family portrait (Timo & Anna) - Dim 30 Sep - 23:07
I put my armor on Show you how strong how I am
Douce adolescence qui te donne une bonne excuse pour ta mauvaise humeur, pour ton rejet de la vie en général, c'est plus facile comme ça, bel âge. Normalement on dit que quand le chat n'est pas là les souris dansent, pour toi c'est l'inverse, la seule souris que tu supportes est absente, tu dois rester avec le chat, dans la garderie. Pas de danse pour toi aujourd'hui, de l'ennui en priorité. Tu passes ton temps dans le canapé à discuter avec le groupe de théâtre de ton école, tu t'amuses aussi à faire quelques stories qui n'intéresseront personne, puisque tu n'es personne. Ça te permet au moins de poster des conneries que peu de gens verront, seulement tes rares amis, tu as que ça à faire de toute façon. Avachi dans le canapé, tu pourrais l'aider cette pauvre femme qui semble souffrir à cause de ce que tu n'as vraiment pas envie de connaître. Pas envie de savoir s'ils ont oui ou non une moitié de ton sang, pas envie de connaître leur existence. Tu repousses tellement tout ce qui pourrait venir d'elle, même si elle ne fait rien de mal, bien au contraire. Tu n'as pourtant pas envie de faire d'effort, elle est pourtant là depuis tant d'année, comme si elle avait toujours été là après la mort de ta mère, ça t'énerve encore plus. Perdu sur internet tu ne fais pas attention à Anna qui s'est approché et posé à côté de toi. Tu tournes la tête vers elle, tes yeux passent rapidement sur son ventre puis tu détournes le regard pour regarder de l'autre côté, plus dans ta vision, seulement toi et ton téléphone.
« Ouais, ça va. » Petit bonhomme qui ment, mais ça évite les questions, ça évite les mots blessants, alors tu continueras comme ça. Tu hausses les épaules à la deuxième question avant de la regarder. « Vous devriez surtout en profiter pour vous allonger, mais c'est chez vous, faites ce que vous voulez. Je me charge des popcorn, restez là. Vous ne bougez pas !» Tu suivras avec ou sans envie, pour lui éviter de souffrir plus, parce que tu n'as pas envie de l'entendre se plaindre non plus. Tu sais aussi que ça ne plairait pas à ton père si tu n'es pas un minimum gentil, alors tu te redresses pose ton téléphone sur la table et tu te diriges vers la cuisine. Tu essaies de trouver les popcorns en faisant le minimum de bruit, tu ne voudrais pas réveiller les petits. Que ce soit, à la poêle ou au micro-onde tu sais comment faire ça. Tu récupères ton téléphone pour mettre de la musique en attendant, pas sûr qu'Anna entende réellement ce que c'est avec le bruit autour, mais toi tu danses dans la cuisine en attendant que le tout soit prêt. Tu avais terriblement envie de sortir danser aujourd'hui, mais tu es resté là. Au cas où, parce que même si tu la détestes, s'il lui arrive un truc, c'est ton père qui sera malheureux.
Popcorn qui s'agitent, toi qui danse et la musique qui te détends, t'oublierais presque où tu es, après tu as voulu préparer le popcorn pour pas rester à côté d'Anna, dans cette ambiance gênante. Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'elle essaie de t'amadouer, mais tel un chat, tu n'as pas envie, plutôt que de griffer, tu préfères t'éloigner et tu reviendras de toi-même.
« Salé ? Sucré ? » Tu reviens vers la rousse avec le popcorn sans savoir quoi mettre dedans. Tu n'as aucune idée de ce qu'elle peut bien aimer et tu t'en moques complètement, peu importe ce qu'elle choisira au fond, c'est pour sembler plus sympa. Pas difficile de suivre une recette de nos jours, internet est toujours là pour nous, tu es bien content d'être de cette génération qui a plus le nez sur son téléphone que de vraies discussions, encore une bonne excuse. Tu attends sagement la réponse pour te mettre à la tâche et revenir avec le popcorn, que ce soit du caramel ou au beurre, tu feras de ton mieux pour ne pas ruiner a cuisine. Tu avais sûrement besoin de montrer que tu n'étais pas un petit garçon qui ne savait pas se débrouiller, bon après tu ne lui diras pas que tu t'es totalement brûlé une partie de la main, tu fais le bonhomme et tu la caches dans ton pull, aucune blessure, ça n'existe pas.
Du salé, tu regardes les popcorns sans vraiment savoir quoi faire avec, mais avec ton téléphone tu trouves des recettes et heureusement que Anna aime le fromage. Tu lui apportes doucement, ça sera sans toi pour les popcorns salés, tu en gardes un peu sans rien dedans, ce n'est pas pour ne pas avoir à partager avec elle, mais surtout que l'idée des popcorns salé ne te faisait pas trop envie. Tu feras la vaisselle pour avoir sali autant de plat bien entendu. Tu te laisses tomber dans le canapé en soupirant un peu, ton regard se pose sur les films et tu prends un bon vieux marvel, parce que c'est toujours sympa à regarder, on découvre de nouvelles choses à chaque fois qu'on le regarde. Tu soupires longuement en la voyant se lever. Aucune idée de ce qu'elle n'a pas compris quand tu as dit que tu voulais qu'elle se repose, mais tant pis, si elle ne veut pas, tu te dis que tu auras fait de ton mieux. Tu te mets en tailleur dans le canapé et tu lui laisses la place pour qu'elle puisse se détendre un peu. Tu manges tout avant même que le film n'ait réellement commencé, tu avais déjà commencé en arrivant dans le salon de toute façon. Tu poses le plat au sol et tu te poses dans le canapé pour profiter du film. Anna te parle, ton regard un peu plus froid se pose sur elle, puis tu hausses les épaules.
« Avec tout ce qui se passe en ce moment, je préfère rester sur le vous. On n'a pas toujours ce qu'on veut, mais on a généralement ce qu'on mérite. »
Pas pour dire qu'elle ne mérite que des vouvoiements, mais comme sa venue a accompagné le départ de ta fratrie, oui, tu te méfies. C'est une histoire de protéger la famille et bien tu n'aimes pas ça. Tu n'as vraiment pas envie de lui tendre les bras, de lui montrer que pour toi elle fait partie de la famille. C'est pourtant le cas, mais c'est plus par obligation que tu l'acceptes. Anna n'est pas une personne horrible à tes yeux, mais il y a beaucoup trop de choses à tes yeux pour que tu puisses l'accepter. Elle a toujours été là depuis la mort de maman, elle a toujours voulu la remplacer, c'est ce que tu as en tête. Après tu as beaucoup de connerie en tête, beaucoup de questions et de choses qui reviennent toujours à la surface, car ça serait angoissant de les oublier, comme tu angoisses quand tu y repenses. Regard posé sur le film de nouveau, tu te cloîtres dans un long silence avant que petit à petit le film t'emportes et qu'est-ce que tu aimerais participer à un film de ce genre, les super-héros s'est tellement impressionnant et ça doit être tellement intéressant de tourner dans un aussi gros film.
« Je trouve les personnages tellement cool. Tu ne trouves pas ? »
Tu ne réfléchis pas. C'est presque comme si tu regardais un film avec ton père, mais là c'est Anna, qui mérite peut-être un peu de gentillesse. Disons que c'est au moins pour aujourd'hui, parce que papa n'est pas là, que tu n'as pas envie que ça se passe mal, c'est chiant quand les choses se passent mal. Pas envie de te faire engueuler, même si tu doutes qu' Anna le fasse, pourtant tu le mériterais, une bonne petite claque derrière la tête et de quoi te faire comprendre que ce n'est pas bien d'être si froid. Tu es tellement lunatique avec elle, comme si tu voulais être sympa, mais que tu avais trop de soucis pour accepter l'idée même d'être gentil. C'est un peu ça, mais t'arrive quand même à te dire qu'elle ne mérite pas ça.
« On n'est pas obligé de s'entendre. Vous êtes bien ensemble, c'est le plus important. Vous... Te fatigues pas avec moi. »
Voilà, la conversation devient très sérieuse. Le ton change, ce n'est pas vraiment ce que tu voulais, mais tu l'as mérité. Tu te tournes vers Anna pour écouter ce qu'elle a à te dire. Qu'elle s'exprime un peu, sans faire semblant que ton comportement de sale gosse ne la touche pas. Tu as pleins de choses à dire de ton côté aussi, pas que de mauvaises choses par rapport à ce que tu sembles montrer, mais est-ce que tu es capable de dire ses choses. Ce que te dit Anna te fait doucement sourire, tu hausses simplement les épaules, tu ne sais pas quoi faire de plus. Tu fais avec d'après toi, tu fais même de ton mieux pour qu'on t'ignore, mais Anna essaie d'être plus proche, de calmer ton jeu, alors que tu n'as juste pas envie d'y penser, d'être là. Tu remontes ton regarde pour croiser le sien, tu n'as clairement pas l'air à l'aise, de toute façon est-ce que tu l'as déjà été.
« Vous avez fait de mauvais choix... vu la situation dans laquelle on est. Je ne vous jette pas la pierre, on fait tous des mauvais choix. Je vous en veux quand même, vous comme moi, on ne veut pas qu'il arrive quelques choses à papa. Quand maman était en vie... Papa était rarement là. Je ne le connaissais pas vraiment, même s'il me fascinait. Il s'est rattrapé quand maman est morte, il a fait de son mieux pour être là, pour rattraper le temps. Je ne sais pas pourquoi je dis ça . Faites attention à vous, autant qu'à lui. » Coeur serré, le regarde qui se baisse, tu n'oses plus la regarder du tout, tu ne te sens plus du tout bien là. A te dire que ton père pourrait partir, qu'il pourrait redevenir un fantôme comme avant. Tu frottes rapidement tes cuisses avec tes mains comme pour te réchauffer, mais c'est plus pour te sentir vivant, pour penser à autres choses qu'au gouffre dans ton cœur quand tu penses à ta mère. Tu ramènes tes genoux contre ton torse pour venir les serrer un peu contre toi. Tu laisses Anna continuer, ça te fait presque plaisir qu'elle te traite un peu plus comme un adulte, bien que tu n'en es pas vraiment un. Tu ne sais plus quoi dire. Tu restes très silencieux, tu n'as pas envie d'en dire plus, tu ne sais même pas comment tu pourrais dire les choses, ni les mots à utiliser sur ce que tu ressens.
« C'est la phrase de Scar dans le roi lion ça. Ce sera notre petit secret. Ça ne donne pas très envie. Vous avez l'air d'être une maman super vous savez. Je vous en veux d'éloigner ma famille, de m'imposer la votre. Je ne veux pas en faire partie. Hors ce qui se passe maintenant et votre relation avec mon père, je n'ai rien contre vous. Je vous trouve sympa, juste que je suis peut-être assez vieux pour comprendre que y'a quand même un soucis pour qu'on envoie tout le monde aussi loin. Je vous en veux de ne pas prendre soin de vous, de ne pas faire plus attention à vous. Je vous demande juste de rester assise pour vous reposer et vous bougez quand même. Il m'arrive trop de choses depuis un moment pour que j'accepte toutes ses choses qui me blessent et qui ne font que me perdre encore plus. Vous dites m'aimer, dans ce cas faut comprendre que je n'ai pas envie d'avoir plus de choses sur le cœur. Pas de secret, rendez le heureux, faites ce que vous faites de mieux, restez comme vous êtes et moi je ferais semblant d'accepter. » Tu soupires longuement, tu n'arrives pas vraiment à dire les choses comme il faut, tu avais plus dans la tête de lui dire que tu ne la détestes pas, mais ça sonne complètement comme le contraire, alors tu viens doucement poser ta main sur celle de Anna en la regardant d'un air plus doux. « Je suis juste inquiet. J'ai peur de ce qui va se passer. Vous êtes en partie la cause de cette peur, alors oui, je ne serais pas plus gentil avec vous, pas avant que ça passe. Vous faites tellement d'effort, j'apprécie, mais ce n'est pas ça dont j'ai besoin. » Tu sais que c'est une bonne maman, pas aussi bonne que la tienne, même si ton jugement n'est pas très objectif, tu préfères te dire que ta mère était la meilleure et ne pas donner de chance à Anna. C'est plus simple, enfin c'est dans ta tête ça.
Tu serres juste sa main, ton cœur se serrant de plus en plus, tes propres mots te font mal, chaque mot, est une lame que tu t'enfonces tout seul dans le cœur. Tu joues les adultes, mais tu retiens le surplus de peine que cette discussion d'offre. Tu viens relâcher sa main, pour qu'elle ne sente pas tes tremblements, tu mets ta capuche et tu te caches totalement de ses yeux. Tu renifles, tête vers le bas, tu détestes quand tes sentiments prennent le dessus, quand tu perds le contrôle car tous tes sentiments t'agressent avec force. Main qui remontent de temps en temps à tes yeux pour essuyer ce qui pourrait tromper Anna. Tu n'as pas envie qu'elle te prenne pour un enfant, pour un faible. Alors tu restes caché, avec dans la tête l'idée que si on ne le voit pas, ça n'arrive pas.
« Dans un peu plus d'un an je serais majeur, vous pourrez être tranquille. » Voix faible, histoire de cacher qu'elle est un peu brisée. « Ne dis rien à papa. S'il te plait. » Te voilà qui la tutoie de nouveau, peut-être pour mettre fin à la discussion, de toute façon, tu ne changeras pas d'avis pour le moment. Ton père est tout ce qui compte pour toi, ta famille est importante à tes yeux, la seule chose qui te fait accepter qu'Anna en fasse parti, c'est le bonheur qu'elle offre à ton père, mais ce n'est pas pour autant que tu changeras, pas tant que vous ne serez pas tous ensemble en sécurité. « Merci d'être gentille avec moi, même quand je suis insupportable et méchant. » Ce soir se sera des pâtes de la honte, tu t'en feras toi-même.
family portrait (Timo & Anna) - Ven 12 Oct - 17:38
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« Anna, je suis vraiment désolé. »
Tu ressens sa peine, tu as envie de t'en foutre une tellement tu as été idiot et méchant, maladroit aussi. Tu ne penses pas que du bien de la situation, tu n'aimes pas réellement Anna, mais elle reste quelqu'un de très gentille et une maman forte. Tu restes caché dans tes vêtements pour ne pas voir en face le mal que tu lui as fait, de toute façon n'importe qui pourrait ressentir leur peine à tous les deux, le silence dans la pièce rend tout ça lourd, tu n'as pas envie de rester à côté d'elle, fuir cette pièce qui est trop pleine de mauvais sentiments, tu y songes, mais tu ne veux pas la laisser là. Tu es le grand-frère de la famille, tu as été là pour les pleures de tout le monde dans ta fratrie, même si tu n'en avais pas forcement envie, tu sais juste qu'il ne faut pas laisser les gens seuls. Tu as aussi peur de revivre ce que tu as vécu à tes neuf ans. Tu ne sais plus quoi dire, ni quoi faire alors tu te plonges dans le film que tu apprécies malgré ça. Tes petits yeux brillent devant toute la classe des personnages, leur force et leur sang froid. La tête posée sur tes genoux, tu ne veux plus penser à ce que tu as pu dire, mais il faut quand même que tu fasse de ton mieux avec Anna. Que tu l'aides, car tu le sais, tu as merdé et ton père ne va clairement pas aimer. Après un long moment la voix de Anna se refait entendre, tu poses ton regard légèrement rouge sur elle, tu sais que toi tu ne mérites pas un bon repas fait avec amour. Tu poses tes yeux sur son ventre un instant, tu ne comprends pas ce qu'elle peut ressentir avec ça dans le ventre, tu ne pourras jamais comprendre, tout ce que tu sais, c'est que ça peut-être cool tout comme très douloureux.
« Tu ne veux vraiment pas te reposer, hein ? On a encore le temps pour cuisiner, non ? » Tu baisses le regard un instant, réfléchis à ce qui pourrait lui faire plaisir. Peut-être parler d'un truc personnel, même si tu en as peur. « Dis, Anna, tu... » voilà que tu ne sais pas quoi dire. Commencer une phrase sans penser à la suite, Bravo Timothy, tu la regardes juste avec un petit air perdu. Que dire, entre cette chose en toi que tu ne comprends pas, toutes les questions sur pourquoi Arcadia est si dangereuse, les questions gênantes d'adolescent, tu ne sais pas quoi dire. Alors tu baisses juste le tête avant de sourire un peu. « J'ai voulu faire un pas, mais je n'ai pas pensé au reste de ma phrase. Je me sens idiot du coup, j'en aurais des choses à dire ou demander, mais tout est trop étrange. Qu'est ce qui rend Arcadia si dangereux ? Ou c'est peut-être mieux que je ne sache rien? » Tu sais que trop en savoir c'est mauvais, mais ta curiosité te titille tellement sur tellement de sujet. Pourquoi Arcadia est tellement un mauvais endroit, tu sais bien que personne n'est réellement normal dans ce monde, enfin tu te dis ça pour ne pas te dire que tu es le mouton noir de la ville. Quand tu penses à tout ce qui se passe quand tu sembles perdre le contrôle de ce qui te constitue, tu te dis que si tout le monde est comme toi, c'est surement ça qui rend la ville si spécial, mais pourquoi ici plus qu'autre part, tu ne sais pas. Mieux vaut ne pas savoir. Tu approches ta main du ventre de Anna pour finalement le toucher avant de te rendre compte que c'est peut-être mal vu, mais tu te souviens de ta mère, de son ventre rond à elle, même si tu n'aimes pas te dire que ce sont des bébés qui seront de ta famille, tu restes toujours curieux de ce ventre rond, même avec tes seize ans. Un garçon comme toi ne pourra jamais comprendre ce que ça fait, en même temps, est-ce que tu aurais envie de vivre ça ? J'en doute.
« Eux aussi, ils vont avoir... un truc spécial ? » Tu essaies de lancer un sujet qui te dépasse encore, mais comme tout le monde s'est toujours plus facile de demander des choses en citant d'autres personnes. Le fameux, un ami m'a demandé si c'était normal.
family portrait (Timo & Anna) - Dim 14 Oct - 21:34
I put my armor on Show you how strong how I am
Anna répond silencieusement, mais positivement à ta question. Tu regardes se ventre tout rond en te disant que tu plains ses petits jumeaux qui vont vivre la même chose que toi. Tu ne sais pas si tu vas supporter d'avoir deux nouveaux gosses à la maison, mais dans tous les cas tu n'as pas vraiment le choix. Aucune idée de si tu joueras les grands-frères, pour le moment tu te dis juste que ça va compliquer encore plus le tout. Tu te dis aussi qu'il va falloir arrêter d'agrandir la famille parce que clairement tu seras le premier qu'on va oublier. Tu te renfonces dans le canapé pour reposer ton regard vers l'écran. Anna à l'air très heureuse que tu fasses quelques pas, un peu maladroit vers elle. Un sourire qui apparaît sur le visage de la femme, tu la fixes sans comprendre. Comment fait elle pour oublier ce que tu as fait il y a quelques minutes encore. Tu étais un vrai petit monstre et voilà que tu arrives à la faire sourire, tu ne comprends pas. Ta main quitte le ventre d' Anna pour venir jouer avec ta fermeture de son sweat, zip zip que ça fait, c'est énervant, mais tu joues nerveusement avec. Anna est donc aussi spécial que toi et ton père, tu ne doutes pas que c'est une chose que ton père aime chez elle. Tu ne comprends pas trop comment ça marche, mais apparemment si deux personnes sont spécials, alors les enfants le seront aussi, ce qui te fait te demander si ta mère l'était elle aussi. Est-ce le bon moment pour poser cette question à ton père ? Tu n'en as aucune idée, mais tu aimerais quand même poser la question, puisque Anna ne peut certainement pas y répondre. Tu te redresses quand tu as enfin une réponse pour Arcadia, pour la situation actuelle. Comment réagir quand on sait que notre famille est en danger à cause d'un amour ? Tu ne sais pas, tu regardes Anna l'air un peu perplexe, tu trouves ça à la fois très égoïste, mais aussi tu te dis que c'est sûrement l'amour qui les rend si aveugle et idiot.
« Parce que vous vous aimez vraiment ? Papa et toi, je vois bien que c'est spécial, mais s'ils vous arrivent quelques choses... » Léger soupire, tu ne finiras pas cette phrase. « Je ne sais pas ce que c'est que l'amour partagé alors je ne dirais rien, mais... ne nous laissez pas devenir des orphelins. » Tu sais qu'elle ne va clairement pas prendre en compte ce que tu dis, tes mots n'ont pas d'importance, c'est ce que tu penses, qu'il n'y a que ton père pour elle. Même si elle dit tous vous aimer, tu sais que vous n'êtes rien comparé à ton père. Tu prends un sourire tendre et tu finis par hocher la tête. « Pourquoi vous ne partez pas ? J'ai mes études à finir, je sais, mais je peux me débrouiller seul. » Puis avoir un appartement à toi seul faut dire que ça te brancherait pas mal, vu que tu as toujours du partager la maison avec tes frères et sœurs, tu n'imagines même pas quand tout le monde sera là. Tu angoisses déjà de ne plus avoir d'espace à toi. « Faudra discuter aussi du fait que si vous refaites des enfants après les deux là... faudra éviter de les faire par paires parce qu'il va nous falloir un château pour qu'on arrive à tous nous caser. » Un peu d'humour, tu essais de te détendre comme tu peux. « On attend papa alors. Tu pourras lui dire que j'ai été méchant. Je le mérite. » tes fesses qui quittent le canapé, quelques étirements et tu te tournes vers Anna pour la regarder. Tu fais un léger sourire avant de prendre ton plat vide pour aller le ramener dans la cuisine, tu passes te prendre un verre d'eau et tu en ramènes un pour Anna. Parler ça donne soif non ? Alors tu penses à elle aussi, vu qu'elle a parlé tout autant que toi.
« Ce soir je me fais des pâtes, mais tu veux faire quoi pour toi et papa ? » Tu feras de ton mieux pour leur faire un bon repas, tu sais que le moment des aveux va être très compliqué pour toi. Il y aura peut-être des choses que tu préfères ne pas savoir, surtout avec ton pouvoir que tu contrôles si peu. Si c'est pour tout dire plus tard, tu préfères ne pas savoir. « Si y'a des choses … dangereuses faut rien me dire. Par pitié. »
« Merci de faire attention. » Tu le penses, même si ça ne t'empêche pas d'avoir peur pour ton père et peut-être un peu pour Anna', parce qu'elle est gentille, tu sais que tu aurais pu tomber sur une femme qui aurait pu t'envoyer en pension en disant que c'est mieux. Tu aurais pu avoir une femme qui t'aurait détesté, qui n'aurait jamais discuté avec toi, elle a des qualités Anna', tu le sais, mais ce n'est pas pour autant que tu montreras que tu le sais, parce que tu es une sale bête têtue. « Papa ne laissera pas quelques choses comme ça arriver. » Tu le sais, il ne voudrait pas qu'Anna' soit détruite, personne ne voudrait ça, même si toi tu n'aimes pas l'idée d'avoir deux nouveaux frères, tu ne souhaites pas leurs morts pour autant, tu veux qu'ils soient heureux, comme tu as pu l'être. Main qui passe sur ton visage pour te le frotter un peu, la conversation redevient encore si peu simple, tu n'aimes pas du tout la réponse que peut t'apporter Anna', tu prends ça comme devoir choisir entre la sécurité de ta famille et la joie que tu as d'être ici. Tu sais que tu ne seras pas heureux si on doit t'envoyer à New York. Toi qui galère tellement à te faire des amis, tu n'as pas envie de quitter cette ville où tu as pu trouver des gens avec qui tu t'entends, la famille s'est important, mais tu n'as pas envie de partir d'ici. Tu hausses les épaules en regardant Anna'.
« Moi je ne vous laisse pas le choix. Je ne veux pas partir d'ici. Même si papa me le demandait, je me sens bien ici. C'est peut-être une ville dangereuse, mais qu'est ce qu'on pourrait bien me faire ? Ce n'est pas comme si j'avais vos noms tatoués sur le front. » Tu soupires légèrement avant de faire une moue boudeuse. « J'ai des amis avec qui être. »
Des amis que tu connais bien, d'autres que tu connais moins bien, certain tu ne sais même pas où ils vivent, mais tu n'as pas envie de partir, tu veux continuer tes études ici, même si ce n'est pas vraiment ce qui est important à tes yeux la réussite de tes études, tu penses plutôt à ce que tu as réussi à faire ici, comment peux-tu oublier tes amis et repartir ailleurs tout seul. Ça te fait peur aussi ça, de devoir changer de ville, parce que tout ne sera que souvenir et les souvenirs ça fait mal quand on sait ce qu'on perd. Tu sais qu'Anna ne veut que ton bien, mais il n'est clairement pas ailleurs.
Tu as réussi à la faire rire, l'idée qu'ils fassent des enfants par paires la fait rire. Maman qui semble aimer les enfants et en avoir, tu te dis que ce n'est pas forcement une mauvaise chose, dans quelques mois elle sera plus occupée avec les prochains que toi, mais bien entendu tu feras tout pour qu'on ne t'oublie pas. Tu as beau montrer que tu n'aimes pas Anna, tu restes toujours là à veiller qu'elle ne t'oublie pas, parce que oui, ton père n'est pas là, mais tu aurais pu fuir le moment en allant voir un ami, tu es quand même resté là, pas de théâtre ou de danse pour toi, juste une femme que tu apprécies sans le montrer. Tu pourrais faire plus d'effort, mais pour le moment tu es trop tête de mule. Anna' va devoir s'accrocher encore un moment avant que tu te décides d' être un bon fils ou au moins quelqu'un avec qui elle s'entend. « Merci. Allons y pour les légumes. Je peux aller les couper pendant que.... Tu fais une sieste. » Tu viens montrer Anna du doigt avec un air faussement sévère avant de rire. Tu la regardes dans les yeux un petit instant en te disant qu'elle va forcement bouger et venir te rejoindre dans la cuisine. Tu as bien compris que de toute façon elle n'avait pas envie de t'écouter ni de se reposer, tu dis juste ça pour dire que tu as essayé. Tu prends ton téléphone, ton casque et tu files dans la cuisine en regardant Anna en plissant les yeux comme si tu surveillais ses mouvements. Être gentil, tu vois que tu peux le faire. Tu cherches ce qu'il faut pour cuisiner, prenant une planche à découper et les légumes, prise en mains d'un couteau bien trop grand pour toi, avant de changer d'avis et de prendre un couteau plus petit, comme si le grand couteau t'avait fait comprendre que tu ne voudrais pas mettre un bout de doigt dans la nourriture.
Musique dans les oreilles, tu essaie de cuisiner, tu n'as aucune idée de s'il faut nettoyer ou éplucher certains légumes alors tu passes ton temps sur ton téléphone pour savoir comment cuisiner chaque truc. La cuisine ça pourra te servir si un jour tu restes seuls ici, de force ou non. « Anna' … pour faire une purée j'épluche les patates avant ou après la cuisson ? Ou on mange la peau? » tu préfères demander à elle, mais tu murmures, comme espérant qu'elle ne t'entende pas.
family portrait (Timo & Anna) - Sam 22 Déc - 18:03
Family Portrait
Clarence & Annalisa & Timothy
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«Happiness is anyone and anything that's loved by you.»
Honnêtement, t’étais un peu méfiant à l’idée de laisser Timo à peu près seul avec Anna. Il est jeune et tu crains en quelque sorte que son insouciance le pousse à blesser Anna avec ses mots sans le vouloir. Tu sais très bien que la situation n’est pas celle qu’il aurait souhaitée, qu’il ne se sent pas nécessairement bien avec tout ça et qu’il voit peut-être votre relation comme une trahison envers sa mère, tu le comprends, mais t’aimerais qu’il se calme un peu et qu’il parvienne à se sentir entièrement à sa place, à y trouver son compte. Ça te fait mal de voir comment ça l’affecte, mais à part le guider, que peux-tu faire de plus ? L’impuissance t’écrase, dans ce genre de situation. Ça te tue. T’espère qu’en franchissant le pas de la porte, Annalisa n’aura que de bonnes nouvelles pour toi. Ta journée de travail a été tranquille et tu souhaites que ça reste ainsi pour le reste de la soirée. Timothy n’est pas l’adolescent le plus difficile du monde, mais il peut parfois être un pur casse- tête.
En refermant la porte derrière toi, t’essaies d’être le plus silencieux possible pour surprendre ta douce, mais au moment d’entrer dans le salon, tu te rends comptes qu’elle a constaté ta présence. Sa petite mimique timide quand elle se cache derrière son livre t’attendrit et te donne envie de la couvrir d’affection. Elle est adorable et ton amour pour elle ne cesse de s’approfondir chaque jour. Aussitôt qu’elle tend ses bras vers toi, tu la serres tout fort, couvrant ses lèvres et ses joues de baisers papillons, avant de l’embrasser longuement. Ton nez se frotte contre le sien et tu laisses une main glisser sur son ventre arrondi, qui garde au chaud vos deux petites pousses. « Vous m’avez manqué toute la journée, toi et les enfants. » Une petite moue alors que tu penses à ceux qui sont loin de vous, en sécurité dans la maison de ton père. T’as beau les appeler par Skype tous les soirs, parfois deux fois par jour, ça ne remplace pas leur présence à tes côtés. Au fond de toi, t’as peur qu’ils t’en veuillent, comme ils sont encore trop jeunes pour comprendre l’étendue de la situation. « Et toi ? Le grand a été tranquille ? », demandes-tu en riant. Ce n’est pas très sérieux, comme question. Malgré ta crainte, Timo n’est pas celui qui fait le plus de misères pour l’instant. En vrai, tu crains l’adolescence de Maisie et d’Heatchliff peut-être plus que celle de Timothy. En tout cas, jusqu’à présent, il ne t’a pas donné de véritables raisons de la craindre. « C’est gentil de sa part se donner la peine. », réponds-tu. Vraiment, c’est le genre de choses qui te rendent fier et qui te font regretter tes précédentes pensées. Ce n’est pas tous les jeunes de son âge qui se donneraient cette peine. Même toi à seize ans t’aurais balancé un plat surgelé au micro-ondes plutôt que de cuisiner pour celle qui aurait osé « voler » la place de ta mère, si tel avait été le cas. Ton fils est une bien meilleure personne que tu ne l’étais à son âge. « Je vais voir comment il s’en sort. » Tu poses un baiser sur le front d'Anna et lui lance un clin d’œil avant de te diriger vers la cuisine.
«Qu’est-ce que nous prépare le grand chef Birdwhistell ? », lances-tu, amusé, en t’approchant de ton fils. Au moment le plus opportun, quand il pause le couteau et qu’il n’y a plus de risques qu’il se blesse malencontreusement, tu passes un bras autour de ses épaules et l’attires contre toi en une accolade paternelle. « Alors comme ça t’as un talent caché pour la coupe de légumes ! », laisses-tu tomber en riant, désignant les légumes assassinés. Pour vrai, s’il y a une chose que tu fais vraiment mal dans la vie, c’est couper les légumes. C’est presque une insulte pour les carottes. « Besoin d'aide ? »
family portrait (Timo & Anna) - Mer 26 Déc - 20:16
I put my armor on Show you how strong how I am
Tu laisses Anna se reposer dans le canapé alors que toi tu bosses dans la cuisine pour lui faire un peu plaisir. Pour montrer que tu n'as pas envie de rester à être un poids pour elle. En plus tu sais bien que si tu prouves que tu sais cuisiner t'auras peut-être le droit de rester à l'appartement seul de temps en temps sans qu'on s'inquiète que l'appartement brûle. Tu n'as pas entendu ton père rentré, trop occupé à surveiller le bout de tes doigts et surtout à te dandiner avec ta musique. Par moment tu danses, sans retenu, parce que tu sais qu'Anna ne va pas bouger du canapé, enfin tu l'espères. Te voilà qui fait mine de chanter avec ta cuillère en bois avant de reprendre ta découpe plus calmement quand tu sens du mouvement dans la pièce en face. Tu découpes comme tu peux, évitant de rajouter de petits morceaux de doigts dans la nourriture. Petit sursaut quand tu vois ton père, tu coupes ta musique avant de regarder les plats. « Je fais ce qu'Anna me demande. De la purée avec des légumes. » Léger sourire, tu as l'espoir qu'il ne remarque pas les rougeurs de tes yeux, après tout, c'était rapide, alors ce n'est peut-être pas visible. Tu fais un rapidement câlin à ton père avant de le pousser avec un coup de hanche contre les siennes, pour lui montrer que l'adolescent veut quand même se plaindre de cette proximité, même si elle te fait plaisir. Tu regardes les mêmes légumes puis ton père en faisant la moue. « C'est ironique ? » Tu sais bien que ça l'est, parce qu'ils font pitié tes pauvres légumes découpés. Pourtant tu avais l'espoir que d'y mettre du coeur suffisait.
Tu attrapes un couteau pour le lui tendre avant de pousser les légumes devant lui, voyons voir si papa découpe mieux les légumes que son fiston. Toi qui ne cuisine jamais, face au père de famille, apprécions cette petite compétition que tu as envie de créer parce que tu trouves ça amusant. Si ton père était arrivé plus tôt tu l'aurais sûrement défié dans un challenge à la top chef, avec Anna en jury. Elle aurait été prise entre le sale gosse que tu es et son amoureux, il n'y a pas à dire, tu aurais déjà eu des points de malus. « Continues la découpe, s'il te plait. Je vais me faire mes pâtes à côté comme ça. » En disant ça, tu sais que tu assumes de ne pas avoir été très gentil avec Anna ou du moins que tu as fait quelques choses de mal. Tu sais que ça peut très bien t'attirer quelques reproches, mais tu veux jouer l'adulte en assumant ton mauvais comportement. Tu t'occupes de mettre les patates dans l'eau qui bouillonne et tu attends pour tes pâtes. « Tu sais comment on sait pour la cuisson ? » Tu regardes les casseroles avec un air perplexe comme si tu ne savais pas du tout quoi faire. Alors qu'en vrai, tu veux vite lui faire penser à autres choses qu'à tes conneries. Adulte oui, mais avant tout tu es un enfant qui prend la fuite là. Plus la force de te confronter à une discussion qui brise des cœurs pour le moment, tu songes plutôt au repas nul que tu vas devoir manger ce soir. Le comble c'est que tu cuisines pour ne rien manger de tout ça.
«Happiness is anyone and anything that's loved by you.»
« Mais pas du tout ! » Un ricanement accompagne tes mots quand tu t’empares du couteau que Timothy te tend, probablement pour un défi père-fils qui te fait sourire. Cependant, tu déposes l’ustensile pour aller te nettoyer les mains avant de massacrer les pauvres légumes. « Tu manges mes repas depuis tout ce temps sans te rendre compte que les légumes sont hideux ? », ajoutes-tu avec une petite grimace. Ta dextérité à ce niveau-là s’estime à environ zéro pourcent, mais ce n’est pas la fin du monde : bien ou mal coupée, la nourriture termine toujours au même endroit. Après t’être séché les pattes, tu reviens à ton poste, prêt à tuer quelques carottes. Or, la remarque du fils suffit à effacer de ton visage l’énorme sourire pour le remplacer par un air inquiet. Les pâtes, tu sais ce que ça veut dire. Ce n’est pas la première fois qu’elles s'immiscent dans vos discussions, les pâtes de la déception. Signe que quelque chose s’est mal déroulé dans la vie de ton fils. Pour le coup, tu laisses la carotte tranquille, remet le couteau sur le comptoir et prends Timo par les épaules pour l’éloigner un peu de la zone de travail. T’es pas déçu ou fâché, au contraire. C’est une attitude qui t’inquiètes, cette manière de se punir en se mettant à l’écart. Les particularités de ton fils font qu’être à l’écart est quelque chose de trop naturel et ça t’attriste. Tu crois qu’il y a de meilleurs moyens de gérer ses propres erreurs. Ne pas recommencer, notamment.
Tu t’apprêtes à parler, mais soudainement, des bruits de pas rapides suivis de voix enfantines et enjouées t’interrompent. Le grand sourire revient à sa place, même si t’essaies de le restreindre. T’es content de voir les petits, mais tu ne veux pas que Timo le prenne mal, comme un signe de déception. C’est plus difficile avec lui qu’avec les autres, mais t’es son père, alors tu prends sur toi. Sans trop t’éloigner du grand, tu te penches en tendant les bras à Fafnir pour lui faire un bisou sur la joue. Quand il demande à ton fils s’il peut jouer aux petits chevaux avec lui plus tard, tu le couves d’un regard bienveillant, plein d’encouragement, accompagné d’un thumbs up. On voit qu’il commence à prendre de l’assurance, le petit ! Tu jettes un oeil à l’adolescent, sans rien dire qui pourrait influencer sa décision, même si tu crois que ce n’est pas une mauvaise idée d’accepter. Dans le pire des cas, ce sera l’occasion d’expliquer à Fafnir qu’un refus ne veut pas dire que Timothy ne jouera jamais avec lui. Cette fois, c’est Sveinn qui déboule dans la cuisine comme une tornade qui t’arrache un rire joyeux. Il te fusille à coups de « papa ». Quand il termine son petit manège, tu le soulèves dans les airs et le mène à toi pour déposer un baiser sur son petit nez. Dès qu’il retourne sur ses pieds, il retourne voir maman, tout comme Fafnir qui répond à l’appel du dessin.
Aussi vite qu’elle s’est illuminée, la cuisine redevient toute calme. Dos au comptoir, appuyé dessus, tu fixes le jeune homme. « Pourquoi les pâtes “ de la déception” ? Tu vas manger la même chose que tout le monde, d’accord ? », dis-tu sans l’ombre d’un reproche. Tu t’inquiètes et ça se voit sur ton visage. Un soupire. « On en avait déjà parlé, de ça. Tu te souviens de ce que je t’avais dit ? Te punir comme ça n’arrange rien.. Est-ce que tu te sens mieux après avoir mangé des pâtes blanches ? Quand tu fuck up, il faut réfléchir à ce que t’as fait, aux conséquences, et à comment tu pourrais arranger ça et éviter de recommencer. Si tu veux m’en parler, je suis là pour ça. », termines-tu tout en lui ébouriffant les cheveux. Tu pourrais poser la question à Anna, lui demander s’il s’est passé quelque chose avec lui, mais elle t’a déjà dit que tout s’était bien passé. Et puis, Timothy est un grand garçon, il est capable de t’expliquer lui-même ce qui a déraillé. L’eau des pâtes se met à bouillir vivement, alors tu l’éteins et range le sac de pâtes dans l’armoire. À moins qu’il te donne une bonne raison pour manger des pâtes, ce soir il mangera comme vous. D’un geste de tête, tu lui fais signes de surveiller les patates pour ne pas que la casserole déborde. « Dans dix minutes, tu pourras les retirer et les écraser. » Tu sors l’écrase-patates d’un tiroir et retourne au massacre de carottes.
C'est vrai que les repas de ton père ne sont pas digne d'un restaurant quatre étoiles, mais tu sais qu'il fait de son mieux, alors tu les manges avec plaisir. Même si les légumes font la gueule, tu sais qu'il y a un peu d'amour quand même derrière ce repas. Tu le vois décaler la carotte et reposer le couteau, la boule au ventre qui vient d'apparaître parce que tu sais qu'il va te faire la leçon. Son visage en dit long de toute façon. Tu te laisses éloigner des plats et tu poses ton regard dans celui de ton père, essayant de comprendre ce qu'il veut. Tu espères qu'il n'est pas fâché, qu'il va juste faire une légère remarque et te laisser faire ce que tu veux. Tu es assez grand pour ça, non ? C'est ce que tu crois, du moins. Sauvé par les enfants que tu te dis, même si tu n'es pas aussi gentil avec eux qu'avec tes propres frères et sœurs, comme si tu mettais une barrière dès qu'on parle d'Anna, tu fais quand même de ton mieux pour rester un minimum gentil. Fafnir qui vient te demander de jouer avec lui un peu plus tard. Tu retiens un soupire, garde un léger sourire en posant ton regard sur ton père. Tu sais que de toute façon, il aimerait que tu dises oui, alors tu n'y échapperas pas. « D'accord. » Tu le laisses repartir en profitant pour essayer de fuir ton père en te rapprochant de nouveau du plan de travail. Quand il revient à toi, tu as un frisson qui te parcourt le dos. Ne sachant pas s'il t'engueule ou si c'est autre chose. Tu ressens juste que ça ne lui plaît pas. Alors tu reposes de nouveau le couteau pour venir te rapprocher de ton père, te mettre juste à côté de lui en soupirant un peu.
« Je lui ai fait du mal. Vraiment. » tu baisses les yeux avec un air vraiment triste sur le visage, attendant comme une sentence, qu'on t'engueule, parce que tu le mériterais, parce qu'Anna est enceinte et que c'est mauvais ce genre de sentiment. Tu regardes les pâtes avant de secouer la tête. « Tu veux que je te dise quoi papa ? Que je n'arriverais jamais à m'y faire ? Alors non, je ne me sens pas mieux après, mais j'ai au moins l'occasion de réfléchir à ce que j'ai fait sans réfléchir à des millions de choses comme je le fais habituellement. Je n'avais pas faim de toute façon, on a mangé des pop-corn. » Tu te poses devant les patates et tu attends en faisant clairement la gueule. Même s'il essaie d'être gentil dans ses gestes, tu as l'impression qu'il te force. Tu piques avec un couteau pour savoir si elles sont cuites, mais faut bien avouer que tu n'en sais rien, alors tu vas attendre tes dix minutes dans ton coin à faire la gueule comme un bon adolescent contrarié. « Laisse, je vais couper. Vos enfants veulent aussi leur papa. » tu sais bien que c'est un pique pas discret, tu affiches ta peur, mais en même temps tu le fais tellement mal. Tu ne te verras jamais comme leur grand-frère, parce que tu ne verras jamais Anna comme ta maman. Comme ça si elle part, tu te préserves un peu. Tu viens prendre un couteau et donner un coup de hanche à ton père pour le pousser un peu plus loin du plan de travail. Tu reprends le travail avec les légumes. « Ils ont plus besoin de toi que moi, tu sais. » Puis tu te mords la lèvre avant de t'excuser, parce que tu sais qu'il veut juste être heureux lui. « Pardon Papa. »
Tu attrapes ton casque pour le mettre sur tes oreilles et tu lances ta musique avec ton téléphone en regardant ton père d'un air très sérieux. Alors qu'au fond de toi, t'aimerais lui dire que tu l'aimes, même si tout change trop pour toi. Tu parles un peu plus fort pour qu'Anna puisse t'entendre. « Anna ! Viens chercher papa ! Il massacre les légumes ! » Tu regardes ton père avant de lui tirer la langue avec une gueule de gosse fier de lui.