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Born to Be Wild

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Born to Be Wild - Mer 4 Avr - 21:33

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Sierra Moran ∞ Echo Nightingale


Le nom – Moran – revenait de façon régulière et absolue au fil des pages de ses dossiers. Elle feuilletait, surlignait une paire de lettres qu'elle considérait plus importantes que d'autres, soupirait au gré des témoignages, parfois larmoyants à gerber, d'autres fois pathétiques au possible, mais surtout, surtout elle tiquait chaque fois qu'elle voyait le nom s'inscrire à nouveau, noir sur blanc, récurrence agaçante dans cet amas de papiers chiffonnés. Sierra Moran. Elle n'avait que ça, pas bien plus. Deux-trois lignes de description chaotique – crinière ébène, œillades vengeresses et toute la panoplie de la parfaite furie. Ça et une poignée d'adjectifs peu flatteurs pour cette beauté empoisonnée. Violente. Agressive. Cinglée. Les qualificatifs tranchaient, sévères, sans appel, lui laissaient un goût acide en bouche et sur les lèvres. Sans doute parce qu'elle s'y retrouvait elle aussi, dans ces p'tits bouts de phrases volées, dans ces morceaux de haine que ses clients avaient craché sans ménagement.

Ça tombe, ça lui dégringole dans l'estomac, ça la plombe. Elle tremble mais n'arrête pas. Ce soir, il pleut des coups, ce soir, elle ne souffre pas, elle rend. Phalanges écorchées, mâchoires serrées, l'autre s'effondre. Pas mort, pas inconscient, simplement dépassé par cette révoltée désabusée.

Elle serra les dents, leva son verra, puis l'abaissa dès qu'elle se souvint de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Une journée, vingt-quatre heures ; une éternité. Une éternité dans laquelle s'était développée sa propre enquête au sujet de l’intriguante Sierra Moran, une éternité dans laquelle avaient fleuri des boutons de questions plutôt que les réponses qu'elle aurait aimé obtenir. Une éternité qui se clôturait dans ce bouis-bouis aux relents de pourriture ; soit, trop de temps passé dans une peau qui ne lui appartenait pas, qu'elle avait enfilé pour se fondre dans la masse aveugle des badauds et pister sa proie tranquillement. La taille moulée dans une robe noire d'un classicisme confondant, cheveux envahissants pour dissimuler, voire banaliser ses traits, plus une poignée de sacs de magasins : peu d'accessoires pour la changer en une jeune femme lambda accro au shopping et désireuse de continuer à cramer sa carte bleue. Une image tellement éloignée de la réalité.

Seul hic, aucune femme du genre qu'elle s'était donnée ne mettrait jamais les pieds dans cette merde que le gérant osait appeler bar. L'endroit empestait le fric mal dépensé. Certes, le mobilier rutilait, neuf et d'une propreté frisant la maniaquerie, mais le whisky semblait de piètre qualité, même pour elle, et leur bière paraissait visiblement tout droit tirée d'un fut de pisse chaude. Elle ne voulait même pas aborder la question des cocktails ensoleillés que proposait faiblement la barmaid ; elle était presque certaine que de l'eau fruitée remplaçait la vodka, sous les jolis petits parasols flottant. En soi, ce taudis flambant neuf restait un taudis et elle n'imaginait pas comment qui que ce soit pourrait s'y rendre sans qu'il y soit jeté de force, pieds et poings liés. C'est peut-être ça le truc.

Trop tard pour comprendre. Elle jeta un coup d’œil au box où son problème se trouvait – ma foi, bien calme jusque-là  – et un soupir trahit son humeur. Disparue, la demoiselle, envolée ! Et son masque de bien-pensante forcée ? Tombé, elle n'en doutait pas un seul instant. Le taudis est un piège et tu t'es fait avoir comme une bleue.

Et doucement, elle commençait à comprendre. Sierra Moran n'attirait pas les problèmes. Sierra Moran semblait être un problème.

Avec un nouveau soupir, elle repoussa son verre, déposa une poignée de billets froissés sur le bar, puis bondit de son tabouret pour se diriger vers l'issue de secours. La barmaid grogna une remontrance discrète mais déjà n'écoutait-elle plus.

Dehors, une pluie diluvienne battait les pavés. Haut dans le ciel, là où aucun ne s'attarderait jamais pour vivre, des lambeaux de nuages noirs s'accrochaient aux étoiles, gonflés des parfums humides de cette jungle de béton qui lui crevait le cœur. Les murs s'élevaient tout autour d'elle, tours décapées d'une autre époque, des murs dotés de fenêtres aveugles, striés de tuyaux gorgés d'eau à en craquer ; ces bâtiments aux façades noircies ressemblaient férocement à un rassemblement d'obèses, la peau rouge brique, le visage sillonné de veines-plastique, tous à se tenir proches les uns des autres, ils chuchotaient dans les ténèbres, menaçaient de l'écraser de leurs jambes de béton. Elle avait froid et elle se sentait oppressée, sans raison, comme cela lui arrivait régulièrement de l'être, mais elle n'en montra rien, parce que l'ombre guettait.

Libérée de sa multitude de sacs vides, Echo craqua une allumette sous le préau de sa paume pour s'allumer une clope. « J'en viens à croire que t'es peut-être bien à la hauteur de ta réputation. », murmura-t-elle en recrachant la fumée-cancer. Autrement dit, ça faisait bien longtemps qu'on ne m'avait pas cramée en train de suivre ma proie. Elle recula, s'adossa au mur pour trouver un semi-abri et laissa un frisson couler sur sa peau.

Elle n'avait plus qu'à attendre que le problème la trouve.
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Born to Be Wild - Jeu 5 Avr - 16:15

Elle a beau renversé le minois dans son crâne, il ne lui revient pas. La fille est jolie – le genre bien ordonné et quasi séraphique – mais mal-intentionnée. Nul ne remonte le sillage de Sierra sans compter son gallon de malveillance ou un karma bien amoché. Bien que sa perception soit affûtée, la pistée ne saurait dire à quelle espèce l’autre appartient. Son aura pue la récurrence mais tout Arcadia en déborde. Il est parfois difficile d’arpenter une rue, encore pire une avenue, sans rencontrer l’un de ces pairs dont il convient de se méfier. Le plus qu’il est possible, Sierra les évite, quel que soit leur néo-panthéon d'origine. Ce qu’elle peut leur infliger, ils peuvent rendre, et les divinités, dans leur puissance limitée et leur orgueil infini, ont une sale tendance à la surenchère. Alors, avant de confronter, elle a souhaité être certaine et Sierra a compris qu’on la suivait longtemps avant de savoir par qui. Encore maintenant, elle ignore son nom, ce qu’elle est, ce qu’elle fait. Elle est blonde, sublime dans sa petite robe noire ajustée ; bref, absolument pas couleur locale où Sierra a déjà quelques airs de féminité en trop. Les regards esquintent la sylphide. Elle ne paraît pas s’en rendre compte. C’est le plus suspect là-dedans : lorsqu’on est belle comme elle l’est, on en est la première informée et l’attention générale ne laisse jamais indifférente. Or, elle n’est ni flattée ni offensée, à peine surprise de se trouver là, dans ce ramassis de mauvais garçons et d’homme pathétiques. Ce serait amusant, amusant-ironique, si Sierra n’avait une sainte horreur qu’on ne la file.

Ce petit jeu dure depuis un moment mais, ce soir, il s’arrête. Sierra pourrait se contenter de la semer, comme elle le fait avec certains limiers de la Camorra lorsqu’elle les trouve un peu trop proches ou trop confiants. Mais au moins sait-elle qui il sont et ce qu'ils lui veulent. Là, c'est différent, dans le sens déplaisant, hautement irritant. Qu'on croit pouvoir l'épier sans se faire rembourser est de ces impunités qu'elle digère mal ; peut-être parce qu'elle a elle-même l'habitude de le commettre ; sans doute car cette sorte d'intérêt n'apporte que des ennuis à qui le subit et ne le décourage pas. Là, elle sait être de la seconde espèce.

« Je te conseille d’avoir une explication très convaincante. » Elle s’est éclipsée, l’air d’avoir surpris sa giboyeuse et de s'être dédouanée. Elle regrette quelque peu sa bière tiède, encore à moitié pleine ou déjà à moitié vide (c’est selon). Il sera toujours temps de célébrer un énième cadavre dans la gotham divine plus tard, à la seconde où cette blonde placide refusera de lui fournir les quelques éléments de réponse exigés. Au menu de ses arguments, Sierra prend tout de même soin d'exhiber, avec le cran d'arrêt entre ses doigts, le pistolet sous son blouson. Elle reste méfiante, toujours un tantinet prudente lorsqu'il s'agit de se frotter aux échos immortels. On tombe si aisément sous l’emprise de quelqu’un, mais peut-être n’est-elle que le chef d’orchestre de la pluie battante qui lui fouette le visage et la fait grimper de volume : « Ou un nom. » Les enfoirés de tous horizons font rarement leur sale boulot eux-mêmes. Ils aiment mieux les clébards envoyés en éclaireurs, qui mettent un bon coup de croc dans la proie qu'ils viendront achever après un délai quelconque de leur fantaisie.

À son tour, Sierra serre le mur du bar, cherche moins un abri qu’à inspecter la sortie de secours. Ils pourraient être plusieurs, chasser en meute, et elle n’avoir rien compris. C'est la tranquillité trop manifeste de sa poursuivante qui la pique ; on lui donne rarement la chasse sans un soupçon d'inquiétude pour sa vie.

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Born to Be Wild - Dim 8 Avr - 15:08

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Sierra Moran ∞ Echo Nightingale


Et l'ombre la trouva, le problème vint finalement à elle.

« Je te conseille d’avoir une explication très convaincante. ». Timbre grave, l'avertissement résonna clairement, et ce malgré le bourdonnement de la ville – le ronron des voitures, les craquements de portes, les battements de la pluie ; tout disparut sous la menace. La silhouette longiligne de sa proie se découpa sur les ténèbres environnantes, à la manière d'un personnage tiré d'un théâtre d'ombres, et l'équilibre se renversa immédiatement : les rôles s'inversèrent et de chasseuse, Echo devint proie à son tour.

Sublime magicienne des menaces, une lame glissa entre les doigts de Sierra Moran, sans doute tirée d'une manche ou d'une poche habilement dissimulée sous le blouson. Habile, la demoiselle, et également un brin terrifiante pour quiconque d'impressionnable. Echo n'appartenait pas à cette espèce de personnes, sans doute légèrement trop suicidaire sur les bords pour éprouver la peur aux moments adéquats, mais elle devait admettre que la ténébreuse n'était guère rassurante. Encore moins dans les ombres mouvantes de cette nuit poisseuse. Habituellement, elle ne tremblait pas dans ses bottes, pas devant ceux qui souhaitaient la déstabiliser, plus depuis ses seize ans, plus depuis qu'elle avait repris le contrôle sur sa vie, sur son don. Mais cette fois, sans qu'elle n'en tremble, elle l'imaginait assez rapide pour lui trouer l'estomac avant qu'Echo ait pu lui suggérer de ne pas le faire grâce à son talent particulier. Et surprise surprise, l'idée ne lui plaisait pas particulièrement.

Sierra continua d'approcher, de se dévoiler, et malheureusement, ce n'était pas le genre d'effeuillage qu'Echo affectionnait. Les courbes n'accueillaient pas seulement du tissu, mais un flingue, lourd contre sa hanche, probablement un beau calibre qui lui creuserait un autre trou dans le cœur, si jamais le cran d'arrêt ne suffisait pas à l'évider comme une truie. De mieux en mieux. « Ou un nom. », ajouta son problème.

Oh, j'ai une explication, voulut-elle répondre, convaincante, je ne sais pas, mais je la trouve amusante. Elle tira une taffe, expira la fumée, lentement, pour gagner du temps, alors que l'autre la rejoignait sous son abri. Ses yeux se faisaient traqueurs, méfiants, ils fouillaient l'obscurité. Pensait-elle qu'Echo n'était pas venue seule ? Elle cracha un rire cinglant ; Echo ne vivait pas en meute, elle s'apparentait davantage à une louve solitaire.

« Sierra Moran. », ronronna-t-elle en tirant une nouvelle latte grésillante, « T'es une célébrité à mon travail, tu le sais ça ? Les gens n'arrêtent pas de parler de toi. ». La blonde jeta un coup d’œil à ses côtés et dégaina un sourire fourbe. « Inutile de préciser qu'ils ne sont pas tendres. ». Ils crachent venin et insultent à tour de bras, parce que tu leur fais peur, Sierra. Eux tremblent bel et bien à l'idée que tu puisses venir les retrouver, alors même que tu n'es pas leur menace principale. Tu dois être sacrément douée dans ton rôle de séduisante croquemitaine.

Elle fourra la main dans une poche de sa veste en cuir, puis en retira lentement une carte de visite. Un petit bout de papier plastifié, dans lequel un professionnel de l'impression avait gravé quelque brève description. Nightwatch. Echo Nightingale, détective privée. Un numéro de téléphone, une adresse. Mise en page simplissime, police sombre ; un truc discret qui correspondait à l'esprit de la maison. Echo la lui tendit, puis patienta jusqu'à ce que Sierra se décide à y jeter un coup d’œil ou à s'en saisir. « Je dirais bien que je suis enchantée de te rencontrer, mais c'n'est plus le cas depuis que tu m'as traînée dans ce taudis. ». En tant qu'alcoolique notoire, Echo ne se révélait pas bien difficile concernant la merde qu'elle avalait – whisky bas de gamme, liqueur bon marché, tout, absolument tout y passait. Du moins, c'est ce qu'elle croyait jusqu'à ce soir.

Elle jeta une autre œillade à Sierra, examina la pâleur de son teint de porcelaine, sa crinière gorgée de pluie, puis ses yeux, ses yeux toujours aussi terribles. « Cette bière que t'as commandé... Je crois qu'on devrait te faire un lavage d'estomac. Pour ta propre sécurité. ». Semi-plaisanterie, qu'elle ponctua d'un plus poli ; « Clope ? » en lui tendant son paquet ouvert déjà bien entamé.
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Born to Be Wild - Lun 9 Avr - 22:35

La nonchalance de la chasseresse agace, joue sur un instinct irascible et des réflexes capricieux. De telle sorte que les méninges les plus malades se mettent à penser que la cigarette portée aux lèvres ferait un bel effet sur les avant-bras ou les cuisses, et rendrait peut-être leur propriétaire plus bavarde et un tantinet moins sereine. Car, de son côté, Sierra remarque que la donzelle ne moufte pas, jette à peine un regard au cran d'arrêt, plutôt comme s'il ressemblait à un autre que comme s'il pouvait lui trancher la gorge. Fort bien, la jolie blonde n'est pas impressionnable mais on n’en est encore qu'aux présentations les plus sommaires. L'albanaise est d'ailleurs tout près de lui souffler quelques détails sur sa nature un peu trop prompte à la saignée – choisis avec soin parmi pléthore de crimes – quand son nom en toutes lettres lui fait tenir les lèvres closes quelques secondes encore. Le regard se plisse, guigne à travers le rideau de pluie. Il n'y a rien d'étonnant à ce que quelqu'un qui la suive sache son nom mais le restant laisse perplexe. « Tu fais quel genre de travail ? demande Sierra avec la même portion d’exigence et d’ironie dans le timbre. » Dans son milieu, la célébrité n'est jamais une bonne chose. Bien que rangée parmi les honnêtes citoyens depuis quelques temps déjà, Sierra sait qu'on n'efface pas, jamais complètement, un passé comme le sien. Il reste des ennemis autant que des opportunités, et elle est disposée à les poinçonner les uns après les autres jusqu'à la fin de sa vie pour demeurer dans son carré de tranquillité. « Je me fous totalement de ce qu'on t'a raconté sur moi, elle ajoute, s’il fallait vraiment le préciser, pendant que la blonde part fouiller sa poche. » Définitivement prête à couper dans son capital santé au moindre geste suspect, Sierra la regarde faire, pupilles rétractées, prise plus ferme sur la garde.

Elle n'aime pas la tournure des évènements. La plupart se mettent à genoux, commencent à chouiner, renvoient la faute sur untel ou un autre, suivant qui leur a glissé l'enveloppe pleine de billets. Les récurrences, enfin, ont souvent une approche plus brutale. Ils disent ce qu'ils ont à dire et tout est vite réglé dans le sang de l'un ou de l'autre, ou dans les sangs des deux. Cette fois, ce sera différent et elle s'empare de la carte de visite pour se le faire confirmer. La mention détective privée la fait lourdement soupirer et reprendre, un peu, son bras. Les intermédiaires sont gérables, plus appâtés par les sommes que tenus par la loyauté. En d'autres termes : il y a toujours moyen de s'arranger.

Sans toutefois ranger le couteau, Sierra se détend de manière sensible et se fend d'un sourire mauvais : « Ça t'apprendra à suivre quelqu'un qui n'y tient pas. » Le rectangle plastifié est rangé dans une poche, car on n'est jamais trop prudents avec les informations obtenues de bon gré. Sans compter qu'il n'y a souvent qu'un pas entre le privé et l'assassin... « Et tu me la dois, cette bière, aussi dégueulasse et bas de gamme qu'elle soit. » Étant entendu qu'il a bien fallu abandonner l'acre breuvage pour la ferrer de ce côté-ci du troquet. La manœuvre, au moins, n’a pas conduit au bain de sang. Pour autant, Sierra est assez pressée d’en terminer. « Range ton paquet, princesse, décline-t-elle la clope en même temps qu'elle s'applique à mettre du mépris dans l’intonation (car la fille – Echo – ressemble plutôt à une poupée qu’à un limier). Et dis-moi plutôt ce que tu me veux pour que je t'explique le plus tôt possible que tu l’obtiendras pas. » Pas de son plein gré. Pas de cette manière. « Je ne sais pas qui tu es, mais je peux te dire que tu ferais mieux d'abandonner ce boulot, peu importe qui t'envoie… » Il y a déjà moins d'animosité dans la carne. On dirait plutôt une sorte de conseil inspiré. Une recommandation amicale.
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Born to Be Wild - Mer 18 Avr - 22:32

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Sierra Moran ∞ Echo Nightingale


La pluie continuait de battre le pavé, de laver la cité de ses pêchés, battue inlassable, insensible à l'échange oiseux entre le problème et la détective, entre le croquemitaine et l'addict. La lame, elle, continuait d'étinceler, de refléter l'éclat fauve des lampadaires, et la conversation prenait doucement naissance, méfiance et sarcasme liés en une seule torsade. « Tu fais quel genre de travail ? », la question tomba, évidente, attendue. Echo ne lui offrit néanmoins aucune réponse, préférant tirer une nouvelle taffe sur sa clope déjà à moitié consumée. Le genre qui ne te plairait pas, poupée. Réponse qu'elle se garde d'offrir ; elle jouait déjà avec le feu, sans qu'en plus, elle ne se mette à sciemment adopter un comportement suicidaire en plongeant dans les braises à pieds joints. Et puis, la demoiselle le saurait bien assez tôt. « Je me fous totalement de ce qu'on t'a raconté sur moi », précisa rapidement la brune. Évidemment que tu t'en fous. T'es pas du genre à te laisser toucher par des racontars, qu'ils soient fondés ou non. Mais tu devrais peut-être te la jouer plus discrète, si tu veux continuer de rester à l'écart des problèmes – dans une moindre mesure. Si je peux te retrouver, d'autres le pourront aussi, et tous n'auront pas d'intentions aussi détachées que les miennes.

Éjectée de sa poche, Echo garda le bras tendu, la carte de son cabinet perchée au bout de ses doigts. Voilà qui répondait à ses questions. Nightingale, détective privée. De quoi mettre en non-confiance. Moran arracha le bout de plastique à son emprise et ses yeux suspicieux glissèrent sur les lettres à moitié enterrées dans le papier. « Ça t'apprendra à suivre quelqu'un qui n'y tient pas. ». La carte plastifiée disparut rapidement, engloutie dans un repli du tissu mais Echo nota le sourire, un sourire à l'envers, certes blindé, du genre pas forcément agréable, mais qu'elle associa à une petite victoire. Remarque, voilà longtemps que tu ne comptes plus sur les victoires avec un grand V, gamine. « Et tu me la dois, cette bière, aussi dégueulasse et bas de gamme qu'elle soit. ». Pas de soucis, si l'argent lui avait parfois fait défaut, posant un paquet de problèmes – dont une absence de toit au-dessus de son crâne – ce n'était plus un manque à présent. Elle n'était pas friquée mais l'idée de payer une paire de bières dégueu' à Sierra lui plaisait, encore plus si l'alcool pouvait lui délier la langue. « Je te propose un truc ; je te paye autant de bières que le nombre de questions auxquelles tu voudras bien répondre. ». Condition sine qua non si Sierra Moran voulait qu'elle lui repaye la merde liquide qu'on lui avait servi en pression. Lèvres retroussées en un sourire amusé, elle haussa un sourcil, un petit deal ? silencieusement suggéré.

« Range ton paquet, princesse ». Le surnom lui arracha un rire désabusé. D'aussi loin qu'elle se souvienne, personne n'avait jamais pensé à associer la blondeur, l'arrogance et la vulgarité littéraire d'Echo au mot princesse. Elle n'en avait pas l'allure, ni la parole, ni même les objectifs. Echo, elle ressemblait davantage à un chevalier noir, qui s'était fait fracasser par le dragon, puis qui s'était perdu en chemin, sans jamais se retrouver. « Et dis-moi plutôt ce que tu me veux pour que je t'explique le plus tôt possible que tu l’obtiendras pas. ». Pas facile en affaires, son problème, mais cela ne la dérangeait pas. C'était ça le truc, Echo avait suivi une impulsion, une envie volatile pour s'éloigner un peu de sa propre routine, mais elle n'attendait rien de Sierra Moran. Du moins, elle aurait aimé savoir comment sa réputation avait réussi à prendre une telle ampleur mais si la brune ne voulait pas cracher le morceau, elle arrêterait l'enquête – il n'y avait même jamais eu d'enquête à proprement parlé, simplement quelques recherches personnelles. « Je ne sais pas qui tu es, mais je peux te dire que tu ferais mieux d'abandonner ce boulot, peu importe qui t'envoie… ».

Echo lâcha la clope, écrasa du talon le peu de tabac qui continuait à cramer sans permission entre deux flaques vaseuses, puis regarda Sierra de manière plus franche – plus seulement de biais ou par coups d’œil furtifs. « Personne ne m'envoie, si ce n'est ma propre curiosité. ». Un millième de seconde passa, puis elle arbora un sourire en coin, murmurant d'une fausse joie : « Surprise ! ». Craignant soudain que la plaisanterie ne survienne trop tôt pour la jeune femme et que l'envie de jouer du couteau la reprenne à nouveau, Echo se dit que c'était le moment parfait pour expliquer la situation. Brièvement. « En fait, j'ai vu ton nom revenir tellement de fois dans mes enquêtes que j'en suis venue à me demander à quoi pourrait bien ressembler Sierra Moran. ». L’insaisissable ouragan de colère, qui mettait parfois à sac les maisons qui se dressaient sur son chemin ou les corps qui la défiaient. Le regard de la blonde coula sur la silhouette, ses courbes, sa peau à nue, sur la paire de jambes interminables, les cheveux épais mouillés par la pluie, puis haussa une épaule, régalée. « Je ne suis pas déçue. ».
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