncer à ce souffle chaud au creux de son cou. Les bras de Maldwyn la rapproche davantage et l'enserrent . Elle a le sentiment d'être là où elle devrait être bien que ce soit là où elle avait peur de se retrouver il y a de ça quelques mois.  « Ne part plus Maldwyn... » Qu'elle souffle, le visage perdu dans son cou, les doigts glissant dans ses cheveux. Elle avait remarqué que le silence avait repris sa place à l'extérieur, qu'il semblait plus serein alors qu'il l'a tenait prisonnière de ses bras.

Elle avait l'impression de le tenir tout autant prisonnier, ses bras le serrant avec force comme s'il pouvait se volatiliser en un instant.  La rousse  savourait son retour, appréciait sa présence plus qu'elle n'avait pu l'imaginer. Se délectait des battements de son cœurs s’accélèrent alors qu'elle pose ses lèvres dans son cou. Elle voudrait ne plus avoir à se poser de questions, s'inquiéter de savoir si le chemin qu'ils empreinte soit le bon, du moins pour ce soir. Plus de questions inutiles, pas lorsqu'elle se sent aussi bien au creux de ses bras, les yeux clos, attentive à chacune de ses réactions. Il tressaute à la découverte d'une blessure au front camouflée par des mèches sauvages. Lise n'essaie pas d'insister même si la curiosité aurait pu lui faire défaut. Le moment lui semble mal choisit pour lui demander laquelle de ses voix l'avait amené à se cogner la tête dans la douche. Elle se demandait furtivement s'il s'agissait de celle qui voudrait lui faire du mal à la moindre occasion, et un air de défiance séparait de la rousse mais elle n'en dit mot. Peut-être qu'elles avaient toute mis leur grain de sel. Probablement le quotidien qu'elle ne parvient pas encore à s'imaginer, une cacophonie incessante comme une torture incessante. L'idée même de ce qu'il puisse endurer lui brise le cœur. Elle se contente d'appliquer doucement  un peu d'eau sur sa plaie pour hydrater sa peau et calmer le coup tout en restant silencieuse. La vitesse à laquelle elle lui propose de dormir dans son lit avec elle la choque elle même. Même si la proposition est un peu camouflée, difficile de nier maintenant que si elle était outrée qu'il lui demande de dormir ici, c'est surtout parce que l'idée de partager son lit avec lui lui avait traversé l'esprit à ce moment là. Elle se mordait la lèvre sitôt que Mald semble avoir compris le fond de sa pensée. Le rouge lui monte aux joues à peine eut-il posé les mains  sur ses hanches, l'attirant de nouveau vers lui jusqu'à coller son corps au sien. Front contre front, il ne mâche pas ses lots, ne cherche pas à être moins direct que nécessaire, ne tourne pas autour du pot comme elle pouvait le faire. Un réflexe qui lui ferme les yeux au contact de ses lèvres. Ses jambes qui le serrent davantage. « Ah oui ?.. » Un souffle curieux avant que ses lèvres ne volent les siennes. Avait-il tant de choses à lui dire ? « Quelle excuse... » Elle cherche à le taquiner pour camoufler la gêne qui s'empare d'elle. Il y avait des tonnes de papier et de stylos tout autour d'eux mais cette excuse la faisait gentiment sourire. Un sourire de défiance qui se figea bien vite en stupéfaction lorsqu'il alla glisser ses mains sous l'eau avant de venir la taquiner avec son propre élément. L'idée la surprend mais ne l'étonne pas de la part de Maldwyn, le baiser mouillé affiche dans son esprit le baiser submergé qu'il lui a ait offert plus tôt et son cœur s'emballa aussitôt. La présence de l'eau semblait dédoubler ses sensations. Sa peau comme une page blanche sur laquelle il trace de ses doigts des formes avant de les  glisser le long de ses lignes osseuses laissant derrière eux des traces humides sur l'épiderme. L'habitude qu'ils avaient de reprendre les gestes de l'autre ne devrait pas l'étonner et pourtant le contact de ses doigts lui coupe le souffle. Ils se frayent un chemin sous sa robe de nuit alors que ses lèvres glissent plus bas depuis sa clavicule. Le myocarde qui tambourine, le souffle qui se coupe avant d'expirer difficilement. Elle ne cherche pas à lutter pour autant, accepte de se laisser aller aux sensations. Ses doigts s'étaient frayés un chemin de leur côté, glissant tantôt dans sa nuque, tantôt dans dans ses cheveux, à s'agrippant avec un désespoir palpable. 

Le ton de sa voix la surprend autant que ses mots. Yeux dans les yeux, il la confronte à ses paroles sans qu'elle ne puise se dérober. Les pupilles trahissent son étonnement mais elle ne parvient pas à réagir. Lise reste interdite, incapable de savoir si elle doit s'inquiéter ou se réjouir. Toujours est-il qu'elle n'a pas le temps de se décider que les lèvres de Mald se posent sur son front avant qu'il ne la prenne dans ses bras. La bouche ronde de surprise, elle voudrait contester mais se ravisé, glissant ses mains dans son cou. Profitant de cette position de princesse ne serait-ce que pour quelques mètres. « Attend, pas dans les escaliers.. » Maldwyn n'en tient pas compte, s'aventure dans les escaliers avec concentration. Lise n'est peut être pas bien sereine mais tente de rester tranquille pour ne pas risquer la chute. Le front posé sur son épaule, les doigts aggripés sur le col de ce pull qu'elle ne connaît que trop bien. Le comportement de Maldwyn lui empli le cœur d'un soulagement plus qu' agréable. D'une humeur aux antipodes d'au début de cette soirée, un rire sincère qui raisonne à ses oreilles avant qu'il ne la pose dans son propre lit. Il se laisse tomber sur elle avant de voler ses lèvres. « Si c'est par toi... » Elle hausse les épaules en se pinçant les lèvres, se demandant à quelle sauce ellait bien être mangée. Les lèvres  de Mal ne tardent pas à  emprisonner sa  bouche  de nouveau. Le désespoir palpable, l'urgence qui pulse dans ses veines. Elle approfondit le contact, aggripe sa nuque pour  l'attirer davantage. La peur que son état d'esprit ne dure pas. Que cette proximité s'étiole de nouveau et ne tienne pas le coup face à leurs peurs respectives qui, si elles semblent loin en cette fin de journée ne le sont jamais vraiment. Les doigts qui se glissent entre les siens alors qu'il s'allonge à ses côtés. Elle fixe le plafond comme il pouvait le faire, le pouce carressant doucement le dos de sa main. Incapable de briser le silence qui semblait couver un moment calme et complice. Lise s'accroche désespérément à cette main dans la sienne comme elle avait pu le faire tellement de fois, une symbolique qu'elle ne le laissera plus s'en aller. La main qui s'approche de son visage pour glisser le dos de sa main contre ses lèvres puis contre sa joue. Les yeux clos témoignent d'un bien être partagé auquel elle ne voudrait plus renoncer. Son corps qui pivote vers lui pour poser son front contre son épaule. De longues minutes de silence s'egrainent avant qu'il ne le brise. « C'est rien.. » Un bisou furtif sur l'épaule qui se veut simplement rassurant. « Inquiète toi d'abord de ton sommeil, moi ça ira. » Parce qu'il lui importait bien plus qu'elle même, et que même si elle tombait de sommeil, elle était capable de le regarder dormir pendant des heures. Elle reste silencieuse pourtant à son aveu, ne trouve pas de réponse élaborée à lui offrir. «  Moi non plus... » Il y avait probablement bien des choses qu'ils n'avaient plus fait ni l'un ni l'autre depuis longtemps mais elle n'avait pas envie de s'en inquiéter. Ses lèvres se perdent sur son torse à peine eut-il retiré ce pull qu'elle subtilisait discrètement d'une de ses mains. Elle le glisse à moitié sous son oreiller avant qu'il ne s'allonge de nouveau. Le cœur qui bat la chamade et tambourine à tout rompre à l'idée d'avoir sa peau contre la sienne pour la nuit. La situation lui semble irréelle tandis que quelques heures plus tôt elle n'avait aucune idée d'où il pouvait être, ni même comment il allait. Ils n'osent ni l'un ni l'autre trop se toucher malgré leurs récentes provocations mais sa main à bien vite emprisonnée la sienne de nouveau. Maldwyn rabat la couverture avant de la prendre dans ses bras. Elle souffle aussitôt, rassurée qu'un stress idiot ne vienne s'installer pour la nuit. Le cœur comme un amas rocheux façonné par des années de vagues s'écrasent au pied de la falaise. Il lui semble alors que cette couverture rocheuse se soit irrémédiablement effrité. A coup de persévérance et de gestes tendres. De ceux qu'elle se refusait et qui lui semblent pourtant indispensables ce soir. Pourvu que ça dure..Ses bras l'enserrent également, le soulagement palpable dans la force qu'elle place dans son étreinte avant de doucement se laisser gagner par la fatigue. Le visage au plus proche de son cou. Elle s'enivre de son odeur alors que son pied glisse le long de sa jambe.«  Dors bien... » Elle dépose doucement ses lèvres sur sa peau avant de caler son visage. Il lui semble ne jamais s'être endormie dans les bras de quelqu'un de cette manière. Deux corps oubliés, en manque d'affection. Désespérément accrochés l'un à l'autre. Une proximité impensable il y a peu, et pourtant c'est l'un contre l'autre qu'ils se laissaient gagnés par le sommeil. Désespérés à l'idée que l'autre puisse lui glisser entre les doigts, plus que jamais conscients de la fragilité de cet instant.

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