Un soir particulièrement pesant, pourtant elle sait que cette entrevue est nécessaire pour l'avenir et à cause de ce qu'il se passe en ville. Il vaut mieux avoir des alliés surs, et bien qu'elle côtoie les membres de la NC de près cela ne suffit pas à lui assurer sa sécurité. Sybille a de plus en plus de mal à se terrer, Némésis désire voler de ses propres ailes, ça la démange. Alors elle a demandé à le voir finalement et le rendez-vous avait été fixé assez vite dans un club de Little Italy, un salon privé afin de leur permettre de parler en toute intimité.

Elle a demandé à Augustin de garder encore son secret, le nom de sa divinité, pour qu'elle puisse se rétracter au cas où elle ne soit pas convaincue. Elle a besoin d'abord de savoir, de comprendre certaines choses, de parler avec lui. Sybille y va à reculons, n'étant pas certaine que ce soit une bonne idée. Alcide et elle se sont déjà croisés, il a sans doute senti la déesse en elle, il ignore toutefois encore qui et ce moment d'entrevue lui dira si oui ou non elle souhaite se révéler, au pire des cas elle se montrera sous les traits d'une autre déesse. Sinon elle se tournera vers son frère, ou elle suivra Nyx. Un regard par dessus son épaule, tandis que ses talons claquent dans ce couloir, elle prend garde à ne pas être suivie, par quelconque espion, par on ne sait qui, qui pourrait lui causer du tort. Elle est en retard, elle n'aime pas arriver avant les autres ; elle préfère avoir le champ libre, pouvoir observer la scène d'abord. Elle arrive devant la porte donnant sur ce salon privatif, dépose son oreille contre celle-ci pour déceler un son et finalement elle entre. Peut être qu'il sera surpris de découvrir une des danseuses du Silver, ou peut être pas, tout un tas de choses surprennent ici-bas.

Elle lui sourit, le salue d'un mouvement de tête et va s'asseoir sur le fauteuil en face de lui. Augustin a déjà dû lui dire qu'elle désire le voir dans le cadre de la Nuova, afin d'éviter qu'ils y passent trop de temps. Dans les mythes qu'elle a lu de Némésis, elle était l'une des plus fidèles à Zeus, elle œuvrait aveuglément pour lui, elle croyait fermement en sa souveraineté. Mais elle ne sait pas jusqu'où lui est conscient de ces choses là. Elle ressent cette connexion, cette évidence que sa place est dans ses rangs, mais elle reste sur sa réserve, parce qu'il y a toujours cette colère au fond d'elle qu'elle lui destine. Comment faire avec ? Elle respire doucement, ressent sa divinité qui lui ronge le dos et qui appelle à la vengeance, sans même avoir retrouvé ses souvenirs ; elle veut lui faire payer une douleur latente qu'il lui a causé il y a de cela trop longtemps. Le silence pèse, elle prend l'initiative de remplir ces deux verres avec un vin italien ouvert juste là.

« Alcide Bellandi. On m'a beaucoup parlé de toi » En bien, en mal, on lui a quand même parlé de lui. Sybille garde le sourire, cela lui donne l'impression d'avoir le contrôle sur toutes ces choses là qui se battent dans sa tête alors qu'en fait elle est nerveuse. « Augustin a dû te dire pourquoi je souhaite te voir hm ? Je m'appelle Sybille Dousmanis » Peut être que Silas aussi lui a parlé d'elle, de son don qui est particulièrement utile dans différents cas. Elle sait lequel est l'hybris d'Alcide, il lui suffit d'être en présence de la personne pour le comprendre et l'exploiter ; dans son cas ça ne serait pas utile, à moins qu'il devienne entreprenant à cause de ce dernier. «  Il souhaite me faire entrer dans votre groupe, parce que je suis de votre Panthéon, mais j'ai un gros problème c'est toi » Autant dire les choses comme elles sont, quitte à le vexer ; elle s'en moque éperdument. « Je veux savoir pourquoi tu as créé la Nuova Camorra, quels sont tes objectifs, tes rêves d'avenir pour le panthéon Grec. Est ce que tu te considère encore comme le roi de l'Olympe ?  »

Alcide est chargé d'électrons, c'est un homme séduisant manifestement, les yeux sont vite invités à suivre les lignes de sa carrure. Elle l'observe durant l'instant où il lui répond, bien entendu ce qu'elle a dit n'est pas fait pour attirer ses bonnes grâces, elle est à la recherche de la vérité. Il garde son sang froid, elle a conscience de se tenir debout devant une cage de fauve, qu'un coup de patte la terrasse. Mais elle a aussi ses atouts, il le sait aussi, mais il ne la connaît pas ; le jeu est inchangé donc même après ces questions déplacées. Et il lui répond, avec la méfiance justifiée ; elle sait juste qu'il n'est pas fondateur de la camorra et à vrai dire elle ne connaît pas l'histoire d'Arcadia.  La fondation de celle-ci ne l'intéresse pas pour le moment, elle cherche l'avenir et non le passé.

Dans tous les cas, elle n'en attendait pas moins de lui, bien qu'elle aurait préféré avoir les réponses à ses questions. Un sourire amusé étire les lèvres de Sybille, comment lui faire cracher ce qu'elle cherche à savoir sans lui dire ce qu'elle est ? Il sait déjà qu'elle est du panthéon grec, cela ne suffit pas pour avoir des informations sur la Nuova et c'est tout à fait normal, elle aurait très bien pu bosser pour une mafia autre. Toutefois si elle est là c'est qu'Augustin s'est porté garant d'elle, il n'y a personne qui la connaît mieux que lui. Combien de déesses connaît il déjà ? Combien forment le panthéon grec caché derrière la camorra ? Sybille aurait aimé savoir, si elle connaît déjà quelques visages, il y a trop de questions encore irrésolues, floues.«  Très bien » Elle croise les jambes et porte son verre de vin à ses lèvres, un gain de temps, lui permet de se concentrer sur la suite à dire, elle qui est d'ordinaire trop spontanée. Les mots doivent être mesurés, choisis, parce qu'elle désire savoir avant de se lancer dans quelque chose qui la décevra au final, qui brisera sa neutralité.

«  Je travaille au Silver Arrow depuis quelques années, je suis une proche de Luca et d'Augustin.» Un rappel d'abord, lui donner l'impression de lui dévoiler des choses qu'il sait pourtant déjà. Si elle ne lâche pas le bout, il ne lâchera pas non plus. Autant essayer autrement.

« Je n'ai pas de souvenirs de mon autre vie, mais ma divinité a cru en toi, maintenant elle n'y croit plus. » Comme beaucoup d'autres sans doute, Zeus a beau être le roi de l'Olympe on l'a jamais décrit comme un être parfait et à la sagesse sans failles. En est il de même pour Alcide ? Jusqu'à quel point ils fusionnent ? «  Je sais que m'investir dans ton clan me permettra d'avoir plus de réponses à mes questions, et développer mes pouvoirs.J'ai peur qu'au final tout ce que tu fais n'est que pour ton propre intérêt. » Sybille est une personne franche, parfois beaucoup trop, elle l'assume, elle ne cherche là pas le conflit, elle veut du dialogue, quelque chose de concret. La séduction est persuasion, Alcide et d'un regard savant elle manipule l'hybris comme à bras tendu, le modèle, lui donne forme, sans doute en étant plus à cran il cherchera à la satisfaire et répondra à ses questions, elle connaît sa nature, parce que les hybris sont son domaine de prédilection. Pas besoin d'en faire trop, il ne ressentira sans doute qu'un intérêt plus appuyé à son égard, s'intéressera plus à l'enveloppe charnelle, pour détourner son esprit de la raison, de sa concentration.  « Ne le prends pas mal, je me pose des questions, j'ai peur, c'est normal , toi seul à le pouvoir de me rassurer Alcide. »

Des excuses ? Sybille ignore ce qu'elle veut, c'est Némésis qui désire à travers elle que justice soit faite. Mais il a raison, tout le monde a besoin de réponses et par ces aveux, il calme la tempête en elle qui sévit depuis qu'elle a réalisé qui elle était, toute la rancune qu'elle a envers tous les divins qui l'ont moquée existe et existera jusqu'à ce qu'elle retrouve ce qui fut elle. Elle observe ses réactions, son insolence et son culot ne lui plaît pas, elle le sait, elle le voit mais le pousse pour qu'il parle, pour étudier cela et se faire son avis ensuite. Ce n'est pas de l'orgueil, c'est un test. Il y répond,
bonne volonté ou l'hybris y est pour quelque chose ? Quoi qu'il en soit ça l'arrange qu'il coopère,  même s'il se défend, qu'il contre-argumente, retourne ses questions.

De l'autre côté de la balance, Némésis passe de la vengeance à l'équilibre, puis la justice divine, celle de Zeus. Elle le sait au fond d'elle même, sa déesse l'admire, l'aime, elle a juré de servir ses intérêts, lui rester loyale. Elle a envie de croire à ce qu'il lui dit, prise à son propre piège ; Elle ne lui porte pas la rancune qu'elle prétend avoir, n'ayant pas ces souvenirs là, c'est une sensation de colère profonde, qui pourtant sent qu'elle peut être apaisée. Némésis pourrait lui pardonner, Némésis pourrait plier l'échine encore. Et sybille, elle, déchirée par tout un tas de choses tente de garder la face, camper sur ses positions de méfiance, tout en ayant envie d'en savoir plus. Il répond à ses questions, défait ses doutes, mais la crainte, reste. Elle aimerait que ce soit vrai, que les dieux grecs retrouvent leur place et une fois encore Némésis voudrait supporter le projet du roi de l'Olympe, ce qu'il fut. Quand l'ordre et l'équilibre régnait avant qu'ils ne sombrent tous dans l'oubli dans le cœur des hommes. Elle baisse le regard sur ses dernières déclarations, une fraction de seconde, ne parvient pas à réfléchir, à trouver quelque espoir d'un avenir brillant ; tous seront maudits, elle a peur, Sybille, que cette transition ne les condamne à souffrir pour l'éternité.

Invitation à le rejoindre, à se rapprocher de lui quand la distance imposée visait à lui permettre de garder cette barrière protectrice entre elle et les siens. M'emmènes tu dans ta chute, Alcide ? Par vengeance, voudrait tu plonger tout le monde et oublier les valeurs que tu prônais ou dis tu vrai quand tu dis souhaiter rendre l'ordre de l'Olympe aussi glorieux qu'autrefois ? Tant d'années d'errance, c'est pourtant le siècle de la conclusion. Sybille tient son hybris, le contrôle, ce qui lui évite la colère, l'orage en lui laissant toute attention sur elle. Elle sourit, hésite, Némésis désire retourner auprès de lui, y croire, et protéger les siens avec sa bénédiction. Pas de confiance, juste, besoin d'alliance, besoin de retrouver sa place. Elle se lève, quelques pas seulement et elle se retrouve devant lui. Regard observateur, tenant l'hybris, le manipulant avec habileté, elle pose les mains sur les bras du fauteuil sur lequel est assis Alcide. Le regard figé dans le sien, penchée vers lui elle détaille le moindre de ses traits, analyse, à la recherche du mensonge. «  Seras tu en mesure de le faire vraiment ? Qu'est ce qui te motive à faire ça ? Le pouvoir ? L'unité ? » Elle étire un sourire, de nouveau, elle tient le discours d'une personne triste et paumée en ce monde, Elle faut cavalier seule depuis le début, effrayée par l'avenir. Peut elle réellement croire e ce ralliement ? «  Ou cherches tu à te venger de quelque chose? ». Leurs champs de vision rétrécit à l'image de leurs deux visages, pas d'échappatoire, le sourire étire les lèvres de la justice, puis un petit rire étouffé «  J'aimerais y croire, vraiment, mais Augustin et Luca n'ont pas suffit à me rassurer  »

Les deux, dans l'ordre qu'elle veut ? Voilà une réponse tout aussi vague que les autres qui ne la fait pas plus avancer depuis le début de leur conversation. C'est ennuyant. Il est coriace Alcide, c'est une bonne chose en soi, mais Sybille ne parvient toujours pas à en saisir le fond et au final elle ne peut toujours pas prendre de décision quand à l'envie ou non de les rejoindre. Elle sait que ça ne dépend pas d'elle et que si elle ne se dévoile pas un minimum il n'en fera pas plus. Il détourne la conversation, visiblement moins apte à se concentrer ou parce qu'il ne désire pas en cracher deux mots ; ou alors il dit la vérité, comment savoir quand on ne connaît pas la personne ? Les questions posées sont les mauvaises, c'est la seule explication. Sybille lui sourit, doucement, espiègle, joueuse, en bonne compagnie dit-il, voilà qu'il se fait flatteur. Les doigts effleurent la peau des avants bras du don, lentement elle remonte et revient se loger à ses poignets. Elle s'y appuie toujours penchée vers lui, il ne doit voir qu'elle, rien d'autre ici n'existe. La charmeuse poursuit son envoûtement, jeu dangereux qu'elle se surprend à apprécier parce qu'il est réceptif, très réceptif. Elle joue avec le feu qui sommeille en lui, se brûlera t-elle les doigts ? « Parce que je suis la vengeance » Les paroles deviennent murmures sous les aveux, Némésis se dévoile subtilement, à condition qu'il connaisse les facultés des dieux du panthéon Grec.

«  Je suis aussi la justice de Zeus, celle qui t'es loyale, celle qui châtie en ton nom » Appellations divines, d'un rôle à tenir qu'elle réfute depuis son éveil mais qu'elle pense à reprendre depuis peu. Elle a besoin de réponses, elle a besoin d'y voir clair sur la piste pour avancer, et ne pas de nouveau être trahie quand il voudra servir uniquement ses propres desseins. Elle serait un soldat de plus ou de moins, mais un soldat quand même, avec un pouvoir qui pourrait lui être très utile dans certains cas d'hybris. «  Mais je n'arrive pas à cerner tes objectifs, tes rêves, tes craintes avant de me remettre à ton service » Ses mains sont prises sur ses poignets contre les bras du fauteuil, comme une envie de garder encore le contrôle de la situation. Les pouces glissent, doucereux, les iris accrochés aux siens, dévoile toi encore à moi, Alcide, encore un peu.

«  Est ce que ta cause est juste, Zeus? Que se passera t-il quand tu auras été au bout de tes projets ? Comment imagines tu le monde ? »

Révélée, l'origine, il a des paroles qui ne sont pas cette d'un dieu mais celles d'un réincarné qui rencontre les mêmes problèmes qu'elle. Ce qui en soit, l'a étonnée parce qu'elle ne sait pas jusqu'à quel point l'on peut avoir fusionné avec sa divinité ; au final, Zeus en est au même stade, il a besoin lui aussi de ces réponses et évolue dans ce monde parfois trop grand pour ce qu'il est.

De fêtes et de plaisir, il répond à sa dernière question, c'est que l'on croirait entendre la voix de Luca au travers. Un vrai sourire dans toute sa spontanéité se dessine sur les lèvres de Sybille, qui s’empare de ce verre et se redresse, relâche alors toute pression sur lui, tout comme le don cesse de se manifester. Il a été plutôt coopératif, les réponses ne sont pas claires, mais c'est comme il l'avance, un travail de plusieurs vies. Le crystal se pose sur ses lèvres, elle s'abreuve du liquide doré d'une gorgée et tend le verre à Alcide, accord invisible lorsque l'on partage le vin. Un sourire ; et puis elle retourne s'asseoir à sa place, sur ce fauteuil qui l'a accueillie quand elle est arrivée ici et se rend compte qu'elle n'est pas dans le même état d'esprit. Rongée par la rancune de Némésis et le besoin de savoir de Sybille elle est tout de même encore à un point où elle ignore ce qu'elle veut. Bien sûr que c'est tentant, qu'elle a compris tout  tas de choses qui adoucissent toute pensée de sa déesse. Elle craint la trahison encore, si elle lui offre corps et âme à sa cause, si encore une fois elle l'enveloppe de ses ailes. Le corps s'appuie sur le confort du dossier, elle l'observe en silence, elle a besoin de réfléchir, beaucoup.

La mafia n'est pas le meilleur exemple pour la fête et le plaisir, à moins que cela ne soit que pour assouvir uniquement ceux des dieux, réponse à trouver encore, au fil du temps quoi qu'elle choisisse de faire. Elle est nouvelle à Arcadia, Sybille, bien des choses lui échappent. «  Némésis désire servir une justice divine, un équilibre, j'espère que tu peux comprendre mon point de vue et mes interrogations car je suis fraîchement débarquée. Il me faut du temps pour vous comprendre tous. » Elle reprend son propre verre, s'en abreuve encore et laisse l'alcool lui réchauffer le sang. «  Je contrôle les hybris des dieux, je peux les amplifier ou les supprimer un temps. On dirait que tu m'as servi de cobaye pour la petite démonstration. » Un rire espiègle, son nez replonge dans son verre quand elle hausse les sourcils. Il s'en est pas rendu compte, au mieux il trouvera ça intéressant, au pire il la fera cible de ses foudres. Pas dit que cela plaise à Augustin et Luca, tant pis, chacun sa manière de faire pour se préserver. « Il faut que je réfléchisse encore » Ses conclusions penchent plus en faveur de leur cause, parce qu'elle a apprécié les réponses d'Alcide, parce qu'elle a besoin effectivement de comprendre et de pouvoir cohabiter avec sa déesse.

Les fils coupés, Sybille laisse son joli pantin reprendre ses esprits, et lorsqu'elle lui dévoile ses petits secrets il fait vite le lien avec ce qu'il a ressenti quelques secondes plus tôt à son égard. Il lui en veut, ça se voit, ses mises en garde le prouvent aussi. Elle sait qu'il y a des hybris avec lesquels elle doit faire attention, elle s'est déjà frottée aux flammes, en a récolté la mort et l'isolement. Elle écoute néanmoins son conseil, apprécie qu'il se soucie de ce qu'il pourrait lui arriver même si elle voit surtout cela comme un reproche, subtilement glissé entre ses lèvres. Il lui demande, plus jamais.

Sybille réprime un rire, tandis qu'elle termine son verre et l'alcool doucement semble jouer, en la faveur d'une ambiance bien moins électrique ; elle n'est pas la même personne qu'elle était en arrivant là, parce qu'elle a aussi réussi à approcher Alcide et qu'à part l'évident agacement qu'il ressente du fait qu'il ait été manipulé. C'est normal, elle ne peut pas lui en vouloir, après tout il est le don, mais comme il a aussi très bien fait de le souligner, ils sont encore fraîchement divinités, il manque des éléments pour parler d'avoir plein contrôle ou pas. Elle mentirait si elle disait que cela ne l'a pas amusée, bien au contraire, sans doute en aurait elle profité si elle n'était pas encore envahie par le doute et les hésitations. Quoi qu'il en soit, ça se passe bien mieux que ce qu'elle avait imaginé, Alcide se retient aussi peut être de faire gronder ses orages sur elle : mais il est intelligent Alcide, la colère n'est pas son hybris alors il a cet avantage de savoir prendre du recul, savoir prendre des décisions pour éviter de foncer dans le mur. «  Promis, c'était la première et dernière fois ». Projet terminé sur son entrée dans la Nuova Camorra, il lui propose même qu'on lui fasse une petite visite guidée, attention appréciée, elle espère aussi repartir avec un pin's et un stylo à l'effigie du groupe. Le sourire reste sur ses lèvres, et la balance revient à l'équilibre.

Lui aurait elle trouvé une qualité ? Hm, il se pourrait bien ? Sybille dépose son verre de vin vidé sur la table basse qui se trouve à ses côtés. « La prochaine fois que tu viens au Silver, fais moi demander, je me ferai pardonner » Promesse silencieuse, qu'elle ait son entrée ou pas, les choses allaient sans doute être différentes dans l'enceinte du Silver et si elle accepte de faire un pas vers lui de cette manière. «  Qu'est ce que tu en penses ? Est ce que tu sais danser d'ailleurs? » Sybille se lève, de nouveau, la musique du club jusque dans leur salle résonne, ils ne sont que tous les deux alors inutile d'en faire des histoires, ce n'est que pour détendre encore un peu l'atmosphère. Elle lui attrape la main et tire sur ce bras pour l'inviter à se lever, alors que déjà ses pieds se posent sur le rythme, large sourire sur les lèvres « Allez viens, je le dirai à personne et t'auras moins l'impression d'avoir perdu ta soirée »

Proposition acceptée sans hésitations de sa part, Alcide fait preuve d'une certaine bonne volonté quand elle aurait cru à l’intolérance. Sans doute ce qu'on lui a raconté sur la Bratva l'a refroidie et elle a cru que tous étaient pareils. Fausses suppositions, qui l'emmènent à l'erreur et qui la poussent a regretter d'avoir été si méfiante, de ne pas avoir fait confiance à Augustin et à Luca quand ils lui proposaient de les rejoindre. La Nuova Camorra, pour ce qu'elle en a entendu, ils ont l'air de tenir à ce groupe de dieux Grecs ; qui sait combien ils sont encore dans la nature à être comme Némésis ? La jeune femme remarque qu'ils repartent d'un bon pied, alors dans la légèreté de la soirée et l'alcool infusé dans le sang, elle se lève, lui propose de danser.

Même poussé dans l'inconfort, il réagit, il est ouvert d'esprit. Un bon point, quoi qu'elle ne soit pas réellement consciente de ce qu'elle fait non plus. Et l'alcool au delà de ça permet la rencontre entre un homme et une femme et non pas entre deux dieux. Némésis saisie, remise au silence et l'hybris semble alors la laisser tranquille. Elle avait appréhendé la rencontre, au final elle se sent bien moins seule en ce monde en ce monde, tous perdus entre le divin et l'humain, les souvenirs qui restent muets. La danse, toujours, Sybille danse plus qu'elle ne parle, cela a toujours été et le Don lui fait plaisir en essayant de se prêter au jeu. Il lui monte, ce qu'il sait faire, un peu crispé, mais l'alcool est là pour arrondir les angles. Ce n'est pas si mal, il a l'avantage d'être bel homme surtout, on lui pardonnerait ça au moins. Sybille lui adresse un sourire, les paroles coulent, se déversent d'entre ses lèvres, confidences qu'il lui fait. Il cesse, se rattrape, les mots dépassent en légères bavures mais ce sont de ces anecdotes dont on ne peut rien faire contre lui, hasardeuses, peut être un poil personnelles.

«  Depuis tu n'y vas plus? » Quitte à se laisser aller. Sybille décide de mener la danse histoire de le mettre plus l'aise avec les pas, quelque chose de simple, en rythme. Elle le laisse prendre le temps de se familiariser avec ce qu'elle lui montre. Elle tournoie puis revient face à lui, un sourire sur les lèvres. Peut être que son approche était la mauvaise, peut être qu'elle se prend trop la tête, peut être que Némésis a besoin de se détendre aussi. Voilà presque deux ans qu'elle a quitté la Turquie, arrivée ici avec la haine au ventre quand elle a su qui elle était. Porte la colère de Némésis en elle sans pouvoir les illustrer, suppositions faites, mythes étudiés mais tout ça, c'est du vent, n'est ce pas ? L'essentiel est en elle, en eux, alors ce n'est pas vers les histoire qu'il faut se tourner, mais les êtres qu'ils sont à part entière. Sybille inspire doucement, restaure l'équilibre de la déesse «  Je viens de Grèce, je suis arrivée il y a deux ans. J'ai fait mes études à Athènes, et puis circonstances de mes pouvoirs j'ai dû m'isoler en Turquie. J'étais danseuse, et à la découverte de ma divinité elle a commencé à prendre sur moi. Déesse de la vengeance, j'en ai fait des belles. Pas besoin de faire un dessin, j'imagine que tu connais le métier de tueur à gages. Ça fait deux ans que je suis là, que je cherche à comprendre. Augustin m'a trouvée en premier, je lui ai demandé de rien dire, le côté mafieux m'effraie un peu je t'avoue. Et puis j'ai fini par travailler avec Luca, qui a finit par découvrir ma divinité » L'accent s'entend plus quand elle se laisse aller par les breuvages alcoolisés sans pour autant être ivre. Quitte à dire, quitte à raconter, autant qu'il en vienne à savoir un peu qui elle est ; accepter que c'est en dévoilant qu'elle aura réponse à ses questions. « A toi Alcide Bellandi, parle moi un peu de toi » Maintenant Alcide, c'est à toi de mener la danse.

Les mots passent ces lèvres imibées d'alcool, elle les observe quand il raconte et partage un peu de lui. Un deux, pas de danse, elle le laisse mener, il se débrouille bien, prend de l'assurance et dévoile des morceaux de lui-même. Il n'a pas l'air de mentir, le don et en même temps pour sa position mieux vaut ne pas avoir de secrets n'est ce pas. Vie qui ne laisse pas prédire qu'il sera à la tête d'un groupe comme la Nuova Calavera, ce qui fait sourire Sybille, doucement.Lui aussi a été pris dans ces filets, dans cette tempête qu'est la réincarnation et tout ce que cela engendre. En fait il n'est pas si différent, Alcide. Sybille profite un peu plus de la danse, elle aime se trémousser, c'est un fait, c'est quand même plus amusant à deux et lorsque son partenaire y met du sien. « Un soldat[/b » Elle commente, ça lui va bien, il doit avoir suffisamment de poigne et de caractère et il en faut pour être chef d'un groupe dans une ville qui comporte d'autres géants. Pas de questions posées, Alcide attire son attention en montrant leurs deux verres vides, pousse à la consommation.

Sybille sourit, et lâche un rire, l'alcool la rend plus détendue et elle a finalement envie de s'amuser ce soir. Alcide est son compagnon pour le moment, elle ne sait pas jusqu'où leur entente ira mais sa présence est tout à fait agréable jusqu'ici, elle s'en contente bien pour le reste de la soirée s'il est motivé aussi à passer un moment avec elle. Némésis semble annihilée aussi par l'humaine ayant consommé déjà quelques verres d'alcool. « Allons profiter de la fête alors » Ça résout vite le problème des verres vides, ça ouvre un nouveau chapitre à la soirée, sans doute sous une atmosphère bien moins oppressante que celle qu'elle a apportée avec elle. Elle n'aurait pas cru finir ainsi, à se dire qu'ils pourraient en fait aller tous les deux en bas et se fondre dans la masse, passer une soirée de la sorte. Pourquoi pas après tout ?

Elle l'invite à la suivre, se glisse entre les gorilles qui gardaient la porte dans un rire étouffé et entraîne le don jusqu'au rez-de-chaussée où la musique bat son plein. Ça lui fait une seconde jeunesse, par le passé elle adorait ça, Némésis l'a empêchée d'en profiter, mais ici, Luca, Augustin et lui ; ils commencent à changer la donne à décrisper son esprit qui était trop étouffé par la déesse et ses mises en garde. Ça tape contre ses tympans, ces rythmes endiablés, elle n'entend même pas ce que le barman lui dit quand elle commande deux verre après s'être glissée entre les autres pour avoir une place au comptoir. Elle ne demande pas à Alcide ce qu'il veut, il prendra la même chose qu'elle. Puis elle revient vers Alcide, lui refile le verre entre les doigts alors qu'autour d'eux ça danse, ça saute dans tous les sens. Sybille aime bien ce genre d'instants, elle l'avait oublié, l'ivresse qui annihile tout avenir, tout passé, juste le présent, juste les sensations du moment. Le cœur qui cogne en rythme du son, le sol qui tourne. Les verres s'entrechoquent, trinquent, le bord vient ensuite à ses lèvres. Un peu plus d'ivresse ou un peu moins, ça a l'air de leur réussir ; Némésis n'est pas ici pour venir provoquer son hybris ni celui d'Alcide. Pour le moment elle ne voit qu'un homme avec qui elle partage un verre et avec qui elle recommence à danser. S'amuser ? Oui, on peut voir ça comme ça.