le rouge aux genoux

oz et kenny /icons by pastel breathing

https://www.youtube.com/watch?v=rxaTAFXgykU

sa démarche fait peine à regarder - elle en fait presque pitié. faut dire que kenny il est complètement pété, cuit comme un coing laissé au soleil - asséché comme une fleur fanée entre deux pages d'un livre bouffé par le temps. il a le sourire pourtant, le rire qui résonne entre les murs pour mieux buter dans ses propres tympans - il se donne le tournis seul, il se donne la falaise sous les pieds sans qu'il le remarque. il a la lèvre inférieure pincée, il est bêtement heureux ce crétin joyeux, il est bêtement épris par les boissons mais cette fois-ci pour de bonnes raisons - pour la chance qui sans cesse le pousse dans de plus grandes richesse. pour tout, pour ce renouveau, pour cette constante appréciation d'un présent dégueulassé avec un coup de ceinture en plein cou. et accompagné, il lui jette des coups d'oeil à elle, elle qui arrive encore à bouger, elle qui semble gênée - ou au contraire dépitée, il saurait pas dire kenny, il sait plus rien dire à cette heure-ci, dans cet état précisément qui envisage un potentiel trou noir dès le lendemain matin, en plus d'un râle clamant haut et fort qu'il recommencera plus jamais. elle est toujours aussi jolie oz - de jouer comme de nuit, de mort comme de vie. elle a les yeux qui brillent comme deux joyaux sujets aux moindres rayons solaires, elle a la peau porcelaine qui menace de claquer sous la pression de l'air trop lourd. elle est pourtant, elle est, elle est forte, elle est grande, elle est grandieusement forte - ou fortement grandiose. il laisse planer un énième gloussement, ses mots ne font pas sens depuis longtemps - jusqu'à ce que quelque chose attire son attention, ce petit rien, ce petit peu qui émane des mains de l'autre, comme un cumul de paillettes radioactives, comme les restes d'un monde englouti qui émerge de sa peau. et tellement concentré qu'il est kenny, il s'en souvient plus comment mettre un pied devant l'autre.

juste un pied devant l'autre. et il se marave salement contre les pavés, se gamelle comme jamais en tentant tant bien que mal de tout prendre sur ses paumes - elles pissent un peu. alors il se fout sur le dos, ça en jette autour de lui autant qu'un tour en grand huit - mollement il papillonne des cils, fait une approche à la réalité autant foireuse que malheureuse.
- waaah putaaain oooozzzz. il pince sa lèvre, retient son rire au possible - sauf qu'il se fait la malle, dans une habitude impossible à lui enlever, cette fois-ci trop forte, à un tel point qu'il se demande quelle vieille bique lui balancera son pot de fleur à la face. il renifle un peu, reste concentré sur ses doigts longs comme des aiguilles.

- t'es liiiiittééééraaalement une lumière... t'es quel genre de lampadaire chérie ? il se dit que c'est lui qui fabule kenny, ce sera pas la première fois. il se tait subitement, le coeur qui fait du tamtam dans son torse rongé par le macadam - qu'elle cause oz, ça fait berceuse.

ta voix, ta voix, rien que ta voix,
tes mains qui brillent comme un beau matin,
comme un éclat de nuit,
comme un dernier soupir de jour,