behind our eyes


Time, I need more time
But patience is hard for me
Feel my blood rushing
Slowly I'm closing in


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Cian Scully & @AKIO NISHIMURA

Le sourire narquois de son visage avait disparu aujourd’hui. L’agacement se mêlait à la colère, alors qu’il se rendait compte qu’il avait été bafoué. Cassandre s’était manifestée, et comme à chaque fois, la sensation était amère sous la langue. Les flashs dans l’esprit s’avéraient corrects la plupart du temps, quand lui espérait juste que l’oracle se trouve. Ce n’était que des sensations, qu’une impulsivité qui le poussait à vérifier. Mais c’était fou. Certains prendraient tout cela pour un pouvoir, quand lui se contentait d’hausser les épaules, de se nimber de mystères. Pourtant, c’était ce qui lui permettait de s’en sortir, d’éliminer les nuisibles autour de lui. Savoir en avance, avoir les tripes qui lui hurlait de faire demi-tour ou, au contraire, de foncer. Instinct surdéveloppé qui, parfois, prenait trop de place dans sa vie. Parce que le passé ressurgissait, cherchait un chemin dans son esprit. Et la présence de Cassandre rendait le tout encore plus complexe à gérer. S’il pouvait oublier, s’il pouvait supprimer les souvenirs et les sensations, il le fera. Enfin, ce n’était pas en ressassant tout cela qu’il avancerait. Il fallait apprendre à mettre de côté, prendre du recul. En était-il seulement capable ?

L’horloge fait tiquer les heures, léger bruit qui l’agaçait, le rapprochait pourtant d’une délivrance bienvenue. Les réunions multipliées, ce n’était pas pour lui. Surtout que tout cela n’était que politique, et lui était plus brut de décoffrage qu’autre chose. Un héritage de son passé de militaire, plus prêt à faire confiance à ses poings et sa violence qu’au venin de sa langue. Tout l’inverse de Cassandre en somme, elle dont les propos furent damnés à ne jamais être crus. Les pupilles s’attardèrent sur les visages l’entourant, avant qu’un soupir ne mette fin à la réunion interminable. Tous avaient compris, et lui fut enfin libéré de ses obligations. De quoi aller voguer à ses occupations dans la vieille ville, suivre son instinct une fois de plus. La nuit couvrirait les mains tâchées de sang, telles que Cassandre les avait vues. Que ce soit du sien ou de celui de l’autre, l’un des deux repartirait avec du carmin en moins dans les veines…

Promenade dans le centre-ville, les yeux cherchant celui qu’il attendait. Un visage qu’il avait croisé à plusieurs reprises, une voix avec laquelle il avait échangé par le passé. Ce devait être une connaissance, pas entièrement positive certes, mais quelqu’un dont il se souvenait. Pourquoi n’avait-il pas perçu le changement, s’il y en avait eu un ? Les questions tourbillonnaient, jusqu’à ce qu’enfin l’homme apparut. Un simple sourire, comme à son habitude, et Cian l’apostropha. « Hé ! Tu tombes bien, je devais te voir. » Pas de quoi le faire paniquer. Mais l’irlandais n’avait pas non plus particulièrement envie de faire durer le suspense. « Qui es-tu ? » Ca pouvait être une question piège, de quoi s’assurer qu’il était bien face à celui qu’il devait être ? Qu’importait, découvrirait-il ce qui se passait réellement derrière tout cela ?

 

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Akio Nishimura & @CIAN SCULLY

Les nuits sont froides depuis que la solitude fait loi dans sa vie et que les ordres ont changé de voix. Il y obéit par loyauté envers les siens, mais l’absence de son père l’intrigue plus qu’il ne le fait savoir. Il hoche la tête, disparaît parmi les ombres de la foule et sans un mot il s’exécute. Il ouvre les yeux et tend l’oreille pour les hauts chefs, mais dans leur dos il se faufile aussi. Fourberie du renard d’ordinaire égoïste, il n’a de bonnes manières que pour satisfaire un mentor porté disparu et rien ne compte davantage en ces jours sombres, que la sûreté de sa famille. On le dit loup solitaire, mais il n’oublie pas le pack auquel il appartient et jusqu’à ce qu’ils ploient le genou, il sera toujours prêt à tout pour eux.

Et ce soir encore, il prend le risque d’approcher un homme que beaucoup craignent et dont la réputation le précède. Des jours et des semaines à l’observer et le connaître à travers les autres, des murmures et des confidences intéressantes, toutes réunies sous le couvert de plusieurs visages, mais un seul avec lequel il s’est présenté à l’irlandais. Un seul visage qu’il espérait de confiance, assez mais pas trop, pour ne pas éveiller les soupçons trop vite. Et les quelques rencontres jusque-là se sont bien terminées, si on ne compte ni les blessures ni les hématomes gagnés ensuite. Akio risquerait sa vie pour son clan et pour avoir pris la vie de quelques-uns de ses frères, cet homme doit en payer les conséquences. On ne l’a missionné que pour l’approcher et trouver ses failles, mais le japonais s’est lassé et s’est amusé en prenant des risques inutiles. Il a voulu jouer avec l’esprit torturé qu’il avait face à lui, mais plus fascinant qu’il ne le pensait au départ. Ils ne se sont pas tant parlés, quelques fois à peine, mais cela a suffit pour éveiller son intérêt et le faire dévier de sa mission première.

Ses pas le guident vers des rues qu’il connaît bien et l’heure approche, le rouage de sa montre l’assourdit quand tout n’est que silence autour de lui. Puis la cible apparaît et la créature retient son souffle, ses lèvres s’étirent en un sourire trop grand et ses traits changent dans l’instant pour revêtir l’apparence familière pour cet autre. La confiance au sommet lorsqu’on l’aborde et pourtant ébranlée, lorsque la question tombe. Qui es-tu ? Le doute tord ses traits le temps d’une seconde, mais c’est une de trop et l’offense remplace l’air si fier qu’il arborait jusque-là. « On a la mémoire qui flanche, soldat ? » L’ironie est palpable quand on sait que personne ne revient indemne de la guerre. « Longue journée ? Besoin d’un remontant ? » Il se frotte les mains et garde le sourire, mais par prudence il recule et garde ses distances. Le doute lisible dans les yeux de l’irlandais le font ciller et Akio cherche déjà une échappatoire sans griller sa couverture. Il ne veut ni s’enfuir, ni attaquer alors pour l’instant il joue le jeu. Le mettre en colère pourrait être une distraction suffisante ou au contraire, le mener à sa perte plus vite encore.

 

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Cian Scully & @AKIO NISHIMURA

Calme, Cian semblait l’être, derrière les interrogations qui se bousculaient dans les pupilles. L’autre devait les capter, après tout, l’irlandais ne faisait rien pour les masquer. Quelque chose le dérangeait, dérangeait la Cassandre en lui. Néanmoins, comprendre les émotions et ressentis de la princesse n’était pas chose aisée, encore plus lorsque des millénaires étaient supposés les séparer, que leur genre différait tant, tout comme la vie les entourait. Alors parfois, le militaire se refusait à écouter l’instinct, la seconde conscience, quitte à la voir disparaître au fond de lui pendant un temps. La faire taire, c’était aussi un moyen pour lui de reprendre le contrôle, quand tout s’effritait autour de lui. Ca lui permettait de ne pas devenir fou, du moins le croyait-il.

Aujourd’hui, contrairement à toutes les fois précédentes, il choisit de l’écouter, accepta l’impression reçue au lieu de juste la ranger. Peut-être était-elle plus forte, plus imposante que les fois précédentes. Peut-être était-il seulement fatigué de la combattre, et qu’il devait vivre avec elle, pour le meilleur comme pour le pire. Après tout, seule la Mort les séparerait, lien du mariage porté à un tout autre niveau. Même s’il aurait préféré ne pas avoir cette seconde voix dans un coin de son esprit.

L’homme qu’il interpella lâcha une légère grimace, un micro-doute dans les iris, que Cian ne perçut pas entièrement, mais qui fit gratter sous sa chair la Princesse. Chaque mot, chaque réaction, seront étudiés par les iris baladeuses, par l’esprit enfiévré. Il suffisait d’un rien pour le faire pencher, pour le faire basculer, et que l’instinct prenne la décision avant la raison. La lame accrochée à la ceinture était si proche de ses doigts, si proche de se teinter d’un rouge des plus sanglants. Serait-ce le tien ? Sourire carnassier à la réponse de l’autre, avant de lâcher sa propre bombe. « Ma mémoire se porte à merveille, c’est peut-être le souci… » Il n’alla pas plus loin, l’autre reprenant, et surtout, gardant ses distances. Cela ne l’étonnait guère, il n’était ni le premier, ni le dernier à agir de la sorte. Cian savait jouer des poings, il était un combattant pour une mafia, un champion, et son passé de militaire était si facilement visible quand les couteaux et les armes s’en mêlaient. Vulgaire tueur à gages, quand l’esprit s’embrouillait. En revanche, l’autre ne devait pas être un ennemi. Alors pourquoi y avait-il une telle sensation dans les entrailles ? « Longue journée en effet, les réunions et l’hypocrisie des clients me tapent sur les nerfs. »

L’hypocrisie, le monde en général, et Cassandre, qui se sentait menacée lorsqu’elle était entourée d’hommes. Malheureusement, cela poussait Cian à agir, et lui pouvait écraser le crâne de quelqu’un contre un mur, contrairement à elle. « Je me demande… Ce qui pousse les êtres humains à mentir. A manipuler les autres, en se pensant au-delà de tous. » Pause, le regard se détourna sur la noirceur des environs. « Changeraient-ils leur façon d’agir face à des personnes qui peuvent percevoir leurs mensonges ? » La question portait simplement sur la journée, particulièrement innocente…