Annalisa étira un large sourire imprimé de joie, elles n'avaient pas tant partagé, mais elle avait toujours eu cette connexion particulière avec Brynhild, quelque chose de familier sans pouvoir réellement l'expliquer, comme une sœur... Il y avait parfois de ces âmes qui s'accordaient l'une à l'autre comme si elles se retrouvaient de vies en vies. Brynhild c'était précisément cela, une entente, un attachement qui n'avait pas trouvé de source et qui était bel et bien existant. La belle jeune femme avait été de ces visages qui avaient rendu son quotidien moins compliqué dans les moments de trouble, et c'était toujours de ces sourires attendris qu'elle lui avait lancés qui lui avaient permis de garder courage. Brynhild avait aussi été là quand Annalisa avait eu ses enfants, la soutenir sans forcément avoir besoin de s’embarrasser de discours. Et ils avaient aimé Brynhild, comme une grande sœur.

Annalisa avait souvent pensé à elle quand elle a quitté le Red Lantern pour être mariée, la séparation avait été émouvante et depuis, elle ne l'avait plus revue. Des années s'étaient écoulées, Brynhild restait dans sa tête, que faisait elle, est ce qu'elle allait bien ? Annalisa avait eu des informations par le biais d'autres personnes mais occupée avec ses enfants qui étaient encore jeunes à cette époque là, elle n'avait jamais réellement pu revenir la voir bien que l'envie souvent avait été là. Le temps qui passait n'avait rien changé, il arrivait à Annalisa d'avoir des remords, elle éprouvait de la nostalgie de ne plus avoir cette femme dans son paysage, ses jolis sourires, sa personnalité, de l'amour qu'elle dégageait dans sa façon d'être tout en étant très contrastée.

Et puis la jeune femme s'était demandé d'où venait tout cet attachement, pourquoi est ce qu'elle était toujours dans sa tête ; à l'époque elle n'aurait pas pu le ressentir ni le deviner, mais Annalisa avait l'impression d'avoir oublié quelque chose d'essentiel, d'être passée à côté de quelque chose d'important. Et si ? Et si Brynhild était vraiment quelque chose de familier ? Si cette aura avait toujours fait parti d'elle ? En le réalisant, la jeune femme s'était levée pour attraper un de ses plus anciens livres de récits sur la mythologie Nordique. Les inscriptions dans sa langue maternelle retraçait les histoires de Nerthus et de Njord mais il y avait aussi Freyja et Freyr, qu'elle avait cherché depuis qu'elle connaissait sa récurrence. La frustration l'avait souvent prise de ne pas se souvenir de son frère et de ses jumeaux, ses enfants. Sous la possibilité qu'il s'agisse de sa fille, Annalisa s'était empressé de passer un coup de téléphone à Clarence savoir s'il pouvait garder Sveinn et elle habilla son dernier petit pour l'emmener chez lui. Elle embrassa Clarence, un baiser trop plein de tendresse déposé sur sa joue et lui avait confié son petit, particulièrement de bonne humeur ; elle lui avait dit, qu'elle avait trouvé peut être quelqu'un d'important et qu'elle le lui raconterait.

Annalisa s'était ensuite de nouveau enfermée dans sa voiture, la route jusqu'au Red Lantern lui revenait en tête malgré les années passées, elle savait que Brynhild avait succédé à la direction de l'établissement alors elle avait grand espoir de l'y retrouver.  Son cœur cognait contre sa poitrine à l'idée de la retrouver, et elle ignorait si c'était sous l'effet de l'excitation mais elle avait l'impression maintenant que c'était une évidence - seul le manque de souvenirs l'empêchait de savourer ce moment que la déesse aurait dû attendre avec impatience, mais l'instinct maternel ne trompe jamais n'est ce pas? Elle tentait de ne pas s'emballer, retenant les quelques émotions échappées au coin de ses yeux clairs tandis qu'elle se regardait une dernière fois dans le rétroviseur intérieur de sa voiture. Annalisa descendit, réajustant sa robe fleurie et son trench avant de se diriger vers l'entrée.

Les souvenirs remontaient, de ces fois là où elle avait haït cet endroit, que ces corps trop virils avaient écrasé sa silhouette quand elle n'en avait pas envie, mais aussi de ces quelques bons moments souvent vite arrachés. Annalisa inspira doucement avant de passer les portes. Ça avait changé, un peu, on se demandait pourquoi elle avait passé les portes comme si elle était entrée chez le coiffeur. Avant que d'autres ne la reconnaissent et s'empressèrent de l'étreindre. Elle ressemblait à ces bonnes mères de famille disait-on, le teint frais, élégante, mais toujours cette crinière improbable.

« Je suis venue voir Brynhild, est ce qu'elle est là ? »

On lui fit oui, on lui prit ensuite la main pour l'emmener la voir. Annalisa suivit, dans ces couloirs aux lumières tamisées, intimes, qu'elle avait parcouru souvent. Elle ne savait pas où on la menait, mais elle savait qu'elle allait être de nouveau face à elle. Son amie toqua à la porte, gardant la main d'Anna dans la sienne en attendant l'accord pour entrer et laissa Anna le privilège de glisser son minois dans l'embrasure.

Elle était là, toujours aussi belle, toujours aussi charismatique et intrigante, mais plus que tout, il y avait quelque chose de familier.

« Brynhild ! Je suis si heureuse de te revoir ! »

La jeune femme s'empressa de la prendre dans ses bras pour la saluer chaleureusement. Annalisa se détacha doucement d'elle, lui offrant un large sourire.

« Tu as toujours autant de charme, regarde toi, quelle beauté tu es ! Comment vas tu ? »