Balade nocturne pour la dame de minuit, la sorgue qui la scie avec damnation. Traits du zénith sous les bras des ténèbres. Chaleurs de ses nuits exaltées pourtant éloignées. Point de désir sous des draps satinés à combler. Juste la promesse de souffles funestes, froid et sans loi. Vagabonde parmi les déchus. Macchabées dévorés par l'âge clôt et les asticots. Des pas de velours qui foulent un sol autre que les débauches dorées. Chaussures s'enfonçant au sein de ces terres séniles, hantée par des tourments perdus et des chasses aux fantasmagories. Elle a troqué ses pieds pointus d'aiguilles pour des souliers de guerre. Armure de fourrure n'est plus, voilà la sorcière drapée de ces mailles d'antan. Celles si souvent souillées du pourpre des sèves mortelles, des agonies éternelles. Le gel qui l'attaque en traitre au couteau, l'épiderme s'en retrouve flagellé. Soir d'un printemps frais. Elle devient fumeuse sans nicotine avec ses souffles figés dans les airs endiablés. Nuit qu'elle réserve à son propre entretien. Machine à tuer qui se rouille, s'encrasse dans le luxe et la luxure. Et ces pensées oisives claquent les démons enterrés ici-bas, entrailles qu'elle refoule désespérément. A présent, la divinité reprend ses armes vengeresses, ses épées à feu, ses boucheries guerrières en toute amicalité. Juste histoire d'honorer ce sang Valkyrie.
Il y a ce front blond qu'elle aperçoit un peu plus loin. Colosse de colère en sagesse, qu'elle identifie parmi ses proches. « Bonsoir. » Morosité de ses contours d'Arès qu'elle cherche à illuminer. « Bonsoir Sven. » Sourire solaire, rayon de ses lèvres fendant les morsures nocturnes. Homme pressé, homme réservé, n'appréciant guère les conventions volatiles. Antipode d'une enchanteresse à la langue aussi pendue que défendue. Contemple ce tableau mouvant, peinture de croisade. Ces phalanges bourrues qui se noircissent, un cuir jurant des crimes muets. Ces gants indélébiles de l'invisible. Accessoire essentiel que la monstrueuse avait malheureusement oublié. Les siens reposant en paix dans leurs usures d'antan. Égéries de ces fougues militaires à ses obligations meurtrières. Il était probablement temps de les changer depuis le temps. « Prête pour une leçon en plein air ? » Challenge qui lui agrippe les tripes. Il y a ces braises au creux de ses iris vermeilles qui attendent la poudre à canon afin de se consumer. Ça lui renvoie l'appareil, celui d'un sourire complice. Rictus écho d'une jeunesse au garde-à-vous partagée. « Comme d'habitude. Surtout avec toi qui me réserves toujours des lieux insolites pour nos entraînements. » Répondit-elle, le regard s'élançant au sein du panorama au décor morne. Mais point d'appréhension ou d'effroi au menu, simplement des membres gonflés d'excitation. Adrénaline, vieille compagne qu'il lui manque douloureusement.
« Au moins tout ce qu'on risque ici c'est de tuer quelqu'un qui est déjà mort. » Constat irrévocable qu'elle ajoute dans la plus grande des simplicités. Balles perdues pouvant ainsi se loger sur des pierres tombales chevronnées par des dernières volontés ou des caboches trop remplies de fourmis et de pissenlits. Il y a ce mutisme urbain qui a le don d'agiter ses sens. Néant un peu trop animé. Poing vissé sur l'ossature lacérée de ses hanches, le regard jauge de nouveau l'ami de longue date. « Alors qu'est-ce que tu me réserves de beau ? » Curieuse, les bêtes dans sa tête titillent sa langue. Le viseur oculaire vogue sur les outils de glas apportés. Instruments chers à son cœur. Et cette nostalgie qui danse dans l'errance, des mémoires belliqueuses toutes belles de gloires et de perchoirs. Bien que la sale gosse, élève aussi assidue qu'agitatrice, s'était également donnée mission de faire cracher quelques mots autres que professionnels à l'assassin de glace.