You're back !

Pas sérieuse ? J'ai cruellement besoin d'un peu plus de précisions mais à sa réaction, je sais que je ne devrais pas trop insister. Je reste un instant à réfléchir, malgré ses provocations incessantes, il faudrait que je me rappelle de me méfier, de ne pas y aller trop vite avec elle.

"D'accord ... Il y a d'autres questions que je ne dois pas te poser ? Tant qu'on y est."

J'hésite même un instant à lui faire la conversation sans plus rien demander. Seulement, ma curiosité ne me facilitera certainement pas la tâche. C'est elle qui finalement reprend les rênes. Au delà de ses simples interrogations, j'essaye de savoir ce qu'elle espère comprendre derrière cette demande qui paraît simple. Malheureusement, lire dans les gens n'est vraiment pas mon fort et je me décide à répondre, simplement.

"Non, je ne m'attendais absolument pas à ton appel. Et pourquoi je devrais t'envoyer bouler ? Je ne suis pas revanchard ! Tu fais un pas vers moi, j'en fais un vers toi. J'espère qu'on se rejoindra d'ailleurs bien vite, toi et moi."

Quel serait mon intérêt de refuser ? Alors que j'ai tant à gagner à accepter ! Le seul truc est que je vais sans doute devoir payer l'heure et demie que je dois à Kyan pour m'avoir laissé sortir aussi tôt. Peu m'importe, ça en vaut la peine très largement !

"Pour ma part, j'aime par dessus tout me lier aux gens. Si un jour tu me vois ne plus parler à personne, c'est que je suis au bord de la déprime, juste à côté de la mort."

L'idée me fait rire. C'est quelque chose que je n'ai jamais spécialement compris chez les autres : pourquoi se faire la tête ? Pourquoi refuser un contact quel qu'il soit ? Même Kyan qui est plutôt d'une nature méfiante est le premier à se sentir incroyablement seul dès que le soir vient. Il ne me l'a toujours pas avoué, mais je sais qu'il apprécie que je prenne son corps pour ne plus ressentir l'amertume  de la solitude.

Je regarde nos plats qui se vident petit à petit. Poussé par ma curiosité, je ne peux pas m'empêcher de demander :

"Qu'as-tu prévu pour le dessert ?"

You're back !

Le mal aise a l'air d'être finalement passé. Je me détend à son sourire et la regarde plus intensément alors qu'elle m'explique les raisons d'un éventuel refus. Je me demande si elle est cynique ou peu sure d'elle pour avancer que j'aurais pu refuser le rendez-vous. Pour ma part, je ne me pose pas des questions à ce point là, quelqu'un souhaite me voir, je lui offre ce plaisir.

Nouveau point commun : nous n'avons pas véritablement de chez nous tous les deux. Si Kyan avait sa chambre dans son dortoir, force est de constater que ce n'était pas véritablement chez lui, et encore moins chez moi.

"Tu n'aimes pas les gens à ce point là ? S'ils fuient à la moindre contrariété, c'est bien dommage pour eux. Moi, je suis un poil plus opiniâtre que ça."

... Ou lourd, ou collant, ou obsédé, tout dépend à qui on demande en réalité. Après, c'est un écrémage intéressant pour ses connaissances, si elle ne supporte pas spécialement le fait d'être entourée. Au moins, les personnes qui restent sont sont réellement attachées à elle. Je me demande si je devrais m'amuser ou m'attrister de ce fait.

Naturellement, elle ne répond pas à ma question sur le dessert et cela me donne un petit sourire en coin. Toujours des mystères, renard ? C'est dommage, j'aurais bien aimé me sentir attendu pour une fois.

"Je sais que la gastronomie asiatique n'est pas réputée pour ses desserts. Du coup, oui, je pensais qu'on pouvait éventuellement le prendre ailleurs. Après, si tu n'as pas de chez toi, je pensais qu'on pouvait s'essayer à prendre une chambre dans l'un de ces love hôtels. Juste histoire d'être tranquilles, naturellement."

... Érotomane, définitivement.

Je me demande ce que ça peut donner avec quelqu'un d'aussi sauvage qu'elle. Que des choses intéressantes, je l'espère.