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take me somewhere nice (ciara)

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take me somewhere nice (ciara) - Lun 7 Mai - 20:05

Ciara
&
Feliks
i remember when i first noticed that you liked me back.
Ce soir, c'est Roman. Roman Hyde. La carte d'identité qui se glisse dans la poche arrière de son jean bien ajusté. Roman est grand. Plus que Feliks. Le corps n'est pas ciselé de la même manière, muscles fins, affutés, s'allongeant sous sa chair. Ce sont les deux tiroirs à gauche en entrant dans son dressing qui lui sont tout réservés. Roman aime s'habiller de manière assez simple, mais efficace. Il faut dire qu'il n'a pas besoin d'en faire des tonnes, l'Apollon, c'est ce que se dit Feliks dès qu'il croise son reflet dans le miroir. Beau-gosse. Feliks a développé une sorte de passion pour les cheveux de Roman. Plus doux, plus disciplinés que sa tignasse sombre habituelle. D'un blond si clair que le teint légèrement hâlé ressort un peu plus encore, et sur sa peau dorée, ce sont les prunelles azurées qui gagnent en intensité. Tout est parfaitement à sa place, découpé de manière presque artistique sur les reliefs de son visage. Et le regard, c'est sa deuxième caractéristique préférée. Plus expressif que ses iris bêtement marrons. Feliks se sent beau, charismatique, lorsque les os se mettent à craquer sous sa peau, marquant les mâchoires, affinant le nez, que les fossettes s'intensifient au moindre frémissement des lèvres pleines. Le Hyde est sculpté aux antipodes de ce que le Murtagh songe représenter. De cette apparence initiale qu'il tend à mépriser, lorsque le faciès se fait aussi parfait.

Roman, c'est pour sortir.
Le soir, plutôt. Les traits qu'il revêt là où d'autres enfileraient leur plus belle chemise. Parmi la panoplie d'apparences qu'il possède, il n'y en a que peu qui se font récurrentes. Cinq, tout au plus. Et quand il a envie d'aller prendre un verre, de préférence dans le quartier italien, il aime sortir le grand jeu, la belle gueule qu'il affiche non sans fierté. Roman referme la porte de son appartement, sur Feliks. Parce que Feliks n'a pas le droit de sortir dans la rue. D'aller se commander un cocktail le plus naturellement du monde, et peut-être même un deuxième. D'aller inviter une fille à danser. De la ramener chez lui. Feliks est cloîtré entre quatre murs, privé de lumière du jour depuis trop d'années. C'est plus prudent. Feliks est mort, il ne doit pas l'oublier. Le risque de croiser un visage connu est trop présent, alors il reste caché. Camouflé derrière le sourire étincelant de Roman et ses airs sacrément assurés.

Ce soir, Roman porte une chemise blanche, et un noeud papillon lie de vin. C'est pas franchement dans ses habitudes, et le barman - qui le connaît, à force - risque bien de le notifier derrière un sourire moqueur. Mais Roman est si beau qu'il peut bien se permettre de se coller un noeud pap' contre la trachée. Comme s'il n'avait déjà pas assez de la pointe d'anxiété qui lui noue la gorge à mesure qu'il s'approche de l'entrée. Des semaines, le même enthousiasme mêlé de l'appréhension de trouver les lieux vides. Mornes de son absence. Roman a quelques habitudes, c'est vrai, mais celle de se pointer à la même heure, chaque vendredi soir, au Piada bar, n'en faisait pas partie. C'est vrai que ça lui arrivait d'y traîner de temps à autres, mais jamais de manière aussi récurrente. Et pourtant, déjà deux mois qu'il honore le rendez-vous officieux. Qu'il débarque à vingt-et-une heures quarante-cinq tapantes, comme la première fois. La deuxième fois, c'était parce qu'il avait aimé l'ambiance, soi-disant. La troisième, pour assister à un concert. La quatrième, parce qu'il venait tout juste de passer devant et qu'il avait justement oublié - par inadvertance - sa veste la semaine passée. Les excuses toutes plus débiles les unes que les autres, et le jeu qui se poursuit. Pourtant, à mesure que le temps passe, il se le demande, Roman. Quand viendra le jour où il trouvera cette table vide.

Pas ce soir. Il l'aperçoit dès qu'il atteint les dernières marches de l'escalier. Et il sourit, comme un con. C'est rare qu'elle soit là avant lui. Il fait d'abord un peu semblant d'hésiter, fuyant son regard, le laissant traîner comme s'il découvrait les lieux pour la première fois. Puis, il la regarde. Feint la surprise. Il est excellent comédien, question de survie, pourtant il surjoue toujours un peu dans ce cas précis. « Vous ici ? » Sourcil arqué, alors qu'il arrive à sa hauteur, que ses mains se posent sur le dossier du siège qui lui fait face. « Je suppose que t'attendais quelqu'un. Je dois moi-même retrouver un ami et... » Un air contrit sur le visage, après un léger sursaut, et sa main qui récupère son portable dans la poche de sa veste. Le regard parcourt les lignes imaginaires, l'éteint, puis le range. « Tu devineras jamais. Il doit garder ses nièces, il ne viendra pas. Génial. » Le regard se perd alors qu'il lève les yeux au ciel, croise les bras un instant sur sa chemise immaculée, juste troublée du rouge sous le col. Celui qui à lui seul veut dire non, non j'suis pas là pour mon pote. Parce que c'est sa couleur favorite, à Ciara, qu'il ne l'a pas oublié ce détail, au fil de leurs conversations. « Maintenant que je suis là. T'es toute seule, ou t'avais un rendez-vous ? J'peux peut-être te tenir compagnie en attendant. Histoire de dire que j'ai pas fait touuut ce chemin pour rien. » Il a un regard de chien battu, dans lequel le kitsune insinue sa malice.

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take me somewhere nice (ciara) - Mer 9 Mai - 19:03

Ciara
&
Feliks
i remember when i first noticed that you liked me back.



La chaleur s'évaporait, laissant place aux dérives de la nuit. Un verre, puis un second, et finalement s'en retourner pour oublier. Dormir, et recommencer. Le rythme était véridique, mais d'un ennui mortel, à crever. Ciara avait un quotidien, liant ses mains à un funeste destin nommé la lassitude. Une étrange mélancolique, toujours vêtue d'un sourire et dénuée de volontés fourbes. Ce sourire étrange sur le visage, comme celle d'une amie éternelle, d'une fille simple pourtant qui ne cessait de se fermer. Donner le minimum, mais assez pour se faire aimer. Tout le monde le lui disait : elle ferait bien de se révolter, d'abandonner cette étrange mélancolie qui venait guider ses pas. Sa mélancolie n'avait d'égale que sa sociabilité. Une fille, toujours prête à écouter, et qui ne venait jamais manipuler autrui. La déesse, venait pourtant offrir à Ciara ce qu'elle ne pouvait espérer : la chance de devenir meilleure. La mauvaise nouvelle, était que l'entité lui confiait le droit de s'enfuir dans ses illusions et de nourrir ces dernières. Un coeur à la lisière entre fantasme et désespoir. Qui s'échouerait un jour sur les rives de la réalité, face aux rêves désabusés d'une femme-enfant. S'en aller, se promener dans les rues de la ville avec un certain élan d'entrain. Elle n'était pas de ceux qui regardaient derrières. Elle n'était pas de ceux qui venaient à craindre hier. Elle était de ceux qui n'attendaient rien de demain. Elle ne serait jamais de ceux qui renonçaient à ses rêves de gamin. Il ne fallait pas venir lui parler de négativisme, derrière ce sourire se nichait une éternelle optimiste, discrète dans ses revendications et simple dans ses idées. Pourtant, plus le temps avançait, plus elle s'enivrait de l'entité qui venait à la pousser vers plus. Ne pas être banale, mais devenir la meilleure, et non plus seulement le leurre qu'elle semblait offrir dans ses bonnes heures. Son père ne cessait de lui rappeler que cela était une chance, et qu'il était prêt à l'aider dans cette transformation l'ayant vécu lui-même. Elle ne daigna jamais le remercier pour cette proposition, et se contenta d'accumuler les messages sur son répondeur, en serrant fort son coeur. Ce coeur, était brisé, mais une nouvelle fois elle comptait s'échapper et fuir dans les bars pour occulter cette folle idée qu'elle finirait seule.

La blonde s'admira une dernière fois dans la glace, avec cette blondeur et ces longueurs excessives. Nombreux lui disaient qu'elle avait les cheveux trop longs, mais elle se refusait à écouter les autres. Une robe courte dos nu, des talons et assez de maquillage pour faire oublier ses cernes Elle n’atteignait pas le mètre soixante-dix, et pourtant elle avait le corps d'une mannequin selon ses amies. Ciara avait l'allure fragile, mais son corps était frêle et cela devint pire après la fausse couche. La princesse à sauver ? Un peu, trop parfois. Le temps avait offert à la princesse le temps de se révolter, du prince charmant elle était tombée dans les bras de la facilité d'une nuitée pour s'enivrer d'un corps venu danser contre le sien. Tout cela, elle l'admettait et s'en foutait – un peu trop. Quittant son appartement d'un geste assuré pour prendre direction du quartier italien. Elle était une habituée des bars, autant pour consommer que pour y bosser. Le jazz n'était pas une passion chez elle : elle ne dansait pas, ne chantait pas et se contentait d'écouter de la musique sur le trajet jusqu'à chez elle en rentrant du taff, tandis qu'un léger fond sonore venait étouffer le silence de son appartement. Pourquoi alors faire le déplacement jusqu'au quartier italien ? Par envie, qu'elle expliquait, mais se mentait à elle-même pour s'éviter inutilement de souffrir. Poussant les portes du bar avec un certain air curieux sur le visage, observant vaguement les visages connus, ceux côtoyés dans le métier. N'osant pas se rendre à l'étage, la blonde se contenta de prendre direction du bar. S'arrêtant à plusieurs reprises pour saluer des visages familiers qui tentèrent de l'accoster, et une fois sur deux, elle fut incapable de se rappeler si ces individus furent des amours d'une nuit, des anciens amis de son mari ou des compagnons de beuverie. Son défunt mari était un habitué des bars, et avait un large réseau de son vivant. La gamine se contenta de refuser les propositions des individus pour se joindre à eux, et se répéta en disant qu'elle allait bien. Prenant direction du bar où l'attendait un serveur qu'elle connaissait, un gay donc pas un mec dangereux. Elle vint lui faire la bise et à l'instinct précis où les joues se touchèrent « La Nuevo est en bas, va plutôt à l'étage». Il savait qu'elle fuyait comme la peste les mafia depuis la mort de son cher enfoiré. Le remerciant avec un sourire et il déposa face à elle un Spritz le sourire aux lèvres, tandis qu'elle vint à se saisir de ce dernier pour finalement grimper les escaliers.

S'installant dans un siège, déposant un verre. Le temps volé, le moment égaré à guetter ce qui ne saurait arriver. Le regard se balada, sur son téléphone en jouant avec son verre, le doigt venant délicatement épouser ses bords sans fournir une mélodie. C'est une voix qui vint la tirer de ses pensées, et ce qu'elle n'osait espérer, arriva : il venait une nouvelle fois. Rendez-vous officieux, qui était toujours vertueux. Une salutation, n'envisageant pas de se lever immédiatement tandis qu'il venait la vouvoyer : elle ne connaissait pas grand-chose de lui, que des petits détails. Roman, partait vite, parlait vite, et ne s’enivrait jamais. Elle était une buveuse confirmée, mais toujours avec modération. Lui posant une question sans lui laisser le temps de répondre tandis qu'elle démarrait un hochement négatif de la tête qui fut coupé par Roman, poursuivant son introduction. Il passait de surprise, à déception, à retournement de situation. Hochant avec intérêt la tête en portant son verre à ses lèvres. « Le karma peut-être. » Légèrement moqueuse tandis qu'elle prenait le temps de l'admirer de haut en bas. Il était mignon, pour un blond. La blonde était une habituée des bruns, comme-ci les blonds avaient été éradiqué par Barbie. Tomba alors la question fatidique, dans un moment de silence bref, mais réel. L'analyse de la réincarnée fut brève, mais elle afficha rapidement un sourire. « Cette chaise ne manquera à personne, je n'attendais personne. J'avais rendez-vous avec mon ami cocktail, mais que lui. » Lui faisant un geste de la main pour l'inviter à s'asseoir. Pointant du doigt le nœud papillon tandis que Roman s'installait. « Un nœud papillon ? Wahou ça devait être un rendez-vous important. Ou alors tu sors d'un entretien d'embauche. » La demoiselle laissa paraître un air surpris. Laissant donc supposer que oui, elle le jaugeait et matait à chaque fois. «  J'suis désolée que ton ami ait annulé. Mais bon tu es sportif à ce que je vois, la marche c'est jamais de la perte non plus Roman. » elle pratiquait deux sports : le sexe et la piscine, bonsoir l'hypocrisie.






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take me somewhere nice (ciara) - Dim 13 Mai - 18:33

Ciara
&
Feliks
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Roman met toujours une main dans sa poche - la gauche - la seconde venant lisser les pans de sa chemise - ou de son t-shirt - pour se donner une contenance. Ce qu'il fait en attendant une commande au bar avant d'aller s'asseoir. Ou en attendant son tour pour composter dans les transports en commun. C'est d'ailleurs là qu'il a vu un type dans sa petite quarantaine le faire, sa sacoche coincée entre son pied et la paroi du bus, allure soignée, charisme sympathique en fin de journée. C'est ce qui l'a inspiré pour la gestuelle de Roman. Le genre d'attitude qu'il peut avoir, face à la table de Ciara, en attendant qu'elle l'invite à prendre place. Feliks a mis beaucoup de coeur dans la constitution de Roman. Qu'il s'agisse de son apparence physique, dérobée à trois hommes différents, remaniée pour n'aboutir qu'à un visage et une carrure à la définition parfaite. Ou des détails peuplant sa manière d'être. Du parfum légèrement déposé à ses poignets, à ses sourires qui ne s'élèvent jamais qu'à moitié et dévoilent toujours ses belles dents blanches. De ses manies à sa boisson favorite, à ce qu'il écoute comme musique, ce qu'il fait de son temps libre, et puis son emploi. L'identité a été créée pour que nulle faille ne vienne exister. Après six années à apprendre de ses erreurs, Roman est l'un des plus aboutis. Seulement, au fil des rencontres, il n'a pas été tout à fait fidèle aux centres d'intérêts de Roman, Feliks. C'est sorti tout seul, au fil d'une conversation, l'alcool aidant à délier sa langue. Les films d'Hitchcock, qu'il a murmuré à Ciara, comme s'il s'agissait d'un secret bien gardé. Dérogeant à l'habituelle cinématographie italienne chérie par le blond aux grands yeux bleus. Il ne sait pas exactement pour quelle raison il le lui a dit. Ni pourquoi les révélations se sont enchaînées lorsqu'ils ont continué à parler littérature, puis musique. C'est que Feliks n'a pas l'habitude que l'on s'intéresse d'aussi près à lui. Et qu'avec elle, il n'a pas réussi à tenir le personnage. A ne plus même parvenir à retenir son sourcil gauche de s'arquer, de manière moqueuse, tic le plus difficilement perdu durant les transformations. Et à mesure qu'il revient passer les portes du piada bar, que son regard se pose sur elle, le sourire finit par se glisser au coin de ses lèvres, plus réservé. Pourtant, il n'est pas moins enthousiaste de la voir, le Murtagh. C'est même tout le contraire. Et si ses airs se font moins démonstratifs au fil des rencontres, c'est qu'ils se révèlent aussi plus sincères. Parce que Feliks n'a jamais été de ceux qui se dévoilent aisément, préférant les faux semblant au retrait du masque le dissimulant. C'est plus facile pour lui, de se montrer expressif sous cette seconde peau qui ne lui ressemble pas. De laisser le kitsune embraser son âme dans une sociabilité sans pareille. Perdre une à une les pièces de son armure, c'est dangereux, et il ne s'en aperçoit que trop tard, le plus souvent. L'issue risque de n'être plaisante ni pour l'un, ni pour l'autre. Mais il se perd dans la conversation, livrant des morceaux de lui avec un peu plus d'assurance à chaque fois.

« Enchanté, Roman Hyde. » Sa main se tend vers le verre de Ciara, le fameux ami cocktail. « Pas bavard, je vois. Il était temps que j'arrive, tu devais sacrément t'emmerder avec lui. » Il sourit avec un air de p'tit con - entièrement feliksien, et ne se fait pas davantage prier pour s'installer en face d'elle. « Figurez-vous mademoiselle, que j'ai décidé de faire un petit effort en votre honneur. » Le ton est soudainement très cérémonieux, alors qu'il se penche légèrement au-dessus de la table dans la confidence. « On est d'accord, ces lieux sont plus chics que d'autres bars en ville. Correct ? » Léger silence. « Et je dois avouer que vous êtes particulièrement en beauté lorsque nos chemins se croisent - par hasard. » Il l'a bien remarquée, cette petite robe qu'il n'a pu admirer dans sa totalité cependant, et qu'il ne l'a jamais vue porter jusqu'alors. « DE PLUS. J'ai bientôt fini, un peu de patience, le bon déroulement de cet exposé est essentiel à ce que vous en compreniez bien la logique infaillible. » L'index dressé devant les lèvres de Ciara comme pour l'inciter à ne pas l'interrompre. Le long silence supposé éveillé le suspens s'étend. « ... et la musique jazzy me met dans tous mes états les plus mondains. Voilà pourquoi le noeud pap, merci. » Et il se recule bien dans son siège, sourire aux lèvres, fier de sa petite démonstration. C'est le moment que choisit le serveur pour venir prendre sa commande. « Un Americano, merci. » Le regard du serveur s'attarde sur le noeud papillon avec un air douteux, ce qui arrache un léger sourire à Feliks derrière sa façade impeccable.

La question du sport ternit pour une seconde le sourire du Murtagh, légèrement perdu dans ses pensées. Feliks aime le sport. La course à pied sur la baie, particulièrement, à l'heure où il risque de ne croiser personne qu'il est susceptible de connaître, avant l'aube, ou au crépuscule. Se défouler sur le punching-ball qui se tient dans son appartement. Ce qui lui permet de se défouler, surtout. La préoccupation première n'étant pas d'entretenir un corps qu'il troque le plus souvent contre un autre. Il fut un temps où l'homme appréciait les sports à sensation, l'escalade plus particulièrement, mais cela fait des années qu'il ne s'y est plus attelé. Roman, en revanche, pratique le tennis et l'athlétisme. Et là, Feliks se bloque. « J'aime bien le sport, c'est vrai, surtout... » C'est compliqué, alors qu'il la regarde, que le serveur dépose son verre en lui permettant d'esquiver, de réfléchir. Il n'a pas envie de lui sortir la réponse toute prête. Celle qui n'a rien à voir avec Feliks. Pas maintenant. « C'est vrai, c'est bon pour la santé de marcher. » C'est complètement naze, comme réponse, mais tout de suite, c'est mieux que de lui mentir. Selon celui qui s'adresse à elle sous d'autres traits. Mais pour lui, ça se tient. Après deux mois d'un rituel que l'un et l'autre s'amusent à nier, Feliks a un peu de mal à tenir le discours habituel. Ce ne serait pourtant la première fois qu'il lierait une amitié sous une autre apparence. Qu'il se mettrait à flirter en étant conscient de courir à leur perte. Mais c'est tellement apaisant, cette attente, ce rendez-vous officieux, ces soirées passées à discuter de tout et de rien sans rien attendre de plus, sans même savoir si les chemins se croiseront à nouveau, que son hypocrisie le frappe pour la première fois en pleine face. Parce qu'il se le demande, Feliks. Ce qu'elle pourrait dire si elle comprenait que Roman n'est qu'un mirage. Et ça a commencé à le travailler, sérieusement. « T'as passé une bonne semaine ? » Il s'apprête à porter son verre à ses lèvres avant de se raviser, de le tendre dans sa direction. « Attends, d'abord, on trinque. » C'est que ça fait partie du tableau, du rituel des semaines passées, de trinquer aux raisons les ayant conduit à se retrouver. « Au mari de la soeur de mon ami, pour l'avoir invitée au restaurant, avoir dû trouver quelqu'un pour garder leurs filles, avoir réquisitionné mon ami. » C'est un gros mensonge qu'il énonce alors que son sourire se radoucit. « Et à ton cocktail qui t'attendait à cette table, à cette heure-ci.»

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take me somewhere nice (ciara) - Dim 13 Mai - 21:22

Ciara
&
Feliks
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Qu'il aurait été doux, de s'enivrer en brisant un cou, en ne terminant pas à genoux et suppliant d'arrêter les coups. La douceur émanait d'elle comme s'échappait la sueur d'un sportif. La femme enfant, devenait au fil du temps le reflet de son étrange bonheur. Un sourire, mais pas pervers. Des soupirs, mais toujours ornés par cet étrange sourire. Un fou rire, qui ne saurait venir briser cet onirique regard plein d'amour. Elle avait les yeux verts, des émeraudes selon ses parents. Cela perturbait les gens, puis venaient soudain la façon de détailler le reste de son faciès. Il était aisé de défiler sur ses courbes et sur sa longue chevelure, mais ses yeux perturbaient et ils étaient la source première de compliments. Une habitude, qu'elle en venait presque à naturellement se préparer mentalement aux commentaires du genre. Il semblait en effet plus opportun de complimenter ses prunelles que sa taille fine, pouvant sous entendre une critique des personnes en surpoids. Les hommes se surpassaient  pour ruser lorsqu'il était question de plaire et de trouver les mots justes. Le temps laissait aux individus le poids de faire preuve d'originalité, parce qu'elle devait bien l'avouer : les compliments elle s'en lassait rapidement, lorsqu'ils étaient limités à la physionomie surfaite d'une fausse princesse totalement désabusée. Il fallait comprendre, qu'elle ne fut jamais de nature à courir les compliments. Elle ne remettait les robes courtes, que depuis la mort de son mari, pour s'assurer d'éviter une crise de jalousie. Elle ne s’apprêtait que lorsqu'il était physiquement présent, et de même elle ne retirait ses vêtements, que lorsqu'il le demandait et non l'inverse. Ciara, elle fut trop longtemps la « femme de » et la blonde se représentait désormais comme une entité à part entière. Les changements furent subtiles lors de son divorce, mais importants compte tenu du contexte. Elle renonça au parfum offert par son conjoint, pour s'en retourner vers une fragrance plus affirmée et moins délicate, bien que toujours sucrée. La garde de robe fut épurée, venant renoncer à tout ce qui lui rappelait son mariage : des cartons furent consacrés à ces déchets, et elle se refusa à jeter ces derniers – au même titre que les vêtements de son mari. La seule chose qu'il sembla demeurer, fut ces longueurs dont elle était si fière. Elle se refusa à changer son corps ou son visage pour oublier. Les coups, eux aussi, disparurent avec le temps. Les cicatrices, étaient discrètes et aléatoires. Il fallait se demander, comment ce sourire avait survécu durant ces quatre années. La question avait une réponse anecdotique, mais d'un fracas assez dur : les faibles abonnaient en devenant des dépressifs, les courageux continuaient à se battre en raison d'un désamour pour l'ennui devenu passe temps favoris des désabusés. Elle souriait, parce qu'elle avait toujours l'espoir, et ce soir encore : l'espoir lui avait rendu cette croyance, comme il le faisait depuis deux mois. Roman était un rendez-vous officieux, devenu nécessaire. Il n'apportait pas la misère, bien au contraire : il offrait une étrange lumière que la gamine ne saurait qualifier.


L'humour fit place, même si la rencontre était supposée être hasardeuse et donc humoristique. Arrachant un rire à la demoiselle sans grand difficulté. La blonde ne s'ennuyait jamais, considérant qu'il y avait toujours à faire. La solitude n'avait rien de comparable avec l'ennui, l'un était causé par l'autre, et rien de plus. Elle adopta un air curieux lorsqu'il évoqua un effort en son honneur. Vraiment ? Difficile d'y croire, s'il s'accrochait à sa version : le hasard de la vie, toutes les semaines à la même heure.  L'admirant se pencher légèrement tandis qu'il poursuivait sa prise de parole. Croisant les bras avec un regard contemplatif et un petit rictus, hochant la tête lorsqu'il évoqua le style du bar. La demoiselle en profita pour déposer fugacement son regard sur le bar en question. Un compliment sur elle, semble la ramener à fixer son interlocuteur. Insistant sur la notion de hasard, venant sans aucun doute remettre cette dernière en question. Le laissant néanmoins poursuivre, ne laissant pas une chance à la sorcière d'ouvrir le débat sur ce prétendu hasard. Justifiant alors le nœud par l'ambiance. Le sourire se fit légèrement moqueur, n'osant l'interrompre, mais la demoiselle mourrait d'envie de procurer une intervention. Déposant un doigt sur ses lèvres en s'installant dans le fond de son siège. Le laissant commander un cocktail, le même que d'habitude alors que le serveur abandonnait le duo. La demoiselle vint à prendre un air confiant en croisant ses bras sur la table avec un élan de confiance nullement hautain, mais légèrement narquois.   « Je trouve cette théorie intéressante monsieur Hyde, néanmoins, je vais devoir user d'un discours d'opposition. » Dressant une main en l'air, pour faire tourner en l'air, formant trois fois un cercle pour désigner le lieu.   « Le costume italien se porte avec cravate. Le nœud papillon est majoritairement associé à la culture britannique. Les italiens n'en sont pas vraiment des adeptes, et si je ne m'abuse pas : vous ne dansez point lors de vos visites. Une cravate aurait été souhaitable, logique infaillible monsieur Hyde. » Le sourire au bord des lèvres. Quatre années, enfermée dans un appartement : la culture, elle n'en manquait pas.   « Néanmoins, très joli choix de couleur. »


Le sport fut évoqué, et la demoiselle pensait que le sujet enchanterait un homme visiblement adepte.  Un sujet « facile », offert sur un plateau d'argent par la déesse. Le sujet tomba partout à l'eau. Merde, c'était pourtant un sujet tellement simple. Roman puait le sportif, ou alors il était comme un super-héros d'un mauvais film Marvel : pas besoin de faire du sport, il suffit de se prendre un sérum dans le cul et la magie opérait.   « Je pratiquais la natation quand j'étais encore chez mes parents, faudrait que j'y retourne, j'adorais ça. » Mais après avoir remarquée que sa peau était bleue sous les coups : elle renonça à ce sport, préférant éviter les ragots sur sa vie sentimentale et conjugale.   « Bon le yoga c'est cool aussi, pour la souplesse et la respiration. » Voilà, des sports simples qui allaient de paire avec la marche en talons : un sport à part entière que les hommes ne pourraient jamais comprendre. Elle n'osa tenter une vanne sur le sujet, ayant la sensation que le sujet le mettait mal à l'aise, et il fut préférable de rester en surface plutôt que de se perdre dans une conversation qui mettrait mal à l'aise son interlocuteur. La venue du serveur ne fut pas suffisante, mais il fallait enchaîner et ne surtout pas rester sur un malaise et ce fut Roman qui lança le sujet avec une question. Basique, simple. Néanmoins, une nouvelle fois il vint à poursuivre en proposant de porter un toast. Il fit une proposition, trop longue pour la demoiselle. Roman avait un aspect très guindé, une forme de retenue unique qui le rendait particulier. La blonde approcha alors son verre du sien en l'écoutant jusqu'au bout, mais ne trinquant pas immédiatement. Laissant place à un léger silence, en l'observant, ne le quittant pas des yeux comme l'exigeait le toast.   « A ta solitude improvisée que je viens combler, quand toi, tu viens m'éloigner de la mienne. » Et alors seulement elle porta son verre contre celui du presque inconnu pour trinquer, et laisser ce son aigu transparaître. Portant alors le verre à ses lèvres, tandis que ce verre était déjà proche de sa fin : elle était là avant, et avait donc cette petite excuse.   « Ma semaine ? Disons que j'ai démarré un ménage de printemps. » Brûler les photos de son défunt mari.   « J'me suis renseignée pour filer des vieux meubles à des associations.  » La location de hangar fut annulée et les meubles de son enfoiré de mari furent laissés à la rue avec un mot simple « c'est moche, donc c'est gratuit ».   « Sinon j'ai décidé d'investir dans cette robe, parce que j'en avais évidemment besoin. » La demoiselle hocha la tête avec un air semi convaincu par ses propos.   « Et toi ? Semaine productive ? »









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take me somewhere nice (ciara) - Mer 23 Mai - 20:32

Ciara
&
Feliks
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Ciara rétorque, et Feliks ne peut s'empêcher de s'en amuser, sourire à l'appui. Il est toujours bon public, lorsque c'est elle. Capable de rire à s'en faire mal aux côtes, même après une journée de merde. C'est cette impression de dérober un instant au flux perpétuel d'emmerdes que le temps amène avec lui qui le frappe dès que son regard tombe sur elle. Et ça pourrait lui faire peur. Le laisser envisager de tout perdre, d'une semaine à l'autre, de ces moments d'une légèreté sans pareille. De ne pouvoir accéder indéfiniment à ces heures d'insouciance sans en payer le prix fort par la suite. Les années le lui ont appris à ses dépens. Le calme ne perdure jamais. Le dos devrait resté tendu pour recevoir le prochain coup, charpente préparée à l'idée de s'effondrer. Anticiper. Ruminer. Ne plus croire en l'évasion. Triste leçon que nombre d'individus ont appris, mécanismes de défense censés rendre la chute moins douloureuse. Endurcir les côtes, anesthésier les nerfs pour ne plus rien ressentir.
Mais dans les ténèbres, ses mains n'ont jamais cessé de frôler la lumière, même dans ses plus maigres rayons. Tâchant de capturer les scintillements éphémères d'un ciel brodé de toute pièce. Il en a gardé quelques tâches sur la peau blanche de ses avant-bras, cicatrices disparaissant lors des transformations. Injections illuminant ses veines, faisant vriller le palpitant, apaisant les paupières. A s'en tuer. A en découvrir un autre type de chaleur filant le long de ses os, renard greffant à l'âme morose, à l'esprit borné, l'ouverture incandescente d'une malice jusqu'alors inconnue.

Pourtant, parfois, le kitsune ne suffit pas. Lorsque ce sont les plus proches qu'il croise. Qui le dépassent sans même le voir. Libération n'ayant pas duré. Poids croissant dans ses entrailles, chair factice dans laquelle il s'est emprisonné. Filaments solaires ricochant contre le masque, sans jamais s'infiltrer à travers les sutures bien ficelées, pour effleurer l'être qui s'y cache. Et ça le pèse, d'être tapi dans l'ombre de ces autres qu'il incarne à longueur de journées. Il n'y a presque qu'avec Ezra que le costume peut s'envoler. Rester rangé pour quelques heures, le temps d'une nuit, ou deux. Pourtant, c'est un autre type de douleur qui s'immisce, sous le regard implicite de sa meilleure amie. Lorsqu'au fond de ses prunelles, c'est le reflet de Piel qu'il découvre, le poussant à haïr l'apparence originelle, à disparaître à nouveau. Cette sale impression de n'être libre dans la peau de personne, c'est devenu de plus en plus brutal au fil de cette dernière année. Un peu plus encore ces derniers mois. Et dans le bordel de questionnements qui le tourmente, il y a Ciara. Ciara, la lumineuse, créant son passage dans les failles les plus fines de l'armure qui le dissimule. Et c'est en sa présence solaire que Feliks brûle de l'urgence d'être vu.

« J'suis bien au courant de ce point, Mademoiselle Andersen. Mais, voyez-vous, je porte très mal la cravate, et très bien le noeud papillon. Ce choix était donc calculé et le risque pris de me faire refouler par l'agent de sécurité de l'entrée également. » Il sort les rames, toujours avec cet air assuré cependant, et un sourire en coin. Il ne sait pas réellement pour quelle raison il ajoute : « Et puis, je suis Irlandais, moi, madame. Alors, je porte ce que je veux. » Sous-entendu, l'un ou l'autre, ne se sentant ni britannique, ni italien. C'est surtout pour avoir le dernier mot. Ou pour glisser un nouvel indice sincère sur ce qui peut faire battre le coeur camouflé sous la chemise immaculée. « Je suis ravi que le choix de couleur vous plaise. » Et il tape du poing sur la table, d'un air enthousiasme, malgré son ton qui continue à débiter de la même manière que précédemment, adapté à la joute verbale. Il rit tout seul de son air faussement emporté, rétorquant à la moindre de ses remarques, jusqu'à la plus sympathique. Il est bien content qu'elle ait noté la couleur, c'est vrai.

Si Feliks n'a pas envie de s'attarder sur sa pratique sportive, il est attentif à ce qu'en dit Ciara. Chacune de ses phrases ajoute une nouvelle pièce au puzzle, agrandissant soir après soir l'image qu'il commence à avoir d'elle. Vision initialement parcellaire, superficielle, jolie fille, très jolie fille au sourire contagieux, aux paroles posées et divertissantes. De plus en plus étoffée par ces petits morceaux d'elle qu'elle accepte de lui livrer. Et si ce ne sont que des banalités pour d'autres, c'est important pour lui. Lui qui aime lui raconter en retour ses propres centres d'intérêt. De ceux qui sont mis en sourdine depuis près de sept années. Esquisse de ce qu'il est, de ce qui peut le faire vibrer. C'est comme ça qu'il reçoit les mots de Ciara. Avec l'intensité d'un homme qui trouve déjà que ces détails-là permettent à un être d'exister. Lorsqu'ils trinquent, il s'en veut un peu d'avoir instauré une telle gêne inexpliquée alors que la soirée démarrait si bien. Il ne peut s'empêcher d'enchaîner, malgré le silence qui a pu suivre les mots de Ciara. « Quand tu parles de chez tes parents, c'était à Arcadia ? T'es d'ici, à la base ? » Un sujet qui débouche sur un autre, naturellement. « Je nageais aussi, quand j'étais plus jeune, ça fait tellement longtemps que j'ai plus pratiqué. On sautait du ponton sur les docks, voire du bateau de notre père quand il nous emmenait en mer, avec mes frères. » Il porte son verre à ses lèvres, alors que quelque chose se resserre dans sa poitrine, à lui en couper le souffle. Il sent un frémissement sur ses traits et passe une main sur son visage, comptant sur les lumières tamisées pour faire songer à un effet d'optique. Appuyant pouce et index contre ses tempes, profitant du geste pour que sa paume camoufle le reste de ses traits pour quelques secondes, il doit se reconcentrer fortement, Feliks. A trop se laisser aller à évoquer le passé, et pire encore, sa famille, ses frères, Milan, Piel, c'est Roman qui est tenté de se faire la belle. L'arête du nez stabilisée, les pommettes figées, il relève un regard un peu sonné vers Ciara. Rebondir. Vite. « J'suis pas une petite nature, mais il l'a chargé en citron, merde. » Grimace à l'appui, alors qu'il darde un oeil accusateur sur son verre.

« Besoin de changement ? » Qu'il répond naturellement aux remarques de Ciara concernant le ménage, les meubles. Un sourire à la remarque sur sa robe, alors qu'il vient tirer sur son noeud papillon lorsqu'elle lui retourne la question. « Hm, j'ai acheté ce noeud pap' dont j'avais évidemment besoin. » Son ton tâche de se rapprocher au maximum de celui qu'elle a pu prendre précédemment. « J'ai dû fuir mon quartier en début d'après-midi, ils commençaient à installer une projection extérieure pour Twilight. Sur les docks. J'ai pas vraiment compris ce qui se passait. J'ai entendu deux répliques par ma fenêtre entrouverte quand ils s'assuraient que tout fonctionnait, j'ai failli aller engueuler ma voisine du dessus en pensant que c'était elle qui avait mis le volume de sa télévision à fond. » Nul besoin de mentir, ce qui semble si peu crédible est pourtant vrai. « Et puis, pas mal de boulot, en réalité. » Deux clients en une semaine, c'était plutôt pas mal, surtout lorsque ceux-ci payaient le prix fort pour le loisir de l'avoir sur plusieurs après-midi. Il s'est pas mal épuisé à la tâche, Feliks, au point de douter de ses capacités à tenir la transformation de Roman toute une soirée. Il hausse les épaules, comme si ce n'était rien. Rien du tout.

Et puis, la musique. La musique qui lui attire l'oreille. De celle qui vient taquiner les cordes du myocarde, qui passe une fois par soirée, le marque depuis des semaines. Il en termine son verre cul sec. « Mademoiselle. Je regrette de devoir vous contredire à nouveau. Mais vous vous êtes trompée, tout à l'heure. » Il se lève, ajuste les plis de sa chemise, son noeud papillon, et tend une main cérémonieuse dans sa direction. « Je danse, lorsque je viens ici. » Et il la fixe, un air malin collé au visage, attendant qu'elle le suive - ou non, sur le rythme lent de la mélodie.

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take me somewhere nice (ciara) - Mer 23 Mai - 22:27

Ciara
&
Feliks
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Personne n'aimait les victimes. Personne n'aimait les victimes, pour les bonnes raisons. Les bonnes raisons d'aimer les victimes, étaient mensongères. Il n'y avait rien de bon, dans le fait d'aimer les victimes. L'idée absurde, que cela aidait à soulager ses propres maux était répugnante et méritait de disparaître de l'esprit humain. Médiocrité, que de tirer du bonheur d'admirer les victimes en venant soudainement se persuader que sa propre vie n'était pas miséreuse. Le monde aimait s'appuyer sur les malheureux pour se rassurer et se dire, sans cesse, qu'il y avait pire ailleurs. La gosse n'adhérait pas à cette idée, et elle la réfuta avec ferveur de nombreuses années. Les rares informés de ses malheurs, ne furent jamais autorités à la plaindre. Elle ne déposa jamais de plainte, et ne réclama jamais de pitié. Elle fit le choix, méticuleux, d'être la femme discrète. Elle ne souffrait pas d'un syndrome à la con, mais elle avait simplement besoin d'être heureuse, de lui, d'être avec quelqu'un. Il y avait dans le monde, des individus mauvais qui donnaient la terrible sensation d'être de la vermine. Celle qui rabaissait pour le plaisir de mépriser, de faire souffrir. Son mari, ne fut jamais de ces gens là. De ceux-là, qui tabassaient pour le pouvoir. Lui, il frappait par faiblesse, par son incapacité à maîtriser ses émotions. Le pire, fut la banalité dans laquelle il tenta de la cacher. De la persuader, qu'elle était facile et elle l'accepta. Il semblait, terrible d'imaginer qu'un unique amour, pouvait nourrir une si basse estime de sa personne : pourtant, elle fut contrainte de le saisir avec le temps. La divinité en elle, sembla lui offrir des ailes pour remonter. L'idée d'être quelqu'un, lui fut arraché. D'exister dans le regard des autres, fut un droit décapité qu'elle tenta de récupérer. Devenir banale, ne fut pas violent, mais cela laissa des traces sur son attitude et sa capacité à encaisser. Belle ou laide, elle semblait s'en moquer. Ce n'était pas les coups, qui brisaient, mais le temps qui martelait l'esprit. Personne ne devrait aimer les victimes, mais plutôt, tenter d'éradiquer les persécuteurs. Un seul être et tout semblait dépeupler, mais il suffisait d'un seul être, pour être dépossédé de son amour propre.  De quoi sont coupables les victimes ? De rien, et pourtant, elles sont et resteront observées de haut. Ciara, se refusait à en être une. Non pas orgueil, mais par optimisme stupide.

Il opta pour une pirouette. Plutôt habile, mais qui avait le reflet d'un triste rattrapage. La demoiselle ne comptait pas rentrer dans un débat avec lui, préférant lui accorder presque le dernier mot. Ciara n'était pas de nature « forte tête », lorsqu'elle considérait que cela était dans le second degré. Elle n'avait pas toujours raison, et ne voulait pas porter le poids de la raison toute sa vie. Elle fut des années, la femme qui s'écrasait. Aujourd'hui, elle était la femme qui luttait pour les belles causes. Nullement, pour toujours s'assurer d'une prise de pouvoir sur le sexe opposé.   « Un homme qui s'y connaît en mode, et qui se vante d'une culture qui aborde une jupe… j'en apprends un peu plus tous les vendredi au soir. »  Un sous-entendu homosexuel ? Léger. La blonde ne comptait pas vexer une communauté – celle irlandaise ou homosexuelle. Elle était assez ouverte d'esprit pour tolérer toutes les sexualités, et avait un amour profond pour les différentes cultures. Elle mima une légère révérence en restant assise en écho à la remarque sur le choix de couleur. Il serait facile de prétendre qu'il avait écouté Ciara avec assez d'attention, avant de choisir ce coloris, mais elle n'oserait en aucun cas le dire à haute voix. Il en donnait la sensation, de l'écouter. De prêter attention à elle, de prendre note des informations. Elle faisait de même, notant parfois, des réponses brèves, face aux pavés explicatifs qui semblaient émaner d'un texte pré-écrit. Elle laissait à Roman ses secrets, ne pouvant venir s'interroger sur sa vie à l'heure actuelle. Il était spectateur, elle l'était également et tous deux le vivaient avec une surprenante facilité. Les questions s’enchaînaient et ne se ressemblaient pas. La blonde, avait elle aussi, des réponses pré-écrites, comme tout à chacun. Ce fut donc de la famille, qu'il était désormais question dans la conversation. Un sujet banal, que la blonde avait l'habitude d'évoquer avec une certaine allégresse tandis qu'elle secouait légèrement la tête en portant le verre à ses lèvres.   « Non, je suis originaire de la Californie. Enfin, mes ancêtres sont européens, mais je vivais pas loin de Los Angeles. » La demoiselle laissa échapper un petit rire.   «Et pourquoi j'ai fait le choix de quitter la ville des anges ? Parce que j'étais jeune, amoureuse et un peu conne. Finalement, j'suis heureuse dans le coin. » La demoiselle ne regrettait pas son choix primaire, ni ceux qui vinrent à sa suite. La description qu'il donna de son enfance, était elle, significative d'une chose : il était né dans le coin. Il en parlait avec mélancolie, évoquant un lieu comme si elle le connaissait pas évidence. Il évoqua deux sujets : son père et ses frères. Elle ne savait pas, pour ses frères, ni même que son père possédait un bateau.   « Famille nombreuse ? Tu parles à une fille unique, évidemment. » Parce que oui, elle l'était, et cela donna une famille surprotectrice, entraînant la fuite endiablée de la demoiselle. Un bref instant de flottement, laissa penser que la demoiselle perdait la maîtrise de son pouvoir, laissant glisser ses mains sur ses genoux pour pincer sa main et s'assurer d'une légère douleur suffisante pour calmer cette brève illusion. Le tout sembla s'envoler.   « Le citron vert, c'est fatal. » Laissant échapper un rire moqueur en déposant à nouveau ses mains sur la table.  


« Socrate laissait supposer l'idée suivante : quand le désir est là, il y a du manque et de la souffrance. Hors là où il y a du manque et de la souffrance, le bonheur est absent. » La philosophie, fut une aide précieuse, durant son année confinée.   « Alors, pouvons réellement changer ? Si nos désirs, nous rendent éternellement malheureux ? Question ouverte, mais j'avais surtout envie de faire de la place dans mon appartement. » Laissant échapper un rictus en clignant d'un œil. Elle aimait la réflexion sur ce qu'était l'homme, mais souvent, elle s'en détachait à la seconde où elle prononçait le discours à haute voix. Le mieux ? La fuite de la conversation, qu'offrait une réflexion plus large. Nullement de la manipulation, mais de la malice. Fort heureusement, lui, riait de son nœud papillon et abordait un sujet beaucoup plus libre, serein et apaisant : Twilight. Une saga littéraire, assez mauvaise. Une saga cinématographique, assez pathétique. Elle écarquilla les yeux en le laissant terminer, ne pouvant s'empêcher de rire en imaginant des ados en train de fantasmer sur edward et bella. Il acheva néanmoins ce trait d'humour sur une certaine note de fatigue : le travail. Elle avait du mal à saisir son occupation exacte, mais elle avait rapidement réussie à comprendre la difficulté du travail effectué.   « Faut prendre des vacances, partir en voyage pour profiter du soleil.  » La demoiselle venait du sud du pays, alors forcément, le soleil était toute sa vie  au même titre que la mer. En revanche, de la suite, elle ne s'y attendait. L'observant terminer son verre, se dresser et venir répondre à sa remarque sur la danse. La main tendue, et brusquement, son monde sembla s'écrouler sans lui arracher son sourire.

L'alcool coulant à flot, la joie résonnait, la folie de la soirée. Tous venaient à rire, elle la première. Une soirée moderne, tous, vêtus des habits les plus soyeux. Ils avaient une grande allure, même ceux dont le sourire était forcé. Cette soirée resterait dans sa mémoire, pour le reste de sa vie. Il y avait des souvenirs impossibles à effacer. Tout semblait, lui revenir : l'odeur de nourriture, les rires et ces nombreuses photos. Les fleurs, sélectionnées avec attention par la jeune femme. La décoration de table, méditée avec une décoratrice spécialisée dans les événements mondains. La robe bustier, fut achetée, et terminée sur le corps de la demoiselle pour parfaire ses formes. Le maquillage, fut travaillé avec raffinement. La nourriture, elle, fut commandée par un traiteur, dont la mission fut simple : mêler les différentes saveurs méditerranéenne en hommage aux ancêtres. Ce silence brutal, elle s'en rappelait. Cette main tendue vers elle avec un immense sourire plein de malice. Avec cette phrase, prononcée avec assurance et douceur « m'accordiez vous cette danse mademoiselle Andersen », le ton de fierté face au nom désormais porté. Les alliances vinrent à se croiser en écho au contact des paumes. Elle ne pratiqua la valse qu'à son mariage, et aujourd'hui encore, elle se remémore les coups des jours suivants.


Terminant son verre cul sec à son tour en se pinçant le nez dans l'espoir de l'avaler.   « Ce cocktail est dégueulasse, j'emmerde les cocktails italiens. » La demoiselle inspira à plusieurs reprises, pour rapidement expirer par la suite. Déposant sa main dans celle de son partenaire avec un immense sourire, comme si l'instant de flottement avait brutalement été éradiqué.   « Tu connais Danse avec les stars ? Bah là tu vas tenter Danse avec une planche à pain. » Ce n'était pas la souplesse, ou la douceur qui manquait à Ciara dans ses mouvements, mais la coordination. Elle ne savait danser que la valse, et elle ne comptait pas s'en vanter. Serrant la main de Roman un bref instant.   « Si tu fais le choix de me faire danser, tu as une dette. » Ciara n'était pas « passive », mais « active » dans ses relations. Roman, savait dans quoi il s'engageait.









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take me somewhere nice (ciara) - Lun 25 Juin - 20:29

Ciara
&
Feliks
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Il l'observe, de ses prunelles expressives et qu'il peine pourtant à sonder, à ses lèvres qui s'animent en réponse à ses interrogations. Imprime sous ses paupières ses traits que son esprit redessine. C'est pratiquement devenu incontrôlable. Une sorte de déformation professionnelle, pour le kitsune qui n'a de cesse de s'imprégner des faciès qui l'entourent plus de quelques minutes. Mémorisant les costumes pour mieux les tailler par la suite, à même sa chair. Il ne s'en aperçoit même pas, la plupart du temps, alors que le renard passe en revue le grain de la peau, les reliefs modelant la carne, l'odeur chatouillant ses narines, le timbre de la voix. Il est devenu assez doué en la matière, suite aux premières années de tâtonnement. C'est toujours plus vif, lors des rencontres récurrentes, avant de s'estomper avec la distance. Plus réel, quand il ne s'agit pas que d'une photographie, mais d'un être bien vivant, se tenant à sa proximité. Sans doute qu'à force de la regarder, de détailler ce minois à la beauté certaine, il ne lui faudrait guère plus de dix minutes pour revêtir son apparence. Pourtant, ce n'est pas la motivation principale à ce travail de sculpture invisible qui s'opère, derrière ses tempes. Si le kitsune s'épuise à la tâche, désintéressé, Feliks est en réalité très occupé à admirer Ciara. Parce qu'il l'a trouvée belle la première fois qu'il l'a vue, à cette même table. Qu'elle lui a même tapé dans l'oeil, s'il doit être honnête envers lui-même. Le genre de visage qu'il n'a pas pu oublier, kitsune ou non. Et qu'au fil des semaines, rien ne s'est arrangé. Dès qu'il la regarde, il la trouve un peu plus ravissante encore, et ce n'est pas pour lui déplaire. L'attrait qui s'est animé à mesure des discussions n'est pas calculé, déterrant la sincérité de l'irlandais sous les monticules de ses mensonges. Et ça le tiraille, au fond de la carcasse factice. De la regarder, sans qu'elle ne puisse le voir.

Alors, il essaye, du mieux qu'il le peut. De la laisser l'apercevoir, dans une remarque non calculée, une mimique spontanée. La peau de Roman pèse soudain bien lourd sur ses os, quand elle se livre sur ses origines, que la culpabilité s'immisce dans ses veines. Californie. Los Angeles. Amoureuse. Il sourit, en coin, à se dire que l'amour fait faire de drôles de choses aux gens, parfois. Comme quitter la Californie pour venir s'installer dans le coin. Pas la ville la plus sûre, d'autant moins pour un non natif. « J'imagine bien, si t'es restée. J'vais pas m'en plaindre. » La remarque est nonchalante, pourtant légèrement plus explicite que ce qu'il se permet habituellement. Et il sourit de plus belle, alors que ses prunelles se décrochent des siennes pour s'égarer sur ses mains, soigneusement posées sur son verre. Roman ne baisse pas le regard, celui de Feliks se disperse lorsqu'il lui arrive d'être un peu gêné. Ce n'est pas fréquent. Tout juste présent lorsqu'une jolie fille, ayant gagné son intérêt, lui donne envie de flirter. C'est bref, alors que ses iris se relèvent, presque instantanément. « Jeune, amoureux, con, j'ai l'impression que ça va souvent ensemble. » Le ton est léger, rebondissant sur sa remarque, pourtant la vérité résonne avec un peu trop d'intensité dans sa gorge. C'est ce qu'il s'est souvent dit, Feliks, que l'amour tendait à griller les neurones s'il venait à s'éterniser. Et malgré ces barrières érigées entre son coeur et ceux d'autrui, il s'y est laissé prendre, lui aussi. Il aurait pu blâmer le kitsune, si la première déception n'était pas arrivée bien avant qu'il ne perde la vie. A contrario, il a pu s'imaginer que le renard l'aiderait à démêler le bordel de ses sentiments, par la suite, à ne plus se faire planer dans les relations toxiques. Seulement, ça a été pire, semble-t'il. Le déclin cruel et certain du lien l'écrouant à Ezra. Les mois à côtoyer Seyi, à prétendre s'appeler Gale, à s'inventer toute une vie. A croire que l'amour, ce n'est pas pour lui. Incapable de se livrer entièrement à sa plus vieille amie, consciente de son identité, de ses défauts, de ses qualités, de toute sa vie. Ne se débrouillant pas mieux sous les traits d'un autre, avec la seconde, brutalité des révélations et déchirure inévitable. Il tâche de ne pas vraiment y penser, Feliks, à l'amour tel qu'il a pu se le représenter, avant. D'une manière ou d'une autre, ça ne fonctionne pas pour lui. Raison pour laquelle il se balade sous les traits du bellâtre de service, à combler la solitude de quelques rencontres fugaces, à parsemer les nuits de doute d'une chaleur vouée à s'évaporer au matin.

Pourtant, il n'y réfléchit pas vraiment, à tout ça. Pas avec Ciara. Probablement parce que jusqu'ici, il ne s'est agi que de rencontres soi-disant inopinées, censées ne mener qu'à d'agréables soirées. Que les discussions ont pris le pas sur l'éventuelle envie de l'embrasser. Qu'il n'y pense pas vraiment, finalement, même s'il ne cesse de gagner en intérêt à son égard. Pas avec le masque placardé à la gueule, qui lui permet tout juste d'articuler à propos de sa famille. « Deux frères, oui. Et pas mal de cousins. » C'est ce qu'il répond, avec la bonne excuse du citron pour justifier de ses traits cripsés et de sa gorge serrée. Deux frères. Il avait deux frères. Il enchaîne sur les cousins, et là encore, c'est délicat. Qu'avant de perdre son frère, il a perdu un cousin, et qu'il a envie de fermer sa gueule au lieu de continuer à enchaîner sur des sujets délicats. Seulement, une fois parti, il peine à s'arrêter. Comme si au moment même où il cessera de parler, le propos précédent le rattrapera, dans toute sa brutalité. A trop vouloir s'avancer en sincérité, il se remémore malgré lui la raison l'ayant poussé à réprimer la vérité. La douleur. Celle qui tord son estomac dans un étau sans merci.

La réflexion de Ciara capte son attention. L'éloigne de la vague de souvenirs qui menace le fil de ses pensées. Et si elle finit par une note d'humour, Feliks n'oublie rien de ses mots qui le touchent, comme rarement. Il a envie d'acquiescer, de lui dire que c'est tristement vrai. Y'a que son sourire qui transpire la mélancolie qui exprime son ressenti. Feliks n'est pas de ceux qui enchaînent l'air de rien lorsque ça ne va pas. Il est du genre à se taire. A laisser son regard et ses lèvres porter l'étendard de ses émotions en silence. Faire semblant, il l'a appris, lorsqu'il n'est pas lui. Mais ce soir, le Murtagh se trouve bien trop près de la surface pour parvenir à donner le change. S'oxygénant difficilement derrière la bouche de Roman, trop pour parvenir à rire un bon coup avec elle comme s'il n'avait rien saisi de la profondeur de ses paroles. Il ne sait pas vraiment si celles-ci ornaient simplement la confession, vouées à cette chute humoristique sans davantage de développement. Il en doute, étrangement. C'est peut-être présomptueux de sa part. Il ne la connaît pas réellement, même s'il en a l'impression. Alors, après cet instant de flottement, c'est plus simple pour lui de répondre à sa question. De parler de sa semaine. De sa soirée. De banalités. C'est creux, et il a l'impression que ça crève les yeux. Faut dire qu'il lui a décrit son métier d'une manière tellement abstraite que son discours ne peut que manquer de substance à chaque fois. Chasseur de tête pour diverses entreprises, c'est ce qui se rapproche le plus de ce qu'il fait réellement. C'est en tout cas ce qu'il a fini par en conclure, après quelques années à se chercher un métier de couverture. Le genre qui passe bien en conversation, qui sonne bien, sans que les gens ne comprennent réellement de quoi il s'agit. Sans qu'il ne l'explique non plus. Toujours plus chic que « j'me vends au plus offrant, en changeant de tronche. » « Tu me conseillerais quoi, la Californie ? En toute objectivité. » Là, les canines étincelantes de Roman se dévoilent plus largement, de ce sourire que Feliks songe irrésistible sur les lèvres du blond. Il le laisse reprendre l'ascendant, le temps de rassembler les morceaux de lui qu'il a égaré au fil de la discussion. Remontant l'attirail magnifique le long de son visage, sa cachant un peu lâchement sous sa couverture, comme quand il était môme et qu'il flippait dans son lit, lorsqu'on les a forcé à dormir dans deux chambres séparées, Piel et lui. « J'ai jamais voyagé. J'ai jamais quitté la ville, en réalité. En contrepartie, j'en connais les moindres recoins. » Et les ruelles, ah, les ruelles. Les pavés sous ses os, jouant sur son piano minuscule, arpentant arcadia à la recherche du meilleur spot pour exprimer son art - ou plus sincèrement, faire la manche. Feliks ne sait pas réellement s'il l'aime, cette ville. Tout ce qu'il sait, c'est que même une fois l'excuse de l'argent envolée, il n'a pas cherché à partir. Parce que s'en aller, ça serait peut-être ça, mourir. A s'éloigner de ses racines. A ne plus exister pour quiconque. « Avoue, notre plage est bien plus chic que celles sur lesquelles t'as pu te promener quand t'étais gamine. » L'ironie perce dans son ton, mais là s'élève la musique. Celle qui fait vibrer ses tympans et frissonner son échine.

La musique, c'est sacré pour Feliks. C'est peut-être la seule chose dont sa mère était fière. Sa capacité à enregistrer les notes d'une oreille quasi-absolue, à reproduire les mélodies dans un enthousiasme parfois démesuré. C'est le seul truc qui l'a jamais vraiment fait vibrer. Alors, quand il l'invite à danser, ce n'est pas pour rire, comme ses airs semblent le signifier. Sauf lorsqu'il l'observe avaler son verre d'une traite, et qu'il ne peut s'empêcher de ricaner, contrastant avec la douceur de sa main qui se referme sur la sienne. « Va falloir changer nos habitudes, j'crois. Encore un Americano et j'vais choper un ulcère à l'estomac. On n'a pas envie de voir ça. » Il regagne lentement son sérieux, secouant négativement la tête en levant les yeux au ciel. « Merde, dans quoi j'me suis embarqué. J'pensais que t'étais douée, j'fais comment, si c'est pas toi qui mène ? » Il a encore la moue faussement désespérée lorsque les doigts de Ciara se serrent sur les siens, qu'il reporte son regard dans le sien, arquant un sourcil interrogateur à ses paroles. « Une dette ? C'est à prendre très au sérieux, ça. Il va me falloir du temps pour y réfléchir. On se dit rendez-vous dans une semaine, j'pense que ça suffira. » Son ton s'est abaissé, comme si le fait de redevenir sérieux s'accompagnait d'un brin de pudeur. L'ambiance du bar est calme, toujours, posée. Il n'a pas envie que le serveur passe et lui adresse un nouveau sourire narquois. Pas lorsque c'est à Ciara que Feliks finit par sourire, l'attirant davantage vers lui, posant une seconde main dans son dos - sans se permettre de descendre trop bas. C'est ce qu'il précise, d'ailleurs, avec un air assuré : « T'inquiète, je compte pas te peloter. J'ai plus quinze ans. Dis moi juste si j'suis à la bonne distance de sécurité. » Il ne peut réprimer ce côté moqueur qui finit toujours par resurgir. Dans le fond, y'a peut-être une part de vérité dans la précaution prise. Comme si après des semaines de discussion, c'était presque étrange de se retrouver si proche d'elle, physiquement. Et lorsqu'il commence à mener la danse, calquant ses pas dans le rythme à la perfection, il se fait la réflexion. Que Ciara n'a jamais été si tangible qu'à cet instant, dans ses bras, et que c'est un peu effrayant. « Laisse toi guider. Détend tes muscles. T'inquiète pas, j'compte pas m'enflammer et te soulever dans les airs sans prévenir. J'voudrais pas que tout le monde en profite non plus. » Feliks parle, Roman fait office de figuration. Et il danse, Feliks, au gré des notes qui trouvent leur vibration dans son âme de musicien. Il n'a jamais vraiment dansé sur ce genre de musique, alors, il improvise. « Tu veux que j'te dise un secret ? J'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire non plus. » Allusion à la danse, sans doute. Double sens certain. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il fout, à se perdre dans son regard dans l'ambiance tamisée du piada bar, à sentir ses nerfs s'électriser sous le contact de leurs paumes, du tissu de sa robe sous sa main, des jambes qui s'alignent de plus en plus parfaitement, et de son corps si proche du sien. « Mais c'est pas désagréable, en fait. J'crois que ça la vaut bien, cette dette. »

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take me somewhere nice (ciara) - Mer 27 Juin - 14:22

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Elle aurait dû fuir. Reprendre à zéro, s'échapper des débris de son mariage. Aujourd'hui, elle se posait encore la question. Pourquoi rester ? Par orgueil ? Non. Parce que Circé le voulait. Elle l'ignorait la gosse, mais c'était cette déesse la cause de toute cette révolte. La tueuse de mari, Circé. La manipulatrice, Circé. Il fallait connaître le mythe pour se saisir de la ressemblance flagrante entre ce que fut sa divinité et ce que l'humaine risquait de devenir. La blonde voyait ce destin, comme une triste histoire. Elle allait perdre ses affinités, au profit de nombreuses autres. Il existait une théorie, selon laquelle, la mémoire humaine pouvait prendre le pas sur celle divine : la demoiselle lutterait jusqu'à son dernier souffle pour rester maîtresse de son corps, de son âme, et de ses sentiments. Roman, ne pouvait pas se saisir de cela. Il n'était pas divin, sinon, elle le saurait. Ses sentiments n'étaient pas en contradiction avec sa raison : s'il était un dieu, elle le saurait à l'instinct. Il ne fallait pas venir lui parler de hasard ou de chance. Il s'agissait d'un sixième sens, unique et atypique. La femme qui voulait se faire aimer, maîtresse des sortilèges, grandissait sans cesse depuis le décès du mari de la demoiselle. Comme une force qui prenait de l'espace, rendant la femme enfant plus forte, plus apte à contrôler sa vie. Un partage des forces, une balance qui semblait se stabiliser. La douceur de l'une, en contradiction avec la quête de reconnaissance de l'autre. Tout cela était d'une rare banalité dans le monde des divins : qui contrôlait vraiment qui ? Difficile de répondre à cette question. La blonde semblait parfaitement endosser le rôle de la magicienne dont elle ignorait encore l'existence. Le nom de Circé ne viendrait pas à elle dans l'immédiat, lui laissant encore des instants à se demander ce qu'elle fut dans une autre vie. La secrétaire se souciait plus de cette soirée, que de celles qui appartenaient désormais au passé. Un passé, qu'elle effaçait, et pourtant elle répétait la même action tous les vendredi soirs depuis un certain temps. Un quotidien officieux. La blonde s'en délectait, appréhendait de ne pas croiser son regard et la chevelure du blondinet. Ce dernier fit preuve d'un certain réalisme, teinté dans l'humour désobligeant qui venait à le caractériser. La demoiselle hocha la tête.   « Un cliché, véridique. »  La bague au doigt, une belle connerie. La gamine se souvenait de ce moment, des suivants, de ces nuits à s'aimer et de ces journées à se mépriser. Pour finalement être l'objet d'un amour à sens unique, et d'un mépris mêlé à de la rage et de la colère sans jamais parvenir à lui retirer toute sa culpabilité. Elle était contradictoire, mais cela ne retirait au charme de celle qui avoir un cœur dépravé et perdu dans le noir.

La famille nombreuse énoncée, sembla lui rappeler son triste mariage. Ce besoin d'être uni par le sang, de considérer le sang et non pas l'être. Sous prétexte d'un lien chimique, il fallait s'aimer. Elle réfutait cette idée, et pourtant, elle aimait d'un amour sincère sa famille. Son père fut aimant, sa mère également. Elle n'était simplement pas portée sur les liens du sang, et pourtant elle devait éternellement se taper la famille de son ex-mari. Cela pouvait sembler sordide, mais elle continuait de sourire avec eux, de paraître sincère et de bercer de mensonge les Andersen. L'idée de conserver ce nom était au fond le reflet de son affection pour cette appellation. Elle démontrait qu'elle avançait en préservant son passé, ses premiers amours, ses défaites et ses regrets. Tout cela semblait anodin, mais comptait aux yeux de la blonde.  Autant que pour Roman, cela semblait naturel d'aimer les siens. La blonde aimait les siens, mais de loin. Elle retournait en Californie pour les fêtes et pour les vacances, pour profiter de la plage, des mecs torses nus et des invitations à des soirées. Elle était jolie, mais sur la plage californienne : elle était banale. Le cliché de la petite américaine qui sortait son corps pour se baigner et attirer les regards. Là était aussi peut-être le plaisir particulier de vivre dans cette ville : elle était différente. Ici, les mannequins n'étaient pas les maîtres du monde, et elle pouvait vivre sans se dire qu'un kilos en trop viendrait la rendre ridicule. Le jugement, elle en fut l'auteure autant que le souffre douleur : le karma disaient ses parents. « J'ai déjà du mal à me rappeler du nom de mes voisins, alors essayer de me souvenir de mes cousins… » Elle en avait ? Oui. Enfin, par le sang, parfois éloignés. Les termes « cousins » et « tantes » avaient une signification assez libre dans la famille de la demoiselle : tout le monde était lié par une appellation universelle selon les différentes générations.

Il lui en demandait beaucoup : être objective sur ses origines. Bien évidemment qu'elle adorait la Californie. Elle aimait les plages, les soirées, les rires aux éclats et la sensation d'un soleil éternel. Elle pouvait donc tenter de défendre avec ferveur cet état, venir fièrement assumer ses racines. Pourtant, elle laissa échapper un léger rictus en prenant le temps de sincèrement réfléchir à la question. Les voyages furent nombreux, mais instinctivement elle vint à se remémorer un lieu. Unique, réel, qui avait été écarté de sa mémoire. Cela fut un choix, rouvrant une boîte de pandore, pour y retrouver l'espoir délaissé au fond de cette dernière. « Pfeiffer beach, en Californie. » Lâcha la blonde, l'esprit brutalement ailleurs. Venant tristement se rappeler du pourquoi elle s'était promenée sur cette plage.   « C'est une plage éloignée de celles touristiques, demandant non seulement de rouler sur des chemins de terre, mais également de marcher. Une plage calme, y a jamais personne. » Dressant un doigt, pour par la suite épouser la table avec ce dernier, dessinant une forme ovale, ronde, enfin une forme en tout cas.   « Il y a des rochers, et dans les rochers il y a une cavité. Impossible d'y nager, les courants sont trop forts. Mais, quand le soleil se couche, il inonde la cavité de lumière. Juste ça, inutile d'aller mater les bikinis et les surfeurs.  » Cela pouvait sembler ridicule, niait, ou tout simplement ne rien apporter hormis des jolies photographies : pour elle, cela lui semblait être un rare moment où le monde s'était arrêté tout entier. La blonde avait un côté romantique, qu'elle assumait parfaitement. Le temps lui avait offert le droit d'aimer et de demander des marques de cette affection. Elle s'était promenée à de nombreuses reprises sur cette plage, sans jamais oser y retourner depuis son départ pour Arcadia. Le temps donnait, mais il était aussi un assassin, qui se moquait de tout sans jamais s'inquiéter de rien. Pourtant, elle savait qu'elle y retournerait, un jour. Tandis qu'elle citait un endroit cliché, lui venait à exprimer sa connaissance parfaite de la ville. Une chance ? Cela restait relatif selon la déesse. Il avait néanmoins un avantage qu'elle n'avait pas : il connaissait cette ville par coeur. Sans doute, qu'elle était un cliché ultime : elle connaissait des bars, le chemin de chez elle à son travail, les rues commerçantes et les magasins extérieurs à la ville. Ridicule ? Un peu, difficile à dire, mais il fallait bien la croire lorsqu'elle disait qu'elle finirait par tout découvrir le soir entre péripéties et rêves inachevés.   « Le guide parfait. » Ce n'était pas une question, pas une invitation, mais bel et bien un point réaliste qu'il fallait soulever selon elle. Puis vint la petite marque d'humour, la petite vanne facile, la petite pique sur les plages californiennes. Avait-il une idée de la gueule des plages touristiques ? De ces marrées humaines, qui venaient à couvrir le sable pour chercher la chaleur et l'eau transparente en venant rappeler à l'humanité que polluer était une saloperie et qu'il fallait préserver la beauté naturelle.   « Bien sûr, Venice Beach c'est de la rigolade en comparaison à Arcadia. Néanmoins, je préfère passer mes vacances à Los Angeles, étrangement. » Évidemment qu'elle se moquait, Ciara ne s'en cachait pas. Il ne l'aimerait pas, s'il venait à la croiser sur un endroit comme Venice Beach. Il n'avait pas idée, des mentalités qui régnaient dans des endroits de ce genre.  


Bordel que ce cocktail était immonde. Elle hocha la tête à la remarque de Roman sur l'ulcère. Venant masquer son dégoût autant qu'elle pouvait en respirant et écoutant son interlocuteur avec attention. Il fit preuve d'un certain humour. Il faisait presque niait, lorsqu'il abordait cet immense sourire et qu'il venait la faire rire timidement. Cela était ridicule, parce que « timidement » était relatif. En effet, le rire de Ciara était discret, mais simplement parce qu'il était « silencieux », elle couinait plus qu'elle ne rigolait. Il fallait s'habituer. La secrétaire hocha les épaules à sa remarque sur la semaine prochaine, et se laissa faire. Elle ne savait pas danser, sincèrement. Alors lorsqu'il déposa la main dans son dos, la femme enfant se contenta de sourire en coin. La remarque de Roman la fit néanmoins sourire en elle n'osa pas lui dire qu'il n'avait pas la musculature d'un gamin de 15 ans. Cela semblait assez déplacé, donc elle préféra taire cette remarque.   « Tu as bien raison. D'autant que j'ai un petit cul plat, mes seins sont mieux. » La réponse sortie naturellement, comme si cela était banal. Ciara aimait bien son corps, son ventre plat, sa poitrine et son cul qui avait le mérite de ne pas être imbibé de graisse. La question qu'elle se posa, elle, était de savoir où il cachait sa graisse Roman. Elle ne matait pas les culs, elle s'en foutait, donc cela était peut-être concentré dans cette zone. Nettement plus amatrice des jambes, épaules, torse ou dos… et visiblement, il cachait sa graisse dans une zone inconnue qui ne fut pas découpée par le regard de la sorcière. Se laissant parfaitement faire, malléable et suivant son partenaire. Cela était devenu une forme d'habitude, qui ne demanda pas un grand effort à l’enchanteresse en puissance. La fin de la remarque signa comme une forme de jalousie, faisant sourire la blonde. Elle n'osait pas lui dire, qu'elle trouvait la scène franchement étrange. Elle ne savait pas danser, et la dernière fois, c'était lorsque la bague lui fut passée au doigt. Tout le monde admirait le couple danser, aujourd'hui, les gens observaient sournoisement, ôtant le charme de la scène dans l'esprit de celle qui faisait tout pour préserver une réputation banale. Il vint à dérober les mots de la bouche de la déesse : il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait, tant mieux, elle non plus.   « Tu me rassures, je croyais que j'étais la seule de nous deux à se sentir à la ramasse.  » Non, ils étaient deux.

La dernière remarque, marqua un certain soulagement dans l'esprit de la déesse en puissance. Elle acquiesça d'un petit geste de la tête. Laissant un bref silence, pour se dresser au maximum, déposant une bise sur la joue de Roman avec un petit sourire en coin. Déposant une main sur son visage un bref moment, reculant par la suite. Aucune frustration, elle se limitait à cela par envie, et parce qu'elle semblait se dessiner comme celle qui devait prendre les initiatives.   « Si je te disais, que je ne serais pas là, la semaine prochaine ? » Un regard inquisiteur, un visage innocent, qui ne dénonçait rien : ni moquerie, ni sérieux.   « Si je te disais, que tu as 5 minutes pour obtenir mon numéro, simplement en le demandant avant de me regarder partir à la fin de la chanson. Une fois cela fait, nous repartirions d'où nous venons. Tu aurais alors, 60 minutes pour m'envoyer un message. Ensuite, tu en aurais très exactement 10 080 pour me proposer un rendez-vous officiel. » La blonde n'était pas méchante, ni même gentille, mais assez confiante pour tenter de franchir un pas après trop de temps à attendre.   « Plus, qu'une rencontre faussement hasardeuse le vendredi soir. » Ciara prononçait ces phrases au conditionnel. Circé, l'aurait fait de façon affirmative.









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take me somewhere nice (ciara) - Ven 20 Juil - 22:56

Ciara
&
Feliks
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Ciara est différente. Ciara ne ressemble pas à Roman. D'ailleurs, en passant en revue la palette d'individus façonnés avec le temps, Feliks ne parvient à trouver auquel elle correspondrait le plus. C'est ce qu'il sait faire de mieux, après tout. Se parer des atours dérobés aux autres pour offrir ces versions aseptisées des êtres arrachés au passé. Lorsqu'il se vend, corps en vitrine et âme muselée, il ne faut pas se leurrer. La plupart du temps, on ne lui demande que de représenter physiquement l'individu demandé. Le caractère, même s'il tâche de se renseigner, est effleuré. Rares sont les hommes, les femmes, qu'il a su ressusciter en intégralité. Parce que les clients ne veulent pas des défauts. De la vérité. Tout juste de ces visions édulcorées, façonnées par leur soin, de ce que les versions originales sont, ou ont été. Sans doute que ça lui convient assez, à l'être qui habite le kitsune. Que les défauts sont assez présents lorsque son propre reflet lui revient en pleine gueule, et qu'il est plus doux de s'évader.
Roman, pourtant, a sûrement quelques défauts. Pas suffisamment, cependant, pour le rendre tangible plus de quelques mois. L'être parfait n'existe pas, et ce soir, à se la jouer bellâtre aux yeux clairs et à la crinière flavescente, Feliks se serait sûrement emmerdé. Et Ciara également. Parce qu'elle, elle est bien vivante. Avec son passé, ses confessions, son caractère. Un appel à l'authenticité de l'irlandais qui se débat sous son costume. C'est en cela certainement, qu'il est celui qui lui ressemble le plus. Qu'aucun de ses visages ne trouvera jamais tant sa place dans leur échange que le sien. Pourtant, les différences s'accumulent, au fil des rencontres. De Feliks qui s'impose en sédentaire face à la voyageuse. De celle qui en oublie le nom de ses cousins, là où la torture de se remémorer chacun des siens sans pouvoir leur apparaître clairement dévore les entrailles du Murtagh. Pourtant, ce n'est pas grave. Il ne cherche pas à se répandre en mensonges pour faire grimper en flèche leur compatibilité, comme sur ces tests à la con dans les magazines de sa mère. Saisir l'instant. Ne pas se projeter, parce qu'il n'en a jamais été capable, déjà trop occupé à se prendre les pieds dans le présent.

Bien des choses lui ont fait défaut par le passé. Avant la mort. Ou la renaissance, selon le point de vue. Ce qu'il a ramené de sa première existence, c'est son imagination. Celle dont il n'a jamais manqué, à l'époque, souvent à ses dépens. L'esprit enveloppé dans le monticule de ses idées de plus en plus décousues, de ces paysages émergeant sous ses paupières, se distordant lorsque la drogue martelait ses veines. Incapable d'aller au bout de ses pensées, fugaces, rapidement bousculées par la déconcentration. Univers réconfortant dans lequel le jeune homme a eu pour habitude de planer à longueur de journées, de vie, le renard ancre ses pieds sur terre lorsque l'homme rêve de s'envoler. La créature ne le bride pas, pourtant, lorsque son regard se détache, même s'il semble toujours la contempler. Dans l'air qui les sépare, ce sont les embruns qui se disséminent. Le long des gestes de Ciara, la plage qui prend vie. Sable, mer d'une clarté qu'il exagère peut-être, et la roche. Dans les mèches blondes s'embrasent les derniers rayons du soleil, venant balayer les traits de la jeune femme, jusqu'aux paysages que ses mots recréent à merveille. Feliks visualise les lieux, à travers sa propre conception, tâche de capturer l'image pour mieux la graver derrière ses tempes. « Pfeiffer beach. » Qu'il répète, léger acquiescement d'un hochement de tête. « Si j'ai l'occasion de m'éclipser à l'avenir, je t'en enverrai une carte postale. » La plaisanterie est furtive, parce qu'il doute de parvenir à s'éloigner, même pour des vacances. Rien que d'en parler, ça lui crispe l'estomac. Comme si accumuler ces descriptions dans sa boîte crânienne était suffisant, déjà vertigineux pour l'homme qui n'a jamais songé que voyager lui serait possible. Pas même lorsque l'argent a pourtant fini par lui revenir.

Lorsque la danse débute, que Feliks essaye de se concentrer sur la position de ses mains, il ne peut retenir le rire qu'elle lui décroche en parlant de son cul, puis de ses seins. « Donc, là, soit je défends ton cul, et j'dois avouer l'avoir déjà regardé, soit... soit quoi, en fait ? Tu me suggères de remonter mes mains ? Si c'est un test, sache que j'sais me tenir devant de jolies fesses et une paire de seins, aussi honorables soient-ils. » Feliks sait apprécier la beauté d'un corps, et ne risque pas de se dérober, là où Roman aurait juré par tous les dieux ne jamais avoir osé regarder. Le compliment se glisse au passage, volontairement avare sur les remarques qu'il aurait pourtant pu faire à l'égard de cette robe la mettant en valeur, de sa silhouette qui n'a rien à envier à d'autres. Le sourire en coin est là pour la titiller, parce qu'honorable lui rappelle ce genre de mentions à la con qu'on pouvait leur donner à l'école. Et qu'honorable n'était jamais assez bien pour Piel. Honorable, c'était juste convenable. Hors, s'il devait disserter du physique de Ciara, ce seraient les félicitations du jury, sans doute - avec toute l'objectivité du monde, bien entendu.

Lorsque Feliks confesse apprécier le moment, le temps se suspend. Il sent la mélancolie gratter de nouveau aux portes de son âme, comme s'il venait d'en sceller la fin. Et alors que Ciara se dresse vers lui, que ses lèvres atteignent sa joue, il ne sait s'il aurait dû prononcer ses pensées à voix haute. Si le baiser qu'elle y dépose signe un adieu, à l'instar de ces paroles qu'elle lui adresse. Sur le coup, Feliks reste silencieux. Incertain. Sourcil arqué et mains toujours posées sur elles, glissant légèrement plus vers ses hanches. Anticipant l'éloignement. Chaque parole imprègne ses nerfs d'un enthousiasme qui balaye l'appréhension furtive. Rester imperturbable devient ardu. Mais il ne se défile pas, Feliks, même lorsqu'elle a terminé. Il jette un oeil à sa montre, fait mine de réfléchir. « J'te dirais qu'il nous reste cinq minutes, alors, pour apprendre à compter les temps. » Les temps d'une mélodie qui s'égrène au fil des secondes, soudain trop rapides au goût du musicien. Il n'a pas envie de rentrer, Feliks. De refaire le chemin inverse, de passer les portes de son appartements, de refermer derrière lui. De rejoindre le silence, en abandonnant Roman, Roman bien accroché à ses os. Et de ne pas réussir à dormir. De finir par s'emplir les poumons de volutes anesthésiantes pour mieux trouver le sommeil.
Pourtant, il accepte. C'est ce qui se présage au fond de ses prunelles, alors que les dernières minutes se dispersent.

« Tiens, au fait. J'ai pas ton numéro, si ? » C'est ce qu'il sort, lorsque la chanson touche à sa fin, qu'il interrompt la danse, ses mains la quittant sans plus de cérémonie. « J'crois que ça pourrait être assez utile que tu me le donnes. » Comme si l'idée venait de lui, il extirpe son portable - celui de Roman - de sa poche. Le déverrouille sans la quitter des yeux, tout en se préparant à le noter. « T'as pas intérêt à me filer le numéro du plombier du coin, par contre. » Il peine à rester entièrement sérieux, lorsque la nervosité s'immisce, transparaissant alors que le compte-à-rebours s'accélère. « Tu regretterais vraiment qu'il te vole ta place, à ce rendez-vous. » Faisant mine de se concentrer sur l'enregistrement du numéro, il réprime le sourire qui s'accroit. Parce qu'il n'a pas besoin de réfléchir pour savoir où il l'emmènera. Que cette dette, se remplira avec joie. Même s'il n'a pas envie qu'elle parte, maintenant.

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take me somewhere nice (ciara) - Dim 22 Juil - 19:41

Ciara
&
Feliks
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Elle était venue noyer une soirée d’ennui. La première fois. Cette rencontre était le jeu foireux du hasard, délaissant toute logique. Elle n'aimait pas devenir une habituée, et préférait perpétuellement changer. L'idée de venir quotidiennement dans un bar ne lui effleura jamais l'esprit. Pousser les portes fut un hasard. Lui ou un autre ? Qu'importait, les rencontres étaient la fuite le temps de mots échangés sans réellement s'inquiéter de la sincérité des syllabes prononcées. Le croiser dans un bar, simplement échanger une vague conversation. Elle ne fut jamais, jamais fatale, toujours trop facile à approcher la gamine. Ciara, elle avait une beauté fragile. Une forme d'innocence qui semblait émaner d'elle, de ses pupilles émeraudes, accentué par une blondeur frêle. Tout cela, lui donnait une allure de princesse. De porcelaine elle fut enrobée, peinte avec la blancheur des nuages, et des pierres précieuses furent incrustées dans ses pupilles. Sa chevelure fut volée à aurore, et son tempérament emprunté lors de petites occasions aux pires compagnons des contes : curiosité, défiance de l'autorité en préservant une certaine pudeur. D'une divinité, elle était l'hôte. La blonde finirait par découvrir le prix à payer que d'abriter la plus romanesque déesse antique. La noirceur d'une déesse, le désespoir criant d'une sorcière, ou tout simplement la force d'une femme. La cohabitation s'annonçait complexe. Sans doute que si la gosse était seule dans sa tête, elle n'aborderait jamais personne, trop timide pour cela. En réalité, des éléments mélangés avec un jeu de hasard, voilà ce qui expliquait cette rencontre. Un immense cliché : la jolie blonde, le beau grand blond et une conversation faussement innocente teintée de sincérité. Pourtant, cette histoire sonnait comme vue et revue. Après tout, son mari, ne l'avait-elle pas rencontré dans un bar ? L'amour était-il nécessairement lié à l'alcool chez elle ? Fallait-il qu'elle envisage de retourner travailler dans ce domaine ? La déesse ne l'envisageait pas, mais à l'esprit d'une gosse désabusée se glissait une question : si cela avait été Roman il y a de cela des années, où seraient-ils désormais ? Le destin avait une fâcheuse tendance à se moquer du monde. Le grand amour, elle y croyait. S'était-elle trompée comme elle le supposait ? La vigueur de la jeunesse l'ayant emportée, ou si son cœur était désormais condamné à aimer un cadavre en train de se décomposer ? Elle le méprisait, mais elle était restée lorsqu'il était devenu son monstre. La secrétaire pouvait sortir bien des discours, sans jamais oser admettre que ce geste, fut insurmontable. Que le pousser à succomber, à renoncer à la vie fut une épreuve. Alors, qu'était la place de Roman dans tout se bordel ? Avait-il un rôle à jouer dans une avancée spectaculaire, où n'était-il que l'embrassement d'une idée crépusculaire annonçait le renoncement à l'attachement et aux sentiments. Qu'espérait-il ? Parce qu'elle était écartée de son esprit, alors qu'elle pourrait venir le manipuler. Créer en lui une idée, mêler le faux et le vrai, faire usage de son don pour l’entraîner vers un amour naissant, ou l'invitant à oublier la blonde.


Elle esquissa un sourire, occultant ses pensées et ses idées le temps d'un moment. « Il faudrait me demander mon adresse, avant. » Elle changeait de conversation, oubliant la raison de la conversation en préférant ouvertement jouer sur les mots et sur le fond de ses mots. Bien sûr que non, il n'avait pas réclamé son adresse, mais elle était pourtant nécessaire pour envoyer une carte postale. Il était temps de faire preuve d'humour, sans jamais tomber trop dedans. La demoiselle était prévoyante, et elle riait de tout ce qui pouvait la concerner. Pourquoi rire de sa propre petite personne ? Pour éviter que les autres ne viennent le faire en premier. Ce n'était pas de l'auto-dérision, mais de la préservation. D'où la marque d'humour sur son corps. Il ne se doutait pas de ce qu'elle pensait de son corps, du pourquoi elle préservait tant ce dernier. Le pire, serait, qu'elle découvre la vérité sur le corps de Roman. Il était composé de tissus mensongers. Il n'était rien de plus qu'une illusion. Elle serait bien hypocrite de venir lui jeter la pierre, mais le ferait certainement en découvrant la vérité. Fort heureusement, pour l'instant, il était question d'un cul plat et de jolis seins. La blonde avait une silhouette très fine, elle le savait, ne s'en cachait pas et cachait encore moins le fait de se trouver belle. « J'ai imaginé ce qu'il y avait sous ton t-shirt, alors tu sais... » Trop vite. Trop hors sujet. La demoiselle réalisa ce qu'elle venait de dire, comme une rupture dans son esprit. Le temps d'un instant les pulsions furent plus fortes. Ciara ne fut jamais une fille chaste. Mariée jeune, consumant son union et profitant par la suite. « On va oublier cette conversation, et on va continuer à se marcher sur les pieds. J'crois que c'est la meilleure chose à faire, enfin pas que j'suis naturiste mais ça avait l'air sympa, enfin rien. Enfin j'suis pas accro aux muscles, enfin j'aime bien ça chez un mec. Roh ma gueule, là je creuse. » La demoiselle inspira en affichant un petit rictus en coin, gênée.


La conversation dévia, sur un au-revoir à venir. Une preuve surprenante que le ton pouvait brutalement changer dans une conversation. La blonde opta pour un peu de poésie, sans réellement penser que cela marcherait de suite. Allait-il l'envoyer chier ? Peut-être ? Non. Elle savait que non. Il opta pour un petit trait d'humour, pour détendre le moment où ils se diraient au-revoir, pour mieux se retrouver un autre soir. Ciara opta pour un silence, préférant profiter d'un silence d'or, comme une récompense précieuse. Finalement, la chanson fut terminée et il demanda son numéro, le plus naturellement du monde. Simulant la surprise avec un certain entrain, elle l'observa se saisir de son téléphone, alors qu'il effectuait une énième marque d'humour qui laissait entendre une gêne. L'idée de se dire au-revoir. Il prenait le risque. Elle ne risquait rien. La blonde avait confiance en son projet, comme une enfant candide qui continuerait de regarder le château de disney avec des grands yeux. Elle énonça son numéro avec un petit sourire en coin en prenant direction de la table. Attrapant sa veste pour la glisser sur ses épaules, ainsi que son sac. Un geste naturel. Une fois parfaitement notée, elle sortie son propre téléphone, comme un réflexe naturelle, parce que sa génération était comme ça. « Promis, je ne manquerai ça pour rien au monde. » Plissant le regard, se plaçant à son niveau, déposant une main sur l'épaule de Roman. « @CiaraAndersen, c'est mon compte Instagram. Bien sûr tu n'iras pas me mater, mais juste pour te prouver que la plage d'Arcadia est vraiment merdique. J'ai hâte de la prochaine fois, à bientôt. » Et elle s'en alla, la tête haute un petit sourire en coin, effectuant une petite salutation de la main comme une enfant en détournant une dernière fois la tête.




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