Le vent souffle dans ses cheveux bruns, les agite, les rigidifie du sel des embruns. Et libre et sauvage, il agite également la chevelure brune de Lyra, fait voler ses mèches sombres comme un étendard obscur. Ses yeux se posent sur cette silhouette qu'elle connaît par coeur, et elle sourit légèrement, la fille du désert, la reine de sept mers. Sa soeur, son sang, son coeur, son âme. Celle dont elle avait toujours été la plus proche. Celle avec qui elle avait partagé ses jeux, celle pour qui elle accepterait de traverser l'enfer. Dans toute vie, dans toute éternité, elle mourrait pour Lyra. Sa partenaire et sa meilleure amie. Sa complice. Elle regrettait encore le jour où elle avait accepté de l'embarquer dans ses aventures. Et ne le regrettait pas un instant. Tout était mieux, en présence de Lyra. Plus équilibré. Plus beau. Elle était l'autre partie d'elle-même, probablement sa meilleure partie. Celle qu'elle protègerait toujours. Elle qui s'était toujours sentie capable de tout abandonner derrière elle et de prendre la mer pour ne jamais revenir savait qu'elle n'en aurait jamais la force. Parce qu'elle ne serait pas capable de laisser Lyra. N'en avait jamais été capable. Et c'était bien la raison pour laquelle elles étaient sur son bateau, toutes les deux. Elle, elle avait repéré une épave, lors de l'un de ses prélèvements pour le laboratoire. Et Lyra l'accompagnait, comme toujours. Alors elle arrache son regard de sa soeur et laisse ses yeux glisser vers sa boussole. 31°31'01.5"N 80°31'59.8"W Ce que les chiffres indiquent, son instinct le confirme. 'On approche. On est tout près.' Elle a toujours eu cette connexion à l'eau. La mer qui lui parle, lui souffle ses secrets à l'oreille. Et c'est naturellement qu'elle sent la présence de l'épave, en profondeur. Alors elle retire sa chemise, laisse apparaître le maillot de bain qu'elle dissimule dessous. 'Prête, Croft? J'ai besoin de mon archéologue préférée.' Un clin d'oeil, un sourire affectueux, et elle rajuste une mèche brune de sa soeur derrière son oreille. C'était elles deux contre l'univers. Depuis toujours, et pour toujours.
Embrun qui vient lui fouetter le visage. Gouttes d’eau de mer qui se déposent sur l’épiderme en laissant apparaitre de légères taches blanches dues au sel. Les paupières closes, inspiration profonde, et Lyra profite du moment. De ses cheveux qu’elle sent voler au gré du vent, de cette odeur iodée dont elle raffole tant, et surtout, de cette présence qu’elle sent plus que les autres. Sa sœur. Son aînée, sa meilleure amie. Partner in crime. Partenaires d’expéditions, de pillages, de revente. Partenaire de vie. Celle qui passera toujours en premier. Celle pour qui elle remuerait ciel et mer. Elles deux, envers et contre tous. Les inséparables qui voguent au large de la côte à Est. Dans le prolongement de la frontière de la Géorgie et de la Caroline du Sud. « On approche. On est tout près. » la môme sourit et ses prunelles se posent une nouvelle fois sur la silhouette de son ainée, un peu envieuse de son rapport avec l’océan. Pas jalouse, juste envieuse et admirative. Si Lyra a toujours su que l’eau était son élément et qu’elle se sentait merveilleusement bien sur un bateau ou au milieu des vagues ce n’était rien comparé à son ainée et le rapport privilégié qu’elle avait avec. Au moment où Nessie se débarrasse de sa chemise, Lyra en profite pour suivre le mouvement et laisser son short en jean tomber à terre, suivi de son débardeur. Les deux princesses al khayzuran, splendides dans leurs maillots de bain. « Prête, Croft? J'ai besoin de mon archéologue préférée. » une mèche de cheveux remise derrière son oreille et la cadette en joue, pose pendant quelques secondes. « qu’est ce que j’aime quand tu m’appelles comme ça. » lache-t-elle avant d’éclater de rire. Qu’est ce qu’elle aime sa sœur tout court. Sa moitié. Sa meilleure moitié. Elle attrape les palmes, s’approchent du bord du bateau en jetant un coup d’œil aux bouteilles de plongée. « Tu m’aideras ? Je porte pas ces trucs sur mon dos. » Nessie e sa faculté à être littéralement comme un poisson dans l’eau. Faculté bien pratique lorsqu’il s’agit d’aller découvrir les merveilles des fonds marins. Une véritable bulle d’air personnelle, ambulante, pour explorer piller. Job de fortune, adrénaline qui court dans les veines à chaque expédition. Plus qu’une envie et un gagne pain, c’est devenu une véritable addiction que de se rendre dans chaque épave. Elle attrape son sac habituel, et elle attend pas une seconde de plus pour plonger et remonter à la surface. « Il attend quoi le sushi ? » sourire en coin sur les lippes de la cadette, à attendre sa partenaire. Parce que sans elle, Lyra serait bien perdue.
La mer comme empire sur lequel elle règne sans partage. Son trône, son royaume, sa couronne. L'océan comme seul véritable amant, comme seul compagnon de ses jours. L'océan qui part, l'océan qui change, l'océan qui revient toujours. Océan qui prenait sans la moindre pitié, et qui donnait tant, aussi. La mer comme seule maîtresse. Et Lyra, qui point de repère, comme ancre, comme part d'attache, qui l'empêcherait éternellement de partir sans espoir de retour. Lyra, vers qui elle reviendrait toujours. Si l'eau étaient son élément, si la Jordanie l'avait vu naître, c'était Lyra sa maison, sa terre. L'astre qui guiderait toujours sa route. Sa petite soeur, celle dont elle avait toujours été la plus proche. Celle qu'elle chercherait toujours à protéger du monde entier, celle qui n'en avait jamais eu besoin. Sa moitié, son équilibre. Sa partenaire de crime. Probablement que, si la situation n'avait tenue qu'à elle, elle n'aurait pas embarqué sa cadette dans ses pirateries. Seulement, tout n'était pas uniquement de son ressort. Et elle connaissait suffisamment sa soeur pour savoir pertinemment qu'un refus ne l'aurait pas découragée. Alors elle n'avait pas lutté, la reine des sept mers. Et qui était-elle pour se permettre de refuser à sa cadette, à son sang, l'aventure et l'adrénaline qui remplissait chacune de ses propres journées? Et, égoïstement, elle voulait la présence de sa sœur à ses côtés. Parce que ses sœurs étaient probablement le plus beau cadeau que son père ait pu lui offrir. Et le sourire de Lyra pour éclairer sa journée. « qu’est ce que j’aime quand tu m’appelles comme ça. » Clin d'oeil et léger rire à l'attention de sa cadette. 'Tu es notre tomb raider attitrée, aussi.' Son génie de petite soeur, son archéologue de talent. Sans qui l'aventure ne serait pas aussi intéressante. « Tu m’aideras ? Je porte pas ces trucs sur mon dos. » Son regard glisse dans la direction qui avait capté l'intérêt de sa soeur, et tombe sur les bouteilles de plongée. Et c'est un fin sourire en coin qui étire ses lèvres. 'Pour qui tu me prends? Pas question que je te laisse porter ces trucs.' Elle n'avait pas besoin de matériel de plongée. N'en avait presque jamais eu besoin. Mais un instant, elle referme les yeux et sens de nouveau l'océan déchaîné se refermer sur elle, l'eau salée s'engouffrer dans ses poumons. Elle avait eu si peur, s'était montrée si inconsciente. Et dans sa frayeur, elle avait été incapable de plier l'eau sous sa volonté. Emportée par les flots, balayée comme une brindille dans la fureur des vagues. Ce serait différent, ce jour-là. Elle avait l'habitude, désormais. Un courant d'eau chaude qui les nimberait comme une aura pour leur éviter d'avoir froid. Une bulle d'oxygène emprisonnée dans les flots pour leur éviter le manque d'oxygène. Elle était ce que tout plongeur expérimenté aurait rêvé posséder. Et elle mettait tout aux pied de Lyra, pour la protéger alors qu'elle pénétrait son domaine. Un jet d'eau, quelques éclaboussures, et sa soeur disparaît, s'enfonce avec enthousiasme dans l'eau salée. « Il attend quoi le sushi ? » Et elle, l'aînée, elle rit fort, si fort. Un rire libre, qui s'envole avec les mouettes. 'Fais gaffe à tes fesses, Croft.' Un clin d'oeil, et elle jette l'ancre. Quelques gestes experts, et les noeuds naissent entre ses doigts. Des palmes à ses pieds et un sac sur son dos pour compléter le tableau, et elle saute à l'eau, elle aussi, sans la moindre grâce - sans la moindre envie de se montrer gracieuse. Le contact de l'eau qui l'apaise, et les courants qui dansent entre ses doigts. Et l'émerveillement toujours, comme au premier jour. C'est un sourire presque béat qu'elle présente à sa soeur, avant de tendre les mains devant elle. 'Prête? Dès que tu mets la tête sous l'eau, je te crée la bulle. Comme d'habitude. Mais sois mignonne et évite de nous assombrir les fonds marins.' Sourire affectueux, et déjà, elle sonde les fonds océaniques, plie la sauvage mer sous sa volonté.
Clin d’œil de sa frangine qui ne fit qu’accentuer le sourire qu’elle a sur les lippes. « Tu es notre tomb raider attitrée, aussi. » « aussi canon que celles qui l’ont représenté ? » demande-t-elle en rigolant sans y croire un seul instant. Mais si elle en a au moins la matière grise, la jordanienne en est plus que satisfaite. Parce que si la nature –et la génétique- l’a plutôt bien doté question neurones, elle n’en a pas moins bossé dur pour arriver là où elle est. Alors Lyra, elle favorisera toujours son intelligence à son physique, même si elle continuera de clamer qu’avoir les deux, c’est toujours mieux. Elle pose les yeux sur les bouteilles de plongée. Grimace qui s’affiche, hors de question. « Pour qui tu me prends? Pas question que je te laisse porter ces trucs. » le sourire retrouvé à l’idée de se sentir libre sous l’eau. Presque comme un poisson dans l’eau. Certainement pas autant que son ainée, mais sans ces poids, elle s’en rapproche. « Je savais bien que je t’aimais pour une raison. » foutaises totales. Elle a toutes les raisons du monde d’aimer Nessie, et elle en même temps aucune. Elle l’aime pour elle, ce qu’elle est, ce qu’elle représente. Mais elle l’envie aussi, de cette connexion particulière qu’elle a avec l’océan. Cette facilité de s’y mouvoir, de le comprendre. Une communion quasi parfaite que Lyra aurait aimé partager tant elle aime s’y trouver. Alors bien souvent, elle se contente d’observer. Observer son ainé et cette fusion totale avec un océan parfois capricieux. Un instant, la cadette ferme les yeux, l’odeur de l’iode qui lui chatouille les narines, les rayons du soleil qui caressent sa peau. Rien de plus agréable. Si ce n’est son monde à elle. Les nuits calmes d’été, surplombée d’une lune majestueuse. Ou les nuits agitées de tempête, menaçantes, orageuses, qui animent un peu plus son esprit. Mais normalement, rien de trop mouvementé pour aujourd’hui, elle l’espère en tout cas. Mais elle le sait, Lyra, rien n’est jamais sûr avec l’océan. Il est puissant, et il prend parfois ses droits. Peu importe les affinités. Peu importe les divinités. Aujourd’hui, c’était des conditions idéales et sublimées par les aptitudes de Nerissa. Une bulle d’oxygène juste pour elle, pour s’enfoncer toujours plus loin, jusqu’à l’épavge désirée. Un véritable avantage pour deux pirates dans leur genre. Ca leur donnait plus d’accès –ou plus facilement- plus rapidement. Des épaves convoitées que les sœurs al Khayzuran raflaient à tous les coups. Un saut et Lyra se retrouve dans l’eau salée, le sourire aux lèvres et l’œil rieur à taquiner la brune. Clin d’œil à ses aptitudes aquatiques qu’elle ne cesse de moquer gentiment à défaut de les posséder. Le rire de Nessie, ce rire franc, sincère, du fond du cœur, bordel que c’est agréable. Une musique qui ravit le cœur et les oreilles. « Fais gaffe à tes fesses, Croft. » Une expression faussement innocente avant d’être légèrement suspicieuse. « Je t’interdis de me refaire le coup de la machine à laver, là-dessous. » Un air de gamine boudeuse sur la face de la princesse des sables. « C’était pas très gentil. » une taquinerie de plus entre frangines, à plusieurs mètres de profondeur. Rien de bien dangereux. Juste assez fort pour l’emmerder un peu et lui mettre la tête à l’envers. L’ancre jetée, les nœuds habilement réalisée et sa sœur parée, elle la rejoint dans le grand bleu, telle une baleine en plein ballet aquatique malgré son corps de déesse.
Elle passe ses mains dans ses cheveux avant de tourner la tête vers Nessie, un sourire adorablement idiot sur ses lèvres. Elle rit, elle peut pas s’en empêcher en voyant sa tête puis glisse ses mains dans les siennes. « Prête? Dès que tu mets la tête sous l'eau, je te crée la bulle. Comme d'habitude. Mais sois mignonne et évite de nous assombrir les fonds marins. » Nouvel éclat de rire alors qu’elle hausse les épaules. « C’était pour donner une ambiance tamisée. » elle sourit, rit encore avant d’abdiquer. « Promis. » Sauf si un requin ou quoique ce soit la prend par surprise et qu’elle se met à ne plus rien contrôler. Scénario catastrophe. Un clin d’œil à sa frangine et Lyra glisse sous l’eau. Presque immédiatement, elle se sent respirée, une véritable bulle d’air créée autour de sa tête, qui suit chacun de ses mouvements. Le paradis. Le visage de Nessie qui arrive quelques secondes après, et les frangines se mettent en mouvement. Elles s’enfoncent, dans des eaux encore claires qui s’assombrissent progressivement. Elles battent des [stroke]nageoires[/stroke] pieds plus rapidement, Lyra qui suit comme elle le peut, certainement pas aussi rapide et à l’aise que ne le sera jamais Nessie. Et elle se dessine la masse sombre, là, sous leurs yeux. Encore un peu floue mais bien visible. Leur trésor à portée de main. L’adrénaline dans les veines, les pirates en herbe excitée comme des gamines le jour de Noël.
Elle se fait mutine, sa sœur, taquine. De ces mots qui volent allègrement entre êtres du même sang, de ce ton joueur qu’adoptent toujours membres d’une même fratrie. Et Lyra était plus que sa sœur. Elles étaient nées des fragments d’une même étoile, de la poussière d’une même comète, de la même essence et des mêmes atomes. Lyra, la meilleure partie d’elle-même, la plus belle. Depuis toujours et pour toujours. Chiots fous qui se chamaillent à coups de mots et d’œillades affectueuses. Elle se faisait souvent la réflexion que le monde serait moins beau, sans Lyra. Plus amer, moins doux. Et ce serait probablement le cas. Comme s’il manquait un élément dans son écosystème. Le plus essentiel, le plus omniprésent. « aussi canon que celles qui l’ont représenté ? » Le sourire dévoile ses dents, mi-carnassier, mi-joueur, aux mots de sa cadette. « Plus encore. Elles avaient pas mes gènes, les autres. » Mais elles étaient plus que leur simple beauté, les filles al Khayzuran. Elles avaient la noblesse des traits de leur père, l’aura de mystère des nuits d’Orient, et l’esprit affuté de la maligne Shéhérazade. Elles étaient de ces créatures qui peuplaient les mythes et qui n’appartenaient à nul être, nulle autorité. Elles étaient fortes, aussi. Mythes que leur père leur contait autour d’un thé brûlant dans l’enfance, mythes qu’elle avait toujours refusé de voir autrement que ce qu’elles étaient – des histoires fantastiques, illusion façonnée dans les mots d’un géniteur qui se rêvait plus puissant que ce qu’il était réellement. Et pourtant, il y avait ces phénomènes, cette magie au bout de leurs doigts à toutes – au bout de ses doigts. Et l’eau qui se pliait à sa volonté, pour permettre à Lyra de respirer sans bouteille sous les plus importantes des profondeurs, juste parce qu’elle le désirait. Elle avait appris à ne plus se laisser troubler. La situation la troublait toujours autant, elle, la rationnelle. Mais ces pouvoirs, c’était elle, c’était la liberté pour Lyra et elle. Pas de bouteilles, juste elles et la mer. Je savais bien que je t’aimais pour une raison. » Elle lui jette un regard noir, faussement outré, et s’abandonne dans une posture de diva tragique. « Ô cruelle, je savais que tu ne m’aimais que pour mes facultés. Entends-tu ce grondement au loin? C’est mon cœur qui se brise de tes mots acides. » Mais elle plaisante, et elles le savent toutes deux. Elle se disait parfois que c’était Lyra qui lui avait appris à aimer – mais c’était faux, au fond. Elle n’avait jamais eu besoin d’apprendre, avec sa cadette. Un regard sur le poupon dans ses langes, et elle avait su. Et jamais elle ne pourrait désapprendre. « Je t’interdis de me refaire le coup de la machine à laver, là-dessous. C’était pas très gentil. » Elle boude, la cadette, et elle rit, l’aînée. Elle rit toujours, et d’un doigt, elle fait tourbillonner les courants autour de sa sœur, la faisant valser dans un ballet aquatique dont elle est le seul chef d’orchestre. Sourire faussement désolée, ‘oups’ lâché du bout des lèvres alors que tout son être hurle de rire. Elle évoque les pouvoirs de sa sœur, et celle-ci prend l’air innocent qui la sauvait toujours des colères de leur père – et qu’elle avait probablement volé à Silena, cette irrécupérable charmeuse. « C’était pour donner une ambiance tamisée. Promis. » Elle grommelle, la fille de l’océan, marmonne dans sa barbe, ronchonne contre ‘ces fichues sœurs dont elle avait raté l’éducation’. « Tss. Garde ça pour tes pauvres victimes. » Un regard sur la créature éthérée à ses côtés, sirène abandonnée dans les profondeurs, ses cheveux en flaque d’encre autour de son visage, et elle ne peut que comprendre, une fois de plus, la vague de prétendants qui s’abandonnent dans le sillage de l’étoile filante qu’était Lyra. Sirène qui les dévorait tous crus, sirène qu’elle aimerait toujours plus que tout. Et vient l’appât du trésor qui la détourne de sa sœur, alors que le rictus mi-avide, mi-satisfait se dessine sur ses lèvres. Elle accélère, la fille de l’océan, dessine du bout des doigts un courant rapide qui les entraîne vite, plus vite, vers la cible tant convoitée. Et vite, si vite, vient le contact des vieilles planches de bois sous ses pieds légers, et elle y exécute une valse euphorique. Ses yeux experts qui analysent la structure du bâtiment, en repèrent les entrées et sorties, le gouvernail et la proue. Elle laisse tomber son sac imperméable, la fille du désert, et elle tourne sur elle-même, invite sa sœur d’un geste ample à la précéder dans la cabine. « Après toi, love. » Elle ne repère pas l’ombre qui danse près d’eux, créature ondulante des profondeurs. Elle s’en moque. Il n’y a que l’aventure, et Lyra.
« Plus encore. Elles avaient pas mes gènes, les autres. » La cadette éclate de rire. Evidemment, Nessie n’en manque pas une. « Tes gènes, hein ? » Evidemment qu’elles sont réputées pour leur beauté les filles al khayzuran. Toutes différentes, un charme propre à chacune d’elle, et pourtant, il y a tout de même cette ressemblance qui fait que chacun sait qui elles sont : des princesses de l’Orient. Les princesses des milles et une nuits au caractère bien plus trempées. Parce qu’elles ne sont pas que leur physique. Y’a qu’à voir ces deux là. Les deux inséparables. Tic et Tac. Sœurs. Meilleures amies. Ames sœurs. Si leur beauté est un sacré atout, que dire de ce qu’elles ont dans le crâne. Une tête sans doute trop bien remplie aux yeux de leur paternel. Une matière grise qui leur permet de réfléchir et de s’émanciper. Nerissa & Lyra, des courbes aguicheuses, une tête bien remplie, et un gout pour l’adrénaline et le risque bien trop prononcé. C’est ce qui les amène là aujourd’hui. C’est ce qui les conduit sur ce chemin depuis plusieurs années. Et ça, c’était même sans compter sur les réincarnations qu’elles abritaient. Identités inconnues à l’heure actuelle. Mais la puissance qui coule dans leur veine, elles ne peuvent l’ignorer. Entre une qui semble plier l’océan ou toute source d’eau à sa volonté, quand l’autre est capable de manipuler les ombres et l’obscurité à sa guise… Aussi hypnotisant que flippant en y réfléchissant bien. Lyra savait que son aîné avait plus de mal à s’y faire. A l’intégrer réellement. S’en servir était une chose, mais l’accepter en son for intérieur en était une autre. Pour elle, la rationnelle, la cartésienne. Celle qui avait toujours considéré les histoires de leur père comme des fables pour les endormir plus rapidement étant enfants. Comme un moyen d’assommer les deux sauvages qu’elles étaient. Mais rien de ça. Leurs dons sont bien réels. Et foutrement bien pratique. Pas de bouteilles d’oxygène pour elles. Une plus grande liberté de mouvement sous l’eau. Et ça, c’est pas rien. Lyra se retient de ne pas rire au regard noir que lui jette sa frangine. Elle le connait trop bien. Aussi faux qu’amusant. « Ô cruelle, je savais que tu ne m’aimais que pour mes facultés. Entends-tu ce grondement au loin? C’est mon cœur qui se brise de tes mots acides. » Ca y est, elle est lancée, et Lyra éclate de rire avant de lever les yeux au ciel. « J’savais bien que c’était toi la dramaqueen de la famille ! » lache-t-elle, un sourire sur le coin des lèvres. Mais dramaqueen et farceuse douteuse. Lyra en a quelques souvenirs de ses séjours dans l’eau « en toute sécurité » avec son ainée. Sécurité mon cul, oui. Et ça la fait marrer. Elle était prête à lui montrer son majeur, mais elle est coupée par les courants qui s’agitent autour d’elle, la faisant valser comme une poupée. Mais elle sait qu’elle se retient, que ce n’est rien comparé à ce qu’elle pourrait faire. Et la fille de l’eau e stoppe, alors que Lyra lui lance un regard noir. « tu vas me le payer Nessie. Vraiment. » pourtant, elle se retient de rire. « Y’a que toi que ça fait rire. T’as vraiment un sens de l’humour particulier. » pourtant, la jordanienne ne peut retenir son sourire bien longtemps en se la jouant innocente. Une ambiance tamisée, comme si elle allait y croire. « Tss. Garde ça pour tes pauvres victimes. » « Quelles victimes ? » demande-t-elle faussement choquée. « J’sais vraiment pas pour qui tu me prends…. » qu’elle ajoute avec son air innocent, qu’elle a tenté de travailler pendant des années.
La fille de la nuit a fini par rejoindre l’océan. S’il n’est pas autant son élément que celui de son ainé, Lyra s’y sent particulièrement bien. Depuis toujours. L’appel qu’elle ressent n’est pas aussi profond et intense qu’avec les étoiles brulantes et l’astre céleste, mais il reste non négligeable. Les deux sœurs s’enfoncent rapidement. Plus que ce qu’il est humainement possible de faire. Pas de crampes, pas de problème de pression en descendant. Elles sont portées par des courants parfaitement contrôlés, et l’épave est là, sou leurs yeux. Les pieds se posent sur le bois du pont, plus légère qu’à l’accoutumée. « Après toi, love. » elle désigne le chemin de la cabine, et elle s’exécute, pousse ce qu’il reste des portes. Le regard vagabonde sur des portraits détruits par les eaux, des assiettes au sol, recouvertes d’algues, et une porte, fermée. La cabine. La main sur la poignée, elle est bloquée. Des semblants de coquillages ou toute autre connerie qui aurait grandi dessus. Elle recule légèrement, et c’est d’un grand coup de pied qu’elle enfonce la porte. Elle se tourne vers sa sœur, un sourire faussement désolé pour ses méthodes. C’est même presque un miracle que Lyra sache se servir d’un pinceau et d’un burin dans ses fouilles. Une vieille lampe à huile cassée au sol, un meuble qui aurait sans doute ressemblé à une bibliothèque. Un bureau. Elles s’avancent. Elles le savent, il y a quelque chose ici. Quelque part, sur cette épave. Reste plus qu’à le trouver. Elle inspecte, Lyra. La boussole, le compas, tous recouverts par une couche épaisse d’algues. « c’est merdique. Doit y avoir autre chose. » qu’elle lache exaspérée, la fille de la nuit. Elle tombe alors sur une statue brisée ; du genre qui devrait se tenir sur un bureau ou une étagère. Une figure mythologique. Poséidon ? Ca y ressemble. Voilà qui l’intéresse un peu plus. Elle affiche un sourire ravi, à l’adresse de sa frangine. C’est un bon début. Alors elle continue l’inspection. Elle force les tiroirs usés et bloqués par des centaines d’années sous l’eau, à la recherche de la merveille qui fera toute la différence.
