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Paradise bi(t)ch [Alecia]

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Paradise bi(t)ch [Alecia] - Ven 24 Mai - 8:09

    J’observe le lointain horizon.
    Les bateaux qui passent ne sont guère plus que des silhouettes ombrageuses qui laissent deviner leur sinistre destination. Des visions absurdes d’une modernité écrasante. Plus de voiles. Plus de mâts. Rien que du métal et de la pollution gratuite qui sont venus s’éprendre d’un mythe aujourd’hui écrasé. Plus de place pour la gloire d’antan du bois millénaire. Plus la moindre reconnaissance pour les architectes de la main. Ne restent plus que prouesses et billets verts pour des inconnus capables de parler un langage binaire.

    De gigantesques coques inanimées qui pourfendent sans relâche un des éléments fondateur. Il encaisse. Il avale. Il gémit, mais toujours en silence. Divinité autrefois vénéré. Désormais réduit à l’état de simple mortel. Insecte parmi les hommes. Indifférence totale face à la beauté qui s’effrite. Face à l’histoire qui s’oublie.
    À mes pieds, le remous des vagues vient écraser leur mousse décolorée contre le bitume. Barrages artificielles érigés par la main d’un être ô combien méprisable. Il prend ce qu’il estime être sien. Il y appose sans vergogne son emprunte toxique. Brûlure au fer rouge. Invisible à l’œil nu. Ineffaçable d’une âme en perdition.

    Ma tête se penche quelque peu vers la droite. Mes sens suivent le mouvement. S’approprient un nouvel équilibre. Précaire. Limité dans le temps.
    Le temps. Seul contre tous. Tous contre lui. L’unique à échapper encore à échapper aux méandres de l’avidité. Au grignotage des engrenages. Il avance sans cesse. Sans relâche. Il se moque bien du passé, a déjà oublié le présent et n’a d’aspiration que celle d’avaler le futur. Tic tac. Tic tac. Courrez petites aiguilles, courrez. L’homme arrive. Fuyez tant qu’il est encore possible.

    Un ersatz de nostalgie vient me chatouiller les méninges. Vilaine fille qui a cette fâcheuse et irritable manie d’approcher par l’arrière et de nous prendre par surprise. Elle me caresse la colonne vertébrale. Vient flirter avec ma nuque. Brise infime. Murmure infâme. Juste assez et pourtant trop peu à la fois. Je ne tente même pas de réprimer le frisson qui fait chanter mon épiderme. Mettons cela sur le compte du vent, voulez-vous. Lui aussi il a bon dos.

    J’aurais dû l’emprunter. Ce navire je parle.
    J’aurais dû monter à bord tandis que j’en avais encore l’occasion.
    J’aurais dû quitter cet endroit pourri. Ce lieu maudit.
    J’aurais dû retourner là d’où je suis venue.

    *Irlande?


    Peu importe sa réelle destination au final.
    Europe, Mexique, Chine … un peu de suspense, un brin d’exotisme.
    Ici ou ailleurs, le choix est vite fait.
    Aujourd’hui n’est déjà plus, mais demain nous appartient.

    *Alors pourquoi être revenue sur tes pas?


    Très bonne question, merci de l’avoir posée.

    *Cesse de te moquer de Moi.


    Mou-a ?

    *Brónach!


    Badb.

    *…


    Voilà où nous en sommes actuellement. Il y a Elle. Il y a moi. Et puis il y a Nous. Pas plus qu’avant, pas moins pour autant. Entente cordiale. Animosité latente. Un drapeau blanc levé à l’unisson. Armistice. Trêve temporaire tout au plus. Je ne me fourvoie aucunement. Je sais que cela ne va pas durer. Que le naturel finira par revenir au triple galop. Qu’il n’y a pas de paix sans guerre.
    C’est dernière pensée m’aurait autrefois arraché un semblant de sourire. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui il ne reste plus grand-chose. Plus grand-chose de tangible en tout cas. Je suis ici. Je suis maintenant. Voilà les deux seuls faits notables à constater. Le qui, du pourquoi, du comment ; allez savoir.
    Pourquoi je suis revenue ?
    Pourquoi en cet endroit bien précis plutôt qu’un autre ?
    Est-ce seulement important ?

    Je pourrais clamer un devoir non-accompli. Une clôture bâclée qui ne me permettrait pas d’avancer. Un relent de conscience professionnelle. Peut-être bien l’un d’eux oui, ou encore un subtil mélange de chacun. Mais cela pourrait tout aussi bien être aucun. Un acte inconscient et à première vue bénin. Une recrudescence. Le résultat d’une crise de somnambulisme. Je connais probablement la réponse. Et si ce n’était actuellement pas le cas, un petit plongeon dans une séance d’autocritique – analyse pardon – ne ferait que confirmer des pistes à peine effleurées. Mais là encore … pourquoi insister ? Pourquoi tenter de comprendre ce que je n’aspire nullement à expliquer ? Alea jacta est, et tout une autre flopée de baratins similaires.
    Amen.

    *Où allons-Nous?


    Pour le moment, nulle part. Je suis très bien ici. À observer une ligne lointaine qui me file une légère nausée. À me faire fouetter le visage par une brise emprunte de salé et de saleté. À rêvasser d’un ailleurs meilleur que je sais pertinemment ne pas exister. Nul scrupule. Aucun regret. Si j’avais voulu partir, il aurait suffi que je monte à bord. Que je ne descende pas du car. Que je ne monte même pas à bord dans un premier temps. Je suis là car c’est ainsi qu’il a été écrit. Et pour ceux (et celles) qui ne croisent pas au destin, nous n’avons qu’à appeler cela le hasard. Il est dit qu’il fait parfois (ou était souvent ?) bien les choses. Pourquoi ne pas lui accorder le bénéfice du doute ? Au pire il s’est trompé. On mettra ça sur le dos du karma. Because karma is a bitch. Because destiny is a bitch. Et il apparaît clairement qu’Arcadia semble les attirer comme des mouches.
    Welcome to Arcadia, bitch-town.

    Et en parlant du loup …
    Je n’ai pas besoin de me retourner pour sentir une présence empiéter sur mon espace personnel. Se rapprocher. Me reluquer. Me jauger. Me juger. Whatever. Je garde ma position indifférente. Stoïque. Mes yeux rivés sur un paysage en perpétuel mouvement.
    Au pire, qu’est-ce qu’il pourrait bien m’arriver ?
    Un poignard dans le dos ?
    Mon corps passif qui chute face première en direction de l’océan ?
    Ma carcasse flottante qui se fait piquasser par des mouettes affamées ?
    À bien y réfléchi, ça c’est probablement le scénario le plus idéaliste …
    Dommage.
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Paradise bi(t)ch [Alecia] - Dim 2 Juin - 0:42

paradise bitch

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brónach et alecia


Les journées se font et se défont, loin de lui, plus rien ne semble avoir de sens. Elle ne saisit pas, Alecia, que son rôle n'est pas de pleurer cette perte temporaire. Ou plutôt si, elle le comprend sans pouvoir l'appliquer totalement. Le lieutenant de Khaos devenu risible, perdant de sa superbe dans des batailles insensées, des conflits sans objectifs. La plus belle représentation du chaos. Mais dans ses frasques personnelles, elle n'entraînait finalement pas qu'elle. Les obscuri risquaient un jour d'en payer le prix, il lui en voudrait éternellement si cela se terminait ainsi.

Chanel tout neuf dans le creux du coude, cigarette dans une main et portable dans l'autre, elle pianote furieusement sur l'écran tactile malmené. Les lèvres pincées d'un mécontentement typique, la blonde avance d'un pas décidé jusqu'à son G63. Son sac lancé sur le siège passager, la Mercedes démarrée, elle s'insère dans le trafic dense de fin de journée. Caricature vivante de la garce au volant de son SUV rehaussé, la divine sillonne les rues de la ville sans réel but. Elle ne s'abaisse pas à klaxonner les impudents qui se dressent sur sa route, préfère faire vrombir le moteur de son monstre d'acier qui expulse sa rage par les pots d'échappements.

Paire de Gucci sur le nez, elle apprécie les timides rayons de soleil qui se font de plus en plus rares en cette fin de journée. Les véhicules se font moins nombreux, alors qu'elle s'échappe du centre-ville. Toutes fenêtres ouvertes, les cheveux agités par les bourrasques de vent, Alecia finit sa course proche des docks. Le réflexe de se retrouver en terres ennemies réveille son don d'occultation, lui permettant de passer sous les radars divins. Les deux mains sur le volant, le regard azur fixé sur l'horizon, il lui faut quelques minutes avant de se décider à sortir de l'habitacle. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pris la peine d'assister à un coucher de soleil ?

Ses escarpins rencontrent l'asphalte sans appréhension. Si ce coin appartient au Royaume, elle n'a que plus de satisfaction à le fouler. Elle crache sur leurs frontières établies, leurs droits et autorités autoproclamés. Le temps était venu qu'ils tombent tous, spécialement ces celtes là. Qu'ils crèvent par les mêmes flammes qui avaient pris leur grande prêtresse. Leur reine.

La portière est claquée, non sans un regard circulaire. S'assurant être seule, elle poursuit son chemin jusqu'à la rive, le claquement de ses talons comme seule compagnie. Et bientôt, les remous de l'océan recouvrent presque entièrement le bruit de sa marche. Le fracas incontrôlable des vagues, l'écume blanche qui se mêle au bleu royal. Alecia passe une main dans ses cheveux emmêlés, regrettant ne pas avoir pris de quoi fumer. La belle reste un instant plantée là, fascinée par cette force avec laquelle l'Atlantique s'échoue sur les remparts imperturbables.

Les embruns viennent lui chatouiller les narines et le visage, elle ferme quelques secondes les yeux. L'espace d'un moment, s'échapper de la démence qui la prend constamment aux tripes, s'enfuir de cette ville dont elle s'est rarement sentie aussi étrangère. Les ombres dans lesquelles elle jouait s'étaient dissipées, la divine devait maintenant évoluer en pleine lumière et la tâche était nettement moins aisée.

Un picotement caractéristique qu'elle ne connait que trop bien lui fait rouvrir les yeux. Impression familière, celle de flairer un congénère. A l'image d'un chien humant l'air en quête d'une odeur, Alecia se concentre pour repérer le divin. Plutôt, la divine. La belle se focalise sur cette aura qu'elle ne reconnait pas, sur laquelle elle ne peut encore mettre de nom, simplement une hypothèse. Celte. La réaction se fait instantanée : les mâchoires se serrent, les poings se forment et la rage qui ne tarit jamais jailli, une fois de plus. L'avait-elle fait exprès, de se diriger en plein Royaume, simplement pour expulser un peu plus cette haine purulente ?

Les événements de l'année passée lui restent en travers de la gorge, comme une dragée trop grosse pour être avalée. Elle a beau se forcer au calme, son aversion vient empiéter sur toute raison. D'immobilité totale, l'obscuri en vient presque à courir jusqu'à la silhouette inconnue. Crinière foncée, corps élancé, même de dos, la divine ressent toute la dangerosité qui émane de la créature.

La pression monte, son pouls cavale si rapidement qu'elle croit ne jamais pouvoir le calmer. L'idée d'agripper la femme par la nuque, pour lui fracasser la mâchoire contre le bitume, la traverse. N'avait-elle pas hurlé, Alecia, qu'elle profiterait de n'importe quelle occasion pour venger la disparition de celui qui était devenu son seigneur. Aurait-elle emporté sa lame, elle l'aurait probablement fichée dans le dos de la celte sans prendre la peine de découvrir les traits de son visage. La voir s'écrouler par terre, la pousser du pied pour qu'elle rejoigne les fonds marins.

Un instant silencieuse, certaine que sa propre nature est bien dissimulée et qu'elle passe pour une simple mortelle, la vipère ouvre la gueule. « Magnifique, pas vrai ? », qu'elle siffle sans prendre la peine de dissimuler le venin qui découle de ses mots. L'étendue d'eau reste indifférente à ce qu'il se passe sur ses rives. Imperturbablement belle.
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