Ce soir est comme les autres.
Le Silver Arrow ne déroge pas à la règle, c'est un bar sympathique où j'ai eu du mal à entrer.
Finalement, ce n'était pas la révélation que j'espérais.
Un peu déçu, je pose mon verre et regarde les personnes aux alentour.
C'est à ce moment là que je l'ai vue.
Une indienne vêtue de rouge avec une beauté insolente mais semble être blasée par une journée de travail harassante.

"Bonsoir jolie apparition ! Permettez-moi de vous offrir un verre"

Et s'il vous plait, rendez ma soirée intéressante.



@Preeti Sita

100 mots

La femme a l'air épuisée mais se lève quand même, abandonnant sa chaise et son verre.

Je la suis des yeux et le spectacle comme quelques minutes plus tard. Un corps souple, langoureux et agile se matérialise sur la scène sous les applaudissements et les dorures du costume. La danse lascive oblige mes yeux à rester rivés sur elle. Ses mouvements de hanche semblent m'appeler.
Je ramasse son verre et vais lui porter directement à sa sortie des coulisses.

"Je tiens à vous féliciter. Je suppose que vous allez être sollicité mais : accepteriez-vous de passer votre soirée en ma compagnie ?"

J'ai enlevé mon habit que l'homme me retrouve et me propose sa compagnie.
"Premier arrivé, premier servi, et pour mon verre et le compliment je vous remercie!"
Je m'assois de nouveau au bar, profitant enfin de la soirée (même sur le tard):
Les gens sont partis, ne reste que les poivrots, les employés et lui.

"Alors, comment vous appelez vous? C'est la première fois que je vous croise, j'avoue!"

Je regard mon verre prudente, mais il n'y a aucune texture alarmante. Et puis... pourquoi vouloir faire du mal à autrui, quand pour rester avec eux vous avez déjà dit "oui"?


100 mots

"Je m'appelle Sheitan, pour vous servir.
Et vous c'est Preeti à ce qu'on m'a dit ? Je dois dire qu'il vous est parfaitement bien assorti."

Quelle étrange sensation vient me frapper alors qu'elle porte son verre à ses lèvres avant de boire doucement le nectar. De justesse, je rattrape mes hormones et mes phéromones.

"Je ne viens jamais dans les clubs où il faut normalement montrer patte blanche. Je tiens plus du loup que de la brebis. Et mon quartier est plutôt modeste. J'ai été déçu jusqu'au moment où je vous ai aperçu !"

100 mots

"Des rumeurs que j'ai entendu ici et là. Que vous êtes une excellente danseuse professionnelle notamment. Mais je vous devine une nature bien plus profonde que vos courbes muent avec talent."

Un silence passe pendant lequel nous nous savourons du regard. Mes yeux glissent sur sa peau faute de mes paumes. Une vraie caresse, un simple contact me ravirait pour la semaine entière.

"Pour le moment, je regarde et converse avec une très charmante personne... mais je suis libre de travail. Je ne suis pas du genre a aimer cette valeur sociale."

Que lui répondre ? Prêtre ?

100 mots

"Je pense que vos talents ne se limitent pas à la simple danse, et vu votre maîtrise, j'espère sincèrement avoir raison. Vous n'êtes pas qu'un simple corps et je vous ressens beaucoup plus entière et passionné que ce qu'on peut dire de vous."

Bien évidement, la question sur mon travail ou son absence s'éternise.

"Mes objectifs de vie ? Être heureux, vivre au jour le jour... Pour ce qui est des envies professionnelles ... Comment te dire ? J'ai vraiment d'autres envies à présent...Et toi, qu'est ce qui te motive à te lever le matin ?"

De charmant il devient simplement gentleman, et j'apprécie de plus en plus sa compagnie au fur et à mesure de la discussion.

"Je suis ravie que vous me voyiez ainsi, et que vous ne vous arrêtiez pas à ce que vous avez entendu de moi. Vous êtes de bonne compagnie, le savez vous?"

Et non pas parce que je reçoit des compliments, mais plutôt par l'attitude respectueuse, les mots bien choisis... Un point faible que j'ai pu remarquer parfois sans pour autant passer le pas.

"Ma motivation... à vrai dire... Je poursuis un fantôme, je le crains."

De bonne compagnie ? Cela est très agréable à entendre. Pour une fois, j'ai l'impression d'être un peu plus qu'un simple prédateur, ou une simple aventure sans lendemain pour oublier ses soucis quotidiens.

De manière amusante, elle repasse au vouvoiement.

"Non, je ne le savais pas. Cependant je suis ravi que ma réputation à moi ne m'ait pas précédée. Elle est beaucoup moins flatteuse et vous ne m'auriez certainement pas dit ce magnifique compliment."

Un fantôme ? Qu'est-ce que cela peut-il bien être ?

"Souhaitez-vous en parler ou préférez-vous que je vous change les idées ?"

"Je trouve ton accent terriblement attirant."

En réalité, pour la première fois de ma vie, j'aurai presque honte de ma réputation mais cela fait certainement partie du jeu. Après tout, j'avais bien interrogé le barman bavard à son sujet.

"J'ai une réputation de charmeur. Beaucoup de personnes préfèrent cette façade et ne voient jamais au-delà."

Une tristesse voile son visage, je me maudis. Je passe ma main sur son épaule pour l'encourager. Au passage, je frisonne au contact de sa peau sous mes doigts.

"Si tu as besoin de parler... Nous avons toute la nuit."

Elle, une exception, ou moi un gentleman ?

"Très bonne question. Tu es sans aucun doute exceptionnelle, et j'espère être un gentilhomme."

Contre toute attente, elle ne souhaite pas passer à autre chose, visiter mon appartement ou me ramener chez elle. Bien au contraire, son visage s'éclaire et se dévoile alors qu'elle commence à me raconter son histoire. Ces derniers temps, je ne laisse plus beaucoup de place à mon prêtre intérieur, m'aurait-il corrompu d'une quelconque façon ?

Dans interrompre ma compagne, je l'encourage à continuer son histoire.

"Je t'en prie, dis-moi tout."

Je lui lance un clin d’œil en confirmant:

"Je crois sincèrement que tu as des manières de gentilhomme. En tout cas avec moi!"

L'homme m'encourage, en je dis d'une traite:

"Ma fille a été kidnappé pendant l'incendie de ma maison. Mon mari a été retrouvé mort à l'intérieur, assassiné. Depuis je la cherche, mais je n'ai aucun indice convainquant et je brasse le vide. Elle m'a sauvée la vie en étant mon dernier espoir, mais j'ai peur de me raccrocher aux branches d'un arbres déraciné..."

Je bois alors cul sec.

Son histoire me bouleverse plus profondément que je ne l'aurais imaginé. Voilà précisément pourquoi j'évite de connaître à fond les gens.

"Je ne suis pas doué pour redonner le moral aux personnes mais je vais faire de mon mieux."

Une grimace parcourt mon visage alors qu'elle finit son verre d'un coup.

"J'aimerai être un nouvel arbre dans ta vie."

D'où cette phrase m'est venue, je n'en sais absolument rien. Comme toujours avec moi, c'était une impulsion sur le moment.

"Mais en attendant, je peux être un tabouret sympa pour te soutenir."

Ses mots me touche et je souris de nouveau avant de poser ma main sur la sienne.

"Tu n'as peut être pas l'impression d'être doué dans le réconfort, mais merci, j'apprécie ton écoute... Parlons d'un sujet plus joyeux! Tu viens souvent ici? Je ne t'y ais jamais vu!"

J'hésite à commander un nouveau verre, mais finit par demander un diabolo violette: je ne veux pas être saoul, je veux profiter de ma charmante compagnie.

Mais le temps passe, bientôt tout fermera et je serais de nouveau seule...à part si j'ose l'emmener.

Le contact de sa main sur la mienne, naturellement, sans artifice, me fait l'effet d'une bombe. Sans phéromones, je me sens attiré par elle.

"Je suis ravi que me parler t'ai fait du bien. Tu en as besoin. C'est la première fois qu'on me laisse entrer ici. Un sujet plus joyeux... voyons..."

J'aimerais continuer dans ma lancée avec elle mais mes yeux se posent inexorablement sur sa main sur la mienne, comme deux amants.

"Ce qui m'oblige à me lever le matin, c'est de ne pas voir mon coloc'. Il est prêtre..."

Je laisse ma main un moment, contact naturel oublié, jusqu'à ce qu'il louche dessus.
Je la retire et m'excuse:
"Pardon, je ne me suis pas rendue compte du geste, j'espère ne pas t'avoir froissé..."

Un colocataire dans les ordres?
"Les prêtres ne vivent pas entre eux? Je croyais... Comment ça se fait que vous vivez ensemble?"

L'idée de cohabiter était drôle, et la situation incongrue. Il fallait détailler, ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait entendre une chose si curieuse! Et d'ailleurs...

"Tu ne dois ramener personne chez vous alors!"

"Pas de mal, ne t'inquiète pas. C'est juste que c'était ...

... intime, super excitant, ce pourquoi je suis revenu au monde !!!

"Étrangement agréable"

La conversation diverge et la femme semble oublier sa tristesse. Mission accomplie, elle a même troqué son verre d'alcool contre un diabolo.

"J'en sais rien en fait. Je crois que les moines vivent ensemble. Là où j'habite tient plus lieu de dortoir et je partage ma chambre avec un prêtre."

L'idée me fait éclater de rire.

"Sauf si je veux lui faire avoir une crise cardiaque, non."

"Non, ton contact est très agréable ! L'étrangeté vient du fait que je ne m'attendais pas à ce que ça le soit à ce point. Bon, je me suis mal exprimé. Refais le, pour voir !"

J'avance ma main en évidence sur le comptoir.

Quand elle me demande si je suis catholique, j'éclate d'autant plus de rire. La question est pertinente mais jamais on me l'avait posée auparavant.

"Pas du tout, tu peux te rassurer ! C'est simplement mon jumeau. Il avait besoin de compagnie, j'avais besoin d'une piaule... On s'est donc entendu."

Le refaire? Je ris sous la plaisanterie, et quand la main se tend vers moi, j'y dépose mes doigts sans hésitation: c'est bon enfant j'imagine, et j'aimerais savoir ce qu'il en pense réellement!

"Tu as donc un jumeau! c'est intéressant, j'ai toujours voulu avoir une fratrie. Mais à part ma cousine... Je suis fille unique. Vous vous entendez bien alors?"

Le signe que le barman me fait m'indique qu'il va bientôt fermer. J'hésite, puis murmure:

"Si ça ne te dérange pas, on peut continuer à discuter ailleurs... ou chez moi?"

Si elle me fait cet effet-là juste en me tenant la main, je suis très pressé de voir la suite.

"Non, pas spécialement... On est arrivé il y a quelques mois, il a voulu tout contrôler et j'ai du m'imposer..."

A part pour ses messes et ses obligations, c'est vrai que je ne lui laisse plus beaucoup de liberté, son esprit ne réussit plus à me contraindre.

Sa demande me fait oublié toute pensées concernant Kyan.

"Je te suis où tu veux pour que tu sois à l'aise. J'ai ma voiture à l'entrée, au besoin."