I'm looking for a place to start - Sam 23 Juin - 17:05
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Il n’aime guère quand quelqu’un lui envoie un message pour lui demander ses horaires. Il n’aime pas quand la personne ne lui fournit aucune explication, permettant à son esprit de vagabonder, d’imaginer les pires scénarios. Il déteste quand il s’agit d’un membre de la Bratva qu’il apprécie. Il n’a pas demandé à Anna le sujet de sa visite. Il se doute que si elle ne lui a rien dit, c’est pour une bonne raison. Mais ça ne l’empêche pas d’avoir la tête ailleurs le reste de la journée. Il regarde sa montre régulièrement, désespère quand le temps n’avance pas. - Il y a un problème Daniil ? Il est surpris par la question que lui pose sa collègue. D’habitude, ses soucis, il sait bien les cacher, les dissimuler derrière un sourire, une parole légère, une conversation détournée, un tour de magie qui fait sourire les enfants. Il est maître dans l’art du mensonge et du masque. Il vit depuis bien trop longtemps sous la coupe de la Bratva pour ne pas avoir appris, à ses dépends, à cacher ses émotions et pensées. S’il n’avait pas su le faire, ses collègues auraient passé leurs journées à lui demander « quels sont les problèmes ? ». - Non non ça va … - Tu devrais faire une pause, les enfants vont voir que tu n’es pas à ce que tu fais. Il hésite à refuser, finit par accepter. Pas tellement pour lui, plus pour les gamins. Il n’a pas envie de leur communiquer son angoisse. Ils sont intelligents, beaucoup souffrent et véritables éponges émotionnelles, ils n’ont pas besoin que Daniil leur apparaisse lointain.
La pause ne l’aide pas vraiment. Et quand enfin, la fin de son service arrive, il se dépêche de quitter ses vêtements d’hôpital pour se diriger vers le parking. Là il rejoint Anna, claque la portière de la voiture en la saluant. Ce n’est que là qu’il remarque Sveinn, bien installé à l’arrière. L’enfant gazouille et sourit, agite ses petites mains et tire un sourire à Daniil. Un vrai sourire, qui illumine son regard et creuse le coin de ses yeux. - Bonjour bonhomme ! Tu grandis toujours aussi vite ! Il se tourne vers Anna, toujours souriant, bien qu’une ride d’anxiété vienne barrer son front. - Un peu longue, mais j’ai survécu. Il survit toujours. Il n’a pas trop le choix. Si ce n’est pas pour lui, il le fait pour son frère. Si ce n’est pas pour lui, il le fait pour les autres. Les enfants à l’hosto, Camille, Merlin, Seyi, Magnus. Anna aussi. Elle est d’une aide précieuse. Elle n’empêche pas les visions, pas les humiliations, pas la douleur laissée par la culpabilité et les runes, mais elle est là et c’est ce qui compte. Une présence, quelque chose pour lui dire qu’il n’est pas tout seul, qu’ils sont nombreux à la détester, la Bratva.
Son regard se pose sur Sveinn, de nouveau. - J'espère que les enfants vont bien. Moins il les voit à l'hôpital, mieux c'est. Il a beau les adorer, ce n'est pas le meilleur lieu pour passer du temps avec eux. - Et toi ? Comment tu vas ? Ce n'est pas vraiment ce qu'il veut demander. Anna ne vient normalement pas le chercher après le boulot. Quelque chose cloche. Quelque chose qui implique Sveinn, parce qu'il ne serait pas là sinon. A moins qu'elle n'ait pas trouvée de nourrice. Il veut que ce soit ça. Il sait que ça ne tient pas la route. Les autres enfants ne sont pas là, donc ils sont gardés. Donc Sveinn ne devrait pas être ici. - Il y a un problème n'est-ce pas ? Le ton est doux et calme, l'inquiétude dans le fond de la gorge tort un peu sa voix.
I'm looking for a place to start - Dim 8 Juil - 23:50
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- Alcide Bellandi tu sais qui c'est ? Ça commence mal quand on lui pose une question sur une des principales têtes pensantes mafieuses de la ville. Quand on est dans la Bratva, on n’ignore pas qui sont les Bellandi. On apprend à les détester comme tout le reste de la Nuova Camorra. Quand on est dans la Bratva, on essaie de se tenir au courant des dirigeants du crime organisé d’Arcadia, histoire de ne pas faire une erreur avec la mauvaise personne. Le Russe fixe la rousse, incapable de prononcer quoi que ce soit. Le nom de Bellandi ne se serait pas invité à la conversation si ça ne le concernait pas, s’il elle n’était pas venue à cause de lui. Sa dernière volonté est bien de ne pas se mêler d’une affaire qui implique le chef de l’ennemie juré de la Bratva. - Et bien ce bonhomme à l'arrière, c'est son fils. Daniil se fige, perd sa respiration une seconde. Il se demande s’il a bien entendu, si ce n’est pas une blague de –très- mauvais goût. Bellandi et Anna ayant un fils grandissant dans la Bratva ... Il retient une grimace en comprenant en quelques secondes tout ce que ça impliquera dans le futur de l’enfant. Rien de bon. Dans le meilleur des cas, ça ne se saura jamais. Dans le pire, il deviendra la risée des Russes, celui à abattre, le potentiel traître … Daniil regarde l’enfant en se tournant dans son siège. Il est encore innocent, inconscient du monde qui l’entoure et du double héritage qu’il porte dans ses veines. Il ne demande pas pourquoi Anna a fait ça. Ce n’est pas son affaire, son problème. Le problème, c’est la sécurité de l’enfant qu’il y a sur ce siège. - Personne ne doit le savoir, tu l'imagines bien... Il acquiesce en silence, ses yeux ne quittant pas le bambin. Son large sourire donnerait presque envie à Daniil de rire à son tour, s’il ne sentait pas un poids de plus en plus lourd sur sa poitrine. Un de plus. C’est pour ça qu’il est devenu infirmier au service pédiatrie. Les enfants, bien que malades et souffrant, ont toujours quelque chose en eux qui l’apaise. Pas de corruption, de rêve de pouvoir et d’argent, d’ambition. Que des volontés plus saines et extravagantes aussi. Avoir un ranch en Europe, gravir l’Himalaya, devenir archéologue … Il ne s’agit pas de tuer sa femme pour récupérer l’assurance décès, d’éliminer un concurrent pour gagner en grade, d’alimenter le marché de la drogue pour se faire de l’argent … - Mais certaines personnes ont des capacités pour savoir ce qu'on cache, et j'ai peur de ce qu'il pourrait arriver s'il venait à apprendre qu'il a eu un enfant qui grandi dans la Bratva... Il repose ses yeux sur elle. Ils savent tous les deux ce qui arrivera. Les bâtards de Bellandi n’ont pas la réputation d’être accueillis à bras ouverts par le paternel. Ils ne crient pas leur filiation sur tous les toits. Il sait aussi que les oracles sont redoutables pour ce genre de choses. Qu’une l’est particulièrement, mais que réfugiée chez la Calavera, elle a peu de chance d’être sollicitée. De toutes manières, la Nuova a ses propres mortels prodiges, comme toutes les mafias. Et que certains dieux sont aussi excellents quand il s’agit d’engager une chasse à l’homme. Qu’importe que ce soit un enfant, les règles de la morale ne s’applique pas à Arcadia. Il ne veut pas imaginer les problèmes que l’assassinat de Sveinn soulèverait, autant pour sa famille que pour les Bellandi et la Bratva. - Il est en danger … Peut-être pas immédiatement, mais il peut l’être à tout moment. Ce n’est pas une manière de vivre, de craindre pour son fils à chaque heure. - Anna … Tu ne pourras pas le protéger tout le temps … La Nuova est puissante, j’espère que tu sais ce que tu fais … Il y a de la tristesse dans sa voix. - Et je ne sais pas me battre alors … Alors qu’elle attend de moi ?. Il sait pourquoi elle est venue le voir. Parce qu’il est un des seuls qui ne suit pas la Bratva aveuglément, pis, qui la hait. Assez, si Anna lui demande, pour se mettre en danger malgré ses réticences. Il s’agit d’une amie et d’enfant, il ne peut pas fermer les yeux, sa conscience, déjà bien mise à mal, ne lui interdit. Même si elle le met en danger. Il devrait lui en vouloir, mais il n’y parvient pas. Une pensée lui parvient. - Tu penses qu’il peut être cherché actuellement ? Pourquoi le prendre avec elle sinon ?
I'm looking for a place to start - Dim 15 Juil - 18:37
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- J'ai croisé Alcide, je ne lui ai rien dit mais je pense qu'il a des soupçons. La grimace d’Anna ne lui échappe pas. Il hoche la tête et baisse ses yeux sur ses doigts. Il est nerveux et ils en sont la parfaite démonstration, agités. Il s’en veut aussitôt, de laisser Anna voir son anxiété alors que c’est elle qui endure au quotidien la menace de mort que porte son fils. Il essaie de les calmer, y parvient rapidement. Il a en l’habitude. De maîtriser ses doigts quand ils se font trop énergiques en présences des torpedos de la Bratva. Quand une vision le secoue assez pour qu’il en reste silencieux de longues minutes, au grand agacement des Russes. Quand à l’hôpital, un enfant qu’il apprécie se fait emmener en salle d’opération pour une intervention réputée délicate. Quand Camille lui parle de tout ce qu’elle traverse, quand il craint que Merlin ne découvre ce qu’il fait et est vraiment. Mais il n’a pas l’habitude les contrôler en présence d'un ami. Pas besoin de porter un masque normalement. Maintenant, c’est différent. Il y a Sveinn sur le siège arrière qui gazouille. Le fils d’Alcide Bellandi … On lui aurait dit au détour d’une conversation banale qu’il n’y aurait pas cru. Elle lui explique qu’il n’y a guère de « chances » pour que le bambin soit une réincarnation. Daniil ne relève pas l’emploi du conditionnel et des « peut-être ». Il y a trop de « si » à prendre en compte pour que l’enfant soit hors de danger … Et il n’a pas le temps de pointer la principale évidence qu’Anna s’en charge pour lui. Il nota la rougeur que prennent ses yeux. Il glisse sa main dans la sienne et la serre légèrement. Le contact est rompu quand Anna se retourne vers son fils pour le poser sur ses genoux, stoppant ses petits cris. Sa petite main saisit celle de Daniil qui lui parait soudainement bien grande. Il sourit doucement à l'exclamation de Sveinn, reconnaissant sans peine le début de son prénom. - Ouais, c'est moi bonhomme ... Il secoue lentement sa main, faisant un coucou que Sveinn répète de sa main libre. Puis l'enfant tourne la tête vers sa mère, ses lèvres étirées dans un grand sourire. Daniil ne perd pas le sien. Sveinn est peut-être le fils de Bellandi, il n'en reste pas moins un gamin, qui n'a rien demandé de tout ça et certainement pas un père ayant la réputation d'être volage. Parmi les messes basses les plus sympas qui circulent à son sujet.
Le charme et la légèreté du moment est rompu. - Si ça tourne mal j'ai un plan pour le faire quitter le pays. Il lève ses yeux vers elle. Rien que ça ? Les Etats-Unis sont immenses, contrairement au pouvoir de Bellandi, qui malgré le dieu qui l'habite, ne peut pas faire régner sa loi à l'autre bout du pays. Mais Daniil ne dit rien. Mieux vaut trop que pas assez, n'est-ce pas ? - C'est de mes autres enfants qu'il s'agit, parce que je pense que je serai jugée pour ça et probablement tuée qu'il s'agisse de la Bratva ou de la Nuova. C’est à son tour de grimacer. Elle a peut-être raison. Elle a beau faire partie de la Bratva, cette dernière ne plaisantera pas quand il s’agira de punir celle qui a eu une relation et un fils avec l’ennemi juré. Et même si l’incapacité du don à se protéger ne dépend pas de la rousse, elle s’en est servie pour avoir Sveinn. Si ce « détail » se sait, elle risque très gros, des deux côtés. Elle risque aussi de rendre des enfants orphelins et certains sans souvenirs de leur mère. - Je voudrais que tu veilles sur eux si je ne suis plus là...Tu dois veiller à ce qu'ils aient une gentille famille Il n’est pas surpris. Il sent comme un poids sur ses épaules et son cœur, quelque chose qui lui engourdit l’esprit. Il se sent soudainement trop à l’étroit dans la voiture et se tourne pour ouvrir une fenêtre. Il sait qu’il vient de briser tout le dramatique de la situation et ce n’est pas plus mal. Ça lui fait remonter de vieux souvenirs en mémoire. Lui et Grisha dans leur famille d’accueil. Elle n’était pas méchante. Elle ne les accueillait que pour l’argent, voilà tout. - Ils ne doivent pas être séparés. - La justice ne sépare pas les fratries. Il répond par automatisme. Le ton est lointain, comme absent. Il se reprend une seconde trop tard. La justice peut être contrôlée par les mafias, mais ça il ne le dit pas. Il a dû ruser, quand, plus jeune, il a tout fait pour rester avec son frère. Il était inexpérimenté, il parviendrait sans doute à lutter un peu plus facilement contre la juridiction si Anna venait à disparaitre. - Ils ne seront pas séparés. Je m’en assurerai. Il ignore la manière dont elle a essuyé ses yeux, ne veut pas la mettre mal à l’aise. Il n’est pas compliqué de comprendre que la situation doit lui paraitre insoutenable. - Il y a une autre solution mais c'est à condition qu'ils ne fassent pas usage d'un oracle pour voir si je mens ou pas. Je ne sais pas si tu peux m'avoir un test de paternité que je falsifie, je mettrai le nom de quelqu'un de la Bratva, il ne pourra pas dire le contraire, il m'en doit une. Il se permet une seconde de réflexion. Il peut lui avoir un test sans soucis. Il sait aussi que la Bratva, par mesure de précaution, lui demandera de se servir de son don pour vérifier le mensonge d’Anna. C’est vers lui qu’on se tourne quand il s’agit des traitres. Lui qui balance les noms et les secrets. C’est ça ou la mort de Grisha. Mais là, ce sera ça ou la mort d’Anna et de Sveinn. Alors l’idée ne lui parait pas excellente. - Il ne vaut mieux pas faire ça. Je peux t’avoir le test, mais la Bratva se servira des oracles, de moi. Et elle nous fera parler. Il n’y a pas que la torture, il y a aussi les pouvoirs, divins, qui brisent toutes les volontés. - Et je ne sais pas si la Nuova ne fera pas de même … Il vaut mieux que évites de reposer ça sur un mensonge encore plus gros que ce qui est déjà en place. Ça leur plaira encore moins. Si tu as une solution de repli, c’est mieux. Il prend Sveinn sur ses genoux, faisant taire les tentatives de l’enfant pour attirer son attention. - Tu en as parlé aux enfants ? Il remonte les yeux vers elle. - Pas de Sveinn, mais de la possibilité que certaines choses … ne se passent pas comme prévues ?
I'm looking for a place to start - Jeu 19 Juil - 12:03
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- Non, je ne sais pas comment leur dire ça, je ne leur parle jamais de la Bratva. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de leur dire, ils sont trop jeunes encore. Le plus vieux est à peine moins âgé que l’était Daniil quand la Bratva est venue frapper à sa porte. Il aurait dû sentir, à l’époque, l’odeur des loups gourmands, des avides prêts à l’enchainer pour obtenir de lui ce qu’ils voulaient. Ils auraient dû voir, à la lueur dans leurs yeux qu’ils ne voulaient pas leur bien, à lui et à Grisha, comme ils le clamaient. Il n’y a pas d’âge pour que la Bratva s’immisce dans la vie. Mais à partir du moment où elle le fait, elle ne la lâche plus. Elle est là jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. Du berceau au tombeau diraient certains. Il n’y a pas de « trop jeune ». La Bratva s’en fout. Comme elle se moque des orphelins qu’elle a fait, qu’elle fait et qu’elle fera encore, que ce soit en la personne d’Anna ou de quelqu’un d’autre. Il n’y a pas d’âge pour se faire happer par les mafias, Daniil l’a appris à ses dépens. Grisha est devenu un tueur trop tôt, lui une putain de l’esprit encore avant. Mais il ne le dit pas. Il ne dit pas tout ça parce qu’Anna n’a ni l’envie, ni le besoin de l’entendre maintenant. Le choix lui revient de toutes manières et ce n’est certainement pas lui qui trahira cette décision. - Peut-être que tu peux commencer à en parler au plus grand … Que toute la fratrie ne soit pas prise au dépourvu si Anna, soudainement, disparaissait. A quatorze ans, les enfants sont lucides et intelligents. A quatorze ans, on est en âge de comprendre certaines choses, on fait la différence entre le bien et le mal depuis longtemps. Mais il sait aussi que le poids est lourd à porter. Pas besoin que l’aîné connaisse tous les détails de toutes manières … Lui aurait aimé que ses parents lui parlent de la Bratva, des Russes à ne surtout pas approcher, à aucun prix. Il ne se serait pas fait esclave aussi facilement. Il aurait su à quoi s’attendre de leur part, aurait refusé tout engagement, aurait percé les mensonges proférés pour l’attirer. Sécurité, stabilité. Une vie normale pour son frère. Ce fut sans doute ça le pire. Que Grisha deviennent un tueur, que l’asservissement de son frère n’avait servi à rien …
Il la regarde fouiller son sac à la recherche d’un mouchoir, les yeux tristes alors que Sveinn commence doucement à ronfler dans le creux de son épaule. - Je pensais aussi à trouver des personnes dans la Nuova qui me sont proches et qui pourraient influencer Alcide en ma faveur. Il hoche la tête. C’est un bon plan. Incertain, mais qui peut fonctionner. Qui n’implique pas de fuir le pays, de laisser ses enfants derrière, de perdre son fils ou de mourir. Ce serait avoir un ennemi de moins. Parce qu’Anna s’en ait collé deux sur le dos avec donnant la vie à Sveinn. Les pires ennemis. - Je doute que lui faire les yeux doux sera suffisant. Qu'est-ce que tu en penses ? - C’est un bon plan. Enfin je pense … Parce qu’il n’est pas stratège et que ses intuitions, au cours des dernières années ne l’ont pas mené à avoir une vie de rêve. Alors pour ce que son avis vaut … - Essaie aussi de faire jouer tes contacts dans la Bratva pour savoir s’ils se doutent de quelques choses. Ça te laissera un coup d’avance. Ils ont beau ne pas l’aimer, utiliser ses membres comme l’organisation les utilise eux, il n’en aura aucun remords. Et si en voulant tuer Sveinn ou Anna, ils permettent aux deux de partir avant, ce sera un beau retour de flamme. - Je peux aussi essayer d’utiliser mon don. Mais l’avenir n’est pas très clair avec les runes … Ou d’autres spécialités, qu’importe. Le temps est plus facile à lire dans le passé ou le présent. Le futur est incertain, malléable, peut changer du jour au lendemain, selon les décisions. Il n’est pas arrêté, pas destiné. Alors il est difficile de se fier au don des prophètes, d’autant plus que leurs visions à propos de cette partie du temps sont rares et nébuleuses, voire inexistantes pour la plupart. Il berce doucement Sveinn, lui faisant quitter son épaule pour le prendre au creux de ses bras. L’enfant se roule en boule, bave sur sa manche. Il le regarde doucement. Il est serein, calme. Peut-être que c’est ainsi qu’ils devraient être aussi. Faire confiance en la vie et se laisser bercer. Peut-être que ça ne sert à rien de s’inquiéter car ni la Nuova, ni la Bratva ne découvriront un jour la parenté de l’enfant. Il sait que ce ne sont que de faux espoirs. Que la vie envoie au sol le maximum de personne et des fois, laisse tranquille ceux qui se relèvent. Ou s’acharne encore davantage. Mieux vaut prévenir que guérir, alors Anna n’aura jamais assez de plans de secours. - Vois aussi avec les Enfants Terribles si tu veux … Ils accueillent des fois ceux qui fuient la Bratva. Mais ce serait une solution temporaire. Il pense à Seyi, qui est dans ce cas. Mais il se demande comment elle peut espérer fuir la Bratva toute sa vie en restant dans la même ville.
I'm looking for a place to start - Ven 7 Sep - 22:58
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- Je comprends Daniil, reste-y pour le moment, quand le moment sera venu pour toi de t'en aller, saisis ta chance. Il serre sa main autour de celle d’Anna, sourit faiblement. Il ne sait pas si un jour, ce moment arrivera. Il a déjà essayé de percer son avenir. C’est une tentation mauvaise et visqueuse, qui empoisse l’esprit. Au début, on se dit qu’il vaut ne mieux pas savoir de quoi l’avenir sera fait. Puis ça devient omniprésent. On voit les malheurs arriver, se multiplier, les douleurs s’entasser. On se dit qu’on aurait pu éviter tout ça et que, peut-être, on pourrait éviter les cauchemars à venir. Alors on essaie. Et on ne trouve rien. Que le noir, le néant, aucune réponse, aucune rune sur le bout du crayon, aucune impulsion, comme c’est normalement le cas. Rien. Car les oracles ne sont pas destinés à voir leur futur et ceux de leurs homologues. Ils sont condamnés à voir les autres mourir, mais pas leur propre fin. Humour dégueulasse de la part d’un destin qui se moque bien d’eux. - Pour le moment je ne sais pas trop comment faire, mais je vais essayer de m'en aller de la Bratva. J'ai des contacts au royaume aussi, ils m'aideront. Alors je vais peut être disparaître un moment, mais je reviendrai discrètement à ton travail prendre de tes nouvelles. S'en aller de la Bratva. C'est un doux rêve. C'est impossible tant que Grisha y est lié. Mais il observe les autres le faire. Seyi, Magnus, maintenant Anna. Ils partent tous, ceux qui le soutenaient. Ils partent tous et il est le seul à rester pour porter un poids qui devient à chaque fois un peu plus lourd. Il voit les visages amicaux se réduire, disparaitre, ne plus revenir. Par choix des fois, parce que la Bratva les a rattrapée pour d'autres. Il ne prend pas de nouvelles de ceux qui ont réussi à arracher leur liberté. Du moins, il ne le fait pas grâce aux runes. C'est trop difficile de voir ce qu'ils sont devenus, ces anciens compagnons d'infortune. Comment ils ont réussi à rebâtir une vie, eux. A être heureux. C'est trop dur. Et le faire avec le pouvoir qu'il déteste tant, c'est humiliant. C'est comme mendier pour des informations. Les gens l'oublient. Il devient un souvenir associé à un épisode de malheur. Alors ça le touche qu'elle lui dise ça. Parce qu'il la croit sans mal. Ce serait bien le genre d'Anna, de se mettre en danger pour voler quelques minutes de conversation au détour d'un couloir. - Ne te mets pas en danger. On fera comme dans les films. Les vieilles adresses mail poubelle que personne ne surveille ça marche non ? Il a un sourire taquin sur le bord des lèvres, une lueur plus légère au fond du regard. Il serre sa main une seconde fois. - Merci Anna ... Pour ses mots, ses regards, sa confiance. Pour bien des choses qu'il n'arrive pas à exprimer. - Et si toi aussi tu veux fuir, si tu as besoin d'une porte de sortie, sache que je suis là pour toi et Grisha, je vous aiderai, je vous cacherai. Il hoche la tête, berce doucement Sveinn qui lâche de temps en temps un léger chuintement. - Quand Grisha pourra partir … Ce sera le bon moment. Utiliser le futur et non le conditionnel, pour se bercer soi-même d'illusion. Et qu’importe s’ils ne vont pas au même endroit, du moment que c’est loin de la Bratva. - Tu es comme mon fils tu sais, cela me tient à cœur. Cœur qui se serre, larmes qui lui montent aux yeux. Ils n’ont pas une grande différence d’âge, Anna est déjà la mère d’une belle famille. Elle est forte, à bien des égards elle est féroce malgré une bonté dont il ne doute plus. Ça remue quelque chose en plus, ces cinq mots. Il n’est plus le fils de personne depuis longtemps. Alors se l’entendre dire c’est … Bien. Ça fait du bien. Son étreinte se resserre un peu plus envers le petit dernier de la fratrie. - Jure-moi que tu vas rester fort. Ho Anna … Il efface ses larmes tous les soirs devant le miroir et quand il ne le fait pas, c’est que la Bratva l’a usé à l’en faire devenir comateux. Il s’efforce de sourire tous les jours, de soulager les enfants autant qu’il le peut, d’en donner le moins possible aux Russes sans y passer, de sauver son frère sans qu’il ne le déteste. Il essaye tous les jours, mais des fois c’est difficile. Des fois, il n’a plus envie de lutter. Il veut arrêter, faire cesser les soucis, l’angoisse, la colère, la haine et les douleurs. Une fois, il a contemplé une arme à feu avec envie en se demandant s’il était possible de rater son coup en se tirant une balle en pleine tête. Une fois il a été tenté de ne plus être fort. Alors c’est une promesse dangereuse. - Je te le promets. Un silence. - Promets-moi d’être prudente. Considère toutes les options. Ça va aller. Et si je suis toujours là pour les enfants en attendant. Et toi.