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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise)

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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Ven 20 Avr - 19:22

Lise
&
Dante
with every breath I swallow, I drown.
C'est en cherchant cinq fois à mettre la manche de sa veste en tombant sans cesse à côté qu'il croise le sourire en coin du barman. Ouais. Il a peut-être bu un verre de trop. Et alors ? Il darde sur lui un regard qui se veut noir, dans lequel peine à transparaître la moindre émotion. L'iris est vitreux du rhum faisant office d'anesthésiant. Les journées se compliquent à mesure que les semaines avancent, qu'il peine à suivre la cadence des consultations lorsque l'empathie se fait la belle. La dernière patiente, c'était la quatrième qu'il faisait pleurer cette semaine. Gratuitement. Et pas le genre à s'épancher franchement. Lui, il contemple. Spectateur privilégié du désarroi qui ne tarit pas en sa présence. C'est seulement lorsque l'émotion s'insinue à nouveau dans ses veines qu'il met le doigt sur ce qui cloche. Lui. Et ce sont les verres qui s'enchaînent à deux pas de chez lui, bar infernal synonyme de tentation à l'apogée de ses doutes. De ceux qui ne s'extériorisent pas, pas sans qu'il ne finisse par se dire, c'est toi qui déraille, mon vieux. Il n'a jamais été de ceux qui se remettent en question, Dante, barricades d'assurance voilant les incertitudes. Il s'est toujours senti excellent dans son domaine, sourd aux remarques des professeurs, peu avide de critique. Pourtant, après des mois sur le déclin, l'idée d'être en train de merder sérieusement se fait de plus en plus tenace, difficile à éviter. C'est lorsque les sentiments se glacent, cristallisant l'indifférence, qu'il éprouve quelques heures de répit, avant que ça ne reparte de plus belle. La culpabilité. L'incompréhension. L'effroi de la crainte qu'il se retrouve à inspirer à autrui, l'attrait paradoxal qu'il éprouve envers ses capacités nouvelles. Il ne saisit pas l'étendue du désastre, y retourne pourtant de plus belle. Et il finit par lessiver sa conscience, chaque vendredi soir, évitant le lit dans lequel le sommeil ne le trouvera pas.

Ce soir, ce n'est pas tout à fait comme d'habitude. Ce soir, c'est l'absence qui lui tiraille les côtes, après avoir martelé son esprit toute la journée. Dès que l'oeil se posait sur l'éphéméride aux citations inspirées trônant sur son bureau, juste à côté de la boîte de mouchoirs. La date entourée, rituel ayant perduré au fil des années, même lorsque ça n'a plus semblé signifier grand chose. Il ne l'a pas oubliée, Dante, la promesse initiée près de vingt-cinq ans plus tôt, répétée inlassablement. C'est la première fois qu'il ne l'honore pas, et il faut croire que ça le taraude, pour que son pas soit si titubant en gagnant le trottoir. A croire que l'essentiel ne parvient à disparaître, même après s'être retourné la boîte crânienne. Vingt avril deux-mille-huit. Il essaye de se remémorer où, quand, comment. Quelles pensées envahissaient son esprit à cet instant précis. Il peine un peu, parce que ça fait dix ans, que les idées ne devaient pas être claires à l'époque non plus. Il se souvient surtout des lumières éblouissantes, des notes de musique se dispersant pour ne laisser que son rire à elle rompre le silence. Ses paupières se ferment, et il peut presque l'entendre, la sentir se cogner contre lui à mesure que leur trajectoire ne cessait de dévier sur le bitume. Ses paupières closes s'ouvrent brutalement alors qu'il réalise que c'est lui qui vient de bousculer quelqu'un, quelqu'un qui fait une tête de plus que lui, qui a un geste qui lui semble menaçant à son égard, vraisemblablement fâché. L'impulsion monte des tréfonds de ses entrailles, heurte l'inconnu de plein fouet, et Dante a à peine le temps d'apercevoir la noirceur de l'effroi engloutir son regard que déjà il se détourne, poursuit sa route maladroitement. C'est toi le problème. Il n'est pas foutu de réfléchir à ce qui vient de se passer, que le passé se propage, souvenirs brûlant ses tempes. Et il se souvient de la boîte, déterrée difficilement, des conneries écrites sur le papier du haut de leurs huit ans, puis neuf, puis dix,... Il peine à en saisir le contenu exact, mais il se rappelle s'être bien foutu de la mini-elle et du mini-lui. Il en sourit comme un idiot alors qu'il bifurque à l'angle de la rue, s'enfonçant un peu plus encore dans le quartier historique.

Il a des airs foutrement mélancolique, l'Amadori, quand il s'arrête finalement devant la maison, déposant ses mains sur les barrières de la clôture. Tournant le dos à ce qui a été sa propre demeure, il n'y jette pas le moindre regard, peu enclin à apercevoir la silhouette paternelle en s'y risquant. Non, il se fout de la bâtisse dans laquelle il a grandi, Dante. Ce n'est pas pour ça qu'il est venu. Il se le répète, tâchant de recentrer le peu de concentration qui lui reste - de courage, aussi - sur la pénombre qui se découpe aux contours de la façade. Et il saute. Enfin, il essaye, c'est plus si évident qu'à vingt ans, encore moins avec un pantalon de costume qui lui serre les hanches. C'est un peu bancal, alors qu'une jambe après l'autre, il se retrouve finalement dans l'allée. Intrus dans les ténèbres d'une heure du matin, il lui semble que rien n'est éclairé. Faut dire qu'il ne sait même plus si elle habite là, depuis le temps. L'oeil se détache timidement de l'étage qu'il contemple, de ce qu'il se souvient avoir été la fenêtre de sa chambre. Il se sent presque con, du haut de ses trente-deux piges, à se faufiler de la sorte dans le jardin, courbant légèrement l'échine comme si ça allait le rendre plus discret. Il ne sait pas réellement ce qu'il fout, ne réfléchit pas alors que le soulagement l'étreint en le trouvant toujours planté là, à sa place, sans qu'on ne se soit décidé à le couper malgré ses branchages envahissants. Leur arbre. L'emplacement entre les racines. Il fait tomber son téléphone deux fois avant de parvenir à s'en servir comme d'une lampe de poche, l'enthousiasme se mêlant à l'appréhension, l'alcool pulsant au fond de ses veines. « T'es là. » Il se met à parler tout seul, s'agenouillant dans la terre, demeurant immobile quelques minutes encore. C'est peut-être à ce moment-là qu'il a un premier éclat de lucidité. A se demander ce qui lui prend, ce qu'il compte trouver. Si la mémoire est entravée, s'il y a bien une chose dont il se rappelle, c'est ce qu'il a écrit. Et parmi ces réminiscences, il sait aussi la lâcheté ayant accompagné les mots jetés sur le papier, consignés au fond de leur boîte, mêlés à ceux - secrets - de Lise. « Cette fois, on passe au niveau supérieur. Alors, on n'attendra pas un an, ni deux, ni cinq. Cette fois, on va attendre dix ans avant de l'ouvrir, et de les lire. » C'est lui qui a lancé le délai, n'assumant qu'à moitié ce qu'il a pu rédiger. Et la raison est toujours aussi limpide, dix ans plus tard. Il en rougit presque dans le noir, alors que ses phalanges commencent à creuser.

Le deuxième éclat de lucidité tarde à venir, alors qu'après une vingtaine de minutes à jurer contre l'emplacement plus aussi précis que dans ses souvenirs, c'est la boîte qui retrouve ses mains, l'air hagard qui ne réalise qu'à moitié. La présence dans son dos, il ne l'a pas repérée. Parce qu'il est trop obnubilé, Dante, par le coffre condamné au silence pendant une décennie. Et que la pudeur de ses propres écrits n'a d'égale que la curiosité de lire ceux de Lise.
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Ven 27 Avr - 0:22

For a language only you and I know ✻ L'eau s'échappe doucement du linge humide qui n'a pas finit de sécher. Extirpée des fibres jusqu'à venir humidifier l'air qu'elle hume avec plaisir. Lise enfile la chemise de nuit qu'elle vient de sécher laissant choir ses vêtement sur l’accoudoir du canapé avant de s'y enfoncer mollement. Ses doigts se saisissent de la bouteille pour se servir un second verre de rye tandis que ses yeux se perdent sur le manuscrit qu'elle a abandonné sur la table quelques heures plus tôt. La concentration s'était évadée, son esprit vaguant à bien d'autres choses. L'heure était à la mélancolie ce soir, de celles qui collent à la peau, de celles dont on ne peut se défaire. Persistante depuis des années, foutrement sempiternelles. Des rémanences qu'elle n'avait jamais su mettre de côté, profondément blessée par la tournure des événement. Des choix qu'elle avait fait il y a de ça des années. Des regrets enracinés dans un esprit torturé par sa propre culpabilité. Si elle pensai souvent à Dante, elle ne pouvait que se blâmer davantage ce soir, tandis que le calendrier indiquait une date qu'elle avait oublié. Un rendez-vous hasardeux, originaire d'une amitié fusionnelle enfantine. Ils auraient pu en rire après des années de ces rendez-vous secret avec leur boîte à confidences, mais ils représentaient probablement l'un des pilier de leur amitié, la foi en sa pérennité, la foi en une fidélité sans faille. Une amitié capable de survivre à tout. Du moins c'est ce qu'ils pensaient dès lors. Est-ce que c'était de sa faute à Lise? Elle se posait encore la question, elle raisonnait dans son esprit et tourbillonnait pour la tourmenter. L'alcool embuait légèrement son esprit tandis qu'elle finissait son verre d'une traite avant de rapprocher ses genoux de sa poitrine et d'y enfoncer son visage soucieux.

Elle avait attendu, Lise. Qu'il vienne. Un espoir inexpliqué avait germé dans son esprit, elle avait voulu qu'il vienne.Pouvait-elle ne serait-ce que se permettre de l'attendre? Surement que non. La coupable c'était elle. L'éloignement progressif ne résultait pourtant que d'une frustration au départ. Une colère qu'elle avait eu du mal à maîtriser. Dante avait réveillé le tumulte dans son esprit, l'incompréhension, le doute, le sentiment d''humiliation. Elle n'avait plus su comment se comporter avec lui, comment le regarder, comment feindre l'ignorance. Quelque chose s'était réveillé, tout comme autre chose s'était brisé à côté. Elle n'avait pas voulu s'éloigner, mais finalement c'était arrivé et elle n'avait rien fait pour l'en empêcher, la pensée que c'était peut-être mieux comme ça avait effleuré son esprit et s'en était emparé sournoisement. Quand la rouquine s'était rendu compte qu'il s'agissait là de la pire connerie du monde et qu'elle avait voulu faire demi tour, il était sans doute trop tard. Alors Lise se noyait dans sa propre culpabilité et avait ce soir l'arrogance d’espérer que ce soit lui qui revienne à elle. Elle se sent pitoyable et profondément pathétique roulée en boule dans le noir à ressasser un passé qui ne semble plus lui appartenir. Elle redevenait la gamine qui avait fait se pacte avec son meilleur ami emplie de bon espoirs et d'un amour inconditionnel. Une larme venait rouler doucement sur sa joue avant de se faire éjecter dans les airs avec amertume. Lise se relevait brusquement, agacée par le spectacle piteux qu'elle s'offrait à elle même. Evidemment qu'il n'était pas venu, il n'avait pas de raisons de le faire. La rouquine attrapait fébrilement le manuscrit, décidée à effacer ce tableau misérable et se concentrée de nouveau sur sa tâche initiale de la journée. Son corps trouvait refuge dans le coin lecture de son père, s'enfonçant avec volupté dans son fauteuil fétiche entre la fenêtre et la porte secret donnant sur l'arrière boutique. Elle regrettait parfois d'avoir eu a la condamner, mais a lui rappelle toujours les doux souvenirs de la librairie de son père où elle pouvait s’enfuir quand bon lui semblait par son passage secret. Aujourd'hui encore elle ne manquait jamais d'y flâner, d'adresser une accolade chaleureuse au vieux propriétaire et de se perdre dans ses souvenirs en arpentant le lieux.

Son esprit était parvenu à se reconnecter à la réalité l'espace d'une heure. Chassant péniblement  le fantôme du jour. L'horloge tournait, elle son cerveau se fatiguait de ses émotions. Son attention redevenait fébrile, les mots lui échappaient. Lise avait perdu le fil et elle ne savait pas dire si c'était elle où si c'était le bouquin qui manquait d'accroche. Elle s'en débarrassas de nouveau, perplexe et songeuse et se servit de nouveau un fond brunâtre. Ses pas la menaient péniblement vers l'extérieur, sa main se frottant nerveusement le menton et triturant ses lèvres. A vrai dire ce manuscrit n'était pas mauvais, mais plus elle avançait dans la lecture, plu elle était déçu.e il manquait de construction pour sur, n'était pas nécessairement habilement ficelé. C'est quand l'eau commençait à imprégner le bas de sa robe de nuit que Lise se stoppa net, se rendant compte qu'elle entrait dans la piscine encore une fois sans y réfléchir. Son corps l'y menait instinctivement quand elle s'y trouvait à proximité, et trop perdue dans ses pensées et se retrouve encore les pieds dans l'eau. Ça a le mérite au moins de la sortir de sa réflexion. Son esprit capte un bruissement vers lequel son regard se dirige instantanément, Lise cilla et sortit immédiatement de la piscine à reculons, se claquant les talons sur les contremarches, prise de peur alors que se dessinait dans la pénombre une silhouette recroquevillée. Pendant quelques secondes elle paniqua dans le plus grand des silences à se demander ce qu'elle devait faire. Attaquer ou s'enfuir? Elle regardait tout autour d'elle à l’affût du moindre objet dont elle puisse se saisir au cas où. Mais la silhouette de s'approchait pas. Elle lui tournait le dos. Lise se concentra un peu plus, son myocarde menaça de s’arrêter quand une pensée effleurait son esprit. Qu-est-ee qu'un voleur pouvait-il bien chercher au pied d'un arbre au milieu d'un jardin? Ses pieds s'avançaient de quelques pas et quand l'homme se retourna, un objet reflétant le lueur de la lune entre les mains que l'évidence s'imposait à elle. Son verre intouché s'écrasa sur le sol de la terrasse en un fracas qui se réverbéra sur la façade. "Dante? ..." Est-ce qu'il s'agissait-là d'un tour de son imagination. Est-il bien là ou le rêve-t-elle simplement? Ses pieds sont hésitants, d'abord elle recule, incertaine. Avant de finalement s’avancer prudemment. "C'est .. ?.." C'est alors que ça la frappe. Cette odeur caractéristique qui la freine irrépressiblement. Alors ça s'embrouille dans son esprit, elle ne peut plus aligner trois mots. Ça la submerge, cette aura. Cette odeur. Elle panique, irrépressiblement alors qu'elle se rend compte qu'il y a quelque chose qui cloche. Son cœur s'emballe et elle souhaita étrangement que tout ça fu irréel. Elle tachait de se reprendre, de se persuader que ce sont les années qui l'ont changé. Qu'il n'y a aucune raison de paniquer comme ça. C'est bien lui. Il est là, répondant à ses vœux silencieux, à son attente pitoyable, alors elle s'approche enfin un peu plus. "Tu es venu.." qu'elle chuchote avec l'impression qu'elle n'a pas le droit de s'imposer. Elle le détaille sans détours, scrutant à la faible lueur de la lune comme ses traits ont pu changer, énumérant intérieurement tous ces détails qui avaient pu lui manquer, ses yeux, ses traits, sa bouche, ses mains veineuses. Il est venu et elle ne sait pas si elle doit s'inquiéter de sa présence et de cette impression étrange qui lui colle à la peau ou simplement se réjouir qu'il ait pensé à elle.
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Mar 1 Mai - 11:02

Lise
&
Dante
with every breath I swallow, I drown.
Lorsque ses ongles ont buté contre le bois, manquant de s'en retourner un au passage, soulagement et terreur se sont mêlés dans une alchimie devenue quotidienne. A croire que la peur ne se tient jamais très loin du sentiment de plénitude qui peut envahir sa poitrine. Il n'a pas hésité, Dante, alors qu'il pouvait encore reculer. Tirer un trait sur le passé enfermé entre ses doigts, et le déluge d'émotions prêt à s'abattre lorsqu'il l'ouvrira. Il en a besoin, Dante. Aujourd'hui plus encore que toutes les fois précédentes. D'une part parce que Lise n'est plus là. C'est un fait qu'il se laisse aller à admettre, parfois, sans pour autant parvenir à l'accepter. Lise n'est plus là. C'est une lame que l'on retourne entre ses côtes meurtries. Lorsque les gens ne sont plus là, persistent les souvenirs. Ils continuent à exister à travers le film de la mémoire, même si ressasser conduit à tanguer sur le fil du rasoir. C'est ce qui se dit, habituellement, pour réconforter les gosses. Penses-y, penses-y fort, et ce sera comme si elle était là. Et si Lise n'est pas partie définitivement, il reste que c'est là qu'elle ne s'est jamais éloignée, enfermée derrière les tempes de son ami. Pas très loin de Chase, à vrai dire. L'un ramenant inévitablement à l'autre, sans merci. Double peine pour l'Amadori. Alors, peut-être qu'il s'est dit que s'il ne venait pas, ce serait comme s'il l'oubliait. Comme s'il s'autorisait à refermer le livre, sans avoir jamais été foutu de tourner la page. Et c'est plus fort que lui. Il revient. Il revient, imbibé de ce courage liquide qui rend ses gestes maladroits, mais il est là. De la terre plein ses phalanges égratignées, anesthésié par l'idée de la retrouver, d'honorer les cendres de leur amitié. Celles qu'il n'a jamais été capable d'éparpiller aux quatre vents, masochiste dans sa manie de ressasser.

Lise, il l'a connue trop tôt, trop longtemps pour parvenir à s'en détacher. Même lorsque le ton est monté. Plus fort. Plus brutalement. C'était pas la première fois qu'ils s'engueulaient. Mais c'était la première fois qu'ils se déchiraient. Il ne pensait pas qu'ils en seraient capable. De se faire du mal, comme ça. De tout foutre en l'air, si rapidement. Le temps de descendre le verre de trop. De danser, de s'éloigner de la foule. De l'embrasser, comme il avait déjà pu le faire, pour l'emmerder. On est bourrés, ça compte pas. Le pire, c'est que c'était lui qui le disait, quand elle râlait parce qu'il ne la lâchait pas. Que ça comptait pas. Il y croyait presque, à ses conneries. Le beau mensonge. Le pire, c'est sûrement qu'avec le recul, il ne changerait pas de version. Il devenait trop tactile, trop démonstratif avec tout le monde, le sixième verre de rhum passé. La limite à ne pas franchir, au risque de choper de l'herpès labial à avoir la lippe trop enthousiaste. C'est ce qu'on lui disait, pour se moquer. Dante, on ne l'avait pas prévenu que c'était surtout la limite à ne pas franchir pour ne pas perdre sa meilleure amie, au détour d'une conversation alcoolisée. S'il essaye de se rappeler ce qu'il a pu dire exactement ce soir-là, c'est compliqué. A croire que le réflexe de défense a voulu omettre cette partie. Alors, il a effacé la déclaration de son esprit. La déclaration d'amitié, qui ressemblait plus à une déclaration d'amour qu'autre chose. Les rires de ceux qui ont intercepté au vol sa tirade enflammée. On a cru qu'il déconnait. Que c'était encore du grand Amadori. Du charmant théâtre, comme il l'aimait, comme les autres adoraient, tant cela divertissait leurs soirées. Mais il était sérieux. Il était plus sérieux que jamais. Sauf qu'en entendant les autres s'esclaffer, il a fait ce qu'il savait faire de mieux. Satisfaire le public. Se mettre à ricaner à son tour. Aller jusqu'à esquisser une révérence. Parce qu'il n'avait jamais été de ceux qui exposent les recoins de leur coeur en public, malgré son côté démonstratif. Rares étaient ceux à parvenir à cerner ce qui pouvait bien faire pulser les mystères du battant erratique.

Dans sa jeunesse, et par la suite, Dante s'est souvent cassé la gueule. Littéralement. Ce soir-là, pourtant, c'est la première fois qu'il a compris la signification du terme cicatrice. Celle que Lise a laissé au fer rouge dans sa poitrine, quelques années avant que Chase n'y appose la seconde. Celle qui n'a pas manqué de se réouvrir pendant des années, dès qu'un truc lui faisait penser à elle. Celle qui le brûle toujours un peu aujourd'hui, de plus en plus fort à mesure que la boîte tourne entre ses doigts avec son lot de réminiscence. Alors, quand il entend les éclats de verre, qu'il se retourne brusquement en tanguant légèrement, c'est une déflagration qui part de ses entrailles jusqu'à ses cils. Son reflet incendie ses prunelles troublées par l'alcool, vision extirpée du passé et projetée en face de lui. Il faut qu'elle prenne la parole, que son prénom résonne dans sa voix pour qu'il réalise que non, Lise n'a jamais déménagé. Lise est en face de lui. Et il se sent un peu idiot, agenouillé au pied de cet arbre, tout à coup. « Euh, oui. » Il ne sait pas quoi faire, sur le coup. « C'est la boîte. » Il est légèrement perplexe, en la voyant visiblement perturbée. Mais à quoi s'attendait-il, en débarquant ainsi sans prévenir ? Il est déjà assez sonné de la voir en face de lui, alors la réciproque doit être encore pire. D'autant plus qu'il est bourré. Il percute en la voyant s'approcher, alors qu'il se demande s'il devrait se lever, qu'il tâche de se redresser et se surprend à chanceler. Trahi en une fraction de seconde, une main vient se poser sur son front et ramène ses mèches rebelles en arrière, le temps de se reconcentrer. « Je savais pas trop si je viendrais, mais l'alcool porte conseil, faut croire. De là à savoir s'il était bon ou mauvais c'est une autre histoire. » La fin se marmonne pour lui-même, à peine conscient de s'exprimer encore à voix haute. Et puis, il y a le coffre qu'il sert contre lui, comme s'il s'attendait à ce qu'on le lui arrache d'un instant à l'autre. « T'as gardé la maison, alors. » La banalité s'étale pour combler le silence, alors qu'il finit par reposer son regard sur elle, à détailler les angles de son visage qui s'énumère comme autant de coups en plein coeur.

Elle est belle. Presque plus qu'avant, si c'est possible. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il l'a toujours trouvée magnifique, Lise. Les années ne l'y ont pas rendu insensible. « Excuse-moi de m'incruster comme ça, le but était pas de te faire peur. » Un geste du menton qui désigne les éclats de verre répandus à quelques mètres d'eux. « Je voulais même pas l'ouvrir d'ailleurs. Juste voir s'il était encore là. » Il ment très mal ce soir. Le sourire qui pointe au coin de ses lèvres le signale de manière assez évidente, un peu plus encore pour celle qui a connu ses premiers essais en la matière. « Et toi, tu ne l'as pas ouvert non plus. » C'est une affirmation dans laquelle s'immisce un point d'interrogation. Il espère qu'elle ne l'a pas ouverte, cette boîte, vraiment. Pas avant qu'il ait eu le temps de vérifier les mots exacts qu'il a pu jeter sur le papier. « C'est quand même dingue. J'pensais pas que tu te serais souvenue de cette date, en fait, depuis toutes ces années. » Il n'y va pas par quatre chemins, et remerciera le rhum plus tard pour cette langue déliée qui ne cherche pas à préserver les apparences, ou quoi que ce soi. « T'as bonne mine. » Il le dit, parce qu'il le pense. Non, en fait, il voudrait lui dire qu'elle est belle. Qu'elle n'a pas pris une ride. Mais ça sonne mieux, comme ça. Il sait que la réciproque n'est pas vraie, avec les cernes qui se dessinent sur ses traits fatigués. Il se demande à quoi il peut bien ressembler, ses fringues recouvertes de terre, ses traits endurcis depuis que la foudre l'a frappé.
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Jeu 10 Mai - 23:15

For a language only you and I know ✻ Elle avait oublié Lise. Cette date. L'année. La mélancolie lui était tombée dessus aussitôt les yeux posés sur le calendrier. La conscience qui  s'enferme dans ses plus douloureuses réminiscences. Bien que ses souvenirs avec Dante soient probablement les meilleurs, elle n'en retenait que le noir ce soir. Elle s'enfonçait pitoyablement dans son canapé le cœur débordant de remords. L'esprit tourmenté par ses décisions. Le regret de s’être éloigné de son meilleur ami. Alors que ça paraissait tout à fait évident à l'époque. L'amertume de cette soirée est encore coincée au travers de sa trachée. Lui rappelant douloureusement le comportement de son meilleur ami. Son arrogance, son dédain.  Elle avait failli y croire Lise. Son cœur était sur le point de fondre quand la fou se mit à rire. Alors quand Dante se levait pour faire sa courbette, la main de Lise ne mit pas plus de trente secondes pour s'écraser sur sa joue. Ce n'était pourtant pas la première fois, Dante savait qu'il valait mieux ne pas pousser Lise dans ses retranchements. Par contre ce fu bel et bien la dernière. Si il avait mit ça sur le dos de l'alcool, encore une fois, Lise, elle, avait eu du mal à avaler l'humiliation publique. Il lui semblait pourtant que l'affaire avait prit des proportions tout à fait délirantes et voilà quelques années déjà qu'elle avait voulu faire machine arrière sans savoir comment faire le premier pas. Alors comme la gamine rêveuse qu'elle était, l'espoir s'était emparé de son esprit alors que la boîte lui était apparu dans un rêve il y a de ça deux mois. Elle avait attendu, enfoncée dans son canapé à se morfondre comme une enfant, culpabilisant chaque minute un peu plus.

Quand ses pas l'avaient menés jusqu'à la piscine au beau milieu de la nuit, à aucun moment pourtant elle n'avait pensé que la silhouette tapie au pied de l'arbre puisse être Dante. Après quelques secondes de panique, l'espoir récalcitrant frappait de nouveau et l'idée qu'il puisse s'agir de lui la fit trembler. Son verre s'écrasa sur le sol et il se retournait brusquement. La silhouette n'était ni un voleur, ni un mirage et c'est le cœur serré qu'elle avançait finalement d'un pas mesuré jusqu'à lui. "Et tu pensais l'ouvrir seul." Qu'elle se marmonne presque à elle même, oubliant de peser ses mots, trop perturbée à la fois par la tournure des événements et cette sensation acre qui lui prenait la gorge. Même si elle mourrait d'envie de se jeter dans ses bras comme s'il s'agissait là d'une torsion de la réalité, les pas de la jeune femme s'étaient arrêtés à distance respectable. Trop inquiète face à ce changement qu'elle percevait en lui. Si elle tente de ne rien y laisser paraître, si elle tente de se persuader qu'il ne s'agit que du temps ou peut-être de l'alcool, son cœur lui, s'emballe plus que de raison. Elle reste méfiante mais attentive.  Il se lève, instable et l'esprit visiblement embrumé par quelques verres de trop. Un soupir s'échappe de ses lèvres, pourquoi fallait-il qu'il réponde à son appel étouffé dans cet état? Se souviendra-t-il au moins demain qu'il était venu jusqu'à elle? Son cœur quand à lui se serre un instant, pensait-il qu'il s'agissait là d'une mauvaise idée? Elle se renfrognait et croisait les bras en se mordant nerveusement les lèvres, préférant finalement ne pas répondre à ça. Bêtement, elle ne trouvait rien à dire, restant plantée à observer ses pieds, se demandant si elle devait simplement agir comme elle avait toujours agit avec lui où garder une certaine réserve. Le soulagement pouvait probablement se lire sans ses yeux quand Dante reprit la parole. Lise haussait les épaules. "Evidemment" Étonnée qu'il puisse penser qu'elle vendrait la maison. "T'est le mieux placé pour savoir à quel point j'aimais mon père" Au point d'en mourir. Même s'il était parfois très difficile pour la nymphe de vivre en ville, elle n'avait jamais su se résoudre à abandonner la maison où elle avait finalement réussit à se construire. "Tu aurais préféré que je n'y sois plus?" Ça aurait peut-être été plus simple au final. Mais la nymphe elle voit aujourd'hui en cette date un signe astral

Les deux amis se fixaient du regard, sans détours, sans faux semblants, se détaillant mutuellement, se rappelant la complicité perdue, la séparation, le déchirement. S'il savait dans quel état lamentable elle était à peine deux heures plus tôt il aurait honte. Elle avait eu l’arrogance d’attendre qu'il fasse le premier pas à sa place, et maintenant qu'il l'avait fait, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire. Dante s'excusait de lui avoir fait peur, elle se retournait pour observer les morceaux de verre qui jonchaient le sol. Elle haussait les épaules. "Oh. C'est.." Elle n'allait évidement pas lui dire qu'elle avait été surprise de comprendre que c'était lui. "La prochaine fois passe par la porte d'entrée, ça m'évitera de penser me retrouver nez à nez avec un cambrioleur. Un cambrioleur qui semblait en fin de compte connaître la carte qui mène au butin." Il serrait encore la boîte contre lui. Un sourire sincère s'affichait enfin sur son visage tandis qu'il tentait maladroitement de dissimuler la gêne. "Non." Elle n'avait pas voulu l'ouvrir, la boîte, pas sans lui. Il était toujours aussi bavard son Amadori, même plus avec un verre dans le nez, et a lui faisait du bien, de se dire que finalement ses silences à elle seraient comblés par ses paroles à lui. Elle s'étonne à s'imaginer que son absence s’arrêtait là. Sans vraiment savoir si c'était fondé. Elle s'approchait finalement de son ami. " Je voulais pas l'ouvrir sans toi. Mais il semblerait que la réciproque ne te gênait pas." Son regard dur soutenait le sien, prêt à y déceler tout mensonge qu'il essaierait de lui servir. "Pourquoi je ne m'en serai pas souvenue? Qu'est-ce qui te dit que je m'en suis souvenue d'ailleurs?" Rien ne lui indiquait qu'elle s'en était souvenue, qu'elle l'attendait désespérément. Tirer un trait sur lui n'avait jamais été synonyme d'effacer ses souvenirs. Elle ne l'avait jamais voulu, et en aurait été bien incapable. "Tu l'as visiblement retenue toi." Alors pourquoi pas elle? "Par contre je sais pas comment le prendre, que tu aies voulu faire ça dans ton coin" Elle était un peu blessée pour tout dire. Mais au fond, elle pouvait comprendre sa position.

Mais la surprise la rattrapa bien vite, son sourcil s'arqua d'incompréhension tandis que son compliment tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.  "Et toi t'es tout sale on dirait un gosse." Elle attrapait sa main sans se poser plus de questions et tira son meilleur ami un peu chancelant jusqu'au bord de la piscine ou elle le fit asseoir. Le débarrassa de leur fameuse boîte, et la posa à côté de lui avant de tremper ses deux mains dans l'eau froide. "Tu voulais ouvrir la boîte avec des mains pareilles?" Lise frottait consciencieusement les mains de Dante jusqu'à en ôter toute la terre qu'il avait creusé de bout des doigts. Son regard évitait consciencieusement le sien, ignorant ostentatoirement qu'elle vient de faire le choix d'agir comme si de rien n'était. Parce que ça lui était paru être le meilleur des prétextes pour pouvoir le toucher de nouveau après toutes ses années. Un nuage brun s'étalait dans la pureté de l'eau, se mêlant à quelques gouttes de sang d'une coupure qu'elle venait de remarquer en soupirant. "T'aurais du m'appeler" Plutôt que s'écorcher les mains tout seul à déterrer la boîte comme ça. Lise s'éclipse un instant dans la cuisine, attrapant une serviette et une boite de pansements, elle reste un instant à l'observer au loin. Se demandant si tout ça était une bonne idée. Une fois assise de nouveau en face de Dante, Lise se saisit de nouveau de ses mains pour les essuyer. Le comportement se veut le plus naturel possible, mais il ne l'est pas. Lise compte sur l'ivresse de son ami pour qu'il ne soulève pas son malaise alors qu'elle finit par lui poser un pansement autour de son doigt blessé comme elle l'aurait fait des années plus tôt. "J'imagine qu'on peut l'ouvrir maintenant".
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Mar 15 Mai - 22:57

Lise
&
Dante
with every breath I swallow, I drown.
Il l'entend marmonner, bougone, et ça lui arrache un sourire. C'est presque un soulagement, en réalité. De l'entendre grogner sur le fait qu'il comptait l'ouvrir seul. C'est le cas. Elle le sait. Elle ne se prive pas de le lui faire savoir. Le mensonge n'opère pas sur Lise, ça n'a jamais été le cas. Sauf lorsqu'il lui a fait croire qu'il déconnait, en disant qu'il avait des sentiments pour elle. Ou plus exactement, un truc qui ressemblait à « On s'entend bien, hein. Je trouve qu'on s'est toujours bien entendus. Je m'entends bien avec les filles en général, mais toi ça n'a jamais été pareil. Tu m'as jamais regardé d'un air bizarre quand je dis des conneries ou que je m'emballe dans des délires que les gens trouvent étranges. T'es ma meilleure amie, ça on le sait. Mais c'est aussi pour ça que j'peux pas m'empêcher de t'embrasser, j'crois. Parce que je t'adore, Lise. Non en fait, tu sais quoi, j't'adore pas. C'est pas ça. La vérité c'est que je t'ai-. » Et bam, ils ont été interrompus par les autres, et il l'a dit. Que c'était la bonne blague du soir. Et Lise l'a cru. Sinon elle ne se serait pas éloignée non plus. Dante n'a pas compris pour quelle raison Lise a gobé ces conneries. Elle aurait dû savoir, sentir, que c'était vrai. C'est ce qu'il s'est dit au départ, empli de toute la mauvaise foi du monde, incapable de reconnaître ses torts. A se dire qu'elle ne devait pas le connaître si bien que ça, au final, pour ne pas savoir lire la détresse de son regard. C'était de la faute des autres, pas la sienne. Mais bien sûr que Lise n'avait pas pu comprendre. Il était si bon comédien, Dante, que c'était à double-tranchant. Et peut-être que la vérité, c'était que c'était vachement arrangeant de jouer sur l'humour, aussi mesquin soit-il, pour mieux éclipser ses propres doutes, fuir la responsabilité de ses dires. Ne l'avouer qu'à moitié, qu'il était amoureux d'elle, ça ne pouvait être qu'à moitié douloureux.

Verdict, après des années, non, ce n'était pas moins douloureux. Cette nuit-là, il s'est brisé le coeur, Dante, comme on dit. Même si littéralement, ça ressemblait surtout à un gouffre sans fond que l'on aurait commencé à creuser dans son estomac, envahissant ses côtes, étouffant sa poitrine. « Ok, je.. peut-être que ça m'a traversé l'esprit, mais je l'ai pas fait. » Il coupe court aux divagations de ses souvenirs pour mieux se recentrer. Sous sa carapace alcoolisée, il peut l'avouer. Ouais, il allait finalement trahir ce pacte qu'il songe pourtant respecter à la lettre. La promesse stipule bien ensemble. Pas seul. Ensemble. Est-ce-que ce terme a encore un sens ? Il s'en veut de songer au passé, de se blesser en pensant à ce moment qu'il aurait mieux aimé oublier pour de bon. Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas être simples ? Deux amis qui se retrouvent. Comme avec Chase, quelques semaines plus tôt. Oh. Et Chase ? Est-ce-que ça lui a fait mal de cette manière-là, en le revoyant, des années après lui avoir confessé ses sentiments ? Et là, ça l'effleure doucement, l'Amadori. Mais vraiment vaguement, pour ne pas trop se torturer l'esprit non plus. Il a le battant qui palpite à lui en faire sérieusement mal sous la peau. Il jette un oeil vers son poitrail, histoire d'être certain que ce n'est pas en train de se la jouer marteau-piqueur sous sa chemise. Mais rien. Rien de visible pour Lise, en tout cas. Pourtant, sa voix suffit à l'affoler davantage. Il en vient à y déposer machinalement sa main, Dante, d'un air faussement détaché. Oh, t'inquiète, j'évite juste à mon coeur de sortir de sa cage thoracique. Il ne peut pas dire ça, si elle vient à lui demander ce qu'il fout, à se tenir le torse comme s'il était en train de faire un infarctus. Alors, son bras retombe mollement le long de son corps. Peut-être bien qu'il est en train d'en faire un, d'ailleurs. C'est peut-être à ça que ça ressemble, quand le myocarde se met à nécroser.

C'est pire encore lorsqu'elle expose l'évidence. Bien sûr, qu'elle a gardé la maison. Il se sent un peu con. Surtout quand elle parle de son père. Qu'elle lui demande si ce serait mieux si elle avait quitté les lieux. Dante tâche de ne pas se presser sur la réponse, de peser ses mots, pour une fois dans la soirée. « Je sais, Lise. » Il soupire, vient passer une main dans sa barbe qui achève sa course dans sa nuque endolorie par l'énergie mise à déterrer la boîte. « C'est juste que j'ai plus franchement de raison de passer dans le coin, ni de savoir si t'es encore là. » Double aveu. Le premier est évident pour elle qui habite le quartier. Tout le monde se connaît plus ou moins, alors, lorsque les ambulances sont arrivées pour décrocher Madame Amadori du plafond de sa chambre, tout le monde l'a su. Et quand elle n'est pas revenue, on a dû le murmurer aussi. Qu'ils avaient enfin fini par prendre la bonne décision en la gardant sous surveillance, au lieu de la laisser rentrer pour qu'elle recommence. Il n'est resté que son père, à Dante, dans sa maison d'enfance. Aucune raison de revenir, en somme. Et puis, la seconde remarque. Comment pouvait-il savoir, alors qu'ils n'ont eu de cesse de s'éviter, de ne plus se contacter. La boîte pèse bien lourd dans ses mains. Pour sûr que ça ne devait pas figurer dans les prévisions de leurs coeurs encore innocents, se faire la gueule et ne plus entendre parler l'un de l'autre. Pour la première fois depuis ces minutes qui semblent trop lourdes et trop courtes à la fois, Dante sent la peine infiltrer ses prunelles, déglacer le bleu qui se veut moins dur, moins indifférent. « J'sais pas. Qu'est-ce-que ça changerait, au juste ? » C'est brutal. Le Dante alcoolisé manque de tact, une fois de plus, et il doit se faire violence pour se reprendre. « Au moins ç'aurait évité que tu me prennes sur le fait, et que je te fasse peur. » Il hausse les épaules. C'est clairement naze, comme explication, sûrement pas ce qu'elle voudrait entendre. Mais il peut-être brut de décoffrage quand il le veut, et elle le sait certainement plus pertinemment que quiconque. Le savait, du moins.

Ses mots contredisent ses actes. Ses mains serrées sur la boîte. Son regard qui en dit long sur les émotions qui se battent pour que quelque chose de bon finisse par émerger. Il parle beaucoup, Dante, et il faut parfois faire le tri dans ce qu'il dit. Travail éprouvant qui était devenu un jeu d'enfant pour les plus proches, et elle en faisait partie. « Désolé. Mais tu serais sortie si tu m'avais reconnu ? Ah. Tu vois, au final, je savais que t'aurais assez de cran pour aller chasser un intrus de chez toi, donc c'était peut-être juste une tactique calculée pour te dénicher de chez toi. » Le suspense est à son comble, alors qu'il joue sur la confidence. Il se détend, imperceptiblement. Un peu plus lorsqu'elle avoue ne pas avoir ouvert la boîte. A tel point, en réalité, que ça risque de sembler suspect. Il essaye de jouer sur l'entre deux, mais c'est compliqué avec deux grammes dans le sang. « D'accord, tu ne l'as pas retenue. » Il fait mine de lui laisser le bénéfice du doute, pourtant un sourire lui chatouille le coin des lèvres, l'air de dire tu me la feras pas à moi, Rowan. Il tangue sur ses acquis, sur ses souvenirs, la manière dont elle fonctionne, sa manière de la comprendre. Les mécanismes sont rouillés, pour décoder Lise. Mais il essaye. Il comprend en tout cas qu'elle est blessée de l'avoir trouvé seul. « Je voulais l'ouvrir seul, d'accord, pour être sûr de l'ouvrir avant que toi, tu l'ouvres seule. » C'est absolument n'importe quoi, mais la complexité de la phrase lui laisse l'espoir de la perdre en route, pour qu'elle ne cherche pas plus loin. Il oublie seulement que c'est lui qui est bourré, et qui s'emmêle le plus facilement. « Et puis, depuis le temps, comment je pouvais savoir que tu prêtais encore de l'importance à ce genre de bêtise. » Il arque un sourcil, clairement sur la provocation. C'est une insulte à la promesse, à l'énergie et l'enthousiasme mis dans la rédaction des prédictions. Il ne le pense pas le moins du monde, cependant, mais tout est bon pour titiller la maîtresse des lieux. « Des fois ça fait pas de mal de retrouver son âme d'enfant. » Qu'il rétorque, prêt à avoir le dernier mot sur tout.

Il fait le malin, mais son épiderme frémit au contact de sa main qui s'empare de la sienne. Et il ferme sa gueule. D'un coup. Il la suit docilement, trébuchant parfois légèrement alors que ses jambes tiennent la route difficilement. Il la laisse même récupérer la boîte qu'il suit du regard, d'un oeil un peu désespéré. Ce qui s'ensuit a des airs de rêve éveillé. Et il s'imprègne des moindres sensations. Ferme même les yeux quelques instants. C'est le genre d'instant qu'il veut retenir. La sécurité qui l'enveloppe alors que Lise nettoie ses mains, la tendresse qu'elle éveille en son sein, la nostalgie qui fait mal. Lise qui prend soin de lui. Il veut s'en souvenir, si le vide revient hanter ses côtes à l'avenir. S'il en vient à ne plus rien ressentir à nouveau. Il s'attache à ses sentiments qui semblent bien tangibles, dessinés au contact de leurs mains, de ses nerfs qui s'éveillent, de ces signaux familiers qui reviennent. Lise. Les récepteurs s'affolent. Vue, ouïe, toucher. Lise. L'information vient animer tous les récepteurs de son cerveau. « T'aurais dû aussi. » Il riposte, malgré son être qui le perd, tâche de l'ancrer à la réalité des retrouvailles. « J'ai pas changé de numéro, tu sais. » Il en rajoute une couche. Lui renvoie le reproche. Elle disparaît un instant, et il la suit du regard, jusqu'à la voir réapparaître. Repère dans le flou alcoolisé qui l'enveloppe. Il contemple ses gestes qui appliquent les pansements, l'entend proposer d'ouvrir la boîte alors qu'il reste bloqué sur les paroles précédentes. « Je pensais que tu me détestais. Pire, que tu me haïssais, Lise. » C'est à son tour de ne plus la regarder, comme captivé par le pansement qu'elle a appliqué en dernier. « A chaque fois que je pense à toi, je revois ton regard la dernière fois que je t'ai vue. J'ai cru que t'allais me tuer. Et je pensais que ça ne passerait pas. Jamais. » Il ne revient pas sur son propre ressenti, son comportement. Axe la discussion sur ce qu'il a pu percevoir de ses émotions à elle, à son égard, comme pour justifier de n'avoir donné signe de vie. « Franchement, j'étais pas sûr de vouloir risquer que tu m'envoies me faire foutre si je débarquais avec mon histoire de boîte. » Là, c'est la vérité. Un peu trop sincère, d'ailleurs, pour qu'il parvienne à rester sur le sujet. Ses mains s'emparent alors de la boîte, pour détourner le propos. Il la garde sur ses genoux, une, deux, trois secondes. Et il l'ouvre.

C'est compliqué. C'est plein de terre encore. Mais il l'ouvre. Et ça lui fout un coup en plein coeur, lorsque le regard tombe sur la multitude de petits papiers enroulés. « Putain. » Il ne jure pas très souvent, Dante. Mais quand ça lui arrive, c'est toujours pour une bonne raison. « Y'en a tellement, tout est mélangé. J'sais même plus lesquels sont les derniers. » C'est presque autant un soulagement qu'une angoisse. Qui aura la surprise de tomber par inadvertance sur la déclaration du Dante de l'époque en premier ? « J'imagine qu'il va falloir se les taper un par un jusqu'à ce qu'on tombe sur ceux qui nous intéressent. » Les seules indications, leurs initiales sur chaque morceau, leur permettant de récupérer leur propre prédiction à chaque fois. « Je commence. Vu que j'me suis quand même tué à la tâche. » Il est paumé entre les sourires qui s'élèvent, comme un môme, et l'angoisse de la situation. Il extirpe un premier billet portant les lettres D.A. et le déroule. « "Dans un an, on sera encore dans la même classe et je t'aurai battue en maths." Ok. La violence. » Il ne peut pas s'empêcher de rigoler, à ce moment-là, et de reporter son regard sur elle.
CODAGE PAR AMIANTE
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Lun 18 Juin - 22:08

For a language only you and I know ✻ Dante. Dans son jardin. Après des années de silence et d'absence. Une absence bien trop douloureuse qui l'a retournée de l'intérieur, chaque jour un peu plus. Une culpabilité qui lui rongeait l'estomac bien plus qu'elle ne pouvait le contrôler. Si le trio était tés proche à l'époque, Dante était bien celui qui la connaissait le plus, la force de l'habitude, les heures écumées rien que tous les deux. Les rendez vous secrets au milieu de la nuit dans leurs jardins respectifs. Dante savait qui était Lise. Le loup solitaire qui passe ses journées dans les bouquins à rêver d'un monde qui lui corresponde un peu plus, à assouvir un besoin d'imaginaire qui lui colle à la peau depuis toujours. Parce qu'elle n'a jamais aimé sa vie la rousse. A peine commençait-elle à grandir qu'elle pouvait percevoir un horizon qu'elle n'atteindra jamais. On l'avait tuée dans l’œuf. C'est l'impression qu'elle avait toujours eu, à se retrouver seule dans les ruelles les plus pourries d'Arcadia à peine consciente de ce qui l'entouraient. Elle était toute gosse et déjà son avenir semblait corrompu. Rapidement elle s'était rendue compte qu'elle était médiocre. N'excellant en rien. N’appréciant pas l'école. Solitaire. Sauvage. Parfois agressive. Son père adoptif avait bien traversé des misère avec l'adoption de sa petite rousse. Lise l’impertinente. Celle qui n'essayait pas de s'adapter à la société, celle qui toujours ne faisait que rêver et imaginer. Un monde alternatif où elle avait des frère et sœurs, des parents aimants et des cousins à la pelle. Si elle aspirait à une autre vie, elle n'aurait pourtant jamais assez remercié son père pour l'amour inconditionnel qu'elle ne méritait surement pas, son infinie patience et sa persévérance pour que Lise se sente mieux. Elle avait fini par accepter sa vie. La médiocre. Celle où elle ne réussit rien, où elle échoue pitoyablement tout ce qu'elle ose entreprendre. Celle où le sort s'acharne contre elle à lui rappeler chaque fois un peu plus quel chat noir elle était. Il n'y a que Chase et Dante a qui elle a réellement montré son vrai visage. Elle a toujours joué un double rôle, dés lors qu'elle en était capable, à jouer la fière comme si tout lui réussissait parfaitement. Comme si elle avait une vie parfaitement rangée. Mais tous les deux savaient. Il avaient côtoyés la misère de Lise, son profond désespoir, sa rage contre sa propre histoire. Son agressivité. Le tempérament de feu qui l'avait mené directement dans des situations impossibles desquelles ses deux chevaliers avaient du la sortir bien trop de fois. Parce qu'elle ne réfléchissait jamais assez d'agir. L'anticipation ça n'avait jamais été son truc à elle, à foncer tête baisser dans les problèmes, à s'en défaire en tissant mensonges sur mensonges, comme toujours.

Mais là, plantée en face de lui, elle avait l'impression qu'elle ne pouvait toujours pas lui mentir. Elle restait silencieuse. Probablement ce qu'elle savait faire de mieux. Ecouter patiemment. S'efforcer de comprendre. Et elle comprenait la rousse, qu'il ne se soit pas posé la question, qu'il n'avait plus de raison de se demandait si elle était là. Le couteau se plantait en plein cœur mais elle ne disait rien. Il avait raison de penser de la sorte. Le fil du discours se brise parfois. Ou peut-être est-ce simplement l'attention de Lise qui décline à mesure que son regard se perd sur ce souvenir qui était revenu à elle. Elle s'attardait sur ses mains, ses gestes, ses émotions. L'alcool ne faisait pas toujours ressortir le meilleur de Dante, mais ce soir, elle avait surtout l'impression de retrouver le gamin avec qui elle avait partagé tant de temps. Agrippé à cette boîte presqu'avec désespoir, le souffle court, les yeux hagards, l'air presque provocateur. Son regard se fait froid à mesure que ses paroles percent son cœur. "Ca me paraît plutôt évident de me demander si je suis là, plutôt que d'entrer comme un voleur c'est tout" Puisque dans tous les cas, étant donné l'heure tardive, il n'aurait pas frappé à la porte, encore moins s'il n'était pas certain qu'elle soit encore là. Encore il fois, l’égoïsme d'attendre qu'il fasse le premier pas prend le dessus. Elle aurait préféré qu'il l'appelle. Qu'elle puisse se préparer psychologiquement. La surprise l'avait prise de court. "Je ne suis pas sortie chasser un intrus." Était-elle si intrépide? "Je cherchais le sommeil. Je n'avais même pas vu l'intrus tapis au pied du cerisier" Parce qu'elle ne le regardait pas. Son regard évitait soigneusement de se poser sur l'objet de convoitise, niant son attente désespérée. Se plaisait à croire qu'elle était plus forte que ça. Dante pensait marquer un point. Un haussement d'épaule désintéressée, non elle ne l'attendait pas désespérément. Elle avait oublié qu'ils devaient se voir. Mais le sourire de Dante en dit bien trop long sur sa compréhension de la situation. Jusqu'à quel point il avait compris, d'ailleurs? "Je n'allais pas l'ouvrir" Et en quoi c'était important qu'il l'ouvre seul? Elle ne mettait pas le doigt sur une quelconque explication, et se gardait bien de demander de peur de se confronter à une réponse qui ne lui plairait pas. Il la provoque. Tente clairement de la faire avouer qu'elle attendait. "Si toi tu y accorde de l'importance, pourquoi je n'y en accorderai pas moi?" Vu comment il s'accrochait à cette boîte elle était pas sûre qu'il considère ça comme une bêtise par contre...

Le dialogue de sourds pesait déjà sur Lise. Ce n'est pas ce qu'elle avait voulu, espéré ou rêvé. Retrouver sa tendresse, leur complicité passée, c'est tout ce qu'elle avait toujours attendu. La rousse préférait couper court à ce dialogue de provocation incessantes. Ni l'un ni l'autre ne savait vraiment comment aborder la situation et rien de très constructif ne semblait en ressortir. Il brise le cercle le premier. Semble vouloir la complimenter. Gênée, elle ne parvient à répondre à ce pas vers elle que part un geste irréfléchi et probablement un peu trop spontané. Sa main atrape la sienne pour l’amener jusqu'à la piscine. Ses yeux évitent soigneusement son visage de peur de ne croiser son regard et de définitivement plus savoir quoi faire. Alors elle s'entête dans ses geste la rousse. S'affaire à lui nettoyer les mains dans l'eau clair et froide de la piscine, se persuadant qu'il n'y a rien d'étrange à ce geste. Ca lui permet simplement d'arrêter de réfléchir un instant, retrouver celui qu'il l'a manqué un peu plus que de raison, caresser doucement sa peau sous un pretexte douteux. Un fond de profit s'installe dans la situation. L'état d'ébriété de son meilleur ami ouvre des brèches dans lesquelles elle pense s’engouffrer. Se persuadant qu'ils ne s'en souviendrait probablement pas le lendemain. Son contact l'électrise, elle n'a pas sur lever le regard vers lui un instant, faussement concentrée sur sa tâche. Les gestes se font parfois caresse, ses doigts se resserrent sur les siens. La rousse perd le contrôle, la précision de ses gestes qui se laissent aller à une tendresse peut-être déplacée. "Moi non plus" Elle n'avait pas changé de numéro non plus. C'est brusquement qu'elle se redresse, brisant le malaise qu'elle avait l'impression ne plus parvenir à camoufler. Mettant un terme au cercle vicieux qu'elle pressentait s’installer de nouveau. Elle aurait préféré se taire. Garder le silence et ne pas pas répondre à sa provocation.

C'est quand elle revient auprès de lui qu'elle semble jouir d'un nouveau souffle, proposant d'ouvrir la boîte qu'il avait déterré avec un désespoir visible. Son regard se repose enfin sur son visage, surprise des quelques mots qui résonnait dans son esprit. Lui fixait son pansement,  évitant son regard à son tour. Le silence se faisait presque pesant de la part de Lise qui ne parvenait pas à mettre le mots sur ce qu'elle était censée lui répondre. Lui aurait-il était ne serait-ce que possible de haïr Dante? Son cœur avait été blessé comme jamais et sa réaction probablement un peu trop exagérée. Animée par une révélation qu'elle avait pourtant cru et ça lui avait fait quelque chose à Lise. Plus qu'elle ne l'acceptait. Une vague de bonheur s'était inexplicablement emparée de son myocarde avant de s'évanouir le plus violemment possible dans des abysses qu'elle ne pensait pas exister. "Tu m'as blessée" Mais elle ne le haïssait pas pour autant, elle en serait bien incapable. Les mots lui manquait. Si il la prenait dans ses bras sur le champ elle était capable de tout oublier tant elle se sentait fébrile ce soir. "J'ai pas su comment réagir." Le ton n'était plus provoquant, un aveu tinté d'une tristesse profondément ancrée. "Probablement de la mauvaise manière" La fuite n'avait pas été sa meilleure décision, mais c'était tout ce dont elle avait été capable à ce moment là. Son cœur s'emballe, elle glisse ses jambes dans l'eau pour rafraîchir son esprit qui semblait bouillir face à ces quelques mots dont elle ne savait pas se détacher. A chaque fois que je pense à toi. Et alors l'espoir qu'elle nourrissait en secret sembler trouver un fondement, aussi fébrile soit-il. Ca lui faisait quelque chose de s'imaginer qu'il ait pensé à elle, comme une ado amourachée ça palpitait dans sa poitrine. Est-ce qu'il comprend, qu'elle ne le déteste pas? "Je ne l'aurai pas fais." C'est à la dernière seconde qu'elle s'empêche de lui répondre par la positive, qu'elle l'aurait effectivement envoyer balader s'il était revenu vers elle pour ouvrir la boîte. Mais puisqu'il semble jouer la carte de l'honnêteté, elle choisit de faire de même quitte à se dévoiler un peu trop. Il ne la connaissait que trop bien, il avait déjà compris qu'elle avait tenté de noyer le poisson. Qu'elle feignait avoir oublié. Mais elle comprenait qu'il s'en soit inquiété. Probablement l'aurait-elle fait si la date était tombée quelques années plus tôt. Peut-être l'aurait-elle fait sur un coup de fierté mal placée et l'aurait regretté ensuite, un scénario qu'elle ne connaissait déjà que trop bien.

Un soulagement certain s'engouffrait entre ses côtes tandis que Dante se décider enfin à ouvrir la boite. Tout ce qu'elle voulait éviter ce soir, c'était de parler de ce soir là. De la faille qui s'était imposée entre eux comme un gouffre qu'ils ne parviendraient plus à franchir. Encore une fois, elle fuit Lise, la vérité. La peur au ventre des révélations qu'il pourrait lui faire, des explications qu'ils pouvaient bien lui donner. Pire, des mensonges qu'il pourrait lui tisser encore une fois. Elle préférait faire une ellipse pour ce soir, oublier la fracture, la blessure et se concentré sur l'homme qui se trouvait à quelques centimètres d'elle. Si l’appréhension de découvrir les mots de Dante et même ses propres mots, rien n'était comparable avec son désir de fuir le sujet de ce soir là. Alors elle suivait avec attention les gestes de Dante, toujours un peu maladroits, faute à l'alcool. Elle aurait peut-être préféré faire a dans d'autres conditions, qu'il soit un peu plus conscient de la situation, mais peut-être l'était-il suffisamment. Son silence s'impose de nouveau, elle laisse Dante parler comme elle l'avait souvent fait auparavant. L'oreille attentive, toujours, mais la lippe peu loquace. "Je t'en prie" qu'elle se contente d'approuver quand il suggère commencer. Il peut. Elle l'observe, visiblement fébrile à l'idée d'ouvrir son premier billet. En une fraction de seconde, les adultes qu'ils étaient devenus s'évaporent. Ils sont de nouveaux les deux gosses qui ont écrit leur billets bien des années plus tôt puis les ados qui s'imaginaient ouvrir cette boîte dix ans plus tard. Elle ne peut réprimer un rire nerveux Lise, qu'elle étouffe maladroitement de sa main. Leurs regards se croisent de nouveaux, enfin. Et son sourire s'évanoui aussitôt. Il a toujours su lire ce qu'elle ne savait cacher dans ses yeux. Ca a toujours été son point faible. L'endroit où il savait aller fouiller pour y lire sa sincérité. La mélancolie l'envahit un peu trop violemment. Elle se sent perdre pied un instant, se perd dans ses iris qui la fixent et son armure s'éclate en milles morceaux alors que les souvenirs défilent à une vitesse assourdissante dans son esprit. Lise se concentre timidement sur la boîte. "Ca c'est petit. Mais c'est vrai." Ce n'était pas compliqué de battre Lise, surtout en maths et visiblement Dante s'en réjouissait à l'époque. Elle s'affairait à son tour à chercher ses initiales dans la boîte, ce saisissait d'un papier. "J'avais fais un gâteaux pour ton anniversaire mais Chase en a mangé la moitié avant qu'on arrive" Elle souriait doucement alors qu'elle revoyait le visage de Dante, tout heureux de voir Lise arriver avec un gâteau à son anniversaire. Gâteaux qu'elle avait demandé à son père d'acheter en urgence. Chase avait fait les fraits de sa colère pendant plusieurs jours après ça parce que Dante aurait été bien plus heureux, osait-elle espérer s'il avait mangé sa préparation spéciale. "Faut savoir que c'était une invention spéciale avec tes goûts préférés, mais j'suis pas sûre là tout de suite qu'il était si bon que ça"
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Dim 5 Aoû - 21:17

Lise
&
Dante
with every breath I swallow, I drown.
Leurs doigts se font, et se défont. A chaque contact, la sensation de sentir ses nerfs s'électriser, s'étirer à travers ceux de Lise, prolongation de son être qui creuse le gouffre en sa poitrine. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, c'est la familiarité, les différences devenues complémentarité qui se dessinent à même leurs épidermes effleurés. Il suffit de ces quelques minutes de silence pour que la belle éveille les souvenirs inscrits au plus profond de sa chair. C'est un sentiment qu'il n'a jamais ressenti qu'avec elle. Pourtant, cela avait toujours été clair, auparavant. Lise, Dante, et Chase. Comme une promesse destinée à perdurer jusqu'à la fin des temps, les mener côtes à côtes sans que la ligne de leur chemin ne s'éloigne. Il n'y avait pas de différence entre la sécurité ressentie en la présence de l'un ou l'autre de ses deux meilleurs amis. Aucune. Sans doute que Chase s'évertuait de son côté à feindre la même indifférence. Honnêteté mise à mal, déni ensevelissant les premiers émois des coeurs adolescents. Palpitants griffés des émotions naissantes, au-delà du simple déluge hormonal pouvant troubler les relations de manière éphémère. Il se l'est répété, souvent, Dante, mentalement. Lorsqu'ils se tenaient tous les trois assis sur la côte, à contempler le soleil couchant. Que d'un côté se tenait Chase, doigts s'effleurant parfois en repositionnant leurs paumes soutenant leur posture, et que son épaule rencontrait celle de Lise dans la proximité. D'une part, l'affection, le sourire en coin, le regard moqueur. Comme s'il n'y avait rien d'autre qu'un malentendu tordant à ce que leurs mains manquent de s'étreindre. D'autre part, le vide. Là, en plein milieu du thorax. Trou noir aspirant ses poumons, bouffant son souffle, suffoquant. Et le regard braqué à l'horizon. Nonchalance inventée à l'orée de ses prunelles faussement imperturbables, s'évertuant à ne pas rencontrer celles de son étoile, par peur de s'y voir consumé. C'est parce que c'est une fille. C'est bizarre, de toucher ma copine fille. Mais ce n'en était rien. Parce que Dante se retrouva rapidement à comprendre qu'il aimait autant les filles que les garçons. Que la question du genre le dépassait, amoureux des âmes - bien trop nombreuses, d'aileurs, probablement. N'aurait-il donc pas dû rougir des frôlements malheureux envers Chase ? N'aurait-il donc pas dû voir son visage se redessiner dans son crâne, lorsqu'il fermait les paupières ?

La réponse, Dante ne la découvrait que quelques années plus tard. En se sentant courageux lors des soirées trop arrosées, à la faire danser plus longtemps qu'un autre. A enrouler ses bras autour d'elle et nicher son nez dans son cou, inhalant son odeur comme un noyé regagnant la surface. C'est là qu'il la senti pour les premières fois. Parce que Dante est bien trop souvent tombé amoureux pour être sincère, mais qu'il n'a que trop rarement aimé. Et que c'est peut-être exactement ce que c'était sensé faire. Défoncer ses côtes pour venir se nicher dans la chaleur de son myocarde, et ne jamais plus en sortir. Etouffer ses poumons, pulser à travers ses veines, et engloutir sa matière grise. C'est ce qu'il aurait aimé lui dire, ce dernier soir. T'es ma tempête, Lise. Et si j'te souris, t'imagines pas le désastre qui se trame là-dedans quand je te regarde. Pourtant à travers leurs corps enlacés d'une manière soi-disant amicale, contre leurs lèvres rencontrées sur les impulsions de l'étudiant en psychiatrie, ce n'était que la lâcheté de l'adolescent devenu grand qui ressortit. Celle de prendre l'issue de secours en sentant les choses devenir difficile. Et il regrette, à cet instant précis. Lorsqu'il la contemple, et qu'elle le dit. Tu m'as blessée. A l'intérieur, ça bondit, et ça s'écrase. Quelque chose se recroqueville lorsque ses iris se détache. Prunelles de glace qui se complaisent à sonder ses interlocuteurs, l'Amadori n'en mène pas large. T'as toujours été ma tempête, ma catastrophe à moi. J'aurais jamais cru pouvoir te blesser, j'pensais que t'étais trop forte, déjà que t'étais la seule à pouvoir me faire aussi mal. Il le comprend doucement, Dante, canalisant le vertige que ses révélations immiscent dans son crâne. Qu'elle n'avait rien demandé. Comme il n'avait rien demandé à Chase. Captive d'un coeur trop longtemps muselé par la crainte d'un rejet, il a fait d'elle une prisonnière, sans même qu'elle ne le sache. Piégée dans la geôle inconfortable d'un palpitant maladroit, Dante l'a égratignée au passage. Ou amputée de leur amitié. Ouais, c'est plus de l'amputation, à ce stade de douleur. L'alcool cingle ses réflexions alors qu'il n'ose la regarder à nouveau. La dernière fois qu'il a voulu lui parler de tempête, c'est parti en vrille. Apocalyptique. Alors, il la ferme, et se détourne vers la boîte.

Lorsqu'il lit, ça le transporte dans la peau du garçon qui a déposé ses prédictions dans un enthousiasme sans pareille. Et quand il la regarde, enfin, ce n'est plus la Lise d'aujourd'hui qui le regarde. Les adultes s'effacent au profit des deux gamins, ceux qui ont scellé leur amitié dans une boîte qui ne paye plus de mine aujourd'hui, mais qui semble toujours aussi exceptionnelle. Magique. C'est ce que Dante s'est toujours dit, qu'elle devait bien être extraordinaire pour être capable de renfermer autant de secrets, de prévisions. Et sûrement qu'il se le dit aujourd'hui encore, alors que s'accomplit le miracle prodigieux de leurs coeurs qui s'allègent pour quelques secondes, des mots qui s'évadent sans rancune, pour quelques secondes. C'est au tour de Lise de tomber sur une révélation qui arrache un nouveau rire à Dante, naissant du fond de sa poitrine sans retenue. « Alors, déjà, ça m'étonne pas de lui. » Secouant la tête en songeant à leur ami, les mots de Lise l'ébranlent un peu quand le calme lui revient. « Et je crois que ça m'étonne pas de toi, non plus. » Le timbre baisse, comme si quelqu'un allait les entendre, vieux réflexe qui perdure dès que la boîte s'ouvre. « T'étais la seule à pouvoir réussir un gâteau, déjà, entre nous trois. Et sûrement la seule à réussir à réunir tous mes goûts préférés, aussi. J'crois que ça me fait de la peine pour la Lise de l'époque qui a dû être trop déçue. » Le sourire en coin est goguenard, alors qu'il ajoute. « J'aurais bien aimé voir la scène. T'as dû péter un plomb en voyant sa connerie. » Et il se marre derrière sa barbe, l'Amadori, comme s'il pouvait se permettre de la taquiner sans se soucier de la tension environnante qui menace à tout moment de les ravager. Ses doigts se pressent dans la boîte, piochent un papier portant les initiales de Lise. « Hm, tiens, j'te le donne, c'est à toi, ça. Sauf si tu penses que tu devras repiocher ? » Dans le fond, quelle importance. Pourtant, les règles ont toujours été respectées à la lettre. Piocher ses initiales, lire, puis à l'autre. Pudique à l'idée de rompre les traditions d'un rituel presque aussi vieux qu'eux, Dante dépose le papier froissé dans le creux de la main de Lise, la laissant décider. Et il fouille, à nouveau. Deux d'un coup, sans le faire exprès. Deux à lire, selon la règle de la malchance. « C'est moi qui ait fait tomber mon chewing-gum sur ton hamster sans faire exprès quand on jouait dans ton jardin, il l'a pas ramassé dans l'herbe. C'est de ma faute si vous avez dû le tondre et qu'il était super moche après. Désolé. » Là, Dante se tait subitement. C'est une révélation capitale. Parce que ce jour là, il a menti à Lise, en lui disant qu'il l'avait vu se rouler dans l'herbe et ramasser le chewing-gum. C'est ridicule, près de vingt-ans après. Pourtant, dans le contexte des retrouvailles douloureuses, ça le perturbe, Dante. « Je sais ce que tu vas dire. Et je suis désolé. C'est la seule fois où je t'ai menti, je te le promets sur la tête de ton hamster. » Il ne peut s'empêcher de dire une connerie, en plein milieu, alors que son sourire se fait timide et que le dernier papier tremble dans sa paume. « Et je sais qu'on s'était jurés de jamais se mentir, mais j'avais trop honte, trop peur que tu m'en veuilles au point de ne plus vouloir me voir chez toi. C'est dérisoire, hein, après coup, les angoisses d'un môme. » Ce qui le dérange, là, c'est qu'il lui ment, en ce moment présent. Et qu'elle se tient si proche, qu'elle est soudain si tangible, que c'est lui qui s'y blesse cette fois-ci.
Il lui a menti deux fois.
Deux fois.
Une fois pour le hamster.
Une fois des années plus tard.

Et il se noie, Dante, à nouveau. Mais il n'y a rien à quoi se raccrocher, cette fois. Pas lorsque Lise est si proche et si loin à la fois. C'est de sa faute à lui. C'est de ta faute. Lise serait bien là, avec lui, s'il n'avait pas menti la deuxième fois. Et que se passera-t'il, en lui mentant une troisième fois ? Il espère presque, Dante, dans une pulsion qui déplie le second papier, que la révélation qu'il y trouvera gommera ces deux mensonges là. Mais ce qui est écrit n'a rien à voir. Rien à voir avec le malaise qui brûle ses cordes vocales. « Dans cinq ans on sera partis en vacances tous ensemble pendant l'été et... Et merde. Lise. » Ses doigts viennent frotter son front endolori par la boisson. Cette-dernière élevant ses confessions jusqu'à ses lèvres, sans passer par la case piochez dans la boîte.  « C'est pas la seule fois où je t'ai menti. Et ce serait mentir que d'attester le contraire. J'veux pas te mentir, d'accord ? Parce que je ne pense pas que tu m'ais déjà menti, si ? » L'interrogation s'étrangle à moitié, à s'imaginer le contraire, à envisager le sentiment de trahison que ça représenterait. Il n'ose pas imaginer ce que ça donnerait, si elle lui avait menti. Mauvaise foi de l'Amadori. Et ses mains fouillent. Rassemblent les mots portant ses initiales. Trichent. A ce moment-là, il n'entend plus rien de ce que pourrait lui dire Lise. Jusqu'à ce qu'il l'extirpe. Le mot aux initiales calligraphiées. Le dernier mot qu'il a laissé dans cette boîte. Il lui colle sous le nez, le laisse tomber devant elle et se relève, la respiration démantelée par l'appréhension. Ses pas s'emmêlent avant qu'il ne s'immobilise, bien droit, les épaules juste un peu affaissée, lui tournant le dos. Il ne pourra pas la regarder lire, même des années après ne plus s'être parlés. Alors, il se tait. Il s'excuse, en silence, d'avoir menti en prétendant s'être foutu d'elle, d'avoir tout envoyé valser pour une histoire de fierté. Parce que sur ce mot, c'est tout ce qu'elle pourra lire :

Dans dix ans, je te l'aurai dit. Que t'es ma tempête. Mon déluge. Que t'es pas juste une fille, t'es la fille. Ma meilleure amie. Mais pas ma soeur, d'accord ? Parce qu'on n'aime pas sa soeur comme ça. Et que quand Chase dit que t'es notre soeur, ça me dérange. Parce que dans dix ans, t'auras compris pourquoi ça me fait râler. Je te l'aurai dit, un jour ou l'autre, et si j'étais bourré à ce moment-là, excuse-moi. C'est que j'aurai pas tout à fait trouver le courage tout seul de te le dire.
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Dim 26 Aoû - 20:40

For a language only you and I know ✻ Elle a osé. Après des années de silence. Alors que déjà la rancœur avait laissé place à la tristesse. L'aveu épineux venait d'écorcher ses lèvres. Perçant son cœur d'une lance acérée au passage. Tu m'as blessée. Il n'y avait rien de plus vrai. Elle aurait pu passer outre et balayer d'un revers de main désintéressé les mots maladroits de son meilleur ami entre deux verres. Leurs étreintes étaient devenues une habitude, un quotidien qui n'appartenait qu'à eux. Un jeux parfois, de ceux auxquels ils se laissaient aller, l'alcool aidant. Perdue dans les méandre d'une ambiguïté qu'elle n'a jamais osé mettre de côté. Parce que c'était comme ça. Ca lui paraissait être devenu l'essence de leur relation. Leur proximité, parfois exacerbée, était devenue essentielle et elle se perdait volontiers dans ses bras. Parfois lèvres contre lèvres. Si elle le repoussait toujours un peu gentiment, le poing sur la poitrine, le ton faussement outré, elle les appréciait ces baisers furtifs, malgré tout. Malgré le fait qu'ils soient inappropriés. Qu'ils n'en discutait jamais. Qu'elle n'y prêtait pas plus d'attention que ça, parce qu'ils n'avaient pas toute leur tête, qu'elle se disait. Les ténèbres avaient envahis son cœur en un instant. La courbette, le grand théâtre. Ca lui ressemblait bien pourtant, et elle s'était detesté d'y avoir cru ne serait-ce qu'une seconde. Rien d'explicite n'avait pourtant dépassé les lèvres de son Amadori, il n'avait rien dit mais ses balbutiements avaient fait battre son cœur un peu plus fort qu'à son habitude. Elle ne sait pas encore aujourd'hui ce qu'elle avait voulu comprendre, mais elle ne se posait plus la question. Le choc de la révélation. La révérence irrévérencieuse. Lise était devenue en une fraction de seconde la marionnette de Dante pour le petit spectacle. Pour le jeux. Alors la brume était venue saccager l’intérieur de ses tripes, envahir son cœur et le refermer désormais à jamais. On ne jouait pas avec elle. Encore moins Dante. Celui qui la connaissait mieux sur cette terre. Et elle avait eu l'horrible prétention de penser le connaître par cœur, jusqu'à ce qu'il lui prouve qu'il n'était pas celui qu'elle connaissait. Jusqu'à ce qu'il ne lui enfonce un tas de petites aiguilles en plein dans le cœur. Jamais il ne l'avait blésé comme ça. Elle ne l'en pensait pas capable. Elle pensait tout savoir de lui. Elle aurait voulu le haïr, Lise. Mais elle ne pouvait se résoudre à tirer un trait sur une partie de son cœur. La rancœur avait laissé pas à cette tristesse qui la rongeait de l'intérieur depuis des années. Un démon des plus tenace qui lui grignote le cœur un peu plus chaque jour.

L'impression qu'un morceaux de son cœur lui est rendu ce soir lui vrille l’estomac. Tellement reconnaissante que Dante soit enfin là, devant elle après des années à se persuader qu'elle ne le reverrait plus. Ouvrir la boîte les propulsent dans un passé qui lui paraît beaucoup trop longtemps. La nostalgie s'empare d'elle et elle oublie un instant Lise. La réminiscence qui la tue à petit feu. La tristesse qui avait élu domicile là tout au fond d'elle, s'accordant un peu trop fermement au myocarde. La gamine refait surface et le rire de Dante la chamboule. La gorge nouée, le palpitant qui se perd dans une mélodie qu'elle ne connait plus. Elle oublie Lise, et entre dans leurs souvenirs avec hésitation. Elle avance à tâtons vers son meilleur ami. Réceptive à l'humour de leurs révélation, la tristesse se place de côté, au profit d'un retour au source. Lise savoir d'autant plus chacun de ses gestes, chacune de ses émotions et son sourire timide la transporté dans un état qu'elle ne maîtrise plus. "Tu n'imagines pas à quel point" Elle oublie les remarques cinglantes et les reproches mal placées et suit le chemin que Dante trace devant elle. Elle s'hasarde à des révélations bonus puisque le ton s'y prête bien. Puisque de toutes façon il est probablement trop éméché pour qu'elle ne perde son énergie à se battre avec lui. Peut-être bien même que se souvenirs seront un peu bancals demain et qu'il se souviendra à peine de tout ça. Elle est déjà allée trop loin pour faire marche arrière et se laisse aller à la confidence. La Lise de l'époque avait été très déçue. Passablement énervée par le comportement de Chase, déconcertée de ne pas pouvoir offrir son oeuvre à son meilleur ami. "Il l'a payé des jours durant." Il n'aurait probablement aucun mal à se l'imaginer. Dante pioche un autre papier avant de le lui tendre. Elle pouvait lire ses initiales écrites à l'encre rose mais Lise restait interdite. Il avait raison de s'inquiéter. Devait-elle repiocher? L'idiotie de se poser la question. De craindre de transgresser des règles qu'ils avaient eux même imposés. Bien trop préoccupée par la routine. Trop attaché à ces rituels idiots qui ponctuent sa vie. Un bien fébrile moyen de se persuader qu'elle enfin a le contrôle de sa vie. Lise se contentait pourtant de triturer le papier entre ses doigts à se poser la question comme une enfant.

Il prenait les devant, avant qu'elle ne décide quoique ce soit. Se contente de l'écouter attentivement en serrant le papier entre ses doigts. Et elle a le cœur qui se serre un instant alors qu'elle voit Dante se figer. Elle ne sait même plus  Lise comment elle doit réagir, ce qu'elle doit penser. Est-ce qu'elle doit lui en vouloir maintenant pour une histoire vieille de plus de vingt-ans? Alors elle se fige à son tour et prend l'ampleur de leur relation alors que son esprit s'évade dans un passé qu'elle ne regrette que trop.  Il avait toujours été là, presque d'aussi loin qu'il se souvienne. Le voisin qu'elle épiait parfois du haut de sa chambre. Celui-là même qui quelques années après lui proposa de venir jouer avec lui. Voilà une confidence qui était au final aussi vieille que la boîte elle même. Partagée entre lui en vouloir de lui avoir menti et comprendre la crainte d'un gamin au fait de révéler sa bêtise. Ses yeux se perdent sur le papier entre ses mains sans qu'elle n'articule mot. Il y a des silences bien plus expressifs que des mots qu'elle ne saurait choisir. Son regard s'hasarde à se planter dans les siens alors qu'elle hausse les épaules. "Je comprend" Cette idiotie. De fuir le conflit et balayer l'affaire d'un revers de main désintéressé. Elle se refusait de lui exprimer la peine et la colère qui dansaient ensemble dans son esprit. S'enferme dans son désarroi, celui de constater le mensonge. Mais peut-être qu'il avait eu raison, qu'elle lui en aurait trop voulu. Qu'elle aurait réagit un peu trop vite, comme toujours. "On était que des mômes" qu'elle murmure pour se consoler de la révélation. De la promesse rompue même avec des circonstances atténuantes. Ses jambes glissent dans l'eau alors que ses deux mains prennent appuis de chaque côtés de ses hanches. Elle observe les vagues qui se meuvent de son impulsion, tentant de chasser ses idées noires. Se répétant encore et encore que ce n'est rien, qu'ils n'étaient que des gosses et que leur promesse de ne pas mentir n'avait été prononcée que peu de temps avant. Que leur amitié n'avait pas encore toute son importance, qu'il avait pu se perdre dans sa confusion de la décevoir. Elle comprenait Lise mais continuait d’espérer que Dante ouvre le prochain papier et n'argumente pas d'avantage celui-ci.

C'est son cœur qui se vide et son corps entier qui lui semble douloureux. Le regard se fait dur, triste et déçu à la fois. Empli d'incompréhension. "On ne se dit pas toujours tout, mais on ne se ment pas." Le ton glacial ne cache pas sa confusion. Peut-être que c'était la même chose au final. Il y a toujours des choses que l'on ne peut dire, un jardin secret que l'on cultive pour soi, parfois par pudeur parfois par amour. Elle avait juste voulu le protéger de ce qu'elle était devenu. Et aime a penser qu'il veut faire de même. Parce qu'elle le sent chaque minute un peu plus. L'odeur. L'aura. Lise en est persuadé maintenant, qu'il n'était plus uniquement Dante et qu'il était coincé dans le piège à son tour. Il ne lui dit pas, parce que ce sont des choses que l'on ne révélé pas. Mais son cœur se serre à l'idée que sa première impression à l'avoir aperçu s'avère vraie. Et d'un geste brusque, ses mains se posent sur les siennes qui fouillaient à nouveau dans la boîte.  "Attend!" Il ne pouvait pas lui avouer qu'il avait menti et chercher un autre papier. Passer à autre chose après lui avoir planté le cœur comme si de rien n'était. "Quand?" Ses mains ressèrent un peu plus leur étreinte. Le cri du désespoir alors que son contact la fait frissonner d'avantage. La peur commence à lui bouffer l'estomac. "Tu peux pas lâcher ça comme ça, dis moi." Qu'il aille jusqu'au bout de sa révélation. Quitte à la blesser encore, il ne pouvait pas juste passer à autre chose après lui avoir dit que ce n'était pas la seule fois. Même si le voix de la vérité lui faisait déjà peur. Qu'elle s'inquiétait déjà de savoir à quelle point il écraserait son cœur du poids de ses erreurs. Ses maint attrapent tout de même une de ses notes. Il ne l'écoute pas. Ca l'énerve. "Dante!" Ce qu'il avait à lui dire était(il si terrible pour qu'il lui tourne le dos après lui avoir presque jette la note qu'elle rattrape in extremis avant qu'elle ne tombe dans l'eau. Elle jette un regard derrière elle, observe une seconde l'attitude de Dante et ça ne l'inquiète d'avantage. L'angoisse s'installe d'avantage. Elle n'ose pas ouvrir le papier. Probablement allait-elle y lire la révélation. Ces explications qu'elle attendait. Mais ça réaction ne faisait que la tourmenter d'avantage. Son cœur s'emballe alors qu'elle déplie la feuille. Prend une grande inspiration et pose ses yeux sur l'écriture de Dante. Plus posé, plus délicate, celle de l'adulte. Et elle comprenait qu'ils étaient de retour dans leurs peau d'adulte. Elle dégluti avec difficulté à mesure que les mots s'accumulent et que l'incompréhension s'installe d'avantage. Elle relit, une fois, deux fois. Se triture la lèvre en tentant de faire sens des mots maladroits.

Ses jambes s'extirpent de l'eau et l'amène jusqu'à Dante. Elle se plante derrière lui, sans encore oser affronter son regard, sans oser le bousculer dans la fuite qu'il semblait entreprendre. "Je comprend pas Dante." Elle se décompose alors que ses yeux ne quittent pas ce bout de papier qu'elle tient du bout des doigts. Sa main se pose sur son omoplate. "Qu'est-ce que ça veut dire Dante? C'est quoi le rapport avec ce mensonge dont tu parles ?" Lise ne parvenait pas à faire sens de ce qu'elle venait de lire. "Qu'est-ce que t'as à me dire ? C'est pour ça que t'es bourré ?" La délicatesse est mise de côté et les questions fusent. Elle ne sait pas ce qu'il a peur de lui dire, ce qui l'a poussé à  lui tourner le dos en lui donnant ce billet. Visiblement il n'avait pas osé, lui dire. Comme il l'avait écrit sur le billet. Ou était-ce elle qui lui en avait empêché en disparaissant? Cette idée lui vrille l'estomac mais finalement elle n'est plus si sûre de vouloir savoir. L'angoisse lui prend aux tripes alors qu'elle le réalise et lui tourne le dos à son tour. "Non... Si c'est si terrible je suis pas sûre de vouloir savoir." elle change d'avis. Peut être qu'il valait mieux ne pas savoir. Elle n'a pas l'habitude de se complaire dans l'ignorance mais le comportement de Dante la pousse à croire que son cœur va être réduit en morceaux et elle ne veut pas appuyer sur le bouton replay.

Alors elle s'éloigne Lise, se rapproche de nouveau de la piscine et s’assoit sur le sol. La peur au ventre, son cœur qui semble se vider de sa contenance, la gorge se noue. Elle ne pouvait s'empêcher désormais de penser qu'il avait quelque chose de terrible à lui avouer. Un mensonge qui dépasse tout ce qu'elle pourrait imaginer. Alors que tout ce qu'elle voulait ce soir, c'était de retrouver son meilleur ami. Celui qu'elle avait fuit pour finalement l'attendre des années durant avec un désespoir si profond qu'elle s'y était perdue. L'espoir qu'elle pouvait ce soir se racheter, le retrouver et imaginer être de nouveaux proche de lui. Oublier les erreurs et les mauvais choix come autant de blessures qu'ils pourraient soigner ensemble. Alors qu'il se taise. Qu'il se retienne de lui avouer le pire et de lui déchirer le cœur une nouvelle fois. Qu'il garde ce mensonge pour lui et se contente de se perdre dans ses bras. Son corps se laisse tomber en arrière jusqu'à s'allonger sur le sol et la voie lactée semble l'engloutir toute entière. Avait-elle le droit d’espérer pouvoir continuer d'agir comme s'ils ne s'étaient jamais quittés? Pouvait-elle aspirer entrevoir un avenir où son absence ne serait qu'un mauvais souvenir? "Dante..." Ses yeux clos n'osaient se diriger vers lui, trop inquiet de la tournure des événements. "Je veux pas qu'on s'engueule ce soir. Je veux juste profiter que tu sois revenu." Rester là avec lui à regarder les étoiles et s'endormir dans ses bras comme ils avaient pu le faire un millier de fois. Parce qu'elle en comprenait pas ce qu'il voulait dire par tu es ma tempête, parce qu'elle a peur à l'idée qu'il ne soit plus seul maître de son esprit, parce qu'elle a peur de faire face à ce mensonge. Alors elle préférait encore fuir et faire semblant que tout allait bien, comme toujours.
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this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise) - Mar 28 Aoû - 21:29

Lise
&
Dante
with every breath I swallow, I drown.
Ses cris. Son empressement. Le pardon de Lise, et puis, lui qui en rajoute. Tout s'emmêle. Tout se brise dans son crâne. Commencer par la fin, revenir au commencement ? Trouver la force de le lui balancer, ce mensonge gardé depuis des années. Lui dire, Lise, je ne me suis pas moqué de toi. Je me suis moqué de moi, parce que j'étais vraiment idiot de venir te déballer tout ça, dans un endroit surpeuplé, prenant le risque qu'on nous interrompe. Il n'y arrive pas. La fuite est plus facile. La laisser se débattre avec ces mots-là.
Mais ce qui finit par ressortir, il ne l'attendait pas. Préparé au courroux, à l'impuissance, au t'as été con. Mais peut-être, plus de compréhension. Excuser un comportement de gosse abruti par l'amour porté à sa meilleure amie. Il en espère beaucoup, sûrement trop.

La nuque s'incline au contact. A défaut de l'apaiser, c'est la douleur qui s'infiltre quand Lise glisse sa paume dans son dos. Lèvres scellées sur le secret, la déchirure s'opère en son sein. Lise ne comprend pas. Et il en tremble légèrement, emprise du désarroi qui monte crescendo en son sein. Ses paupières se ferment, se serrent, fort. Lise ne comprend pas, et c'est terrible, à cet instant précis. Une main s'élève vers son front, doigts qui écrasent la chair que le souci plisse en quelques ridules. Est-ce-qu'il arrive trop tard ? Est-ce-que c'est trop tard, Dante ? Est-ce-que tu t'es réveillé lorsqu'elle n'est plus capable de l'entendre? Il se souvient, du dernier baiser. Lèvres imbibées de rhum, venant caresser les siennes, plus sucrées. Tendresse explosant au contact, flammes de ses cheveux brûlant ses phalanges alors qu'il y revenait de plus belle. Il ne savait pas à l'époque, que ça ne se reproduirait pas. Probablement jamais. Et pourtant, il n'a jamais tourné la page, visiblement. A revenir, la honte collée aux pupilles, derrière ses airs assurés noyés dans l'alcool. Comme si quoi, Dante ? Comme si elle n'avait pas oublié. Et ça le brutalise, l'écartèle vif, venant rechercher l'adoration qu'il a cultivée à son égard durant des années, quand à l'amitié s'est greffé toute autre chose. L'hypothèse qui l'ébranle est pire encore.

Elle ne peut pas savoir. Ne peut pas comprendre. Et si ça la dépasse, c'est pas que tu l'as trop blessée, Dante. C'est surtout que tu t'es gouré sur toute la ligne. Raison qui l'a poussé à reculer, à l'époque, après s'être lancé, avoir tenté de se livrer de la plus sincère des manières. En présageant les lui dire, ces mots qui sont finalement restés coincés, entravés par l'arrivée des autres. La peur. Et pour la première fois, alors que Lise le lui répète, qu'elle ne comprend pas, ça s'illumine. Vague de lucidité passant devant ses prunelles, ses yeux s'ouvrant, pour n'en capter qu'un soupçon, suffisant à le plonger dans l'obscurité. La main de Lise abandonne son épaule. Elle s'éloigne. Et brutalement, il est projeté des années plus tôt. Ce soir-là. A se remémorer l'appréhension. L'attente dans le regard de la jolie rousse. Elle ne comprend pas, Dante, elle ne peut pas. Et ça tourne, ça tourne. A lui filer le vertige, la nausée, tout à la fois, un pas l'éloignant quand l'équilibre oscille.

C'est à cet instant précis, que ça devrait se manifester. Les sens qui deviennent si clairs, une fois l'esprit non biaisé par le sentimentalisme de l'humain. Les sentiments, tout court. C'est assez impressionnant, à quel point tout devient net, précis, lorsque l'émotion abandonne la partie. Dépouillé du coeur, la raison est incisive. Et ne laisse aucune place à l'erreur. Aux failles qui se referment, murant la poitrine derrière des barricades aux barbelés menaçant. Il en vient à regretter ces épisodes de plus en plus réguliers, le poussant à contempler avec distance ce qui peut l'entourer. Regard hautain, néant au poitrail, c'est plus facile. même si après coup, ça lui fait peur. Paradoxal. Hybris détruisant l'empathie de l'humain. L'affection portée envers ses patients. L'amour de ses proches. Si Phobos n'en a que faire, le psychiatre s'en épouvante. Ce soir, pourtant, à se tenir dos à elle, focalisant son attention sur son centre de gravité qui déraille, il se dit que ce serait pas trop mal. Mais il ne sait pas encore, Dante, que ça ne reviendra que bien plus tard. A la prochaine manifestation de ces pouvoirs dont il ignore encore tant de choses. Incapable de se déconnecter d'un claquement de doigt, c'est regrettable.

Parce qu'à cet instant précis, il en est certain. Le silence cousu aux lèvres, absence le transportant dans ses réflexions intenses, il ne sait combien de minutes défilent. Ni si elle est toujours là, incapable de sentir sa présence à proximité, trop déboussolé pour songer à se retourner. T'aurais jamais dû revenir, Dante, si c'est ce que t'attendais. Protestation muette envers sa conscience. Il n'attendait rien de tel. Venait retrouver sa meilleure amie, s'assurer qu'elle ne l'avait pas totalement renié de sa vie. Il devrait être satisfait, peut-être ? Mais il en attend trop, Dante. Un pas séparant la peur de revenir sur cette soirée, au besoin urgent de tout lui dévoiler. Craintif à l'égard du secret ayant ruiné leur amitié. Contrairement à Chase qui a eu le cran de le lui avouer, Dante n'a pas dit la vérité à Lise. Et peut-être qu'elle se serait fâchée quand même, comme Dante s'est fâché avec Chase. Mais que se retrouver aurait été plus facile, le deuil des sentiments fait. Le deuil qui devra se faire, sans un regard en arrière, pour le gosse de vingt-quatre piges qui découvrait à l'époque ce que c'était vraiment, d'aimer.

Il déglutit, alors qu'elle l'appelle. Sa voix résonne dans ses tympans et le mitraille jusqu'au plus profond de son être. La grande gueule reste fermée. Lui qui a toujours un bon mot à dire, se tait. Et quand il se tourne, ose reporter ses prunelles perdues sur elle, ses lèvres s'entrouvrent. Sans un son. L'évidence lui revient. A travers les étreintes. Les baisers volés, les rires de Lise ne tardant à le repousser. Jamais, elle ne s'est avancée la première. Jamais, elle ne s'est laissée pleinement aller. Un pas dans sa direction, les vestiges du coeur adolescent qui s'écrase derrière lui. Et toi, tu t'es jamais posé la question. Obnubilé par ses propres ressentis, non, il ne s'est pas interrogé. A déjà peiné à démêler ce qui pouvait embrouiller les battements de son coeur à sa proximité, et n'a pas été capable de s'interroger. Toujours trop persuadé de son charme. De l'attrait éprouvé par ses pairs à son égard. Ego démesuré, excentricité envoyant se faire voir les rejets. Il a toujours eu confiance en lui, Dante, trop sûrement. Il faut que huit ans soient passés, pour que l'impensable à l'époque ne vienne décimer les espoirs assurés qu'il avait alors. Grandir, connaître d'autres coeurs, sans oublier le sien. Lise, ça n'a jamais été la même chose. Un nouveau pas. Un autre. Tu t'es jamais demandé, pourquoi. C'est exactement la même raison, pour laquelle elle ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre ce soir. Parce qu'il en est convaincu, en arrivant finalement à sa hauteur, qu'il lui voue ce regard au souvenir amoureux, détaillant son visage, ses yeux fermés. Tu t'es fait des films. T'as embarqué tout seul dans cette galère. Elle n'en voulait pas, de tout ça, elle n'en veut toujours pas. Tu t'es planté, en beauté.

Il s'assied, en silence. Finit par s'allonger à ses côtés, un peu raide sur l'herbe sèche, prunelles incrustées sur la voûte céleste qui fait danser ses étoiles dans son regard embrumé. « D'accord. » C'est un peu rauque dans sa gorge. Il n'a pas l'habitude de perdre le contrôle de ce qu'il ressent, et ça s'entend après son long silence. Probablement le plus long depuis qu'ils se connaissent. Venant croiser ses bras sous sa nuque pour se créer un appui, son coeur ralentit. Pulsations parvenant jusqu'à ses oreilles. « Pardon. Pour t'en avoir toujours trop demandé. » Dernières paroles, dépourvues de tout sarcasme défensif. Vidées. Un bâillement venant, de manière appréciée, décrocher ses mâchoires. Fatigue exagérée. Un peu. Corps éprouvé par la lutte précédente. Ses questions, son silence. J'ai compris, Lise, et je t'en parlerai plus jamais. Les murs se referment autour du secret. Cloisonnés, à double tour, là où il a toujours été rangé, enseveli sous les côtes. Et la clé, la clé qu'il a toujours gardé en main, jusqu'au jour où il pourrait la lui donner, reste cloué au papier qu'elle a laissé derrière elle.
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