I'M OKAY, I PROMISE

Ikaar & Mairead

Je suis épuisée. Deux jours que je traîne ma couenne. Deux jours que je suis faible, que ma tension n’est pas remontée. Deux jours. Autant vous dire, toute une éternité.  Ma blessure est pourtant guérie mais mon corps semble refuser cette guérison. C’est l’inconvénient quand on est censé être un dieu mais qu’on traîne un corps humain. La conscience va bien, le corps s’est autre chose. Alan m’a déposé chez moi avec ordre de dormir seulement comment trouver le sommeil quand on a déjà trop dormi ? Il doit repasser dans la soirée est en attendant, je m’ennuie à mourir. Je désobéis à Alan en sortant du lit. Il n’y a personne pour me faire à manger, je vais devoir m’y coller moi piètre cuisinière que je suis. Je descends lentement dans les cuisines, je suis en sous-vêtements et tant pis si Aodha se pointe, elle a déjà vu une culotte et une brassière je suppose. J’atteins la cuisine, maintenant, il va falloir que je trouve de quoi manger, cela m’occupera un peu. Tout ce qui m’importe c’est de tuer le temps.

Je fouille dans les tiroirs. Il faudrait que je pense à faire des courses parfois, ma femme de ménage en fait mais là je suis clairement en rupture du stock. Je trouve surtout de l’alcool et un plat préparé au frigo, peut-être même qu’il appartient à a colocataire. Tant pis, j’ai faim. Je prends le plat et une bouteille de whisky et voilà qui pourra me tenir un peu compagnie. Je mets au micro-onde le plat, trois minutes comme c’est indiqué. C’est un truc qui n’a pas du tout l’air bon mais au point où j’en suis ? L’odeur n’est pas si terrible en comparaison à l’aspect. Les pâtes baignent dans la sauce qui est censée être française mais là, c’est tout sauf français vraiment. Je goutte, pas terrible mais mangeable, c’est toujours autant salé ces trucs-là ? Je me serre un verre de whisky, je le bois d’abord prudemment voir si cela passe, la brûlure de l’alcool est commune alors je le termine cul-sec. Cela fait passer le goût pas terrible du plat. Mon estomac n’est pas remplit mais ça va un peu mieux. Je m’enfile deux verres de plus dans l’espoir de dormir peut-être ce soir. Je ne suis pas sûre de la méthode, on verra bien. Je refuse de prendre des somnifères, c’est l’horreur ce genre de truc.

Je vais jeter la barquette du plat quand on frappe. Surprise je me demande qui passe à l’improviste au manoir. Je hausse les épaules comme si je me répondais à moi-même. Je me dirige tant bien que mal jusqu’à la porte d’entrée. Je regarde dans le judas pour voir qui vient. Un sourire s’étend sur mes lèvres lorsque je vois de qui il s’agit. J’ouvre rapidement la porte et je me jette presque dans les bras de Ikaar, mon meilleur-ami. Bon sang, il va tout de suite voir que j’ai une tête de zombie et que je sens l’alcool. « - Ikaaarrr » Hissée sur la pointe des pieds je l’enlace. Oh il y a un détail, je suis un sous-vêtement. Cela ne me dérange pas tellement, il a vu bien plus de mon corps. C’est surtout si je trouve un voisin, lui il se rincera l’œil. Je m’écarte et je fais entrer Ikaar. « - Tu me sauves d’un ennui mortel. Alan est sorti et j’en peux plus de rester au lit… Tu me connais, ce n’est pas mon genre… » Je suis une femme d’action. Je le fais entrer dans le salon où il reste la bouteille et mon verre vide. Oups. « - J’ai essayé de voir si le temps passait plus vite quand on est saoul… mauvaise idée. En plus le temp reste le même. »  Je hausse innocemment les épaules. Je sais pourquoi il est venu, il a dû s’inquiéter. Je le regarde tendrement, je souris, je reprends mon sérieux en caressant sa joue. « - Je vais bien, Aedan m’a soigné, mon corps est juste plus long à se remettre… mais ça va, je te jure… » Un mot pour le rassurer. J’espère que cela fonctionne.

Il ruminait encore sur son chemin, les infos reçues ne passant toujours pas. Cette soirée laissait un goût amer dans sa bouche comme une mauvaise gnole qui brûle tout sur son passage. Ca reste, laissant un poid dans sa gorge, rendant fou de rage celui qui a été mit à l’écart de ce rendez-vous aux conséquences quelque peu désastreuses. Pourquoi cela ? On ne lui avait que trop répété. Cadet de la famille, petit protégé, on ne voulait risquer sa vie et voilà que c’était elles qui avaient manqué de perdre la leur pendant qu’il attendait comme un chien fou des nouvelles…. Voilà, pourquoi il était énervé. En remontant le chemin de la baie il ne peut s’empêcher de s’inquiéter encore, malgré le paysage, malgré le calme qui était retombé. Ikaar le savait pertinemment, ce n’était que partie remise. Ils n’allaient pas en rester là, aucun de leurs camps, pas même le sien. C’était la guerre qui s'amorce, se préparait tout doucement dans l’ombre… Et ça risque d’être beaucoup plus sanglant que ça ne le fut durant cette réception au sommet.

Il était normal alors que l’inquiétude le hante. S’il avait eu vent de la soirée et des états de ses proches, rien ne pourrait le rassurer plus que de les voir, un à un et confirmer que oui, chacun d’eux allait bien. C’est pourquoi il avait abandonné le Teddybeer à un des employés de l’établissement pour prendre une journée où cette fois, il ne resterait pas en arrière à attendre sagement qu’on lui donne des informations. Si le rouquin a longtemps préféré ne pas se mêler des affaires du Royaume, les choses ont changées le jour où c’est devenu personnel. La niaque il l’avait, l’envie de faire ses preuves aussi. Il n’avait besoin que d’une chance pour le prouver, pour s’impliquer. En attendant l'aubaine redorant son blason, il pouvait commencer ses visites auprès de ceux qu’il aime. Si sa soeur n’était jamais très loin de lui, pour rendre visite à Mairead il fallait déjà presque sa voiture direction le manoir. L’occasion de passé sur le bord de la côte et de profiter de l’air marin toujours chargé par la chaleur ambiante.

Il finit par atteindre le manoir, la voiture garée un peu plus loin garantissait l’effet de surprise qu’il espérait provoquer chez sa meilleure amie. Il n’avait rien dit, évitant ainsi les excuses éventuelles. Il voulait voir. La voir, même, afin de se faire un propre avis sur son état de santé. En frappant à la porte il se demande si, peut-être, il n’a peut-être pas exagérer en venant jusqu’ici là voir, plutôt qu’en téléphonant on en envoyant un message, comme une personne normale le ferait, mais ses doutes sont balayés à l’instant où il entend la porte s’ouvrir. Coup de chance pour lui, c’est bien Mairead qui l'enlace dans l’instant… En sous-vêtements.. « Bonjour Maisy » dit-il en la serrant à son tour contre lui, amusé par sa tenue légère plutôt que gêné. Il l’a vu nue, elle l’a vu nu, il n’y avait plus trop de gêne entre eux, surtout pas pour ça. Elle se sépare de lui et le laisse rentrer dans le manoir, la porte se refermant derrière eux. C’est là qu’il peut vraiment la regarder en détail. Voir la moindre blessure, la moindre équimose...Les cicatrices dont il n’a pas vraiment le souvenir. « Je tombe bien alors faudrait pas que tu tourne en cage trop longtemps ça va te rendre folle toi aussi. » Il en connaissait un rayon à ce sujet, n’est-ce pas ? Lui non plus n’aimait pas trop rester dans son coin au final, quelque chose sur lequel les deux amis s’accordaient. Il décolle son regard de sa silhouette lorsqu’ils arrivent au salon, où une bouteille et un verre - vidé - semblait attendre sa propriétaire qui se défend. « Pour ne rien changer, ça ne change rien. Hormis te donner un mal de crâne carabiné c’est tout ce que tu vas réussir à faire je ne crains. » dit-il, en esquissant un sourire malgré tout, répondant à celui qu’elle lui adressait avant de poser sa main sur sa joue. Il soupire à ses mots, conscient qu’elle était peut-être guérie dans le sens propre du terme seulement, confirmant ses craintes. Ce n’était pas que des égratignures dont le souvenir allait s’effacer au bout de quelques jours. Ca resterait, pesant. Un souvenir appelant à la vengeance. La joue nichée dans sa main, il s’en détourne un instant pour poser un baiser sur sa paume avant de reprendre sa juste place.  « Je suis content que tu sois soignée...J’ai eu peur, pour vous tous... Mais est-ce que ça va vraiment ? » Sa voix se meurt, presque un murmure entre eux. « Tu sais que tu peux tout me dire. » qu’il ajoute, espérant délier sa langue et en savoir un peu plus sur son état. Après tout ils étaient amis et bien plus que ça à la fois, elle pouvait lui dire si cela n’allait pas... Il était là pour ça, Là pour elle.

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