J'ai eu toutes les peines du monde à ne pas partir en courant en plein milieu d'une répétition. Mais j'ai tenu bon et me suis volatilisée qu'une fois le morceau fini. Je ne me considère pas comme un caractère particulièrement sanguin pour une écossaise. Mais bon dieu, qu'est-ce que la possibilité d'étrangler ce producteur m'a paru intéressante ! Les producteurs, j'en ai déjà vu pas mal au cours de ma jeune carrière. Certains sont particulièrement charmants, d'autres ont des lubies pour le moins étranges. Si j'ai appris à faire avec les lubies étranges, je reconnais que celui-ci pouvait aisément être qualifier de chieur professionnel.
Dans ce genre de cas, j'ai l'habitude de me taire et attendre placidement que le temps passe. Je n'ai cependant pas pu faire comme à mon habitude car j'ai fait une prophétie. Le bougre a réuni les conditions nécessaires pour que je lui réponde sur ces interrogations concernant son futur. Et il a très mal pris que je le coupe en pleine diatribe pour lui dire qu'il connaîtra effectivement la prospérité.
Bref.Afin de me calmer avant de rentrer chez moi, j'ai pris le parti de rejoindre la bibliothèque d'Arcadia. Outre la sérénité du lieu qui doit aider à retrouver la mienne, je dois récupérer des partitions que j'avais demandé dans le cadre d'un échange entre bibliothèques. Pas que je sois radine pour ne pas m'acheter les partitions dont j'ai besoin. Seulement, j'aime bien savoir ce que contiennent les dites partitions avant de les acheter. Simple soucis de rentabilité car, j'ai beau être musicienne professionnelle et membre du clan Bruce, je ne suis malheureusement pas multimillionnaire.
J'ai à peu près retrouvé mon calme quand je sursaute quand on m'interpelle. Je fronce les sourcils en voyant un homme un poil plus âgé que moi me faisant face.
-Oui, c'est moi. Vous êtes ?Alors que je me perds en conjecture pour savoir comment il peut me connaître, j'ai rapidement ma réponse en voyant sa plaque de police. En reprenant une mimique copié sur mon père, je me renfrogne. Je ne suis pas stupide : c'est pas une invitation sa demande à venir parler en privé. C'est un ordre poli de venir à l'extérieur pour ne pas faire une esclandre dans ce lieu paisible. Néanmoins, hormis la mimique, ma réponse ne traduit aucunement ce que je peux ressentir face à son ordre déguisé.
-Oui, bien sûr. Un instant cependant. Il faut que je passe au bureau des emprunts.Contrairement à lui, je ne cache pas que je ne lui laisse pas le choix de passer au bureau des emprunts avant de pouvoir lui accorder un peu de mon temps. Il peut aisément me suivre : c'est pas comme si les partitions que j'emprunte comporter des dessins compromettants dans les marges.
Le détour fait, en signe de bonne volonté, je me laisse guider par le policier à l'extérieur dans ce qu'il appelle "un endroit discret".
-Que puis-je faire pour vous ?J'avoue n'avoir aucune idée de ce qu'il a en tête et j'aimerais bien qu'il m'éclaire sans trop tarder sur le sujet.
Fiche codée par NyxBanana