Après-midi sur les terrains, pas une séance très compliquée en fin de compte. Ils sortent d’une grosse période de quatre matchs, et ce week-end c’est repos. Ça va faire du bien aux corps comme aux esprits, et là ils y vont mollo sur les entraînements. Pas trop de physique, c’est le moment de faire retomber la pression, avant de se remettre un peu plus la tête dans le guidon dès la semaine prochaine.

Du coup, ce soir là, petit tour à la salle. C’est pas la salle du club, c’est une salle de sport pas loin de Delray qui est vraiment sympa. Pas trop grosse, elle fait un peu famille. Il aime bien y aller en dehors du boulot, histoire de s’entretenir, travailler quelques mouvements qu’il ne fait pas forcément en ce moment avec les coachs physiques – toujours avec leur aval, évidemment.

Il a donné rendez-vous à Maria, cette jeune femme qu’il a rencontrée dans le métro cette fois où Célestine et lui étaient allés boire un verre. Le tout avait été un peu chaotique sur le moment, mais au final ils avaient invité Maria à venir avec eux et avaient passé une super soirée. A l’époque elle ne maîtrisait pas très bien l’anglais, mais depuis elle a progressé. Heureusement que James a passé des années à traîner avec les gars de Delray, ça donne quelques bases en espagnol (même si il a surtout appris un nombre incalculable d’insultes).

Elle arrive, justement, Maria. En tenue de sport, c’est une chiquita adorable et toujours pleine de pep’s. Elle est marrante, elle est pétillante, elle le fait rire. Ça faisait un moment qu’il lui avait promis de l’entraîner, et il sent que ça va sûrement être un sacré challenge. « Salut Maria, ça va et toi ? La forme ? » Elle a l’air motivée, Maria, elle lui avait dit qu’elle voulait se faire un corps de rêve pour brancher les gringos comme elle dit. Lui pense qu’elle a pas besoin de s’entraîner parce que les gringos la regardent déjà tous sans problème, hein, y a qu’à voir les paires d’yeux qui se sont plus ou moins discrètement tournées sur son passage. D’ailleurs il croise le regarde d’un des gars, et lui adresse un sourire goguenard.

Et Maria sort son smartphone et lui montre des photos de culs refaits. Bon, pas Queen B, il oserait jamais dire ça de la reine des reines, mais les autres franchement… Il a un rire, elle est vraiment trop drôle. « Owh, Maria ! » Mort de rire, il désigne les photos du doigt, scrolle un peu sur l’écran. « Tu peux pas demander d’avoir un cul comme ça, regarde, c’est que du botox tout ça. » Ok, pas Beyoncé. « Beyoncé non, ok, mais c’est Beyoncé. »

Il secoue un peu la tête, amusé. Sacré Maria. « Tu vas voir on va bosser ça bien, enana, si tu m’écoutes bien et que tu reviens régulièrement, tu vas sentir les effets sur ton corps. Mais ton corps c’est ton corps, c’est pas la gonflette qui va te faire grossir les fesses, par contre elles seront plus musclées, plus galbées. » Elle est déjà canon Maria, mais les filles se trouvent jamais assez belles. En même temps les gars c’est pareil. Y a qu’à voir tous les mecs qui passent leur vie à la salle pour avoir toujours plus de muscles, surtout ne pas prendre un pet de gras.

Son reales de rien du tout ouais, il secoue la tête d’un air exaspéré quand elle insiste et lui montre la photo, puis la vidéo de l’entraînement. Ok ces meufs là ont des corps de rêve mais elles font ça toute la journée, c’est facile, c’est leur job ! Un peu comme lui, mais c’est pas pareil, lui fait pas ça pour les réseaux sociaux il fait ça pour être plus fort sur le terrain le week-end. Et puis franchement c’est le genre de stars qu’il n’aime pas trop parce qu’elles ne font rien d’autre que ça, sont payées des fortunes pour être belles, faire du botox et surtout rendre les chicas comme Maria bourrées de complexes qui n’ont pas lieu d’être. Avec ces millions qu’elles gagnent, elle feraient mieux d’aider les plus démunis, ou les malades, ou l’environnement.

Maria le tire vers un miroir, précise bien ce qu’elle voudrait comme formes et James se retrouve un peu embêté à regarder ses fesses – elle est belle Maria et bien foutue, mais c’est pas cool d’agiter sa beauté comme ça devant lui. Heureusement qu’il est un garçon poli, certains des gars dans la salle penseraient directement à en profiter. Il sourit quand elle lui sort ses mensurations, se retient de rire à nouveau parce qu’elle y tient apparemment énormément à coeur et que déjà se moquer de Kylie Jenner ça lui a pas vraiment plu on dirait. Elle s’accroche à lui, le supplie, et James la prend doucement par les épaules pour la rassurer, laisse échapper un petit rire presque attendri. « Calma, Maria, calma. Je t’ai proposé de t’aider, je vais le faire, » promet-il avec un sourire amical. « Je veux juste pas que tu t’attendes à des résultats miraculeux parce que ça prend du temps, mais ça va le faire, ¿vale? » Il tapote un peu ses épaules dans un geste motivant, puis l’incite à le suivre un peu plus loin dans la salle, là où il y a de grands tapis de sol.

Il attrape une bouteille d’eau, boit un coup et la repose, avant de se frotter dans les mains. « Ok t’es prête ? On va commencer par s’échauffer, assieds-toi par terre et fais comme moi. » Il pose les fesses sur le tapis, les mains derrière lui et commence à faire de mouvements de balancier avec les genoux, de droite à gauche, en touchant chaque fois les genoux au sol. Histoire de commencer à mobiliser les hanches et les jambes. « Vachement important de toujours t’échauffer avant de commencer la séance, et pareil pour les étirements à la fin. C’est incontournable. » Le mouvement d’après est un peu différent, il allonge le dos au sol, croise les mains sous un genou qu’il plie et déplie en l’air. Ils le font plusieurs fois, passent à l’autre jambe, puis il change encore de mouvement. Ils font ça plusieurs fois pour bien réveiller les muscles du bas, puis ils se relève. « 10 squats, tranquille, développe bien le mouvement. » Ils s’exécutent, puis il dit à Maria qu’ils vont échauffer un peu les bras, pas beaucoup, mais ce qu’il faut. Une dizaine de coudes-mains, et ils ont fini les échauffements, et bien sûr Maria est déjà bien rouge. Les coudes-mains, ça ne pardonne pas.

James lui adresse un sourire un peu filou et lui lance une bouteille d’eau. « Réflexe ! » Une grande rasade de sa propre bouteille, et il fait signe à Maria de le suivre. « Allez viens, on passe aux squats avec la barre. » Une chance pour eux, il n’y a pas grand monde ce soir et il y a deux barres de libres. « Celle-là fait quinze kilos, ce sera bien pour commencer. Montre moi comment tu fais, que je te dise si le mouvement est bon. »