Y’a plus le monde autour. Plus qu’Alv et la Jordanienne. Y’a même plus de film ou de dialogues. Que son regard et leur discours silencieux. Y’a que ses lèvres et ce qu’elles lui disent. Même la valkyrie semble à l’arrêt. Elle sourit contre ses lippes, savoure la sensation agréable de cette main qui glisse dans ses cheveux. Une main plus possessive, plus sûre. Elle se caresser du bout du doigt, laisse son visage glisser à l’allure de ses caresses, vient même les chercher, les réclamer. « T’es tout pardonné. Recommence quand tu veux » une réponse soufflée contre ses lèvres alors qu’il vient de nouveau les capturer.
C’est le blackout total, mais de la plus délicieuse des manières. C’est un condensé de sensations et de sentiments. Elle se surprend à aimer ses initiatives, plus encore à se laisser faire. Lyra avait toujours tout pris en main, mais dieu que c’était bon de se laisser aller aux envies d’Alv. Tout comme lui, elle le fixe, à sourire comme une gamine amourachée. « salut » qu’elle rétorque en riant, venant caresser sa joue du bout du doigt. « Sacré après-midi » elle vient encore rapprochée sa tête, elle aussi, la tempe appuyée contre le siège, son front contre celui d’Alv. « je crois que je me fous du film » avoue-t-elle sans la moindre gêne. A croire qu’elle s’est évanouie. Là, tout de suite, ça lui semble simple, et si agréable. Un baiser qu’elle vient voler, lui arracher avec délicatesse avant de reporter son attention sur le film. Ou en tout cas faire semblant. Parce qu’elle se tourne un peu, glisse ses jambes sur les cuisses d’Alv, et laisse sa main se promener doucement sur la sienne. Pas parce qu’elle tente de se raccrocher au film qu’elle oublie sa présence. Au contraire, le film est juste là pour se rattacher à la réalité, ne pas complètement se laisser aller. Après tout, c’est un lieu public. Si elle écoutait chacune de ses envies, elle serait déjà califourchon, en train de l’embrasser. La jordanienne n’a jamais su aller doucement. Lorsqu’elle faisait les choses, c’était à fond, sinon rien. Elle se rend compte que le film a avancé sans eux, et pas qu’un peu. Elle s’en fout. Elle est plus concentrée par ses doigts qui s’enlacent à ceux d’Alv. Ils jouent comme des enfants, se cherchent et s’appréhendent. Qu’elle a pas envie que ce moment prenne fin. Alors encore une fois, elle tourne la tête.
Le regard qui se perd. Foutue ma vieille.
« Je crois que c’est bientôt ton moment » qu’elle lache en rapport avec le film, mais les prunelles sacrément fixé sur lui plus que sur l’écran, déjà en manque de ce baiser qui l’a enflammé, de cette main qui était venue se perdre dans ses mèches brunes.

Tout pardonné. Le baiser se fait dans la complicité de cette confession-là, alors que l'homme se découvre de nouveau capable de tout ça. En oubliant le monde, il se souvient de lui. Et ne peux que se détacher un peu plus du manteau qui l'encombrait auparavant, de celui du revanchard qu'a vu la Mort de trop près pour s'en défaire trop longtemps, mais qui ne peut que se perdre dans la profondeur d'un regard sur le coup. Et qu'en rire encore et encore, de tout ceci. "Carrément, ouais." Pour sûr que l'après-midi avait pris une tournure plus qu'inattendu. Que peut-être ils avaient entrevu vaguement qu'ils pouvaient bien s'entendre, sans s'imaginer que ça virerait ainsi. Et ce qu'elle confesse encore arrache un ultime sourire détendu à Alv. "Y'avait un film ?" Une réponse dans le même ton que le reste, alors que même dans le noir, les prunelles masculines semblent briller d'un nouvel éclat. Bien assez vite, la proximité se fait nouvelle et une pogne se perd doucement contre un bout de jambe, caresse distraitement celle offerte à ses attentions, alors que les doigts viennent à jouer entre eux. Et le film défile sans qu'il en capte plus rien, à juste lorgner sur les mains qui s'affranchissent de toute règle, qui se défient et se retrouvent la seconde d'après. Le sourire doux gravé sur la face burinée, le fameux qui dit je suis bien à la terre entière. Quand il l'entend de nouveau, il sort de ses pensées, de cette bulle créé par tout ça, du silence que la guerrière lui impose et c'était étrange de retrouver l'entièreté de ses pensées pour lui seul. Il regarde de nouveau Lyra, avant de lorgner vers le film. C'est la scène du parc, alors en effet, c'est bientôt sa scène. Alors il rit de bon coeur. "Merde, j'espère que tu resteras séduite !" Il 'espère de tout son coeur, à vrai dire. Le mask s'enfuit, cloue des planches sur la porte et Alv se lève, profite des mains ensembles pour la tirer vers le haut aussi après avoir poussé le popcorn. Sancho débute sa choré et Alv se lance dans un nouveau sourire, d'un de ceux qui signifie que l'homme s'est débarrassé de toutes ses craintes. Tango collé serré, qui ressemble à rien, alors que la gueule s'éventre dans le bonheur, que le rire reste dans le fond de la voix. "Je suis Sancho de Cuba, j'ai le sang chaud pour la Rumba, il lâche légèrement Lyra pour imiter les maracas, en jouant des maracas, je fais tchik tchiki boum, tchik tchiki boum !" Mouvement du bassin qui imite au mieux la scène alors qu'il éclate de rire, Alv, profite des secondes entre deux paroles pour ça. Puis il reprend, la voix étranglé par le rire qui a précédé. "C'est moi Sancho le cubain, la coqueluche de tout les voisins et puis quand je danse tout redevient tchik tchiki boum, tchik tchiki boum !" Il revient chercher Lyra d'une pogne, l'amusement en travers de la gueule. "Les señoritas elles chantent, elles dansent, comme ça elles balancent, comme c'est charmant, plein de piment !" Les vocalisent sont ce qu'elles ont, alors qu'il imite des pas maladroits de danse. "La fièvre de la Rumba, si elle te prend ne résiste pas ! Comme une fille qui s'offre à toi, OOOOUH !" Il bouge des épaules n'importe comment, s'amuse juste de l'instant et de ce moment qu'il connaît un peu trop par coeur pour pas l'avoir écouté en boucle sur youtube à une période."Si tu aime le tempo, viens donc danser avec Sancho, et tu chanteras tchik tchiki boum tchik tchiki boum !" Et peut enfin reprendre correctement son souffle, avant la suite, parce que c'est à policière de chanter dans le film. Alors, Lyra, toujours séduite ?

Les lippes s’étirent à sa réponse. Ils sont dans le même bordel, dans la même bulle. Y’a plus rien, si ce n’est eux. A peine le film qui passe en fond. Elle pourrait rester comme ça, la tempe appuyée sur le dossier du siège, à le regarder sourire encore longtemps. A jouer avec ses doigts, le reste de la projection. Et même quand son regard se détourne pour avoir un semblant d’attention sur le film, ça marche pas vraiment. Plus intéressée par ces doigts qui s’accrochent aux siens, à cette main  sur son genou. Cette tendresse nouvelle qu’elle avait oublié, qu’elle s’était presque interdite après trop de déboires. Mais Alv, les différentes facettes de sa personnalité ont fait le job sans effort. Juste quelques rires, quelques sourires pour se sentir chavirer… Et ne plus avoir envie de lacher.
« Evidemment » comment pourrait-il en être autrement ? Tout ce qu’elle risque c’est un point de non retour. C’est d’être émerveillé par son rire et subjugué par les fossettes qui se creusent dès que ses lippes s’étirent. Et avant qu’elle n’ait vraiment compris ce qu’il passait, il la tire debout jusqu’à lui. Un semblant de tango qui s’opère sous leurs rires. C’est l’hilarité totale alors que la chanson continue et qu’alv connait réellement les paroles par cœur. Certainement pas le truc que l’on devinerait au premier abord lorsqu’on le rencontre. Les doigts qui s’emmêlent de nouveau  alors qu’il la fait tournoyer sur un rythme maladroit mais si délicieux. Elle est incapable de s’arrêter de rire, et heureusement pour eux, ils sont bien les seules à cette séance. Et c’est la flic qui prend la relève, Lyra avec « je suis sa paquita, car ce gars c’est le roi de La Havana. De la Havaaanaaaa » elle éclate de rire à sa propre connerie alors qu’elle revient à lui sans se faire prier. Les deux idiots de flic interrompent la scène de danse, mais elle tire sur sa main pour venir le caler contre elle alors que ses mains se nouent derrière sa nuque. « Considère moi épatée, Rello. Et sous le charme » sourire timide, aveu sincère qui creuse ses fossettes alors qu’elle vient sceller leurs lèvres, une nouvelle fois. Ça non plus, elle est incapable de s’arrêter. Elle en oublierait presque de respirer. Oublierait presque que le film est pas infini, et que même temporairement, il faudra se séparer. Non. Elle rêverait que d’un canapé, juste pour se blottir contre lui. Pas d’accoudoir, pas de séparation. Juste son corps immense contre le sien, qui semblerait presque trop frêle en comparaison.
Elle s’avance, il recule doucement, jusqu’à heurter le premier accoudoir de la ranger où il pose son derrière. Elle est bien plus à sa taille. Le bout des doigts qui s’égarent sur ses joues, ses lèvres qui frôlent les siennes dans une douce torture. Elle joue de ce désir naissant, de ce qui s’agit dans le creux de ses reins. « deux ados, hein » caresse ses lippes des siennes avant de l’embrasser plus fermement. Un peu plus de pression, un peu plus de passion. Plus adultes, moins enfantines.

Il fallait pas le lancer, Alv. Il a plus que prouver que finalement, il était capable de tout une fois porté. Que le monde n'a plus l'air si noir quand on s'accorde un temps pour en rire. Et il est hilare, à cet instant, n'est pas capable de reprendre la chanson une fois que Lyra a balancé sa propre punchline. Ne peut que l'admirer d'avec son sourire qui ne le quitte pas, plus. Il tente de reprendre un bout de souffle mais ça semble que faire plus mal aux joues encore. Les zygomatiques en action, alors que contre sa nuque se noue bien des promesses, d'avec ses mains qui s'y rejoignent. Et il ne peut qu'en sourire davantage encore. "Ravi qu'on partage la même chose." Aveu à son tour, de ses prunelles qui pétillent face aux émotions ressenties, face à la simplicité d'un instant et de cet instant de grâce offert. C'est qu'il est comme seul dans sa tête, même si cette dernière est remplie de Lyra. Que le monde, pour quelques minutes ou heures, ne tournera qu'autour d'elle. Le reste reviendra plus tard, mais pour le moment... Ah, qu'il est beau ce monde. Qui reprend un peu plus de couleur quand un nouveau baiser s'en vient, qu'il passe ses bras dans le dos de Lyra, qu'il la garde au creux de ceux-là. Sans crainte qu'elle ne sente, ainsi calée contre lui, son coeur qui bat et se débat. Poigne de fer qui aurait voulu le préserver encore longtemps de ces choses-là. Trop tard, guerrière. Mouvement enclenché, l'arrière train qui trouve place dans un siège, les pognes qui ne quittent pas leur trésor. C'est qu'elle a tout de précieux, à cet instant, la Croft. Valeur insoupçonnée à leur rencontre et qui se révèle, désormais. Il ne mérite pas tant. Et un rire plus léger que les autres, qui s'échappe. Si doux, comme lointain, parce qu'il est plus vraiment là, Alv. Plongé que trop dans ce regard qui semble le mettre à nu plus que quiconque. "Ouais..." Le nez qui frôle l'autre, une main qui remonte doucement pour se perdre sur la nuque de Lyra. Les doigts qui glissent dessus, dès lors que ce baiser-là arrive. Celui qui, de son silence profond, acte les choses bien plus encore que les autres. C'est qu'ils auraient pu être que de passage, après tout. Ici, c'est différent. Ici, Alv se redresse légèrement, s'offre tout entier pour prouver qu'elle a bel et bien sa place, dans le creux de ses bras, dans le creux de sa vie. Celui que l'absence a fait, celui qu'il s'est longtemps imposé. C'est con à dire. Con à penser.

Peut-être est-ce là qu'il aurait dû reculer. Peut-être est-ce là qu'il aurait dû dire que non, que c'était trop. Mais c'est peut-être bien la première fois qu'il est adulte, depuis longtemps, Alv. Qu'il choisit de pas laisser filer cette chance-là. Cette fille, cette femme, cette amie. Qu'à se dire que c'est peut-être bien ce qu'il aura de plus précieux, encore ce mot, dans la vie. Et si la guerrière avait voulu être mesquine, elle aurait pu lui demander si elle l'était bien plus que sa propre vie. Mais elle ne l'est pas. Se tait, se détache de cet instant. Engrange juste les informations, pour plus tard. Pour quand le vide se fera, quand le silence reviendra. Qu'il n'y aura plus de chaleur contre lui, plus dans le coeur non plus. Mais d'ici-là, tout brûle en lui. Et ça faisait longtemps. Tellement, même. Et ça a beau irradié, y'a comme un soulagement qui fait qu'il se détend. Qu'il est capable de faire durer le moment. De pas se substituer à ce contact. À Lyra. Au bonheur. La pogne dans la nuque vient à s'éparpiller entre les mèches, découvrir la forme du crâne sans s'en soucier. Juste à goûter à la douceur de ses cheveux. L'autre se fond un peu plus dans son dos, comme pour supplier de ne pas le quitter. Pourtant, c'est Alv qui rompra le contact des lèvres quand des coups de feu retentissent. Le film a avancé alors que le monde, chez eux, s'est suspendu. Il sursaute, avait occulté tout les sons mais ne pourra jamais se séparer de celui-ci. Légèrement hagard, avant de comprendre. Et de souffler un rire, alors que le souffle lui manque. "Ils en sont déjà là..." Qu'il murmure, avant de venir frôler le cou de Lyra, de son nez, de ses lèvres après les avoir pincé. Frôle la chair de sa bouche, dépose quelques baisers encore. Et y reste, en venant la serrer. Alv ferme les yeux, à ce contact. S'en repaît. Se repose. Une longue inspiration, la découverte de son odeur mélangée un peu à celle du popcorn, forcément. Finalement, il se détache doucement, laisse les mains retomber pour venir se poser de par et d'autres des cuisses, le visage de nouveau en face de celui de Lyra. Et un sourire en coin, toujours. L'air éternellement complice, avec elle. "J'ai déjà le droit de te dire que t'es magnifique... ?" Il parle bas, Alv. Comme s'il y avait quelqu'un que ça pourrait déranger, dans la salle. Mais c'est bien plus profond que ça. Il a juste peur, un peu. Parce qu'il a pas l'habitude. Qu'il sait pas bien ce qui peut se dire, qu'il a jamais trop vécu tout ça. Qu'il était trop insouciant avant. Alors qu'ici... Tout est différent. Alors il a pas envie de faire le moindre faux pas. A pas envie de tout foutre en l'air. Il l'a déjà trop fait, par le passé. Et y'a une cicatrice qui en témoigne, de ces abus. Et il en veut pas d'une nouvelle. Pas d'une, sur le coeur. Ni du sien, ni celui de Lyra. Alors, a-t-il le droit, déjà ?