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How are you ? (Camille)

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How are you ? (Camille) - Dim 15 Avr - 19:25


How are you ?



Il sourit doucement alors que ses yeux balayent la carte du menu. Il est de bonne humeur, les nuages de l’inquiétude se sont retirés en même temps que ceux du ciel alors que le soleil vient taper dans la grande salle du restaurant où il fait face à Camille. Les ombres qui viennent normalement assombrir le tableau semble balayées par la perceptive de pâtes à la mozzarella di bufala campana. C’est ce genre de jour où il aurait aimé grandir en Italie.
Le choix est déjà fait, il repose la carte et se penche vers Camille.
- Qu’est-ce qui te tente ?
Il est gourmant Daniil et dévorer des yeux lui suffit. Surtout, il veut être sûr que Camille trouve quelque chose qui lui plait, qu’elle ne se contente pas d’un plat par défaut. Il veut que ce repas soit agréable, qu’il change des plats parfois difficiles à identifier de l’hôpital. Il n’est pas rare que les enfants retroussent le nez devant leur assiette et Daniil ne peut s’empêcher des les comprendre. Il aurait détesté subir des jours entiers le régime imposé par l’hôpital.
Ses doigts s’agitent alors qu’il a envie de gribouiller sur une feuille des runes que lui seul comprendrait. Il réprime l’envie, la chasse de son esprit. La Bratva ne lui a rien demandé depuis quelques jours. Il se demande s’il s’agit du calme avant la tempête. Il en profite dans tous les cas, mais comme avec les voix avant qu’il ne maîtrise son pouvoir, quand ce dernier n’est pas utilisé, il n’est rare que des signes veuillent émerger de sa conscience. Il lui est déjà arrivé de voir la naissance d’en enfant en Chine ou la chute d’un chat du bord d’une fenêtre en Angleterre. Il a compris il y a bien longtemps que les runes sont fougueuses. Il a aussi compris qu’elles ne se trompent jamais. C’est leur interprétation qui peut s’avérer mortelle. Alors ce qu’il a vu à propos de la femme qui lui fait face lui fait peur. Il y a quelque chose en elle, indéniablement. Mais elle semble l’ignorer ou ne pas vouloir le mettre au courant. Comment lui en vouloir dans le second cas ? Huit mois passés à récupérer d’une séparation plus que douloureuse s’il a bien compris la situation. Elle n’a peut-être pas envie d'aborder le sujet. Pas envie qu’on la pense folle, pas envie d’affronter le regard des autres. Ça, il le comprend personnellement. Il a beau avoir intégré la Bratva depuis neuf ans, les hommes qui le surveillent le prennent toujours pour un illuminé, un mec un peu fou, un peu à côté, qui peut lire dans trois signes l’emplacement d’une personne, qui peut voir, parfois, la manière dont elle mourra. Il n’est pas quelqu’un à leurs yeux, il est quelque chose. Alors il a envie de lui dire, de l’aider, de ne pas la laisser seule. Mais elle a trop enduré pour qu’il lui impose ça ainsi, ce n’est pas à lui de faire ce choix, de poser sur la conscience de la femme un autre fardeau, beaucoup plus lourd. Lourd de milliers d’années peut-être, s’il ne se trompe pas.
Il a évité d’en parler depuis des semaines, il hésite, s’apprête des fois à tout cracher puis se retire et prend la fuite. Il ne sait pas sur quel pied danser.
Il y a une chose sur laquelle il est certain. Il veut la voir sourire, prendre du plaisir à se rendre au boulot, à aider les gens. Il veut effacer ses doutes et lui faire passer un bon moment, lui dire qu’il est là. Que ça va aller. Ça, il ne le dit jamais, mais c’est un mantra, une prière à un dieu, n’importe lequel du moment qu’il n’est pas cruel. A Dieu même, s’il existe. Ce sont des mots qu’il ne prononce pas car ce sont eux qui déçoivent et blessent, comme ils l’ont fait quand sa mère les a rentrés dans son crâne, quand ils sont arrivés à Arcadia. La famille Kvasov. Des années plus tard, ils ne restent que les fils. Et quels frères ils font …
Il chasse les pensées de sa tête, son sourire paresseux et léger ne vacille pas.
- Les enfants veulent tous sortir avec le temps. On pensait organiser quelque chose dehors bientôt pour ceux qui pourront …
Il se cale dans le fond de sa chaise. Il a envie de se donner des baffes, parler de l’hôpital et du boulot, ce n’est pas le but de ce restaurant. Non, mais prendre de ses nouvelles en évitant le sujet du boulot et des « changements » qu’il a peur qu’elle traverse, tout comme Grisha, l’est indéniablement.
- Comment vas-tu ?

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How are you ? (Camille) - Dim 22 Avr - 0:09

How are you ?

daniil kvasov & camille archambault

Le grand miroir de la salle lui impose son reflet. Celui de la jeune femme à la trentaine à peine, fragile et brisée. Belle, bien qu’elle en pense le contraire. Les traits certes tirés. Les cernes savamment dissimulées par des poudres habilement appliquées. Les yeux joliment maquillés et les lèvres, à peine un peu plus rosées que d’ordinaire. La maigreur pour habit, surtout, malgré la parure printanière qui ceint son corps de jolies fleurs.
Ici, elle n’est pas infirmière. Elle n’est pas amante, et elle n’est pas charmeuse. Elle est collègue et avant tout amie, de celui qui l’a si gentiment invitée à passer la journée loin de ses affres quotidiennes. Daniil. Le vent de fraîcheur venu balayer sa morne vie. Celui qui ne juge pas. Celui qui la comprend. Celui qui a tenu sa main tremblante à l’hôpital puis tout au long de son suivi. Celui qui est encore , et qui la fait sourire.  

Elle ne se l’explique pas. Elle se sent bien avec lui. Ce n’est pas Elijah. Ce n’est pas l’un de ceux qu’elle désire, mais lui sait l’apaiser. Changer ses idées tristes et lui apporter le réconfort qu’aucun autre n’a su jusqu’alors lui donner. C’est simple et c’est beau. Elle en avait besoin. Comme un coup du destin.
« Linguine ». Truffes et parmesan. Elle referme la carte et lui adresse un sourire léger. C'est encore un souvenir qui lui rappelle sa douloureuse épopée. Pas ce restaurant en particulier, mais les nombreux italiens qu'il lui a offert pour la séduire. Des mets qu'elle n'avait jamais savourés jusqu'alors, et qu'elle s'était prise à aimer, au point d'avoir ses préférences. Camille, il avait réussi à en faire une poupée. Toujours plus gracieuse et plus élégante. Un peu plus exigeante et plus dépensière. Des goûts de luxe naissants dans la carcasse de l'enfant de misère, sans pour autant affecter son humble et agréable personnalité.  
« Très bonne idée ». Elle répond par politesse, mais elle n’est pas vraiment . L’esprit vagabonde, de même que le regard. Elle ne sait lâcher prise et ne sait se détendre. Plus depuis quelques temps. Pas en dehors de l’hôpital ou des lieux dépeuplés. Les jambes sont flageolantes, les gestes nerveux. Les oeillades empressées. Elle tâche malgré tout de faire bonne figure devant la prévenance de son coéquipier. « Pourquoi pas les jardins ? On pourrait y préparer une sorte de chasse au trésor ». Et toujours le rictus forcé, l’air absent qu’elle ne contrôle pas. La lueur de fatigue et d’angoisse qui tressaille dans les iris bichromes.

Voilà des nuits qu’elle ne dort plus paisiblement. Des semaines entières qu’elle se pose des questions. Et qu’elle fuit sans savoir les réponses. Des jours que la déesse s’agite au fond de son âme et cherche à percer le mystère. Des jours qu’elle répond à celui qui fut sien, perdu depuis des millénaires, tandis que l’humaine se borne à l’éviter par tous les moyens.

Sa conscience est au bord de l’éveil. Attentive à tout ce qui jamais ne l’avait perturbée depuis son accident. Depuis surtout qu’il l’avait retrouvée, repenti sur ce pont où tout s’était joué. Elle en rêve, souvent. De lui, qui semble différent. Des nuances de couleurs et des jeux de lumière qu’elle distingue parfois autour des personnes, autant de halos que d’attitudes et d’évènements étranges pour les accompagner. Elle commence à comprendre que quelque chose a changé. A croire que peut-être elle est folle. Que la thérapie est visiblement loin de l’avoir arrangée.

A l’interrogation de celui qui l’épie, elle veut répondre que tout va pour le mieux. Qu’elle est heureuse de se trouver en ces lieux avec lui. Et qu’elle le remercie. Mais aucun son ne parvient à franchir ses lippes entrouvertes. Ce sont trop de soucis qui l’assaillent à la fois pour parvenir à faire semblant. Et c’est d’ailleurs à l’instant que ses yeux s’égarent sur la cible qui la raidit toute entière. Elle se crispe à sa vue. Saisit la nappe en tissu de ses doigts jusqu’à en faire valser les couverts. Elle est prête à bondir et à fuir en apercevant la silhouette. A peine dessinée dans l’encadrure de la porte d’entrée ; il est de dos mais elle croit pourtant le reconnaître.

La bouche entrebâillée, elle darde un regard affolé en direction de son partenaire. Elle n’a plus le coeur de lui répondre et s’apprête à partir. Quand l’homme responsable de la turbulence finit par se tourner, et que ce n’est pas lui. Elle se sent soulagée. Le myocarde cessant de cogner sa poitrine. Le souffle retrouvant son rythme régulier. Elle se sent tellement stupide, et supplie Daniil de lui pardonner.    

« Excuse-moi… », lui susurre-t-elle du bout des lèvres. Elle veut se reprendre car la panique n’a pas de sens. Elle l’a déjà croisé souvent depuis qu’elle a retrouvé son emploi à l’hôpital. Toujours le fuyant mais jamais à ce point terrifiée. Sans doute parce qu’elle se trouve en terrain libre et surtout à fleur de peau. « Je… j’ai cru que… » Les mots restent coincés. Les yeux s’écarquillent et le visage trahit l’embarras dont elle est la victime. « J’ai toujours peur de le croiser... ».

Et elle en rêve aussi, espoir inavoué.


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How are you ? (Camille) - Jeu 26 Avr - 13:50


How are you ?


La réponse qu’il obtient n’est pas verbale, mais elle vaut plus que n’importe quels mots. Il y a d’abord un silence, Camille qui le regarde. Il n’a pas besoin d’aller plus loin pour savoir que ça ne va pas bien. Puis la femme pose les yeux sur quelque chose et la transformation le sidère. Il la voit perdre pieds devant ses yeux, sans comprendre l’origine de cette panique. Quand il suit son regard, il ne voit qu’un homme de dos. Les verres sont tombés, la nappe est froissée entre les doigts de l’infirmière qui semble se calmer quand l’homme se retourne. Il met quelques secondes à comprendre. Il balaye de son visage la surprise alors que l’inquiétude arrive. Les paroles de Camille ne le rassurent pas.
- J’ai toujours peur de le croiser...
Il se dit qu’il pourrait l’aider, qu’il suffit de dire la vérité. Il ouvre la bouche, mais les mots semblent coincés à l’intérieur de sa gorge, comme agglutinés, refusant de sortir, de parvenir jusqu’aux oreilles de Camille. Il fait marche arrière, relève les couverts chahutés et se demande quoi dire. C’est à son tour de sentir pris au piège, de se dire que ce restaurant n’était pas une bonne idée. Le voilà acculé, poussé à tout révéler à Camille par sa conscience sans pouvoir s’y résoudre. Il revoit ses yeux écarquillés et son souffle qui s’emballe. Il se demande s’il pourrait lui éviter ça. Non, sans doute pas. Ce n’est pas en lui balançant au visage une vérité millénaire et parfaitement folle qu’il va l’aider. Ce n’est pas la réponse à ce problème. Ce n’est pas en lui disant qu’elle héberge sans doute une divinité que la simple entrevue d’Elijah ne sera plus douloureuse.  
- Pas de soucis …
La phrase est soufflée du bout des lèvres alors qu’il relève prudemment les yeux sur elle. Il se sent mal-à-l’aise, pris entre deux feux. Il cherche quelque chose à dire, n’importe quoi. Il finit par rejeter l’idée au bout de quelques secondes, bien conscient qu’un changement de sujet n’effacera pas la scène qui vient d’avoir lieu. Que ça ne le fera pas passer pour une figure amicale, mais tout au plus pour un commère, un de ceux qui ne sont là que pour être témoin de la détresse des autres.
- On peut partir si tu veux.
Il n’a pas envie qu’elle passe le reste du repas à regarder par-dessus son épaule, à la regarder avoir mal sans pouvoir rien faire. Si, tu peux faire quelque chose. La pensée s’insinue toujours, quoi qu’il fasse. Il en revient toujours à ça, à la tentation presque égoïste de tout lui dire pour se débarrasser du poids du secret. Ce serait moins lourd à porter à deux, mais sans doute plus difficile aussi. Il le sait avec Grisha, il le sait avec Magnus. A son frère, sa moitié, il n’a rien dit de sa condition d’oracle et d’esclave de la Bratva. A Magnus, une fois que les mots ont commencé à couler, ils sont devenus trop fluides, trop pressés de sortir : Daniil s’est fait vulnérable et dépendant de cette présence familière à ses côtés. Les deux hommes représentent les extrêmes de sa vie. Il se demande comment serait réparti le poids de la révélation avec Camille.
Et si c’était faux ? Les runes ne sont soumises qu’à la seule interprétation de son récepteur. Elles ont leur propre volonté, leur propre manière de faire et si elles ne veulent pas lui montrer quelque chose, aucune question ne les y forcera. Daniil a beau pratiquer son don depuis des années, la seule certitude qu’il en a tiré, c’est de ne jamais baser toute une stratégie ou projet sur ces signes étranges et magiques. Ce serait trop simple, n’importe qui possédant un oracle serait trop puissant. Non, l’équilibre est maintenu par des règles auxquelles personne ne coupe, pas même les dieux.
- Tu n’es pas obligée de me parler à moi, mais si ça t’aide de partager ça avec quelqu’un d’autre … Surtout si des choses ont changé …
Il tâte le terrain du bout des pieds.

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How are you ? (Camille) - Jeu 10 Mai - 16:35

How are you ?

daniil kvasov & camille archambault

Daniil, il est bien trop gentil. Elle en a la certitude depuis qu’ils se sont rencontrés. Toujours à l’écoute et toujours plein de bonne volonté, il est la main tendue qui lui a toujours manqué. Un rayon de soleil dans sa vie agitée.
Lui aussi a pourtant des soucis. Elle le sait car ils les ont déjà tous deux évoqués. Parce qu’elle sait entrevoir la lueur d'inquiétude dans ses yeux bienveillants. Celle qui ne quitte presque jamais son regard.

Et soudain elle a honte, de son comportement exagéré. Elle se dit qu’en dépit de ses propres tourments, il a pris sa journée pour la passer avec elle. Qu’ils parlent souvent d’elle et si rarement de lui. Et que malgré les efforts qu’il s’évertue à faire pour lui changer les idées, elle reste imperméable à son acharnement. Indigne de son amitié précieuse, ses joues creuses viennent à se colorer. Elle prend conscience de son attitude déplacée, se mord la lèvre d’être si peu concernée par celui qui devrait maintenant occuper toutes ses pensées. Elle ne veut pas le perdre, ni risquer de lui faire de la peine...

« Non. On ne va nulle part ». Sur le rebord de la table, sa main vient effleurer la sienne. « C’est parfait ici ». Elle se prend à sourire, et cette fois sans forcer. Parfait tout comme lui. Si patient et si tendre, et elle se sent soudain la force de se reprendre grâce à lui. « Je suis vraiment désolée ». Elle a déjà présenté ses excuses, mais elle estime qu’il en mérite encore. « Je me sens tellement stupide... » Et ses gestes, répétés et nerveux, trahissent l’aveu soufflé du bout des lèvres.


On vient les interrompre, comme un fait exprès. Le serveur se plante face à eux pour chercher les commandes, propose du vin qu’il souhaite absolument leur faire goûter, et l’instant s’éternise. Quand enfin, il disparaît en cuisine, les deux protagonistes se retrouvent un peu gênés. Coupés dans un moment somme toute intime, un moment de partage que le silence vient remplacer. Jusqu’à ce que la sylphide se dépasse en courage. C’est qu’elle le lui doit bien. « Tu sais… je suis vraiment contente d’être ici avec toi ». Entre eux pas d’équivoque, et pas d’ambiguité. C’est aussi pour cela qu’elle se doit de profiter. Il est sans doute la relation la plus saine de toute sa vie entière, et ce serait la pire erreur que de le repousser. Elle peut être sincère, et tant pis s’il la juge… « Je ne te l’ai jamais dit… mais je te suis reconnaissante de tout ce que tu as fait pour moi. Et de ce que tu fais encore aujourd’hui... »

Le regard est fuyant. S’attarde sur les verres encore pleins. C’est toujours un peu dur d’avouer qu’on est faible et qu’on a besoin de quelqu’un. « J’ai beaucoup de chance de t’avoir et je... » A nouveau le silence entre eux. Car s’ils sont isolés, le restaurant a du succès, et le brouhaha ambiant ne cesse de les envelopper. « Je ne veux vraiment pas t’ennuyer avec tout ça ». Cette fois les iris bicolores s’arriment à ceux de son ami. Et avant même qu’il entrouvre ses lippes, elle connaît sa réponse à la confidence échappée.
Sans doute lui dira-t-il qu’elle ne l’ennuie jamais. Et qu’il peut tout entendre ; après tout, l’écoute ne fait-elle pas aussi partie de leur métier ?

Elle contemple les tablées voisines, couples et familles venus se régaler en ce jour de printemps ensoleillé. A bien les regarder, on dirait presque qu’ils sont tous heureux. Insouciants et repus, pour la plupart d’entre eux. Elle les envie tellement, tous ces gens inconnus.

Recouvrant le fil de ses pensées, elle se sent pitoyable et surtout démunie. Elle songe à ce que Daniil a dit, se dit que peut-être elle sera soulagée… Et puis se lance quitte à paraître ridicule. « Je vois des choses, et… j’ai parfois l’impression de devenir folle ». Le coude appuyé sur la surface impeccable, la dextre vient soutenir son front. On dirait presque qu’elle se cache, honteuse de sa révélation. « J’ai doublé mes séances avec Dante ». Le psychiatre et collègue de travail, soutien précieux lui aussi en ces temps mouvementés.

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How are you ? (Camille) - Dim 20 Mai - 23:05


How are you ?


Elle réitère ses excuses et il hoche doucement la tête. Il espère que ses yeux sont remplis de douceur, pas de l’inquiétude qu’il y voit si souvent, le soir, au détour du petit miroir de la salle de bain. Des fois, il a envie de l’arracher, de ne laisser que la marque des vis dans le mur, de chasser ce reflet qu’il ne veut pas affronter. Il ne le fait jamais. Il le laisse toujours et tous les soirs, il se regarde une seconde avant de marcher nerveusement dans l’appartement en se lavant les dents. Il déteste ce qu’il y voit. Des cernes trop grands, des épaules voûtées, un sang invisible, celui des victimes de la Bratva qu’il a aidé à tuer. Il n’y a rien qui va dans ce visage. Pas de beauté jeune, d’innocence brillante, de joie pleine d’espérance. Rien.
Il n’a pas le temps de répondre, de lui dire que ce n’est pas grave, le serveur apparaît, se fait trop présent et laisse un silence gêné derrière lui en partant.
- Tu sais… je suis vraiment contente d’être ici avec toi. Je ne te l’ai jamais dit… mais je te suis reconnaissante de tout ce que tu as fait pour moi. Et de ce que tu fais encore aujourd’hui...
Il sourit timidement, la remercie en un sourire muet. Il hésite entre une joie presque enfantine et des remords étouffants. Le bonheur pur de s’entendre dire ses mots. Ils lui sont destinés, à lui, pas à un autre. C’est ce qu’il n’a pas souvent, des mots tendres et sans arrières pensées, sans qu’on veuille le manipuler par la suite. Il n’y est pas habitué. Son père ne lui en a jamais adressés. Son frère, ça fait des années que Daniil le voit couler, impuissant. Sa mère, elle est morte dans cet incendie et avec elle, les dernières paroles douces que le jeune Russe entendait régulièrement. Depuis, ce sont des mots, ici et là. Ils viennent surtout des enfants qui n’ont conscience de rien, qui pensent qu’il n’est qu’un simple infirmier magicien.
De l’autre côté, il y a le savoir, la conscience de l’entité qui s’agite sans doute en elle de plus en plus fort. Il y a les mots qui peuvent sortir mais qui ne trouvent ni le bon moment, ni la bonne manière pour s’exprimer. Daniil doute que ce soit possible, de bien le faire. C’est lâcher une bombe trop grosse au milieu d’un feu en espérant qu’elle n’explose pas.
Elle lui dit qu’elle ne veut pas l’ennuyer et il a l’impression que les dieux se moquent de lui. Qu’ils mettent en scène ce moment gênant où elle le pense sauveur alors qu’il est celui qui retient peut-être sa libération. Le problème, c’est qu’il n’en connaît pas le prix. Il ne sait pas ce qu’elle fera de cette connaissance. Si elle le prendra pour fou à son tour et ne voudra jamais le revoir. Il ne veut pas prendre ce risque, elle est une présence amicale et familière, bienveillante dans un paysage de misère et de sacrifices. C’est égoïste, il le sait. Mais c’est aussi plus que ça. Il a peur pour elle et plus que son envie de la garder près de lui, c’est pour ça que sa bouche reste fermée dans un premier temps. Puis il souffle les mots qu’il aurait normalement sortis en quelques secondes. Qu’elle ne l’ennuie pas, qu’il entendra tout si elle en a besoin.
Et puis elle va plus loin, se lance et il la trouve bien courageuse de lui dire ça. Ce n’est pas grand-chose, mais ça en sous-entend beaucoup d’autres. Et ça le terrifie. Il se dit que ce n’est peut-être pas ce qu’il pense, que ce n’est peut-être qu’une coïncidence. Mais dans ce monde cynique où les dieux cohabitent sans fin, est-ce qu’une telle « coïncidence » a une chance de se produire ? Il connaît déjà la réponse.
Pourtant, il le sait ce qui lui arrive. Les runes lui ont déjà montré, il ne devrait pas sentir son cœur couler et son ventre se serrer. Mais il y a un monde entre les visions floues des signes gribouillés et la vérité, face à lui et réelle.
Il veut poser la question qui lui brûle les lèvres sans paraître indiscret ou septique, sans qu’elle pense qu’il la croit folle. Il préfère attendre un peu.  
- Est-ce que ça t’aide ?
Il parle des séances avec Dante, un nom sans visage, quelqu’un qu’il ne connaît pas en dehors de sa fonction. Il espère que la réponse sera positive. Plus que la dernière fois qu’il a posé une question à la jeune femme.
- Tu les vois tout le temps ces choses ?
Ses sourcils se froncent, il est inquiet et excité à la fois. C’est peut-être la réponse à la question, celle déjà toute trouvée. Il a entendu dire, au fil des neuf années passées à la Bratva que les réincarnés perçoivent leurs homologues. Il ne sait pas exactement quelle forme ça prend, mais c’est peut-être ça. Ou un de ses pouvoirs. Ou mille autres choses.
- Ça doit être fatiguant …
Il le sait parce qu’il l’a vécu. Mais lui, il entendait des voix qui psalmodiaient des paroles sans queue ni tête dans toutes les langues, dont certaines mortes depuis des centaines d’années.
- Ça ne te … pénalise pas trop ?
Il n’a pas de meilleur terme qui lui vienne à l’esprit, mais c’est tout ce qui vient. Et il a envie de se baffer au moment même où ça sort de sa bouche.
- Je veux dire, est-ce que tu arrives à mettre un sens dessus ?

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How are you ? (Camille) - Sam 9 Juin - 20:03

How are you ?

daniil kvasov & camille archambault

« Est-ce que ça t’aide ? ». La question fend le silence à nouveau installé entre eux. Et comme la nymphe relève doucement le menton, dévoilant son visage, voilà qu’elle se met à fixer celui de l’infirmier.
D’abord, elle a le réflexe de hausser les épaules. Elle ne saurait dire si le soutien qu’elle y trouve est réel ou si c’est encore un espoir. Mais le fait de penser aux séances, et à celui qui les orchestre, la fait se sentir plus légère. Après des semaines difficiles, l’inversement forcé de leur relation, elle avait fini par accepter celui qu’elle avait couvé quand il était encore interne, en tant que thérapeute et même en tant qu’ami. Il ne lui donnait pas la sensation d’être jugée - pas plus que Daniil à l’instant, et c’était déjà beaucoup. Suffisant pour dire qu’il l’aidait, sans doute, à aller de l’avant.

« Je… je crois, oui ». Elle préfère encore taire ce qu’elle ressent. Se mentir à soi-même, sûrement, à propos du psychiatre, et des sentiments forts qu’elle a parfois l’impression de partager avec lui. Elle ne dirait pas qu’il lui permet tant que cela d’affronter ses démons, mais qu’au moins, il lui est plaisant de le voir. Et que c’est la raison pour laquelle, elle a un jour émis l’idée de multiplier leurs rendez-vous.

La peau d’opale s’empourpre légèrement, et comme elle sent la couleur teindre ses joues, l’océanide tord de nouveau ses mains devant ses yeux, érigeant un malheureux rempart entre son interlocuteur et puis son embarras. Les mouvements cessent pour mieux accompagner sa réflexion, tandis qu’elle cherche les réponses à sa deuxième question.
C’est là peut-être l’aspect le plus épuisant de ses nouvelles hallucinations. Elle ne lui apparaissent pas toujours. Ou de façon irrégulière. Parfois, une même personne se met à scintiller. Et à d’autres moments, elle lui paraît normale. Semblable à n’importe qui, à tous les gens qu’elle a déjà rencontrés tout au long de sa vie.
Il y a aussi ses rêves et ses cauchemars. Ceux dans lesquels, elle se voit miraculée, sauvée des eaux par cette étrange personne, et cet étrange pouvoir. Sans se douter encore qu’il ne s’agit pas du fruit de son imagination mais de souvenirs, remontés à la surface des mois après sa tentative. Qu’elle doive la vie à une divinité marine lui échappe totalement. Et pourtant, ses conscience et mémoire tentent chaque jour de la pousser vers cette conclusion, l’amenant à croire progressivement que toutes les choses invraisemblables qu’elle peut voir ces derniers temps ne sont pas irréelles. Mais parties prenantes d’une réalité quasi parallèle à laquelle elle appartient irrémédiablement.

« Je trouve que certaines personnes sont parfois… différentes ». Elle se laisse finalement aller aux confidences, les yeux vairons balayant la table, les doigts graciles y dessinant quelques courbes invisibles. Toujours un jeu de gestes comme échappatoire, et elle apparaît bien différente alors que sous les traits de l’infirmière, pleine d’assurance pour ses patients. Ici, elle n’est que Camille, avec sa personnalité fragile, des restes de l’enfant un peu bancale. « Quelques fois, c’est juste une impression. Plutôt générale. Et d’autres… » La révélation peine à franchir la barrière de ses lèvres. « Je vois comme… un halo, qui peut s’effacer, et revenir. Comme une sensation de chaleur et de lumière ». Et il faut dire aussi qu’elle se sent papillon, attirée par l’étincelle à chaque fois qu’elle la voit, aguichée tout simplement par ses semblables, qu’elle ne reconnaît pas encore comme tels. « Je n’ai aucune idée de ce que cela peut vouloir dire ».

Le silence à nouveau, tandis qu’on vient leur apporter les plats. Un met que la déesse se contente de fixer, mais qu’elle ne touche pas. Un peu trop absorbée par la discussion qu’ils ont fini par entamer, et qui a su lui faire du bien, en dépit de ses réticences, et de sa nervosité. Peut-être parce qu’au fond, Daniil s’est imposé comme le meilleur des confidents. Que leur relation est dénuée de sentiments et de pensées parasites. Qu’elle est pure, tout simplement.

« Je fais beaucoup de rêves, aussi ». D’Elijah, et de la fameuse nuit. De l’eau qui tourbillonne, pour l’extirper du fleuve. « Je n’ai jamais revu la personne qui m’a... » qui m’a sauvé la vie. Les mots refusent de fendre l’air, pourtant l’infirmier a compris. « Mais je revis ce moment quasiment toutes les nuits. Et je crois que je n’étais pas totalement inconsciente, quand c’est arrivé... »
Qu’on ait pu la tirer des flots en restant sur la rive demeure encore un mystère. Un mystère que son esprit cherche à interpréter peut-être, mais au fond d’elle, la sylphide est persuadée d’avoir vécu une expérience étrange, et d’avoir assisté à un phénomène qu’elle voudrait bien se voir expliquer.

Elle s’apprête à glisser ses couverts dans son assiette, quand le bruit léger d’une sonnerie de téléphone vient la figer dans son mouvement. Elle coule une oeillade rapide au cellulaire déposé sur la table, lit brièvement le message qui lui est adressé, et lève les yeux au ciel. Un rictus grimaçant accompagne sa réaction, qu’elle justifie presqu’aussitôt : « C’est mon ancien propriétaire. Il m’a fichue à la porte. On m’a prêté un appartement, mais c’est provisoire. Si jamais tu as connaissance d’un endroit qui se libère, pense à moi, d’accord ? »
Elle veut le gratifier d’un sourire sincère, mais ses traits peinent à afficher la moue qu’elle voudrait légère pour décharger un peu l’ambiance.

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How are you ? (Camille) - Ven 15 Juin - 20:57


How are you ?


- Je trouve que certaines personnes sont parfois… différentes.
Il sourit doucement à la phrase, encourageant. Il ne réagit pas, attend la suite alors qu'intérieurement, l'espoir disparaît. Elle n'est pas purement humaine. Elle ne peut pas l'être quand elle décrit la suite. Ça ressemble beaucoup trop à ce qu'il a entendu, à la Bratva, de la bouche de certains dieux. Ça ressemble trop aux informations qu'il a réussi à arracher ici et là pour que ce ne soit pas ça. Il le savait, il le sait depuis que son don lui a mis sous le nez la vérité. Il se demande pourquoi il a posé la question aux runes. Pourquoi il a demandé ce qui arrivait à Camille, il y a des semaines. Pourquoi il s'est accroché aux chevilles un fardeau qui l'étouffe et le rend honteux. Il est entré dans son intimité, son cauchemar, sa vie, il s'est fait voyeur en prétextant vouloir l'aider. Ça le rend malade, ça lui coupe l'appétit alors qu'il garde son sourire. Il était censé lui dire, tout ça. Ne pas la laisser mariner, ne pas la laisser seule. Mais il a préféré la sécurité relative du silence. Il se sent idiot. Mais les mots ne sortent toujours pas.

Et quand le plat arrive, il n'y touche pas, pas plus que Camille. Il regarde l'assiette, la gorge nouée. Il adore la mozzarella, mais la faim est partie en même temps que les paroles de la jeune femme lui sont parvenues. Il devrait être heureux de la voir se confier, d'être assez en confiance pour lui en parler. Il devrait être heureux d'être assez proche d'elle pour qu'elle accepte de lui évoquer tout ça. Il ne l'est pas, il est nauséeux, il revoit toutes les fois où il aurait pu lui dire, couper court à ses débats intérieurs. Qu'importe, dans le fond, qu'elle le prenne pour un fou, si ça avait pu l'aider, il aurait dû accepter le jugement et la perte d'une amitié pleine de sécurité.
Il perd tout à coup à ses yeux toute la légitimité qu'il a à cet instant d'être assis là. Ce n'est pas comme ça qu'un ami aurait dû agir. On le fait pour le bien de l'autre, pas pour le sien.
Tu ne sais pas si lui dire est une bonne chose. Il fait taire la pensée, est certain qu'il s'agit de celle de la peur, qui veut se dédouaner. La suite le prend de court.
- Je fais beaucoup de rêves, aussi. Je n'ai jamais revu la personne qui m'a …
Un silence qu'il ne remplit pas, mais qu'il comprend.
- Mais je revis ce moment quasiment toutes les nuits. Et je crois que je n'étais pas totalement inconsciente, quand c'est arrivé...
Dis quelque chose. N'est-ce pas ce qu'il est censé faire ? Mais il ne trouve pas les mots justes, bons, adaptés. Alors le silence persiste, tout comme le poids qui s'alourdit un peu plus sur ses épaules, les faisant ployer imperceptiblement. Pour occuper sa bouche, se donner un prétexte, il coupe ses pâtes, la mozzarella et commence à manger, ignorant son ventre qui n'en veut pas.
Une sonnerie de téléphone brise ses pensées, les phrases qu'il essaie de formuler.
- C'est mon ancien propriétaire. Il m'a fichue à la porte. On m'a prêté un appartement, mais c'est provisoire. Si jamais tu as connaissance d'un endroit qui se libère, pense à moi, d'accord ?
Il n'aime guère le sourire qu'il voit sur le visage de Camille à cet instant. Il n'est pas vrai, pas lumineux, il ne fait pas plisser le coin de ses yeux, ne creuse pas de fossettes. Il le sait parce qu'il a le même quand il se force à paraître bien, soit à peu près tous les jours.
Il ne réfléchit guère quand il prend la parole.
- Le mien est largement assez grand pour deux. Tu peux venir si tu veux, j'envisageais de prendre un colocataire bientôt.
Il hausse les épaules.
- Grisha passe de temps en temps, mais tu sais …
Il fronce les sourcils, se rend compte qu'il s'engage sur un terrain glissant qu'il n'a pas envie d'affronter. Mieux vaut ne pas entrer dans les détails de sa relation avec son cadet.
- Et bien, c'est Grisha, il ne reste pas longtemps.
A son grand dam.
Il avale une nouvelle bouchée, sourit encore. Toujours sourire, ne jamais s'arrêter, sinon c'est foutu, la course s'arrête et repartir devient trop difficile. Il a de plus en plus de mal à chaque fois.
- Je … Je ne suis peut-être pas le meilleur pour bien te répondre à propos des choses que tu traverses, mais je veux quand même te remercier, ça me touche et … Ouais, merci.
Le sourire est devenu timide.
- Tu n'es pas seule, d'accord ?
Il parle de lui, mais il pense aussi aux autres dieux, aux gens comme elle, aux divinités qui peuplent la ville et le monde. Il a mis du temps à l'accepter, ce mélange de mythologies, ces réincarnés qui hantent la terre depuis des millénaires, qui s'accrochent au monde des humains, qui ne veulent pas accepter qu'ils font partie d'un autre temps. Peut-être parce que ce n'est pas le cas. Après tout, ils ont évolué eux aussi, se sont adaptés au monde moderne, en sont peut-être une partie intégrante.

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How are you ? (Camille) - Sam 30 Juin - 18:19

How are you ?

daniil kvasov & camille archambault

Le regard bicolore s’égare à nouveau sur les portes d’entrée. Toujours agitées d’allées et venues, et ça lui fait repenser aux premiers instants de leur arrivée. Au malaise ressenti et à la crainte éprouvée, à l’état déplorable dans lequel elle avait rejoint son ami, et s’était installée face à lui au coeur du restaurant. Elle réalise aussi qu’en quelques minutes passées à ses côtés, il a su l’apaiser, calmer son anxiété extrême et démesurée. Comme il sait le faire avec les enfants au quotidien, et elle s’est laissée prendre au filet de ses talents avec une telle facilité qu’il lui semble tout indiqué pour le projet qui se dessine.

« Le mien est largement assez grand pour deux. Tu peux venir si tu veux, j'envisageais de prendre un colocataire bientôt ». La vision reportée sur l’intéressé, l’Océanide se détend aussitôt. Les joues creusées se diaprent de couleurs à mesure que les yeux se mettent à scintiller. Et le sourire forcé devient sincère, tout le corps est effleuré d’une vague de chaleur douce et vaporeuse. Surprise, elle se prend même à frissonner, et ses doigts sur la table enserrent à nouveau les couverts délaissés. Ses yeux refusent de quitter l’infirmier, et elle songe à l’idée tandis qu’elle continue de l’écouter parler.

Son salaire, revu à la baisse en même temps que son statut après les derniers évènements, ne lui permettait plus de conserver son appartement tout en maintenant son train de vie. Elle n’avait pas les moyens de s’offrir celui qu’on lui avait gentiment prêté, et qui entreposait toutes ses affaires en attendant. Elle ne voulait pas s’éloigner trop du centre-ville et ses exigences réduisaient considérablement ses possibilités. La colocation s’avérait la solution la plus appropriée à bien y réfléchir. Et plutôt que de tenter l’histoire avec un parfait inconnu… « Ca me touche beaucoup, Daniil ».

Camille n’est jamais dépourvu d’audace quand il s’agit de dire ce qu’elle ressent. Ses mots franchissent la barrière de ses lèvres parfois trop facilement et trahissent aisément ses émotions. On le sait quand elle aime, ou quand elle apprécie. Bien que subtile et délicate, elle n’est jamais avare de discours passionné, tendre ou encourageant. Et elle sait reconnaître et particulièrement considérer les attentions qu’on a pour elle, qui ont toujours l’effet de réchauffer son être comme s’ils atteignaient l’âme au plus profond.

« J’espère que je ne serais pas un fardeau, mais… ça me plairait beaucoup d’essayer ». Son coeur s’étreint un peu à l’idée d’être un poids pour lui plus qu’elle ne l’est déjà. Les terreurs nocturnes, les insomnies, les crises de panique… elle se demande tout à coup si elle sera capable de les contenir, ou si, par le plus grand des miracles, sa seule présence aura aussi l’effet de les endiguer. Une perspective réjouissante, pour celle qui craint toujours de ne pas être à la hauteur.

L’appétit retrouvé, la sylphide imite son vis-à-vis et commence à manger. Le geste devenu mécanique au quotidien se montre cette fois empressé et savouré ; une scène devenue rare dans sa vie mouvementée. A la mention de Grisha, l’infirmière préfère ne pas relever. Elle détecte sans mal les sourcils froncés de son collègue et la fossette apparue au creux de sa joue droite. Signe qu’il ne veut pas s’attarder sur le sujet et regrette peut-être même de l’avoir évoqué…

Et puis, ses derniers mots la font lever les yeux de son assiette un long moment. Le sentiment à son égard est fort parce qu’il lui fait connaître la réciprocité. Celle que tous ses partenaires lui ont toujours refusée, qu’ils soient amis ou amoureux. C’est peut-être s’avancer un peu que de l’envisager comme un pilier de son existence, mais après toutes ces années passées à faire connaissance, il est celui qui se tient toujours . Celui qui lui a rendu visite à la clinique quand elle s’y trouvait seule, celui qui l’accompagne depuis que sa raison s’est fait la malle, et qui propose encore d’être un soutien pour elle au quotidien.

Les yeux brillant de larmes qu’elle retient, la divine fait doucement glisser sa main jusqu’à atteindre celle de son voisin. « Et toi non plus ». Parce que cette relation n’est pas à sens unique. Et qu’il n’est pas celui qui doit sans cesse l’écouter se plaindre, et trouver les gestes ou les palabres pour la réconforter. Elle est prête à s’y donner aussi, corps et âme, comme dans chacune de ses liaisons.
Cette fois non pas au nom de l’Amour mais bel et bien de l’Amitié.  



FIN
 

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