Maeve, elle apprécie en général de travailler au  Teddy Beer. Elle aime jongler avec verres et bouteilles, se contenter du minimum ou d’un espèce de jeu de séduction factice avec chaque client. Ça fait partie du job, ça va avec. Rien de sérieux, mais toujours plus agréable pour ceux qui consomment. Et elle… ça lui fait passer sa soirée. Mais ce soir. Bodel qu’elle est pas d’humeur. Ett les cons, elle semble le collectionner. Un mojito ? Ah non, j’voulais dire une capi. Ou sinon avec des fraises ? l’envie de les étrangler une bonne partie de la soirée. Ou de mettre son poing dans la tronche de ceux qui se croient irrésistible. Et c’est pas si c’est l’été qui les rend comme ça, mais avec l’alcool qui coule en plus à flots, ils semblent totalement déchainer. Elle a cru un instant que ça allait empirer, lorsqu’elle a vu Caleb débarquer. Après leur dernière entrevue, ce n’était clairement pas gagner. Et elle avait été entre deux pendant plusieurs jours. Se rendre qu’elle avait peut-être envie de les voir, que ses conneries lui manquaient possiblement… et son désir de rester dans le silence le plus complet. Il l’avait énervé, et ça, elle n’en démordait pas. Mais rien. A part un bref regard, il était resté à distance. Pas de blagues douteuses. Rien pour l’agacer, et c’était plus qu’étonnant. Ça faisait au moins un truc en moins à gérer. Et lorsque ça avait commencé à dégénérer avec les deux idiots se pensant irrésistible et carburant à la vodka, l’anglais devait bien avouer qu’elle avait été agréablement surprise de pouvoir compter sur l’aide de Caleb pour les maitriser et les sortir de là. Rien à demander, il l’avait juste fait.
« qu’est-ce que tu veux ? » qu’elle avait fini par lacher après l’avoir remercié alors qu’il restait accoudé au comptoir face à elle. La faire souffler qu’il avait dit, juste faire un tour. C’est pas tant la proposition qui lui a plu, plus sa sincérité et son sérieux. Pas d’œil rieur, pas de sourire en coin ou de blague à la con.

Et merde que ça lui a fait du bien. Le vent qui venait fouetter son visage, s’infiltrait dans ses cheveux. Impression de liberté totale, d’être seule au monde malgré les quelques passants qu’elle voyait à peine ou les lumières des buildings. Y’avait que l’air qui rentrait dans ses poumons, et son compagnon d’infortune. Drôle du duo qu’ils formaient. Un coup blanc, un coup noir. Un instant à s’envoyer en l’air, celui d’après à se foutre sur la tronche. Alors finalement, lorsqu’il lui demande s’il la dépose chez elle, Maeve finit par lui dire d’aller chez lui. Elle a pas réfléchi. Juste une envie, comme un instinct à suivre. Si elle lui en voulait sérieusement, cette balade à l’air frais lui a sérieusement fait du bien. Elle n’en est pas moins fatiguée, juste nettement moins énervée.
Elle descend de la moto, lui redonne son casque alors qu’ils sont devant sa porte. « Merci. Pour la balade… » elle a un sourire un peu plus discret que d’habitude, plus réservé. Peut-être plus fatigué, mais elle n’en pense moins. A sa suite, elle pénètre dans le loft déjà visité. Son sac posé, elle se retourne vers le mécano. « tu me prends dans tes bras ? » pas que fatiguée, aussi plus vulnérable. Elle sait pas vraiment ce qu’elle a, depuis quelques temps. Crevée, sur les nerfs, plus qu’à l’accoutumée. Le sentiment d’être plus seule aussi. Pour une fois, elle a juste envie de laisser tomber les armes.

Virée dans la nuit, sous les lumières qui défilent, le grondement de sa moto se confond avec les autres moteurs. Il se dirige jusque vers le bar où travaille Maeve, puisqu'il ne passe jamais au hasard dans cette rue là, quand il y est c'est forcément pour la voir. De leur dernière entrevue, il y avait un froid laissé entre eux. Un froid qui ne dure jamais bien longtemps quand l'un ou l'autre en général décide de revenir pour tourner la page. Cette fois c'est Caleb qui laisse son orgueil de côté, en se persuadant que c'est juste parce qu'il l'aime bien et qu'elle est une de des meilleures amantes.  Et non pas parce qu'il a été trop loin avec elle, trop possessif, trop jaloux. Ce qui est manifestement le cas. Il entre, se positionne au bar et lui adresse un regard. Il avait eu dans l'envie de la provoquer histoire d'en rajouter une couche mais il se montra étonnamment calme. La faire souffler, l'emmener en balade, ce sont les seuls mots qui passèrent la barrière de ses lèvres.

Et il l'emmena donc, quelques pics de vitesse, faire grimper l'adrénaline, en bon pilote il fit en sorte d'être sur une route stable avec rarement du passage pour ne gêner personne et pour éviter tout risque d'accident. Le reste de la balade, ils sillonnèrent les rues de la ville, le pourtour de celle-ci et lui aussi en profitait. Ses mains accrochées à son ventre, finalement il lui proposa de la déposer et elle fit le choix de l’accompagner chez lui.

Il ouvre la porte de son loft, la laisse entrer, elle est déjà venue il n'a pas besoin de lui faire la visite ni même de lui proposer de poser sa veste quelque part. Ils sont bien assez familiers, ici elle peut y être comme chez elle si seulement elle n'était pas à cheval sur les convenances. C'est pas parce qu'il la ramène chez lui que leur relation est sérieuse.  Il en a ramené d'autres, n'est ce pas ? Maeve et lui c'est une histoire de cul bien qu'elle dure depuis de longues années. Et à la regarder, dans le calme qu'il a instauré en venant la voir, il se sent bien moins dans la volonté de la provoquer. Est ce qu'il vieilli ? Est ce qu'il n'est pas fatigué de jouer au con avec elle ? Il l'ignore encore, pour le moment il agit comme ses instincts le lui disent. Elle aussi, elle a l'air lasse et il a fait le bon choix de l'emmener semblerait il.

Elle réclame ses bras, son regard clair se pose sur elle, un peu surpris qu'elle réclame de l'affection et non du charnel. Elle a l'air de lui montrer un tout autre visage qu'il n'aime pas. Il la préfère en colère, il la préfère vive, sinon il se sent mal et il n'aime pas. Il s'approche d'elle, sans la moindre hésitation, pas confiant, sa stature la domine et il se penche pour saisir sa taille, poser son menton sur son épaule. Étreinte douce, calme, sa main frotte doucement son dos et il se laisse un peu plus dans la tendresse en embrassant sa joue et son cou. Il inspire son odeur, le doux parfum de ses cheveux, son corps contre le sien.

Caleb la soulève ensuite, passe un bras sous ses genoux et l'autre maintient sa taille, il se laisse tomber assis dans le canapé, c'est bien mieux pour se câliner. Ses doigts abîmés remettent en place cette mèche insolente qui vient se loger devant son visage de poupée; il lui sourit, un brin malicieux qu'on ne lui retirera pas. Assise sur ses genoux, l'une de ses mains toujours logée à sa taille, il la garde ainsi tout contre lui.« Quelque chose te tracasse ?»

Maeve s’étonne elle-même, d’avoir pris l’initiative de lui dire d’aller chez lui. Lieu qu’elle évite quand elle le peut pour ne pas rendre tout ça trop… officiel. Habitudes qui se prennent vite… Un chez lui qui pourrait devenir un chez soi… Savoir où se trouvent à peu près tout, prendre ses repères, s’y sentir un peu trop bien… Des choses qu’elle aimerait éviter, mais qui se font malgré tout. Malgré elle, elle commence à connaitre son appart’, pire encore, à s’y sentir bien. Mais ce soir, elle se fout de tout ça. Le cerveau en veille, elle a juste besoin d’attention… et de tendresse. Besoin de se poser dans des bras connus, et réconfortants, qu’elle se l’avoue ou non.
Et elle voit bien à son regard qu’elle le surprend. Requête inhabituelle et surprenante que de seulement lui demander à la prendre dans ses bras. En règle générale, c’est la prendre tout court, et rarement besoin de demander. Son expression est si étrange qu’elle se demande si ça ne lui pose pas un problème. Tant pis. Il le fait quand même, ses bras autour de sa taille, sa tête proche de la sienne, jusqu’à ce qu’il ne la glisse dans son cou. Un baiser sur sa joue, un autre plus bas, et elle sourit doucement, en glissant son visage au creux de son cou.

Quelques secondes, quelques minutes, immobile dans cette étreinte avant qu’il ne soulève. A croire que ça aussi, ça devient une habitude. Mais cette fois, pas la chambre ou la salle de bain. Juste le canapé et un peu plus de confort. Le nez qui se fronce lorsqu’il joue avec l’une de ses mèches qu’il vient remettre en place, sourire malicieux sur le visage. Elle en profite pour lui voler un baiser avant de re-glisser sa tête dans son cou. Comme une zone où elle se sent bien, protégée, plus d’humeur étrange. « Quelque chose te tracasse ? » « Non… ouais… » elle soupire, sort son nez de son cou en soupirant. « J’en sais rien. J’me sens… bizarre depuis quelques temps. » difficile de mieux l’expliquer. Ou l’expliquer tout court en réalité. C’est des sensations inexplicables, une humeur délicate, bien que ça soit une habitude chez elle, cette fois, c’est différent. D’habitude, elle sait dire ce qui la met sur les nerfs ou ce qui lui tape sur le système. Cette fois… ça la plombe plus que ça ne l’agace. « C’est pas grave, ça passera. C’est juste… inhabituel. » L’irlandaise dépose un baiser sur sa joue, se glisse à califourchon sur lui, les deux mains de chaque côté de son visage. Doucement, elle se rapproche pour capturer ses lèvres. Un baiser bien différent de ceux qu’ils ont l’habitude d’échanger. Baiser plus doux, plus tendre. Le feu au creux de ses reins, lui, est aussi intense qu’à l’accoutumée, mais elle compte bien le laisser bruler. Elle avec. Elle a besoin d’autre chose ce soir, aussi flippant que ça puisse être. Elle veut pas se presser, ou tout précipiter. Juste se laisser faire, ou le laisser faire. Son caractère à la con mis de côté, c’est cette facette que personne ne voit jamais qui ressort. La Maeve enfouie, presque disparue. Elle se demande lequel des deux est le plus surpris, lui ou elle. Peu importe. Elle continue de l’embrasser. Ses lèvres, sa joue, son cou. Les mains qui descendent de son visage à son t-shirt, un sourire un peu plus malicieux sur les lippes. Sans doute le premier depuis le début de la soirée. Le tissu passe par-dessus sa tête, et elle reprend ses baisers, sur le même rythme, la bouche qui traine sur son épiderme, se réfugie dans son cou. « et ça, ça m’aide à me vider la tête. » ça au lieu de dire que c’est lui qui l’aide. Lui qui lui vide la tête et aide à lui faire avoir un break –du moins lorsqu’il n’est pas la raison de sa colère.

Elle n'est pas dans son état normal, il le perçoit contre elle, le cœur qui palpite comme une angoisse sous jacente ou quelque chose qui se prépare. Il ne saurait le dire, Caleb, en revanche il sait se faire présent pour elle, parce que c'est ce qu'elle désire et c'est ce qu'il désire aussi. Elle parle, ne parvient pas à mettre de mot sur ce qui la tracasse et tandis que sa paume chaude remonte en effleurant doucement son dos, il l'écoute d'une oreille attentive. Qu'est ce qui pourrait la mettre dans cet état ? Sans doute pas la dispute qu'ils ont eu, ça lui semble plus ancré, plus profond dans la peau. Et elle sait habituellement, avec une précision déconcertante ce qui l'agace, ce qui lui plait, ce qui ne lui plaît pas, ce qui la rend triste, ou ce qui l'amuse. Si elle est perdue dans ce tourbillon d'émotions alors il ne saura pas en dire davantage. Caleb fronce les sourcils, inquiet sans doute pour elle, parce qu'il espère qu'elle n'a rien de grave. Dans quel cas elle sait qu'il fera tout pour lui apporter son aide. Comme la faire venir chez lui, ce n'est pas lui que ça dérange mais si elle ne veut pas rester seule alors il ne la lâchera pas d'un cheveu.

Et l'humeur change, d'étrange à taquine, un baiser, elle s'installe à califourchon sur lui et ses iris s'embrasent. Changeante, malgré leurs jeux charnels est ce que cette soudaine envie est normale ou poussée par autre chose ? Ce baiser tendre le trouble, il y répond, presse ses lèvres contre les siennes et referme ses bras à sa taille pour la serrer contre lui. C'est qu'il y tient, à cette gamine, elle le sait, il se passe quelque chose entre eux et Caleb ne saurait dire si cela vient de lui ou de Dagda. Et même si son attitude est inquiétante, Caleb apprécie ce semblant de douceur, parce qu'il a le temps de glisser ses doigts et redessiner les courbures de son corps, s'attarder un instant dans son cou et inspirer son parfum ambré. Elle lui fait tourner la tête cette fille, elle le sait, elle en joue et elle a raison. Elle l'échauffe, ses douces lèvres explorent son épiderme, cherchent à le faire réagir et provoque un frisson jusque dans le bas de ses reins. Inutile de faire un dessin, Maeve n'a pas besoin de grand chose pour le rendre fou, réveiller ses instincts et ses désirs, elle peut le sentir dans son corps, collée contre lui. Ce regard de malice qu'ils s'échangent malgré la tendresse et il la reconnaît, c'est elle et ça le rassure. Son tshirt se fait la malle et Caleb se retrouve torse nu devant elle, ses bras musclés reviennent l'encercler, il attrape sa nuque pour l'embrasser avec cette même lenteur, cette même passion qu'elle lui offre depuis qu'elle a élu domicile sur ses genoux.

Il attrape ses cuisses et se lève en la gardant dans ses bras, parce que Maeve est pas de ces amantes a qui il autorise que le confort du canapé. Il continue de l'embrasser, tout en la gardant contre lui, ses jambes enroulées à sa taille. C'est dans sa chambre qu'il l'emmène et l'allonge délicatement sur son lit, reste logé entre ses jambes. Un dernier baiser à ses lèvres et c'est en soulevant son t-shirt qu'il vient embrasser la peau de son ventre, délicats baiser déposés, qui font réagir ses muscles, sa barbe doit la chatouiller aussi sans doute. Caleb lui retire son t-shirt, freine ses élans de brute, privilégie la langueur, profite et savoure chaque parcelle de sa peau. Et puis l'air perdue de Maeve lui revient en tête, il revient vers son visage et l'embrasse doucement. « Tu es sure ? » Il ne veut pas qu'elle s'abandonne à cela sous prétexte que ça lui fait du bien, il ne veut pas être celui qui profite d'elle alors qu'elle n'est visiblement pas au top de sa forme.

Y’a un frisson qui la parcourt, lorsque Caleb referme ses bras autour de sa taille, la serrant un peu plus contre lui. Son visage contre le sien, elle se laisse embrasser. Le bout de doigts qui redécouvrent doucement ses courbes alors qu’elle reste les yeux clos, à profiter de la sensation avant de l’embrasser à son tour. Ce soir, il n’y a aucune précipitation, elle prend plaisir à seulement se retrouver contre lui. Et ça lui fait autant de bien que ça la fait flipper. Elle ne se reconnait pas. Pas vraiment. Rarement si douce, si calme. Les gestes sont tendres, et ils seraient presque amoureux. Et ça, c’est à mille lieux de ce qu’elle est. Mais ce soir, elle a besoin de lui, et de tendresse. Un état qu’elle a du mal à comprendre ou qualifier. Alors elle se contente de se laisser aller.
Nez qui se frôlent, lèvres qui se cherchent doucement, la môme le débarrasse de son haut avant qu’il ne revienne déposer des baisers sur son cou. Elle frissonne. Encore. Soulevée et potée, elle passe ses jambes autour de sa taille, s’accroche à ses lèvres. Lentement déposée sur le matelas, le tshirt retiré, l’irlandais la couvre de nouveau de baisers. Tellement plus doux que tous ce à quoi ils se sont adonnés jusque-là. Comme s’ils avaient oublié de prendre leur temps. Parce que ça lui ressemble. Elle va à cent à l’heure, pour tout. Quitte à se crever. Caleb est insatiable. Mais là, même lui semble sur son rythme, et surtout, son humeur. Il ne la questionne pas plus quant à cet étrange état, et ça lui convient bien, elle ne saurait quoi lui répondre. Elle est la première à vouloir trouver la réponse. « Tu es sure ? »

Et le réveil est trop brutal. Comme une sensation de froid, pas très agréable. Rien à voir avec le moment où Caleb s’est remis à côté d’elle. Un froid plus… froid. Et lorsqu’elle ouvre les yeux, son palpitant loupe un battement. Un cri qui s’échappe de ses lèvres alors qu’elle fixe la personne assise sur le rebord u lit. Non… Pas une personne… Forme humanoïde oui mais… un spectre ? un esprit ? un putain de fantôme ??? Elle hallucine qu’elle se dit. Elle panique et pense à sa mère. « Caleb !! » elle a besoin de savoir. Elle rêve ? Devient folle ? « tu le vois ? » il est surement réveillé avec le cri qu’elle a poussé. Elle s’est assise, rapidement, les genoux contre elle, le drap plaqué contre son corps qu'elle trouve désormais trop nu.

IL ne sait pas pourquoi, il se sent bien, il ne s'est jamais senti aussi bien et espère que cela durera encore. Lui qui n'est carrément pas sur les relations sérieuses espère qu'elle va rester encore ici, avec lui, qu'elle reviendra souvent et qu'ils partageront encore. Il s'imagine sans le vouloir habiter avec elle, la couvrir d'attentions, la protéger comme elle pourrait le faire avec lui. Et malgré leurs différents, la passion qu'il y a entre eux jamais ne viendrait s'éteindre. Elle pourrait être l'élue, elle pourrait être sa femme, celle pour qui il donnerait tout. Caleb soupire, remet en cause le trop plein d'endorphine sécrété par elle pour lui faire avoir de telles pensées. Et au fond de lui il sait que ce n'est pas la première fois qu'il y pense.

Le temps que la tempête s'apaise, il reste contre elle, leurs respirations respectives reprennent un rythme normal. Et il vient glisser sur le côté, elle se tourne et il vient naturellement se mettre derrière elle. Elle l'incite à venir plus près et il l'enlace avec affection, ses doigts glissent sur la peau de son ventre et il embrasse son épaule après avoir retiré ses mèches de feu. Ils s'endorment comme ça, l'un contre l'autre, le sommeil se fait paisible pour Caleb, prend plaisir à dormir avec elle après cette étreinte passionnée. Quelques heures passent avant que son cri strident le tire de son sommeil. Il se redresse, l'esprit embrumé, tentant de remettre en place la situation. Il allume la lumière, attrape son flingue dans sa table de nuit et inspecte la chambre. « Il est où ?? » il demande, Maeve  vu quelque chose mais il ne voit rien, il a peut être pris la fuite. « Reste là je vais le buter ce fils de pute » Il se lève du lit, ne prend pas le temps de s'habiller, s'infiltrer chez lui est une erreur grave. Caleb prend alors la direction de la porte de la chambre, persuadé que le voleur a pris la fuite.

Sa nuit était si douce. Tellement meilleure que les autres malgré son incapacité à sincèrement le reconnaitre. Sommeil paisible, agréable… Des bras rassurants, plus qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. Et cette sensation étrange… froide… comme quelque chose sous la peau. Sentiment qui réveille, qui lui file un foutu frisson. Et le sursaut. Une silhouette sur le rebord du lit. Si elle a une seconde pensé être encore endormie, ou rêver, elle sait désormais que ça n’est pas le cas. Le drap remonté sur son corps trop nu, elle fixe, l’homme, le spectre… peu importe ce que c’est. Elle met du temps à réaliser. A comprendre qu’il n’est pas en chair et en os. Pas même vivant. C’est pas so esprit qui lui joue des tours. Elle est pas non plus folle comme elle le pensait pour sa mère. Non, c’est l’autre, celle dont elle ignore encore l’identité qui grandit, qui prend plus de place. Une faculté en plus ? Il semblerait. On lui avait dit que ça pouvait arriver. Pourtant, c’est comme si sa tête refusait de vraiment l’admettre. Et pourquoi ce serait pire que de jouer avec la colère des gens ? que manipuler leur haine, quitte à en faire une arme de guerre ?

Et dans tout ce bordel, c’est Caleb qu’elle a réveillé. Le contraire aurait été étonnant. Il s’est redressé subitement, attrapant son flingue au passage alors que la rouquine n’a toujours pas bougé d’un pouce. « Il est où ? » son regard est toujours fixé sur l’entité, peu importe ce qu’il est… Spectral. «  Reste là, je vais le buter ce fils de pute » elle le sent bouger, prendre la direction de la porte, et elle tourne la tête vivement. « putain mais là ?! t’es con ou quoi ?? Juste là ! » qu’elle lache plus agressivement qu’elle ne l’aurait voulu. Ça non plus, elle ne veut pas l’admettre : elle est la seule à le voir. Tout comme sa mère était la seule à voir les siens, ceux qui l’entouraient. Chacune son tour. Sans doute les voit-elle encore. Peut-être qu’elle a fini par s’en accommoder. Peut-être que Maeve devrait prendre des nouvelles… ça fait longtemps.
C’est pas le moment.
Il la fixe. Ce spectre, ce revenant. Ame d’un corps en décomposition. Elle se demande un instant si parce qu’il a une tâche inachevée qu’il est là… Ou s’ils le sont tous… visibles quand ils le veulent. Le bras qui se lève doucement, l’index qui se dresse pour désigner l’entité qui la fixe, presque en souriant. Un sourire triste… Mais elle reste silencieuse, Maeve. Si rare. Silencieuse face au choc, à l’incompréhension. Elle sait pas non plus quoi dire. Lui demander ce qu’il veut ? Lui demander de partir ?
Et il se lève, et elle hésite un instant. Le drap plaqué contre son corps, elle le tire un peu plus pour le garder contre elle en suivant l’âme perdue. A peine arrivée à la porte de la chambre qu’elle ne voit plus rien. Tourne la tête à droite, à gauche, derrière elle vers le lit. Plus rien. « il est plus là. » La tête qui se redresse doucement, ses yeux clairs plantés dans ceux de Caleb. Regard interrogatif, presque enfantin, un peu paniqué. Prunelles qui recherchent des réponses qu’elle ne trouva ni chez lui, ni ailleurs. Probablement pas. alors elle recule, se laisse tomber sur le lit en ramenant ses genoux contre elle. Le regard dans le vague, l’esprit qui se perd. « J’vais devenir comme elle. » le murmure se perd aussi dans la pièce en n’étant pas certaine d’être prête pour ce qui l’attend.
Si elle savait… Si elle savait cette force qu’elle a en elle.

Il y va, se promet de tuer l'intrus, celui qui a osé perturber leur tranquillité, celui qui a osé entrer en sa demeure. L'envie de sang réprimé par Maeve qui le stoppe dans son élan alors qu'elle lui fait comprendre qu'il n'est pas hors de la chambre. Interpellé par cette précision, Caleb fronce les sourcils, elle sous entend que c'est dans la chambre, mais il n'y a rien dans la chambre ; il aura beau regarder à droite et à gauche ils sont les deux seuls êtres présents en ces lieux. Il tourne alors son regard vers elle, un peu démuni face à son agressivité, parce qu'il comprend alors ce qu'il est en train de se passer. Elle voit ces choses, un regard plus ouvert sur des choses que d'autres ne pourraient voir alors qu'ils sont réellement là. Il hausse les sourcils, pour lui faire comprendre qu'il ne voit rien et en même temps cela le rassure parce qu'il n'y ait pas de menace directe qui nécessiterait qu'il tue. Cependant il ne saurait l'aider avec cela, n'ayant pas cette faculté, regard humain, simple humain. Il s'approche d'elle, elle a compris aussi ce qu'il lui arrive, et alors la présence disparaît quand elle le déclare. Comment faire dans ces cas là ? Si ce n'est l'aider à accepter cette faculté qu'elle possède ?

Elle a l'air perdue, a l'air de se comparer à une personne qu'il ne connaît pas et qui doit faire parti de son cercle, qui avait aussi ces capacités là sans doute. Aussi mystérieuse et distante qu'elle est, il ne se sent pas de lui demander qui est « elle ». Si elle désire le faire, alors tant mieux, sinon il se réserve cette conversation pour un autre moment où elle sera moins prise par les émotions. Et Caleb prend l'initiative plutôt de s'approcher d'elle tandis que tout contrôle est perdu. Il serait déjà devenu fou depuis longtemps s'il avait été doté de capacités pareilles, mais Maeve est une femme forte et brillante, il sait qu'elle finira par s'en accoutumer même si elle semble déjà perdre espoir. Il ne l'a jamais vue dans tel état et cela le chagrine plus que cela le devrait avec n'importe quelle nana. Elle n'a pas besoin d'être consolée, ni d'être prise en pitié, elle a juste besoin de savoir qu'en aucun cas il s'agit de folie. Caleb soupire doucement, laisse son arme de côté et s'assied sur le lit, face à elle. Elle serre le drap contre sa peau nue, il l'observe et perçoit la peine sur ses frêles épaules. Il comprend que ça ne doit pas être facile de vivre cela comme ça. Il l'attrape, un peu brutalement comme d'habitude, ne contrôle pas réellement sa force, mais il cale sa tête sur son torse et pose son menton sur le haut de celle-ci. « T'es une déesse, tu évolues c'est normal. »

Tous acceptent plus ou moins leurs capacités, à partir du moment où l'on se rend compte que l'on est réincarné, on ne peut pas vraiment faire un choix de l'avenir. Caleb aurait juste voulu être mécano dans son garage et puis il a dû faire avec quand Dagda s'est manifesté. « Je t'aiderai à gérer ça. » Il le propose assez naturellement, sans chercher à sous entendre qu'ils sont un couple pour qu'elle ne se mette pas à fuir. Mais ils se connaissent depuis bien longtemps, alors il se sent l'envie de l'aider. Son pouce caresse ses cheveux roux, puis il se détache d'elle et plante son regard clair dans le sien. « Si tu en as envie bien sûr, t'es forte, je sais que tu saurais gérer ça seule aussi.» Elle n'a pas besoin qu'on le lui prouve, elle sait où elle puise ces ressources là et même s'il l'exprime mal, il l'admire beaucoup pour ça, c'est ce qui lui plaît le plus chez elle. « Tu vois des choses qu'on voit pas ça veut pas dire qu'elles existent pas. Ben tu vois juste mieux que nous. » Il ne sait pas si ça l'aidera, mais une fois qu'on a accepté que ces ombres existent ça devient sans doute plus facile à  gérer. En attendant il se fait présence, il se montre là pour elle, parce qu'elle compte sacrément pour lui celle là.

Maeve, la tornade, est perdue. Complètement paumée et déboussolée. Au fond, elle sait ce que c’est. Ce qu’il est. Pas humain, plus maintenant. Spectre. Fantôme. Ame. Peu importe le nom qu’on lui donne. Plus mort que vivant, et elle est le médium entre leurs deux royaumes. Elle ne voulait pas de ça. Pas de ce don, pas de cette responsabilité. Elle ne veut pas être comme sa mère ou hériter de ce regard désespéré qu’elle l’a tant vu arboré. Un appel à l’aide silencieux face à ses voix qu’elle était alors la seule à entendre. Un appel à l’aide face à ces êtres qu’’elle était la seule voir, peut-être même la seule à comprendre. L’incendiaire aurait presque envie de prendre son téléphone et l’appeler, peu importe l’heure qu’il est de l’autre côté de l’Atlantique. Mai pour le moment, elle tente de se calmer, de retour sur le lit, dans le plus simple appareil si ce n’est ce drap qui couvre partiellement son corps. Il tient à peine. Mais l’entité évaporée, elle s’en fout.
Caleb se pose face à elle, l’attire contre lui, sans grande délicatesse. Mais la môme se laisse faire. Presque docile, elle laisse sa tête reposée contre son torse, encore un peu secouée. Le menton de caleb sur le haut de son crâne, elle tente d’inspirer et d’expirer profondément.  « T'es une déesse, tu évolues c'est normal. » « J’ai pas demandé ça » qu’elle murmure. Pas ces voix. Pas ces apparitions.

Mais aucun d’eux ne choisit ses dons. Aucun d’eux n’a leur mot à dire. Ni sur leur réincarnation, ni sur ce qui va avec. Et elle ne doute pas un instant que sa mère aurait eu quelque chose à en redire. La rousse déplie ses jambes pour venir entourer la taille de l’irlandais, se rapproche un peu plus, complètement collée à lui. Peu importe à quel point elle ne veut l’admettre, elle sait –sent- que ça lui fait du bien. « Je t'aiderai à gérer ça. » elle reste silencieuse, apprécie la proposition tout en se demandant comment il va bien pouvoir faire ça. C’est pas contre lui, juste qu’il ne semble pas être doté des mêmes aptitudes. Alors à part tenter de l’empêcher de devenir complètement dingue, elle ne sait pas comment il pourra faire ça. Peu importe, qu’elle se dit. Elle prend quand même. Il se détache doucement, juste assez pour planter son regard acier dans le sien. « Si tu en as envie bien sûr, t'es forte, je sais que tu saurais gérer ça seule aussi.» elle acquiesce d’un signe de tête. « je sais pas comment » qu’elle avoue. Une première chez la môme qui a toujours clamé se démerder seule. Presque sans peur, et avec une assurance légendaire, à toujours trouver un moyen de se dépasser et d’avancer. «  Tu vois des choses qu'on voit pas ça veut pas dire qu'elles existent pas. Ben tu vois juste mieux que nous. » y’a un rire nerveux qui s’échapper de ses lèvres. Il l’aide au moins à ça : rire. « ma mère s’est laissée dépassée. » c’est ce qu’elle se dit maintenant, avec le recul. Si elle n’était pas folle à la base –comme elle le croyait étant jeune- elle se dit qu’elle l’ait devenu avec le temps, à se laisser submerger par tout ça. « elle les voyait aussi. Juste que… quand j’étais gamine j’le savais pas. j’avais pas compris. Elle détache ses jambes de sa taille, se laisse retomber sur le matelas dévoilant une nouvelle fois son corps nu, le drap restant où elle était assise. « j’veux pas devenir comme ça » qu’elle souffle, le regard perdu sur le plafond.

Accrochée à lui, il la rassure de sa présence, passe ses doigts sans ses cheveux soyeux et fins. Il n'a pas l'habitude d'avoir de tels gestes d'affection avec elle, Maeve est demandeuse et il sait y répondre, se fait protecteur, plus que d'habitude . « C'est pas quelque chose que tu choisis, c'est juste comme ça, tu dois faire avec et trouver les moyens pour que ça ne te pourrisse pas la vie. » Il ne lui apprend rien, mais il veut qu'elle l'entende, parce que c'est la vérité.

Elle se laisse tomber, s'écarte de son étreinte pour se laisser retomber sur son matelas. Il la rejoint, venant s'allonger sur le flanc à ses côtés tandis qu'il dégage son buste de ses cheveux roux avant de laisser sa main à sa hanche. Un coude en appui pour observer son visage pensif. Ça lui rappelle ces fois où il a découvert ses dons, la façon qu'il a eu de vivre dans le déni, comme si cela était normal et en refusant l'évidence de sa réincarnation. Il lui en a fallut du temps pour accepter et même après avoir rejoint An riocht il n'était pas certain de l'accepter encore, préférant cacher à tout le monde l'identité de son dieu. Il vit en décalé par rapport à ça, profite des avantage sans vouloir en saisir les contours. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle parle de sa mère, elle qui reste si pudique sur sa vie privée pour garder cette limite qu'elle a peur de franchir avec lui. Pourtant plus le temps passe et plus ils se rapprochent et il se demande si cela ne va pas aller en évoluant. Avec ce qu'il lui arrive, cela aura tendance à les rapprocher parce qu'il compte bien se faire une épaule sur laquelle il peut compter qu'elle soit d'accord ou pas.

« Tu l'as vue se sentir dépassée alors tu feras pas pareil. » Il s'allonge à côté d'elle finalement, laisse son regard sur le plafond, c'est difficile à appréhender ce genre de chose, tout le monde est un peu paumé jusqu'à un certain stade et personne ne le vit de la même manière. Caleb aurait tendance à la voir maitriser ses dons, parce qu'il la connaît et qu'il saurait l'aider à mieux le vivre. Il suffit qu'elle lui demande ce dont elle a besoin de manière spontanée, il le fera pour elle. Il l'aidera, guide, tout en étant juste un coup de main selon ses besoins. « Je t'ai dit je suis là, ça ne pourra pas se passer pareil . Je dois connaître des médiums, je t'en ferai rencontrer pour que tu puisses en discuter et faire un point là-dessus. » Pour lui c'est la meilleure des façon d'accepter : se rendre compte qu'on est pas seul dans un cas précis et alors tout devient plus facile. « Un nouveau don c'est jamais facile à apprivoiser, ça vient sans prévenir et toi t'es là, tu sais pas quoi faire ni vers qui te tourner. » Ça sent le vécu, et il aura passé ses besoins de détendre ses muscles en allant participer aux combats clandestins sans y trouver le moindre soulagement. Et puis il s'y est fait, il a compris et maintenant ça se passe bien. Il aimerait que ce soit pareil pour Maeve, n'a aucune envie de la voir tourner chèvre à cause de cela parce qu'il tient à elle et ne voudrait pas la voir perdre la tête. « Et puis je te surveillerai, compte sur moi. » Il tourne la tête, se montre toujours optimiste et lui lance un petit clin d'oeil. Il se peut qu'il n'y arrive pas, il n'a pas la prétentiond e dire qu'il a la solution mais il veut bien essayer, au contraire.