Between past & future


La photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir
Le bonheur en personne et la douceur d'un soir


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AURA SCIARRA & LYRA AL KHAYZURAN

Un soupir, et le regard se détourna de son écran. Fixer la lumière bleutée de l’ordinateur avait tendance à l’agacer plus qu’autre chose, puisque l’inconscient pouvait se perdre dans les souvenirs d’Hécate. A certains moments, comme elle l’avait évoqué avec Clemens, elle ne pouvait pas aller contre l’instinct qui la poussait à étudier ce passé, qui pourtant n’était pas le sien. Toutes les vies précédentes de la déesse, qui d’un côté lui avaient permis de mieux comprendre son dernier pouvoir… Le corps s’étira, et les pupilles se posèrent sur le cadeau acheté quelques heures auparavant. Pour un bébé. Autant avouer qu’Aura avait erré de très longues minutes au milieu de tous les doudous, tous les jouets, dans un magasin qui l’avait toujours fait fuir. En fait, quiconque l’aurait croisé ce jour-là se serait posé de très, très nombreuses questions… Déjà si elle était enceinte, même si avec ses trente kilos, cela serait rapidement visible. Ensuite qu’elle avait quand même bien changé la tueuse… Enfin, ce ne serait que la suite logique de tous les éléments de sa vie. Après tout, elle-même venait de se caser, avait pris des vacances, avait accepté de pardonner, de faire la paix avec son passé. Certes, quelques soucis restaient présents, tout comme ce foutu syndrome du survivant. Mais c’était mieux. Et ça continuerait d’aller mieux.

Les doigts se glissèrent dans ses cheveux, et elle finit par éteindre les divers écrans. Observer les divers retours caméras de la dernière attaque ne faisait que la tendre un peu plus. Si seulement ils étaient parvenus à arriver à un nouveau Don plus tôt, rien de tout cela ne serait arrivé. Sauf que tout avait été fait dans le dos de la mafia. Une vulgaire histoire de prise de pouvoir, qui lui rappelait terriblement l’Italie, qu’elle devrait rejoindre sous peu. Maintenant, le trio de tête s’effritait, disparaissait. Augustin était déjà tombé, et son corps n’attendait qu’un rapatriement dans son pays d’origine. Tout ça pour accomplir une mission qu’on avait donnée à l’italienne il y a neuf ans. Au moins, elle ne serait plus interdite de passage chez elle. Et Maximilio chercherait à la récupérer. Parce qu’elle était la dernière avec du sang divin. Et que lui avait toujours refusé qu’autre chose prenne sa place. C’était pour cela qu’il s’y accrochait. Mais l’arme rentrerait-elle si facilement dans les rangs ?

Perdue dans ses réflexions, dans son cœur à la fois brûlant et anesthésié, les muscles bougeaient plus par habitude qu’autre chose. Ce fut la chaleur étouffante de l’extérieur, l’agitation des rues de Delray, qui la ramenèrent dans l’instant présent. Cadeau sous le bras, elle trouva sa voiture. Marque de luxe au milieu d’un quartier plutôt défavorisé, qui n’avait pourtant jamais été entachée de quelconque manière que ce soit. Peut-être parce que le rang d’Aura, au sein d’une mafia supposée alliée, avait eu un effet suffisamment dissuasif. Ou ses liens avec Flores. Ou sa relation avec Clemens. En fait, il y avait tellement de possibilités, auxquelles elle ne pensait pas actuellement. L’avocate ne devait pas être si différente que ceux peuplant la Calavera… Puisque la même langue pouvait passer la barrière de ses lèvres.

Quelques minutes pour quitter le quartier, s’enfoncer dans un autre. Chaque seconde la rapprochait de Lyra, et de son bébé. Léger stress qui voulait lui faire demi-tour, vu son aversion envers les enfants de manière générale. Néanmoins, l’autre jeune femme était sa soldate, une personne qu’elle estimait. Il était donc temps d’aller lui rendre visite, après lui avoir laissé quelques mois de répit. Aura avait eu vent de quelques difficultés, d’un départ à gérer en plus de l’enfant, et n’étant pas la plus empathique, elle avait préféré éviter de passer. Mais il était désormais temps d’y faire face, et de s’assurer par elle-même que tout se passait correctement.

Trois coups portés contre la porte d’entrée, les cadeaux sous le bras, et il fallait juste espérer que la panique ne lui fasse pas tourner les talons…

 

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Les doigts s’accrochaient au sac qu’elle avait ramené avec elle. Les naissances, il y en avait beaucoup trop eu ces derniers temps, et avec le sang qui avait coulé sur les pavés camorriens, elle s’interrogeait sur leur place au sein de la mafia. Ils devenaient des cibles de choix après tout, et avec les attaques de la Bratva, il fallait s’attendre à ce que de multiples kidnappages arrivent. En revanche, Aura ne laisserait personne s’en prendre à ceux qui l’entouraient. Si par le passé, elle avait elle-même mené des opérations discutables sur ses propres hommes, sur ordre de supérieurs, son propre comportement avait été aujourd’hui modifié. C’était aussi son rôle qui avait été changé, quand sa maturité grandissait. Désormais, elle ne courbait plus l’échine. L’autorité, elle acceptait de la donner sans pour autant la recevoir, sauf quand il était obligatoire de maintenir les apparences. Enfin, tous ceux qui avaient une quelconque pression sur elle avaient aujourd’hui disparu. Augustin, Alfonso… La porte avait été claquée, certains corps retrouvés. Et un saut en Italie permettrait de voir se lever les menaces qui pesaient sur elle. Maintenant, il ne manquait plus qu’à rétablir l’équilibre à la Camorra, et l’italienne pourra enfin faire une croix sur ses problèmes.

Mais ça, c’était pour plus tard. De toute façon, ce n’était pas à elle de prendre une décision, ou un rôle au-dessus de celui qu’elle occupait actuellement. Certains la considéraient comme responsable de la perte du deuxième Bellandi, et elle n’avait pas levé les accusations qui pesaient sur elle. Qu’importait finalement. Ces voix n’étaient pas réellement en tort, Aura n’ayant jamais apprécié l’homme. Si elle s’y était prise autrement, la seule sous-boss présenté au moment de l’attaque, peut-être aurait-elle pu limiter les dégâts… Mais comme Hécate le lui répétait dans le creux de l’oreille, elle ne pouvait rien y faire. Le contrôle sur le passé était inexistant, et il lui fallait laisser couler.

C’était aussi pour cela qu’elle venait voir Lyra. Se changer les idées, tout autant que s’assurer que la femme s’en sortait. Entre le gamin et les derniers événements… « Bonjour. » Pause. « Oui, tout va bien, ça faisait juste longtemps que je devais passer te voir. » Elle semblait étonnée de la voir ici. Et tout le monde le serait à vrai dire. « Surtout pour te féliciter pour ton accouchement. » Petite présentée dans la foulée, et Aura se fendit d’un léger sourire. Pourtant, la panique dansait telle une lueur dans le fond de ses iris grisâtres. Décidément, elle ne s’y fera pas aux gosses. « Et m’assurer que tout se déroulait bien pour ton retour. » A la maison. Au sein de la Camorra, bien qu’elle en soit toujours à l’écart. Heureusement qu’Aura n’avait pas eu à lui demander de ne rien faire de dangereux. La première discussion à ce sujet lui revenait en mémoire. Oui, mieux valait éviter… « Oui, je veux bien. » Pause. « J’ai apporté quelques cadeaux pour… Andrea d’ailleurs. » Sa définition de quelques objets devait avoir une valeur de plusieurs centaines de dollars. C’était l’inconvénient lorsqu’on avait aucune idée de ce qu’il fallait acheter pour un bébé et une femme ayant tout juste accouché. Et qu’Aura avait catégoriquement refusé de demander de l’aide à Clemens, pourtant bien mieux placé qu’elle pour cela.

« Je veux bien. Si ça ne vous dérange pas, toi ou la petite. » Après tout, un enfant avait besoin de silence non ? Enfin, d’après ce qu’on lui avait appris récemment…

 

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Il fallait continuer à vivre.

C’était peut-être ce que sa visite chez Lyra disait. Qu’il fallait continuer à avancer, même quand le monde s’écroulait autour de vous. Ce n’était pas la première fois qu’Aura assistait à ce type de changements. Néanmoins, c’était le seul moment où elle était elle-même concernée. Parce qu’Augustin était mort. Parce qu’elle se rapprochait de Clemens. Parce que lentement, mais sûrement, la mafia voyait sa priorité diminuée. Chaque pas effectué lui donnait la sensation de lui faire quitter les sentiers battus. Parfois, elle en était effrayée, le corps se tétanisait, ultime recours de l’esprit pour tenter de reprendre le contrôle. Mais c’était peine perdue. Elle avait été trop loin, elle avait trop accepté de détourner le regard de la voie lui étant toute tracée. Finalement, c’était ce qui l’avait poussée à venir ici, à s’inquiéter. Ca, et les souvenirs multiples qu’elle avait récupérés. Si elle ne comprenait pas la teneur des émotions qu’ils transportaient, elle ne pouvait qu’en prendre certains de plein fouet, quand la garde se baissait, quand un fragment d’un passé sortait de sa petite case.

« Je suis contente de t’entendre dire cela. » Le sourire de Lyra ne la dupait pourtant pas. Ou alors, Aura avait trop l’habitude d’en voir pour masquer les mensonges, et elle se méfiait en permanence. « Si tu as besoin de temps, tu me dis. Ou si tu veux un type de mission en particulier. » Son rôle de sous-boss la poussait parfois à s’éloigner du terrain, donnant une autonomie plus grande aux soldats qu’elle avait gardés sous ses ordres directs. C’était aussi l’occasion pour eux de démontrer leur leadership, leurs capacités, pour prendre leur envol.

Mais la discussion rebascula rapidement sur Andrea. Tant mieux. La pression de la mafia n’avait pas à se faire ressentir dans de tels moments, c’était ce que lui auraient répété certaines personnes, pour qui les enfants étaient sacrés. « … Oui. » A quoi bon mentir, il devait y en avoir pour quatre cents ou cinq cents euros de jouets dans les sacs. « Je ne savais pas ce qu’il fallait prendre pour un enfant, alors j’ai un peu trop suivi les conseils du vendeur… » Sourire gêné. « Au moins, je n’ai pas littéralement acheté l’enseigne. » Murmure, idée qui lui avait pourtant traversé l’esprit. Et Clemens l’aurait certainement regardé avec des yeux écarquillés s’il le savait. Car ce n’était pas la première fois qu’Aura réglait ses problèmes ou gérait ses interrogations en achetant une marque, un immeuble, ou une boutique. Ou qu’elle réservait la majorité des places dans un cinéma ou d’un parc d’attractions. Quand l’argent coulait à flot, oui, vous en arrivez à ce genre de comportements stupides et déplacés. Aura dans le monde normal quoi.

Les fesses furent posées dans le canapé, juste avant le retour de la question. Le regard se perdit un instant dans l’appartement, sur les murs, sur l’aire de jeux pour la petite. Le temps de réfléchir, de repousser l’interrogation. « Ca va. » C’était vrai d’un côté, elle n’allait pas mal. « Juste… Il y a eu pas mal de choses compliquées ces derniers temps, comme pour tout le monde à la Camorra. Mais je pars du principe que ceux qui sont morts l’ont été pour une bonne raison. » Pause. « Je n’aurais jamais cru qu’Augustin me manquerait, mais il a été assez con pour ne pas écouter mes conseils, alors… » Y’eut un sourire qui s’échappa. Quoi qu’il en soit, il était mieux avec Nina. Et Aura… « Puis d’autres choses en mafia ont pris pas mal de mon temps. » Plus intéressantes, plus agréables. Elle ne s’épandait pas réellement à ce sujet, trop pudique au sujet de sa propre vie. Juste, personne ne pouvait passer à côté des multiples absences de la sous-boss, du temps passé à Delray, des visites qu’elle faisait. Alors, elle devait au moins un semblant d’explications, d’excuses à Lyra. « Un café sera parfait, mais je peux en faire si tu le souhaites. » Après tout, l’autre récurrence souhaitait peut-être se reposer un peu. Et l’italienne n’avait pas pour habitude de rester les bras croisés lorsqu’elle était invitée – pour le peu de fois où elle l’avait été – sauf si on l’y obligeait avec plus ou moins de force…

 

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La supérieure se mêlait à la retenue dont il était nécessaire de faire preuve à ce moment-là. Aura n’était pas connue pour faire preuve de tact ou de diplomatie dans les instants remplis d'émotions, cependant les derniers mois avaient sérieusement modifié sa perception des événements. Elle avait perdu des êtres chers, avait fait la paix avec une partie d’elle qu'elle avait fini par haïr, avait développé ses propres sentiments envers un tiers… Qui aurait cru que l’arme créée par Maximilio Esposito finirait de la sorte ? Bien trop rebelle, prête à définitivement faire plier les siens à sa volonté… L'italienne avait retourné contre lui l’éducation qu’il lui avait donnée, si soudainement, si soudainement. C’était ce que Nina, ce qu'Augustin auraient voulu qu’elle fasse : qu'elle apprenne à vivre par elle-même, et surtout pour elle. Dommage que tous soient morts avant de pouvoir voir la réalisation de leur souhait… Seules restaient désormais leurs images, leurs fantômes qui étaient créés par ses souvenirs. Des âmes flottantes, qu’il faudrait pourtant laisser partir un jour. Pas maintenant. C'était trop tôt, bien trop tôt, malgré l’impassibilité des traits qu'elle montrait à Lyra. « D’accord, je prends en compte. De toute façon, tu seras libérée dès que tu le désireras pour ta fille. »

Et Aura, faudrait qu’elle pense à raccrocher un peu aussi, à déléguer… Cependant, l’espionnage ne pouvait pas être offert à n'importe qui. C’était le problème de son rôle, si épineux, caché derrière d’autres responsabilités. « Ca m'a traversé l’esprit à vrai dire… » Le souci, quand on avait les moyens aussi… « J'aurais dû demander à Clemens de m'accompagner. » un soupir, un murmure. Lui était bien plus à l’aise avec les enfants… Mais comment aurait-il pris la demande ? Etait-ce le genre à discuter et faire avec lui ? Enfin, elle verrait cela en temps voulu, pas face à Lyra.

Lâcher prise, faire attention à elle… C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait auparavant, mais qu’elle commençait à prendre en compte. « Ne t’en fais pas, je ne vais pas me tuer pour la mafia. Ce n’est plus aussi important qu’avant. » L’intérêt s’effritait, l’envie de se battre pour des fous aussi. Maintenant, ce serait pour elle-même, juste pour elle. Suivre les ordres aveuglément n’avait plus grande logique, quand toutes les têtes tombaient les unes après les autres. Pas question qu’elle soit la prochaine. Alors, une fois de plus, elle se fierait à son propre jugement. Même si cela signifiait ramener sur le devant de la scène des personnes peu recommandables… Ou inutiles. Au moins, il lui devrait pas mal de choses si elle le faisait sortir, ce cher Alcide…

Un café demandé, et en retour, il fallait garder un œil sur l’enfant. Bien. Très bien. En espérant que celle-ci ne tente pas un saut périlleux pour venir jusqu’à Aura. Ou de se tuer, par inadvertance. Car l’italienne n’était pas sûre de pouvoir trop s’approcher de cette petite bête. Si elle avait réussi à apprivoiser un chaton, un bébé, c’était beaucoup trop tôt. Heureusement, Lyra ne tarda pas, peut-être même que son instinct de mère lui signalait le danger de laisser sa gamine seule avec une tueuse. Et la tasse entre les mains, elle réfléchit un instant aux propos de sa comparse. « Hécate est assez calme et discrète, j’ai au moins de la chance sur ça. » Même si elle drainait de l’énergie, que les pouvoirs lui échappaient par instants, déesse et humaine étaient suffisamment proches en termes de caractère pour qu’Aura ne s’épuise pas à cause d’un combat interne. « Mais j’y pense. Je m’y attarde bien plus. » De toute façon, maintenant que la famille avait été réduite à néant, elle avait du temps à passer en dehors de la mafia. Et ça lui plaisait bien, de partir, d’explorer, d’être avec lui.

 

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Garder l’enfant ? Lyra venait-elle réellement de proposer qu’elle garde l’enfant ? L’effroi passa sur son visage un instant, avant de se recomposer. Jamais Aura n’aurait cru qu’on prononcerait de tels mots la concernant, et finalement, elle s’accordait à dire que cela ne lui plaisait guère. « Oh, il ne faut mieux pas. Il y aurait certainement une mort par omission. » Celle de la gamine, ou la sienne. Bien peu douée avec les enfants, l’italienne en avait surtout une peur bleue et un dégoût profond. Son passé ne lui permettait pas d’imaginer une vie de famille, ou la maternité comme n’importe qui d’autre. Ses souvenirs étaient teintés d’un carmin dont elle se serait bien passée, de bruits d’armes, de lames, de ces choses qu’une gosse ne devrait jamais voir, ou ne serait-ce qu’apercevoir. Mais Maximilio en avait décidé autrement, et elle savait bien que si enfant elle devait avoir à l’avenir, l’éducation de celui-ci ne se ferait pas sans pot cassé. Enfin, encore faudrait-il qu’elle arrive jusque-là sans succomber à une crise de panique. Et elle avait le temps, et d’autres chats à fouetter. Il fallait déjà apprendre à vivre, avant de continuer à perpétrer la vie.

Les questions s’enchaînèrent, de la bouche de Lyra, mettant Aura dans une situation délicate. Dans un soupir, elle se dévoila un peu, pour une fois. « C’est un… Ami. » Oui Aura, un ami, évidemment, tout le monde va te croire… « Nous habitons ensemble. Il m’aide à… Comprendre la vie d’une personne lambda. » Loin de la mafia. Loin des horreurs de son sang. Loin des traces laissées dans son âme. Même si rien ne semblait pouvoir les combler, lui y était parvenu, d’une manière ou d’une autre. Avant, il était le seul à être au courant pour Hécate, puis pour son passé, pour les mensonges, pour les lames qui avaient découpé sa chair. Faiblesse de l’esprit qu’elle masquait souvent derrière les manches longues, la langue acérée, et un coup bien placé au niveau de la gorge. Personne ne devait savoir qui elle était, les doutes qui s’insinuaient parfois, le besoin de prendre l’air, de s’éloigner. Non pas que sa place au sein de la Camorra lui soit réellement importante néanmoins, elle ne souhaitait pas voir d’autres personnes tomber si elle pouvait l’éviter. Le cas échéant, elle s’en éloignerait juste. Trop de temps, trop de choix, elle préférait désormais penser à elle, si la situation venait à dégénérer, ou si rien ne pouvait être fait, tout simplement…

« L’avenir et les envies se sont adaptées en conséquence. » Et le soldat n’était plus. Ou il était différent. Tuer indifférait toujours autant Aura. Faire couler le sang était une tâche quotidienne néanmoins, elle planifiait ses plans autour de sa survie. Elle devenait égoïste, là où avant tout le monde pouvait périr, les autres comme elle. Heureusement qu’elle changeait. « Oui, on doit juste vivre. Et je pense que toutes les pertes nous le font réaliser. » Pause. « Il n’est jamais trop tard. » C’est qu’elle deviendrait philosophique la tueuse, pour un peu…